dimanche 23 février 2020

Panthéon

4 de couv' :
Panthéon est un roman sur l'enfance. L'enfance est souvent une horreur - mais quand on finit par la rejoindre, tard dans la vie, elle est peut-être enfin cela, qu'on appelle le paradis.


J'aurais rarement été aussi perplexe pour donner mon opinion sur un livre. Je l'ai mis dans la catégorie "essai", mais j'ai bien failli créer la catégorie "inclassable".

Soyons honnête, j'ai peiné à lire le premier tiers de ce livre. Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, l'auteur suit son propre raisonnement et joue avec les mots jusqu'à l'ivresse, mais c'est le lecteur qui a parfois un peu la gueule de bois et se retrouve perdu.

Mais : il y a une réelle musicalité dans les phrases, par laquelle, une fois accepté l'idée qu'il n'y a pas d'histoire mais qu'il s'agit plutôt d'un catalogue de ceux qui sont entrés au Panthéon, le mérite, ne le mérite pas ou mériterait d'y entrer, et les raisons, on se laisse porter.

Ensuite, le côté lapidaire ou pseudo admiratif vis-à-vis de telle ou telle personnalité, typique de l'auteur (ou de son image), plus le style d'écriture, on accroche ou pas, et je pense que ça a dû en rebuter plus d'un (sauf une certaine catégorie d'intellectuels en manque d'originalité littéraire).

Je crois comprendre le parallèle entre son enfance et sa nécessité, à l'époque, de se raccrocher à des "héros", ceux du Panthéon... on en y faisant maintenant le tri.

Bref, un livre détonant, étonnant, avec une belle qualité d'écriture qui est aussi un style très particulier et qui me laisse autant curieuse que dubitative. A relire pour mieux l'apprécier ?
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vendredi 21 février 2020

L'Odyssée de Pénélope - premier chant

4 de couv' :
Homère aurait-il menti en chantant les exploits d'Ulysse ?
Et si c'était Pénélope qui avait affronté les tritons, les cyclopes et autres monstres ? Et si, pendant ce temps, Ulysse était resté bien tranquille à Ithaque ?
Alors, flanquée de ses "amazones", Antiope, Lampédo et Marpésia, et du fidèle chien Argos, Pénélope ne serait-elle pas a véritable héroïne de cette odyssée ?


Adeptes de l'humour à la con et des calembours faciles, venez voir par ici. Les autres, surtout les puristes des classiques, passez votre chemin.

Dans cette BD, se succèdent les différentes étapes de l'odyssée d'Ulysse, mais à la sauce Pénélope, vous l'aurez compris. Une Pénélope franchement mal accompagnée (j'allais écrire "secondée", mais même pas, tant ses suivantes sont des catastrophes ambulantes, surtout la brune qui a clairement des gènes de caricature de blonde).
L'humour me fait un peu penser par moment à celui qu'on trouve dans les Astérix : on remarque au fil des relectures, ce qu'on n'avait pas vu dans les précédentes, ce qui un plus non négligeable.

C'est drôle et sympathique, mais il vaut mieux connaître un peu l'histoire originale pour s'y retrouver un peu car les différentes aventures de l'Odyssée se succèdent ici à un bon rythme, et ce sera ici mon bémol : chaque histoire est survolée, au lieu d'être plus approfondie, c'est un peu dommage.

Donc pour une lecture pas prise de tête et humoristique, c'est très bien, si vous voulez vous amuser avec un détournement de classique, vous serez peut-être un peu déçu(e)s.

Et pour un avant-goût : ici.
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dimanche 16 février 2020

Le gardien des choses perdues

4 de couv' :
Londres, mai 1974. Anthony peardew attend sa fiancée, Thérèse. Celle-ci est étonnamment en retard. Il est oin de se douter qu'elle n'arrivera jamais, gisant au centre de l'attroupement qui s'est formé quelques centaines de mètres plus bas sur la chaussée. De retour chez lui ce même jour, Anthony réalise qu'il a égaré le médaillon que Thérèse lui avait confié, rompant ainsi la seule promesse qu'elle lui ait jamais demandé de tenir. Le coeur brisé, il passera le restant de son existence à collecter des objets trouvés au hasard de ses promenades, dans l'espoir de pouvoir un jour les restituer à leurs propriétaires.
Désormais âgé de soixante-dix-neuf ans, le vieil homme décide de léguer sa demeure victorienne et les "trésors" qu'elle recèle à sa fidèle assistante Laura, qu'il pense être la seule à même d'accomplir la mission qu'il s'est donnée. En exprimant ses dernières volontés, il est loin de se douter de leurs répercussions et de l'heureuse suite de rencontres qu'elles vont provoquer...


Les défauts, d'abord : une histoire d'amour un peu convenue et une écriture sympathique mais sans plus. Mais...

Mais une belle histoire d'amour, une belle histoire d'amour-amitié, les histoires de ces objets perdus, toutes racontées en parallèle les unes des autres, de l'humour, de l'amitié, un fantôme, du thé (beaucoup) font qu'on n'a qu'une envie : suivre avec  bonheur là où l'autrice veut nous emmener.


Elle avait trouvé l'histoire parfaite, que personne ne pourrait qualifier de trop "calme". C'était une vaste histoire d'amour et de perte, de vie et de mort et, surtout, de rédemption. C'était l'histoire d'une grande passion qui avait duré plus de quarante ans et finalement trouvé son dénouement heureux.

vendredi 14 février 2020

Un été avec Homère

4 de couv' :
Au long de l'Iliade et l'Odyssée chatoient la lumière, l'adhésion au monde, la tendresse pour les bêtes, les forêts - en un mot, la douceur de la vie. N'entendez-vous pas la musique des ressacs en ouvrant ces deux livres ? Certes, le choc des armes la recouvre parfois. Mais elle revient toujours, cette chanson d'amour adressée à notre part de vie sur la terre. Homère est le musicien. Nous vivons dans l'écho de sa symphonie.


Ce fut juste un ravissement que cette lecture. L'auteur aime L'Iliade et l'Odyssée et ça se voit, et ça se lit avec délectation.

Il réussit avec bonheur (et non sans humour) à démontrer l'intemporalité de ces oeuvres, constance de la nature humaine oblige, en faisant un parallèle avec notre époque.

Un vrai petit bijou que cette explication de texte et ce livre (l'objet) pour lequel j'ai envie, une fois n'est pas coutume, de remercier et féliciter la maison d'édition Equateurs Parallèles tant la finition a été particulièrement soignée, surtout dans la mise en page, la couleur utilisée pour les citations et le pur bonheur de le tenir entre les mains tant le format est juste par-fait.



Ulysse part, et nous assistons au premier naufrage d'une série de catastrophes. L'Odyssée est le pire manuel de navigation jamais publié dans l'histoire de l'humanité.


Message d'Homère pour les temps actuels : la civilisation, c'est quand on a tout à perdre, la barbarie, c'est quand ils ont tout à gagner.


L'Iliade sonne actuel parce qu'il est le poème de la guerre. En deux mille cinq cents ans, la soif de sang pulse toujours. Seul l'armement a changé. Il est devenu plus performant. Le progrès est la capacité de l'homme à développer son pouvoir de destruction.


lundi 10 février 2020

Les aventures de Cluny Brown

4 de couv' :
Délicieuse comédie so british sur l'émancipation des femmes, critique espiègle de l'Angleterre des années 1930 engoncée dans son carcan moral, Les Aventures de Cluny Brown, ou quand une femme de chambre aussi délurée qu'attachante fait fi de toutes les conventions pour former un couple improbable avec un fantasque intellectuel polonais fuyant les nazis.


Je trouve que le titre du livre et le quatrième de couverture induisent le lecteur en erreur : on s'attend à diverses péripéties et multiples rebondissements et on se retrouve finalement avec un scénario beaucoup plus sage que prévu. Par contre, j'imagine qu'à l'époque de la parution du livre, le personnage de Cluny Brown devait être un peu atypique, ou en tout cas peu conventionnel.
Et pour l'anecdote : le titre original est tout simplement "Cluny Brown". Qu'est-ce qu'il leur a pris, à la maison d'édition et/ou au traducteur de rajouter "les aventures de" ?

Cela étant, gentille et sympathique petite lecture, mais pas aussi enlevée et loin d'être aussi hilarante que la série des Jeeves de Wodehouse.
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vendredi 7 février 2020

L'empreinte

4 de couv' :
Étudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un tueur emprisonné en Louisiane, Ricky Langley, dont la confession va bouleverser toutes ses convictions. Un lien étrange va se former entre eux, qui contre toute attente va permettre à Alexandria d'éclairer ses propres traumatismes.
Ce récit, au croisement du thriller, de l'autobiographie et du journalisme d'investigation, est aussi dérangeant que déchirant.


Au préalable, petit rectificatif : contrairement à ce que le quatrième de couverture laisse entendre, la démarche d'Alexandria Marzano-Lesnevich ne commence pas avec une rencontre avec Ricky Langley mais lorsqu'elle étudie le droit, lors d'un stage pendant lequel elle a accès aux éléments de ce dossier. Dossier qui la marque, car faisant écho avec sa propre histoire, celle de chaque protagoniste, ou du moins les plus importants du dossier le tout se mêlant de façon à la fois troublante et presque évidente. Bien qu'elle ne rencontre aucun d'entre eux.

Car elle a bâtit et composé ce livre à partir du (gargantuesque) dossier juridique, des articles de journaux et reportages de l'époque. Un travail titanesque, et sa progression personnelle dans sa propre histoire suit la progression de sa réflexion dans ce dossier.

Dit ainsi, cela pourrait paraître rébarbatif. Que nenni.

Tout ici, à commencer par l'excellence de son écriture (et au passage merci et bravo à la traductrice qui à mon sens a fait un beau travail), est empreint de délicatesse, d'empathie, d'objectivité et de précision.

Le sujet est lourd, le sujet est dur, aucun passage n'est édulcoré pour épargner le lecteur sans toutefois s'appesantir lourdement ni inutilement sur l'aspect le plus glauque de l'histoire. Mais l'autrice parvient à conserver sinon une relative légèreté, du moins une certaine neutralité.

 Et aussi de l'honnêteté dont elle fait preuve : ce qui n'est pas explicitement décrit dans les dossiers (une certaine atmosphère, le temps, les habits, les pensées des personnes évoquées), elle l'imagine et nous le dit de suite dans sa narration. Et dans les notes en fin de livre où elle nous explique la façon dont elle a appréhendé certains passages de certains chapitre.

Ce que je retiens donc de ce livre, je le redis, c'est sa belle écriture et sa délicatesse. Là où certains se seraient repus dans le glauque, auraient appuyé davantage dans le pathos et l'horrifique, elle se contente des faits. Ce livre l'a aidée à faire la paix avec le passé, à remettre en ordre ses idées et son vécu et on n'a qu'une envie, lui souhaiter le meilleur.
(et continuer à la lire car vraiment, un tel don pour l'écriture et une telle intelligence, ça ne doit pas se gâcher)
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mardi 4 février 2020

La goûteuse d'Hitler

4 de couv' :
1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l'idée qu'on attente à sa ve  Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa.
Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s'exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme "l'étrangère", Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l'hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu'autoritaire.
Pourtant, la réalité est la même pour toute : consentir à leur rôle, c'est à la fois vouloir survivre et accepter l'idée de mourir.


A la base, ce roman a été inspiré par la vie d'une véritable goûteuse d'Hitler, mais attention, ce n'est pas la sienne qui est racontée ici.

C'est donc l'histoire de Rosa qui est racontée ici, à la première personne. Une tranche de vie, d'une allemande pendant la guerre, avec des allers-retours entre un passé proche et le présent, qui commence à partir du moment où elle est réquisitionnée pour cet étrange métier.

En dehors de l'histoire de cette femme, son histoire intime aussi et celle de ses "collègues" (ou compagnes d'infortune), c'est aussi un intéressant témoignage de la vie des allemands sous la dictature hitlérienne. Car c'est aussi cela qu'on oublie : certes, une majorité d'allemands avaient voté pour lui, mais cela a surtout tourné à la dictature et surtout à une telle folie.

Et même si on arrive à faire abstraction de l'aspect historique de ce roman, c'est aussi une histoire d'amour(s), un beau portrait de femme(s).

Une belle réussite, vraiment, vivement que que les autres romans de cette autrice soient traduits en français !
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dimanche 2 février 2020

Justicière

4 de couv' :
La Tempête Eternelle s'abat de nouveau sur Roshar, balayant sans répit la terre de ses éclairs rouges, et réveillant sur son passage la véritable nature des serviteurs parshes. Les Néantifères sont de retour, et leur soif de vengeance n'a d'égal que la grandeur de l'armée qu'ils constituent. Réfugié au-dessus de la tempête dans la mystérieuse et immense cité-tour d'Urithiru, le peuple aléthi se prépare à combattre les Néantifères.
Mais, peu à peu, Dalinar Kholin réalise que son rêve d'un royaume unifié ne sera pas une tâche aisée, car les adversaires d'hier ont encore à l'esprit son passé sanglant, lui dont le surnom est toujours l'Épine Noire, et ils n'ont pas l'intention de lui prêter allégeance si facilement.


Ce fut avec un réel bonheur que je me suis replongée dans les archives de Roshar.

Les pouvoirs des uns et des autres se développent, les relations diplomatiques restent au point mort (ou presque...), certains personnages reviennent, d'autres, anodins dans les romans précédents, commencent à prendre de l'ampleur et sont visiblement voués à jouer un plus grand rôle dans la saga.

Seul l'auteur peut nous dire où il veut nous emmener, mais on le suit avec plaisir. D'autant que j'ai appris récemment que "Les archives de Roshar" feront en tout 10 livres. À un rythme de 2 tomes par livre, ce tome-ci faisant, à titre indicatif, 849 pages, autant vous dire que cela promet de belles longues heures de lecture (en espérant que l'auteur et donc l'histoire ne s'essoufflent pas en cours de route).

Vivement que j'ai fini les autres livres empruntés à la bibliothèque, que je puisse emprunter le suivant !
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