"En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire."
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique, qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour son écriture, mais aussi pour ce récit de la narratrice sur son émigration et son intégration aux Etats-Unis, et surtout sur le problème de l'identité noire aux dans ce pays.
Car si elle se sent noire, c'est en arrivant aux États-Unis, et aux yeux des autres, ou plus précisément des blancs, débute alors un questionnement sur l'identité en tant que noire et en tant que personne qui ne devrait tout bonnement pas exister.
Malheureusement dans ce pays (et ne nous leurrons pas, dans d'autres pays occidentaux aussi, mais au vu de son passé, particulièrement dans celui-là) cela prend certaines proportions, en particulier quand la narratrice cherche un petit boulot pour financer ses études. Puis après ses études, pour trouver un travail.
En parallèle, le parcours de son premier grand amour qui lui tente de réussir en Angleterre, et pour qui ce ne sera guère mieux.
Ce roman ne tombe cependant pas dans le pathos et c'est avec un grand intérêt que j'ai suivi l'évolution d'Ifemelu et les extraits de son blog. J'ai adoré tout ce qui a trait à la coiffure des cheveux crépus (parce que visiblement l'identité et/ou l'intégration dans une société majoritairement blanche passe par là aussi).
Dans ce blog, destiné aux noirs (non-américains ou pas) Ifemelu se pose et analyse les questions à partir de son expérience personnelle et malgré une apparente légèreté, réussit à analyser les choses en profondeur. J'ai adoré aussi les débats que certains de ses articles peuvent parfois susciter autour d'elle.
Et à travers les parcours d'Ifemelu et d'Obinze, sont retracés aussi ceux de toute une génération de nigérians.
De grands sujets, dans une belle écriture.
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