dimanche 29 mai 2011

Puissant (26/02/2011)


4 de couv' :

"Beloved est une inscription gravée sur une tombe : le nom d'un fantôme. Celui d'une petite fille égorgée par sa mère, une esclave noire évadée d'une plantation en 1870. Un crime commis au nom de l'amour et de la détresse pour que l'enfant ne retombe pas aux mains du maître. A travers la malédiction d'un bébé qui revient hanter sa mère, le roman de Toni Morrison (Prix Pulitzer 1988) conte la folie de l'esclavage bien plus puissamment que les racines les plus noires." (Christophe Tison, Glamour, 1990)

J'avais acheté ce roman il y a une dizaine d'années après avoir lu un autre roman de Toni Morrison, "L'oeil le plus bleu", qui m'avait enthousiasmée.
Seulement voilà ce dernier si on ne regarde que la facilité de la lecture, est nettement plus abordable que "Beloved", plus difficile d'accès. De plus, j'étais très imprégnée encore de "L'oeil le plus bleu", qui ne se passe pas à la même époque et croyais sans doute bêtement qu'il s'agissait du même sujet (pas du tout).
J'avais donc vite laissé tombé ce roman à l'époque, car je n'arrivais pas à entrer dedans, me disant que peut-être, un jour, j'aurais le courage de le reprendre et de m'y remettre. Et c'est ce que j'ai fait, 12 ans plus tard, il y a deux semaines.

Effectivement, ce livre, pour l'apprécier pleinement, se mérite.
Si vous ne concevez pas la lecture autrement que par des livres d'une facilité de lecture telle qu'ils se lisent d'un traite, parce que la narration est linéaire et fait uniquement référence à ce que vous concevez et connaissez déjà, bref, que la lecture est juste un moyen de passer le temps et non une découverte de différents auteurs et styles littéraires, ben... Ça sera un peu compliqué de lire celui-là.

Déjà, le fond de l'histoire sort des sentiers battus (mais ceux qui ont lu "La Maison aux esprits" d'Isabel Allende vont se sentir en terrain connu. Tiens, faudra que je le relise celui-là aussi) : un fantôme de bébé qui revient hanter sa maman, il faut en accepter le concept.
Ensuite, il y a de nombreux retours en arrière, mais à différentes époques. Et de nombreuses allusions entre les personnages, qui se comprennent très bien entre eux, mais pas forcément le lecteur car on n'a les explications que quelques pages plus loin. Mais plus on avance dans le livre, mieux on devine à quoi ces allusions font référence.
Et c'est ÇA qui en fait la force de ce roman : le lecteur reconstitue petit à petit un puzzle dont la vision d'ensemble ne peut que nous saisir. D'effroi (l'esclavage), d'émotion (l'âme de chacune des personnes de ce roman), d'admiration (comment vivre avec un tel passé culturel en héritage ?quelle force narrative se dégage de ce roman ! Quelle beauté littéraire !), de gratitude (l'auteur ne prend pas "ses" lecteurs pour des idiots, elle sait que ça narration n'est pas facile d'accès mais elle ne nous y noie pas et nous fait confiance pour réussir à la suivre).

Bon, dit comme cela, vous vous dites "ouh là là, que ce doit être laborieux à lire !" Non, pas tant que cela je vous rassure.

Mais ce roman fait partie de ceux qui se savourent, que l'on prend le temps de lire pour l'apprécier pleinement.

(Pour ma part, mon côté littéraire est vite ressorti et j'ai dû me retenir à maintes reprises de ne pas me précipiter sur un crayon pour sélectionner certains passages et mettre des annotations en marge. Pour un étudiant en littérature, ce doit être le pied de travailler sur ce roman !)

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