vendredi 29 juillet 2011

Pour un coup d'essai...


4 de couv' :

Jim Lamar? «Quand je dis que c’est pas lui, je veux dire que c’est plus lui.» Voici le commentaire qui accueille après treize ans d’absence le revenant, le rescapé de la guerre du Vietnam. Un pays dont on se soucie peu ici à Stanford: l’interminable Mekong est si loin du boueux Mississippi… Et le retour tardif de Jim – Saigon a été abandonné depuis de longues années par les troupes américaines – n’est plus souhaité par personne. Son intention de se réapproprier la ferme familiale, objet de toutes les convoitises, et ses manières d’ermite dérangent tout le monde. Tout le monde, à l’exception du jeune Billy qui, en regardant et en écoutant Jim le temps d’un été, va en apprendre bien plus sur les hommes que durant les treize années de sa courte existence.


Ce livre est un petit bijou.


Habituellement, je me méfie des livres/films/artistes/ou autres qui suscitent un réel engouement, mais je reconnais volontiers que ce premier roman le mérite absolument. Il est parfaitement bien écrit, au point que je n'ai pas pu m'empêcher de lire certains passages à haute voix (NDLR : ça m'arrive de plus en plus souvent cette manie d'ailleurs. Les voisins vont finir par croire que je parle toute seule. Surtout quand il s'agit de dialogues...).


C'est un roman dit "du sud des Etats-Unis", genre que j'affectionne tout particulièrement et bien qu'écrit par un français, je n'ai pas été déçue. L'ambiance, la façon de décrire les personnages, le coin où l'histoire se passe et les personnages dont il s'agit, tout cela est vraiment typique de ce genre de romans, et Lionel Salaün a pourtant su éviter un roman de plus dans ce genre littéraire, il y apporte vraiment quelque chose. Et la description des paysages est un vrai bonheur, non seulement on s'y croirait mais on a envie d'y être réellement.


J'ai apprécié aussi que le narrateur soit un adulte qui revient sur l'époque de ses treize ans. Il reprend sa vision des choses et sa candeur de l'époque avec cependant le recul de la maturité.
On se sent du coup proche de l'enfant qu'il était alors, qui du haut de ses treize ans, découvre la vie et ses diverses facettes, et surtout ce fameux Jim Lamar dont le retour au pays en fait oublier à tous les derniers ragots du coin.
C'est avec lui qu'on découvre son histoire, ce qu'il a vécu au Vietnam, pourquoi il a mit tant de temps à revenir et pourquoi il revient.


Je ne sais pas de quoi parlera le prochain roman de Lionel Salaün, mais j'ai hâte de le lire.
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jeudi 28 juillet 2011

Du Berlin des années 30 au Berlin des années 40-50


4 de couv' :

Publiés pour la première fois entre 1989 et 1991, L'Eté de cristal, La Pâle Figure et Un requiem allemand ont pour toile de fond le IIIe Reich à son apogée et, après la défaite, l'Allemagne en ruine de 1947. Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise, est devenu détective privé. Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l'Allemagne nazie ce que Philip Marlowe est à la Californie de la fin des années 1930 : un homme solitaire, témoin de son époque.Des rues de Berlin "nettoyées" pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques à celles de Vienne la corrompue, Bernie enquête au milieu d'actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. La différence avec un film noir d'Hollywood, c'est que les principaux protagonistes s'appellent Heydrich, Himmler et Goering....


J'aime les polars noirs, j'aime les polars historiques. J'ai adoré "La voleuse de livres", dont l'action se situe en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale.
Ce, pardon, ces livres cumulent ces trois particularités. Ils se situent à la même période, avant et après en fait, éclairant d'un autre jour ce qui a pu être le quotidien des allemands sous la dictature hitlérienne puis après la défaite.


D'un point de vue historique, je pense qu'il n'y a rien à redire, on sent que l'auteur connaît son sujet.
Pour ce qui est du polar, rien à redire non plus, c'est impeccable, les polars noirs sont décidément mes préférés, tant ce sont les mieux écrits et les mieux travaillés au niveau ambiance, psychologie des personnages, humour même pour ce qui est de ceux-ci.
Cette série de livres est vraiment agréable à lire et apprend beaucoup de choses sur cette partie de l'histoire allemande... et alliée.
Effet polar noir oblige, personne ne sort grandit de tout cela, tout le monde semble nager en eaux troubles.


Heureusement, l'humour et le cynisme de Bernie allège allègrement le tout (et vu la période historique en question, ce n'est certes pas une mince affaire d'introduire de l'humour là-dedans). Surtout avec les portraits hauts en couleur de certains personnages.
Et pour vous donner une idée, un petit extrait tiré de la suite, "La Mort, entre autres" :
"Etant détective, je repérai le père Gotovina quelques secondes après avoir franchi la porte. Plusieurs indices le désignaient. Le costume noir, la chemise blanche, le crucifix suspendu autour du cou, le petit halo blanc du col d'ecclésiastique. Les sourcils épais et noirs étaient ses seuls ornements pileux. Le crâne ressemblait au dôme rotatif de l'observatoire de Göttingen, et chaque oreille privée de lobe à l'aile du démon. Les lèvres étaient aussi charnues que les doigts, et le nez aussi large et crochu que le bec d'une pieuvre géante. Il avait un grain de beauté sur la joue gauche, de la taille et la couleur d'une pièce de cinq pfennigs, et des yeux noisette, du même noisette que la crosse d'un Walther PPK. L'un de ces yeux-là me cueillit comme l'alène d'un savetier et il vint à moi, presque comme s'il pouvait renifler le flic à mes souliers. Cela aurait pu être aussi aisément le cognac de mon haleine. Mais je ne l'imaginais pas plus s'abstenant de boire qu'en choriste des Jeunes Chanteurs de Vienne. Si les Médicis avaient encore engendré des papes, le père Gotovina aurait pu être de ceux-là."
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jeudi 21 juillet 2011

Devoirs de vacances



Voilà, à compter de ce soir, je suis en vacances jusqu'au 16 août.

Ce qui promet de beaux moments de lectures (.2 !) et autant d'articles ici j'espère...

jeudi 14 juillet 2011

Les Mémoires d'un éléphant blanc


4 de couv' :

Après avoir été presque une idole, Iravata devient un guerrier : il est fait prisonnier avec son maître qu'il délivre et sauve de la mort. Puis il est jugé digne d'être le gardien et l'ami de la merveilleuse petite princesse Parvati pour laquelle il invente d'extraordinaire jeux et qui le réduit en un doux esclavage.
On verra comment un vilain sentiment se glisse dans le coeur d'un bon éléphant, si sage d'ordinaire, le sépare pour longtemps de sa chère princesse, le jette dans des aventures de toutes sortes et lui cause de cuisants chagrins.

Je l'ai déjà dit ici, mais quand j'étais petite, mon livre préféré que j'empruntais (trop) régulièrement à la bibliothèque racontait l'histoire d'un éléphant blanc. Tellement régulièrement que la bibliothécaire m'a fait remarqué que d'autres enfants aussi aimeraient avoir le plaisir de le lire.
D'ailleurs, après réflexion j'aurais pu me l'acheter avec mon argent de poche mais que je n'en ai jamais eu l'idée, tout bonnement parce que je crois que le plaisir venait de lire CE livre que j'empruntais à la bibliothèque, et pas un autre. L'acheter aurait rompu le charme, je suppose.

D'où ma galère à le retrouver à présent. J'ai interrogé les bibliothécaires de Quimperlé il y a deux ou trois ans, impossible de le trouver dans les archives. Quand à la recherche sur Internet : vous avez idée du nombre de romans (pour enfants entre autres) ayant pour titre ou sujet un éléphant blanc ?
Ben je vais vous le dire : beaucoup.

A force de recherches, je suis tombée sur celui-ci, que j'ai commandé à ma librairie préférée en me disant que zut tant pis, même si ce n'est pas celui-là, je ne serais pas complètement déçue, j'aurais lu une belle histoire. Sur le thème de l'éléphant blanc.
Et le résumé qui en était fait ressemblait à l'histoire que j'avais lue, même si dans mes souvenirs cet éléphant était ami avec un petit garçon et non une princesse.

En commençant ce livre, je me suis dit "zut, ce n'est pas celui-là, il se passe au Siam et pas en Inde". Que le début en fait, le reste se passe bien en Inde.
Et maintenant que je l'ai (re?)lu, je me dis qu'avec le temps j'ai confondu cette histoire avec celle de "Croc-blanc" et "L'appel de la Forêt" que je lisais beaucoup aussi à cette époque. D'ailleurs, dans mes souvenirs (vraisemblablement tronqués), l'aspect du livre de l'éléphant blanc est identique à celle du "Croc-Blanc" que j'ai à la maison. Il s'agit d'une amitié entre un humain et un animal, toujours, mais l'histoire est très différente. Alors ?

Alors, je vais quand même continuer à chercher. Peut-être.

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman, autant que pour celui que je lisais enfant, mais je ne suis pas sure que ce soit le même. Ah, la mémoire, hein...

mardi 12 juillet 2011

Envies de lectures

Il y a quelques temps, m'a pris l'envie de me replonger dans les classiques, en particulier ceux du XIXème siècle. Me demandez pas pourquoi, ça m'est venu comme ça.

En fait non, ça a commencé parce que depuis quelques temps, je tombe sur des émissions ou articles qui parlent de "Madame Bovary". Que j'avais essayé de lire au lycée, sur lequel je n'ai jamais accroché, surtout le personnage principal et que j'avais laissé tomber.
Même chose pour Anna Karénine, ce qui était plus gênant car je devais en faire une fiche de lecture, qui du coup était loin d'être aboutie ce que la prof de français m'a bien fait comprendre en me posant des questions pièges. Difficile de lui faire comprendre que non, décidément, je n'avais pas accroché, et ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Et toujours dans le même genre, mais là ce n'est plus le XIXème siècle, même blocage avec la princesse de Clèves.
De ce que je me rappelles, je les trouvais trop mièvres bien que consciente qu'il s'agissait d'une autre époque, avec d'autres moeurs, et un autre statut de la femme dans ces temps là. Et peut-être aussi un problème de manque de maturité littéraire ?

Donc dans le XIXème, je suis bien tentée par Balzac et ce depuis que (toujours au lycée) j'avais lu le Père Goriot. Histoire d'une rare cruauté, mais admirablement bien écrite et racontée. Ça a été un vrai bonheur pour moi de découvrir cet auteur à travers cette oeuvre, vraiment.

Les Dumas aussi me tentent pas mal, et là ce sera une totale découverte, je n'ai lu ni le père, ni le fils. Mon homme, lui, quand il était jeune, les a tous lus l'été (livres de collection), allongé dans un hamac dans le jardin de ses grands-parents. Inutile de dire que dans ce contexte, le plaisir de la lecture a été décuplé...

Chateaubriand m'intéresse. Comme beaucoup, je n'en ai lu que quelques passages dans les manuels scolaires. Je ne sais pas pourquoi, il m'intimide un peu parce que j'en ai une vision très littéraire. Et un peu triste aussi. Je ne sais pas, on verra. Du reste, le manuel du lycée sur la littérature du XIXème, je l'ai racheté. Alors, dans le doute...

Rimbaud. Je ne suis pas fan de poésie, mais lui, ça passe. J'avais emprunté à la bibliothèque une intégrale que je n'avais pas eu le temps de finir mais qui m'avait bien plue, je pense l'acheter un jour.

Et surtout, les auteurs russes. Anna Karénine de Tolsto¨donc, mais aussi et enfin les frères Karamazoff, qui se trouve chez mes parents, que je me promets à chaque fois que je vais là-bas de lire ou ramener avec moi. Tiens, et pourquoi pas "Guerre et Paix", si je suis motivée ?

Bon, je vais m'arrêter là, il y a déjà assez de monde. Et je ne sais pas si vous vous rappelez, mais j'ai déjà toute une autre liste qui m'attend (et il y a plein de livres édité tous les ans : comment je fais, moi ?).
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mardi 5 juillet 2011

Jalousie

Mon homme est enseignant. Ce qui implique pour l'année scolaire prochaine l'organisation d'un voyage avec ses élèves. Dont une des étapes est Bruxelles et plus précisément le Musée Hergé.

Et là, rien n'y a fait : non ma chérie pas la peine de poser des congés, non les conjoints des enseignants accompagnateurs ne sont pas invités, non on ne leur demande pas non plus de devenir accompagnants, oui il y aura le nombre nécessaire d'enseignants pour accompagner les élèves, non même si les conjoints venaient cela ne changera pas le prix de groupe vu qu'il y aura assez de monde, etc.

Grmpf.

Mon homme est donc missionné pour me ramener du musée un souvenir qu'on ne trouve pas ici dans les magasins spécialisés parce que sinon, crotte, c'est abuser et de l'arnaque, je savais bien que j'aurais dû y aller moi-même.

Evidemment, je n'ai pas résisté à l'envie de jeter un oeil sur le site du musée, je suis donc encore plus frustrée de ne pas y aller.

Chéri, puisque cet été on passe nos vacances sur Saumur, on devrait pouvoir faire un petit crochet par Bruxelles, tu crois pas ? Allez, quoi, c'est francophone ET en Europe, c'est jouable, non ?
...
Non ?

samedi 2 juillet 2011

La naine


4 de couv' :

L'été de ses quatorze ans, au début des années 20, alors qu'il est apprenti dans l'imprimerie locale, une naine, à la fois méprisée et crainte, est tombée amoureuse de Jean, le narrateur.
Le cadre de ce roman fortement autobiographique est une petite ville agricole de la Provence chère à l'auteur et plus précisément la place principale flanquée, côté soleil, des demeures des notables et, côté ombre, des petites maisons des "dames du Nord", éternelles observatrices et commentatrices des faits et gestes de tout un chacun. La Sanson, espèce de sorcière discrète qui vit dans une impasse, tire en partie les fils d'une intrigue amoureuse à sens unique puisque Jean, lui, n'aime pas la naine.
Chronique d'un été torride et roman d'apprentissage, tendre et douloureuse éducation sentimentale, La naine est sans conteste un des plus beaux livres de l'auteur de La maison assassinée et des Courriers de la mort.

J'avais acheté ce roman au début des années 90 (ah ouais, quand même), mais n'avais pas réussi à le lire. Sur le moment, j'ai mis cela sur le compte sur le nombre de descriptions des personnages (eux-mêmes, leur famille ou vie d'avant) et surtout sur le fait que ce livre est d'un seul tenant (pas découpé en chapitres). Et que la mise en place de la scène était du coup trop longue et très long à venir le déroulement de l'histoire.
Cependant, il me semblait aussi qu'il ne me manquait pas grand chose pour l'apprécier pleinement, je sentais que je pouvais l'aimer, mais que ce n'étais pas le bon moment.
Pas le bon moment dans ma vie pour le lire et parce qu'à ce moment là, je n'avais pas une maturité culturelle suffisante pour apprécier ce genre de roman. Je rappelle qu'après le bac de français, j'avais tellement été dégoutée de la littérature et par ricochet, de la lecture, que j'avais un mal fou à me remettre à lire. Saturée en somme. Et vaines tentatives de m'y remettre. Je l'avais donc mis de côté.

Cela faisait longtemps que me titillait l'envie de me replonger dans ce roman. J'hésitais, de peur d'être déçue. Mais l'envie de le lire me titillait de plus en plus ces derniers temps, signe que c'était le bon moment.

Et je ne regrette pas. Les prix littéraires auxquels j'ai participé ces dernières années m'ont enrichie de différents styles d'écritures et d'histoire (je veux dire par là que je ne me contente pas de ce que je sais pouvoir aimer). "L'amour selon cinq  matous" m'a fait redécouvrir les romans du sud de la France, la dernière émission de "Ça peut pas faire de mal", m'a fait redécouvrir Pagnol.
En résumé : ces derniers temps, le terrain était bien défriché.

J'ai l'impression que le roman est découpé en deux parties, la seconde étant plus sombre, les drames se succédant les uns aux autres. Le narrateur devenant plus mature aussi, moins naïf, plus désabusé.
La première partie présente toute une galerie de personnage et leur ville, dont les descriptions, si je les relisais, me conforterait dans cette impression que dès les premières lignes, tout était annoncé.
Je dois reconnaître qu'en lisant la première partie j'ai plusieurs fois sourit voire rit (mais sans moquerie aucune) à ces descriptions et situations.
On se pique vite d'intérêt pour ces personnages et ce qui leur arrive. Chaque petite histoire se mêlant ô combien parfaitement à l'ensemble du roman. On a l'impression que l'auteur digresse (sans lourdeur cependant), mais il ne fait que nous guider là où tous sont sensés arriver.

C'est une très belle écriture, une très belle et triste histoire, un très beau portrait d'une région et d'un époque, tournant autour de cette naine qui n'a finalement que très peu droit à la parole dans ce roman. Comme si l'auteur, tel le narrateur, évitait de trop s'en approcher...