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vendredi 29 novembre 2024

Blanc autour

4 de couv' :
En 1832, près de Boston, une "charmante et pittoresque petite école pour jeunes filles accueille une vingtaine de pensionnaires.
Éduquer les filles, c'est un peu ridicule et inutile, pense-t-on alors dans la région. Mais somme toute pas bien méchant.
Jusqu'au jour où la "charmante école" annonce qu'elle acceillera désormais des jeunes filles... Noires.
Trante ans avant l'abolition de l'esclavage, les quelques quinze jeunes élèves de l'école Crandall vont être accueillies par une vague d'hostilité d'une ampleur insensée.
L'Amérique blanche a peur de certains de ses enfants.


J'avais beaucoup entendu parler de cette bande dessinée et de son succès, je me suis donc laissée tenter.

Un succès amplement mérité, tant cet ouvrage traite avec intelligence, douceur, subtilité (et humour !) un sujet particulièrement dur.

Les dessins, tout de rondeur et de finesse, m'ont fait un peu penser aux illustrations de certains livres pour enfants, et de fait, le scénariste et le dessinateur ont réussi à faire en sorte que ce livre soit à la portée de tous.

Et pour conserver son aspect pédagogique et fermer le livre sur une note optimiste, je dois reconnaître que la postface, relatant la biographie de certaines des protagonistes de l'école, et pour une partie d'entre elles leur héritage, donne un un autre relief à ce récit.

A mettre entre toutes les mains !
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vendredi 31 mai 2024

Jolie Blon's Bounce

4 de couv' :
La mort violente d'une enfant provoque très souvent une tragédie familiale. Une adolescente prénommée Amanda a été tuée de deux balles, violée et abandonnée dans un champs de canne à sucre. Puis une prostituée, fille d'un mafieux local, subit le même sort. Très vite, les soupçons se portent sur un musicien noir, le chanteur de blues Tee Bobby Hulin. Bien que Robicheaux ne le porte pas dans son coeur, il ne croit pas à sa culpabilité.
Or l'avocat de Hulin n'est autre n'est autre que Perry Lassalle, qi appartient ç une riche famille de planteurs de New Iberia. Les Lassalle, Robicheaux les connaît et surtout, il connaît la sinistre réputation de l'homme qui fut leur contremaître : un être sadique nommé Legion Guidry.
Comme dans Sunset Limited et Purple Cane Road, Dave Robicheaux va trouver en travers de sa route une incarnation diabolique qui semble douée d'ubiquité. Peu à peu, son enquête se transforme en duel contre un véritable génie du mal...
Le titre de cette onzième aventure de Dave Robicheaux, policier à New Iberia, Louisiane, fait référence, comme souvent chez Burke, à la musique du Sud : Jolie Blon's Bounce est une chanson de 1946, et l'un des protagonistes de l'histoire est un chanteur de blues cajun.


Un vrai bonheur que de me replonger dans une enquête de Dave Robicheaux, héors avec ses failles et ses contradictions, mais surtout avec la beauté de cette écriture, de cette langue (et encore une fois, bravo et merci à Freddy Michalski !).

Je me suis littéralement délectée de cette magnifique écriture, vraiment, cet auteur fait partie de mes favoris, et en littérature, et dans les auteurs de polars. 

Et ce Robicheaux, avec sa façon bien à lui de mener l'enquête. Et le bonheur de suivre l'évolution de la vie d'Alafair...

Pur moment (s) de bonheur littéraire !
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vendredi 30 juin 2023

Purple cane road

4 de couv' :
Elle s'appelait Mae Robicheaux, née Guillory. Elle avait quitté son foyer pour fuir un mari alcoolique, alors que son fils n'était encore qu'un gamin. Elle était devenue serveuse dans une boîte de purple cane road et, un jour, avait trouvé la mort à quelques kilomètres de là, dans des circonstances jamais éclaircies.
C'est le meurtre d'un petit maquereau nommé Zipper Clum qui fait remonter toute l'histoire à la surface, et c'est ainsi que Dave Robicheaux se met en quête des assassins de sa mère.

J'ai assez souvent parlé ici de la série des Dave Robicheaux pour que vous sachiez à quel point ce type de polars fait partie de mes préférés et je crois bien que jamais je ne me lasserai de vanter la splendide écriture de James Lee Burke.

Mais il faut bien reconnaître que ce tome-ci est un de mes préférés, tant la qualité est bien au-dessus des autres.
L'histoire ne tourne pas qu'autour de l'enquête sur la mort de Mae Robicheaux, comme souvent l'auteur nous ramène une autre intrigue, au dénouement aussi surprenant qu'évident, sans oublier les méandres de la politique et des réalités sociales de Louisiane.

Et cette description des paysages, du temps qu'il fait, la psychologie des personnages...

Rien à redire, une fois de plus. Rien à ajouter. Si : merci, monsieur Burke.
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lundi 15 août 2022

Le brasier de l'ange


4 de couv' :
Les Fontenot ont été métayers de la famille Bertrand pendant plusieurs générations, mais Moleen, l'actuel propriétaire, veut les expulser. Alors que la plantation Bertrand est déjà envahie de bulldozers, la vieille Bertie Fontenot soutient qu'elle possède un titre de propriété sur ces terres où, selon la légende, Jacques Lafitte aurait enterré de l'or.
Au même moment, Sony Boy Marsallus, un chien fou dont les exploits au Salvador et auGuatemala lui ont valu une réputation de "survivant indestructible", confie à Dave Robicheaux son journal intime en lui demandant de le garder au cas où il lui arriverait malheur. Or c'est Della, la petite amie de Marsallus, qui est victime de tueurs particulièrement barbares.
Dave mène l'enquête auprès de sa collègue Helen Soileau et de son vieux complice Clete Purcel, et plus il s'efforce d'atteindre la vérité, plus elle lui échappe et plus la menace se précise contre lui et sa famille.


Difficile de faire ici un commentaire qui ne soit pas une redite de ce que j'ai déjà dit précédemment, à savoir sur "Dixie City".

Sur l'histoire en elle-même, la tension va crescendo, avec une pointe mystique que l'on trouvait déjà dans "Dans la brume électrique  des morts confédérés", et notre héros se retrouve progressivement pris dans un étau. Et comme toujours, il essaye de régler les choses à sa manière mais ne fait que les empirer, jusqu'à ce que...

Encore une fois, une histoire admirablement servie par une langue magnifique.
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dimanche 17 novembre 2019

Underground railroad

4 de couv' :
Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d'avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu'elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s'enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.
De la Caroline du Sud à l'Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d'esclaves qui l'oblige à fuir, sans cesse, le "misérable coeur palpitant" des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
L'une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l'"Underground Railroad", le célèbre réseau clandestin d'aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, ls fondements et les mécanismes du racisme.



Avertissement à ceux qui croient tout ce qui est écrit dans les livres au mot près : contrairement à ce qui est décrit dans le livre le fameux "underground railroad", ou chemin de fer souterrain, n'était pas réellement un chemin de fer évoluant sous terre mais plutôt une licence poétique de l'auteur, qui a eu cette bonne idée pour recréer dans son roman ce qui a été le vrai réseau clandestin.
Et si vous voulez en savoir plus sur ce chemin de fer clandestin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_clandestin

Ce livre est tout simplement brillant, magnifique, et rend un superbe hommage à toute la population noire des Etats-Unis, de leur capture en Afrique à leur vie d'esclaves ou d'affranchis.

Excepté pour la licence poétique évoquée plus haut, l'histoire de Cora permet à l'auteur d'aller au plus près de ce que pouvait être la vie d'un(e) esclave. Mais il n'a pas oublié le contexte de la vie aux Etats-Unis à cette époque, ce que cela pouvait signifier pour les blancs également, qui étaient eux-mêmes embourbés dans leur propre système, leurs peurs, leur foi.

Dès le départ, le ton est donné : la vie d'un esclave, si on peut appeler cela une vie, nous suffisamment bien dépeinte dès le début du roman pour que, tout comme Cora, on ait envie qu'elle s'enfuit (à ceci près que nous, on peut refermer le livre à tout moment pour faire une pause), bien que les conséquences, lorsqu'un esclave en fuite soit rattrapé, soient particulièrement atroces. Mais quand on n'a plus rien à perdre qu'une vie abominable...

Tout le parcours de Cora permet à l'auteur de faire une superbe et glaciale reconstitution historique des Etats-Unis de cette époque. Rien que pour cela, il faut le lire.

Un vrai grand beau roman.
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dimanche 2 juin 2019

Va et poste une sentinelle

4 de couv' :
Milieu des années 1950. Jean Louise Finch, dite "Scout", est de retour à Maycomb, sa petite ville natale de l'Alabama, pour rendre visite à son père, Atticus. La nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l'a façonnée mais dont elle croit s'être affranchie en partant vivre à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit...


Je tiens à préciser tout d'abord que ce roman est très différent de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", de la même auteure. Ceux qui s'attendent à y trouver le même esprit seront forcément déçus.
Si vous l'oubliez ou mettez de côté l'autre histoire, celle relatée par la petite Scout, vous serez éblouis.
Je retrouve du Ernest J. Gaines dans ce roman, la même subtilité, la même intelligence pour dire de grandes et profondes choses en peu de mots, en toute simplicité.
Un grand roman du sud des Etats-Unis, qui, je l'espère, va devenir un classique.

Au final, ce livre parle d'évolution.
D'évolution d'une certaine société blanche, qui la refuse, de toute une communauté noire qui a fini par ouvrir les yeux sur le fait que oui, ils ont bien des droits et qu'il serait plus que temps de les faire appliquer, de la rupture entre ces deux mondes (qui existait déjà mais prend une nouvelle forme) et deux époques.

Et l'évolution personnelle de chaque protagoniste : Scout, tout d'abord, qui apprend avec douleur à voir son entourage tel qu'il est réellement et finit par mûrir et enfin devenir adulte. Et qui pour moi, au début du roman, a un côté tête à claque de gamine qui revient chez elle avec un sentiment que tout est acquis et redécouvre la complexité de ses proches et de la société dans laquelle elle a grandi. Et apprend à ne plus voir les choses de façon manichéenne. Le fait de vivre ailleurs et d'avoir une autre vision de cette société dans laquelle elle a grandi lui sera certes douloureux, mais salutaire.
Son père et l'associé de ce dernier, plus complexes qu'ils ne semblent à première vue.
Leur ancienne domestique, qui n'a peut-être pas changé tant que ça au fond, sauf aux yeux de Scout qui sort de sa naïveté enfantine...

Evolution ou non d'ailleurs, les blancs de ces états du sud ne comprenant définitivement pas pourquoi les noirs en demanderaient plus parce que ne comprenant pas qu'ils n'ont jamais rien eu en matière d'égalité de droits, et qui transpirent de peur et donc de haine face à ce bouleversement de leur mode de vie.
Le personnage de la tante en cela est intéressant tant elle est emblématique de cette société bien campée sur ses acquis, persuadée de son bon droit, d'être la garante d'une façon de vivre et de penser dont elle ne réalise pas qu'elle fait depuis longtemps partie du passé. Pas seulement sur les droits des noirs, mais aussi sur la hiérarchie existant dans cette société blanche et patriarcale.
Scout est définitivement de la nouvelle génération de citoyens américains et surtout de la nouvelle génération de femmes qui compte maîtriser sa vie et ne plus se laisser étouffer dans ce carcan et encore moins dans cette société d'apparence, où sa tante porte encore le corset...

Car la complexité du roman et de chaque personnage tient là : une évolution qui pour certains se fait sans eux sans qu'ils le demandent, qui accusent des éléments extérieurs de bouleverser leur vie (le gouvernement, le NAACP), tout se en réunissant en des conseils de citoyens pour se rassurer sur le bien-fondé de la ségrégation...
Et évidemment, ils restent entre eux, il ne viendrait à l'idée de personne d'échanger avec quiconque de la communauté noire du patelin (si tant soit est que l'un d'entre eux souhaiterait tenter l'expérience...). Et encore moins quelqu'un d'extérieur à leur ville ou Etat.
Le passage sur le conseil de citoyens est d'ailleurs celui qui m'a le plus marquée, tant le lecteur, tout comme Scout, se prend une magistrale claque.

Ce roman est à un moment charnière de l'histoire des Etats-Unis et on se le referme avec un sentiment de malaise salutaire tant on sait que le combat à mener sera long, douloureux et pénible pour tous.
Et pas vraiment réglé de nos jours.


"Il l'ouvrit et dit: "Notre texte, aujourd'hui, est tiré du livre d'Isaïe, chapitre 21, verset 6 :
Car ainsi m'a parlé le Seigneur :
Va et poste une sentinelle ; qu'elle annonce ce qu'elle verra""

"(...) c'étaient les mêmes individus qui constituaient l'Empire invisible, qui haïssaient les catholiques ; des Anglo-axons au sang rouge à cent pour cent, habités par l'ignorance et la peur, rubiconds, rustres, respectueux de la loi, ses compatriotes américains - la lie."
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lundi 10 avril 2017

La pluie de néon

4 de couv' :
Avant de passer sur la chaise électrique, Johnny Massina rapporte au lieutenant Dave Robicheaux que sa tête serait mise à prix par les colombiens. En effet, ce dernier avait découvert le cadavre d'une jeune femme dans le bayou et refusé de croire à la noyade accidentelle. Son acharnement à découvrir la vérité provoque une réaction en chaîne de morts violente qui ramène à sa mémoire des souvenirs cauchemardesques, le poussant à chercher l'oubli dans des bars miteux  où son reflet dans les miroirs se brouille, comme la lumière des néons à travers les vitres mouillées de pluie.

Il s'agit ici du tout premier roman de la série des Dave Robichaux. Ce qui aurait pu être un premier opus d'une série un peu maladroit comme c'est souvent le cas se trouve en fait être la solide fondation de la série. L'auteur a particulièrement bien pensé et posé les jalons de ce qui fera le succès de la série : ambiance, descriptions visuelles et olfactives des lieux, description psychologique du personnage central, son environnement (lieu de travail, son entourage...).
Il n'y a rien à jeter, toute la série est déjà là et ce fut un vrai plaisir pour moi de lire ce premier tome après avoir commencé la série par hasard avec le deuxième tome (je devrais vraiment faire ça pu souvent à la bibliothèque, prendre un ouvrage de cette maison d'édition au pif, je ne suis jamais déçue, que des bonnes surprises !).

Du pur bonheur !
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vendredi 7 avril 2017

Une saison pour la peur

4 de couv' :
Chargé de convoyer deux condamnés à mort vers le lieu de leur exécution, Dave Robichaux tombe dans une embuscade et récolte une balle dans la poitrine. Traumatisé par ce retour de la violence dans sa vie, il se laisse néanmoins convaincre par un ami de rejoindre la force spéciale présidentielle sur les stupéfiants. Chargé d'infiltrer la mafia de la Nouvelle-Orléans, il devient l'ami de Tony Cardo, le caïd de la drogue, et croise le chemin de Bootsie Mouton, son premier amour.
Hanté par son passé, obligé de mener double jeu, Dave doit affronter la peur qui est ancrée en lui pour sortir de l'enfer où le destin l'a mis et où il risque de se perdre.

De toute la série des Robichaux que j'ai lus jusqu'à présent, je crois bien que celui-ci est le meilleur.

Le portrait de ce personnage, ses doutes, sa douleur, ses interrogations, sa volonté d'aller au bout de sa mission (tout en se payant le luxe de résoudre une autre affaire) en font l'un des meilleurs que j'ai lu en polar noir. Les autres personnages ne sont pas en reste et le déroulement de l'action, un rythme parfaitement dosé font que ce polar va longtemps rester pour moi la perfection dans le genre.
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vendredi 24 mars 2017

Par la petite porte

4 de couv' :
Copper, le fil métis et illégitime du maître blanc, revient dans la plantation où il est né. Appelé à rendre visite à son oncle, il refuse de passer par la petite porte à l'arrière de la maison, comme l'impose pourtant la tradition ségrégationniste de Louisiane. Son refus est le point de départ d'un bras de fer lourd de sens.

Comme souvent avec Ernest J. Gaines, "Par la petite prote" est un court roman, mais dense par sa portée. Et comme toujours avec cet auteur, chaque mot, chaque phrase tombe juste.

Et une fois n'est coutume, ce roman n'est pas dénué d'humour : si l'entêtement des deux protagonistes est source de tensions et, pour les autres personnages, de stress, il est parfois jubilatoire tant il confine à l'absurde. On ne sait plus lequel est finalement le plus entêté et si on est forcément du côté de Copper, on doit bien admettre qu'il a de qui tenir.

Je le relirai avec plaisir, d'autant qu'une fois de plus avec cet auteur, nous avons ici un roman à plusieurs niveaux de lecture.
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lundi 23 février 2015

Prisonniers du ciel

4 de couv' :
Un petit bimoteur s'écrase dans les marais salants de Louisiane. A son bord, deux femmes venues clandestinement du Salvador, un prêtre, l'homme de main d'un caïd de la Nouvelle-Orléans et une petite fille. En sauvant l'enfant de la noyade, et en décidant, avec sa femme Annie, de la garder, l'ex-lieutenant de la criminelle, Dave Robicheaux, ne sait pas qu'il va mettre sa famille en péril et déchaîner les forces du mal.


Du bon, du très bon bon, de l'excellent polar noir. Je ne me lasserai jamais de faire la pub de cette maison d'édition dont je maintiens que c'est vraiment la meilleure en polar noir.

En dehors du fait que ce polar se passe en Louisiane, donc le Sud des Etats-Unis, et qu'il s'en dégage donc toute une atmosphère dont je suis particulièrement friande, l'écriture est tout simplement délectable  et d'autant plus appréciée quand on prend son temps pour lire ce roman. Nul doute que cet auteur est déjà dans mes préférés.
Certains pourraient être agacés par les atermoiements du personnage central (d'autant que typiquement ex-flic ex-alcoolique de polar noir), mais cela est tellement bien (d)écrit que je ne l'ai pas du tout trouvé gênant...

Les descriptions des paysages sont tout bonnement sublimes, on a l'impression d'y être, d'en sentir toutes les odeurs décrites, la température au celsius près.

J'ai juste eu un peu de mal à entrer dans la mentalité du personnage car il s'agit ici du deuxième roman d'une série et je pense que le décor est tout particulièrement planté dans le premier, mais cela n'est guère gênant. Le fait que Dave Robichaux et sa femme accueillent chez eux une petite fille sans passer par les voies légales et surtout sans en avertir les autorités m'a un peu plus gênée mais je crois bien que c'est là la seule critique que j'ai pu trouver dans ce roman.

Je recommande donc fortement la lecture de cet auteur, conseil que je vais moi-même suivre vous l'auriez deviné.

Et pour une fois, une citation, que j'ai trouvé très juste. Et la recopiant ici, je la trouve d'autant plus juste après les évènements de début janvier :

"La plupart des gens pensent à la violence comme à une chose abstraite. La violence n'est jamais abstraite. Elle est toujours laide, elle avilit et déshumanise toujours, elle choque toujours, elle répugne et laisse les témoins qui y sont confrontés nauséeux et secoués. C'est le but recherché."
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samedi 31 janvier 2015

Les neuf cercles

4 de couv' :
1974. De retour du Vietnam, John Gaines a accepté le poste de shérif de Whytesburg, Mississipi. Une petite ville tranquille jusqu'au jour où l'on découvre, enterré sur la berge de la rivière, le cadavre d'une adolescente. La surprise est de taille : celle-ci n'est autre que Nancy Denton, une jeune fille mystérieusement disparue vingt ans plus tôt, dont le corps a été préservé par la boue. L'autopsie révèle que son coeur a disparu, remplacé par un panier contenant la dépouille d'un serpent. Traumatisé par le Vietnam, cette guerre atroce dont "seuls les morts ont vu la fin", John doit à nouveau faire face à l'horreur. Il va ainsi repartir au combat, un combat singulier cette fois, tant il est vrai qu'un seul corps peut être plus perturbant encore que des centaines. Un combat mené pour une adolescente assassinée et une mère de famille déchirée, un combat contre les secrets et les vérités cachées de sa petite ville tranquille. Si mener une enquête vingt ans après le crime semble une entreprise périlleuse, cela n'est rien à côté de ce qui attend John : une nouvelle traversée des neuf cercles de l'enfer.


J'ai beaucoup aimé cet Ellory, non seulement parce que c'est un très bon polar, mais parce qu'il "fait" assez typique des romans du sud de Etats Unis : cette chaleur toujours présente et menaçante, avec cette tension, qui semblent tout mettre au ralenti  alors que tant d'évènements se produisent, bouleversant la vie des protagonistes.
Et aussi parce que dans son écriture, précisément dans ce roman, je trouve qu'il renoue avec son premier succès, "Seul le silence".

Le seul bémol que d'aucuns pourraient trouver est le rappel régulier, en particulier dans la première moitié du roman, à la guerre du Vietnam (et le parallèle avec la seconde guerre mondiale avec un autre personnage). Personnellement, cela ne m'a absolument pas dérangée d'autant que cela fait partie intégrante de la personnalité du héros, mais je crains que certains lecteurs ne soient rebutés voire abandonnent la lecture en chemin.

Pour ma part, ce roman a tout ce que j'aime, et en polar, et en roman du sud américain, et en roman de R.J. Ellory.
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samedi 13 décembre 2014

Le Chant de Salomon

4 de couv' :
Héritier de la tradition orale et des légendes africaines, Le Chant de Salomon est un retour aux sources de l'odyssée du peuple noir. Entre rêve et réalité, cette fresque retrace la quête mythique de Macon Mort, un adolescent désabusé parti dans le Sud profond chercher d'hypothétiques lingots d'or. Mais le véritable trésor qu'il découvrira sera le secret de ses origines.


J'ai hésité à recopier ici le quatrième de couverture tant il m'a faussé la perception que je pouvais avoir de ce livre en entamant sa lecture. En plus, le départ de Macon vers le sud se fait non pas à son adolescence, mais à l'âge adulte, et dans le dernier quart du roman.
Tout ceci pour dire que si vous avez projeté de lire ce roman et que vous avez la même quatrième de couverture, oubliez-le et démarrez votre lecture sans idée préconçue, vous feriez fausse route comme moi.

Le quatrième de couverture n'est pas faux cependant sur l'idée de quête mythique. Et si Macon est le personnage central du roman, ce dernier ne se limite pas à lui seul, les autres personnages, gravitant autour de lui, ont chacun leur importance, en particulier les femmes car il est aussi question de la condition féminine.
Et comme souvent avec Toni Morrisson, beaucoup de symbolisme, de non-dits qui ne trouvent leur explication que plus tard dans le roman, beaucoup de retours en arrière aussi, la même technique que l'on trouvait dans "Beloved". Et on a l'explication du titre dans la dernière partie.

Pour ceux qui n'ont rien lu de Toni Morrisson, je déconseillerais de commencer par ce roman, car il risque d'en rebuter plus d'un.
Pour ma part, je le relirai sûrement pour en apprécier davantage la qualité littéraire.
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dimanche 6 juillet 2014

Autobiographie de Miss Jane Pittman

4 de couv' :
C'est à plus de cent dix ans que Jane entreprend de raconter l'histoire de sa vie. L'esclavage pendant la guerre de sécession, l'errance pour tenter de rejoindre l'Ohio, la terre des Yankees libérateurs, le labeur dans les plantations blanches de Louisiane, le combat pour l'égalité. Jane Pittman, héroïne et narratrice, mène dans son langage imagé cette émouvante chronique. Inspiré par le récit d'une ancienne esclave, ce roman pourrait s'intituler "Cent ans de servitude".


De tous les romans de Ernest J. Gaines que j'ai lu jusqu'ici, je dois dire que c'est celui qui m'a le moins enthousiasmée.
Ou alors c'est que vu l'âge et donc les périodes traversées par la narratrice, j'en attendais plus et ne pouvait qu'être déçue.

L'écriture de Gaines est simple, ses romans tiennent leur qualité et leur force dans cette simplicité des scènes décrites où pourtant le moindre détail, même le plus banal, compte. C'est ce que j'ai toujours dit et pourtant cette fois, pas de déclic. Et dans le même temps, je  le vois bien, le potentiel du roman.

Mais là, rien, et ça vient de moi. Ou alors ai-je fait le tour du sujet ? De cette manière d'écrire ? Je ne crois pas.

Mon ressenti est quelque chose d'inachevé et/ ou d'être passée à côté de quelque chose qui devrait être évident. Genre "mais qu'ai-je donc fait de mes lunettes ?" alors qu'elles sont sur mon nez. Très frustrant.

D'où mon ressenti d'un personnage énumérant certaines périodes marquantes de sa vie, mais sans passion, trop détachée de ses propres sentiments. D'autres appelleraient ça de la pudeur, je ne sais pas.

Globalement, j'ai assez bien aimé, certains passages m'ont particulièrement plu pour leur côté historique ou social.

Mais cette fichue sensation d'être passée à côté...
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mercredi 13 mars 2013

Dites-leur que je suis un homme

4 de couv' :
Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office. Si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine...


Rarement un texte m'aura autant touchée.

Une écriture sobre, mais juste, sans fioriture, sans détails inutiles. Car tout ce qui est raconté ici a son importance. La moindre anecdote, le moindre détail prennent une autre dimension tant l'écriture de Ernest J. Gaines est puissante.
Le rappel à un passé pas si lointain, un présent incertain, les prémisses des luttes à venir, un tournant dans la société américaine qui s'amorce.
Une dignité plus forte que le reste, chacun la manifestant à sa façon.

Pour moi, les moments forts du roman : la scène du tribunal avec l'odieuse (désespérée ?) tactique de défense de l'avocat, le spectacle de Noël des enfants, la tirade du père Ambrose à Grant, le journal de Jefferson. Et le jour de l'exécution, bien sûr.
Sans voyeurisme, sans ton larmoyant, sans pitié.

Pas un n'en sortira indemne, pas même le lecteur.
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dimanche 21 octobre 2012

Home

4 de couv' :
Toni Morrison nous plonge dans l'Amérique des années 1950.


Je suis fan de Toni Morrison, c'est donc pour cela que j'ai lu "Home", pas seulement parce qu'il vient de sortir et à cause du battage médiatique autour.
A ce sujet, je vous recommande d'ailleurs plus particulièrement cette émission de radio dont j'ai déjà parlé ici, qui le 22 septembre évoquait ce roman et l'oeuvre de l'auteure.
Il y aurait tellement plus à en dire de ce roman que ce que je peux faire ici, et je le relirai sûrement un jour avec délectation. Ainsi que toute analyse littéraire.

Une fois de plus, ce roman de Toni Morrison est puissant. Il s'agit d'un cliché d'une époque, un moment donné dans la vie d'un frère et d'une soeur. Pas un roman initiatique, pas vraiment, même si tous deux, à l'issue du trajet effectué par Franck, vont se trouver ou plutôt se retrouver. Se retrouver entre eux mais aussi se retrouver eux-mêmes après les épreuves traversées : leur personnalité, leur dignité, leur humanité.

Dans une écriture concise mais tellement explicite et qui touche au but et à l'âme, on les voit se révéler à eux-mêmes, partir de sombres moments pour atteindre la lumière. Et cela en retournant là où ils ont grandi. Et de ce lieu aussi il y a beaucoup à en dire. Ce qu'il a représenté pour leurs grands-parents, leurs parents, les habitants, et eux-mêmes.

Home sweet home ?
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samedi 5 novembre 2011

La couleur des sentiments


4 de couv' :

Chez les Blancs de Jackson, Mississipi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre état, comme Constantine, qu'on n'a  plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la tolérerait.  Pourtant, poussée par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
Passionnant, drôle émouvant, La Couleur des Sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.


Environ six mois après l'avoir réservé et une erreur d'aiguillage dans la mauvaise bibliothèque, je l'ai enfin récupéré hier. Et lu aujourd'hui (clouée au fond de mon lit avec un rhume aussi foudroyant que carabiné, autant dire que je ne pouvais guère en faire plus aujourd'hui), oubliant d'écouter "Ça peut pas faire de mal", ce dont je ne me suis rendue compte qu'après l'avoir fini. A 21h00. Vive les podcast.

J'adore les romans du sud des Etats-Unis, ça ne vous étonnera donc pas si je vous dis que celui-ci mérite son excellente réputation. J'ai été conquise dès la première page et dès la première page, j'ai su que sa lecture allait couler toute seule. Bien écrit, bien ficelé, sans clichés ni caricature (sauf peut-être pour le personnage de Hilly ?), c'est vraiment un très bon premier roman.

C'est vraiment un premier roman ?

Mon ressenti sur toutes ces femmes est que les blanches, dont la seule perspective de vie est de se marier (et attention, en faisant un bon mariage) et d'avoir des enfants, sont profondément malheureuses. Soumises à ce que leur famille, leur mari, la société attendent d'elles, elles n'ont d'autres sentiments de pouvoir que celui qu'elles peuvent avoir sur les autres, surtout leurs bonnes (et ségrégation oblige, elles ont tous pouvoirs). Incapables de faire la moindre tâche basique, cuisiner, nettoyer et encore moins d'élever leurs enfants, ce sont leurs bonnes qui sont finalement les vraies maîtresses de leur maison.
Ce sentiment de frustration de vie est d'ailleurs évoqué vers la fin. C'est un schéma qu'elles répètent à l'infini, de génération en génération.
Steeker, pas forcément pressée de trouver un mari, dénote dans tout ça et a un pied dans chaque monde : la "bonne" société dont elle est issue où une femme doit absolument savoir tenir son rang et se montrer sous son meilleur jour (contrôle de soi, apparence avec coiffure et vêtements qui conviennent), et étant célibataire, elle habite toujours chez ses parents. Mais au contraire de ses amies, elle sort de l'université avec un diplôme, et non un mari. Travailler pour un journal et travailler à son livre va lui permettre de sortir de ce carcan prédestiné et s'émanciper.
Quant aux noires, malgré la ségrégation, elles sont en quelque sorte plus libres que ces femmes : elles travaillent (certes, parce que pas le choix) et arrivent un peu plus chaque jour, par leur courage et malgré les dangers, à faire tomber les barrières, même si on sent que tout est loin d'être gagné et que ce sont les générations futures qui en bénéficieront le plus. Et malgré les lois et les mentalités ségrégationnistes, les vexations et mesquineries de toutes sortes, elles conservent une force, une dignité, un calme et un stoïcisme inébranlables qui humainement les placent bien au-dessus de leurs patronnes.

C'est surtout un livre de femmes, il y a peu de personnages masculins, ce qui pourrait paraître paradoxal mais est en fait un reflet de cette époque : les hommes ne s'occupent guère de ce qui se passe dans leur foyer, si ce n'est d'un point de vue financier, autre frustration évoquée vers la fin du livre. Mais s'ils ne s'en occupent guère, ils ont cependant tout pouvoir sur leur entourage et la société, ce que l'on ressent constamment. Un monde d'hommes blancs, fait pour eux et par eux.

J'espère en tout cas que le film est à la hauteur de ce livre (je viens de regarder la bande annonce, les scénaristes ont pris quelques libertés en rajoutant ou modifiant certains dialogues et situations, mais l'esprit semble y être, c'est l'essentiel).
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samedi 17 septembre 2011

4 heures du matin


4 de couv' :

Venu se rendre spontanément, un jeune Noir est jeté dans une cellule qu'occupent déjà deux détenus. Au cours de ce huis clos forcé, il découvrira le vrai enjeu de cette nuit de captivité...


Très court roman (84 pages), qui m'a laissée perplexe à la fin. Je m'étais même dit que je ne ferai pas un article dessus, ne voyant pas quoi en dire, mais après une bonne nuit de sommeil...

Il s'agit d'un tranche de vie d'un homme (douze petites heures) dont l'intérêt n'est pas l'action (on ne peut pas dire qu'il y en ait beaucoup), mais cette expérience, à ce moment charnière de sa vie où l'on sent qu'il est entre eux périodes de sa vie.

Quant à l'enjeu évoqué dans le quatrième de couverture, il m'a un temps laissée interrogative, je pense qu'il s'agit de la dignité humaine : ne pas se laisser aller à une certaine fatalité soi-disant culturelle comme le prétend Munford, l'un des personnages, mais prendre son destin en main, ne pas se cacher derrière cette "culture" avec laquelle Munford a gâché sa vie en s'y soumettant.

Court roman, lecture rapide, mais de quoi réfléchir.

Par ailleurs, ce doit être le deuxième roman que je lis de cet auteur et dont je me dis qu'il ferait une intéressante pièce de théâtre. La brièveté de l'histoire en ferait plus une scènette qu'une pièce entière, mais ce serait pour un club ou cours de théâtre un excellent exercice de style que de le transposer en pièce, en faire la mise en scène, le jouer. Avis aux amateurs (si ce n'est déjà fait) !
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vendredi 29 juillet 2011

Pour un coup d'essai...


4 de couv' :

Jim Lamar? «Quand je dis que c’est pas lui, je veux dire que c’est plus lui.» Voici le commentaire qui accueille après treize ans d’absence le revenant, le rescapé de la guerre du Vietnam. Un pays dont on se soucie peu ici à Stanford: l’interminable Mekong est si loin du boueux Mississippi… Et le retour tardif de Jim – Saigon a été abandonné depuis de longues années par les troupes américaines – n’est plus souhaité par personne. Son intention de se réapproprier la ferme familiale, objet de toutes les convoitises, et ses manières d’ermite dérangent tout le monde. Tout le monde, à l’exception du jeune Billy qui, en regardant et en écoutant Jim le temps d’un été, va en apprendre bien plus sur les hommes que durant les treize années de sa courte existence.


Ce livre est un petit bijou.


Habituellement, je me méfie des livres/films/artistes/ou autres qui suscitent un réel engouement, mais je reconnais volontiers que ce premier roman le mérite absolument. Il est parfaitement bien écrit, au point que je n'ai pas pu m'empêcher de lire certains passages à haute voix (NDLR : ça m'arrive de plus en plus souvent cette manie d'ailleurs. Les voisins vont finir par croire que je parle toute seule. Surtout quand il s'agit de dialogues...).


C'est un roman dit "du sud des Etats-Unis", genre que j'affectionne tout particulièrement et bien qu'écrit par un français, je n'ai pas été déçue. L'ambiance, la façon de décrire les personnages, le coin où l'histoire se passe et les personnages dont il s'agit, tout cela est vraiment typique de ce genre de romans, et Lionel Salaün a pourtant su éviter un roman de plus dans ce genre littéraire, il y apporte vraiment quelque chose. Et la description des paysages est un vrai bonheur, non seulement on s'y croirait mais on a envie d'y être réellement.


J'ai apprécié aussi que le narrateur soit un adulte qui revient sur l'époque de ses treize ans. Il reprend sa vision des choses et sa candeur de l'époque avec cependant le recul de la maturité.
On se sent du coup proche de l'enfant qu'il était alors, qui du haut de ses treize ans, découvre la vie et ses diverses facettes, et surtout ce fameux Jim Lamar dont le retour au pays en fait oublier à tous les derniers ragots du coin.
C'est avec lui qu'on découvre son histoire, ce qu'il a vécu au Vietnam, pourquoi il a mit tant de temps à revenir et pourquoi il revient.


Je ne sais pas de quoi parlera le prochain roman de Lionel Salaün, mais j'ai hâte de le lire.
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samedi 25 juin 2011

Seul le silence


4 de couv' :

Un paisible village de Géorgie où une série de meurtres de petites filles, sur plusieurs années, vient troubler cette quiétude. Joseph a 11 ans lorsqu'est découvert le premier corps, 14 lorsqu'il en découvre un à son tour, 23 lorsqu'il part vivre à New York entamer une carrière d'écrivain, croyant le mystère élucidé. Mais on n'échappe pas à son destin...

(Je me suis permise d'écrire moi-même le "quatrième de couverture" puisque celui qui apparaît sur les livres a été fait par quelqu'un qui n'a visiblement pas lu ce roman ou s'en est fait faire un résumé qu'il a vaguement écouté pour le retranscrire de façon approximative. Ou alors, il l'a écrit bien longtemps après l'avoir lu, les souvenirs un peu flou. A moins qu'il/elle en avait beaucoup trop à faire à la fois et s'est emmêlé les crayons.
Désolée d'être un peu lapidaire sur ce point, mais il très important, ce quatrième de couverture, pour les lecteurs : dans le choix d'un livre, et dans sa lecture ensuite.
Mais ce sera là ma seule critique de ce roman, qui n'est pas donc pas due à l'auteur.)

Ce roman est magnifique, extrêmement bien écrit, extrêmement bien pensé. Plus qu'un simple polar, c'est un portrait d'homme, de son enfance, ou plutôt la fin de son enfance, la vie ne lui épargnant pas les coups durs dès le plus jeune âge, jusqu'à ses 40 ans. C'est aussi en toile de fond une vision d'une certaine société américaine (un village du sud des Etats-Unis des années 30 aux années 60, et le New-York des années 50-60).
J'adore les romans du sud des Etats-Unis, celui-ci est un vrai bonheur.

Pour le côté polar, nous sommes d'abord comme les habitants de cette petite ville : qui ? Qui a pu faire cela ? L'un d'entre eux ou quelqu'un d'extérieur ?
Plus tard dans le roman, j'ai cru deviner qui était l'auteur des meurtres et avais même deux hypothèses, mais  l'auteur nous amène avec habileté au dénouement en nous surprenant dans les dernières 10 pages avec la confrontation finale. Un dénouement très bien amené, je ne l'avais pas vu venir (bon, c'est vrai qu'à 1h heure du matin...).

L'auteur a aimé écrire ce roman (un vrai grand roman) et on le ressent à chaque page, à chaque ligne si ce n'est à chaque mot. Mention spéciale au traducteur qui a fait un remarquable travail de traduction littéraire.

J'aurais juste un bémol sur le titre en français, même si je comprends la démarche de traduction et la démarche littéraire de la traduction. Le titre en français fait référence à une phrase importante du roman à un des moments clefs dans le premier tiers, puis un deuxième dans le dernier tiers.
Mais j'aurais quand même préféré un titre qui rappelle un peu plus le titre original ("A quiet belief in angels"), vu la place que prennent les anges dans la vie de Joseph et tout au long du roman (sans que ce soit obsessionnel, je vous rassure). Et vu l'importance de ce titre précisément dans ce roman (lisez-le, vous comprendrez ce que je veux dire dans le dernier tiers du livre).
Je pense que le choix de ce titre en français n'a pas dû être facile, et il faut dire que le titre original sonnerait moins bien en français même si plus proche de l'esprit du roman.
Mais, j'insiste, le traducteur a fait un très beau travail et a visiblement lui aussi aimé ce roman. Et j'espère que c'est lui qui a traduit les suivants.

Comptez sur moi pour les lire !

dimanche 29 mai 2011

Puissant (26/02/2011)


4 de couv' :

"Beloved est une inscription gravée sur une tombe : le nom d'un fantôme. Celui d'une petite fille égorgée par sa mère, une esclave noire évadée d'une plantation en 1870. Un crime commis au nom de l'amour et de la détresse pour que l'enfant ne retombe pas aux mains du maître. A travers la malédiction d'un bébé qui revient hanter sa mère, le roman de Toni Morrison (Prix Pulitzer 1988) conte la folie de l'esclavage bien plus puissamment que les racines les plus noires." (Christophe Tison, Glamour, 1990)

J'avais acheté ce roman il y a une dizaine d'années après avoir lu un autre roman de Toni Morrison, "L'oeil le plus bleu", qui m'avait enthousiasmée.
Seulement voilà ce dernier si on ne regarde que la facilité de la lecture, est nettement plus abordable que "Beloved", plus difficile d'accès. De plus, j'étais très imprégnée encore de "L'oeil le plus bleu", qui ne se passe pas à la même époque et croyais sans doute bêtement qu'il s'agissait du même sujet (pas du tout).
J'avais donc vite laissé tombé ce roman à l'époque, car je n'arrivais pas à entrer dedans, me disant que peut-être, un jour, j'aurais le courage de le reprendre et de m'y remettre. Et c'est ce que j'ai fait, 12 ans plus tard, il y a deux semaines.

Effectivement, ce livre, pour l'apprécier pleinement, se mérite.
Si vous ne concevez pas la lecture autrement que par des livres d'une facilité de lecture telle qu'ils se lisent d'un traite, parce que la narration est linéaire et fait uniquement référence à ce que vous concevez et connaissez déjà, bref, que la lecture est juste un moyen de passer le temps et non une découverte de différents auteurs et styles littéraires, ben... Ça sera un peu compliqué de lire celui-là.

Déjà, le fond de l'histoire sort des sentiers battus (mais ceux qui ont lu "La Maison aux esprits" d'Isabel Allende vont se sentir en terrain connu. Tiens, faudra que je le relise celui-là aussi) : un fantôme de bébé qui revient hanter sa maman, il faut en accepter le concept.
Ensuite, il y a de nombreux retours en arrière, mais à différentes époques. Et de nombreuses allusions entre les personnages, qui se comprennent très bien entre eux, mais pas forcément le lecteur car on n'a les explications que quelques pages plus loin. Mais plus on avance dans le livre, mieux on devine à quoi ces allusions font référence.
Et c'est ÇA qui en fait la force de ce roman : le lecteur reconstitue petit à petit un puzzle dont la vision d'ensemble ne peut que nous saisir. D'effroi (l'esclavage), d'émotion (l'âme de chacune des personnes de ce roman), d'admiration (comment vivre avec un tel passé culturel en héritage ?quelle force narrative se dégage de ce roman ! Quelle beauté littéraire !), de gratitude (l'auteur ne prend pas "ses" lecteurs pour des idiots, elle sait que ça narration n'est pas facile d'accès mais elle ne nous y noie pas et nous fait confiance pour réussir à la suivre).

Bon, dit comme cela, vous vous dites "ouh là là, que ce doit être laborieux à lire !" Non, pas tant que cela je vous rassure.

Mais ce roman fait partie de ceux qui se savourent, que l'on prend le temps de lire pour l'apprécier pleinement.

(Pour ma part, mon côté littéraire est vite ressorti et j'ai dû me retenir à maintes reprises de ne pas me précipiter sur un crayon pour sélectionner certains passages et mettre des annotations en marge. Pour un étudiant en littérature, ce doit être le pied de travailler sur ce roman !)