mercredi 16 janvier 2013

Le prisonnier du ciel

4 de couv' :
Barcelone, Noël 1957. A la librairie Sempere, un inquiétant personnage achète un exemplaire de Comte de Monte Cristo. Puis il l'offre à Fermin, accompagné d'une menaçante dédicace. La vie de Fermin vole alors en éclats. Qui est cet inconnu ? De quels abîmes du passé surgit-il ? Interrogé par Daniel, Fermin révèle ce qui a toujours caché.
La terrible prison de Montjuïc en 1939. Une poignée d'hommes condamnés à mourir lentement dans cette antichambre de l'enfer. Parmi eux Fermin et David Martin, l'auteur de La Ville des maudits. Une évasion prodigieuse et un objet volé...
Dix-huit ans plus tard, quelqu'un crie vengeance. Des mensonges enfouis refont surface, des ombres oubliées se mettent en mouvement, la peur et la haine rôdent.


Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir lu Le Jeu de l'Ange et L'Ombre du Vent depuis un certain temps maintenant, mais je n'ai pas retrouvé la poésie ni le même enthousiasme à la lecture du Prisonnier du Ciel.

L'Ombre du Vent restera pour moi le meilleur des trois, aussi bien pour l'écriture, la poésie, que pour l'histoire.

Je trouve que le quatrième de couverture annonce bien plus de suspens qu'il n'y en a réellement (à partir du moment où on connaît l'histoire du Comte de Monte Cristo, hein... Bien que l'auteur ne manque pas d'auto-dérision quand notre cher Fermin est recueilli par un prêtre. Et non, on va éviter le mauvais plagiat des Misérables), que l' "inquiétant personnage" ne l'est pas tant que ça et que même si on retrouve avec plaisir les personnages de l'Ombre du Vent, en particulier Fermin qui est au centre de cet opus, on a la désagréable impression que l'auteur reprend la même recette d'un roman à l'autre. Un peu du réchauffé, donc.

Qui plus est ce roman, plus court que le précédent (340 pages certes, mais police d'écriture moyenne, une page blanche entre chaque chapitre voire deux quand on change de partie du roman), appelle une suite alors qu'il aurait pu être la première partie d'un roman plus imposant.
Au point de me demander si cette maison d'édition se mettait à faire comme celle éditant en France les romans de Robin Hobb, et grand spécialiste du saucissonage en deux tomes de ces romans qui n'en font qu'un dans leur version originale.
Bref, une fois de plus la désagréable impression que les maisons d'édition prennent aussi bien l'auteur que les lecteurs pour des vaches à lait.

Vous serez peut-être surpris de ces commentaires acerbes : en fait, autant je pouvais être indulgente sur d'autres romans de l'auteur car il s'agissait de ses premiers romans, considérés comme étant de la littérature jeunesse, autant je considère qu'une suite de l'Ombre du Vent (si souvent primé) se devait d'être au moins à sa hauteur.


Cela étant, ce fut dans l'ensemble un assez bon moment de lecture, bien que teinté de frustration.
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lundi 14 janvier 2013

Prix Cezam 2013 - bilan provisoire


Je constate sur ces trois romans que le point commun de la sélection n'est pas seulement, comme je le croyais au départ, un évènement bouleversant la vie d'un ou des personnages, mais surtout tourne autour d'un lieu.
Lieu qui en devient le personnage de chaque histoire.

Dans "Enola Game", la maison des protagonistes est un lieu de sécurité tout d'abord imposé puis nécessaire, double refuge du présent et du passé, où se voir imposer de la quitter entraînera la conclusion de l'histoire.

Dans "Le roi n'a pas sommeil", c'est la ville entière mais aussi la maison de ses parents, lieux où il naît et grandit puis meurt, et aura pesé sur sa vie comme celle de ses habitants.

Dans "Rêves oubliés"ce sont deux lieux qui sont au centre du récit, histoire de réfugiés oblige : l'Espagne qu'ils ont quittée, avec leurs maison de famille, leurs racines, leurs souvenirs, leur vie passée. Et la France, leur nouvelle vie, leurs regrets, leurs espoirs, leur avenir. D'où le carnet d'Ama, qui permet de faire le lien entre ces lieux et ces vies. Jusqu'à ce que l'évènement final la poussera à se tourner définitivement vers l'avenir.

A confirmer par la suite s'il y a bien un lien entre tous les romans de la sélection et si c'est bien celui-là.
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dimanche 13 janvier 2013

Rêves oubliés

4 de couv' :
Quand il arrive à Irun où il espère rejoindre sa famille, Aïta trouve la maison vide. Le gâteau de riz abandonné révèle un départ précipité. En ce mois d'août 1936, le Pays basque espagnol risque de tomber entre les mains des franquistes. Aïta sait que ses beaux-frères sont des activistes.
Informé par une voisine, il parvient à retrouver les siens à Hendaye. Ama, leurs trois fils, les grands-parents et les oncles ont trouvé refuge dans une maison amie. Aucun d'eux ne sait encore qu'ils ne reviendront pas en Espagne.
Être ensemble, c'est tout ce qui compte : au fil des années, cette simple phrase sera leur raison de vivre. Malgré le danger, la nostalgie et les conditions difficiles - pour nourrir sa famille, Aïta travaille comme ouvrier à l'usine d'armement, lui qui dirigeait une fabrique de céramique.
En 1939, quand les oncles sont arrêtés et internés au camp de Gurs, il faut fuir plus loin encore. Tous se retrouvent alors au coeur de la nature, dans une ferme des Landes. La rumeur du monde plane sur leur vie frugale, rythmée par le labeur quotidien : les Allemands, non loin, surveillent la centrale électrique voisine, et les oncles, libérés, poursuivent leurs activités clandestines.
Ecrit comme pour lutter contre la fuite des jours, le carnet où Ama consigne souvenirs, émotions et secrets donne à ce très beau roman une intensité et une profondeur particulières.
Léonor de Récondo, en peu de mots, fait surgir des images fortes pour rendre à cette famille d'exilés un hommage où une pudique retenue exclut le pathos.


Un très beau roman en effet, dont je retiendrai une belle écriture mais aussi l'optimisme, le courage et les espoirs de cette famille en un avenir meilleur.

M'a particulièrement plue également la narration de l'auteure et celle d'Ama qui lui fait écho, incluant ainsi davantage le lecteur dans l'histoire.
L'humour aussi, en particulier la description des crises de somnambulisme de l'un des garçons, dont la conclusion m'a bien fait rire.

La conclusion m'a surprise, non par le bond dans le temps, mais plutôt par les évènements. Et par ce que Ama fait alors de ce carnet, bien que logique.

Mais je garderai un bon souvenir de cette lecture, dont je me suis délectée. D'une traite.

Pour le moment, mon préféré de la sélection. Mais en restent encore sept à lire.

"Aïta m'a dit que ce n'était pas un bol pour boire, mais un récipient à rêves, où ce ne sont pas les lèvres qui se posent mais les yeux qui se perdent"
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samedi 12 janvier 2013

Le roi n'a pas sommeil

"Ce que personne n'a jamais su, ce mystère dont on ne parlait pas le dimanche après le match, cette sensation que les vieilles tentaient de décortiquer le soir, enfouies sous les draps, cette horreur planquée derrière chaque phrase, caque geste, couverte par les capsules de soda, tachée par la moutarde des hot-dogss vendus avant les concerts ; cette peur insupportables, étouffée par les familles, les chauffeurs de bus et les prostituées, ce que personne n'a pu savoir, c'est ce que Thomas avait ressenti quand les flics aux cheveux gras lui avait passé les bracelets, en serrant si fort son poignet que le sang avait giclé sur la manche de sa chemise."
Tout est là : le mutisme, le poids des regards, l'irrémédiable du destin d'un enfant sage, devenu trop taciturne et ombrageux. Thomas Hogan aura pourtant tout fait pour exorciser ses démons - les mêmes qui torturaient déjà son père.
Quand a-t-il basculé ? Lorsque Paul l'a trahi pour rejoindre la bande de Calvin ? Lorsqu'il a découvert le Blue Budd, le poker et l'alcool de poire ? Lorsque Donna l'a entraîné naïvement derrière la scierie maudite ?
La sobriété du style de Cécile Coulon - où explosent soudain les métaphores - magnifie l'âpreté des jours, communique une sensation de paix, de beauté indomptable, d'indicible mélancolie.

Deux romans de la sélection du prix Cezam de cette année, deux romans aussi déprimants l'un que l'autre. Espérons que les suivants soient sinon un peu plus jouasses, au moins plus optimistes.

J'ai apprécié : le style d'écriture, un humour subtil, le début qui raconte la fin et annonce un déroulé, une progression dont le point culminant - la fin donc - ferait boucle avec le premier chapitre.

Oui mais. J'ai trouvé l'histoire de la vie de Thomas tombant un peu à plat.
L'histoire banale et tragique d'un gars ordinaire, trouvant logiquement sa conclusion dans le drame (je ne dévoile rien, on sait dès le premier chapitre que cela se terminera mal. On ne sait juste pas de quelle façon, ce qui était une assez bonne accroche). Cela aurait pu être plus prenant à mon avis, on ne voit pas réellement de transition, de progression vers l'inéluctable.
On a une impression d'indifférence de son entourage, de l'auteure. A moins que ce ne soit de ma part... Ou du personnage lui-même...

Il y a une sorte de parallèle entre Thomas et Paul que j'ai presque trouvé de trop et trop facile, mais je ne peux en dire plus sans raconter tout un pan de l'histoire.

Et en même temps, je lui trouve un certain nombre de qualités, à ce roman. Mais je n'ai pas réussi à accrocher. Dommage.
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samedi 5 janvier 2013

Ayez pitié, les gens



L'autre jour en préparant à manger, je me suis bêtement entaillé le bout du doigt.

Je découvre donc en tapant ici les deux articles précédents, qu'un bout de doigt entaillé, ça fait mal, y compris quand on ne fait que de la frappe.

Les bons côtés :
1) je suis toujours en vacances et d'ici lundi, ce sera mieux cicatrisé. Je rappelle que je suis secrétaire.
2) je suis droitière, les dégâts étant sur la main gauche, c'est déjà moins embêtant.

Les mauvais côtés :
1) je suis obligée de taper avec un doigt levé, ce qui fait que je perds mes repères et m'emmêle les doigts, ce qui accentue les fautes de frappe et donne parfois des résultats un peu incongrus. Je pense avoir tout rectifié, mais soyez indulgents, hein.
2) je suis obligée de taper avec un doigt levé, ce qui est peu élégant. Car il s'agit bien sûr du majeur.
3) je me découvre un côté masochiste. Avais-je réellement besoin de pondre cet article ?
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vendredi 4 janvier 2013

Enola Game

4 de couv' :
Une jeune femme et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison. A l'origine de cette claustration, il y a Enola Game, une catastrophe dont on ne connaît pas la nature exacte : accident nucléaire ? Conflit mondial ? Guerre civile ?
Au fil des semaines, malgré sa peut et son chagrin, la mère puise dans sa mémoire et ses lectures mille raisons de célébrer la vie. Les mots de Mallarmé qu'elle recopie dans son journal intime trouvent une résonance particulière dans le vide de son huit-clos :
"Ma faim qui d'aucun fruit ici ne se régale, trouve en leur docte manque une saveur égale."
Cependant, tandis que le mère louvoie entre sa douleur, ses souvenirs magnifiés et sa volonté farouche de donner un sens à la vie de son enfant, les quelques nouvelles du monde qui lui parviennent encore sont chaque jour un peu plus alarmantes.
In fine, la question de ce roman pourrait être : que reste-t-il quand il ne reste rien ?


Pour être franche, l'idée de cette lecture ne me disait rien.
J'en avais entendu parler depuis quelques mois maintenant car il se trouve que la maison d'édition de ce roman est aussi ma librairie préférée, pour ne pas dire ZE librairie de Brest. Je ne pouvais donc pas passer à côté.

J'étais parfois tentée par cette lecture, un peu influencée par la publicité qui en était faite je dois le reconnaître, mais je le reposais finalement sur le rayon à chaque fois que je l'avais en main, me disant que si la librairie m'offrait encore un livre en fin d'année (ça, c'est une chouette carte de fidélité), je choisirais celui-là. Ben non, j'ai finalement jeté mon dévolu sur un autre.

La raison de cette hésitation : le thème. Habituellement, ce genre de thème ne me rebute pas (j'adore Mad Max), mais j'avais besoin à l'époque de lectures un peu plus jouasses (en dehors des polars bien sûr).

Mon impression est à la hauteur de cette hésitation : mitigée.

Il n'y a pas réellement d'histoire du moins était-ce mon impression au début. Le fil conducteur fait qu'il y a une évolution de la situation, mais il y a surtout beaucoup d'anecdotes en courts paragraphes la plupart du temps, qui tiennent entre elle par :
1) la volonté de la mère de se donner un but et une raison de vivre, et surtout à sa petite.
2) les demandes de la petite à sa mère de lui raconter son enfance, ses souvenirs. Ce sont ces souvenirs qui illuminent leur quotidien, au sens propre comme au sens figuré, et nous permettent à nous lecteurs que prendre conscience (si besoin est) de ce qui est essentiel dans une vie.
3) la volonté de l'auteure elle-même de nous distiller les informations sur les personnages et le contexte, le tout finissant par faire un ensemble cohérent.
C'est donc là une façon originale de construire un roman.

Tout au long du livre, je me suis demandée ce que j'aurais fait à la place de la mère car autant je comprends son besoin de rester dans la maison familiale (plus rassurant, d'où d'ailleurs sûrement ses souvenirs d'enfance), autant rester dans un endroit relativement isolé vu les circonstances me paraît de la folie pure. Bien que les autorités interdisent aux habitants dans un premier temps de quitter leurs habitations.

Sur l'écriture, la façon qu'a l'auteure de jouer avec les mots m'a un peu agacée, bien qu'on y décèle un potentiel qui s'affirme au fil du roman.

Quand au dénouement, que je ne donnerai pas ici, je le trouve cohérent avec le déroulement du roman.

Globalement, un roman assez sombre, mais une originalité intéressante dans la façon de le traiter et une belle qualité d'écriture qui demande à être confirmée.
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jeudi 3 janvier 2013

Oups...

J'ai complètement oublié de vous donner le résultat du prix des lecteurs Cezam 2012. Et en beauté encore.

A ma décharge et sans me chercher d'excuses, j'ai l'impression que la communication des résultats a été faite de façon moins visible qu'avant mais il est vrai aussi que j'avais à l'époque d'autres motifs de préoccupation. Ceci explique sans doute cela.

Alors le lauréat 2012, le voici : Code 1879, de Dan Waddel. Il n'était pas dans mes favoris (toute la difficulté d'un classement : bien qu'on aime ce qu'on lit, il y a bien un moment où il faut le placer dans la liste des dix), même si je l'avais globalement bien apprécié.



Du coup, j'en profite pour vous rappeler que le prix 2013 est déjà lancé, dont vous trouverez ici la sélection, aussi bien pour les romans que pour les BD.

Parmi les romans, beaucoup font moins de 250 pages (le plus épais seulement 300), donc même si vous ne participez pas à ce prix, que vous avez envie de découvrir de nouveaux auteurs et de sortir de votre train-train de lecture, sautez sur l'occasion !

J'ai l'impression que chaque sélection a un fil conducteur : les nomades il y a quelques années, la famille l'année dernière (du moins pour une grande partie de la sélection 2012).... Cette année, il semblerait que ce soit un évènement qui change la vie des personnages centraux.

Toujours est-il que j'en ai déjà réservé 4 auprès du réseau des bibliothèques de Brest, emprunté 3 cet après-midi. Ne reste plus que 3.
D'ici septembre, c'est largement jouable.
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