vendredi 31 décembre 2021

Et à la fin, ils meurent

4 de couv' :

Quels terribles secrets cachent les contes de fées ?
Derrière leur réputation d'histoires un peu naïves, les contes ont des racines sombres et anciennes !
Aujourd'hui édulcorées, les versions originelles osaient le meilleur comme le pire : des princes pas si charmants, Raiponce vendue contre une botte de persil et Cendrillon qui décapite sec sa belle-mère !
En décapant avec humour ces récits d'autrefois, Lou Lubie pose une question d'éthique : violence, sexisme, racisme... les contes sont-ils encore adaptés à notre époque ?

Hilarant ! Mais pas que : l'ouvrage est le résultat d'une bonne recherche du sujet, avec de belles comparaisons des contes suivant leurs auteurs (pour info, je connaissais Perrault et les frères Grimm, mais pas Basile qui lui écrivait des contes pour adulte, il faut que je comble mes lacunes...).

Et en dehors de revisiter les contes en leur rendant leur forme primaire, ce livre est une belle analyse des contes dans leur forme littéraire (et films et feuilleton, j'étais ravie de voir que l'autrice n'a pas oublié la série "Grimm" que mon homme et moi visionnons à nouveau actuellement), l'évolution de leur histoire (suivant l'époque et les auteurs), les analyses qui peuvent ou ont pu en être fait et l'idée qu'on peut s'en faire après lecture de ce livre.
Elle n'a pas oublié de mentionner d'autres auteurs et autrices que ceux mentionnés ci-dessous, et la grande fan d'Andersen que j'ai toujours été a été ravie qu'elle ait souligné qu'il a créé ses propres contes et n'a pas repris d'anciens remis à sa sauce, lui.
Les graphismes sont un régal pour les yeux et tout en servant admirablement le texte, donnent un bel équilibre à l'ensemble. Sans compter les transitions qui sont excellentes et bien amenées, bref une vraie réussite.

J'ai décidé il y a un an ou deux de lire un livre ou conte de Noël, j'ai bien fait de le mettre sur ma liste de cadeaux, celui-là.
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samedi 4 décembre 2021

La mort nomade


4 de couv' :
Usé par des années de lutte stérile contre le crime, le commissaire Yeruldelgger a quitté la police d'Oulan-Bator. Plantant sa yourte dans les immensités du désert de Gobi, il veut renouer avec les traditions de ses ancêtres. Mais sa retraite sera de courte durée. Deux étranges cavalières vont le plonger dans une aventures sanglante qui les dépasse tous. Éventrée par les pelleteuses des multinationales, spoliées par les affairistes, ruinée par la corruption, la Mongolie des nomades et des chamanes semble avoir vendu son âme au diable. Des steppes arides au coeur de Manhattan, du Canada à l'Australie, Ian Manook fait souffler sur le polar un vent plus noir et plus sauvage que jamais.

Je dois avouer que j'ai un peu moins aimé ce tome par rapport aux deux autres : ça part un peu dans tous les sens, ça parle beaucoup (trop) de cul et les méchants sont tellement méchants qu'ils sont parfois à la limite de la crédibilité.

Mais... : j'ai bien aimé le fait que l'enquête s'éparpille sur différents continents (bien que pour certains, cela n'ait guère abouti et était presque anecdotique dans l'ensemble de l'histoire) avec des personnages et traits d'humour propres à chacun d'eux ; le fait que Yeruldelgger, pour une fois, subisse plus les évènements qu'il ne les provoque (ça faisait un peu personnage de manga dérouté par moments, pour ma plus grande hilarité) ; l'enquête à niveaux multiples, et plus on en apprend, plus on se dit que la situation est désespérée et le gros travail de recherche que cela a demandé à l'auteur ; la fin, qui clôture cette trilogie en beauté, et même avec une certaine poésie, tout en laissant une porte ouverte (au moins pour le lecteur) à une probable suite... ou espoir.

Pour l'anecdote, l'auteur s'est amusé à parsemer ici et là le roman d'allusions ou citations de films ou parole de chansons. A chacun de trouver cela amusant ou agaçant (je suis dans la première équipe).

Donc en résumé une très bonne enquête, de bons rebondissement et un final en beauté. Des comme ça, j'en redemande.
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mardi 30 novembre 2021

Epépé


4 de couv' :
Les étranges divagations d'un polyglotte érudit, Budaï, qui quitte les rives du Danube et croit s'envoler pour Helsinki afin de participer à un congrès de linguistique. Hélas ! à la suite d'une erreur d'aiguillage, son avion atterrit dans une ville peuplée d'allumés qui parlent un jargon incohérent, parfaitement inintelligible. Sommes-nous aux portes de Babel ? Sans doute. Quant au malheureux Budaï, il en perdra son latin : on dirait un petit frère de Zazie égaré au pays des Houyhnhnms chers à Jonathan Swift. Epatant.

Petite déception pour ce livre auquel j'arrive quand même à trouver quelques qualités, mais j'ai vraiment traîné pour réussir à l'achever.

Pour commencer, je m'attendais à un roman plus drôle et si certains passages m'ont arraché un semblant de sourire, je suis loin du compte.

En fait, l'auteur réussit tellement bien à nous mettre dans la peau de son personnage que j'étais aussi stressée que lui dès les premières pages.
Le postulat de départ était pourtant intéressant : un personnage se retrouve par erreur dans un pays inconnu, d'une langue et d'une écriture inconnues, où les habitants ne parlent et ne comprennent que leur propre langue.

Sacré défi que s'est lancé l'auteur pour trouver le fin mot de l'énigme ou plus clairement, le moyen de la délivrance du personnage. Sauf que l'auteur, le personnage et du coup la lectrice que je suis se trouvent à tourner en rond dans ce piège un peu trop bien ficelé.
Il a tellement bien bordé l'incapacité pour son personnage de pouvoir communiquer à l'intérieur et l'extérieur de ce pays, qu'il en a rendu impossible toute échappatoire. Et comme le personnage, on stresse à voir tomber à l'eau toute solution (et pour ceux qui l'ont lu jusqu'au bout, oui, jeu de mot involontaire).

Le roman fait un peu penser à ces rêves que l'ont fait tous où on passe d'une situation à l'autre sans savoir où on va arriver et surtout si ça va nous amener quelque part, tellement chaque journée est kafkaïenne.

Et les tentatives de Budaï pour apprendre la langue (écrit comme oral), tout linguiste qu'il est, nous donne davantage l'impression de retomber dans l'abîme. Malgré une vague lueur de compréhension.

Pour toutes ces raisons, ce roman est un chef d'oeuvre, je le reconnais. Mais le rythme d'écriture (ou mon rythme de lecture) m'a trop mis en empathie avec le stress du personnage et m'a empêché d'accrocher.

D'où un sentiment mitigé en ce qui me concerne.

Les temps sauvages


4 de couv' :
Quand le vent du Nord s'abat sur les steppes enneigées d'Asie centrale, personne ne vous entend mourir. Pour Yeruldelgger, le salut ne peut venir que de loin, très loin...
Après le succès mondial de Yeruldelgger, couronné par de nombreux prix, Ian Manook retrouve la Mongolie et ses terres extrêmes dans un grand thriller où il confirme son talent pour la construction d'intrigues qui mêlent problématiques contemporaines, personnages charismatiques et descriptions foisonnantes des paysages, des coutumes.
Dépaysement garanti.

Après Yeruldelgger, que j'ai adoré, je n'ai évidemment pas pu résister à acheter ses suites.
J'ai du mal à comprendre pourquoi ce tome n'a reçu qu'un seul prix littéraire, alors qu'il est encore meilleur que le premier !

Si on retrouve notre héros et sa fine équipe, l'enquête déborde aussi des frontières mongoliennes et est donc menée en parallèle par nos amis et ceux qui rejoignent l'enquête puis notre joyeuse troupe.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher et si j'ai trouvé certaines scènes outrancièresdans leur violence, et que certains lecteurs risquent le lien entre les deux enquêtes plausibles mais sans plus (moi je trouve que ça tient la route), pour ma part, j'ai encore tout simplement adoré !

Dommage que ce ne soit qu'une trilogie.
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lundi 1 novembre 2021

Yeruldelgger


4 de couv' :
Rude journée pour le commissaire Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnkhen. A l’aube, il apprend que trois Chinois ont été découpés au cutter dans une usine près d’Oulan-Bator. Quelques heures plus tard, dans la steppe, il déterre le cadavre d’une fillette aux boucles blondes agrippée à son tricycle rose.

J'avais beaucoup entendu parler de ce polar mais comme pour tout roman ayant beaucoup de succès, je l'ai évité, de peur d'être déçue.

Et je pense que j'ai bien fait, car j'ai vraiment adoré. En dehors des enquêtes et de leur très bonne construction, c'est aussi tout un pays que l'on découvre : ses traditions, ses paysages. Quant aux personnages, l'amitié qui les relie donne envie au lecteur d'en faire partie et nous accroche d'autant plus à la lecture de ce premier tome. Même si j'avais  compris l'intrigue dans ses grandes lignes, le dénouement m'a plutôt réjouie.

Une série à suivre sans modération.
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mardi 26 octobre 2021

La police des fleurs, des arbres et des forêts


4 de couv' :
Sous la chaleur étouffante de l'été 1961, un officier de police de la grande ville est dépêché à P., village perdu dans lequel on vient de faire une macabre découverte : Joël, seize ans, a été retrouvé découpé en morceaux dans une des cuves de l'usine de confiture.
L'inspecteur citadin est accueilli par le garde champêtre, qui tien plus du gendarme de Guignol que de l'adjoint efficace, et découvre une commune dont les habitants semblent étonnamment peu affectés par le drame. Pour compliquer l'affaire, un orage empêche toute liaison téléphonique, l'autopsie a été pratiquée par le vétérinaire improvisé médecin légiste, et la victime est déjà enterrée.
Avec cette enquête littéraire jubilatoire, insolite et surprenante, Romain Puértolas s'affranchit de tous les codes.


Jubilatoire.

Ce roman, reprenant tous les codes du roman policier, est une sorte de pastiche de ce genre. Ceux qui vont le lire en croyant lire un vrai polar (ce qu'il est aussi par ailleurs), risquent d'être déçus. Ceux qui, comme moi, le lisent comme un genre de polar, vont aimer, voire adorer. Il m'a beaucoup fait penser à "Le mystère Sherlock" que j'avais adoré.
D'ailleurs, l'aspect à part du roman est vite posé avec une histoire d'herbe rouge, allusion (confirmée par la suite) au roman de Boris Vian. Rien que là, on se dit qu'il y a décalage.

Et l'aspect polar en lui-même, me direz-vous ? Une réussite. Non seulement l'auteur, comme je le disais plus haut, reprend tous les codes du polar, mais il le fait bien.
L'histoire est bien construite, bien menée, les personnages et l'environnement dans lequel ils évoluent sont bien décrits et forment un ensemble harmonieux et cohérent.
Les pistes sont bien amenées et je dois bien reconnaître que les indices les plus importants, révélés en toute fin de livre, étaient effectivement flagrants. Je les ai donc (re)découverts dans un grand éclat de rire, d'autant plus grand que l'enquêteur, qui lui aussi était passé à côté, est franchement consterné.

Un livre à relire avec ce nouvel éclairage.

Un ovni dans le monde du polar, mais j'aimerais bien que l'auteur soit du genre récidiviste...
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dimanche 24 octobre 2021

Le cercle du karma


4 de couv' :
Frustrée de n'avoir pu accéder le savoir, réservé dans la tradition bhoutanaise, aux enfants de sexe masculin, la jeune Tsomo, après le décès de sa mère bien-aimée, prend prétexte d'aller célébrer la mémoire de cette dernière dans un temple éloigné pour quitter sa famille. Ainsi débute la longue marche en forme d'odyssée qui va tenir lieu d'existence à Tsomo et la mener de son village près de Thimphu, la capitale du Bhoutan, à Kalimpong en Inde et jusqu'à Bodh Gaya, haut lieu du bouddhisme.
Premier roman en provenance du Bhoutan, un pays longtemps "interdit", ce foisonnant récit initiatique est une invitationà voyager au coeur d'une culture profondément méconnue. Brossant le portrait d'une génération de femmes pionnières prenant en main leur destin, Kunzang Choden offre, sur son pays, des aperçus inédits et particulièrement audacieux, car abordés avec une simplicité et une franchise - voire, parfois, un humour - qui ne cessent de surprendre.


Ce roman, récit de la vie d'une femme de sa naissance à sa mort, est le fabuleux prétexte pour découvrir un pays, une culture, une société et toute une époque. Et une femme courageuse.

Dépaysant, émouvant, enrichissant.

A découvrir !
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vendredi 22 octobre 2021

Et ça continue, encore et encore...

 



(encore une fois, ne me remerciez pas pour le titre et la chanson que vous allez avoir en tête, c'est cadeau)

Oui, d'accord, je suis une récidiviste : non contente d'avoir fait une razzia lors de la foire aux livres (entre autres) des médiathèques de Brest, j'ai remis ça le week-end dernier avec la foire aux livres annuelle de ma librairie.

Sur la photo, ma récolte. 11 livres pour 25,50 euros.

Je viens d'en finir un, et excusez-moi de vous laisser là, mais je repars sur un autre.

(c'est que le début, d'accord, d'accord...)
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dimanche 17 octobre 2021

Qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenseur ?


4 de couv' :
Chez Kim Young-ha, les vampires ne mordent pas, les écrivains ont peur de leur ombre, et c'est par amour qu'un homme devient invisible. Lorsque ses histoires se colorent de fantastique, c'est une étrangeté qui serait comme l'empreinte rémanente d'une vérité philosophique. Parfois, dès le réveil, vous avez le pressentiment que tout ira de travers. Une de ces journées où les gestes les plus simples comme se raser, prendre lebus ou monter dans un ascenseur peuvent avoir des conséquences désastreuses. Où la succession de catastrophes devient un cascade de gags révélateurs de l'absurdité de notre condition.
Entre Kafka et BusterKeaton, des nouvelles scintillantes d'humour noir !

Parmi tous ceux acheté lors de la foire aux livres des médiathèques de Brest, j'ai choisi ce livre presque par hasard.
J'ai failli ne pas le voir, mon oeil a de justesse aperçu le titre dont l'originalité a attiré son attention, puis j'ai lu la quatrième de couverture, ai eu de suite envie de le lire tellement elle m'a amusée, l'ai de suite reposé en voyant qu'il s'agissait de nouvelles... pour le reprendre presque aussitôt, titillée par les thèmes, le titre, la couverture et surtout l'envie de lire un livre humoristique dans cette morosité ambiante alimentée par les grignous de tout poil que nous subissons en ce moment.

Et bien pour quelqu'un qui ne raffole pas des nouvelles, j'ai plutôt été agréablement surprise, et je pense renouer avec ce format littéraire.

L'originalité de ces quatre histoires (je confirme pour l'aspect Kafkaïen de certaines d'entre elles), leur humour, la découverte de cet auteur coréen par ailleurs connu pour ses romans, m'a enthousiasmée.

Une pépite, qui m'a confortée dans l'idée de retourner à la foire aux livres de l'année prochaine.
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samedi 16 octobre 2021

Pour le plaisir



(oui, je sais, ne me remerciez pas pour le titre, vous allez avoir cette chanson en tête toute la journée, du pur bonheur. Hem.)

J'ai fait une razzia, le week-end dernier (voir photo).

Comme tous les ans, les médiathèques de Brest destockent une partie de leurs ouvrages, livres, magazines, CD et vidéos inclus, et organisent une foire aux livres ouverte à tous, même les non-abonnés aux médiathèques. Les prix affichés sont de 2 ou 5 euros, mais ceux-ci ne doivent pas être les seuls critères car pour ma part, je suis repartie avec 11 livres pour un prix global de 15 euros seulement (Noël avant l'heure !!!!!).
Sans compter la distribution gratuite de marque-pages (voir éventail sur la photo), j'ai raflé toute la collection. Signopaginophile suis-je. Ne me remerciez pas pour le nouveau mot appris aujourd'hui, c'est cadeau.

En dehors des tarifs, l'intérêt principal a été pour moi de découvrir des livres et des auteurs (et donc à travers ces auteurs, potentiellement encore d'autres livres) dont je n'avais jamais entendu parler, à deux exceptions près. Et pour la plupart, des auteurs étrangers.

Donc avant-hier, j'étais en Corée, maintenant je suis au Bouthan, prochaine escale sur l'inspiration du moment.

Que du bonheur!
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vendredi 15 octobre 2021

Les roses de la nuit


4 de couv':
Le corps d'une jeune toxicomane est découvert sur le tombe du héros national de l'indépendance islandaise qui était originaire des fjords de l'Ouest. C'est dans cette région que partent enquêter le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli. Sur place, la situation sociale y est alarmante : la vente des droits de pêche a généré chômage et émigration intérieure massive. C'est alors que disparaît le parrain de la drogue local. Une nouvelle piste s'ouvre...

Voici la deuxième enquête d'Erlendur, publiée pour la première fois en France en octobre 2020 dont j'ai loupé la sortie, comme pour la toute première, je suis donc complètement en désordre.

Si ce n'est pas ma préférée, en particulier en comparaison de toutes celles qui ont obtenu un prix, elle reste très correcte et agréable à lire.
J'ai eu un peu de mal à visualiser les scènes de "nuit":  se passant en Islande et étant donc ensoleillées à 3 heures du matin (je n'arriverais jamais à vivre dans un endroit ou les jours et les nuits durent dans les six mois, mais passons).

A part cela,  on voit qu'il s'agit du début d'une série : les jalons de ce qui fera la marque de fabrique de la série sont encore en train d'être posés, aussi bien les personnages que la construction du livre, j'ai donc apprécié de voir comment cela évoluera par la suite.

Globalement, un assez bon moment de lecture.
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dimanche 10 octobre 2021

Le duel


4 de couv' :
Été 1972. Le commissaire Marion Briem n'a que faire de la Guerre froide, des Russes et des  Américains qui s'affrontent à Reykjavik lors d'un championnat d'échec : un adolescent vient d'être assassiné dansun cinéma de quartier. Pourtant, elle comprend que ce meurtre est liéau duel annoncé. Et dans l'ambiance survoltée qui règne en ville, la tâche du futur mentor d'Erlendur n'a rien d'aisée.


L'originalité de ce livre, en dehors du fait qu'il se passe au début des années 1970, est qu'il est centré uniquement sur Marion Briem, effectivement mentor et amie d'Erlendur qui lui n'apparaît que très brièvement ici.

A noter que c'est quand même la troisième enquête de la série où il n'est pas présent, à croire que l'auteur s'est lassé de son personnage et a eu besoin de faire une pause. Ou tout simplement a-t-il voulu développer davantage tout ce qui se rapporte à son entourage.

Bien que j'aie apprécié que le roman se passe à cette période-là et que l'auteur ait bien retranscrit l'ambiance "guerre froide" de l'époque, avec pour fond d'actualité constant le fameux championnat d'échec, j'ai parfois eu un peu de mal à la lecture, l'écriture m'ayant parue moins bonne que d'habitude.
Je ne sais si c'est c'est un problème de traduction (on a tendance à blâmer les traducteurs, ce que je trouve parfois injuste), ou de correction (j'ai repéré une énorme faute de grammaire et de conjugaison dans la première partie du livre, sachant que j'ai une ancienne édition, cela a peut-être été corrigé par la suite). Ou alors, plus présomptueux de ma part, je suis devenue plus exigeante.

En tout cas, une bonne enquête, intéressante, sur fond de guerre froide mais aussi parce qu'on en apprend plus sur la vie de Marion, certains chapitres étant ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Finalement, l'enquête sert surtout de prétexte à l'auteur de revenir à un personnage qu'il semble apprécier tout particulièrement.

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mardi 28 septembre 2021

Je vous emmène


4 de couv' :
"En ce début des années soixante, nous n'étions pas encore des femmes mais des jeunes filles. Fait qui, sans ironie aucune, était considéré comme un avantage." Ainsi commence cette chronique de la vie d'un campus américain à l'époque où le seul diplôme reconnu pour une demoiselle qui se respecte était une bague de fiançailles.
Que se passe-t-il dans ce monde édulcoré quand une jeune femme pas comme les autres s'éprend d'un étudiant noir alors que la ségrégation raciale bat son plein ? Voilà le point de départ de ce tableau d'uneAmérique avant la tempête, encore perdue dans ses rêves d'innocence. Pourtant, la colère monte chez les "citoyens de deuxième classe", et on sent déjà les premiers frémissements d'une contestation qui ébranlera les certitudes et mettra à jour les tabous de toute une nation.
Mais bien plus qu'une réflexion critique sur une période souvent évoquée avec nostalgie, Je vous emmène retrace les parcours d'une jeune femme indépendante, à la fois vulnérable et rebelle. Pleine d'humour et de doutes, c'est dans l'écriture qu'elle trouvera sa place et construira son identité en dehors des modèles offerts.

Je ne reconnais pas tout à fait le roman que je viens de lire dans le quatrième de couverture.

Il s'agit plus d'un roman sur une jeune fille puis jeune femme qui se cherche, dont la personnalité est encore en construction, et qui cherche un but à sa vie. On ne saura d'ailleurs jamais son véritable nom.

Comme beaucoup de personnages de Oates, elle a une personnalité trouble, atypique, un peu instable, mais déterminée et forte.

Le roman se divise en trois parties : sa vie dans la sororité, son histoire d'amour avec un étudiant noir, et une troisième partie dont je ne peux rien dire sans divulgâcher.

Si la deuxième partie est la plus grande, le roman n'est pas vraiment centré sur son histoire avec cet étudiant et si la ségrégation est en effet évoquée, ce n'est guère le thème principal.

Les trois parties sont différentes les unes des autres mais ont en commun le personnage central et sa quête d'identité, son parcours vers la maturité.

Mais je retiens aussi et surtout de ce roman la perfection de l'écriture et sa belle musicalité.
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jeudi 23 septembre 2021

Dubitative



N'est-il pas redondant ou égocentrique de prendre le bus en trimbalant (de façon inconsciemment ostentatoire) un livre dont le titre est : "Je vous emmène".

Question du soir (dans le bus), bonsoir...

(nan mais le plus dur, en fait, a été de ne pas éclater de rire en y pensant).
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mercredi 22 septembre 2021

Lectures de saison

 



Pour beaucoup l'automne est la fin de la belle saison, de la chaleur, de la gaieté et le début des jours qui raccourcissent, du froid, de la morosité, du manque de lumière. Ajoutez la Toussaint en plein milieu, et il y a de quoi déprimer (et non je ne parlerai pas d'Halloween, je rejette).

Pour moi, tous ces défauts en font la saison cocooning : se pelotonner sous un plaid avec à portée de main un délicieux thé (ou lait chaud au miel et à la cannelle ou chocolat) à savourer tout au long de mes lectures, installée dans "mon" fauteuil à lecture située près de la fenêtre du salon, où je profite de la lumière naturelle et surtout d'où je vois les arbres du quartier se parer de leurs plus belles couleurs avant leur hibernation d'hiver (pendant lequel ils se requinquent avant de nous enchanter de leur renouveau de printemps), rien de mieux !

Bizarrement, j'ai des saisons pour mes lectures. Ou plutôt, des lectures spécifiques aux saisons, mettez cela dans l'ordre que vous souhaitez.
Ce seront avant tout les polars noirs, en particulier ceux de Philip Kerr et d'Arnaldur Indridason ou encore James Lee Burke. Je ne les lis pas que là, mais je trouve que la saison s'y prête bien : à saison où on sort peut-être un peu moins, romans imposant une lecture plus lente.
Dans cette même logique, je privilégie aussi les classiques, et les romans autres que polars qui méritent une lecture plus attentive, et donc en effet plus lente. Ou les pavés, quel que soit le genre. Tant qu'à moins bouger autant s'immerger dans une saga ou un roman qui dépasse les 500 pages (800 ou 1000 me paraît une bonne moyenne dans cet état d'esprit).

L'automne est donc pour moi autant une belle saison pour les yeux que... pour les yeux. Euh, pour le paysage que pour la lecture.

Bon automne à toutes et tous !
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dimanche 19 septembre 2021

Un invincible été


4 de couv' :
Depuis son retour à Sosua, en République Dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île.
Gaya, sa fille, affirme son indépendance et part aux États-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes. Comme sa mère, elle livre son propre combat à l'aune deses passions.
La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Urena : "Cest en continuant à nous battre pour créer lepays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds."
Mais l'histoire, comme toujours, les rattrapera. De l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République Dominicaine, chacun tracera son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde.
Roman de l'engagement et de la résilience, Un invincible été clôt avec éclat une fresque romanesque impressionnante.


Facilité est le premier mot qui me vient à l'esprit pour qualifier le dernier tome de cette saga, initiée par "Les déracinés" et "l'Américaine"" (et pour le troisième tome, voir ici).

Tout leur semble facile, aux personnages, les études, le travail, le moindre projet et l'argent, ou plutôt la richesse. Cela est dû en grande partie au fait que l'autrice parcoure les années avec rapidité, ce qui est normal, étant donné la période parcourue, de 1980 à nos jour, difficile donc de faire autrement. Mais ça m'a donné un goût d'inachevé et oui décidément, de facilité.

Cela étant, j'ai apprécié de retrouver les personnages et si je regrette que la narratrice soit toujours Ruth et non plus Almah ou pas du tout Gaya, je dois reconnaître que l'autrice quitte ses personnages avec affection et d'élégance.
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dimanche 12 septembre 2021

La tempête qui vient


4 de couv' :
Janvier 1942. Los Angeles est encore sous le choc de l'attaque de Pearl Harbor. Les Américains d'origine japonaise sont massivement arrêtés tandis que les pluies torrentielles s'abattent sur la ville. Un corps est découvert dans Griffith Park à la faveur d'un glissement de terrain. C'est le début du chaos :entre un braquage de grande ampleur qui refait surface, des nazis surexcités, des espions, des trafics de drogue, des flics corrompus, des chassés-croisés amoureux et les "usual suspects" Dudley Smith et le sergent Jackson du LAPD, la troublante Kay Lake, le génie de la police scientifique Hideo Ashida, ainsi que la flamboyante Joan Conville, le maestro Ellroy orchestre une brillante et inoubliable symphonie.

J'avoue, j'ai laissé tomber à la 345ème page (sur 691).

Reprendre une histoire 6 ans après le premier tome, n'est pas évident, surtout avec Ellroy : j'ai du mal à m'y retrouver entre les personnages principaux (nombreux), secondaires (un peu moins nombreux) auxquels ils faut y ajouter les nouveaux. Ajoutez à cela la multitude de détails à se rappeler pour chaque personnage, et vous êtes vite perdus.

Sans compter que c'est du Ellroy, hein : des personnages glauques à souhait, avec leurs complexes, leurs fantasmes, leurs perversions, alcooliques et/ou camés, et vous avez du mal à vous attacher à un seul d'entre eux. Epoque troublée, personnages azimutés, trafics en tous genres.

Un cocktail sinon indigeste, mais trop lourd pour moi à avaler, j'ai préféré laisser tomber. Dommage, car l'intrigue promettait d'être intéressante à suivre.
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vendredi 27 août 2021

Changer l'eau des fleurs


4 de couv' :
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rire et larmes se mélangent au café qu'elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu'un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l'on croyait noires se révèlent lumineuses.
Après l'émotion et le succès des Oubliés des dimanches, Valérie Perrin nous fait partager l'histoire intense d'une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l'ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d'humanité.
Un hymne au merveilleux des choses simples.


Hasard de mes réservations à la médiathèque, je me retrouve encore avec un livre sur le deuil. Je l'avais choisi car à force d'en entendre parler, je me suis dit que je ne pouvais guère y échapper et ai fini par suivre le mouvement. Une fois dans les mains, j'ai eu la surprise de constater qu'il est paru en 2018. Et si je vous dit qu'il est continuellement réservé par au moins 10 personnes sur le réseau des médiathèques de Brest qui en possède 5 exemplaires, c'est vous dire s'il a du succès.

Et un succès amplement mérité, les mots me manquent pour dire à quel point j'ai aimé et je ne sais pas par quoi commencer. Je crois bien ne lui avoir trouvé aucun défaut, à ce livre. L'autre soir, je l'ai lu 3 heures d'affilée qui ont passé à une vitesse dingue et me suis contrainte à arrêter à minuit passé (je n'aurais pas travaillé le lendemain, je le finissais d'une traite à pas d'heures).

On commence donc le livre dans l'idée de découvrir le quotidien d'une gardienne de cimetière et de ses collègues du cimetière et des pompes funèbres. Son quotidien est constitué des visites des familles, de ses amis, et entrecoupé des souvenirs de sa vie d'avant ce métier (on se dit alors, ah ben tiens oui, qu'est-ce qui l'a amené à faire ce métier-là) mais arrivé à plus de 200 pages du roman, on en découvre le vrai sujet, et on se le prend durement, comme un uppercut en plein estomac. Parce que oui, arrivée là, j'en ai eu le souffle coupé.
A partir de là, l'histoire prend une autre, une plus grande dimension, servie depuis le début par la même écriture subtile, délicate, empathique, totalement au service de l'histoire. Elle se poursuit au même rythme et sur le même ton que dans les chapitres précédents, car ce roman, admirablement bien construit, est très équilibré au regard des différentes évolutions de l'histoire.

On avance pas à pas, chapitre après chapitre, et au fil des souvenirs de chacun, on reconstruit toute l'histoire petit à petit au fil des mille et un petits détails apportés par les souvenirs de chacun. Et chaque détail ajouté donne envie d'en savoir plus et à chaque réponse apportée, on découvre qu'il y en a d'autres à découvrir. Et évidemment, on ne saura tout qu'à la toute fin du roman.

L'autrice fait de même pour d'autres personnages, étrangers à la vie de Violette : on reconstruit ainsi leur vie passée via leurs souvenirs (l'autrice a quand même réussi à caser une deuxième histoire sans que cela dénote dans le roman ! Là, bravo).

Et tout cela par petites touches, comme les petites graines semées par Violette dans son jardin.

Mais s'il s'agit d'une histoire de deuil, ce livre est lumineux, aussi émouvant que drôle (j'ai autant versé ma petite larme qu'éclaté de rire, c'est dire), et tellement agréable à lire !

Non vraiment les mots me manquent pour dire à quel point et pourquoi je l'ai autant aimé (et je suis très insatisfaite de cet article).
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dimanche 22 août 2021

La papeterie Tsubaki - La république du bonheur


4 de couv' :
Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres.
Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de voeux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avecles autres et le théâtre de réconciliations inattendues.



4 de couv' :
La vie est douce à Kamakura.
Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d'écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau.
Hatoko s'est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d'être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l'enfant l'art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l'armoise ou du thé vert fait maison.
Mais si Hatoko exelle dans l'art difficile d'écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d'écrire ce qui brille au fond de son coeur.


Bien que j'avais été un peu échaudée par une scène du "Restaurant de l'amour retrouvé", il m'est cependant resté de ce roman une impression de cocon, de gourmandise, de passion du personnage central pour son métier.

J'ai donc eu envie de revenir à cette autrice, avec "La papeterie Tsubaki" et en l'empruntant à la bibliothèque, j'ai eu la surprise d'y trouver aussi sa suite, "La république du bonheur", dont j'ignorais l'existence (ou plutôt, je croyais que c'était un autre roman, pas une suite).

Et je suis ravie de mon choix !

J'ai retrouvé cette douceur, cette application et cette générosité dans le savoir-faire que j'avais tant appréciées dans "Le restaurant de l'amour retrouvé".
Si je trouve parfois que l'écriture pourrait être mieux aboutie, il n'en reste pas moins que j'ai grandement apprécié cette délicatesse, cette poésie qui m'a accompagnée tout le long des deux tomes.

Le premier est découpé en fonction des saisons, ce n'est pas le cas du second, mais l'histoire là aussi évolue en fonction des saisons. Ce qui donne au lecteur non japonais l'occasion de se familiariser avec les coutumes japonaises qui rythment une année.

Quant à l'histoire, en dehors de celle de l'héritière d'une papeterie, elle évoque dans le premier tome plutôt son travail de deuil et son ouverture progressive aux autres. Le deuxième lui aussi traite, de manière différente, le travail de deuil. Et l'accueil d'un tournant dans sa vie, sa nouvelle vie qui commence.
Comme le personnage central, on ne retient que le positif de ces deux romans.

Je ne sais s'il y aura un troisième tome, mais je le souhaite de tout coeur !
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lundi 16 août 2021

Le roi n'avait pas ri


4 de couv' :
Triboulet fut le difforme et volubile bouffon de Louis XII et François Ier. A travers sa vie de frasques et de facéties, il testa à chaque instant les limites de sa liberté. Jusqu'à... la blague de trop.
Le pouvoir tolère-t-il vraiment le rire ? Lorsqu'elle est permise par un roi, l'irrévérence fait-elle révérence ?

Histoire intéressante et divertissante en cette journée de grisaille, personnage intéressant autant par sa personnalité que par son statut, mais je ne serai cependant pas aussi enthousiaste que certains commentaires lus ici et là, l'écriture ne m'ayant guère enthousiasmée.
Difficile aussi pour l'auteur de raconter la vie d'une personne dont on sait peu finalement, à part les quelques saillies qui l'ont fait passer à la postérité (ingrats que sont les rois).

Un bon moment de lecture, sans plus.
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dimanche 15 août 2021

Les déracinés


4 de couv' :
Autriche, 1939 : le climat est de plus en plus hostile. Perdus sur les routes de l'exil, Almah et Wilhelm tirent leur force de l'amour qu'ils se portent : puissant, invincible ou presque. Ils n'ont d'autre choix que de partir en République dominicaine où tout est à construire.
Les colons retroussent leurs manches pour bâtir, en plein coeur de la jungle hostile, plus qu'une colonie : une famille, un avenir. Quelque chose qui ressemble à la vie, peut-être au bonheur...


Difficile de reprendre en bande dessinée un roman aussi dense que "Les déracinés" de Catherine Bardon sans avoir à faire des choix.
C'est pourquoi je regrette qu'il n'y ait pas eu au moins deux tomes pour éviter des raccourcis voire des coupes franches.
Par exemple, la première partie du roman portait sur la rencontre entre Almah et Wilhelm, leur amour naissant jusqu'à leur mariage : ici, l'histoire commence dès leur mariage, or l'intérêt de cette première partie, en dehors de faire connaissance avec les personnages, permettait de voir la vie en Autriche avant et pendant la montée du nazisme.
Par ailleurs, certaines étapes de leur exil ne sont pas ou à peine explicitées ni détaillées, on n'en comprend pas bien les raisons et leur "séjour" dans un camp de réfugiés, qui prend plusieurs chapitres dans le roman, est hélas à peine survolé.

Ceci est un petit regret personnel, car le choix dans cette bande dessinée - en dehors de respecter le roman tome par tome - est d'axer la narration davantage sur l'exil, la errance des immigrés et surtout leur installation sur leur nouvelle terre, où tout est à bâtir aussi bien d'un point de vue collectif que personnel, tout en s'intégrant à la population.

Cela étant, l'esprit du roman est bien présent, l'essentiel est dit (même si parfois survolé) et respecté, et rien que pour cela je lirai la suite s'il y en a une.
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samedi 31 juillet 2021

Rassemblez-vous en mon nom


4 de couv' :
Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté, dominé par les blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.


Je dois avouer que je ne comprends pas le titre. En le voyant, je pensais qu'il s'agirait d'un essai portant davantage sur l'engagement de Maya Angelou sur les droits civiques, mais pas du tout.

Ce court livre de 267 pages ne fait que revenir plus en détails que ses autres livres sur la période d'après-guerre, où son fils avait entre 5 mois et 3 ans.
3 ans d'errances et d'erreurs de jeunesse (ô combien parfois énormes) au terme desquels elle finira par se (re?)trouver, devenir vraiment adulte et transformer son arrogance en fierté et dignité.

Je le déconseille cependant à quiconque n'ayant pas lu au préalable ses autres textes : si j'avais commencé par celui-ci, je n'y aurais rien compris, je l'aurais prise, ainsi que son entourage, pour des fous furieux et me serais sans doute définitivement désintéressée de Maya Angelou, alors que je lui voue une réelle admiration.

Je le conseille donc plutôt à ceux qui l'ont déjà lue, ou sont en train de la lire, en intégrant ce récit chronologiquement.

Mais si quelqu'un pouvait m'expliquer ce titre...
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vendredi 30 juillet 2021

Patria


4 de couv' :
Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir. Afficher des couleurs serait manquer de respect aux morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer à son défunt mari les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de Saint-Sébastien, où son époux a été assassiné. Or le retour de la vieille femme va ébranler l'équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l'organisation terroriste.
Des années de plomb du post-franquisme jusqu'à la fin de la lutte armée, Patria s'attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d'homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L'ETA a désormais déposé les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l'oubli.


Magnifique ! J'ai vraiment été emportée par l'histoire, bien que la chronologie soit bouleversée et que chaque chapitre corresponde à un personnage à la fois, à un moment donné de sa vie, son point de vue.
Un sujet complexe, douloureux, que l'auteur a admirablement bien traité, sans trop de parti pris, sans jugement ni idéalisme. Chacun y donne son opinion.

Le fait que la chronologie ne soit pas respectée permet de reconstruire l'histoire petit à petit, ainsi que la vie de chaque personnage, l'avant comme l'après, et ainsi chaque personnage lui-même.

L'auteur profite du chapitre 109 pour indirectement s'expliquer sur le choix de ce thème et sur ce livre (par le biais d'une conférence où intervient justement un auteur ayant écrit un livre sur le sujet, avec en plus le luxe d'avoir pour contradicteurs un des personnages lui-même). Un chapitre intéressant car montrant que rien n'est simple pour les victimes... ni pour tout auteur écrivant sur le sujet (de préférence par le biais d'une fiction).

Et malgré un sujet aussi dur, lourd et sensible... de l'humour, beaucoup.

Chapeau bas.
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jeudi 29 juillet 2021

Dans la brume électrique

Titre original : Dans la brume électrique des morts confédérés.


4 de couv' :
Une équipe de cinéma s'est installée à New Iberia pour y tourner un film épique sur la guerre de sécession, avec la star hollywoodienne Elrod Sykes. Arrêté par Dave Robicheaux pour conduite en état d'ivresse, l'acteur affirme qu'il a vu, pendant le tournage d'une scène dans un marais, le corps momifié d'un noir enchaîné.
Dave est tenté de croire à ce récit invraisemblable car, trente-cinq ans plus tôt, il a été le témoin impuissant de l'assassinat d'un homme de couleur par deux blancs. Le corps n'avait jamais été retrouvé. Le shérif se moque bien d'un crime vieux de trente-cinq ans, mais lorsque Dave est face au squelette de la victime, il comprend que le souvenir de ce meurtre n'a cessé de le hanter. En fait, il comprend que la guerre de sécession ne s'est jamais arrêtée et que la bataille de New Iberia continue, avec une rare violence.

En ce début de vacances, je me suis replongée avec bonheur dans les aventures de Dave Robicheaux.
Pas seulement pour le côté polar, mais aussi pour cette belle écriture aux accents traînants, les magnifiques descriptions de paysages, des odeurs, l'atmosphère qui s'en dégage, la tension et la rage des personnages qui explose, faisant écho aux orages et tempêtes de saison.

Les personnages, en harmonie avec les éléments, font face aux évènements les plus sombres et lourds de leur passé en essayant de garder le contrôle de leurs émotions et pulsions... sans toutefois toujours y parvenir.
Le tout agrémenté de visions ou rêves de fantômes, improvisés directeurs de conscience.

Du grand, beau James Lee Burke.
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samedi 24 juillet 2021

Rythme de guerre 1 - Les Archives de Roshar - Livre IV


4 de couv' :
Après avoir formé une coalition humaine pour repousser l'invasion des Néantifères, Dalinar et ses Chevaliers Radieux ont mené une campagne aussi brutale qu'impitoyable. Cependant, aucun des deux camps n'a réussi à prendre le dessus, et la guerre s'enlise. Le spectre de la trahison possible de son allié Taravangian pèse sur chacune des décisions stratégiques de Dalinar.
De son côté, Kaladin Béni-des-Foudres doit s'habituer à son nouveau rôle parmi les Chevaliers Radieux tandis que ses Marchevents font face à leurs problèmes : des Fusionnés, de plus en plus nombreux, se réveillent alors que plus aucun sprène d'honneur n'accepte de se lier avec des humains pour faire grossir les rangs des Radieux. Des émissaires de la coalition sont envoyés à la forteresse de l'intégrité Constante pour convaincre les sprènes de se liguer avec eux contre les forces du dieu maléfique Abjection. Sinon, ils devront se confronter à l'horreur de la défaite...


Le bon côté de cette saga, c'est qu'on retrouve avec plaisir les personnages, leur évolution, une bonne écriture, un monde qui nous emporte loin du quotidien morose qu'est le nôtre depuis un an et demi, des rebondissements, et qu'on apprend avec les personnages de nouvelles approches et informations sur ce qu'est leur monde et comment il a été constitué.

Mais : bien que j'apprécie en général qu'un roman avance lentement ou du moins sans faire de raccourci, j'en suis ressortie sans en avoir réellement appris beaucoup plus. Excusable sur un roman de 300 pages, mais beaucoup moins sur un qui en fait plus de 700 !
Autant j'apprécie les introspections de certains des personnages, autant j'apprécie moyennement que d'autres fassent de la figuration (Jasnar, Renarin et Malice en particulier), à moins qu'il n'aient un plus grand rôle dans la prochaine partie. Ni les détails techniques des inventions, qui certes auraient pu être plus longues (et merci à l'auteur, non), dont les descriptions ne m'ont guère parue assez compréhensibles.
Je retrouve le défaut du tome précédent, défaut pour moi car un peu moins bien amené que dans les premiers tomes : trop de "cinéma à grand spectacle". Je m'explique : une période calme, puis des rebondissements et de l'action à forte dose. Même si je dois reconnaître que c'est bien amené dans l'intrigue cependant.

Donc ce serait bien si on avançait un peu plus et un peu mieux dans cette histoire car il me semble que dans les tous premiers tomes, la lente progression de l'histoire était surtout due au fait que l'on suivait davantage de personnages, et non pas seulement une poignée d'entre eux.

Cela étant, j'ai hâte de lire la suite car l'auteur nous a laissé en plein suspense, pour chacun des personnages justement (cinéma à grand spectacle vous dis-je, avec ses qualités aussi).
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samedi 17 juillet 2021

Les roses fauves


4 de couv' :
Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur  lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine de coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir...


Soyons honnête, je ne sais pas si j'étais dans de mauvaises dispositions en démarrant la lecture de ce livre, mais j'ai failli le laisser tomber avant la quarantième page : l'autrice commence l'histoire comme un récit, se mettant elle-même en scène, et sur le moment, cela m'a agacée.
Quand j'ai repris ma lecture le lendemain, je me suis dit que :
1) depuis quand suis-je devenue aussi obtuse ?
2) j'adore cette autrice, je sais ce qu'elle vaut, donc je ne peux pas être déçue aussi facilement
3) c'est sensé être un roman, pas un récit, donc faisons ce que l'autrice a fait : la considérer comme personnage du roman, l'oublier elle en tant que personne réelle.

Et c'est exactement cela ! Heureusement que je n'ai pas laissé tomber, je serais passée à côté d'un des plus beaux romans qu'il m'ait été de lire depuis le début de l'année. Depuis longtemps.

L'écriture, admirable de délicatesse, de beauté, de poésie, d'intelligence, nous porte et nous transporte dans l'histoire, dont je suis ressortie avec l'impression d'avoir suivi les courbes et volutes enivrantes des rosiers qui nous emportent dans un imaginaire foisonnant, magique, beau, tragique et pourtant hymne à la vie, aux vies racontées ici, et surtout faisant la part belle à l'amour.

On croit lire l'histoire d'un postière et de sa famille et on se retrouve avec un magnifique conte où il est question d'amour, d'héritage et de malédiction familiale, de senteurs enivrantes, d'un village, de renaissance à la vie, de beauté, de fantômes, de mystères, de guerres, de volupté, de roses bien sûr car comme le dit l'autrice (celle du livre), il est bien question ici d'en faire un personnage à part entière.
Et tant d'autres choses qui parleront à chacun car nous avons tous notre propre sensibilité.

Rarement un roman m'aura autant transportée.
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samedi 3 juillet 2021

Les bracassées


4 de couv' :
Fleur et Harmonie ont des prénoms un peu... trompeurs.
Harmonie est jeune, nerveuse, sensible. Elle est affligée d'un syndrome pénible, et se collète résolument avec une vie qui ne lui fait pas de cadeaux.
Fleur est âgée, obèse, pétrie d'angoisse, de manies. Elle vit seule avec son chien Mylord et son armoire à pharmacie. Elle se méfie de tout le monde, sauf de son thérapeute, lecher docteur Borodine.
Autour d'elles, Elvire, Tonton, le merveilleux Monsieur poussin. Autant de personnages singuliers, touchants et drôles.
Rien n'aurait dû les rassembler, si ce n'est leur étrangeté et le fait que la société fait d'eux des inclassables, incapables, déclassés, bras cassés.
Dans ce roman, il y a de la musique russe, un petit chien en surpoids, des gens un peu fêlés, des monstres improbables, de très beaux portraits en noir et blanc, de la traîtrise et du drame, et - ce n'est pas du luxe - un peu de tolérance.

Truculent.

C'est drôle, émouvant, exquis !

Roman choral qui donne la parole soit à Fleur, soit à Harmonie, et avec lequel, en ajoutant la vision des choses de chacune, on complète (avec joie voire hilarité) le puzzle des évènements. Le regard que chacune a sur l'autre est un miroir que l'on nous renvoie, à nous lecteurs, et nous interpelle sur nos propres a priori.

Car le fond du roman est celui-là même : le regard que l'on porte sur soi-même (rarement objectif, que ce soit en négatif ou positif) et sur les autres (assez subjectif aussi. Les apparences...).

Et l'écriture, changeante suivant la narratrice des chapitres, est purement délectable. L'autrice a réussi avec brio à nous faire rire (mais pas rire de) tout en nous rendant ses héroïnes aussi attachantes qu'émouvantes.

J'avais beaucoup entendu parler d'elle, je relirai certainement d'autres de ses romans.
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samedi 26 juin 2021

L'appartement du dessous


4 de couv' :
Dans le petit immeuble parisien du Marais où elle vit depuis des lustres, Hectorine voit d'un jour à l'autre l'appartement du dessous investi par une nouvelle voisine, Sarah. Pour lui souhaiter la bienvenue, la vieille dame dépose une lettre sur le pas de sa porte. Cette missive sera suivie de beaucoup d'autres, retraçant une traversée du XXe siècle incroyable, entre le Cabourg de la Recherche, le Berlin du IIIe Reich et le Paris d'après-guerre.
Mais pourquoi toutes ces lettres ? "Un jour, vous saurez", promet la centenaire à Sarah qui se prend au jeu, intriguée par cette voisine invisible dont les confidences laissent percer l'aiguillon d'un douloureux secret...


Exquis. Je viens de passer la matinée à lire avec bonheur ce court roman épistolaire dont je n'ai pas réussi à décrocher du début à la fin. D'une traite !

Si l'écriture n'est pas exceptionnelle (mais certainement ni mauvaise ni plate), l'originalité de la forme fait que l'on est pris par ce jeu de correspondance et que, quelle que soit la rédactrice, le lecteur se surprend d'attendre avec impatience la missive suivante ! La fin, sous forme d'aveu, est inattendue, et c'est tant mieux ! Et on reste ému de cette amitié peu évidente au départ, qui se développe et se renforce au fil de cette correspondance.

Un excellent moment de lecture !
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vendredi 25 juin 2021

Personne n'a peur des gens qui sourient


4 de couv' :
Gloria a choisi ce jour de juin pour partir. Elle file récupérer ses filles à l'école et les embarque sans préavis pour un long voyage. Toutes trois quittent les rives de la Méditerranée en direction du Nord, la maison alsacienne dans la forêt de Kayserheim où Gloria, enfant, passait ses vacances. Pourquoi cette désertion soudaine ? Quelle menace fuit-elle ? Pour le savoir, il faudra revenir en arrière, dans les eaux troubles du passé, rencontrer Giovannangeli, qui l'a prise sous son aile à la disparition de son père, lever le voile sur la mort de Samuel, le père de ses enfants - où était Gloria ce soir-là ? -, et comprendre en fin quel rôle l'avocat Santini a pu jouer dans toute cette histoire.
Jusqu'où peut-on protéger ses enfants ? Dans ce roman tendu à l'extrême, Véronique Ovaldé met en scène un fascinant personnage de mère dont l'inquiétude face au monde se mue en un implacable sang-froid pour l'affronter.


Sublime, somptueux, magnifique. Aussi bien pour l'écriture (surtout l'écriture, quel bonheur de retrouver cette autrice !) que pour l'histoire et la construction de l'histoire, la façon dont tout se complète, petit bout par petit bout, le doute qui s'insinue en nous, lecteurs, jusqu'au dénouement, jusqu'à l'épilogue.

J'ai adoré la musicalité de l'écriture, les personnages, l'histoire, l'humour, les descriptions de paysages, j'ai respiré à fond chaque parfum évoqué, bref, j'ai apprécié pleinement cette lecture. Un vrai bonheur !
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jeudi 24 juin 2021

Un petit carnet rouge


4 de couv' :
À 96 ans, Doris habite seule à Stockholm. Elle n'a plus aucune famille si ce n'est une petite-nièce qui vit aux États-Unis. Son bien le plus précieux est un carnet d'adresses, qu'elle possède depuis 1928. Ce calepin rouge contient le souvenir des gens qu'elle a rencontrés au fil de son existence, et dont elle a rayé les noms à mesure qu'ils ont quitté ce monde.
De l'excentrique bourgeoise pour qui elle a travaillé enfant à l'amour de sa vie rencontré à Paris, de la veuve qui lui a appris l'anglais sur le bateau l'emmenant à New York aux plus grands couturiers français qui l'ont vue d"filer, de l'artiste suédois devenu son confident à sa propre soeur, au destin douloureux, l'existence de Doris est une épopée romantique, tragique et émouvante.


Malgré une écriture assez quelconque et quelques invraisemblances ou situations improbables, je dois reconnaître que je me suis laissée prendre à cette histoire au fil de la lecture.
J'ai bien failli verser ma petite larme vers la fin (mais étant dans le bus j'ai bien dû me retenir).

Donc si l'histoire est assez classique, elle n'en reste pas moins émouvante et plaisante à lire. Un roman comme on les aime en automne, lové sous la couette ou en été sur la plage.
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samedi 19 juin 2021

Tram 83



4 de couv' :
Tous les soirs au tram 83 on voit débouler les étudiants en grève et les creuseurs en mal de sexe, les canetons aguicheurs, les touristes de première classe et les aides-serveuses, les biscottes et les demoiselles d'Avignon, la diva des chemins de fer et Mortel Combat, bref, toute la Ville-Pays prête à en découdre sur des musiques inouïes, réunie là dans l'espoir de voir le monde comme il va et comme il pourrait dégénérer.
Lucien, tout juste débarqué de l'Arrière-Pays pour échapper aux diverses polices politiques, s'accroche à son stylo au milieu du tumulte et se retrouve coincé dans une mine de diamants, en garde à vue, ou dans le lit d'une fille aux seins-grosses-tomates. Pendant ce temps, Requiem, magouilleur en diable, ex-pote du susnommé, et Malingeau, éditeur et amateur de chair fraîche, se disputent allègrement les foules. Car dans la Ville-Pays, il n'y a qu'une chose qui compte : régner sur le Tram 83 et s'attirer les bonnes grâces de ce peuple turbulent et menteur, toujours au bord de l'émeute.


Déroutant.

Je l'ai pris au hasard dans un rayon de la bibliothèque, ne savais pas trop quoi penser du résumé, et ne sais pas beaucoup plus quoi penser du livre maintenant que je l'ai fini.

Le fait est que l'écriture, excellente, poétique, rythmée, énergique, traduit bien le chaos du pays et de la ville où évoluent les personnages. Chaos dans lequel débarque Lucien, personnage totalement en décalage avec ceux qui l'entourent. Car ici tout est question de survie, les codes établis d'avant la guerre ont totalement été balayés, et il n'y a guère de place pour les écrivains. Sauf ceux qui travaillent pour le pouvoir en place, ce que Lucien se refuse de faire. C'est le seul personnage qui refuse la compromission, les trafics en tous genres (ou presque) et pour qui seuls sont valables des principes d'une autre époque.
D'un côté on se dit qu'il est un peu pitoyable dans son entêtement à vouloir vivre de la littérature et selon ses principes, on a envie de le secouer en lui disant, "eh, c'est dans ce monde-là que tu vis, adapte-toi enfin !" et d'un autre côté, on se dit qu'il est la dernière parcelle de lumière dans ce monde si sombre et agité.

Et en même temps, l'auteur distille ça et là quelques critiques bien senties à l'égard des occidentaux (pas que, il y a quelques chinois aussi) qui exploitent leur mine, peu importe le pouvoir en place.

Livre intéressant, à ne lire rien que pour l'écriture, sublime, mais que j'ai failli laisser tomber à la moitié (il ne fait que 200 pages), tant j'avais du mal à me mettre dedans (comme Lucien du reste).
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mardi 15 juin 2021

Celui qui va vers elle ne revient pas


4 de couv' :
Shulem Deen a été élevé dans l'idée qu'il est dangereux de poser des questions. Membre des skver, l'une des communautés hassidiques les plus extrêmes et les plus isolées des États-Unis, il ne connaissait rien au monde extérieur. Si ce n'est qu'il fallait à tout prix l'éviter. Marié à l'âge de dix-huit ans, père de cinq enfants, Shulem Deen alluma un jour un poste de radio- une première transgression minime. Mais sa curiosité fut piquée et le mena dans une bibliothèque, puis sur Internet, et ébranla les fondements de son système de croyances. Craignant d'être découvert, il sera finalement exclu pour hérésie  par sa communauté et acculé à quitter sa propre famille. Dans ce récit passionnant, il raconte ce long et douloureux processus d'émancipation et nous dévoile un monde clos et mystérieux.


Cette lecture fut intéressante à tous points de vue. D'abord en me faisant découvrir une religion que finalement que je ne connais que très peu, en faisant évidemment abstraction des aspects les plus extrêmes, les hassidiques, surtout ceux décrits dans le livre étant les plus extrêmes dans leur rites, et leur façon de vivre et de penser.
La description d'une religion aussi orthodoxe, en immersion, permet de mieux en comprendre tous les mécanismes et peut aisément s'appliquer à n'importe quelle religion ou secte.
Et par extension, à tout mode de vie en vase clos comme par exemple, quelqu'un vivant toute sa vie dans la même ville ou village, ne rencontrant que les mêmes personnes, avec les mêmes opinions, et ne comprenant pas qu'on puisse vouloir vivre ailleurs. Donc même en n'étant pas juifs et encore moins juifs orthodoxes, on s'assimile aisément au narrateur.

Cette immersion est servie par une écriture simple mais soignée, dont chaque mot a été pensé (mention spéciale à la traductrice), amenant chacun à comprendre, assimiler, suivre aisément le cheminement du narrateur.

L'autre force de ce livre est l'humilité du narrateur envers lui-même et son souci d'objectivité quand il expose tous les aspects de sa vie, même les moins glorieux.
Il ne juge pas, il ne blâme pas ou rarement (et encore seulement sur des sujets où à sa place j'aurais eu envie de hurler à la face du monde certaines injustices qui lui ont été faites), il se remet en question, tout en affirmant ses convictions.

Et c'est bien le problème des extrêmes : à force de vouloir suivre à la lettre des principes d'un autre âge, il n'y a pas de possibilité d'évolution, une incapacité et même un rejet à vivre dans le monde moderne... Ce qui facilite l'incapacité pour certains de sortir du seul milieu qu'ils connaissent (et là encore je ne parle pas que des hassidiques).

Un livre aussi pédagogique, instructif, que salutaire, qui a amplement mérité son prix Médicis essai, et que je recommande absolument.
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vendredi 11 juin 2021

Le paradis des poules


4 de couv' :
La rue des Acacias, une rue tranquille de Roumanie, dans une banlieue de province. Les habitants sont retraités ou au chômage, mais les langues ne chôment pas, l'alambic non plus. Quel secret se cache dans les fondations de la maison du Colonel ? La destruction de leur rue aura-t-elle lieu, alors qu'avancent les travaux pharaoniques de Ceausescu ? Qu'advient-il de la P'tite lumière de la transition du temps d'Illiescu, quand les trop nombreux pigeons de ladite transition perdent leurs économies dans des placements aussi mirifiques qu'éphémères ? Lorsque (spoiler)... Ces retraités gouailleurs dérident les plus mélancoliques ; hâbleurs, fanfarons et un tantinet affabulateurs, maris bavards, ils ont l'oeil qui frise, la descente rapide et sont capables de beaucoup de mauvaise foi... Ils sont malicieusement peints par l'auteur qui jette le doute : ses personnages regretteraient-ils "le paradis de poulailler" d'avant 1989 ?


J'ai un peu tronqué le texte de quatrième de couverture, la partie tronquée faisant référence à la fin du livre. Or cette partie est justement le prétexte de l'histoire : un évènement a eu lieu, le lecteur ne sait pas lequel, et cette nouvelle, comme toute nouvelle, fait le tour du quartier, ce qui est un prétexte pour présenter chaque maison et ses occupants... jusqu'à celle où l'évènement a eu lieu et où on apprend enfin ce qui est arrivé.
Or connaissant l'évènement dès le départ, ça m'a gâché et la surprise et un peu la lecture du livre.

Abstraction faite de cela, c'est effectivement la vie de tout un quartier avec des personnages haut en couleur, caricaturés avec tendresse, que l'on découvre.
Et avec eux, une certaine Roumanie, celle d'avant comme celle d'après 1989, car la plupart des personnages étant retraités, ils se souviennent d'avant, parfois avec nostalgie, parfois non, sont déboussolés de leur nouvelle Roumanie. Question de génération, question d'évolution d'un pays qui veut rattraper le reste du monde. On la voit pointer par moment, la jeune génération, et avec elle cette nouvelle façon de vivre et de faire.

Jubilatoire autant qu'intéressant.
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vendredi 4 juin 2021

L'affaire Jane Eyre


4 de couv' :
Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel  point qu'une brigade spéciale a dû être créée pour s'occuper d'affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l'origine des plus folles inventions, on a parfois envie d'un peu plus d'aventure.
Alors, quand Jane Eyre, l'héroïne du livre fétiche de Thrsday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d'une fin certaine...


Autant le dire tout de suite, ce roman est une uchronie dont l'auteur, à l'imagination débridée, s'est totalement lâché. C'est aussi jubilatoire que déroutant et l'histoire dont le cadre est le monde dans les années 1980, mais n'a rien à voir avec notre monde à la même époque, est un polar qui mélange allègrement inventions burlesques, voyages dans le temps, incursion du réel dans l'imaginaire et inversement. Avec une pincée d'humour anglais.

J'avoue avoir été aussi déroutée qu'amusée tout au long de la lecture. L'auteur joue avec la plupart des codes de chaque genre (polar, science-fiction, humour) et contre toute attente, réussit un ensemble assez équilibré. Pour qui aime la fantaisie et aime se laisser porter par ce genre de délire. Pour les autres, ce sera assez déroutant et pesant.

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé cette lecture, on peut le dire, franchement ébouriffante !
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