mardi 15 juin 2021

Celui qui va vers elle ne revient pas


4 de couv' :
Shulem Deen a été élevé dans l'idée qu'il est dangereux de poser des questions. Membre des skver, l'une des communautés hassidiques les plus extrêmes et les plus isolées des États-Unis, il ne connaissait rien au monde extérieur. Si ce n'est qu'il fallait à tout prix l'éviter. Marié à l'âge de dix-huit ans, père de cinq enfants, Shulem Deen alluma un jour un poste de radio- une première transgression minime. Mais sa curiosité fut piquée et le mena dans une bibliothèque, puis sur Internet, et ébranla les fondements de son système de croyances. Craignant d'être découvert, il sera finalement exclu pour hérésie  par sa communauté et acculé à quitter sa propre famille. Dans ce récit passionnant, il raconte ce long et douloureux processus d'émancipation et nous dévoile un monde clos et mystérieux.


Cette lecture fut intéressante à tous points de vue. D'abord en me faisant découvrir une religion que finalement que je ne connais que très peu, en faisant évidemment abstraction des aspects les plus extrêmes, les hassidiques, surtout ceux décrits dans le livre étant les plus extrêmes dans leur rites, et leur façon de vivre et de penser.
La description d'une religion aussi orthodoxe, en immersion, permet de mieux en comprendre tous les mécanismes et peut aisément s'appliquer à n'importe quelle religion ou secte.
Et par extension, à tout mode de vie en vase clos comme par exemple, quelqu'un vivant toute sa vie dans la même ville ou village, ne rencontrant que les mêmes personnes, avec les mêmes opinions, et ne comprenant pas qu'on puisse vouloir vivre ailleurs. Donc même en n'étant pas juifs et encore moins juifs orthodoxes, on s'assimile aisément au narrateur.

Cette immersion est servie par une écriture simple mais soignée, dont chaque mot a été pensé (mention spéciale à la traductrice), amenant chacun à comprendre, assimiler, suivre aisément le cheminement du narrateur.

L'autre force de ce livre est l'humilité du narrateur envers lui-même et son souci d'objectivité quand il expose tous les aspects de sa vie, même les moins glorieux.
Il ne juge pas, il ne blâme pas ou rarement (et encore seulement sur des sujets où à sa place j'aurais eu envie de hurler à la face du monde certaines injustices qui lui ont été faites), il se remet en question, tout en affirmant ses convictions.

Et c'est bien le problème des extrêmes : à force de vouloir suivre à la lettre des principes d'un autre âge, il n'y a pas de possibilité d'évolution, une incapacité et même un rejet à vivre dans le monde moderne... Ce qui facilite l'incapacité pour certains de sortir du seul milieu qu'ils connaissent (et là encore je ne parle pas que des hassidiques).

Un livre aussi pédagogique, instructif, que salutaire, qui a amplement mérité son prix Médicis essai, et que je recommande absolument.
.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire