dimanche 16 septembre 2012

De retour !

4 de couv ' :
La colocataire est la femme idéale.

Je retrouve ici globalement ce qui m'a toujours plu chez Amélie Nothomb : le style, des mots de vocabulaire que je ne connaissais pas, des dialogues savoureux.

Des dialogues subtils, parfois à double sens, où Don Elmeridio et Saturnine s'affrontent, se jaugent, se respectent, s'estiment... s'affrontent encore.

Il faut arriver à la fin du roman pour comprendre les raisons du secret de Don Elmerido, et même si j'ai deviné la toute fin, pas de déception !
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samedi 15 septembre 2012

A suivre... A la trace

4 de couv' :
Chacun des protagonistes de ce roman  aux intrigues apparemment distinctes laisse des traces. Toutes, à un moment donné, vont se croiser.
Milla, mère de famille qui plaque son foyer et rejoint l'Agence de Renseignement Présidentielle au moment où un groupuscule islamiste s'agite de manière préoccupante. L'aventurier Lemmer qui protège le transfert à la frontière du Zimbabwe de deux inestimables rhinos noirs. Lukas Becker, l'archéologue aux prises avec avec les gangs de la plaine du Cap. L'ex-flic Mat Joubert, devenu détective privé, chargé d'enquêter sur la disparition d'un cadre de l'Atlantic Bus Company.
Comparée à l'univers du polar américain (corruption, drogue, prostitution), la matière romanesque de A la trace, qui allie "le monde animal, inhérent à notre culture", des contrebandes pittoresques, l'émancipation des femmes et la culture gangsta des villes, frappe par sa richesse et sa diversité.
Deon Meyer est un des rares auteurs qui, tout en maîtrisant avec brio les règles du genre, ouvre grand le champ des problèmes contemporains de son pays.

Cette fois, Deon Meyer nous propose trois histoires en une, qui finalement sont une seule et même histoire, chaque personnage cité dans le quatrième de couverture ayant sa part à jouer dans l'ensemble.

Nous avons donc tout d'abord Milla, femme au foyer désabusée qui prend son envol et se retrouve un peu par hasard à travailler pour une agence d'espionnage de son pays. Ce personnage occupe deux parties du roman, la première et la troisième, cette dernière étant la plus importante du roman en quantité et pour l'histoire elle-même.
J'ai eu un peu de mal à me plonger dans cette première partie, ne voyant pas où l'auteur voulait nous mener, mais surtout à cause de la quantité d'informations à retenir. Mais une fois qu'on a bien visualisé l'ensemble, ça coule tout seul.
Il s'agit ici aussi d'émancipation féminine, de ne pas rester dans le rôle traditionnel de la femme parfaite qu'on attend d'elle, de (re)devenir elle-même, prendre ses propres décisions et ne plus subir ni sa condition, ni les décisions d'un homme.
Je me suis demandée à la lecture de ce roman si cela correspond bien à l'image que l'on peut se faire réellement de la femme Afrikaner (ou en tout cas du milieu dont Milla est issue), mais ne généralisons pas. Milla et son (ex)mari sont deux personnages de roman, point. Cela étant, je trouve, à lire les auteurs sud-africains actuels, bon d'accord je n'en connais que deux ou trois, que la condition de la femme Afrikaner est plutôt bobonne. Ce qui ne me dérangerait pas si les personnages lus ici et là semblaient épanouies.
Personnage surprenant donc que celui de Milla, dans ce monde d'hommes auquel Deon Meyer nous a jusqu'ici habitué.

Les deux autres parties, consacrées à Lemmer et Mat Joubert, que l'on retrouve tous deux avec plaisir, sont presque anecdotiques dans la trame de l'histoire, tellement l'histoire de Milla recouvre la trame centrale de l'intrigue. Pour un peu, ils en seraient presque à jouer les seconds rôles...

La seconde partie, consacrée à Lemmer, est un des pivots de l'histoire dans sa globalité. Et comme toujours avec Lemmer, de l'action et de la méthode (un peu comme avec P'tit Mpayipheli, qui reste mon personnage préféré de tous ceux créés par l'auteur et dont j'attends le retour - plus qu'improbable - avec impatience à chaque nouveau roman sorti), mais aussi, ô surprise, de l'humour. Son histoire, placée en deuxième partie du roman, qui s'imbrique chronologiquement dans celle de Milla, reste cependant  en suspens. Mais on verra par la suite jusqu'à quel point, et je ne peux hélas rien dire de plus sinon autant raconter toute l'histoire.

La dernière partie, la plus courte, m'a laissée un peu circonspecte. Elle permet d'assembler certains éléments, tout en restant un peu à part de l'histoire. Cependant on y retrouve Mat Joubert, et cette partie semble être une introduction à une nouvelle série de romans le concernant. Je ne serai donc pas surprise si un des prochains Deon Meyer concerne ce personnage et ses anciens collègues de la police.
Il correspond d'ailleurs à une certaine réalité de l'Afrique du Sud : des policiers qui se retrouvent à quitter la police pour travailler dans des agences de détectives privés ou services de sécurité privés, travail plus lucratif. Deon Meyer y montre aussi bien les avantages que les limites de ce genre de travail.

Un roman au découpage un peu surprenant qui pourrait en rebuter certains. Pas forcément le meilleur Deon Meyer, mais comme toujours un suspense et une intrigue bien ficelée que vous ne pouvez lâcher.
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samedi 8 septembre 2012

Fou !

4 de couv' :
Dans une rue sombre de Manhattan, très tard dans la nuit, une jeune femme est agressée par un homme armé d'un couteau. Jonah, un étudiant en médecine surmené, vole à son secours et tue accidentellement l'agresseur. Pendant que les médias font de lui un héros, le procureur s'interroge sur son geste héroïque. La victime, quant à elle, veut retrouver son sauveur et tient à lui montrer sa reconnaissance. Les évènements s'enchaînent, et Jonah est entraîné dans une spirale terrifiante. S'il est vrai qu'aucune mauvaise action ne demeure impunie, le châtiment de Jonah ne fait que commencer...


Pour être honnête, j'ai eu un peu de mal à accrocher dans la première partie du livre. Non pas que ce ne soit ni bon, ni intéressant, mais tout simplement les personnages qui sont assez bêtes pour se mettre dans des situations de merde et ne s'en rendent pas compte m'agacent un tantinet. Ajoutez à cela un certain manque de caractère (sait pas dire non) et que plus ça va, plus il cumule les erreurs alors qu'il sent que quelque chose cloche, et vous saurez pourquoi à chaque chapitre j'avais plutôt envie de le baffer.
Ce qui l'explique : son externat, et les nombreuses heures de travail et dont le peu d'heures de sommeil induit n'aident pas Jonah à avoir une idée claire des choses qui l'entourent.

Qui plus est, j'avais déjà vu dans un feuilleton ou un téléfilm (américain of course) une situation similaire et je n'en voyais pas l'originalité.

Mais : on a qu'une envie, savoir comment cela finit. Comme le personnage, on n'arrive pas à décrocher de cette histoire.
Vous m'avez vue ou plutôt lue, par ci par là, me plaindre du manque d'étude de la psychologie des personnages dans tel ou tel roman, ben là on est servi. On est en pleine psychiatrie : seuls quelques rares personnages semblent vivre dans une certaine normalité et encore cette normalité est-elle mise à mal à certains moments, influencée par les actes des autres et leurs conséquences.

Oui d'ailleurs : qu'est-ce qu'être normal ? On finit par en douter...
D'autant qu'autour de Jonah, je m'en rends compte maintenant seulement en écrivant ici, chacune de ses connaissances a ses petits travers, globalement amusants certes, mais qui pourraient vite devenir inquiétants et invivables si exacerbés : le colocataire de Jonah, son ex-beau-père, un certain médecin avec qui Jonah doit travailler à un certain moment, sa mère elle-même (ah, les mères ! Si, si).
Et nous avons tous nos petits travers, avons-nous tous le potentiel pour passer "de l'autre côté" ?

Manipulation, chantage, perception faussée de la réalité, sont aussi au menu.

Bref, vous l'aurez compris : ce qui semble être à la base une histoire assez classique sur le thème est suffisamment bien traité  pour qu'on ne se lasse pas de l'histoire.

A noter que tout comme pour "Les Visages" l'auteur s'est suffisamment bien documenté sur le milieu dans lequel évolue son personnage (ici, le monde hospitalier et la vie quotidienne d'un étudiant en médecine) pour que cela semble crédible.
Intéressante aussi la description (bien que relativement succinte) de différents quartiers new-yorkais, du mode de vie là-bas.
J'ai apprécié aussi les dates en début de chapitres : le temps, seul point de repère incontestable du roman, et point de référence sur l'évolution des évènements et des personnages.

Un bon deuxième roman de cet auteur, qui semble décidément apprécier explorer les méandres de l'esprit humain. On verra dans le prochain s'il est toujours aussi doué.
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vendredi 7 septembre 2012

CEZAM 2012 - Mon classement

Donc voilà, j'ai lu les dix romans du prix des lecteurs CEZAM, j'ai déposé mon classement lundi, jour de la date limite. Je n'ai pas eu de mal à élaborer ce classement, si ce n'est pour les deux premiers, je les ai intervertis au dernier moment. Et comme souvent, j'ai été surprise de voir la place de certains romans que j'avais pourtant bien aimés. Et à part le tout dernier, ce classement reflète une ordre de préférence (oui, forcément, allez-vous me dire) qu'un bête classement du meilleur au plus mauvais. Ou inversement. Ou pour mieux dire, qu'un livre se trouve en bas de liste ne signifie pas que je ne l'ai pas aimé, mais bien que ceux au-dessus, étaient encore mieux.

Le voici donc ce classement, et je rappelle que 10 correspond au livre préféré. 10/10 en somme.

10 - Des vies d'oiseaux, Véronique Ovaldé

9 - Rouge Argile, Virginie Ollagnier

8 - Le Héron de Guernica, Antoine Choplin

7 - Requins d'eau douce, Heinrich Steinfest

6 - Les trois lumières, Claire Keegan

5 - Code 1879, Dan Waddel

4 - Pour tout l'or du Brésil, Jean-Paul Delfino

3 - Une autre époque, Alain-Claude Sulzer

2 - Le cabaret des oubliés, Philippe Delpierre et Bruno Vouters

1 - En attendant Robert Capa, Susana Fortes


Reste à attendre les résultats officiels. Mon pronostic ? Un de mes deux chouchous.
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dimanche 2 septembre 2012

Rouge argile

La maison familiale au Maroc, lieu de l'enfance et des souvenirs, elle n'y passait plus que des vacances... Rosa l'a quittée il y a vingt ans, pour faire un beau mariage en métropole, au milieu des années cinquante, au moment où l'Histoire a changé la donne. Alors quand Egon, son second père, meurt, ce retour aux sources ne peut être que bouleversant. Chaque objet effleuré, chaque tiroir ouvert, chaque propos échangé avec sa vieille nourrice ou sa volubile marraine, réveille un nouveau fantôme. Face au passé, à ce deuil qui fait écho à d'autres deuils, à la transmission inattendue de secrets de famille, ce sont ses propres choix de vie qu'elle va comprendre peu à peu et remettre en question...


Il y a dans ce roman un peu de Stéphanie Janicot pour l'ambiance, un peu de Maïssa Bey pour le lieu de l'histoire (oui, je sais, elle c'est sur l'Algérie qu'elle écrit) et pour le côté histoire de femmes, un peu de Marie NDiaye pour le côté fantastique, et un peu de Véronique Ovaldé pour le côté décisions importantes à prendre dans une vie.

Sachant à quel point j'aime ces quatre auteures, inutile de vous dire que j'ai particulièrement apprécié ce roman et que vous entendrez à nouveau parler de Virginie Ollagnier dans ce blog.
D'ailleurs, je la connaissais déjà sans le savoir : elle est également scénariste de BD, dont le très beau "Kia Ora", que j'ai adoré, et dont il faudra bien que je vous parle un jour.

J'ai beaucoup apprécié ce roman pour sa description du Maroc, des liens de famille, et de l'amour, sous différentes formes, qui est omniprésent dans ce roman.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire ?

Oui, sans aucun doute !
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samedi 1 septembre 2012

Requins d'eau douce

Un corps flotte dans une piscine au vingt-huitième étage d'un immeuble viennois : déchiqueté et unijambiste. Une minuscule prothèse auditive gît au fond du bassin. Aucune piste sérieuse en vue. L'homme aurait été tué par un requin, ce qui ressemble plutôt à une mauvaise plaisanterie. Richard Lukastik, de la police de Vuenne, prend les choses en main. A 47 ans, l'inspecteur passe pour antipathique mais irréprochable, retors et fou. Il se déplace en Ford Mustang or mat, n'écrase jamais ses cigarettes, dîne chaque soir s'une soupe chez ses parents, n'utilise pas de gants au sens propre comme au figuré, admire le philosophe Ludwig Wittgenstein dont il a toujours un livre en poche qu'il ouvre un sens à sa journée. L'enquête est à l'image de celui qui la mène : mordante et dubitative.


La première réflexion qui me vient à l'esprit concernant ce livre est qu'il s'agit d'un polar atypique. Atypiques sont ses personnages, en particulier Lukastik, atypiques certaines aspects de l'écriture. Et du coup, jubilatoire.

Le personnage central est un pince-sans-rire misanthrope, dont l'arrogance se marie parfaitement à une assurance qui confine à une certaine naïveté. Bien que loin d'être passif dans son enquête (au grand dam de son supérieur qui se désespère des décisions prises par son enquêteur) il semble cependant parfois subir les évènements, qui peuvent le mener à des situations désespérées. Du moins pas à celles auxquelles il s'attendait. Ou pas, d'ailleurs.

Certains seront rebutés par le manque d'action du roman, ainsi que par le côté "fan de Wittgenstein" du personnage central. Car il est beaucoup question de philosophie ici, mais présentée de telle manière que cet aspect fait plutôt sourire car il renforce le côté comique du personnage. Personnage dont on apprend vite, et sans que j'en révèle davantage, qu'il est devenu policier un peu par hasard. Et dont on apprend  vers la 86ème page du livre qu'il est suffisamment misanthrope pour n'avoir réussi à trouver le plus grand amour de sa vie que dans sa propre famille (un peu pitoyable et pas moral du tout, je vous l'accorde).

Bref, un polar dont l'enquête tient la route, n'en déplaise certains esprits chagrins qui trouveront la chute tirée par les cheveux (sans mauvais jeux de mots), et là c'est qu'ils auront oublié qu'en ouvrant ce livre, ils en avaient pourtant accepté le présupposé du départ.

Un polar qui m'a fait sourire voire rire par ce personnage atypique et son entourage qui ne l'est pas toujours forcément moins, et les réactions qu'ils suscitent et surtout le fait qu'il n'en a cure. Polar qui m'a fait aussi sourire par les parenthèses et notes de bas de page de l'auteur qui n'est pas dénué d'auto-dérision.

Bref, un bon moment de lecture en ce qui me concerne. Et une assez bonne place dans le classement.

Il ne m'en reste plus qu'un à lire et il est temps, les notes sont à rendre lundi. Soit après-demain.
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