jeudi 31 mars 2022

Le sourire de la petite juive


4 de couv' :
Un chanteur populaire sur le déclin, un critique redoutable craignant les représailles, une femme dépressive qui se réfugie dans la lecture de polars... Voilà quelques uns des résidents de la rue Hutchison qui nous décrit l'écrivaine Françoise Camirand. C'est dans l'observation de ses voisins, des gens d'origines et de cultures différentes, qui se frôlent san jamais vraiment entrer en contact, qu'elle trouve l'inspiration pour son prochain livre. Dans cette grande fresque bigarrée, toutefois un personnage se détache : celui de Hinda Rochel, une jeune juive hassidique qui confie à son journal intime sa révolte à l'idée de suivre le chemin qu'on a tracé pour elle.
Tous les thèmes chers à Abla Farhoud sont développés avec finesse dans ce roman qui tente de cernet l'énigme de ce qui nous unit et de ce qui nous sépare.


Une écriture agréable, une vie de quartier sous formes de chroniques ou de mini-biographies, avec cependant comme fil conducteur le journal de la petite Hinda Rochel et le personnage de la romancière (forcément...), fait qu'on s'attache à ce quartier et ses habitants.

Sans compter les expressions typiques de Québec qui m'ont ravie au plus haut point, ainsi que la façon de définir un appartement (renseignements pris, futurs lecteurs de ce roman, sachez qu'un 5 1/2 est un appartement avec salon, cuisine, 3 chambres et le 1/2 correspond à la salle de bain !)

Je me suis demandée tout au long du livre si l'autrice parle bien de ses voisins (comme suggéré en début de livre), s'ils sont bien tels qu'elle les a décrits et surtout si leur vie correspond bien à ce qu'elle en raconte et quelle en est la part imaginaire.

Et même si par moment, elle évoque régulièrement par ses personnages âgés la fuite du temps et l'approche de la mort, ce livre restera pour moi aussi sympathique que dépaysant.

Une belle petite découverte.
.

mardi 29 mars 2022

Attentat à Aquae Sextiae


4 de couv' :
Une conspiration politique sous le règne d'Auguste dans la ville d'Aix.
Il y a deux mille ans Aix s'appelait Colonia Julia, mais ses habitants l'appelaient Aquae Sextiae. C'est sur son marché aux esclaves, un de splus fameux de l'empire romain, que Lucius Gallus, vétéran de l'armée du Rhin, retrouve Clodius Sertorius, son ancien bras droit. Comment s'est-il retrouvé là ? Et pourquoi Aemilius Plautius, que certains prétendent être le fils de Cicéron, veut-il à tout racheter Sertorius ?
C'st dans une ville en proie aux complots, aux meurtres et aux attentes politiques que Lucius Gallus, poursuivi par les sbires de Tiberius Nero, tentera dedéjouer la sombre machination qui se trame entre le temple de Belenus et celui de Dexiva.


J'ai eu un peu de mal avec ce livre de Jean d'Aillon, auteur dont j'ai surtout lu les enquêtes de Louis Fronsac.
Ici, changement d'époque : la Rome Antique, juste avant la naissance de Jésus Christ.

Si d'habitude j'aime beaucoup les reconstitutions historiques, cette fois j'ai moins apprécié : trop de vocabulaire (latin) à assimiler, trop de notes de bas de page qui coupent trop souvent la lecture (y compris que tel bâtiment ou rue évoqués se trouvent de nos jours - ou se trouvaient - à telle rue d'Aix) et avais-je vraiment besoin qu'on em détaille à ce point la monnaie de l'époque (même si j'apprécie ce genre de détails habituellement, là ça m'a fait un peu beaucoup à tenter d'assimiler).

Qui plus est, j'ai eu beaucoup de mal avec l'écriture que jen 'ai pas réussi à apprécier. Les phrases ne sont pas toujours bien tournées et il faut dire que j'ai buté dessus dès le premier paragraphe, ce qui n'augurait rien de bon pour la suite.
L'intrigue policière, bien que bien menée et bien construite, reste somme toute assez classique.

J'ai eu l'impression que l'auteur s'est fait plaisir en situant ce roman dans ce passé lointain de sa ville. IL aime sa ville et est enthousiaste à nous la faire découvrir par le biais de ce polar,  mais pour moi qui ne la connaît pas, cet aspect n'est pas ce que j'ai préféré (ni détesté cependant).
Par contre pour tout habitant d'Aix (d'origine ou nouvel arrivant) ou même touriste, je dois reconnaître que ce doit être une façon plaisante de la (re-)découvrir.

Mais le côté polar n'étant qu'un prétexte pour y déambuler, je n'ai pas tellement accroché, dommage.
.

dimanche 27 mars 2022

La trilogie new-yorkaise


4 de couv' :
De toutes les qualités qui ont justifié le succès de la Trilogie new-yorkaise, l'art de la narration est sans doute la plus déterminante. C'est qu'il suffit de s'embarquer dans la première phrase d'une de ces trois romans pour être emporté par les péripéties de l'action et étourdi jusqu'au vertige par les tribulations des personnages. Très vite pourtant le thriller prend une allure de quête métaphysique, et la ville illimitée, insaisissable - New York - devient un gigantesque échiquier où Auster dispose ses pions.
De ces trois romans, il avoue d'ailleurs vers la fin de La Chambre dérobée qu'ils sont une seule et même histoire considérée à des stades différents de la conscience qu'il a pu en avoir. Et d'ajouter : "Il y a longtemps que je me démène pour dire adieu à quelque chose..." Or il est vrai que, dans l'art de dire la dépossession, il est passé maître.


Je ne sais pas trop comment aborder le commentaire de ce livre, qui regroupe trois romans différents et donc trois histoires en apparence différentes, mais avec des thèmes communs.

Il y a clairement un "style Auster" qui m'a plu pour ne pas dire happée dès les premières phrases. L'écriture, fluide parce que travaillée, m'a énormément plue et je n'ai plus eu qu'à me laisser porter par elle tout au long de ces trois histoires.
Et heureusement que l'écriture est là, car je pense sinon que les histoires pourraient en rebuter certains. On se demande où l'auteur veut en venir et si elles commencent toutes de façon normale, ce qui est développé ensuite sort de l'ordinaire (encore que pour chaque histoire, on comprend dès le début que la vie des narrateurs va prendre un drôle de tournant). Auster jongle avec cela et on le suit avec bonheur.

Mais ce que racontent ces trois romans est presque secondaire tant les sujets abordés dans chaque prédominent : l'identité (état civil mais aussi la perception que peut avoir chacun de son identité propre, ce qui fait d'une personne ce qu'elle est), les apparences (ce que l'on perçoit et donne à percevoir aux autres et ce que l'on veut bien voir ou croire), l'écriture (car chaque personnage principal écrit ou veut écrire) et une certaine forme d'obsession dans les buts fixés.

Auster joue avec tout cela à merveille et là où d'autres se seraient fourvoyés en un équilibre précaire, lui a superbement réussi à en faire un ensemble cohérent et parfaitement cadré. Même dans les aspects les plus rocambolesques de chaque histoire on ne peut que se laisser guider (pire, y croire) tant c'est bien écrit et bien pensé.

J'en re-veux d'autres, des comme ça. Je lirai d'autres romans de cet auteur, autant par plaisir de lire son écriture que pour ce qu'il a à nous raconter.
.