vendredi 30 décembre 2022

Challenge Booknode 2022


Il nous est tous parfois difficile de nous décider sur notre prochaine lecture.

C'est un peu pour cela que je me suis amusée à faire les challenges proposés par des lecteurs inscrits sur Booknode, chacun ayant un thème différent, et j'ai eu envie de récapituler ici, en guise de bilan de l'année, celui de 2022 (la personne ayant créé ce challenge - décidément, je n'aime pas ce mot, je préfèrerais défi, mais je doute que le site modifie cela sur ma simple remarque - a déjà mis en ligne celui de 2023. j'ai déjà commencé à pointer certains des livres que je lirai pour celui-là. Pour les autres, je me laisserai porter).

Pour certains, j'ai pioché dans ma "BAL" (Bibliothèque À Lire), pour les autres, je les ai empruntés à la bibliothèque. Je n'ai pas forcément lu non plus certains d'entre eux une fois inscrite pour ce challenge/défi, certains étaient déjà lu (mais en 2022 ! J'ai bien sûr respecté les consignes) avant que je ne m'y inscrive.

Donc voici : 

1) Un livre de plus de 500 pages : Rhapsodie Italienne, de Jean-Pierre Cabanes
2) Un livre adapté au cinéma : Légendes d'automne, de Jim Harrison
3) Un livre publié en 2022 : La bibliothèque des rêves secrets, de Michiko Aoyama
4) Un livre où l'histoire se passe à Noël ou durant la période : Jambes cassées, coeurs brisés, de Maria Ernestam
5) Livre avec un pays / continent / ville imaginaire * : Celui-là est mon frère, de Marie Berthelet
6) Livre qui parle d'un sens ** : Le voyant, de Jérôme Garcin
7) Romance entre deux hommes *** : Une voix dans la nuit, d'Armistead Maupin
8) Une suite de saga, série, duologie : Hotaru (tome 5 du Poids des secrets), d'Aki Shimazaki
9) Un livre qui se déroule durant une guerre (réelle ou imaginaire) : N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani
10) Livre de science-fiction ou fantastique : Sa majesté des chats, de Bernard Werber
11) Finir une série, saga, duologie : Trilogie new-yorkaise, de Paul Auster
12) Livre d'un petite maison d'édition **** : Lettre à ma fille, de Maya Angelou
13) Livre de moins de 100 pages ***** : Le temps est venu, de Nelson Mandela
14) Livre avec un élément (eau, terre, feu) : Gaïa, de Valérie Clo
16) Livre écrit par une autrice : Le sourire de la petite juive, de Abla Farhoud
17) Contes, légendes ou mythes : Lettres du Père Noël, de J.R.R. Tolkien
18) Livre avec une couverture bleue : La maison allemande, d'Annette Hess
19) Livre sur l'écologie, le "nature writing" : Espaces sauvages, de Jim Fergus
20) Une romance : Le jardin arc-en-ciel, d'Ito Ogawa
21) Livre avec un personnage féminin fort : La douce empoisonneuse, d'Arto Paasilinna
22) BD, comics, roman graphique : Vickings dans la brume, de Lupano et Ohazar
23) Un manga : Un ciel radieux, de Jirô Taniguchi
24) Livre au choix : Ici n'est plus ici, de Tommy Orange


Je me suis bien amusée à faire de challenge/défi, j'ai donc envoyé un petit mot à la personne qui en est à l'origine pour la remercier. On est peut-être sur du virtuel avec ce site, mais cette personne, les livres lus et l'amusement sont bien réels. Vivement que je démarre le prochain !


* Pour celui-là, j'ai drôlement regretté d'avoir fini "Epépé" en 2021, car sortie de la fantasy, difficile de trouver un livre dans le genre demandé. Mais je suis drôlement contente de l'avoir trouvé, celui-là, et en dehors de la fantasy qui plus est.
** honnêtement, je pensais ne pas trouver de livre sur ce thème (excepté les manuels ou témoignage sur le sujet). Mais à force de recherche acharnée sur Internet, site des médiathèques de Brest inclus, j'ai fini par trouver celui-ci. Et ce fut la meilleure "bonne pioche" de l'année !
*** Là, j'ai un peu triché. Si ce roman traite aussi d'une romance entre deux hommes, et une part importante de la vie du narrateur, ce n'est pas le thème principal.
**** Là, j'ai un peu galéré : rien que la définition de "petite" maison d'édition... Je pense ne pas m'être trompée, mais pas facile d'ête sûre que ce qu'on a identifié comme une petite maison d'édition ne soit pas en fait une collection particulière d'une grande maison d'édition...
***** C'est fou le nombre de livre qui font à peine (mais là c'était trop) à peine plus de 100 pages mais pas moins, z'avez pas idée...

Illustration : image de balagur sur freepik

jeudi 29 décembre 2022

Ciel mon moujik !


4 de couv' :
Marka limouzine, motor kaput ! Défitsit énêrguii ! Chauffeûr mâchine diêbil ! Rândévou katastrof !
Le moteur de la limousine de marque est tombé en panne. Il y a eu un déficit énergétique ! Le chauffeur de la voiture était débile. J'ai raté mon rendez-vous !
Vous pensiez que votre vocabulaire russe se limitait à "niet" et à "vodka" ?  Ce lexique franco-russe vous prouvera le contraire ! La langue de Tolstoï regorge en effet de mots venus de celle de Molière. Après vingt ans passés à explorer la Russie, Sylvain Tesson nous propose un florilège aussi amusant qu'instructif. Il décortique ici l'origine de ces mots insolites qui ont traversé les frontières.
Un "ôpouskoûle" indispensable !

Soyons honnête : ce livre ((version remaniée et augmentée de "Katastrôf") n'aurait pas eu pour auteur Sylvain Tesson, je ne pense pas que je l'aurais acheté. J'aurais au mieux jeté un coup d'oeil amusé en le feuilletant dans la librairie ou la bibliothèque, mais sans plus.

J'ai toujours aimé apprendre des langues, c'est donc quand même avec une certaine curiosité que j'ai ouvert ce livre.
L'auteur ne prétend évidemment pas nous familiariser avec la langue russe, encore moins l'apprendre, mais s'amuse tout simplement, avec une certaine pédagogie, bien construite (un thème par chapitre) des similitudes entre nos deux langues, faux amis inclus.
L'ouvrage ne renferme pas qu'une énumération de mots, il est également émaillé d'anecdotes personnelles et de notes et explications de culture générale sur la vie en Russie.

Et cerise sur le gâteau, chaque titre de chapitre est agrémenté d'un dessin humoristique de l'auteur.

Par contre, je dois reconnaître qu'il y a parfois de longues listes de mots et pour qui n'aime pas les langues (et de toutes façons ne lirait pas ce livre sauf fan collectionneur de chaque ouvrage de l'auteur), la lecture pourrait être lassante, voire laborieuse. Pour ma part j'ai dû faire quelques pauses car je ne faisait que survoler certaines listes, trop longues à mon goût.

Par contre, pour quiconque apprend cette langue, ce peut être un ouvrage didactique fort divertissant.
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mercredi 28 décembre 2022

La femme à la jupe violette


4 de couv' :
Dans mon quartier habite une personne surnommée "la femme à la jupe violette". On l'appelle ainsi car elle porte toujours une jupe de couleur violette... Régulièrement, à 15 heures, elle se rend à la boulangerie pour y acheter une brioche à la crème, puis traverse la galerie marchande pour rejoindre le parc tout proche. Là, elle va s'asseoir sur le banc le plus au fond, toujours le même, et déguste sa brioche en utilisant sa main comme soucoupe... Elle ne change absolument rien à sa routine.
Qui est donc cette mystérieuse femme qui ne s'adresses jamais à personne et obéit à un rituel immuable ? C'est ce qui semble obséder celle qui l'observe constamment à la dérobée, la suit partout dans ses allées et venues, toujours de loin, sans chercher à lui parler, une femme au "cardigan jaune" cette fois ? Qui sont-elles ? Comme la première paraît ne pas avoir de travail, la seconde dépose sur son banc attitré des petites annonces intéressantes, puis va jusqu'à la porte de son appartement laisser des échantillons de produits de beauté pour qu'elle soigne mieux son apparence.
Pourquoi tant d'attention portée à une inconnue ? Et va-t-il falloir que se produise un drame pour que - peut-être- le voile se déchire enfin ?


L'intérêt de ce livre porte moins sur la femme à la "jupe violette" que, finalement, sur celle qui l'observe et qui se trouve être la narratrice du roman. Cette dernière, de par son obsession et son implication dans la vie de la première, passe vite de simple narratrice à personnage à part entière.
Un personnage troublant, inquiétant, voire douteux. Et pathétique.

Elle veut tellement obtenir l'amitié de la jeune femme qu'elle met tous les moyens à sa portée pour tenter de l'obtenir. Son influence plus ou moins directe sur les évènements, sa perception des autres, d'elle-même et sa propre échelle de valeurs morales... inquiète.

Je n'en dirai pas plus car sur un roman de 117 pages seulement, difficile d'en dire plus sans tout dire.

Un roman intéressant de par sa dimension psychologique, qui a reçu au Japon le plus prestigieux prix littéraire, le prix Akutagawa.
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mardi 27 décembre 2022

Lettres du Père Noël


4 de couv' :
Plus connu pour ses travaux universitaires et pour l'invention de la Terre du Milieu, J.R.R. Tolkien est aussi un formidable auteur de contes pour enfants. Comme Bilbo le Hobbit et Roverandom, les Lettres du Père Noël ont d'abord été destinées à ses trois fils et à sa fille, auxquels, chaque année entre 1920 et 1943, Tolkien a écrit une lettre - parfois deux - prétendument envoyée du pôle Nord par le Père Noël ou l'OursPolaire.
Ces trente lettres et les dessins qui les accompagnent forment un récit très prenant des aventures de l'homme en rouge et à la barbe blanche, de son ours assistant, et de leurs démêlés avec les gobelins. Un ouvrage qui plaira aux enfants, à leurs parents, et surprendra plus d'un amoureux de Tolkien.


Lues hors contexte, on se dit que ces lettre sont sympathiques mais sans plus.
Mais replacées dans le contexte de l'époque (un père écrivant à ses enfants, l'arrivée puis le début de la seconde guerre mondiale), elles prennent tout de suite n autre relief. Si la guerre n'est qu'évoquée par moment, voire seulement sous-entendue, elle est aussi présente dans certaines histoires que les attaques des gobelins.
Une façon pour le papa de dédramatiser un contexte politique mondial angoissant ? Une façon en tout cas pour le papa, dans les premières lettres, pour expliquer que les enfants n'auront pas forcément tout ce qu'ils ont demandé à Noël.

J'ai particulièrement apprécié chaque dessin, qui fourmille de petits détails, sûrement une façon pour l'auteur de trouver là  de quoi bien occuper les enfants avant l'ouverture des cadeaux !

Les histoires racontées sont évidemment typiques des contes de cette époque, sans aucun aspect moralisateur cependant. Le nombre de personnages s'étoffent au fil des ans c'est un vrai petit village voire pays qui finit par se créer sous nos yeux. 

Et pour des contes de Noël, un intéressant témoignage de l'époque.
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dimanche 25 décembre 2022

Espaces sauvages


4 de couv' :
C'était le rêve d'un petit garçon du Midwest. Ce rêve, trente ans plus tard, Jim Fergus l'a réalisé : 5 mois de chasse itinérante sur le continent nord-américain. 30 000 kilomètres, 24 états - du Maine au Montana, en passant par New York et la Floride - avec son truck, son fusil et son chien Sweetzer, ainsi que tous les anonymes, écrivains et passionnés croisés au fil de la route.
Entre forêts, marais, diners et bivouacs, Jim Fergus nous entraîne dans une balade sauvage qui révèle "le vrai monde derrière l'Amérique"...


Ce fut un voyage très agréable, en  bonne compagnie, que la lecture de ce livre, que j'avais acheté après avoir fini "Mon Amérique", qui m'avait tout autant enthousiasmée.

Si j'appréhendais un peu le côté chasse du périple, il a été largement tempéré par le respect du chasseur envers le gibier, et surtout par ses piètres qualités de tireur (quand il ne laisse pas les oiseaux s'échapper volontairement).

Ce fut aussi très instructif. S'il donne parfois son opinion, il laisse largement la place à tous les acteurs de la chasse, et par là j'inclus largement (comme lui-même) les anti-chasse. Les différents types de chasseurs, les biologistes, les écolos, les agriculteurs de toutes sortes, etc.
Pas d'opinion tranchée ici, le lecteur peut se faire sa propre idée. Sauf peut-être sur la façon de dresser un chien, dénigrant certaines méthodes, parfois s'interrogeant sur l'efficacité de certaines pratiques.

Le seul avis véritablement donné est celui-ci : respecter la faune locale et surtout sa flore, mise à mal par certains agriculteurs, ou écolos urbains qui ne connaissent pas la faune qu'ils prétendent défendre... Ces derniers détruisant par ignorance, car faute d'étude du terrain, leur habitat naturel.

La nature, les paysages, les spécificités naturelles de chaque état traversés, l'esprit de la chasse (la vraie, pas celle instituée sous forme d'industrie touristique pour nantis), sont ici mis en valeur.

Beaucoup de réflexion aussi sur la préservation de l'environnement, ce qui lui porte atteinte et pourquoi.

Ce livre a été écrit en 1992. Dans un des numéros de son excellent magazine "America", François Busnel avait abordé ce sujet également et j'y ai (hélas) retrouvé beaucoup de ce qui est exposé dans ce livre.

Une réflexion à poursuivre, un livre de référence.
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vendredi 16 décembre 2022

Le bonheur côté pile


4 de couv' :
Elle est mariée à Joe, déjà père de deux enfants. À la mort de celui-ci, deux mauvaises surprises attendent la jeune femme : la trattoria familiale est en faillite, et la mère biologique des enfants ressurgit.
Pour Ella, hors de question de laisser "ses petits" à celle qui les a abandonnés. Mais pour revendiquer leur garde, un autre combat l'attend : sauver son unique source de revenus, cette épicerie italienne qui, depuis des générations, fait la fierté de la famille de Joe. Sa solution : révolutionner les traditions... et pour commencer, tout réinventer !
Réussira-t-elle son pari ? Saura-t-elle prouver que la vie, même côté pile, peut encore être belle ?

 Retrouvé par hasard dans une partie reculée de ma bibliothèque (le meuble, hein, pas la médiathèque) ("tiens, mais quand est-ce que je l'ai acheté, celui-là ?"...), j'ai plutôt été agréablement surprise de ma découverte.

Contrairement à ce que laisse croire la couverture, ce n'est pas une lecture légère, et malgré ce qu'on peut lire du résumé, on ne tombe pas non plus dans le pathos. Je dirai surtout qu'il sonne juste. Le ton, l'histoire, l'aspect humain de l'ensemble de l'histoire et des personnages, tout, absolument tout dans ce livre sonne juste, à tel point qu'on a l'impression que c'est sa propre histoire que raconte l'autrice.

L'histoire et l'enchaînement des évènements sont presque prétextes à aborder des sujets plus profonds : la notion de parentalité, d'héritage familial, le deuil sous toutes ses facettes, la vie qui continue -malgré tout- avec ses bons et mauvais côté.
Pas une fois l'autrice ne juge ses personnages. Et par petites touches, mais bien senties, elle nous fait nous mettre à la place de chacun, bien au-delà de l'empathie.

Pour un livre oublié au fond d'un placard, une belle découverte, un roman très doux, très humain. une sacrément bonne surprise.
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dimanche 11 décembre 2022

Légendes d'automne


4 de couv' :
Cochran cherche sa vengeance au Mexique, Nordstrom la trouve dans un hôtel de luxe à New York et Tristan y consacre la meilleure partie de son existence. Trois hommes, trois vengeances, trois histoires d'une intensité et d'une violence à couper le souffle. Le premier chef d'oeuvre de Jim Harrison.

Difficile de lire Jim Harrison sans passer  par "Légendes d'automne" qui en plus d'être un classique de la littérature américaine, est devenu par la suite un classique au cinéma.

Du film, je n'ai vu que quelques photos, même pas un bout d'extrait, c'est donc sans images imposées par un autre que j'ai abordé le livre.

J'ai d'abord été surprise de constater que ce livre regroupe trois histoires différentes, se passant à trois époques différentes et bien distinctes les unes des autres, et non trois histoires s'imbriquant les unes dans les autres. Je suis assez d'accord avec la postface de cette édition précisant qu'il ne s'agit pas ici de trois nouvelles, mais bien de trois courts romans.
Leurs titres : "Une vengeance", "L'homme qui abandonna son nom", "Légendes d'automne".

J'ai pour ma part particulièrement apprécié l'écriture de Jim Harrison, merveilleux conteur ont on a l'impression en le lisant qu'il est près de vous en train de vous raconter ces histoires comme dans une soirée entre amis. L'impression agréable qu'il vous offre ses histoires, en prêtant attention au moindre mot pour votre plus grande satisfaction.

Chaque histoire est en effet une histoire de vengeance et si pour la première elle en est le thème principal (un des personnages se venge de sa femme et et de son amant et ce dernier cherche à son tour à se venger du mari trompé), pour les deux autres, la vengeance et son motif ne viennent que tardivement.

Ce sont avant tout les vies d'hommes, et comment la vie, leur caractère, les a fait évoluer au cours des années. Sans qu'ils se perdent cependant.

Et au delà de la vengeance, trois belles histoires d'amour d'hommes pour des femmes, et pour leur famille.

Et, j'insiste, l'écriture, tellement délectable...
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mercredi 30 novembre 2022

Le voyant


4 de couv' :
Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyrant est arrêté en 1943 par la Gestapo, puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient "The Blind Hero of the French Resistance". Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

Et me voici à nouveau dans les lectures du challenge Booknode 2022, dont le thème cette fois est "un livre qui parle d'un sens" (pas facile à trouver, croyez-moi). A force de recherches sur ce thème, je suis tombée sur cette biographie.

Et je suis bien contente de ce thème de challenge, sans quoi je n'aurais sans doute jamais entendu parler de lui qui, vite tombé aux oubliettes en France, semble ultra-connu aux USA et en Allemagne, et dont les rares écrits (il faudra que je m'en procure un) sont étudiés dans ces deux pays.

La découverte pour moi n'est pas que sur ce personnage, intelligent, solaire, volontaire, elle est aussi sur l'auteur de ce livre dont le nom et le visage ne m'étaient pas inconnus, mais que je n'avais jamais lu jusqu'ici.
Son écriture est tout simplement magnifique, un pur bonheur de lecture et de l'intellect, je ne sais pas dire mieux.

Certes, ce livre est avant tout un hommage, et l'écriture le traduit bien -mais sans ostentation-, et il ne manque cependant pas d'objectivité.
L'édition que j'ai lue est la version poche, ce qui fait qu'elle est augmentée d'une postface centrée sur l'après de la première publication de ce livre retraçant les rencontres suscitées, corrigeant les erreurs ou imprécisions, ajoutant des données.
Pour un hommage en forme de biographie, on ne peut trouver plus complet.

Et puis cette écriture, vraiment, cette écriture...
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lundi 28 novembre 2022

Sa majesté des chats


4 de couv' :
"Rien ne me fait peur. Je suis une reine. Sa Majesté des chats qui prépare l'avènement d'une nouvelle civilisation".
Dans un futur proche, l'humanité est en perdition et les rats envahissent progressivement Paris. Seule résiste une communauté formée de quelques centaines de chats et d'individus dirigée par une chatte nommée Bastet. Perchée sur l'épaule de Nathalie, sa maîtresse, celle-ci pense qu'il faut à tout prix chercher des renforts. Mais la rencontre avec les autres animaux sera semée d'embûches. Bastet parviendra-t-elle à créer une alliance suffisamment puissante pour contrer l'invasion des rats ? Pour elle, c'est une évidence : les chats doivent prendre la relève des humains.


Petit rappel : j'ai lu en 2018 le premier tome de cette série, dont je n'avais pas raffolé et m'étais dit à l'époque que je n'irai pas plus loin (voir ici).
Puis à Noël 2020, mon homme, qui visiblement n'a pas lu ce blog, a trouvé moyen de m'offrir le tome trois (voir ici aussi).
J'ai donc bien dû me procurer le tome deux, que je me suis décidée à lire cette semaine seulement car, inscrite sur Booknode, je me suis lancée sur divers challenges dont celui de 2022, pour lequel l'un des livres à lire est un livre fantastique ou de science-fiction. Voilà donc ma motivation de départ, c'est dire mon enthousiasme...

La bonne surprise est que depuis le premier tome, j'ai "digéré" ce qui avait été pour moi une déception, et comme je n'en attendais rien de plus je n'en ai que davantage apprécié celui-ci ! A mon propre étonnement, notez bien.

Une fois surmontée mon aversion  pour l'anthropomorphisme et cette histoire de clef USB,  je me suis laissée portée par l'histoire et surtout l'humour de ce tome, au point de l'imaginer transposé en manga.
Le côté prétentieux de Bastet ne fait que davantage renforcer l'aspect humoristique de ce livre, d'autant qu'elle a le chic pour se mettre (et les autres avec) dans de mauvaises positions.

Mention spéciale aux notes intercalées entre chaque chapitre (et chapitres eux-mêmes), interludes autant  didactique que distrayants.

Bref, une bonne surprise au final, vu l'état d'esprit avec lequel je l'ai abordé.
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dimanche 27 novembre 2022

Arelate - Tomes 1 et 2



4 de couv' :
À la fin du premier siècle de notre ère, dans la cité d'Arelate (Arles), suivez le quotidien de nos héros : Vitalis, tailleur de pierre que ses vices vont rattraper et Neiko, adolescent qui ne rêve que de prendre la mer.
Deux destins qui se croisent et s'influencent loin de la vie des grands personnages de l'Empire.

Je suis mitigée sur cette bande dessinée. Autant j'ai aimé les images sépia, autant j'ai moins aimé les dessins des personnages : soit ils ne se ressemblent pas d'une case à l'autre, soit ils ressemblent trop à d'autres personnages, sans compter parfois problème de proportions. Et dans certaines scènes d'actions, ils semblent trop figés (critique que j'ai déjà faite pour d'autres dessinateurs d'autres bandes dessinées).

L'histoire sur ces deux tomes est assez classique pour une bande dessinée traitant de cette période, encore que le scénariste ait plutôt innové. Elle est surtout au service de l'Histoire qui est ici particulièrement bien reconstituée. Mention spéciale au dossier en fin de chaque volume, qui reprend certains passages de l'histoire pour détailler davantage certains points spécifiques de l'époque (condition féminine, jeux, gladiateurs, classes sociales...).
Cela fait mouche car en cours de lecture on se dit qu'on voudrait en connaître plus sur tel ou tel sujet.
A noter que cette série est recommandée par l'Education Nationale.

Donc juste pour la bande dessinée, sympathique mais sans plus, mais pour l'aspect historique, un sacrément beau travail.

samedi 26 novembre 2022

Les tendres plaintes


4 de couv' :
Blessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître. Elle quitte Tokyo et, dans un chalet en forêt, tente de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe.
Au-delà des arbres, un peu plus haut dans la colline, elle rencontre un étrange équipage : Nitta, ancien pianiste devenu facteur de clavecins, sa jeune apprentie prénommée Kaoru et un chien aveugle et sourd. Invitée en ces lieux, la calligraphe les observe et apprend que Nitta, jadis concertiste de renom, ne peut plus jouer en présence d'autrui, que seules persistent en lui des partitions devenues muettes. Pourtant, un matin, Ruriko les surprend : habité d'un calme dense, presque palpable, Nitta est installé au clavecin. Pour Kaoru, il joue Les Tendres Plaintes.

A force de chercher de nouveaux auteurs japonais, je suis tombée dernièrement sur cette autrice dont la plupart des livres abordent des thèmes qui m'ont donné envie de la lire. J'en ai acheté quelques uns et j'ai donc commencé par celui-ci. J'aimais assez l'idée que l'héroïne se retrouve dans un chalet dans les bois pour se ressourcer.
Se poser dans un lieu retranché pour se retrouver est ce dont on a tous besoin à un moment de notre vie (et  pour ma part, je pense que j'ai aimé ce principe similaire à celui de "Dans les forêts de Sibérie" qui demeure un de mes livres préférés. 

Tout est douceur et poésie dans son écriture, mêmes sur des passages un peu plus "durs". La re lation entre ces trois êtres (quatre, en comptant le chien) est surprenante, attachante, troublante. Difficile de résumer cette histoire dont le plus important est le sentiment amoureux, l'amitié, une introspection pour continuer à aller de l'avant.
Et l'amour du travail bien fait, les personnages étant pour l'une calligraphe, pour l'autre facteur de clavecins.

Un beau moment de la vie des personnages, une belle écriture, une belle découverte.
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vendredi 25 novembre 2022

Un ciel radieux


2 de couv' :
Une nuit, Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené, percute un jeune motard, Takuya Onodéra. L'un meurt rapidement, l'autre survit miraculeusement. Lorsque Takuya sort du coma, sa famille découvre, déconcertée, que non seulement il souffre d'amnésie, mais qu'il semble aussi avoir changé de personnalité...
La conscience de Kazuhiro Kubota vient de se réveiller dans le corps du jeune homme, comme si une ultime occasion de comprendre ce qui comptait réellement dans sa vie lui était offerte.
Mais le temps presse : Takuya retrouve sa mémoire petit à petit, tandis que l'esprit de Kazuhiro tente de reprendre contact avec sa famille. Et la cohabitation des deux âmes dans un seul corps s'annonce difficile.


Histoire originale, pleine d'empathie, dont j'ai particulièrement apprécié les graphismes. Si l'idée de départ est originale, le déroulé de l'histoire est finalement assez convenu.

Sympathique et bien abouti, j'ai bien aimé mais sans plus.

samedi 19 novembre 2022

Cadillac Juke-Box


4 de couv' :
Les marais de Louisiane dégagent parfois des relents de haine dont on voudrait bien se débarrasser définitivement, quitte à trouver un bouc émissaire sur lequel faire porter la responsabilité de toute la communauté. C'est ce rôle peu enviable que l'on assigne à Aaron Crown en l'accusant du meurte d'un militant des droits civiques dans les années soixante. Du fond de la prison d'Angola où il purge sa peine, Crown demande à Dave Robicheaux de l'aider à retrouver la liberté.
Mais dans le climat électrique qui entoure l'élection du prochain gouverneur, la résurgence de sombres affaires peut coûter à Buford Larose sa candidature et Robicheaux va jouer les trouble-fête en prenant la défense d'un homme que tout accable. Dave veut découvrir ce qui s'est passé il y a trente ans. Il va devoir aussi affronter les souvenirs d'une époque où les vapeurs de l'alcool brouillaient sa mémoire.


C'est toujours un vrai plaisir de lire la superbe écriture de James Lee Burke. Et si je lis ses polars plus pour cela que pour l'intrigue policière (excellente au demeurant), on peut dire qu'il arrive toujours à se renouveler. Oui, les personnages principaux sont toujours les mêmes, avec leurs défauts, failles et qualités évidemment, l'ambiance reste la même, les intrigues se ressemblant (toujours les bas-fonds de Louisiane, ses grands et petits mafieux, ses politiques naviguant en eaux troubles, le passé et des autres et ses méchants très cruels, etc.) mais ce n'est pourtant jamais une redite des tomes précédents.

Et surtout, les magnifiques descriptions de paysages, ses odeurs, la pluie, la chaleur, la moiteur, le vent sur la peau, les orages électriques et j'en passe, si parfaitement décrits qu'on a l'impression d'y être.

Décidément, je ne suis jamais lassée de lire cette série.
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vendredi 18 novembre 2022

L'enfant et l'oiseau


4 de couv':
Johnson, tombé du nid, est le seul survivant de sa fratrie. A bout de forces, le jeune corbeau est recueilli par Ritsuko, femme de ménage et mère célibataire, qui décide de le ramener chez elle au mépris de l'interdiction d'héberger des animaux dans son immeuble. Bien lui en prend, car son fils adolescent, Yôichi, se passionne pour l'oiseau qu'il entoure de mille soins. Un jour, le gardien fait irruption chez eux et Johnson, que Yôichi avait caché sur le balcon, s'envole. C'est le début pour lui d'une longue errance. Il sait qu'il ne peut retourner auprès de son ami et cherche à survivre dans une ville hostile. Une rencontre va lui sauver la vie...

Ici, rien à voir avec la chanson de Marie Myriam.

Si l'écriture, douce et poétique est très agréable, au point de faire penser à un conte pour adulte, il n'en reste pas moins que la dernière partie est d'une noirceur absolue et il faut s'accrocher pour finir le roman.

Cette noirceur est présente dans tout le livre. La couleur de l'oiseau bien sûr, mais aussi ses doutes, ses premières semaines d'existence.
Les moments de plein bonheur, fugaces et fragiles, n'en sont que plus forts... et douloureux.

Et les humains surtout, sorte de fous monstrueux qui ne semblent voués qu'à détruire, s'entredétruire, voire s'autodétruire.

La seule lueur d'espoir : quand humains et animaux se rejoignent pour s'entraider. Comme la rencontre entre Johnson et Yôichi. Fugace et fragile.
J'ai été bouleversée par certains passages, d'autant plus qu'ils étaient précédés de moments lumineux.
Je suis dérangée par la fin du roman. Qui semble appeler une suite, parce que si l'histoire se termine ainsi, c'est à vous arracher le coeur pour ne plus le sentir souffrir.

J'ai l'impression que l'auteur a dû être témoin dans le monde réel de certaines scènes et en a été choqué, au point d'écrire ce roman pour dénoncer l'aveuglement de la logique humaine. Je me sens assez proche de lui sur ce coup-là.
Et si ce livre, de par son empathie, sa qualité d'écriture, amène certains décideurs à penser autrement et surtout, mieux, alors c'est gagné.

Mais j'ai mis du temps à m'en remettre, j'ai eu du mal à choisir un autre livre en sortant de celui-là, et me mettre taper ici cet article  dont j'ai écrit le brouillon à chaud... il y a deux semaines.

Je ne voudrais pas cependant qu'on ne retienne de ce livre que la noirceur, car vraiment, il est magnifique. Mais je suis assez sensible aux histoires sur les animaux, alors...

vendredi 11 novembre 2022

Le goût des pépins de pomme


4 de couv' :
À la mort de Bertha, ses trois filles,Inga, Harriet etChrista, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle découvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.
Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli.


Si j'ai bien aimé ce roman, qui malgré quelques passages tristes a su mettre en valeur tout ce qu'il recèle d'affection et d'humour, je dois dire que j'ai eu un peu de mal au démarrage.

Je me suis parfois un peu perdue dans la généalogie... et surtout dans la maison ! A force de détails pour trop la décrire, je ne m'y retrouvais absolument pas, comme dans un labyrinthe. J'ai fini par renoncer à la représenter telle que l'autrice la créée, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, laissant mon imagination faire le reste.

En dehors de ce détail, j'ai beaucoup aimé la reconstitution de l'histoire familiale (allez savoir pourquoi, je ne pouvais m'empêcher de revenir sans cesse au film "Beignets de tomates vertes" - il faudra vraiment que je lise le livre un jour- dont je n'ai finalement que peu de souvenirs, mais je pense que l'impression ressentie en visionnant ce film était similaire à celle ressentie en lisant ce livre).
L'histoire familiale se reconstruit pièce par pièce, chacune étant reliée à un souvenir lui-même lié à un membre de la famille. Dit comme ça, cela semble un artifice grossier mais en fait non, la façon de l'amener est assez subtil au contraire.

L'écriture, sobre et délicate, est vraiment au service de l'histoire qui est elle-même riche en évènements, tristes ou non, et évite d'en faire des tonnes.

Une belle découverte.
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samedi 29 octobre 2022

Le goûter du lion


4 de couv' :
Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c'est d'abord le lieu : l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu'il faut gagner en bateau ; et encore, l'image magnifique de l'union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce leu de paix où Shizuko a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous faisons la connaissances des pensionnaires - ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille - ainsi que de la chienne Rokka qui s'attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie qu'on savoure en même temps qu'un dessert d'enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d'une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d'écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuko sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d'un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d'exister.

Jamais le thème de la fin de vie n'aura été si brillamment et délicatement écrit qu'avec ce livre.
Ito Ogawa est maintenant bien connue pour sa facilité à aborder les sujets les plus délicats dans ses romans empreints de délicatesse et de douceur. Celui-ci est le meilleur qu'elle ait écrit et nous renvoie à nos propres interrogations et perceptions de notre mort.

J'ai eu la surprise de trouver dans ce roman tous es thèmes abordés dans les précédents, de façon plus ou moins poussée selon le thème : la saveur de chaque plat préparé et ce qu'il peut remuer en nous (le restaurant de l'amour retrouvé) ; l'affection pour un animal ("Le ruban", que je n'ai pas encore lu) ; l'adoption, la notion de famille, recomposée ou pas (Le jardin arc-en-ciel) ; et dans une certaine mesure, la calligraphie (La papeterie Tsubaki et La république du bonheur).

J'ai été très (agréablement) surprise de retrouver tous ces thèmes en un seul livre, à croire que ce roman est un lien entre eux tous.

L'apogée de son oeuvre en tout cas.

Une caresse apaisante sur une angoisse existentielle commune à tous.

Bravo.
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jeudi 27 octobre 2022

Le commerce des Allongés


4 de couv' :
Liwa Ekimakingaï a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l'après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. (...)
Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. (...)
En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières - en particulier le Cimetière des Riches, où chacun rêverait d'avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.
Dans ce grand roman social, politique et visionnaire, la lutte des classes se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d'ailleurs étrangement vivants.

En préambule : j'ai tronqué une partie de la quatrième de couverture qui donnait des éléments de la fin du livre.

Avec tout le battage médiatique autour de la sortie de ce livre, j'avoue être un peu déçue. Mais pas tant que ça.

J'ai adoré la qualité de l'écriture et sa musicalité, car il faut dire qu'Alain Mabanckou a un vrai talent de conteur et pour cette histoire (ou plutôt plusieurs en une seule) et pour nous happer, nous faisant nous demander à chaque fin de chapitre "mais ensuite ?". Et bien la suite, au prochain chapitre, qu'on ne peut s'empêcher d'entamer alors qu'il est tard et que dormir serait quand même une bonne idée.

Et si le costume du personnage principal est on ne peut plus bariolé (voir la couverture), le moins qu'on puisse dire est qu'il est en accord avec la galerie de personnages, leur ville, leur pays, tous hauts en couleur.

La mort ? Un passage obligé, certes. Mais qui n'empêche pas de continuer à cotoyer le monde des vivants.

Une joyeuse façon d'aborder des thèmes qui ne le sont pas.
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mardi 11 octobre 2022

Pachinko


4 de couv' :
Début des années 1930. Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par un riche négociant étranger. Lorsque cette dernière tombe enceinte et découvre que son amant est déjà marié au Japon, elle refuse le marché qu'il lui propose : devenir sa seconde épouse, "l'épouse coréenne".
Pour éviter la ruine et préserver sa famille du déshonneur, Sunja choisira une troisième voie : la mariage avec Isak, un pasteur chrétien qu'elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au pays du Soleil-Levant. Cette décision est alors le point de départ d'un douloureux exil, qui s'étendra sur huit décennies et quatre générations.
Avec une justesse historique remarquable et une écriture précise et dépouillée, Min Jee Lee nous offre un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les immigrés pour trouver leur place en pays étranger.


Si la lecture de ce livre m'a enthousiasmée car l'histoire est vraiment intéressante, j'y mettrai cependant un certain nombre de bémols.

L'écriture est agréable mais sans plus et vu le succès de ce roman, je m'attendais à mieux. Le succès est donc plutôt dû à l'histoire, qui retrace tout un pan de l'Histoire de la Corée et du Japon et la façon dont les coréens ont été traités et en Corée, et au Japon.
Il y est fait allusion dans "Le poids des secrets", ce livre-ci m'a mieux fait comprendre le vécu de tout un pan de cette population.

Cela étant, on n'a guère d'explications sur cette colonisation de la Corée par le Japon. Les personnages la subissent, ou luttent contre, mais sans qu'on entre réellement dans les détails. Ils vivent leur vie comme ils peuvent, détachés (car trop dangereux) de tout ce qui est politique. Ceci n'est guère dérangeant pour le lecteur, puisqu'il s'agit avant tout de l'évolution d'une famille coréenne à travers les âges.

La dernière partie du livre m'a cependant moins plue : La vie des différents personnages dans les années 1970-80 m'a moins enthousiasmée que le reste du roman et je suis perplexe aussi sur la toute fin du roman, qui m'a laissé un goût d'inachevé.
Et un certain passage était peut-être très important selon le point de vue de l'autrice mais pas du tout en ce qui me concerne et n'apporte pas grand chose à l'histoire finalement. A moins de vouloir montrer une évolution des moeurs qui ne se fait que clandestinement, hypocritement.

Cela étant, ce roman est une très bonne histoire d'une famille tout au long du 20ème siècle (il commence  en 1910 et se termine en 1989), qui nous apprend l'histoire et la condition sociale des coréens vivant au Japon. En particulier ceux qui, bien que nés au Japon, n'ont pas la nationalité japonaise (pas de droit du sol là-bas) et sont coréens bien que la majorité d'entre eux n'aient jamais mis les pieds en Corée. Sans compter le racisme qui va avec. La fin laisse entrevoir une (légère) amélioration des mentalités, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il en est de nos jours.

Donc malgré ces quelques bémols, un livre prenant et instructif.
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dimanche 9 octobre 2022

Le temps est venu / Eveillez-vous à la liberté


4 de couv' :
Lorsqu'en 1994, après des décennies de lutte contre l'apartheid et vingt-sept années d'incarcération, Nelson Mandela devient président de la République sud-africaine, c'est un triomphe. Dès ce moment, Noirs et Blancs s'engagent dans le difficile processus de réconciliation.
Apprendre à vivre ensemble, c'est ce même défi que lançait Nehru au peuple indien en 1947, lors de l'accession à l'indépendance : faire de l'Inde un pays libre et démocratique, oublier les différences, réconcilier les pauvres et les princes.


S'agissant de deux discours, écrit dans des moments ô combien charnières dans l'histoire de ces pays, difficile de les commenter sans tomber dans des poncifs ridicules, d'autant que je ne suis pas historienne.

J'ai été surprise du choix de rassembler ces deux-là dans le même ouvrage et qui plus est pas par ordre chronologique.

Mais finalement, le choix est effectivement judicieux car s'il ne s'agit ni du même pays, pas même du même continent, encore moins de la même époque (presque un demi-siècle les sépare), le contexte est cependant le même : deux pays qui se trouve dans un moment de bascule dans leur histoire, qui doit réunifier un peuple dont les institutions précédemment en place ont tellement cloisonné les différentes catégories de population que la tâche semble insurmontable.
Mention spéciale aux chronologies (très éclairantes, même pour une piqûre de rappel) placées en fin de chaque discours. J'ai aussi apprécié d'avoir la version en anglais.

Ce qu'il est est advenu par la suite, on connaît, mais il est bigrement intéressant de se placer en les lisant du point de vue historique, du contexte de l'époque et évidemment de ce qu'on sait des suites.

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vendredi 7 octobre 2022

Une odeur de henné

4 de couv':
Kenza est médecin dans un hôpital de campagne. Son père lui a transmis sa passion des livres. Depuis son enfance, Kenza se sent différente, en rien semblable à sa mère ou à ses camarades de classe. Habitée par un vif désir de connaissance, elle fait tout pour échapper aux conventions de son milieu. Aussi, quand ses parents lui annoncent qu'un jeune homme a demandé sa main, Kenza, se révolte.Elle part  pour Paris, loin de l'emprise de la tradition. Sans se douter que sa soif de liberté y sera aussi mise à l'épreuve...
Grâce à son écriture sensible, Cécile Oumhani donne vie à un personnage attachant qui se débat dans ses contradictions, vit intensément ses émotions, s'émancipe, mais à quel prix, et découvre dans la souffrance une forme de libération.
Un roman élégant qui se fait l'écho intime de questions brûlantes dans la société tunisienne d'aujourd'hui.


Acheté l'année dernière lors de la foire aux livres des médiathèques de Brest, donc autant dire, trouvé un peu par hasard, ce livre a été pour moi une bonne surprise.
Je ne connaissais pas l'autrice, et le thème me plaisant assez, c'est donc aussi un peu par curiosité que je l'avais rajouté à ma pile (soit-dit en passant, vivement la prochaine foire aux livres des médiathèques de Brest, j'ai l'impression de n'avoir trouvé que des petits bijoux là-bas).

Je dois reconnaître que j'ai eu un peu de mal au début du livre  avec la narration. Je ne sais pas à quoi c'était dû. Peut-être le fait de passer d'un livre à l'autre, d'un univers à l'autre, la fatigue de la journée, un mélange de tout ça sans doute.
Puis je me suis accrochée et au final, le problème venait bien de moi car je me suis finalement laissée happée par l'histoire, au point de le dévorer dans la même soirée. Impossible de décrocher de l'histoire, de l'écriture, de l'envie de connaître la suite puis le dénouement.

Bref, je l'ai lu entièrement le soir-même. Heureusement que je ne travaillais pas le lendemain...

Je ne dirais rien de l'histoire, car je risquerais de trop en dévoiler, mais j'ai aimé la manière dont l'autrice présente les personnage, les contextes sociaux dans lesquels ils évoluent, le poids des traditions (et comment les contourner), et surtout le fait qu'elle sème par endroits le point de vue de certains personnages, offrant ainsi aux lecteurs une autre vision de l'histoire ou du personnage central. Courts chapitres bien venus, bien amenés, et incroyablement éclairant sur l'histoire.

Une belle réussite que ce livre.
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vendredi 30 septembre 2022

Devenir


4 de couv' :
Il y a encore tant de choses que j'ignore au sujet de l'Amérique, de la vie, et de ce que l'avenir nous réserve. Mais je sais qui je suis. Mon père, Fraser, m'a appris à travailler dur, à rire souvent et à tenir parole. Ma mère, Marian, à penser par moi-même et à faire entendre ma voix. Tous les deux ensemble, dans notre petit appartement du quartier du South Side de Chicago, ils m'ont aidé à saisir ce qui faisait la valeur de notre histoire, de mon histoire, et plus largement de l'histoire de notre pays. Même quand elle est loin d'être belle et parfaite. Même quand la réalité se rappelle à vous plus que vous ne l'auriez souhaité. Votre histoire vous appartient, et elle vous appartiendra toujours. A vous de vous en emparer.


Cette lecture m'a enthousiasmée, et enthousiasme, énergie, travail et optimisme inébranlable sont exactement ce qu'il faut retenir de ce livre et de la vie de l'ex-première dame des États-Unis. Et beaucoup d'amour aussi : pour sa famille, son mari, ses enfants et ses amis. Et une bonne pointe d'humour.

Il ne faut pas croire qu'elle est née dans une famille d'élites, ce qu'elle a obtenu, c'est par son travail, son abnégation (et un peu de chance aussi, le reconnaît-elle). Malgré ses doutes, car oui, cette femme qui donne une image de femme forte, est comme nous tous, perclue de doutes à certains moments de sa vis.

Elle réussit le tour de force de se livrer, de nous faire partager un quotidien des différentes étapes de sa vie sans cependant aller trop loin dans l'intimité. Elle aime maîtriser les choses, et ça se ressent sans être pesant.

Comme je le disais précédemment concernant une autre autobiographie, on n'est jamais le bon juge de soi-même, et si on se doute qu'elle maîtrise parfaitement les codes de la communication, je la crois sincère dans sa façon de retracer sa vie.

Et ceci dans une écriture parfaitement agréable à lire et abordable par tous.

Rien que pour la leçon d'optimisme, à mettre entre toutes les mains.
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vendredi 23 septembre 2022

Barracoon


4 de couv' :
En 1927, la jeune anthropologue Zora Neale Hurston part en Alabama rencontrer Cudjo Lewis.
À quatre-vingt-six ans, Cudjo est l'ultime survivant du dernier convoi négrier qui a quitté les côtes du Dahomey pour l'Amérique. Pendant des mois, Zora Neale Hurston va recueillir sa parole, devenir son amie, partager ses souffrances. Le témoignage de Cudjo restitue comme nul autre la condition d'un esclave : de sa capture en 1859 à sa terrifiante traversée, de ses années d'esclavage jusqu'à la guerre de Sécession, puis son combat pour son émancipation.

Je suis un peu mitigée sur ce livre.

J'ai adoré le récit de Cudjo Lewis, qui ne traite pas seulement (et finalement moins que je le pensais) de son passé d'esclave, de son enlèvement à après l'abolition de l'esclavage, mais aussi de son passé en Afrique (ou Affica).
L'autrice s'est battue pour que ce récit soit publiée dans sa langue vernaculaire, et non en anglais courant. Même si cela est dû à son approche ethnologique du récit et ainsi un souci d'authenticité, je lui en suis reconnaissante, car en dehors de la véritable beauté de cette langue, cela nous donne une approche réaliste de la culture afro-américaine.
Ce qui m'a éclairée davantage sur certaines de mes lectures d'auteurs afro-américains, et donné envie de lire d'autres livres de ce type.

Mais : sur un livre de de 237 pages, le récit en lui-même n'en fait que 81, auxquelles il faut ajouter les histoires, contes ou paraboles (et règles de jeu !) également contés par Cudjo Lewis, mis en appendice du récit.
Et surtout, ce récit est coincé entre d'un côté : la définition de "barracoon", un avant-propos, une introduction, une note de l'éditrice américaine, une préface, une introduction. Le récit commence donc page 53.
Et de l'autre, à partir de la page 163 : une postface, les remerciements (si, si, je les lis toujours), une liste des fondateurs et premiers habitants d'Africatown (qui aurait méritée d'être mieux placée), un glossaire (même remarque), les notes (dont beaucoup sont des références bibliographiques, au point que j'ai fini par repérer et ne plus lire que celles qui apportaient réellement un éclairage sur certains passages du livre), une bibliographie (...), une note sur l'éditrice américaine et une autre sur l'autrice.

Entendons-nous bien, tout cela est intéressant parce qu'instructif et nécessaire car il apporte un éclairage sur le récit en lui-même.

Mais, sans critiquer les choix de la maison d'édition américaine, je regrette que tous ces écrits soient aussi éparpillés et surtout qu'ils soient juste évoqués en quatrième de couverture, donnant ainsi l'impression que ce petit livre renferme essentiellement le récit de Cudjo Lewis. Alors qu'en nombre de pages, c'est l'inverse.

Petite frustration de ma part donc sur le récit en lui-même, mais curiosité intellectuelle et culturelle bien rassasiée par tous les autres écrits autour.

Mitigée, vous dis-je.
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dimanche 18 septembre 2022

Tant que le café est encore chaud


4 de couv' :
À Tokyo se trouve un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu'en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud.
Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience et comprendre que le présent importe davantage que le passé et ses regrets. Comme le café, il faut en savourer chaque gorgée.

Je suis agréablement surprise de ce livre.

Je m'attendais à une certaine délicatesse, une vision un peu poétique et philosophique des relations humaines et des sentiments humains (et j'avais vu juste), mais pas à cette dose d'humour, à un fantôme, à la possibilité d'aller vers le futur, ni à ce groupe d'amis aussi émouvants, attachants que drôles. Sans compter les règles du jeu...
Et une fois refermé le livre, on sent que ce café si spécial n'a pas livré tous ses secrets.

Car ô bonheur, suivent deux autres tomes, le deuxième sort dans deux mois. Autant vous dire que je vais surveiller attentivement les nouvelles entrées de la médiathèque en novembre...
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samedi 17 septembre 2022

Daddy Love


4 de couv' :
Avec Daddy Love, Joyce Carol Oates plonge son lecteur dans l'horreur. Une horreur qui commence au centre commercial d'où Robbie Whitcomb, cinq ans, est enlevé sous les yeux de sa mère.
Le ravisseur, un technicien du kidnappping, collectionne les petits garçons dont il se débarrasse dès qu'ils atteignent la puberté. Devenu "Gideon", Robbie va ainsi passer sept an à obéir à Daddy Love. Mais qui est Daddy Love ? Un homme charmant du nom de Chet Cash. Pasteur itinérant de l'Église de l'Espoir éternel, dont les prêches subjuguent l'assistance, c'est aussi un citoyen actif du village de Kittatinny Falls, un artiste admiré faisant commerce d'objets en macramé, un homme que les femmes trouvent irrésistible. Tandis qu'il continue allègrement d'"éduquer" ses proies.
Approchant de l'âge "limite", alors que Daddy Love est déjà reparti en chasse, que va-t-il advenir de Gideon ? Sera-t-il éliminé comme ses prédécesseurs ?Parviendra-t-il à retrouver sa liberté ? Mais surtout, le souhaite-t-il ? Joyce Carol Oates nous fait vivre toute la complexité de cette captivité, et le lecteur ne manquera pas de se poser la question : que devient-on après des années d'intimité avec un monstre ?


Du très grand Joyce Carol Oates.

Elle arrive, de son écriture simple mais ô combien travaillée, à traiter avec délicatesse un si lourd sujet. À décrire sans concession ni voyeurisme sordide l'horrible quotidien d'un enfant enlevé par un pédophile. À nous faire comprendre, par petites touches, le phénomène de l'emprise, du dédoublement de personnalité.

Comme l'enfant, on bascule progressivement de sa personnalité d'avant à celle d'après. Au point qu'à un moment du livre, en lisant "Robbie" je me suis dit "c'est quel personnage déjà ?". Car comme Gideon, j'avais oublié qu'il avait été Robbie.

Du ravisseur, on ne sait rien ou si peu. Comme Robbie-Gideon.

Si le regard se porte toujours d'un point de vue extérieur (la narratrice est l'autrice et non un des personnages), il ne manque pas d'empathie.
D'une manière ou d'une autre, elle arrive à nous faire entrer dans la tête des personnages. On voit à travers leurs yeux, on en comprend d'autant mieux ce qui se passe, et d'autant mieux l'horreur vécue par l'enfant... et sa famille. Car les parents (et même la grand-mère maternelle) ne sont pas oubliés. Tous représentés avec leur vécu, leurs failles, forces et faiblesses.

Mention spéciale aux quatre premiers chapitres, décrivant le même évènement : l'enlèvement, de façon différente. Avec brio. Cela surprend, en démarrant le deuxième chapitre. Cela intrigue, au début du troisième. Au quatrième, j'ai compris : tout parent qui voit son enfant enlevé sous ses yeux se repasse la scène en boucle. "qu'est-ce que j'ai fait pour que ça arrive ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour que ça n'arrive pas ?"
Cette scène sera reprise plus tard dans le livre... du point de vue du ravisseur.
On ne peut rien contre quelqu'un de déterminé, dont on n'avait soupçonné ni la présence ni l'acte à venir et qui met un point d'honneur à être discret et insoupçonnable.

Rien ne manque dans ce roman : la manière dont cela est traité dans les media, dont les parents font face, les regards des autres, plus ou moins empathiques, plus ou moins maladroits, et l'après.

Jusqu'à la fin, troublante. A chacun d'endéduire ce qu'il veut.

Oui, décidément, du très grand, de l'excellent Joyce Carol Oates.
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vendredi 16 septembre 2022

Celui-là est mon frère


4 de couv' :
Un jeune chef d'État reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt. La brève joie des retrouvailles cède très vite la place à l'amertume et l'indignation : celui qui est revenu a changé. Il est désormais l'Ennemi. À cause de lui, le pays va s'embourber dans une crise sans précédent.

J'avais adoré "Damalis" de la même autrice et m'étais promis de lire un autre de ses livres.

S'il s'agit ici à nouveau d'entrer dans les arcanes du pouvoir, cette histoire se passe cette fois à notre époque, dans un pays du Moyen-Orient (ou d'Asie?) dont le nom n'apparaît jamais.

Mais là n'est pas le plus important. Tout dans l'histoire est lié à la relation entre les deux frères : la relation entre deux populations d'un même pays, l'Histoire de ce pays dont on découvre quelques bribes au fil du récit, l'emprise que peut avoir une personne sur une autre, la solitude de celui qui est au pouvoir, les bouleversements traversés par ce pays.

Difficile de parler de ce roman car tout est dans la relation entre les personnages principaux. L'écriture, parfaite, nous fait entrer dans la tête de celui qui est au pouvoir et bien que nous n'ayons que son point de vue, l'autrice parvient excellemment à nous faire comprendre celui de son frère.

Les passages sur leur passé commun non seulement éclairent le contexte du présent, mais allègent aussi des passages plus pesants, plus sombres sur le présent.

Décidément, je suis fan de cette autrice.
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mardi 13 septembre 2022

Gaïa


4 de couv' :
Une journaliste scientifique enquête sur une terrible tempête qui a sévi une cinquantaine d'années plus tôt dans le pays. Parmi les ruines d'un petit village autrefois avant-gardiste, elle découvre, le journal et les lettres de deux soeurs. Mel, enceinte, qui s'est réfugiée là avec sa famille juste avant la catastrophe. Et Laura, médecin, qui a fait le choix de rester en ville pour soigner les malades de l'hôpital.
Avec finesse et sensibilité, Valérie Clo raconte comment, face à l'adversité, nos derniers appuis restent la solidarité et l'humanité.
Gaïa dresse le portrait émouvant de deux femmes. Un livre de vie et un véritable voyage au coeur de la folie climatique.


Petit livre (171 pages) dont je n'avais jamais entendu parler  et dont je ne connaissais pas l'autrice, je dois avouer que je ne l'aurais pas trouvé s'il n'avait pas été mis en évidence avec les nouveautés de l'année dans ma bibliothèque de quartier.

Je dois reconnaître aussi que le sujet ne m'emballait guère, tant il est à la mode aujourd'hui et un brin déprimant, mais mon envie de découvrir de nouveaux auteurs et de changer de sujet (et le nombre de pages !) l'ont emporté. 

Et je suis bien contente d'avoir mis de côté mes réticences !

Ce roman épistolaire, malgré un début et un récit tendu, parfois pesant, laisse jaillir, entre autres par la volonté de survie de ses personnages, une lueur d'espoir.

Si l'autrice décrit admirablement ce qui risque de (va) nous arriver à cette période de l'Histoire humaine, qui fait écho à ce que nous vivons depuis quelques étés (et par "nous" je parle de l'humanité, pas seulement de la France), il n'en reste pas moins que l'espoir de s'en sortir, dans le nouveau monde à venir, est bien là.

Est bien là également la volonté de l'autrice, à petites touches, de faire comprendre à tout lecteur que les considérations actuelles de notre monde sont dépassées et qu'il est grand temps d'agir et de les repenser. J'adorerais l'offrir à tous les politiques de cette planète et autres idiots qui veulent aller sur mars ou retourner sur la lune.
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dimanche 11 septembre 2022

La bibliothèque des rêves secrets


4 de couv' :
Femme imposante et énigmatique coincée entre le paravent et le bureau d'angle du coin Conseils d'une petite bibliothèque en plein coeur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités... ils sont au croisement de leur vie. Et à chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu'ils croyaient être venus chercher. Mais ce choix ne relève pas du hasard, car derrière cette lecture imprévue et surprenante  se dessinent les premiers jalons d'un nouveau départ.
Un roman choral poétique qui célèbre le pouvoir des livres et l'importance qu'une personne attentive et à l'écoute peut avoir sur le destin de chacun d'entre nous.


Je crois bien que c'est la première fois que j'ai envie de relire un livre sitôt refermé.

Ce livre, écrit avec délicatesse et sensibilité, a réussi à trouver un certain écho en moi. Ce dont je ne suis pas surprise d'ailleurs, je m'y attendais. Et en dehors de ceux qui sont à un moment charnière de leur vie, aspirant à en faire ou y découvrir autre chose, ce livre est fait pour tous : s'il s'agit ici de différents personnages qui ne se connaissent pas, avec chacun des aspirations ou interrogations différentes (et son propre chapitre), ils ont en commun cette bibliothèque, point de ralliement du livre et lien social indispensable du quartier.

Et si on peut avoir parfois besoin de changer de métier ou de vie, qu'on le fasse ou non, l'essentiel n'est-il pas avant tout d'être en accord avec soi-même et son entourage ?

Il m'a fait beaucoup de bien ce livre, même si ce n'était pas le but recherché, à part un vrai bon moment de lecture.

A mettre entre toutes les mains !
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