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vendredi 18 juillet 2025

Orgueil et Préjugés

4 de couv' :
Mrs Bennet, femme de pasteur, est déterminée à marier ses cinq filles afin d'assurer leur avenir. Lorsqu'un riche jeune homme loue le domaine voisin de Netherfield, elle espère qu'une de ses filles saura lui plaire et met tout en oeuvre pour arriver à ses fins.
Elizabeth observe avec ironie les manigances de sa mère. Si elle apprécie le charmant Mr Bingley, elle est tout d'abord irritée par l'attitude dédaigneuse du fier Mr Darcy.
Publié en 1813, Orgueil et Préjugés est considéré comme le chef d'oeuvre de Jane Austen. Les aventures sentimentales des cinq filles Bennet offrent une satire pleine d'esprit des conventions sociales de la bonne société anglaise à la fin du XVIIIe siècle.


Cela faisait longtemps que j'étais tentée de lire ce livre, et surtout son autrice qui semble faire l'unanimité parmi les lecteurs et plus largement, le monde littéraire.
En raison d'un challenge Booknode (lire un livre illustré), j'ai profité de l'occasion pour me procurer l'édition présente.

Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal au démarrage et à la page 80 (sur 538), j'en étais à me dire "ça bavasse, boudiou que ça bavasse". Quand j'ai repris l'ouvrage un peu plus tard, miracle, la magie a pris. Mais vraiment un revirement.

Je me suis donc alors autant laissée porter par l'écriture que par l'histoire, le contexte historique et social, les portraits de personnages. Et la description des paysages.

Je lis peu de romances - et je pense que Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent resteront mes préférés - je ne ferai donc pas de critiques à ce sujet . C'est une romance avec le côté un peu superficiel que ça induit dans ce genre (mais tellement agréable !).

Bref, une de mes premières lectures d'été les plus réjouissantes !


"Qui songe à en douter ? Un célibataire nanti d'une belle fortune doit être nécessairement à la recherche d'une femme. C'est une conviction si répandue  que, dès qu'on voit paraître un jeune homme pour la première fois dans une région, il n'est pas de familles des environs qui ne le considèrent, d'ores et déjà, comme la propriété de l'une ou l'autre de leurs filles."

"L'orgueil se rapporte plutôt à notre opinion sur nous-mêmes et la vanité à ce que les autres pensent de nous."

lundi 5 août 2024

Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël

4 de couv' :
Le coup de téléphone est arrivé, et mon coeur a cogné contre mon sternum. J'avais le rôle. J'avais fait mon entrée dans le show-business ? (...) Ma seule hésitation, c'était Clyde. Maman et Lottie m'ont alors proposé de s'occuper de lui. (...) J'ai accepté cette solution en me disant que lorsque j'aurais "percé", et j'y comptais bien, je louerais un grand appartement àManhattan et engagerais une gouvernante pour mon fils. Et pendant mes tournées à l'étranger, je l'emmènerais, avec la gouvernante et pourquoi pas un professeur particulier. Ma vie s'ordonnait ainsi aussi résolument que les marches d'un escalier de marbre, et ke m'apprêtais à grimper jusqu'aux étoiles.
Dans ce troisième roman autobiographique, Marguerite Johnson, mère célibataire de vingt ans, devient Maya Angelou - et fait son entrée dans le monde du spectacle.
Porté par une voix inimitable, ce récit à la fois drôle et léger, politique et profond, nou spermet d'assister à la naissance d'une icône. Et Maya Angelou nous livre avec tendresse, mais aussi beaucoup d'humour et de clairvoyance, un portrait émouvant de la jeune femme qu'elle était.


Trouvé par hasard lors de mes déambulations dans ma librairie préférée, je dois avouer que je n'ai hésiter à acheter ce tome que quelques jours. Déjà, parce qu'il me semblait que j'avais déjà tout lu de Maya Angelou, ensuite parce que je voulais vérifier d'abord qu'il s'agit bien d'un inédit, enfin parce que concernant son autobiographie, les autres volumes en ma possession sont en poche.
Donc oui, c'est bien un inédit (du moins en France), et pour la version poche, eh bien, euh... je n'avais pas l patience d'attendre sa sortie.

Je trouvais que dans ses écrits il manquait de détails de sa rencontre et sa vie avec son mari d'origine grec, qui va lui donner son nom, et au final après une légère modification, son nom de scène. De sa vie d'artiste, en particulier dans les cabarets et la troupe de "Porgy and Bess", même chose.

Ce volume comble donc ces manques.

Passons sur l'écriture, comme toujours impeccable et magnifique (de même évidemment pour la traduction) et concentrons-nous sur le récit en lui-même. Comme toujours, Maya Angelou nous livre ses souvenirs avec autant d'objectivité que possible et surtout une bonne dose d'autodérision. J'ai beaucoup rit à certains passages, me suis émerveillée comme elle lors de sa tournée européenne, et ai partagé ses réflexions et observations.

Un vrai dépaysement, avec intelligence et brio.
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vendredi 21 juillet 2023

Un été avec Victor Hugo


4 de couv' :
Victor Hugo rêvait d'être "Chateaubriand ou rien". Sa vie et son oeuvre dépasseront cette ambition. Il sera un océan à lui tout seul : romancier, poète, dramaturge, pamphlétaire, académicien, pair de France, député. Tout en conservant le génie de l'enfance, Victor Hugo empoigna le XIXe siècle, combattit les injustices, la peine de mort, et toutes les formes d'aliénation. Il croyait au mouvement, au progrès. Son défi était de n'avoir jamais peur. Malgré les épreuves, les deuils familiaux, l'exil, Victor Hugo choisit de vivre : "Je suis celui que rien n'arrête / Celui qui va." Il mit sa force, son souffle dans l'amour des siens, la conquête des femmes, la création et la passion de l'humanité : "Ma vie est la vôtre,  votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une."
Passer un été avec Victor Hugo, ce n'est pas seulement se reposer à l'ombre d'un géant, mais aussi voyager en sa compagnie, aimer jusqu'à l'épuisement et partager son sens de l'humour loin de l'image scolaire.


Décidément, j'aime beaucoup cette collection de petits livres issus de l'émission de radio "Un été avec..." de France Inter.

Cette fois c'est le duo de complice de l'émission "ça peut pas faire de mal", Laura El Makki et Guillaume Gallienne, qui s'y sont collés. Et avec passion, on le voit, qu'ils aiment Victor Hugo, autant l'homme que l'écrivain, mais non dénués d'objectivité.

Chaque extrait ou allusion aux romans, pièces de théâtre ou poésies, suscite l'envie de se plonger dans ses oeuvres, même les moins connues. Il est cependant pour moi aussi décourageant que Zola ou Balzac, tant il a été prolifique, il va falloir choisir, mais peu importe.

Par contre, ce qui peut rebuter certains qui ne connaîtraient pas le programme de cette émission, le but n'est pas d'en faire un biographie chronologique, mais bien de mettre en valeur des aspects de sa vie, de sa personnalité et bien évidemment, de son oeuvre.

Pari gagné haut la main quand on considère le format d'une émission de radio, et celui de ce petit livre, en comparaison avec l'ensemble de l'oeuvre.

Une lecture enthousiasmante, qui en appelle d'autres !
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dimanche 11 décembre 2022

Légendes d'automne


4 de couv' :
Cochran cherche sa vengeance au Mexique, Nordstrom la trouve dans un hôtel de luxe à New York et Tristan y consacre la meilleure partie de son existence. Trois hommes, trois vengeances, trois histoires d'une intensité et d'une violence à couper le souffle. Le premier chef d'oeuvre de Jim Harrison.

Difficile de lire Jim Harrison sans passer  par "Légendes d'automne" qui en plus d'être un classique de la littérature américaine, est devenu par la suite un classique au cinéma.

Du film, je n'ai vu que quelques photos, même pas un bout d'extrait, c'est donc sans images imposées par un autre que j'ai abordé le livre.

J'ai d'abord été surprise de constater que ce livre regroupe trois histoires différentes, se passant à trois époques différentes et bien distinctes les unes des autres, et non trois histoires s'imbriquant les unes dans les autres. Je suis assez d'accord avec la postface de cette édition précisant qu'il ne s'agit pas ici de trois nouvelles, mais bien de trois courts romans.
Leurs titres : "Une vengeance", "L'homme qui abandonna son nom", "Légendes d'automne".

J'ai pour ma part particulièrement apprécié l'écriture de Jim Harrison, merveilleux conteur ont on a l'impression en le lisant qu'il est près de vous en train de vous raconter ces histoires comme dans une soirée entre amis. L'impression agréable qu'il vous offre ses histoires, en prêtant attention au moindre mot pour votre plus grande satisfaction.

Chaque histoire est en effet une histoire de vengeance et si pour la première elle en est le thème principal (un des personnages se venge de sa femme et et de son amant et ce dernier cherche à son tour à se venger du mari trompé), pour les deux autres, la vengeance et son motif ne viennent que tardivement.

Ce sont avant tout les vies d'hommes, et comment la vie, leur caractère, les a fait évoluer au cours des années. Sans qu'ils se perdent cependant.

Et au delà de la vengeance, trois belles histoires d'amour d'hommes pour des femmes, et pour leur famille.

Et, j'insiste, l'écriture, tellement délectable...
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mardi 26 juillet 2022

Lettre à ma fille


4 de couv' :
Dédié à celle qu'elle n'a jamais eue, Lettre à ma fille est une succession de courts textes décrivant les souvenirs qui ont façonné la vie exceptionnelle de Maya Angelou.
Féministe avant l'heure, et après une enfance et une adolescence marquée par la violence, elle écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis elle fréquentera le milieu intellectuel noir-américain et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires.
C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle se mettra à écrire après la mort de Martin Luther King et deviendra l'auteure que l'on connaît aujourd'hui.
Dans ce captivant récit, l'auteure nous fait partager ses combats et les épreuves qui ont forgé son caractère dans la compassion et le courage.

Ce livre est un magnifique héritage transmis par Maya Angelou à toute fille ou femme qui la lira. Elle ne s'adresse pas vraiment à la fille qu'elle n'a pas eue, mais à toutes celles qu'elle a pu ou pourrait inspirer. Ce qui n'empêche pas tout homme ou garçon de le lire...

Chaque court texte a un thème précis et de chaque souvenir relaté, elle en tire une leçon autant pour elle-même que pour nous tous, empreinte de générosité d'empathie et de bienveillance... Et non dénuée d'autodérision et de sévérité envers elle-même quand elle évoque certains souvenirs où elle a fait preuve disons... de trop de spontanéité un peu vive (et c'est rassurant de voir qu'une telle grande dame peut elle aussi se mettre dans des situations embarrassantes).

Elle rend aussi hommage aux personnalités et artistes qui l'ont marquée, probablement très célèbres aux États-Unis et/ou à leur époque, et que j'ai donc découverts par ce biais. Inutile de dire que ce livre va me servir de référence pour les découvrir.

Et en bonus, nous régale de quelques poèmes.

Mention spécial au prologue de Dinaw Mengestu : un très bel hommage, qui m'a donné envie de découvrir cet auteur.

Décidément, un livre à mettre entre toutes les mains.
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dimanche 13 septembre 2020

Justicière 2 (Les Archives de Roshar - Livre III)

4 de couv' :
Dalinar pris une profonde inspiration, s'efforçant de se calmer.
La colère ne changerait rien à ce que le Père-des-Tempêtes lui disait. Mais qu'est-ce qui le ferait alors ?
- Etiez-vous au courant de mes pouvoirs ? le questionna Dalinar. Saviez-vous que je pouvais guérir la pierre ?
Je l'ai su une fois que vous l'avez fait, répondit le Père-des-Tempêtes. Oui, une fois que vous l'avez fait, je l'ai toujours su.
- Savez-vous ce que je peux faire d'autre?
Bien entendu. Une fois que vous le découvrirez, je le saurai.
- Mais...
Vos pouvoirs viendront quand vous serez prêt, pas avant, expliqua le Père-des-Tempêtes. On ne peut ni les hâter, ni les forcer. Vous possédez le pouvoir qu'Ishar détenait autrefois. Avant qu'il soit le Héraut de la Chance, on l'appelait Celui-qui-lie-les-dieux. Il fut le fondateur du pacte sacré. Aucun Radieux n'est capable d'accomplir davantage que vous. Votre pouvoir est celui du Lien, qui unit les hommes et les mondes, les esprits et les âmes. Vos Flux sont les plus grands de tous, mais ils seront impuissants si vous cherchez à les manier uniquement pour le combat.


848 pages de pur bonheur. La saga continue, mais je conseille à tous ceux qui en démarrent la lecture de faire des fiches pour chaque personnage principal (et pour chaque, son évolution avec plus de fiches pour Shallan, mais je n'en dirai pas plus), une pour l'ensemble des personnages secondaires, et une pour les différents états et/ethnies qui constituent le monde de Roshar.
Car c'est quand même le sixième tome de la saga et si l'ensemble tient la route (et le lecteur en haleine), quand on ne lit pas tous les tomes d'affilée, il est parfois difficile de se rappeler qui est qui (ou quoi) et les interactions des uns avec les autres sans compter tout l'aspect diplomatique ou tactique de l'ensemble.

Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur ne manque pas d'imagination, qu'il sait où il va et c'est vrai plaisir de le suivre et que chaque rebondissement est la suite logique de l'histoire.

Le seul bémol que j'aurais est que certains rebondissements sont quand même parfois du grand spectacle, en particulier les environs 200 dernières pages (genre grosse bataille à la fin des films des X-men ou des Avengers, pour ceux qui connaissent). Je m'attends à ce que ce soit un jour porté à l'écran bien que l'auteur pense avant tout au plaisir de ses lecteurs et ne donne pas l'impression d'avoir la moindre ambition cinématographique (contrairement à certains auteurs qui ont tendance à oublier qu'ils écrivent des livres et non des pré-scénarios, mais passons).

En résumé : vivement la suite !
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dimanche 29 septembre 2019

Orléans

4 de couv' :
"Et je me promis qu'un jour, quand je saurais écrire la vérité dans sa simplicité nue, je la dirais dans un roman d'humiliation comme il existe des romans d'initiation."

Un chef d'oeuvre, vraiment. Les frileux du Goncourt ont dénaturé la sélection de cette année en le retirant de la liste.
Tant pis pour eux.

Contrairement à ce qui a été dit, il ne s'agit pas d'une énième diatribe contre ses parents, même si la première partie relate abondamment ce qu'il a subit.

Contrairement à ce que j'ai entendu ça et là, je trouve que la deuxième partie vaut autant que la première, les deux se complétant et se répondant parfaitement.

C'est avant tout un superbe hommage à la littérature, qu'on la lise ou l'écrive (et dans son cas, les deux à la fois), ce qu'elle peut nous apporter au quotidien, soutien, consolation, lumière, connaissance, simple plaisir de lecture. Une élévation de soi, de l'âme, de sa conscience.
Un enrichissement certain.

En tant que lecteur/lectrice, on ne peut que se retrouver dans ce qui y est dit.
C'est un lecteur qui parle à d'autre lecteurs de sa passion de la littérature, qui rend hommage non seulement à la littérature, mais aussi aux auteurs, à ses auteurs préférés, et indirectement, à nos auteurs préférés, qui ne sont pas forcément les siens, mais qu'importe.
Son amour de la littérature fait écho au nôtre.

Une belle écriture, un humour subtil, sous forme d'auto-dérision, un certain regard (attendri ?) de l'homme mûr de maintenant sur l'enfant et l'adolescent d'alors (et là aussi, on ne peut que se reconnaître dans ces portraits de l'enfance et de l'adolescence).

Cet hommage est une marque de reconnaissance, un remerciement pour tout ce que ces auteurs lui ont apporté.

Chapeau bas, vraiment.
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mardi 27 août 2019

La route du retour

4 de couv' :
Dans ce roman choral où s'entrecroisent les parcours de Dalva et de ses proches, Jim Harrison exorcise sa hantise de la mort et brasse l'histoire de l'Amérique, depuis les guerres indiennes jusqu'à nos jours. Derrière cette fresque truculente et nostalgique, La Route du Retour témoigne de l'amour de Big Jim pour ce pays aux horizons aussi grands que ses mythes.

J'ai davantage apprécié "La route du retour" qui est la suite de "Dalva".
Toujours pour la qualité d'écriture, que j'apprécie particulièrement, mais surtout parce que ce roman fait particulièrement écho à "Dalva" et lui amène encore plus de profondeur. Les deux romans, écrits à 10 ans d'intervalle, se complètent admirablement.

J'ai tellement apprécié la première partie (dont le grand-père de Dalva est le narrateur via son journal écrit dans les dernières années de sa vie) que j'ai eu un peu plus de mal à accrocher sur la deuxième partie, dont le narrateur est le fils de Dalva.
Et la dernière partie dont Dalva est la narratrice clôt cette saga familiale entamée dans la première partie du roman précédent.

Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que l'écriture de Jim Harrison est un pur délice de lecture.
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dimanche 2 juin 2019

Va et poste une sentinelle

4 de couv' :
Milieu des années 1950. Jean Louise Finch, dite "Scout", est de retour à Maycomb, sa petite ville natale de l'Alabama, pour rendre visite à son père, Atticus. La nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l'a façonnée mais dont elle croit s'être affranchie en partant vivre à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit...


Je tiens à préciser tout d'abord que ce roman est très différent de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", de la même auteure. Ceux qui s'attendent à y trouver le même esprit seront forcément déçus.
Si vous l'oubliez ou mettez de côté l'autre histoire, celle relatée par la petite Scout, vous serez éblouis.
Je retrouve du Ernest J. Gaines dans ce roman, la même subtilité, la même intelligence pour dire de grandes et profondes choses en peu de mots, en toute simplicité.
Un grand roman du sud des Etats-Unis, qui, je l'espère, va devenir un classique.

Au final, ce livre parle d'évolution.
D'évolution d'une certaine société blanche, qui la refuse, de toute une communauté noire qui a fini par ouvrir les yeux sur le fait que oui, ils ont bien des droits et qu'il serait plus que temps de les faire appliquer, de la rupture entre ces deux mondes (qui existait déjà mais prend une nouvelle forme) et deux époques.

Et l'évolution personnelle de chaque protagoniste : Scout, tout d'abord, qui apprend avec douleur à voir son entourage tel qu'il est réellement et finit par mûrir et enfin devenir adulte. Et qui pour moi, au début du roman, a un côté tête à claque de gamine qui revient chez elle avec un sentiment que tout est acquis et redécouvre la complexité de ses proches et de la société dans laquelle elle a grandi. Et apprend à ne plus voir les choses de façon manichéenne. Le fait de vivre ailleurs et d'avoir une autre vision de cette société dans laquelle elle a grandi lui sera certes douloureux, mais salutaire.
Son père et l'associé de ce dernier, plus complexes qu'ils ne semblent à première vue.
Leur ancienne domestique, qui n'a peut-être pas changé tant que ça au fond, sauf aux yeux de Scout qui sort de sa naïveté enfantine...

Evolution ou non d'ailleurs, les blancs de ces états du sud ne comprenant définitivement pas pourquoi les noirs en demanderaient plus parce que ne comprenant pas qu'ils n'ont jamais rien eu en matière d'égalité de droits, et qui transpirent de peur et donc de haine face à ce bouleversement de leur mode de vie.
Le personnage de la tante en cela est intéressant tant elle est emblématique de cette société bien campée sur ses acquis, persuadée de son bon droit, d'être la garante d'une façon de vivre et de penser dont elle ne réalise pas qu'elle fait depuis longtemps partie du passé. Pas seulement sur les droits des noirs, mais aussi sur la hiérarchie existant dans cette société blanche et patriarcale.
Scout est définitivement de la nouvelle génération de citoyens américains et surtout de la nouvelle génération de femmes qui compte maîtriser sa vie et ne plus se laisser étouffer dans ce carcan et encore moins dans cette société d'apparence, où sa tante porte encore le corset...

Car la complexité du roman et de chaque personnage tient là : une évolution qui pour certains se fait sans eux sans qu'ils le demandent, qui accusent des éléments extérieurs de bouleverser leur vie (le gouvernement, le NAACP), tout se en réunissant en des conseils de citoyens pour se rassurer sur le bien-fondé de la ségrégation...
Et évidemment, ils restent entre eux, il ne viendrait à l'idée de personne d'échanger avec quiconque de la communauté noire du patelin (si tant soit est que l'un d'entre eux souhaiterait tenter l'expérience...). Et encore moins quelqu'un d'extérieur à leur ville ou Etat.
Le passage sur le conseil de citoyens est d'ailleurs celui qui m'a le plus marquée, tant le lecteur, tout comme Scout, se prend une magistrale claque.

Ce roman est à un moment charnière de l'histoire des Etats-Unis et on se le referme avec un sentiment de malaise salutaire tant on sait que le combat à mener sera long, douloureux et pénible pour tous.
Et pas vraiment réglé de nos jours.


"Il l'ouvrit et dit: "Notre texte, aujourd'hui, est tiré du livre d'Isaïe, chapitre 21, verset 6 :
Car ainsi m'a parlé le Seigneur :
Va et poste une sentinelle ; qu'elle annonce ce qu'elle verra""

"(...) c'étaient les mêmes individus qui constituaient l'Empire invisible, qui haïssaient les catholiques ; des Anglo-axons au sang rouge à cent pour cent, habités par l'ignorance et la peur, rubiconds, rustres, respectueux de la loi, ses compatriotes américains - la lie."
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lundi 8 juin 2015

Le Joueur d'Echec

4 de couv' :
Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer. Le narrateur u parviendra. Les circonstances dans lesquels l'inconnu a acquis cette sciences sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, "pourrait servir d'illustration à la charmante époque que nous vivons".


A nouveau, du grand Zweig (fan inconditionnelle, vous dis-je).

Ou comment dépeindre avec une cruelle (amère ?) minutie ce que peut être la torture mentale et à quelle point elle peut briser un être humain, dont ce qui fut sa seule planche de salut a fini par se retourner contre lui.

Et en extrapolant, (peut-être à outrance) la vision qu'avait Zweig de ce que la machine nazie pouvait réserver à l'humanité ?
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vendredi 5 juin 2015

La Pitié Dangereuse

4 de couv' :
En 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, Anton Hofmiller, jeune officier de cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Au cours de la soirée, il invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu'elle est paralysée. Désireux de réparer sa maladresse, Anton accumule les faux pas qu'il attribue à ce que Stefan Zweig appelle l'"impatience du coeur". Les personnages du seul roman que Stefan Zweig ait achevé sont les spectateurs hébétés de leur tragédie, symboles d'une civilisation décadente mais incapables de résister à l'ivresse d'une dernière valse. La prose de Stefan Zweig, brillante et raffinée, est comme le vestige de cette civilisation engloutie par la folie du XXe siècle. Une histoire d'amour déchirante où la fatalité aveugle ceux qu'elle veut perdre.


Passons sur le fait que je suis une inconditionnelle de Stefan Zweig, je pense que depuis le temps, vous commencez à savoir.

Ce court roman est tout simplement sublime et va bien au delà de ce qu'il laisse paraître en surface.

A noter que le titre original était "L'Impatience du Coeur" et a été traduit en français par "La Pitié Dangereuse".
La pitié dont il est question ici n'est pas seulement celle éprouvée par le narrateur motivée en partie par sa culpabilité, mais aussi celle suscitée par la jeune handicapée dont elle joue tout en l'abhorrant, la renvoyant à ce seul statut et la déshumanisant. C'est aussi celle ressentie par tous face à elle, à divers degrés, pour différentes raisons ou motivations, les enfermant tous dans un carcan dont personne ne peut ressortir indemne. Cette dangerosité présente et palpable, s'intensifie, malgré quelques moments de grâce, tout au long des pages.

Les atermoiements du narrateur pourraient en agacer plus d'un, mais n'oublions pas sa jeunesse et surtout, que la psychologie et les sentiments humains sont la base de l'oeuvre de Stefan Zweig.
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mercredi 26 mars 2014

Histoire d'une mouette et du chat qui lui appris à voler

4 de couv' :
Une mouette mazoutée atterrit sur un balcon et, avant de mourir, confie l’oeuf qu’elle vient de pondre à Zorbas, le chat de la maison. Il lui fait la promesse solennelle de protéger Afortunada, le poussin orphelin, et de lui apprendre à voler… Plutôt embarrassé par cette mission insolite, le matou va s’en acquitter avec l’aide des autres chats du port. Un ouvrage attachant, mêlant tendresse et humour, et qui est déjà devenu un classique.


Il est difficile de commenter cette oeuvre sans évoquer ce que nous en savons tous tout en évitant d'être redondante : l'entraide, la solidarité, la poésie de l'écriture, le côté conte de l'ouvrage.

Ce que je retiens de ce (trop) court roman, c'est qu'il est drôle, tendre, touchant, prenant et ô combien plaisant à lire !

A recommander, donc.
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mardi 9 avril 2013

Douceur en série

Finalement, l'autre week-end, c'est l'envie de douceur qui l'a remportée, avec la lecture de quelques nouvelles de Stefan Zweig.

Révélation inattendue d'un métier :
Observation d'un touriste à Paris d'un personnage qui attire son attention et dont il finit par deviner le métier. Je ne sais pas si c'est du vécu, mais chaque détail semble très réel.
Beaucoup de suspens dans ce qui semble de prime abord une scène banale, mais on vite tenu en haleine et comme le narrateur, on ne  peut détacher le regard de ce qui va suivre. Mention spéciale à la scène finale durant la vente aux enchères, l'action du commissaire-priseur et celle du narrateur étant en parfaite adéquation.

Virata :
Légende indienne. Ado, j'étais fan de la série de livres "Contes et légendes", ce fut donc pour moi un vrai plaisir retrouvé que de lire cette légende et les suivantes racontées par Stefan Zweig.
Pour Virata, c'est l'histoire d'un sage indien qui petit à petit renonce à tout pour devenir ermite et ne plus influer sur le genre humain.
Il s'agit ici d'un conte philosophique sur l'action et l'inaction et leurs conséquences. Toute action (ou pas) a forcément une conséquence. L'effet papillon, en somme.

Rachel contre Dieu :
Où une femme se révèle plus forte et raisonnable que quiconque devant la colère divine dirigée contre les humains. En reversant contre Dieu Lui-Même ses propres préceptes.
Le monologue de Rachel est un vrai plaisir à lire, un sublime plaidoyer. A jouer au théâtre, ce serait magistral.

Le chandelier enterré :
C'est ici aussi une légende biblique, sur la diaspora et l'importance de ce qui relie le peuple juif et en maintient la cohésion quels que soient les obstacles et les frontières. J'ai moins accroché sur cette nouvelle, plus longue que les autres, mais je tenais cependant à en connaître la fin. Une belle légende, emplie d'espoir, d'autant plus quand on sait qu'elle a été écrite en 1936.

Les deux jumelles :
Autre époque ici, la France médiévale. Où la rivalité entre deux soeurs jumelles échauffe les sens et les esprits de toute une région. Conte régional cocasse, sur un ton plus léger que les légendes qui le précèdent.
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mercredi 13 mars 2013

Dites-leur que je suis un homme

4 de couv' :
Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office. Si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine...


Rarement un texte m'aura autant touchée.

Une écriture sobre, mais juste, sans fioriture, sans détails inutiles. Car tout ce qui est raconté ici a son importance. La moindre anecdote, le moindre détail prennent une autre dimension tant l'écriture de Ernest J. Gaines est puissante.
Le rappel à un passé pas si lointain, un présent incertain, les prémisses des luttes à venir, un tournant dans la société américaine qui s'amorce.
Une dignité plus forte que le reste, chacun la manifestant à sa façon.

Pour moi, les moments forts du roman : la scène du tribunal avec l'odieuse (désespérée ?) tactique de défense de l'avocat, le spectacle de Noël des enfants, la tirade du père Ambrose à Grant, le journal de Jefferson. Et le jour de l'exécution, bien sûr.
Sans voyeurisme, sans ton larmoyant, sans pitié.

Pas un n'en sortira indemne, pas même le lecteur.
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vendredi 24 août 2012

Révolutions

Autre citation, toujours tirée du tome II de ce classique de la littérature française du XIXe siècle que je suis en train de lire.
Je viens d'achever ce tome et, échéance proche du prix des lecteurs Cezam oblige, je vais devoir repousser la lecture du tome III à septembre.

Bref, voici une autre citation, toujours d'actualité je trouve...

" Il y a dans les révolutions des nageurs à contre-courant, ce sont les vieux partis.
Pour les vieux partis qui se rattachent à l'hérédité par la grâce de Dieu, les révolutions étant sorties du droit de révolte, on a droit de révolte contre elles. Erreur. Car dans les révolutions, le révolté, ce n'est pas le peuple, c'est le roi. Révolution est précisément le contraire de révolte. Toute révolution, étant un accomplissement normal, contient en elle sa légitimité,, que de faux révolutionnaires déshonorent quelquefois, mais qui persiste, même souillée, qui survit, même ensanglantée. Les révolutions sortent, non d'un accident, mais de la nécessité. Une révolution est un retour du factice au réel. Elle est parce qu'il faut qu'elle soit."
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mercredi 15 août 2012

Pied de nez

Une fois n'est pas coutume, une citation.

Elle est tirée de l'ouvrage que je lis actuellement, et date du XIXème siècle, c'est dire...
Et sur ce roman, je dirai seulement qu'il m'enthousiasme tellement que j'ai depuis deux jours une envie folle de mettre ici plusieurs citations, mais je ne voulait pas trop couper ma lecture. Surtout que si je m'étais écoutée, il y en aurait eu pléthore et qu'elles étaient chaque fois assez longues. Et que si je pouvais finir la lecture de ces trois tomes avant de reprendre le travail lundi, j'aimerais autant.


"Rêver la prolongation indéfinie des choses défuntes et le gouvernement des hommes par embaumement, restaurer les dogmes en mauvais état, redorer les châsses, recrépir les cloîtres, rebénir les reliquaires, remeubler les superstitions, ravitailler les fanatismes, remmancher les goupillons et les sabres, reconstituer les monachismes et le militarisme, croire au salut de la société par la multiplication des parasites, imposer le passé au présent, cela semble étrange. Il y a pourtant des théoriciens pour ces théories-là. Ces théoriciens, gens d'esprit d'ailleurs, ont un procédé bien simple ; ils appliquent sur le passé un enduit qu'ils appellent ordre social, droit divin, morale, famille, respect des aïeux, autorité antique, tradition sainte, légitimité, religion ; et ils vont criant : Voyez ! prenez ceci, honnêtes gens. -  Cette logique était connue des anciens. Les aruspices* la pratiquaient. Ils frottaient de craie une génisse noire, et disaient : Elle est blanche. Bos creatus."




* aruspice : chez les romains, sacrificateur qui prédisait l'avenir par l'inspection des entrailles des victimes. Voir "augure".
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