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vendredi 23 mai 2025

Marzi

4 de couv' :

Petite carpe

En Pologne, on dit que les enfants comme les poissons n'ont pas de voix.
En attendant de me faire entendre, j'essaye de prouver aux autres mon existence.
Mais le plus souvent, on ne me voit que quand je fais une bêtise...












Sur la terre comme au ciel

Alors les cris dans le vide-ordures, ce serait aussi un péché ?
Notons peut-être... Regarde, j'en ai vingt maintenant !
Et moi treize !
Invente un autre, ça porte malheur !
Tu crois que Dieu nous pardonnera ?
Vingt péchés, c'est beaucoup...
Si tu les regrettes et promets de ne jamais en refaire, c'est gagné !
Tu veux qu'il te pardonne ou pas ?
Oui mais oh, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?








Rezystor

La ville est tellement silencieuse et noire qu'elle paraît hostile et malveillante à faire peur.
Et dehors, quelque part dans la nuit, il y a mon papa.
Avec son vélo.
Il ne devrait plus travailler et pourtant il n'est toujours pas rentré.
Mais il n'est pas seul.
Avec lui, il y a d'autres papas avec des vélos.










Le bruit des villes

Mais qu'est-ce que tu fais là ?
J'attends les vaches...
Les vaches ?!?
Ça fait plus d'une heure qu'elles sont rentrées, ta tante est en train de les traire !
Elle se demandait où tu étais passée ?!











Pas de liberté sans solidarité

On crie ensemble avec beaucoup de vigueur : Solidarnosc !
Cest amusant de protester. Quand on est si nombreux, c'est tout de suite plus convaincant ! Precz z komuna ! À bas le communisme !

Ça deviendrait plus sérieux si à la maison il y avait autant de monde pour me soutenir : Precz z jajecznica ! À bas les oeufs brouillés !
Solidarnosc !!
Un rêve.







Tout va mieux...

Des sacs de riz, de farine, de sucre, du café, du thé, des shampoings, des savons, des lessives, des "budyns", des "kisiels" par milliers !

- Mais si elle avait déjà dix kilos de riz ou vingt kilos de sucre, pourquoi en achetait-elle encore ?
- Oh, tu sais, on pensait que rien n'allait changer, que la situation allait empirer. Elle faisait des stocks.









Nouvelle vague

- Cet été, le syndicat de mon usine peut envoyer les enfants d'ouvriers en colonie de vacances.
Soit au bord de la Baltique, soit dans les Tatras.
Je ne connais pas la mer, tu irais la voir pour moi, comme ça.

- Envoie-là à la montagne. Sinon elle va se noyer et on aura des soucis.












C'est suite à une newsletter de ma librairie de BD préférée que j'ai... Emprunté cette série de bandes dessinées à la bibliothèque.
Il y a beaucoup à lire dans cette BD. Beaucoup de textes et finalement pas autant de dialogues que dans d'autres donc attendez-vous à avoir un heure de lecture pour chaque tome. Pour ma part, j'en ai lu un par jour, la série m'a fait une semaine.

Le sujet, la vie d'une petite polonaise avant, pendant et après la chute du mur de Berlin me paraissait intéressant à plusieurs points de vue : pour commencer, parce qu'on peut lire tous les livres et articles que l'on veut sur cette période, rien ne vaut le témoignage (ou roman) d'une personne qui vous fait vivre une période historique de l'intérieur.
Ensuite, de façon plus égoïste, parce que Marzi et moi sommes de la même génération et si nous n'avons pas le même âge, seules quelques petites années nous séparent. En plus, nous sommes toutes deux enfants uniques.
J'ai bien aimé, entre autres, comparer ses souvenirs aux miens, chacune de notre côté du rideau de fer.

Elle est attachante, Marzi, avec ses beaux yeux grand ouverts sur le monde. Comme tous les enfants, elle regarde, observe, découvre, s'interroge sur ce qui l'entoure. Elle décrit un quotidien compliqué, parfois difficile, mais il y a les copains, les cousins, des moments de petites joies et et de petits bonheurs.
Il s'agit d'une vision d'enfant mais si elle ne connaît ou ne comprend pas toujours tout, elle est loin d'être bête et son regard neuf sur le monde n'en fait que davantage le mettre en relief dans les moindres détails.

Et puis elle grandi sous nos yeux, sa compréhension et son observation du monde évolue  avec elle. Mais la série ne parle pas que de la situation en Pologne, elle parle surtout de son enfance à travers les mille et un petit détails qui font sa vie. A travers elle on apprend la vie quotidienne et culturelle de ce pays à cette époque.

Et si la fin du rideau de fer, accueilli avec enthousiasme, n'apporte pas l'euphorie attendue (il va falloir s'adapter...), c'est quand même sur de belles vacances d'été et un bel espoir que s'achève la série.

Une belle réussite que cette bande dessinée, vraiment.
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dimanche 22 décembre 2024

La péninsule aux 24 saisons

4 de couv' :
Dans un paysage de mer et de falaises d'une beauté paisible bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d'elle-même et passe des jours heureux d'une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt-quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, pt"pare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l'attente des lucioles de l'été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser.
Vingt-quatre saisons, c'est le temps qu'il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie.


Douceur est le maître mot de ce livre. On se trouve dans une bulle, un cocon, presque en vacances, dans cette péninsule. Et si tous les personnages vaquent à leurs occupations (désherbage, coupe de bambou, récolte du miel, préparation de bocaux en tout genre pour ne citer que ceux que j'ai le plus retenu), nous lecteurs restons confortablement installé à observer avec eux les changements de saison.

Car il s'agit ici beaucoup d'observer, avec curiosité, parfois amusement, ce qui nous entoure, de s'approprier et respecter une nature et un climat qui nous sont nouveaux, et d'apprécier et être reconnaissant pour les mille et un petits bonheurs que nous apportent la vie. Rien de mieux que cette péninsule pour se retrouver.

L'autrice ne dépeint pas une nature et un lieu idyllique, au contraire. Mériter son coin de paradis signifie beaucoup de travail et d'entretien. Et ce lieu, humains obligent, comporte sa part d'ombre contrebalançant ce qui semblerait trop parfait, voire mièvre, mais rétablissant aussi un équilibre, et faisant d'autant mieux apprécier le beau.

Et nous recentrer vers ce qui fait l'essentiel de notre vie. La narratrice en fera un choix de vie.

Mon seul regret dans ce livre est de ne pas l'avoir conservé pour la toute fin de l'année, que  j'aurais ainsi terminée en beauté. 

Mon meilleur souvenir de lecture de cette année.
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dimanche 9 juillet 2023

Le musée du silence


4 de couv' :
Un jeune muséographe vient d'entrer en fonction dans un manoir aux confins du monde. Sous la direction d'une vieille femme plutôt étrange, il devra recenser, agencer, mettre en scène une véritable collection d'objets, de reliques du quotidien, de vestiges d'une intimité disparue et pourtant soutirée depuis des années aux défunts du village voisin. Car ces objets ont un seul point commun : ils furent tous volés quelques heures après la mort de leur propriétaire...
Empreintes du temps qui passe, variations autour de la mémoire, accumulations, obsessions : la mission de cet homme est complexe car le musée du Silence devra être à la hauteur des souvenirs de la vieille dame.

Décidément, je crois que cette autrice n'arrêtera jamais de me surprendre.

Elle arrive à faire d'une situation assez banale (mettre en place un musée), en la tordant légèrement, juste ce qu'il faut, pour donner l'impression que le narrateur est en quelque sorte passé de l'autre côté du miroir. Avec lui, on passe du monde normal (sa vie avant cette histoire) à un genre de monde parallèle (là où commence l'histoire).

Attention, je ne dis pas qu'il s'agit d'un livre de science-fiction, où on passe d'un monde à l'autre. Je parle seulement de distorsion de perception. Autant pour le narrateur que pour nous. On ne cesse d'être surpris, de découvrir, de s'inquiéter, nos interrogations, surprises, découvertes, curiosité et les siennes se font écho tout au long du roman. Parfois, on comprend avant lui, ajoutant au trouble...

Mais petit à petit, insidieusement, on se retrouve avec des personnages, un village, un environnement atypiques. C'est par petites touches qu'on comprend l'ensemble du tableau.

Il y a du Stephen King dans ce roman, même si le style est très différent.

Et l'écriture est juste parfaite.

Je vais devenir accro.
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samedi 29 octobre 2022

Le goûter du lion


4 de couv' :
Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c'est d'abord le lieu : l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu'il faut gagner en bateau ; et encore, l'image magnifique de l'union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce leu de paix où Shizuko a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous faisons la connaissances des pensionnaires - ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille - ainsi que de la chienne Rokka qui s'attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie qu'on savoure en même temps qu'un dessert d'enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d'une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d'écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuko sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d'un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d'exister.

Jamais le thème de la fin de vie n'aura été si brillamment et délicatement écrit qu'avec ce livre.
Ito Ogawa est maintenant bien connue pour sa facilité à aborder les sujets les plus délicats dans ses romans empreints de délicatesse et de douceur. Celui-ci est le meilleur qu'elle ait écrit et nous renvoie à nos propres interrogations et perceptions de notre mort.

J'ai eu la surprise de trouver dans ce roman tous es thèmes abordés dans les précédents, de façon plus ou moins poussée selon le thème : la saveur de chaque plat préparé et ce qu'il peut remuer en nous (le restaurant de l'amour retrouvé) ; l'affection pour un animal ("Le ruban", que je n'ai pas encore lu) ; l'adoption, la notion de famille, recomposée ou pas (Le jardin arc-en-ciel) ; et dans une certaine mesure, la calligraphie (La papeterie Tsubaki et La république du bonheur).

J'ai été très (agréablement) surprise de retrouver tous ces thèmes en un seul livre, à croire que ce roman est un lien entre eux tous.

L'apogée de son oeuvre en tout cas.

Une caresse apaisante sur une angoisse existentielle commune à tous.

Bravo.
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vendredi 27 août 2021

Changer l'eau des fleurs


4 de couv' :
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rire et larmes se mélangent au café qu'elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu'un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l'on croyait noires se révèlent lumineuses.
Après l'émotion et le succès des Oubliés des dimanches, Valérie Perrin nous fait partager l'histoire intense d'une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l'ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d'humanité.
Un hymne au merveilleux des choses simples.


Hasard de mes réservations à la médiathèque, je me retrouve encore avec un livre sur le deuil. Je l'avais choisi car à force d'en entendre parler, je me suis dit que je ne pouvais guère y échapper et ai fini par suivre le mouvement. Une fois dans les mains, j'ai eu la surprise de constater qu'il est paru en 2018. Et si je vous dit qu'il est continuellement réservé par au moins 10 personnes sur le réseau des médiathèques de Brest qui en possède 5 exemplaires, c'est vous dire s'il a du succès.

Et un succès amplement mérité, les mots me manquent pour dire à quel point j'ai aimé et je ne sais pas par quoi commencer. Je crois bien ne lui avoir trouvé aucun défaut, à ce livre. L'autre soir, je l'ai lu 3 heures d'affilée qui ont passé à une vitesse dingue et me suis contrainte à arrêter à minuit passé (je n'aurais pas travaillé le lendemain, je le finissais d'une traite à pas d'heures).

On commence donc le livre dans l'idée de découvrir le quotidien d'une gardienne de cimetière et de ses collègues du cimetière et des pompes funèbres. Son quotidien est constitué des visites des familles, de ses amis, et entrecoupé des souvenirs de sa vie d'avant ce métier (on se dit alors, ah ben tiens oui, qu'est-ce qui l'a amené à faire ce métier-là) mais arrivé à plus de 200 pages du roman, on en découvre le vrai sujet, et on se le prend durement, comme un uppercut en plein estomac. Parce que oui, arrivée là, j'en ai eu le souffle coupé.
A partir de là, l'histoire prend une autre, une plus grande dimension, servie depuis le début par la même écriture subtile, délicate, empathique, totalement au service de l'histoire. Elle se poursuit au même rythme et sur le même ton que dans les chapitres précédents, car ce roman, admirablement bien construit, est très équilibré au regard des différentes évolutions de l'histoire.

On avance pas à pas, chapitre après chapitre, et au fil des souvenirs de chacun, on reconstruit toute l'histoire petit à petit au fil des mille et un petits détails apportés par les souvenirs de chacun. Et chaque détail ajouté donne envie d'en savoir plus et à chaque réponse apportée, on découvre qu'il y en a d'autres à découvrir. Et évidemment, on ne saura tout qu'à la toute fin du roman.

L'autrice fait de même pour d'autres personnages, étrangers à la vie de Violette : on reconstruit ainsi leur vie passée via leurs souvenirs (l'autrice a quand même réussi à caser une deuxième histoire sans que cela dénote dans le roman ! Là, bravo).

Et tout cela par petites touches, comme les petites graines semées par Violette dans son jardin.

Mais s'il s'agit d'une histoire de deuil, ce livre est lumineux, aussi émouvant que drôle (j'ai autant versé ma petite larme qu'éclaté de rire, c'est dire), et tellement agréable à lire !

Non vraiment les mots me manquent pour dire à quel point et pourquoi je l'ai autant aimé (et je suis très insatisfaite de cet article).
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samedi 17 juillet 2021

Les roses fauves


4 de couv' :
Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur  lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine de coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir...


Soyons honnête, je ne sais pas si j'étais dans de mauvaises dispositions en démarrant la lecture de ce livre, mais j'ai failli le laisser tomber avant la quarantième page : l'autrice commence l'histoire comme un récit, se mettant elle-même en scène, et sur le moment, cela m'a agacée.
Quand j'ai repris ma lecture le lendemain, je me suis dit que :
1) depuis quand suis-je devenue aussi obtuse ?
2) j'adore cette autrice, je sais ce qu'elle vaut, donc je ne peux pas être déçue aussi facilement
3) c'est sensé être un roman, pas un récit, donc faisons ce que l'autrice a fait : la considérer comme personnage du roman, l'oublier elle en tant que personne réelle.

Et c'est exactement cela ! Heureusement que je n'ai pas laissé tomber, je serais passée à côté d'un des plus beaux romans qu'il m'ait été de lire depuis le début de l'année. Depuis longtemps.

L'écriture, admirable de délicatesse, de beauté, de poésie, d'intelligence, nous porte et nous transporte dans l'histoire, dont je suis ressortie avec l'impression d'avoir suivi les courbes et volutes enivrantes des rosiers qui nous emportent dans un imaginaire foisonnant, magique, beau, tragique et pourtant hymne à la vie, aux vies racontées ici, et surtout faisant la part belle à l'amour.

On croit lire l'histoire d'un postière et de sa famille et on se retrouve avec un magnifique conte où il est question d'amour, d'héritage et de malédiction familiale, de senteurs enivrantes, d'un village, de renaissance à la vie, de beauté, de fantômes, de mystères, de guerres, de volupté, de roses bien sûr car comme le dit l'autrice (celle du livre), il est bien question ici d'en faire un personnage à part entière.
Et tant d'autres choses qui parleront à chacun car nous avons tous notre propre sensibilité.

Rarement un roman m'aura autant transportée.
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dimanche 17 mai 2020

Arrêtez-moi là !

4 de couv' :
Quand un concours de circonstances transforme une banale journée de travail en un piège redoutable...
Parce qu'il a laissé ses empreintes là où elles n'auraient jamais dû être, un chauffeur de taxi désabusé se retrouve accusé d'enlèvement. Et sa voiture tout juste nettoyée (souvenir d'une étudiante ivre...) ne le rend que plus coupable aux yeux de la police. Il n'a d'autre choix que de trouver lui-même les preuves de son innocence...


Je dois avouer que je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman. Par erreur, je croyais avoir choisi un roman humoristique, j'ai vite compris qu'il n'en était rien mais je ne fus vraiment pas déçue au final.

Par sa simplicité dans l'écriture, ce roman est implacable. Envers le personnage central, envers les policiers menant l'enquête, envers le système judiciaire américain et ne parlons pas des média, l'ensemble formant une effroyable machine à erreur judiciaire. Et à broyer l'individu.

Car la trame de ce roman est là. Ce chauffeur de taxi et le lecteur savent qu'il est innocent et jusqu'au bout, ce récit prend aux tripes, suscite le malaise et la maigre lueur d'espoir entraperçue, accentuant ce malaise, nous porte jusqu'à la fin, jusqu'aux toutes dernière lignes, stupéfiantes.

Très bon, vraiment.
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jeudi 22 août 2019

Landfall

4 de couv' :
En septembre 2005, l'ouragan Katrina s'abat sur La Nouvelle-Orléans, semant le chaos, emportant  des milliers de vies. Emues par le sort des survivants, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s'apprête à rejoindre la ville meurtrie avec sa mère pour leur porter secours. Mais sa voiture percute une jeune fille. La victime n'a rien sur elle qui confirme son identité - seulement une page d'annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose. Obsédée par cette étrange coïncidence, Rose entreprend  de retracer pas à pas le parcours de l'inconnue à travers une ville en ruine, sans se douter que sa propre histoire est parsemée de secrets.


Je ne sais ce que j'ai aimé le plus dans ce roman, l'histoire, la construction du roman ou l'écriture.

L'histoire reprend le parcours de la jeune fille décédée : celui tel qu'elle l'a elle-même vécu, celui retracé par Rose durant son enquête. Ces deux narrations se déroulent en parallèle, se croisent, se complètent jusqu'à l'aboutissement final. Si j'avais bien deviné ce dernier ou en tout cas la raison pour laquelle on retrouve sur la jeune fille décédée l'adresse de Rose, cela n'ôte en rien la qualité de la narration et du cheminement jusqu'au dénouement.
En parallèle également le parcours des mères des jeunes filles, apportant la touche de profondeur juste nécessaire pour mieux appréhender la personnalité de chacune.

Et la reconstitution des évènements pendant et après le passage de l'ouragan Katrina est aussi une belle manière de rendre hommage à ses victimes.

Un vrai, grand, beau roman.
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samedi 20 juillet 2019

Livre de l'année

Il est des lectures qui nous marquent plus que d'autres.

Parce qu'ils font écho avec notre propre histoire, parce que l'écriture nous est particulièrement agréable, parce que l'histoire et/ou la manière de la raconter nous ont emporté, parce que l'écriture, encore, nous a fait grandir en tant que lecteur (parce que oui, plus on lit de styles d'écriture différents plus notre goût en la matière s'affermit, mûrit), parce qu'on a fait corps avec les personnages tout au long de la lecture, parce que l'ambiance de l'histoire, parce que les paysages tellement bien décrits nous ont donné l'impression d'y être au point d'en ressentir les odeurs, le froid, la chaleur, parce que c'est LE premier roman que l'on lit d'un auteur qu'on a de suite adoré et qu'on sait que cela durera toujours, parce que tant d'autres raisons encore.

Et parce que, surtout, même des années après, à des moments où on s'y attend le moins, on se met à penser à tel ou tel roman. Pour on ne sait quelle raison, et on ne veut pas essayer de comprendre car cela tuerait toute magie, il surgit dans nos pensées. Nous donnant un certain bien-être à l'évocation de cette lecture qui nous a été si agréable à l'époque.
Cela m'arrive régulièrement, et ils ne sont pas nombreux, ces livres là, au moins un ou deux dans une année, parfois plus mais moins de cinq.

C'est ce que je me disais hier en finissant mon commentaire sur "Les yeux fardés".

J'ai ainsi eu l'idée de créer une rubrique à part pour ces livres qui m'ont tant marquée, pour des raisons très diverses, et qui se sont fait une place au soleil dans mes souvenirs de lectures : "livre de l'année".



vendredi 19 juillet 2019

Les yeux fardés

4 de couv' :
Ils sont quatre inséparables, Germinal, David, Joana et Mireia, nés en 1920, qui traversent les rives de l'enfance dans la quartier populaire d'une Barceloneta aux ruelles bigarrées, aux senteurs maritimes, à la culture ouvrière militante. Après l'âge tendre des premiers émois, les personnalités s'affirment et les destinées s'esquissent. Pour les deux filles, du moins. Les balises de l'avenir se font plus fluctuantes pour les garçons quand ils découvrent la passion qui les unit. Si la proclamation de la République leur ouvre les voies de l'espérance, très vite la guerre civile rebat les cartes et conduit les amis au chaos...
Ode vibrante à Barcelone l'irréductible et à son peuple enivré de rêves libertaires, ce roman trace avec une grande finesse l'expérience guerrière de ces héros sans grade, nimbée de la nostalgie douce-amère des illusions perdues.


Superbe reconstitution d'une vie de quartier et de ses habitants, d'une époque (ô combien troublée), d'un pays, superbe évocation d'une amitié, de l'enfance et de l'adolescence dans ce contexte jusqu'à l'âge adulte, époque pas moins troublée et le début du pire pour l'Espagne, vraiment, il n'y a rien à rejeter dans ce roman.

J'aurais aimé en savoir plus sur l'un des personnages et la suite de sa vie (j'adorerais que cela fasse l'objet d'un autre roman !).

Sur l'écriture, fluide, le rythme donné à chaque phrase pousse le lecteur à continuer sa lecture comme porté par un élan (pour ma part, je ne pouvais plus lâcher ce livre, je l'ai terminé un soir... une nuit... un matin... bref, à 3h30). Le même élan qui suscite les évènements historiques retracés ici, le même élan qui pousse les personnages à rejoindre leur destin, plus ou moins bon gré mal gré, mais ils y vont, ne s'esquivent pas, ne fuient pas.

Deux mois au moins que je l'ai fini, ce roman, et lu d'autres, et j'y pense encore régulièrement.

Mention spéciale à cette maison d'édition qui décidément produit toujours des oeuvres de qualité et surtout très variées. Chaque roman est toujours une bonne surprise sans avoir jamais besoin de faire l'objet d'un promotion intensive. Chapeau ! Et merci pour la lectrice que je suis.
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vendredi 21 décembre 2018

Dans les forêts de Sibérie

4 de couv' :
Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelques temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité.
Je crois y être. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence.
Et si la liberté consistait à posséder le temps?
et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.


Tout comme Steinbeck fut dans "Voyage avec Charley" un bon compagnon de route, Sylvain Tesson fut ici un bon compagnon d'ermitage. Enfin, relatif, l'ermitage, il a quand même eu droit à quelques visites et rendu d'autres.

Son écriture est un enchantement, son humour un véritable plaisir de lecture, surtout dans son auto-dérision, les paysages grandioses et on le comprend très bien, bien au-dessus de ce qu'il a pu réussir à nous le décrire.

Le simple fait que j'ai dérogé à ma règle habituelle du "pas question de voir le film tiré d'un livre que j'ai lu" vous prouve à quel point je l'ai aimé. Alors certes, l'histoire a été modifiée, en accord avec l'auteur, je ne prends donc pas beaucoup de risque d'être déçue quand je le regarderai.
Je vous en reparlerai alors.

A lire et relire, vraiment (et puis la neige, le froid, les sapins, c'est de saison, hein...)


"La cabane fume dans son bosquet de cèdres. La neige a meringué le toit, les poutres ont une couleur de pain d'épice. J'ai faim"

"Je pense au destin des visons. Naître dans la forêts, survivre aux hivers, tomber dans un piège et finir en manteau sur le dos de rombières dont l'espérance de vie sous les futaies serait de trois minutes... Si encore les femmes couvertes de fourrure avaient la grâce des mustélidés qu'on écorche pour elles."

"Parfois, cette envie de ne rien faire. Je suis depuis une heure assis à ma table et je surveille la progression des rais du soleil sur la nappe. La lumière anoblit tout ce qu'elle effleure. Le bois, la tranche des livres, le manche des couteaux, la courbe du visage et celle du temps qui passe, et même la poussière en suspens dans l'air. Ce n'est pas rien d'être grains de poussière en ce monde. 

Voilà que je m'intéresse à la poussière. Le mois de mars va être long."


"Passionnante conversation avec un pêcheur d'où il ressort que les Juifs  mènent le monde (mais qu'en France ce serait les Arabes), que Staline était un vrai chef, que les Russes sont invincibles (ce nain d'Hitler s'y est cassé les dents), que le communisme était un système excellent, que le séisme d'Haïti est le résultat d'une onde de choc d'une bombe américaine, que Nostradamus avait raison, que le 11 septembre est un coup des Yankees, que les historiens du goulag sont des antipatriotes et les Français des homosexuels. Je crois que je vais espacer mes visites."


dimanche 12 août 2018

La route étroite vers le Nord lointain

4 de couv' :
En 1941, Dorrigo Evans, jeune officier médecin, vient à peine de tomber amoureux lorsque la guerre s'embrase et le précipite en Orient puis dans l'enfer d'un camp de travail japonais où les captifs sont affectés à la construction d'une ligne de chemin de fer en pleine jungle, entre le Siam et la Birmanie. Maltraités par les gardes, affamés, exténués, malades, les prisonniers se raccrochent à ce qu'ils peuvent pour survivre - la camaraderie, l'humour, les souvenirs du pays. Au coeur de ces ténèbres, c'est l'espoir de retrouver Amy, l'épouse de son oncle avec laquelle il vivait une bouleversante passion avant de partir au front, qui permet à Dorrigo de subsister.
Cinquante ans plus tard, sollicité pour écrire la préface d'un ouvrage commémoratif, le vieil homme devenu après guerre un héros national convoque les spectres du passé.
Roman d'une rare intensité poétique sur l'absurdité de la condition humaine, La Route étroite vers le Nord lointain est aussi un cri contre la précarité de la mémoire et l'inacceptable victoire de l'oubli.

Ce roman va longtemps me rester en tête, c'est en tout cas pour le moment mon préféré de l'année.

Pourtant, le démarrage fut difficile en raison des nombreux retours en arrière entre les passés et le présent, les souvenirs du narrateur allant d'un personnage à l'autre, qui complique la mise en place de l'histoire pour le lecteur. Du moins pour moi. Mais ce n'est que le début et si on veut bien se donner la peine de passer outre la confusion et la perplexité induites, l'histoire devient vite plus fluide et chronologique et on se laisse porter par l'histoire. Ou plutôt les histoires. Et l'Histoire.

Si j'ai particulièrement bien aimé l'histoire d'amour, je dois reconnaître que c'est la reconstitution de la vie quotidienne des prisonniers de guerre australiens dans le camp de travail japonais - qui prend d'ailleurs la plus grande part du roman - qui m'a davantage plue. D'autant plus que l'auteur ne s'est pas contenté de décrire ce quotidien, il a aussi évoqués de superbes portraits de certains prisonniers et ceux de leurs bourreaux. Tous englués, à des degrés divers, dans l'absurdité d'une idéologie et d'un respect de la hiérarchie jusqu'à l'extrême.
L'après-guerre de chacun aussi est évoquée et comment ils ont y sont survécu, ou pas, avec une perle d'humour et d'humanité qu'est la scène du restaurant.

Un beau roman, vraiment. Et un bel hommage à tous les soldats.
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jeudi 26 avril 2018

Wild

4 de couv' :
Lorsque, sur un coup de tête, Cheryl Strayed enfile son sac à dos, elle n'a aucune idée de ce qui l'attend? Tout ce qu'elle sait, c'est que sa vie est un désastre. Entre une mère trop aimée, brutalement disparue, un divorce douloureux et un lourd passé de junk, Cheryl vacille. Pour tenir debout et affronter les fantômes de son passé, la jeune femme n'a aucune réponse, mais un point de fuite : tout quitter pour une randonnée sur le "Chemin des crêtes du Pacifique". Lancée au coeur d'une nature immense et sauvage, seule sous un sac à dos trop lourd, elle doit avancer pour survivre, sur 1700 kilomètres d'épuisement et d'effort, et réussir à atteindre le bout d'elle-même. Une histoire poignante et humaine, où la marche se fait rédemption.


A nouveau une commande Kube où ma demande était de m'évader si je me souviens bien.

Ben là, pari gagné, contrat largement rempli !

J'ai tout simplement adoré ce récit. J'ai basculé entre "elle est complètement immature, la preuve, elle décide de cette incroyablement longue randonnée, surtout pour une débutante, et ceci sans se préparer, en se basant sur un livre, et sans se renseigner auprès de gens plus expérimentés" et "wouah ! Quel courage et quelle volonté !!!!" pour ensuite embrayer sur "non mais elle est inconsciente de tous les dangers qu'elle coure, là ?"

Pour le coup et là le commentaire est on ne peut plus personnel, surtout concernant le physique : comment arrive-t-elle à marcher les pieds dans un tel état ? Sans compter le poids du sac qui m'aurait flingué le dos rien qu'à tenter de le soulever (non, soyons honnête, rien qu'à l'imaginer).

Il y a donc un fond de quête dans ce récit : se retrouver soi-même, se prouver quelque chose à soi-même, reprendre sa vie en main, passer à autre chose. En mieux.

J'ai admiré sa pugnacité autant que les superbes paysages décrits.

Là où l'auteure réussit un tour de force, est qu'elle ne se contente pas de décrire ce périple qui aurait pu être à la lecture aussi laborieux au final que ce qu'elle a vécu (avec l'avantage de le lire confortablement installé dans un bon canapé) et qu'elle l'entrecoupe de passages sur son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte et ce qui l'a poussée à partir. Et nous fait mieux comprendre le pourquoi de ce coup de tête plus ou moins bien préparé.

Une lecture poignante, haletante, magnifique.

Donc un grand merci à Ayla, de la librairie La Nuit des Temps !
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dimanche 10 septembre 2017

Spin

4 de couv' :
La vie de Tyler Dupree est inextricablement liée à celle des jumeaux Lawton, Diane et Jason. Ils étaient ensemble la nuit où la Terre a été coupée du reste de l'univers par une mystérieuse barrière opaque à l'extérieur de laquelle le temps s'écoule des millions de fois plus vite. Il ne reste donc plus que quelques décennies avant que le Soleil ne transforme la Terre en une boule de feu, exterminant ainsi l'humanité. Jason n'a alors plus qu'un but dans la vie : comprendre pourquoi et par qui la barrière a été installée.


Troisième commande Kube pour laquelle ma demande était : "un classique récent ou ancien de science-fiction, genre que je connais assez peu".
Il m'a d'abord été proposé Fondation de Asimov, que j'ai refusé car je l'ai à la maison (note pour plus tard : les piquer à mon homme et enfin les lire !).
C'est donc avec impatience que j'ai attendu ma Kube ne sachant cette fois ce qui me serait envoyé.

Je l'ai dévoré. J'ai tellement aimé que j'ai acheté les deux autres tomes dès le premier fini, poursuivant cette lecture avec un réel bonheur.
Déjà, j'aime assez les romans et films post apocalyptiques, bien qu'ici l'apocalypse n'ait pas encore eu lieu, que les humains la savent imminente, et font tout pour trouver une solution. Au-delà de cela, cette catastrophe annoncée apporte des bouleversements dans les mentalités, les croyances, le rapport à l'autre. Comme souvent avec la science-fiction, l'aspect sociologique et certaines questions philosophiques, politiques, économiques sont abordées. Et écologiques aussi qui est semble-t-il l'un des sujets de prédilection de l'auteur.

Les personnages centraux, qui disparaissent dès le second tome, reflètent bien cette nouvelle société : l'un va tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions et continuer d'avancer coûte que coûte, le second va, comme la majorité de la population, poursuivre sa vie mais sans se projeter dans le futur puisque ce dernier est vouer à ne jamais arriver. La troisième, elle, va se réfugier dans une de ces nouvelles religions qui vont apparaître.
On va les suivre au fil des décennies, les voir évoluer au fil du temps et des découvertes.

Je ne peux hélas pas en dire plus sans en dire trop, mais le succès de ce roman tient au fait que l'auteur a effectivement bien réfléchi aux conséquences de son postulat de départ.

Des deux autres tomes, je ne dirai rien car ce serait dire tout. Juste que les personnages principaux du premier tome disparaissent du deuxième, que l'on se retrouve plusieurs décennies après eux, et que si dans le troisième on retrouve deux des personnages du deuxième, là encore le contexte est absolument différent. Chaque tome est très différent des deux autres, et c'est bien ce qui fait tout son intérêt aussi.

Le point commun des trois : l'évolution des sociétés humaines quand il n'y a guère d'avenir ou d'espoir. Bien pensé, original, intrigant, dérangeant parfois.

Vraiment, encore merci à l'équipe de La Dimension Fantastique !
(et désolée de ne pas avoir acheté les tomes 2 et 3 chez vous, mais j'avais reçu à Noël un bon cadeau dans ma librairie préférée...).

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samedi 9 septembre 2017

Zoli

4 de couv' :
Chanteuse et poétesse rom à la voix de feu, Zoli fascine ceux qui l'approchent mais reste insaisissable. Adulée avant de devenir paria, bannie par son peuple, elle paiera cette liberté au prix fort... Des années trente à nos jours, le voyage sans retour de Zoli à travers l'Europe est un étourdissant tourbillon de musique, d'amour et de trahison au coeur de l'âme tzigane.


Deuxième commande Kube !
Ma demande : Nomades, Tziganes, roms et autres "non gadjés".
Je dois avouer que j'ai hésité à valider cette proposition, espérant plutôt un roman méconnu que celui-ci, auquel je ne m'étais pas intéressée à sa sortie au prétexte que je craignais qu'il tombe dans la caricature de ce peuple, malgré le renom de l'auteur (dont au passage je n'avais jamais rien lu jusqu'ici).

Et ô combien j'aurais eu tort de refuser cette proposition.

L'auteur évite totalement la caricature, tout en s'intéressant au sort des roms des pays de l'Est (ici, la Tchécoslovaquie) avant et pendant la guerre froide, et en particulier à la propagande d'une dictature et ses conséquences. Et à la vie sous une dictature puis une autre.

C'est aussi un beau portrait d'un peuple et d'une femme, pleins de fierté, de dignité et de volonté.

Sur la construction du roman : les différentes parties, si elles se déroulent bien sur les mêmes époques, se basent chacune sur la narration des uns et des autres (perturbant quand à la deuxième partie (la troisième en comptant le prologue) on croit redémarrer avec Zoli, alors qu'il s'agit d'un tout nouveau personnage dont le destin va croiser celui de Zoli).
Intéressant de suivre ensuite la même histoire selon ces deux vécus.

Une belle réussite, vraiment.


Et une belle réussite encore sur cette commande Kube. Un grand merci à Maïté de la librairie Le Roi Livre !
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vendredi 30 juin 2017

Annabel

4 de couv' :
1968, un bourg côtier du Labrador au Canada. un enfant naît, ni garçon ni fille. Hermaphrodite. Ils sont trois à partager ce secret : les parents et une voisine de confiance. On décide de faire opérer l'enfant ; ce sera Wayne - le choix du père. Mais dans l'eau trouble de l'adolescence, son moi caché, cette Annabel qui l'accompagne comme une ombre, réapparaît. Et avec elle, la vérité. un magnifique roman sur la différence et l'identité, porté par une langue poétique où vibrent intimement la Nature et les êtres.


Ce livre était ma première commande Kube !
Ma demande : un beau portrait de personnage ou un roman qui fait s'évader/voyager ou les deux à la fois.


C'est avec une grande sensibilité que ce sujet délicat est abordé. On n'y trouve ni condamnation de l'attitude des parents, ni de la société où ils vivent, ni de l'époque.
Au contraire, on se retrouve en empathie avec les personnages, on comprend parfaitement leurs sentiments, leur difficulté à appréhender une situation où la plus grande difficulté est... La rareté. Comment faire face à une situation quand il n'existe aucune référence et taboue car ignorée car rare, en particulier à une époque où ce genre de différence est clairement perçu au mieux comme une bizarrerie de la nature (je ne me fais pas d'illusion non plus sur la nôtre cela dit). Et qui plus est dans un village assez éloigné de tout.

Il n'y a donc ni condamnation, ni voyeurisme, ni caricature uniquement de l'empathie envers les personnages. A nous de nous interroger sur notre propre perception de ce genre de situation. Vraiment, une belle réussite.



Et une belle réussite aussi pour cette première commande Kube, qui est tombée pile sur ma demande (beau portrait + dépaysement) ! Donc un grand merci à Yohan de la librairie L'Ecriture !
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lundi 30 janvier 2017

Un père pour mes rêves

4 de couv' :
Fruit d'un brève liaison, pendant la seconde guerre mondiale, entre une jeune femme maorie et un GI de passage, Mark, surnommé "Yank" (le Yankee), doit apprendre à endurer le mépris dont sa communauté néo-zélandaise accable sa mère depuis le retour au pays de son mari, archétype du guerrier maori. Maltraité par son beau-père, Yank se console en s'inventant un père fortuné aux allures de John Wayne ou d'Elvis Presley, son idole. Mais quand son vrai père, Jess Hines, se manifeste, il comprend, à sa grande déception, que la réalité est toute autre.
À l'âge de vingt ans, devenu musicien professionnel, Yank part en Amérique, à la rencontre de Jess. Aux côtés de cet homme profondément engagé dans la lutte pour les droits civiques, il prend conscience du sort terrible que l'Amérique du Ku Klux Klan réserve à la communauté noire et découvre que l'oppression n'a pas qu'un seul visage.
Porté par une écriture puissante et volontiers subversive, ce roman résonne des intonations de Martin Luther King et rend un hommage bouleversant d'humanité à tous les damnés de la terre.

J'ai tout simplement adoré ce roman.
En retraçant sa jeunesse, le narrateur évoque avec une nostalgie objective la société maorie dans laquelle il a grandi. Il fait de sa famille, ses amis, ses voisins de beaux portraits qu'on finit soi-même par chérir.
L'innocence et l'arrogance de sa jeunesse mêlés à la découverte de ses origines le mènera à retrouver son père et prendre de plein fouet non seulement un choc des générations, mais aussi un choc des cultures. Et faire de lui un homme. Un homme complet, celui qui nous raconte son histoire.

Vraiment, un très beau roman.
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vendredi 27 janvier 2017

Millenium

Après avoir perdu un procès en diffamation, Mikael Blomvist,brillant journaliste d'investigation, démissionne de la revue Millenium et ressasse son dépit. Il est contacté par un magnat de l'industrie  qui lui confie une enquête vieille de quarante ans : sur l'île abritant l'imposante propriété familiale, sa nièce, Harriet Vanger, a naguère disparu, et il reste persuadé qu'elle a été assassinée.
Si ce n'est pas exactement le hasard qui réunit Mikael Blomvist et Lisbeth Salander, réchappée des services sociaux et génie de l'informatique, c'est une vraie chance, car la jeune femme va devenir le meilleur atout du journaliste pour élucider l'affaire.
L'intolérance, l'hypocrisie, la violence et le cynisme de notre monde contemporain - aux niveaux politique, économique, social, familial - sont les ressorts de ce polar addictif, au suspense insoutenable, qui a enthousiasmé des millions de lecteurs.

2367 pages de pur bonheur (oui, j'ai compté).
Des polars hyper bien construits avec pour base des sujets maîtrisés (on sent les connaissances de l'auteur et ses recherches) mais largement vulgarisés et sans être rebutants ni ennuyeux. Et heureusement, car le début du tome 1 traite de questions économiques, domaine qui m'a toujours rebutée. L'auteur réussit le tour de force à m'y intéresser (et c'est peu dire).

Une galerie de personnages crédibles (bien que l'auteur aille jusqu'à l'extrême limite de leurs personnalités mais sans basculer dans le grotesque), leur environnement tout autant. Les plus grignous des lecteurs diront que le personnage de Lisbeth Salander est celui qui tient le moins la route car elle est "trop" en tout.
Ouiiiii !!!! Et c'est bien pour ça que ça marche ! (Lisbeth est mon héroïne et je l'adore !) Elle est la pierre angulaire, le coeur même de cette trilogie : au final, tout tourne autour d'elle, elle bouscule (bien souvent malgré elle) tout et tous autour d'elle, l'élément déclencheur d'une suite d'évènement, le grain de sable de rouages un peu trop bien huilés et polissés.
Difficile d'en dire plus sans tout révéler.
Mais croyez-moi, en commençant le tome 1, je ne m'attendais pas à tout ce qui allait m'amener au dénouement du tome 3.

Quant au tome 4, comme un peu tout le monde d'ailleurs, je reste dubitative. Je trouve cette trilogie parfaite telle qu'elle est, le tome 4 n'est pas de l'auteur de départ, les critiques sont partagées... Un jour peut-être. Mais pas tout de suite.
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jeudi 29 octobre 2015

La femme en vert

4 de couv' :
Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain.
Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. Cette même nuit, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours sans avoir le temps de lui dire où elle est. Il la retrouve à grand-peine dans le coma et enceinte. Erlendur va tout les jours rendre visite à sa fille inconsciente et, sur les conseils du médecin, lui parle, il lui raconte son enfance de petit paysan et la raison de son horreur des disparitions.
L'enquête nous est livrée en pointillé dans un magnifique récit, violent et émouvant, qui met en scène, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une femme et ses deux enfants. Une femme victime d'un mari cruel qui la bat, menace ses enfants et la pousse à bout.
Voici à nouveau le commissaire Erlendur et ses adjoints Elinborg et Sigurdur Oli dans un récit au rythme et à l'écriture intenses et poignants, aux images fortes et aux personnages attachants et bien construits. La mémoire est comme toujours chez Indridason le pivot de ce roman haletant, qui hante longtemps ses lecteurs.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, aussi bien pour son écriture que pour les personnages, le parallèle entre les deux époques (et la manière dont elles se rejoignent), la progression de l'enquête, et que pour la vie personnelle d'Erlendur. Il cumule tout ce que j'affectionne particulièrement dans les polars, autant dire qu'il est pour moi la perfection dans ce genre.

Décidément, je vais devenir fan de cet auteur.
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jeudi 11 juin 2015

Les Suprêmes

4 de couv' :
Elles se sont rencontrées dans les années 1960 et ne se sont plus jamais quittées : tout le monde les appelle "les Suprêmes", en hommage au célèbre groupe des années 1970. Complices dans le bonheur comme dans l'adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines se retrouvent tous les dimanches dans l'un des restaurants de leur petite ville de l'Indiana : entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de poulet frit en élaborant leurs stratégies de survie.

J'ai ri, boudiou que j'ai ri. Versé ma petite larme aussi, par moment, mais RI, surtout.
Une galerie de personnages truculents et hauts en couleur (les morts comme les vivants), des situations improbables et cocasses, des personnages attachants qu'on quitte avec regret une fois le livre terminé.
Un merveilleux moment de lecture !
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