vendredi 27 novembre 2015

Petite anecdote en passant


J'étais en début de semaine en formation sur Morlaix. Vingt minutes d'attente avant mon train de retour, je m'installe donc sur un siège dans la gare et sors mon livre de mon sac. Réaction du jeune gars assis près de moi (charmant, ah si j'avais vingt ans de moins, etc.) :

"Ouah, mais c'est un livre, ce truc ?

- Oui, Oui, c'est vrai, c'est un pavé, mais là j'arrive au bout...

(précision : page 100 sur plus de 800. Re-précision : grands yeux ronds de mon interlocuteur)

... car ce n'est que le troisième tome, il y en avait quand même deux autres avant celui-là.

(Re-re-précision : re-gros yeux ronds de mon interlocuteur, qui à ce moment de la conversation se lève car son train arrivait et me dit en plaisantant :)

- Bon ben, bon courage alors !

- Du tout, que du bonheur !"


Pour info, je viens de dépasser la 400ème page de ce tome et compte le finir ce week-end. Avec un peu de chance, c'est donc dimanche dans la journée ou, si j'ai traîné dans la lecture (mais dois-je vraiment faire le ménage et autres joyeusetés du genre ?), la semaine prochaine que vous saurez ce que je pense de ce polar suédois (oups, me suis trahie).
Encore que - voir anecdote ci-dessus - vous vous en doutez déjà.
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jeudi 26 novembre 2015

L'Etoile du Temple

4 de couv' :
Aaron Mayerson, le grand lapidaire juif installé à Troyes, doit polir le fabuleux diamant que la République de Venise offre au roi de France, Philippe le Bel, pour en faire son allié contre Gênes. Sur les terres du lapidaire, après une nuit de tempête, on trouve le cadavre torturé du Templier Agnetti. Il transportait la pierre. Elle demeure introuvable.
Rachel Mayerson parviendra-t-elle à empêcher un piège diabolique de se refermer sur son père ? Jean le Pieux, le bâtard fanatique - bailli du comte de Champagne -, aura-t-il raison de ses ennemis jurés, les juifs et les Templiers, deux communautés dont les destinées se trouvent mystérieusement proches en cette année 1306 ?


J'aime beaucoup les polars historiques et en particulier ceux se déroulant au Moyen-Âge, mais j'ai été déçue par celui-ci.
J'aime bien farfouiller à la bibliothèque dans le rayon polar (bon, d'accord, dans tous les rayons) et je l'avais choisi car cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un Maud Tabachnik et que contrairement à ce que j'avais lu d'elle jusqu'ici, il s'agissait d'un polar historique sur une de mes périodes préférées du genre.

Mais j'ai eu du mal à accrocher sur le personnage central, Rachel, qui ne me semble guère crédible au vu de la condition féminine de l'époque et des différents interdits imposés par sa religion très bien décrits ici. Dans son attitude, elle fait plus femme de ce siècle que de celui où elle évolue et la plupart des hommes qui l'entourent ont tendance à laisser faire, ce qui ne me semble guère réaliste. Oui, d'accord, parce qu'ils l'aiment et la respectent, mais malgré tout je trouve que ça ne va pas dans le contexte historique.

Le polar en lui-même est assez inégal, on avance dans la lecture sans avancer dans l'enquête. Je trouve que l'auteure s'est plus intéressée à l'aspect historique qu'au côté polar, dont le final m'a moyennement plu.

Par contre, parlant du contexte historique, j'ai apprécié la description du quotidien de la communauté juive de l'époque et des persécutions dont ils étaient victimes, car dans les autres polars situés au Moyen-Âge, ils sont généralement rapidement évoqués, qui plus est par des personnages chrétiens.
Ce roman a au moins le mérite de remettre les choses en place à ce sujet.
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mercredi 25 novembre 2015

Black Cherry Blues

4 de couv' :
Lorsque Dave Robichaux tombe sur son vieux camarade d'école, Dixie Lee Pugh, il ne sait pas encore que cette ex-star de rock'n'roll va le précipiter dans une série d'évènements violents qui vont raviver douloureusement le passé. Dixie Lee travaille en effet pour la compagnie de forage qui employait le père de Dave, mort vingt-deux ans plus tôt sur un puits à cause du laxisme des mesures de sécurité. Dixie Lee contracte des baux pour la compagnie sur le Front des Rocheuses, un pays vierge dont les réserves de gaz représentent des centaines de millions de dollars. Mais une partie d'entre elles se trouve sous la Réserve indienne des Pieds Noirs.
Peu après avoir appris à Dave que deux autres démarcheurs de la compagnie, Vidrine et Mapes, ont éliminé des militants indiens qui gênaient leur prospection, Dixie Lee est victime d'un attentat. En voulant l'aider, Dave Robichaux, entraîné dans un tourbillon de violence, n'aura pour soutiens que "le peuple de l'eau" et "les voix qui parlent sous la pluie", celles de sa femme assassinée et de son père déchiqueté dans une explosion.

Après "La femme en vert", dont j'étais complètement imprégnée de l'histoire et de l'ambiance du roman, il m'a été difficile d'embrayer sur une toute autre histoire se déroulant qui plus est à une autre époque et un autre continent. Quand je dis embrayer, je veux dire par là de m'y mettre (et oui, je veux bien dire, prendre le livre, l'ouvrir et enfin commencer à le lire).

Mais dès les premières lignes, impossible d'en décrocher.

Autant le personnage principal m'agace avec cette manie qu'il a de se foutre dans des situations pas possible (commentaires de lectrice : "non, il va pas faire ça quand même", "non mais il se rend compte dans quoi il s'embarque", "oh, ça va mal finir ça encore", "ah ben si il l'a fait") avec parfois des conséquences pire que ce que j'imaginais, mais avec cette irrésistible envie de savoir ce qui va en découler - autant l'ambiance, les paysages, la description du quotidien m'enchantent et me donne envie de prolonger cette lecture et de rester encore un peu avec les personnages.
Par contre, ne vous méprenez pas sur ce que je viens d'écrire : le rythme n'est pas aussi trépidant que je semble le dire, au contraire. Les passionnés de livre d'action où ça saute de tous côtés et se bagarre à tout va en seront pour leur frais.

Bref, cet auteur est donc devenu lui aussi un de mes préférés en polars, difficile pour moi de ne pas me précipiter en librairie pour acheter toute la collection !
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jeudi 29 octobre 2015

La femme en vert

4 de couv' :
Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain.
Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. Cette même nuit, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours sans avoir le temps de lui dire où elle est. Il la retrouve à grand-peine dans le coma et enceinte. Erlendur va tout les jours rendre visite à sa fille inconsciente et, sur les conseils du médecin, lui parle, il lui raconte son enfance de petit paysan et la raison de son horreur des disparitions.
L'enquête nous est livrée en pointillé dans un magnifique récit, violent et émouvant, qui met en scène, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une femme et ses deux enfants. Une femme victime d'un mari cruel qui la bat, menace ses enfants et la pousse à bout.
Voici à nouveau le commissaire Erlendur et ses adjoints Elinborg et Sigurdur Oli dans un récit au rythme et à l'écriture intenses et poignants, aux images fortes et aux personnages attachants et bien construits. La mémoire est comme toujours chez Indridason le pivot de ce roman haletant, qui hante longtemps ses lecteurs.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, aussi bien pour son écriture que pour les personnages, le parallèle entre les deux époques (et la manière dont elles se rejoignent), la progression de l'enquête, et que pour la vie personnelle d'Erlendur. Il cumule tout ce que j'affectionne particulièrement dans les polars, autant dire qu'il est pour moi la perfection dans ce genre.

Décidément, je vais devenir fan de cet auteur.
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mardi 27 octobre 2015

Guide à l'usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie

4 de couv' :
1923. Evangeline, jeune femme éprise de liberté, quitte sa petite vie tranquille en Angleterre. Elle rêve de parcourir le monde à bicyclette et décide de suivre sa soeur Lizzie, devenue missionnaire, sur les routes d'Asie.
De nos jours, à Londres. Frieda hérite d'une mystérieuse femme, Irene Guy. Bien décidée à découvrir les raisons de cette succession inattendue, elle mène l'enquête et rencontre Tayeb, immigré yéménite avec qui elle se lie d'amitié. Sur les traces d'une inconnue, elle va s'offrir un fabuleux voyage vers ses propres origines.

Roman certes sympathique, mais je m'attendais à mieux. Je crois que j'espérais quelque chose de la même veine que Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, j'ai donc forcément été un peu déçue.

Alors que je m'attendais à voir évoqué le parcours de ces deux jeunes femmes tout au long du roman (parcours qui nous est présenté sur la carte en début de livre), le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles restent pour le moins statiques pendant une bonne partie de l'histoire ! Qui plus est, ce roman commence sur une scène des plus abruptes, qui trouve toute sa logique une fois fini le roman (la scène, pas le côté abrupt, encore que...), mais quand même.
Le parallèle entre les deux époques est un peu inégal. Autant la narration d'Evangéline m'a intéressée (pour le côté exotique et d'époque ?) autant celles de Frieda et Tayeb m'ont moyennement emballées avec des retours en arrière qui tombaient parfois un peu "mal-t-a-propos" en donnant l'impression qu'une nouvelle idée était survenue à l'auteure en cours de route pour dénouer telle situation dans l'histoire.
Mais je reconnais que je suis là peut-être un peu critique.

Un assez bon moment de lecture dans l'ensemble.
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dimanche 25 octobre 2015

Profanation

4 de couv' :
Sur le bureau de l'inspecteur Carl Morck, chef du département V, le dossier d'un double meurtre commis en 1987 et impliquant une bande de fils de famille, innocentée par les aveux "spontané" d'un des leurs. Morck s'aperçoit que l'affaire a été hâtivement bouclée et décide de reprendre l'enquête.
Cercles fermés des milieux d'affaires, corruption au plus haut niveau, secrets nauséabonds de la grande bourgeoisie... Adler-Olse mêle suspense implacable et regard acerbe sur son pays.

Je suis un peu moins enthousiaste pour ce roman que pour le précédent, Miséricorde. Il faut dire que je ne raffole pas des détails sanglants ni des personnages de méchants où leurs défauts sont tellement accentués qu'il en deviennent presque caricaturaux ou en tout cas, peu vraisemblables (du moins je l'espère car être malsain à ce point, et en groupe, si c'est du domaine du réel, ça ne rassure guère sur le genre humaine. Déjà qu'en temps normal...).

Cela étant, ce roman est bien construit, malgré des personnages un peu inégaux (en particulier Assam et Rose). J'ai apprécié les trois narrations du roman (les enquêteurs, le groupe de meurtrier, et un autre personnage et son petit monde) qui lui donnent un relief particulier.

Un très bon moment de lecture dans l'ensemble.
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vendredi 23 octobre 2015

Un long chemin vers la liberté

4 de couv' :
Nelson Mandela commence la rédaction de ses souvenirs en 1974 au pénitencier de Robben Island et l'achève après sa libération, en 1990, à l'issue de vingt-sept années de détention. Né et élevé dans la famille royale des Thembus, Mandela gagne Johannesburg où il ouvre le premier cabinet d'avocats noirs. Il devient un des leaders de l'ANC (Congrès national africain).
Dès lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond avec son combat pour la liberté, faisant de lui l'homme clef pour sortir l'Afrique du Sud de l'impasse où l'ont enfermée quarante ans d'apartheid. Un document majeur sur un des grands bouleversements politiques de la fin du XXe siècle.


Ceci n'est pas qu'une simple biographie. C'est aussi un livre d'histoire, de droit, de politique, animé par l'amour que l'auteur porte à son pays. Tout nous y est expliqué dans le moindre détail, et non pas de façon rébarbative, mais suffisamment vulgarisé pour que cela reste à la portée de tous.

Et heureusement parce que ces 758 pages de petite police d'écriture avec quasiment pas de marge auraient très vite pu être très rébarbatives. Là c'est juste un peu long, et je dois bien avouer que j'ai entrecoupé ma lecture avec celle d'autres livres plus "légers" (voir articles précédents).

Long, donc, comme la vie de cet homme, mais passionnant. Il est toujours intéressant, du moins pour moi, de voir l'évolution d'un pays comme l'Afrique du Sud, en particulier par le prisme d'un homme tel que Nelson Mandela. Sans juger personne, il est cependant sans concession autant pour les autres que pour lui-même, et sans artifice.
Les choses telles qu'il les analyse, telles qu'il les a vécues, avec cependant suffisamment de retrait pour gagner le plus possible en objectivité.

A recommander absolument !

jeudi 22 octobre 2015

La citadelle des ombres

4 de couv' :
Robin Hobb entraîne ici le lecteur dans les prémices de la Citadelle des Ombres. La vérité qui se cache derrière le mythe du prince Pie se dévoile grâce au récit de Félicité, compagne roturière de la princesse Prudence de Castelcerf : quand celle-ci donne le jour à un bâtard qui porte sur le corps la robe pie du cheval de son père, c'est Félicité qui se charge de l'élever. Et, lorsque le prince Pie arrive au pouvoir, les intrigues politiques propagent de dangereux discours sur le Vif qui changeront à jamais le royaume...


Soyons objective, je me mets ici en mode fan club (une objectivité très subjective donc).

Il s'agit donc ici de l'histoire du prince Pie. Comparé à la saga de l'Assassin Royal, ce roman s'apparente plutôt à une nouvelle, dont l'intérêt est d'apporter un éclairage nouveau sur la légende de ce prince damné et de rétablir la vérité. Tout comme la nouvelle "retour au pays" apportait un éclairage nouveau sur les premiers habitants du Désert des Pluies.

Si cette nouvelle n'est pas indispensable à la compréhension des différentes sagas de l'Assassin Royal (à propos, une nouvelle série vient de sortir, qui apparemment concernerait davantage Abeille, la fille de Fitz), dont l'écriture ne contient pas la verve habituelle de Robin Hobb, elle reste un sympathique moment de lecture.

L'auteur s'est fait plaisir en écrivant cette histoire, et au final, à nous aussi !
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mardi 20 octobre 2015

Homer et Langley

4 de couv' :
Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue depuis la disparition de leurs parents en 1918, deux frères traversent le siècle en assumant une ardente vocation d'ermites. A leur grand dam, leur solitude est pourtant troublée par deux guerres mondiales ainsi que par les irruptions des multiples acteurs de la comédie humaine dont New York est le théâtre - avec ses immigrants, ses prostituées, ses gangsters et autres musiciens de jazz.
Pianiste aveugle assionné de musique classique, grand amateur de femmes, Homer est à peine plus raisonnable que son frère, Langley, esprit rebelle et farfelu, friand d'objets en tout genre qu'il amasse au gré de ses lubies...
Inspiré d'une histoire vraie - celle des frères Collyer, collectionneurs impulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres -, ce roman drolatique, pétri d'humanité et porté par deux personnages dont la loufoquerie le dispute à l'humour, narre, à sa façon jubilatoire, l'épopée du matérialisme et de la solitude made in USA.


Je suis un peu mitigée sur ce roman. Bien que ce fut un assez agréable moment de lecture, cette dernière m'a été parasitée par un gros (énorme et horripilant) détail : si ce livre est bien inspiré de la vie des frères Collyer, le fait est qu'il s'agit d'une fiction  et non d'une biographie romancée. D'autant qu'il comporte une énormité biographique : les frères Collyer, les vrais, sont morts en 1947. Dans ce roman, l'auteur les fait vivre au-delà des années 1960.

C'est donc une lectrice perplexe qui, arrivée à peine à la moitié du livre alors que les personnages atteignent 1945 (soit 2 ans seulement avant leur décès), s'interrogeaient :
1) plus que 2 ans à vivre et il reste quand même tout ça à lire ?
2) comment ça, le narrateur vient de dire qu'il constateraient tel fait 10 ans plus tard ? 'sont pas censés être déjà morts à ce moment là ?

Certes, le quatrième de couverture précise bien "traversent le siècle" (mais quand tu es né fin XIXème arriver à la moitié du siècle suivant, tu en as traversé une bonne partie...) et "inspiré d'une histoire vraie" (LIBREMENT inspiré d'une histoire vraie aurait été plus juste).

Ce fut quand même un bon moment de lecture, bien que parfois un peu répétitif et moins relevé que ce à quoi je m'attendais.
L'intérêt vaut aussi par cette vie de reclus vue de l'intérieur, bien que le narrateur essaie à peine d'expliquer la manie accumulative de son frère, sans doute parce que personne n'a jamais su ou essayé de le faire à l'époque. Du coup, l'auteur non plus (bien qu'il aurait pu vu qu'il n'a pas hésité à prendre des libertés chronologiques voire historiques avec la réalité..).

Evidemment, cette réclusion volontaire n'améliore par leur relation aux autres et leur compréhension du monde, ce qui en fait en partie la force comique du roman. Ne vous attendez pas cependant à de grands éclats de rire, l'humour ici est assez subtil.

Cela étant, quelle drôle de vie par drôle pour les frères Collyer, et quelle triste fin...
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dimanche 18 octobre 2015

Le crime du comte Neville

4 de couv' :
Ce qui est monstrueux n'est pas nécessairement indigne


A la fois collectionneuse et fidèle en lecture, c'est donc tout logiquement que cette année encore j'ai acheté le dernier Amélie Nothomb en date.
Et j'ai été déçue. Certes, cela fait quelques livres maintenant qu'une majorité de lecteurs estime ses romans moins bons que les tout premiers, je trouvais même le précédent bien meilleur que ceux des dernières années, mais là pas du tout.

Amélie Nothomb est la seule auteure dont je supporte quantité de dialogues qui riment habituellement avec qualité. Ils sont généralement percutants, plein de verve, de style, truculents, relevés et on attend la réplique suivante avec bonheur et délectation.
Là il ne s'agit que de dialogues, lesquels, comparés à ce à quoi elle nous avait habitués tombent un peu plat tellement ils paraissent fades et sans relief.

L'histoire en elle-même est à la base assez intéressante et aurait mérité d'être mieux exploitée, avec plus de profondeur. Là, elle n'est que survolée.

Dommage, car l'idée était bonne et aurait pu facilement atteindre la quasi-perfection. Peut mieux faire donc.
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dimanche 4 octobre 2015

Prix Cezam 2015 - mon classement

Voici donc mon classement pour le prix ittéraire Cezam de cette année. Et comme tous les ans, ce fut difficile d'établir un classement, la plupart m'ayant beaucoup plu, ou au moins certains autant que d'autres, alors trouver un ordre de préférence n'est guère aisé. Pas sans avoir l'impression de "trahir" certains auteurs en tout cas.

A noter que je n'ai pas lu l'un des romans faute de pouvoir l'emprunter à temps (mais 9 romans sur 10, c'est plutôt pas mal quand on sait que je n'ai pas lu que ça !).
Et j'ai refusé d'attribuer une note à "Terminus Belz", tellement j'étais en colère de cette vision que l'auteur donne des bretons (tellement loin de ce que nous sommes réellement) et déçue de ce polar que - contrairement aux commentaires dithyrambiques que j'ai pu lire un peu partout - j'ai trouvé franchement moyen et inégal. Bref, à ce moment là, je ne pouvais pas mettre le moindre point.

Donc, par ordre de préférence, 10 étant la note attribuée au roman préféré :
10 - De père légalement inconnu, de Françoise Cloarec
9 - L'Oubli, de Emma Healey
8 - Le liseur de 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent
7 - Le dernier gardien d'Ellis Island, de Gaëlle Josse
6 - Buvard, de Julia Kerninon
5 - Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre, de Céline Lapertot
4 - Le complexe d'Eden Bellewether, de Benjamin Wood
3 - L'égaré de Lisbonne, de Bruno d'Halluin

Reste à attendre les résultats officiels, je pense que ça se jouera entre L'Oubli et, hélas, Terminus Belz.
A suivre...
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mercredi 19 août 2015

Les Frères Sisters


4 de couv' :
Oregon, 1851. Eli et Charlie Sisters, redoutable tandem de tueurs professionnels aux tempéraments radicalement opposés mais d'égale (et sinistre) réputation, chevauchent vers Sacramento, Californie, où ils ont pour mission d'éxécuter un chercheur d'or. Tandis que Charlie galope sans états d'âme - mais non sans eau-de-vie - vers le crime, Eli ne cesse de s'interroger sur la pertinence de la funeste activité à laquelle tous deux s'adonnent, au fil de rencontres aussi insolites que belliqueuses avec les individus patibulaires ou visionnaires qui hantent l'Amérique de la Ruée vers l'or.
Avec ce roman jubilatoire, où l'humour noir le dispute à une subtile excentricité, Patrick deWitt offre un hommage décalé aux classiques du western en l'inoubliable compagnie de deux frères moins liés par le sang et la violence que par l'indéfectible amour qu'ils se portent silencieusement.


C'est évidemment en toute objectivité que j'ai choisi ce livre : j'ai adoré le dessin et les couleurs de la couverture au premier coup d'oeil. Et une fois lu, je dois bien dire qu'elle correspond tout à fait au ton du roman.

Et que la fan de "Justified" que je suis (n'ayons pas peur du mélange des genres) a beaucoup aimé cette lecture on ne peut plus distrayante pour les vacances !
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mercredi 29 juillet 2015

Terminus Belz

4 de couv' :
Il s'appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de tout sauf du vent. Mais quand le jeune ukrainien débarque du ferry, l'accueil est plutôt rude. Le métier du grand large en a pris un coup, l'embauche est rare sur les chalutiers et les marins rechignent à laisser la place à un étranger. Et puis de curieuses histoires agitent en secret ce port de carte postale que les locaux appellent "l'île des fous". Les hommes d'ici redoutent par-dessus tout les signes de l'Ankou, l'ange de la mort, et pour Marko, les vielle légendes peuvent se montrer aussi redoutables que les flingues de quelques tueurs roumains.
Tricotant avec brio un huis clos inquiétant et une course-poursuite haletante, Emmanuel Grand mène son thriller d'est en ouest à un train d'enfer.


Voici un polar qui est loin de tenir toutes ses promesses (ou plutôt celles de sa campagne de pub). Assez inégal, comme si l'auteur hésitait entre plusieurs styles de polars, je n'y ai de plus pas trouvé la "course-poursuite haletante"promise dans le quatrième de couverture.
J'ai eu la désagréable impression que l'auteur avait utilisé différentes ficelles qui existent dans le polar, en oubliant qu'un bon et vrai auteur de polar n'en aurait utilisé qu'une seule et s'y serait tenu : ici, ce mélange des genres fait que du coup, ça part dans tous les sens et n'aboutit nulle part par manque de cohérence. Que ce soit l'histoire en elle-même ou la structure du roman.
Et si mettre en parallèle les deux histoires que sont la vie sur l'île d'un côté et la la mafia roumaine de l'autre, était au départ une bonne idée, le résultat s'avère au final un pétard mouillé.

Voilà pour le polar en lui-même.

Ce qui m'a particulièrement déplue, en tant que bretonne, est que non seulement l'auteur pompe allègrement "La légende de la mort" d'Anatole Le Braz (qui est en gros un recueil de légendes de la fin du XIXème siècle, ce que Emmanuel Grand n'a visiblement pas compris) mais surtout qu'il fait passer les bretons de ce siècle pour de gros ploucs arriérés bornés et superstitieux.
Le cas typique du bobo parisien qui n'a jamais mis les pieds en Bretagne mais croit tout savoir sur sa culture en la confondant avec un ersatz de folklore qu'il tronque en le survolant.

A éviter absolument si on ne veut pas se sentir insulté en tant que lecteur amateur de bon polar et/ou en tant que breton.
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lundi 27 juillet 2015

Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre

4 de couv' :
"J'ai sept ans, ma chambre éclate de beauté, jusqu'à ce que j'entende la porte claquer. La réunion de papa ne s'est pas bien déroulée. Son défouloir officiel courbe sa dépendance. C'est pitié de la voir ainsi, chien soumis, c'est pitié de la voir endosser son rôle, car tel est son destin, demander grâce pour le moment où elle n'arrive plus à le supporter. Aucune cassure dans la voix, pas de verre pilé dans les sourires, elle avance d'un pas lent et sûr vers la raclée qu'elle a accepté de recevoir. Du haut de mes sept ans, j'ai déjà perçu qu'elle a accepté le stade où elle cherchait à comprendre ce qui avait pu se passer. Elle encaisse, et son existence lui convient, tant qu'elle peut garnir nos assiettes.
Maman est la femme d'intérieur. La femme parfaite pour les hommes qui ne savent se rêver qu'en maîtres de leur petit monde."
Quand la souffrance dépasse 'entendement, ne reste qu'une solution : tuer pour exister. Charlotte a tenu le choc. Elle a gardé le silence, jusqu'au jour...
Voici l'histoire d'une inhumanité honteuse, intime, impossible à dire. Dans une lettre adressée au juge devant lequel elle répondra de ses actes, Charlotte, Antigone moderne et fragile, pousse le cri la libérera... Peut-être.


En dehors de l'atrocité de l'histoire de cette enfant martyre sur laquelle l'auteure a l'intelligence de ne pas s'appesantir lourdement car elle sait les lecteurs suffisamment intelligents pour en saisir toute la portée (du moins autant qu'on le peut quand on n'a pas connu cette situation), c'est aussi tout un mécanisme des psychologies des personnages qui est ici détaillé.

Et avec une belle musicalité dans l'écriture, s'il vous plaît. Une musicalité prenante, qui donne malgré tout envie de savoir la suite, d'avancer vers ce qui a mené Charlotte à franchir le pas, à comprendre son silence, qu'elle justifie avoir une froide et désespérée lucidité, page après page, année après année.

Une belle manière de raconter une histoire à la base si pénible.
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samedi 25 juillet 2015

Ombres et soleil

4 de couv' :
- On a découvert le corps d'Arnaud Mars. A Abidjan.
Lola Jost est sous le choc : les souvenirs remontent douloureusement à la surface...
Du mobile jusqu'aux preuves, tout accuse son ami Sacha Duguin du meurtre du divisionnaire Mars, l'ancien patron autant aimé que détesté.
(...)
Quelle est la puissance de l'ombre qui tient tant à récupérer les carnets de Mister Africa ? Dans quel but ? Pourquoi a-t-on fait du commandant Duguin le bouc émissaire idéal ?
Entre manipulation, violence et trahison, Ombres et soleil flirte avec l'actualité en explorant les sphères les plus obscures de notre époque. Une construction machiavélique maintient le lecteur sur le fil, sauvé in extremis par l'humour de dialogues à la Audiard.


La voilà enfin la suite de "Guerre sale", que j'attendais avec tant d'impatience, et j'aurai attendu dix ans au moins s'il avait fallu (et merci à l'auteure qui a eu pitié de ses lecteurs et raccourci ce délai).

J'avais considéré l'année dernière que "Guerre sale" était le meilleur de cette série, je révise mon jugement en "c'était le prélude au meilleur de la série". "Ombres et soleil" est aussi noir que le précédent, encore mieux construit, encore mieux écrit, encore mieux fouillé, encore mieux tout court.

Le seul reproche que je trouve à faire je me l'adresse, je pense que je l'aurais encore plus apprécié en relisant le précédent mais rien ne m'empêche, un jour, de relire l'ensemble de la série (en plus, ça me permettra d'en apprécier encore plus l'évolution j'en suis sure).
Ah, si : le quatrième de couverture, qui raconte tout ou presque, mode que je trouve hautement détestable depuis quelques temps, c'est pourquoi je vous l'ai tronqué.


"Je vous apprécie, les filles, mais c'est un sacré soulagement de vous voir déguerpir parce que rayon dégâts, vous êtes majestueuses. On pourrait vous rebaptiser Ebola et Chikungunya"





PS à la personne qui l'a emprunté avant moi à la bibliothèque de Bellevue à Brest :
c'est bien dans ce roman que vous avez oublié votre marque-page (carte de voeux avec photos de famille), je l'ai signalé au  bibliothécaire auquel je l'ai rendu, n'hésitez pas à le réclamer !



jeudi 23 juillet 2015

De père légalement inconnu

4 de couv' :
"Elle veut un nom, une photo, une tombe peut-être."
La guerre d'Indochine approche de son terme scellé par la bataille de Diên Biên Phu. Dans le port de Saigon des enfants embarquent sur un paquebot, laissant derrière eux une mère au-delaà des larmes, une terre à feu et à sang, une civilisation bafouée, un passé bercé par l'amour maternel et obscurci de secrets. L'un d'eux est une fillette ayant pour prénom Camille.
De père légalement inconnu est l'histoire d'une quête, c'est aussi celle d'une étrange histoire d'amour et d'abandon. Presque une vie durant Camille voudra que l'officier, amant de sa mère, Thi Vien, ait un visage, un coeur et un destin. D'espoirs en déception, et jusqu'à la révélation finale, la mémoire de Camille ressuscite des mondes disparus, flamboyants ou ternes, et des odeurs, des parfums, des ombres et des voix.

J'ai adoré ce livre.

Tout d'abord, parce que moi-même férue de généalogie, j'ai particulièrement apprécié cette recherche d'un père par Camille. C'est un peu ça, la généalogie : partir à la recherche d'ancêtres inconnus, avoir de belles surprises au détour d'un simple acte de naissance, et se rendre que la grande et la petite histoires se rejoignent.

Et ici, elles s'y rejoignent d'autant plus que l'époque coloniale, entre la seconde guerre mondiale et les prémices de la décolonisation, est on ne peut plus riche historiquement.
Au-delà de l'histoire de Camille c'est donc toute une époque, une vie codifiée que l'on retrouve ici.

Et ici, pas de jugement, pas d'apitoiement, juste des faits mais avec juste ce qu'il faut d'humanité pour ne pas oublier que ce sont d'êtres humains avant tout dont il s'agit, quelque soient les choix qu'ils aient faits et quelle que soit la portée des conséquences.

Un bien beau roman.


"Delore a en tête la réflexion qu'a faite une religieuse à Pierre Mille lors de la visite d'un pensionnat au Cambodge : "Voici les petits péchés de ces messieurs !""

"On ne parle pas seulement pour enterrer les morts, mais aussi pour resserrer les liens entre les vivants."

mardi 21 juillet 2015

L'égaré de Lisbonne

4 de couv' :
1500. Deux ans parès l'ouverture de la route des Indes par Vasco de Gama, l'armada de treize nefs et caravelles commandées par Pedro Alvares Cabral s'engage elle aussi en direction du Cap de Bonne-Espérance.
Joao Faras, médecin et chirurgien du roi du Portugal, cosmographe, est embarqué dans l'aventure. Il est amené à dessiner le contour de côtes jusqu'alors jamais observées, espérant ainsi contribuer à l'enrichissement du très convoité Padrao Real, la carte du monde royale et secrète. Envoûté ou effrayé par les peuples rencontrés, malmené par la tempête, la maladie et la faim, il se languit de sa famille et doute de jamais revoir Lisbonne, porte sur la mer océane.
En ces temps de grandes découvertes, Joao erre entre le Moyen Âge et la Renaissance, le judaïsme et le christianisme, entre la terre et la mer, l'Ancien et le Nouveau Monde.


Pour être honnête, les histoires de navigateurs et de marins en général n'ont jamais été mon sujet de lecture préféré (oui, je sais, le comble pour une bretonne).
Ce qui m'a plu ici est justement le fait que faisant partie de la sélection du prix des lecteurs Cezam, cela m'a poussé à le lire et donc me sortir de mon confort et de mes habitudes de lecture, ce qui est toujours distrayant alors que nous autres lecteurs avons tendance à ronronner dans nos sujets de prédilections.

Cela étant, et bien que l'histoire reste plaisante et se déroule à une époque que j'affectionne particulièrement, j'ai eu du mal à comprendre les motivations du personnage central pour certains de ses actes, l'évolution ne se faisant de manière suffisamment progressive à mon goût, de même que l'accomplissement de ces derniers (en même temps, il s'agit d'un roman assez court).

J'ai bien aimé cette histoire qui est celle de la Lisbonne de l'époque, et particulièrement apprécié que l'auteur nous laisse le choix entre suivre les pérégrinations du navire par le texte ou une carte (je l'avoue, j'ai très vite opté pour la carte...), et les explications en fin de roman nous éclairant sur l'époque et les personnages.

Pas mon préféré de la sélection au regard de mes préférences de lecture, mais agréable à lire cependant.
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dimanche 19 juillet 2015

Mr. Mercedes

4 de couv' :
Foncer sur une foule dans sa SL 500 12 cylindres : le moment le plus grisant de la vie de Mr Mercedes.
Et le carnage lui a tellement plus qu'il n'a qu'une envie : recommencer. Au plus vite...
Délaissant le fantastique, Stephen King se glisse avec une jubilation contagieuse dans le moule du polar. Revenu de tout mais toujours tenace, son inspecteur Bill Hodges rejoint les figures emblématiques du roman noir américain.


Stephen King se lance dans le polar, certes. Il s'y lance tout d'abord modestement, car il ne s'agit pas ici de son genre de prédilection, mais il reprend assez vite le dessus, suffisamment pour que ce soit un honnête polar de bonne facture, avec un dénouement à la King qui m'a fait oublier où j'étais (dans mon bureau, en attendant la fin de mon heure et demi de pause déjeuner et heureusement que j'avais bien calculé le timing sinon j'ouvrais en retard) tellement il était prenant.

On retrouve bien la patte de King dans un certain nombre de détails, qui reprend les classiques du personnage de l'ex-flic désabusé un brin alcoolo et suicidaire qui ne peut lâcher une affaire, les liens tissés avec son entourage pour mener à bien son enquête, l'inévitable femme fatale.
Comme souvent maintenant dans bon nombre de polars, les chapitres dédiés au criminel nous font entrer dans sa tête, à cette différence près que dès le début, on connaît son nom et son métier. Tout l'intérêt pour nous lecteurs est de voir comment notre héros va progresser dans l'enquête jusqu'à l'identifier et le retrouver. Et l'arrêter...

Une certaine auto-dérision aussi est glissée dans ce polar : diverses allusions à ses romans ou des films tirés de ses romans (le personnage évolue dans le monde réel, donc "Ça", "Christine", "Sac d'os" ne peuvent être que de la fiction pour ses personnages) mais aussi une allusion à une de ses nouvelles ("Bon ménage" dans "Nuit noire, étoiles mortes") faisant sous-entendre que le personnage central et son ex-co-équipier en sont eux-mêmes issus, nous rappelle à nous lecteurs (si besoin !) que nous avons entre les mains une fiction.

Un bon polar donc, surtout pour un premier polar, avec un défaut qui se situe hélas dans un des personnages clés où on a du mal à croire qu'elle puisse être aussi douée tellement elle cumule de prime abord autant de lacunes. Mais un personnage féminin à la Steven King finalement (voir "Dolores Claiborne" par exemple) où ses faiblesses ne sont qu'apparence.

Un très bon moment de lecture en tout cas !
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dimanche 5 juillet 2015

Perfidia

4 de couv' :
Los Angeles, veille de Pearl Harbour : la découverte des cadavres d'une famille japonaise, les Watanabe, incite le LAPD à fabriquer un coupable pour se débarrasser du problème. Dudley Smith, l'inoubliable "méchant" du Quatuor de Los Angeles, est sur l'affaire. Une affaire qui s'annonce lucrative, tant l'hystérie du climat de guerre se prête aux machinations au détriment des citoyens américains d'origine japonaise. L'un d'eux, Hideo Ashida, de la police scientifique, est une personnalité subtile et tiraillée par les sentiments troubles qu'il éprouve à l'égard de Dudley. De son côté, William Parker, jeune officier de police alcoolique, est décidé à anticiper le combat anticommuniste qui se profile. Pour cela, il lui faut une taupe, un agent provocateur. Ce sera Kay Lake, l'héroïne du Dahlia noir, brillante et téméraire, qui entretient des relations compliquées avec un flic ambigu : Lee Blanchard. Tous ces personnages, engloutis dans l'affaire Watanabe, se laissent entraîner dans une mortelle partie d'échecs.


Comme je l'ai déjà dit, apprécier un Ellroy, ça se mérite.
Ce n'est pas un polar qu'on dévore, mais qu'on prend le temps de déguster pour n'en rater aucune saveur. C'est à lire lentement pour bien capter et mémoriser chaque détail, sous-entendu ou allusion qui ont tous leur importance dans ce tableau d'ensemble qu'est un roman d'Ellroy. On utilise souvent l'analogie du puzzle pour un polar, elle est on ne peut plus vraie ici.
Qui plus est, l'action se déroule du 6 au 27 décembre 1941, jour par jour, quasiment heure après heure, si ce n'est geste après geste de chaque personnage.
Autant dire qu'il vaut mieux le lire quand on a du temps devant soi, et avec l'assurance de ne pas être dérangé(e).

Sur le style d'écriture, je le trouvais assez "clinique", avec l'impression que l'auteur écrivait presque un rapport dès qu'il s'agit des personnages masculins principaux, tous policiers. Le style est très différent dès qu'il s'agit du personnage féminin central (Kay Lake), et alors la narratrice (car il s'agit de son journal), comme si Ellroy lui laissait galamment la place. Une écriture à deux en somme.

En fait d'écriture, il est souvent fait allusion à une certaine musicalité chez Ellroy, en particulier le jazz.
Bingo ! C'est effectivement le cas ici : celle d'une double écriture Ellroy-Lake, peut aussi être vue comme une partition à quatre mains, d'autant que Kay, à ses moments perdus, joue du piano (plutôt du classique, pas de jazz), et qu'il est fait régulièrement allusion dans le roman à Perfidia de Glenn Miller.

Rien n'est anodin chez Ellroy.

Ce titre du roman qui résume à lui seul l'ensemble de l'histoire est donc aussi le titre de cette musique (ce qui explique le fait qu'il n'ait pas été traduit) qui fait toute l'atmosphère du roman et de cette époque.
Il s'agit peut-être d'un hommage à Glenn Miller également, décédé à la fin de la seconde guerre mondiale.

Toujours est-il hautement appréciable de lire un auteur qui visiblement ne prend pas ses lecteurs pour des idiots (je ne veux pas dire que c'est le cas des autres auteurs de polars - seulement d'un minorité d'entre eux d'ailleurs - je veux surtout dire qu'Ellroy met la barre plus haut avec assez de marge pour qu'on puisse l'attraper).

Je pourrais encore en dire beaucoup sur l'époque (difficile de considérer les Etats-Unis comme une démocratie après ça) ; sur les personnages masculins (troubles, alcooliques et/ou accros à la drogue, obsédés par les/certaines femmes, toujours à tremper dans différentes magouilles, et leur violence) et en particulier Dudley Smith qui avec ses multiples défauts est un des personnages les plus troubles mais aussi le plus constant ; sur les personnages féminins (forcément superbes, forcément intelligentes, forcément manipulatrices, fières, hautaines, de fort caractère) dont Bette Davis, excusez du peu !

Donc beaucoup à lire, et beaucoup à dire comme toujours chez Ellroy. Et pour ceux que ça intéresse, un lien supplémentaire vers une émission que j'aime beaucoup (et qui va me manquer cet été !).
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jeudi 2 juillet 2015

Le dernier gardien d'Ellis Island

4 de couv' :
New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du bureau fédéral de l'immigration, est resté seul dans ce lieu désert, à la fois gardien et prisonnier de cet ilot sur l'Hudson River, en face de Manhattan. A quelques jours de son départ, il éprouve le besoin de se libérer du souvenir de plusieurs épisodes de sa vie à Ellis et commence un journal. Jusqu'au moment où...
Remords, transgression, devoir, perte, solitude, exil, mais aussi émotion amoureuse, sincérité. John Mitchell remonte le courant de sa vie.


Le titre vous dit tout, en ce sens que ceux qui veulent vraiment connaître mieux l'histoire, l'Histoire et les histoire d'Ellis Island vont se retrouver déçus (encore que si vous croyez vraiment trouver quelque chose d'aussi dense dans un court roman de 166 pages, vous êtes un chouïa cou****n(e)).

C'est donc bien du dernier gardien (ou directeur) d'Ellis Island dont il est question ici, de retours en arrière sur sa vie à Ellis Island, avec en effet ses remords, ses regrets, l'évocation de fragments de certaines des vies qu'il y a croisés. De son propre bilan sur ceux qui restent le hanter et sur sa propre vie.

La fin m'a laissée un peu circonspecte, mais l'auteure a ainsi le mérite d'éviter une fin d'une banalité trop facile et trop convenue pour ce type de roman.

Un roman plaisant à lire, une jolie pause dans mes lectures actuelles.
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lundi 29 juin 2015

Le liseur du 6h27

4 de couv' :
Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l'usine. Chaque matin en allant travailler, comme  pour se laver des livres broyés, il lit à haute voix dans le RER de 6h27 les quelques feuillets sauvés la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant. Un jour, Guylain découvre les textes d'une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie...
Un roman original et bienfaisant, généreuse réflexion sur les rapports humains et ode aux vies simples, à l'amour et à la littérature.


Ce livre et moi avons bien commencé notre histoire. Déjà, le deuxième de couverture est la photo de l'auteur, bouille accueillante, sympathique et joviale s'il en est. Ensuite, parce qu'il est dédié à une Sabine. Pas moi, certes, mais avouez que sur le moment, ça flatte l'ego (vous, à moins de porter également ce prénom, beaucoup moins, et tant pis pour vous).

Et surtout, parce qu'en plus d'être un vrai bonheur à lire, il est un hymne au bonheur, ou plutôt à comment chacun peut trouver dans sa vie sa propre source de bonheur.
Un vrai bonheur à lire aussi car il est clair que l'auteur est un amoureux des mots qui aime et sait le faire partager. A tel point que j'ai bien failli passer toute ma lecture à voix haute, le comble - ou ultime consécration - étant donné le sujet du roman.
Et une lecture réellement jubilatoire, tellement j'ai ri à certains passages.

Roman dont le ton se transforme au fil des pages, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas jouer les trouble-fêtes ni les miss-charrues-avant-les-boeufs.

Bref, un vrai bon moment de lecture, un petit bijou dans mes lectures de l'année, l'un de mes chouchous dans la sélection du prix Cezam 2015.
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vendredi 26 juin 2015

Level 26

4 de couv' :
Les policiers du monde entier répartissent les criminels sur une échelle de 1 à 25, selon leur dangerosité. Un type de tueur échappe toutefois à cette classification. Particulièrement cruels, manipulateurs et insaisissables, sévissant sur tous les continents, ces psychopathes ne connaissent aucune limite et non aucun mode opératoire de prédilection : ils appartiennent au niveau 26.
Un seul homme peut arrêter ce genre d'individus : Steve Dark, ancien agent fédéral dont la famille a été massacrée. Désormais affranchi de tout carcan judiciaire et moral, dégagé des procédures gouvernementales, il va devoir affronter trois tueurs de catégorie 26 dans des traques aussi redoutables qu'éprouvantes, mettant à chaque fois sa santé mentale et sa vie - comme celle des autres -  davantage en danger.
Voici réunies, en un seul volume, les trois enquêtes de Steve Dark qui ont passionné des millions de lecteurs à travers le monde.

Défauts :
1) Se lit facilement. Pas de style d'écriture particulier, l'auteur raconte une histoire, c'est tout.
2) Glauque à souhait pour les amateurs du genre, surtout dans les deux premiers romans. L'auteur en rajoute, en surajoute, c'est du sensationnalisme, c'est trop. J'ai déjà lu des romans à la trame de base assez glauque, mais l'écriture et la façon de raconter faisaient toute la différence.
3) Invraisemblance de certaines situations. Surajoute, sensationnalisme, etc.
4) Dessins : originalité qui aurait pu être plaisante, mais pas nécessaire dans la première histoire (et qui vient en sur-surajouter sur le côté glauque et malsain - non mais l'auteur et le dessinateur ont été recrutés en hôpital psychiatrique ou quoi ?). Ils sont plus intéressants pour la seconde histoire car il s'agit de cartes de tarot. Ils disparaissent à la troisième histoire, qui est d'ailleurs la plus aboutie.
5) Un fil conducteur. J'avoue que je ne suis pas fan des fils conducteurs, qui étaient à la mode à une époque dans les séries télé au point qu'à chaque nouvelle série créée, on ne pouvait plus y échapper. Au point que nous, nous laissions vite tomber parce que "oh non, encore un fil conducteur" et aussi parce qu'à force d'en rajouter d'une saison à l'autre, le fil en question devenait de plus en plus indémélable. S'agissant d'une série de romans, ça me dérange moins car contrairement à un feuilleton, l'action - ou plutôt la lecture d'un "épisode" - se fait en plusieurs heures. Le fil conducteur ne peut donc pas "voler la vedette" à l'histoire. Sauf qu'ici, c'est tellement grossier que oui, on peut parler de grosses ficelles. Ou autre analogie aussi grossière : gros comme un building, un building incroyablement creux et sans fondations réellement solides.
6) Les personnages : typiques des romans de ce genre, pas de surprise réelles. Un peu trop manichéens pour certains à mon goût.
7) L'auteur est scénariste de télévision. Oui, et ça s'en ressent. Ajoutez à cela qu'il déclare lui-même "ne pas pouvoir lire un roman de 250 pages du début jusqu'au bout" vous comprendrez à quel point il peut être bon auteur et soucieux de ses lecteurs.

Qualités :
1) Se lit facilement. Adeptes (contraints ou forcés) de la lecture dans les transports en communs, vous serez ravis ! (tout comme moi d'ailleurs, je dois bien le dire).
2) En excluant le côté particulièrement glauque des deux premières histoires, ça tient la route.
3) Le fil conducteur : évoqué à la fin du premier roman, repris évidemment dans le deuxième, bien mieux exploité dans le troisième.
4) Troisième roman : cette troisième histoire est mieux travaillée, on sent une progression d'une histoire à l'autre et celle-ci se démarque des autres en ce sens. Mais elle reste assez classique du genre cependant.

Globalement, il s'agit ici d'une lecture facile qui fait assez agréablement passer le temps, mais surtout si on n'en retient que le roman.

Car hélas, ce n'est pas que cela, il s'agit ici, mesdames et messieurs, d'un concept. Et qui dit concept, dit marketing et grosses ficelles commerciales surfant sur une originalité qui attire le chaland. Dans le cas présent, le scénariste-auteur a eu la brillante idée atrocement on-ne-peut-plus commerciale d'y adjoindre le net.
En effet les remerciements à la fin de chaque tome en partie dédiés à l'équipe de tournage, ont fini de m'intriguer et en faisant ce commentaire sur ce roman, j'ai donc fait une petite recherche internet. Vous trouverez ici un lien vers un article de Libération qui en explique le concept.
L'idée est originale et à la base assez sympathique, mais on sent trop la manoeuvre commerciale pour que j'y adhère. La série de romans aurait été de meilleure qualité, pourquoi pas, mais là on sent un peu trop bien que le lecteur est une pompe à fric, et surtout que les romans sont une accroche vers le site Internet. Et/ou vice-versa ?

Cela étant, je le conseille quand même à ceux que les détails un peu (trop) sanglants ne rebutent pas, surtout s'ils veulent un polar facile à lire pendant leurs vacances.
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mardi 23 juin 2015

Mudwoman

4 de couv' :
Abandonnée par une mère démente au milieu des marais des Adirondacks, Mudgirl, l'"enfant de la boue", est miraculeusement sauvée puis adoptée par un brave couple de quakers résolu à lui faire oublier son horrible histoire.
Devenue Meredith "M.R." Neukirchen, première femme présidente d'une université de renom, Mudwoman, brillante et irréprochable, animée d'une ferveur morale intense, se dévoue entièrement à sa carrière. Mais, précisément épuisée par sa conception excessivement rigide des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traversent les Etats-Unis à la veille d'une guerre avec l'Irak, confrontée à la malveillance  sournoise des milieux académique, en bref, rongée par trop de défis imprévisibles, M.R. vacille.
Un voyage sur les lieux qui l'ont vue naître va la jeter dans une terrifiante collision avec son enfance.
Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d'une femme ayant percé le "plafond de verre", fait de ce livre, ainsi que l'a proclamé la critique, "un géant parmi les grands romans de Oates".


Je suis toujours un peu triste de ne pas réussir à terminer un roman. Et pourtant j'ai persévéré, faisant confiance à l'auteure, mais rien à faire. Puis la persévérance a fait place à de la résistance ("non, je ne laisserai pas tomber, je veux aller au bout de ce qu'elle a à raconter"), pressentant que ce que je lisais allait ouvrir la porte à quelque chose de grand. Mais la résistance a laissé la place à de l'acharnement ("allez, encore une page" "puis une autre") et quand ça tourne à l'acharnement, je préfère laisser tomber pour ne pas me brouiller définitivement avec le livre... et l'auteure...

Même si j'apprécie Oates parce qu'elle me dérange de mon petit confort de lecture, cette fois-ci c'était trop. Son style d'écriture, cette longue mise en place, que j'apprécie habituellement, m'ont horripilée. Ça et le fait que je n'ai pas du tout accroché avec le personnage.
Les personnages de Oates, du moins ceux de ses romans que j'ai lu, ont en commun (selon la perception que j'en ai) de ne pas sembler maîtresses de leur vie, de la subir tout en en étant actrices. Et même si cela m'interpelle d'un point de vue littéraire, là, ça m'a profondément agacée et c'est quand je l'ai trouvée grotesque que je me suis dit qu'il était temps d'arrêter les frais. Ça et le fait que justement j'avais l'impression d'une redite avec ses autres personnages et que j'eusse aimé en tant que lectrice qu'elle se renouvelle un peu.
Là vous me ferez remarquer que dans beaucoup de romans évoqués dans ce blog, les auteurs reprennent les mêmes ficelles d'un roman à l'autre. Oui, mais il s'agit souvent de séries, les auteurs reprenant donc les mêmes personnages.
Pour les autres, comme Ovaldé par exemple, ils arrivent toujours à se renouveler.

Et d'une auteure comme Oates, c'est ce que j'attendais, et que je n'ai pas eu.

Dommage, il ne manquait pas grand chose pour que je poursuive. Un peu plus de maturité de ma part, peut-être ? A reprendre plus tard peut-être. Regardez "Beloved", de Toni Morrison : abandonné un temps, repris et adoré 20 ans après. Alors, peut-être...

samedi 20 juin 2015

Elle et Lui

4 de couv' :
Un site de rencontre les a réunis.
Ils ne sont pas devenus amants, mais amis.
Et ils comptent bine en rester là...
Elle est actrice. Lui écrivain.
Elle s'appelle Mia. Lui Paul.
Elle est anglaise. Lui américain.
Elle se cache à Montmartre. Lui vit dans le Marais.
Elle a beaucoup de succès. Lui pas vraiment.
Elle est même une star. Mais lui ne le sait pas.
Elle se sent seule. Lui aussi.
Il la fait rire. Elle enchaîne les maladresses.
Elle ne doit pas tomber amoureuse. Lui non plus.
Dans ce roman, où on retrouve les personnages de "Et si c'était vrai...", Marc Lévy nous entraîne dans une histoire d'amour irrésistible et totalement imprévisible.
Elle & lui marque le grand retour de Marc Lévy à la comédie.


Histoire d'amour sympathique mais trop convenue, du pur Marc Lévy, même trame que d'habitude où les personnages principaux n'ont aucun souci financier ce qui leur permet tout (achat express d'un billet d'avion, taxis, restaurants et autres) et comme d'habitude entourés de vrais amis au soutien indéfectible.

Ce qui pourrait donner du piquant à l'histoire (la célébrité envahissante de Mia) est facilement évacué, on se trouve dans un Paris de carte postale (Montmartre, opéra Garnier, Tour Eiffel...). La partie sur la Corée est par contre drôlement bien trouvée, j'ai bien aimé.

Mais dans l'ensemble, toujours le même défaut que je critique depuis quelques années : beaucoup trop de dialogues, et je dirai même de plus en plus chaque année qui passe.
Un dialogue allège la narration dans un roman, permet au lecteur de souffler, tandis que la narration donne de la consistance au roman. Or cette dernière est ici quasi inexistante et à mon goût, pas assez travaillée.

Donc sympathique roman pour passer le temps, mais sans plus.
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mercredi 17 juin 2015

Seuls les vautours

4 de couv' :
Un petit village de l'Utah en 1985, avant Internet, la téléphonie mobile et les techniques modernes d'investigation scientifique. Shawna, une fillette de cinq ans, disparaît brutalement un matin. Tout le village se mobilise. Non seulement les quelques policiers du poste local mais aussi le médecin, un journaliste et bien sûr les enfants. Des enfants et des adolescents qui ont l'imagination fertile et qui racontent d'étranges histoires. En suivant les destins croisés d'une dizaine de personnages, l'enquête progresse, les haines et les attirances se cristallisent alors que des découvertes bien réelles mènent à des événements qu'on croyait définitivement sortis des mémoires. Certains, en tout cas, auraient bien voulu les oublier...

Pour être franche, à la lecture des, disons, 100 premières pages, je ne trouvais rien d'exceptionnel à ce polar, assez classique dans l'écriture et le déroulement. Plaisant, sans plus.
Mais avançant dans la lecture, je me suis vite rendue compte que cette opinion était erronée : en plus d'un polar basé sur la disparition d'une petite fille, c'est toute la vie d'une petite ville qui apparaît et est en fait la clé de l'énigme.

L'auteur réussit en utilisant des trames assez classiques du genre, à faire un polar assez original et prenant qu'on prend de plus en plus plaisir à lire au fil des pages.
Mention spéciale au fait que l'histoire se passe dans les années 1980, bien avant Internet, les portables et  la foultitude de réseaux sociaux qui parasitent bon nombre de romans et surtout de polars sous la forme "Saints réseaux sociaux en tout genre protégez/guidez-nous".
Un très bon premier roman !
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dimanche 14 juin 2015

Wodehouse

Que dire de plus (cf ici) sinon que les aventures rocambolesques de ce pauvre Bertie et son entourage, systématiquement sauvés in extremis et comme par miracle par ce cher Jeeves, étaient exactement ce qu'il me fallait pour ma semaine de vacances en mai dernier.
Et bien que la trame et l'écriture ne varient guère d'une histoire à l'autre, toute cette légèreté hilarante m'a fait passer, entre deux romans plus sérieux, de très bons moments, y compris sur le trajet de retour (train + bus).
Une lecture à recommander à tout vacancier et/ou usager des transports en commun !


PS : et d'un Jeeves personnel j'en aurais bien besoin moi aussi visiblement, c'est seulement maintenant que je me rends compte que j'ai lu le tome 3 avant le tome 2. Tutt-tutt, comme dirait Bertie. Tutt-tutt-ons, donc.
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jeudi 11 juin 2015

Les Suprêmes

4 de couv' :
Elles se sont rencontrées dans les années 1960 et ne se sont plus jamais quittées : tout le monde les appelle "les Suprêmes", en hommage au célèbre groupe des années 1970. Complices dans le bonheur comme dans l'adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines se retrouvent tous les dimanches dans l'un des restaurants de leur petite ville de l'Indiana : entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de poulet frit en élaborant leurs stratégies de survie.

J'ai ri, boudiou que j'ai ri. Versé ma petite larme aussi, par moment, mais RI, surtout.
Une galerie de personnages truculents et hauts en couleur (les morts comme les vivants), des situations improbables et cocasses, des personnages attachants qu'on quitte avec regret une fois le livre terminé.
Un merveilleux moment de lecture !
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lundi 8 juin 2015

Le Joueur d'Echec

4 de couv' :
Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer. Le narrateur u parviendra. Les circonstances dans lesquels l'inconnu a acquis cette sciences sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, "pourrait servir d'illustration à la charmante époque que nous vivons".


A nouveau, du grand Zweig (fan inconditionnelle, vous dis-je).

Ou comment dépeindre avec une cruelle (amère ?) minutie ce que peut être la torture mentale et à quelle point elle peut briser un être humain, dont ce qui fut sa seule planche de salut a fini par se retourner contre lui.

Et en extrapolant, (peut-être à outrance) la vision qu'avait Zweig de ce que la machine nazie pouvait réserver à l'humanité ?
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vendredi 5 juin 2015

La Pitié Dangereuse

4 de couv' :
En 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, Anton Hofmiller, jeune officier de cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Au cours de la soirée, il invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu'elle est paralysée. Désireux de réparer sa maladresse, Anton accumule les faux pas qu'il attribue à ce que Stefan Zweig appelle l'"impatience du coeur". Les personnages du seul roman que Stefan Zweig ait achevé sont les spectateurs hébétés de leur tragédie, symboles d'une civilisation décadente mais incapables de résister à l'ivresse d'une dernière valse. La prose de Stefan Zweig, brillante et raffinée, est comme le vestige de cette civilisation engloutie par la folie du XXe siècle. Une histoire d'amour déchirante où la fatalité aveugle ceux qu'elle veut perdre.


Passons sur le fait que je suis une inconditionnelle de Stefan Zweig, je pense que depuis le temps, vous commencez à savoir.

Ce court roman est tout simplement sublime et va bien au delà de ce qu'il laisse paraître en surface.

A noter que le titre original était "L'Impatience du Coeur" et a été traduit en français par "La Pitié Dangereuse".
La pitié dont il est question ici n'est pas seulement celle éprouvée par le narrateur motivée en partie par sa culpabilité, mais aussi celle suscitée par la jeune handicapée dont elle joue tout en l'abhorrant, la renvoyant à ce seul statut et la déshumanisant. C'est aussi celle ressentie par tous face à elle, à divers degrés, pour différentes raisons ou motivations, les enfermant tous dans un carcan dont personne ne peut ressortir indemne. Cette dangerosité présente et palpable, s'intensifie, malgré quelques moments de grâce, tout au long des pages.

Les atermoiements du narrateur pourraient en agacer plus d'un, mais n'oublions pas sa jeunesse et surtout, que la psychologie et les sentiments humains sont la base de l'oeuvre de Stefan Zweig.
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mercredi 3 juin 2015

Buvard

4 de couv' :
Cela ressemble à quoi, un écrivain ? Quand Lou passe pour la première fois la porte de Caroline N. Spacek, il ne connaît d'elle que ses livres. D'ailleurs, ils ne comprend pas pourquoi elle a accepté de le recevoir, lui, le simple étudiant. A 39 ans, Caroline N. Spacek vit recluse dans la campagne anglaise, après avoir connu une gloire précoce et scandaleuse. Enfant terrible de la littérature, ses premiers romans ont choqué par la violence de leur univers et la perfection de leur style. Issue d'un milieu marginal, elle a appris très jeune à combattre, elle a aussi appris à fuir.
Mais Lou va l'apprivoiser. Alors ensemble, durant un été torride, ils vont reconstruire une trajectoire minée de secrets.

Court roman de la sélection du prix Cezam, dans lequel je trouve beaucoup de qualités, surtout pour un premier roman.

J'ai assez aimé les personnages centraux, durs en apparence car c'est à cela qu'ils doivent leur survie. L'histoire d'une vie dont on assemble les morceaux au fil des retours en arrière, distillés avec soin par Spacek.
Mais surtout, une écriture avec une belle musicalité, qui me donnait envie de lire ce roman à haute voix.

Par son écriture et son histoire, ce roman m'a beaucoup fait penser à Véronique Ovaldé. Je ne veux pas dire par là qu'elles ont le même style, je parle plutôt ici de mon ressenti à la lecture de leurs romans respectifs.
Une auteure à suivre !
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lundi 1 juin 2015

L'instant présent

4 de couv' :
Lisa et Arthur n'ont rendez-vous qu'une fois par an.
Il passe sa vie à la chercher...
... elle passe la sienne à l'attendre.
Lisa rêve de de venir comédienne. Pour payer ses études d'art dramatique, elle travaille dans un bar de Manhattan. Un soir, elle fait la connaissance d'Arthur Costello, un jeune médecin irgentiste. Leur complicité est immédiate.
Pour le séduire, Lisa est prête à tout. Dans une ville-labyrinthe qui n'offre aucun répit, elle prend tous les risques. Mais Arthur n'est pas un homme comme les autres. Bientôt, il révèle à Lisa la terrible vérité qui lui interdit de l'aimer : "Ce qui m'arrive est inimaginable, et pourtant bien réel..."
Dans un New York plus imprévisible que jamais, Arthur et Lisa vont lier leur destin pour déjouer les pièges que leur impose le plus impitoyable des ennemis : le temps.
Un thriller psychologique vertigineux au final stupéfiant.

Ce roman de Musso se démarque des autres de par son histoire, que je ne développerai pas davantage ici pour vous en laisser la surprise. Par contre, similitude avec le roman précédent, qui semble être la nouvelle marque de fabrique de l'auteur : une fin inattendue, qui tranche avec le reste de l'histoire et qui cette fois, fait unique chez Musso, laisse un arrière-goût amer.

J'aurais souhaité cependant un peu moins de dialogue, et surtout que les personnages recherchent davantage les raisons du phénomène subit par le personnage central, ce qui aurait été plus logique et aurait fait davantage le lien avec la conclusion du roman. A moins que l'auteur ait considéré que la transition sur la fin était déjà suffisamment brutale.

Un bon moment de lecture cependant.
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samedi 30 mai 2015

Le complexe d'Eden Bellwether

4 de couv' :
Cambridge, de nos jours. Au détour d'une allée de l'imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l'orgue et des chants provenant d'une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d'extase. Premier rouage de l'engrenage. Dans l'assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n'est autre que la soeur de l'organiste virtuose, Eden Bellwether, dont la passion exclusive pour la musique baroque s'accompagne d'étranges conceptions sur son usage hypnotique...
Bientôt intégré au petit groupe qui gravite autour d'Eden et Iris, mais de plus en plus perturbé par ce qui se trame dans la chapelle des Bellwether, Oscar en appelle à Herbert Crest, spécialiste incontesté des troubles de la personnalité. De manière inexorable, le célèbre professeur et l'étudiant manipulateur vont s'affronter dans une partie d'échecs en forme de duel, où chaque pièce avancée met en jeu l'équilibre mental de l'un et l'espérance de survie de l'autre.
L'auteur du Complexe d'eden Bellwether manifeste un don de conteur machiavélique qui suspend longtemps en nous tout jugement au bénéfice d'une intrigue à rebonds tenue de main de maître.


Décidément, je déteste les quatrième de couverture qui non seulement vous en dévoile trop sur un roman, mais qui en plus faussent la perception qu'on peut en avoir. Et il faudra aussi décidément que je me débarrasse de ce fichu défaut qui est d'entamer un roman dans le bus. Difficile d'entrer dedans quand chaque trajet (bruyant ou pas) ne dure que dix minutes.

C'est donc par ce mauvais démarrage que j'ai voulu plonger dans ce roman. Une semaine d'abandon plus tard, je m'y suis finalement remise... pour ne plus le lâcher. Les personnages sont pour la plupart attachants et intéressants, l'histoire est bien construite, le suspens va crescendo, l'ensemble est prenant et constitue un bon moment de lecture, surtout pour un premier roman.
Auteur à suivre ?
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jeudi 28 mai 2015

Je suis une légende

4 de couv' :
Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil...
Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. 
Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire.

Ceci est un clin d'oeil. Non pas le livre, mais les circonstances qui m'ont amenées à le lire : offert par ma pomme à mon homme, fan de science-fiction, en même temps que le film qui en a été tiré.
Une fois n'est pas coutume, j'ai vu le film (un an) avant d'entamer le livre.
Le problème, c'est que ce n'était pas le seul film post-apocalyptique offert à mon homme cette année-là.
Il m'a donc fallu au moins deux pages avant de me rendre compte que les images du film que j'avais en tête (Le livre d'Eli), n'était pas les bonnes. C'est donc en plein décalage que j'ai commencé la lecture de ce livre.
Bref.

J'ai assez aimé ce court roman, adorant déjà à la base tout univers post-apocalyptique (un psy en tirerait sûrement des conclusions intéressantes...). L'intérêt ici est, en dehors de la description de cette maladie dont est atteinte la race humaine sauf le narrateur, comment survivre dans un monde devenu hostile, seul (et donc sans devenir fou) et en essayant de comprendre le pourquoi du comment.
Et pour ceux qui ont vu comme moi le film avec Will Smith, la conclusion du livre est en fait très différente, et je la préfère.
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mardi 26 mai 2015

Pourquoi j'ai construit une maison carrée

4 de couv' :
Au Proche-Orient, il y a 10 000 ans, l'homme abandonne son style de vie multimillénaire fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. De prédateur, le voilà métamorphosé en villageois, en cultivateur et en pasteur. Les gains sont indiscutables, mais surgissent alors des difficultés inattendues : maladies nouvelles, problèmes de cohabitation, gestion des relations sociales, etc.
Cando est élevé par un père tourné vers le progrès, mais quand le jeune homme déclare sa flamme à Loula, il faut bien admettre que, modernité ou non, épouser une fille du même village est impossible, conformément à la tradition. Les amoureux se réfugient alors à Chypre, où ils retrouvent un ancien du clan, devenu membre d'une communauté qui refuse toutes formes d'évolution. De ses deux figures de mentor, laquelle guidera Cando ?
Une étonnante comédie qui rejoue le conflit entre tradition et progrès à l'époque de ce grand tournant de l'histoire de l'humanité que l'on nomme "Néolithique".

Si vous pensez que j'ai choisi ce roman à cause du film "Pourquoi je n'ai pas mangé mon père", dont je n'avais d'ailleurs pas apprécié le livre "Pourquoi j'ai mangé mon père", autant vous le dire tout de suite, vous faites fausse route (d'autant que j'ai acheté "Pourquoi j'ai construit une maison carrée" il y a bien un an au moins si ce n'est plus).

Ce roman met donc en scène Cando, dont la vie sert en fait de prétexte à l'auteur pour lui permettre de nous exposer, en la vulgarisant, l'évolution humaine sur quelques millénaires : comment nous sommes passés de nomades à sédentaires, de cueilleurs-chasseurs à agriculteurs-éleveurs et tout ce qui peut en découler, dont l'évolution des croyances et la création de religions.

Donc si vous vous intéressez à la préhistoire et souhaitez une version (très) vulgarisée de cette période historique (apprendre en s'amusant), n'hésitez pas. Si vous voulez quelque chose d'un peu plus sérieux ou consistant, vous pourrez vous orienter ensuite vers des ouvrages un peu moins vulgarisés.

Merci à l'auteur en tout cas pour ce bon moment de lecture et surtout pour la dernière partie intitulée "clefs chronologiques" où il apporte des précisions chronologiques ainsi que, humblement et en se basant sur les différentes recherches et théories, il anticipe toute éventuelle contradiction ou objection qui pourrait lui être faite, expliquant ainsi ses choix pour ce roman.
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dimanche 24 mai 2015

Marseille, 1198

4 de couv' :
1198. Enlevé par des inconnus, Roncelin, vicomte de Marseille, a disparu. Sept compagnons partent à sa recherche. Parmi eux, Hugues de Fer, ancien croisé, le médecin Averroès, un frère et une soeur saltimbanques romains, et le meilleur archer d'Angleterre, Robert de Lockley... A leur tête, Guilhem d'Ussel, joueur de vielle et fine lame.
Mais, dans cette équipée, certains semblent être animés de tout autre desseins... Quelles sont les véritables raisons de leur venue à Marseille ? Quel est le rôle des consuls de la ville ? Pourquoi ces écorcheurs qui r^dent dans les campagnes ? La riche ville phocéenne attire bien des convoitises, à commencer par celle du pape Innocent III...


Ce roman est donc le tout premier de la série de polars dont j'ai déjà parlé ici et qui dans la chronologie du personnage Guilhem d'Ussel vient après le volume sur ses années de jeunesse.

J'ai craint au début d'avoir entre les mains un polar somme toute assez convenu, mais les différents rebondissements permettent d'aller plus loin et d'enrichir cette histoire, prouvant ainsi qu'il a été bien pensé et donc bien construit (ça m'apprendra à douter de cet auteur) et en fait un très bon polar historique.

Le seul bémol qui pourrait à la rigueur être apporté, est la complexité des explications du conteste historique. L'auteur y revient assez souvent au début et ces explications peuvent en rebuter plus d'un, mais il faut bien reconnaître les efforts de l'auteur pour vulgariser au possible une période, je le rappelle assez complexe. Notez que ces explications sont nécessaires car elles sont la base de l'intrigue. En gros, tout le monde veut soit conserver, soit s'approprier le contrôle de la ville de Marseille, pour des raisons assez antagonistes suivant les personnages.
Une fois passé ce cap, c'est ensuite un pur délice de lecture, on se laisse porter par une histoire à intrigues multiples.

Un très bon polar historique, j'en redemande !
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dimanche 5 avril 2015

Badawi

4 de couv' :
Alors que sa mère, naguère répudiée, vient de mourir, un jeune Badawi - un Bédouin - brave les traditions et et tourne le dos au destin qu'on avait tracé pour lui. Il ira à l'école. Mieux, il y brillera. Blessé par sa famille, lassé de la vie de misère et des humiliations, écartelé entre l'existence qu'on lui impose et celle qu'il voudrait vivre, il partira pour la France réaliser son rêve : devenir quelqu'un, quelqu'un d'autre. Désirant à tout prix oublier son passé, croyant être devenu cet "autre" qui a réussi - au point que Maïouf "l'abandonné" est devenu Qaher "le victorieux" -, il est rappelé chez lui par une promesse et un amour d'enfance, et par l'appel du désert qui ne peut s'étouffer.
D'une écriture sobre et sincère, nourrie de sa propre histoire, Mohed Altrad raconte le pays des sables, les blessures de l'exil et les combats de l'âme.


Difficile de donner mon avis sur un livre que je n'ai ni aimé, ni détesté. Je ne peux pas dire que j'y suis restée indifférente, mais je n'ai pas plus accroché que cela au personnage, bien que j'ai apprécié sa pugnacité à poursuivre les objectifs qu'il s'est fixés. Je ne peux m'empêcher de me dire évidemment que son destin aurait été tout autre (et tout tracé) s'il avait été une femme, mais il faut lui reconnaître un certain courage dans l'adversité.
Et cette question sous-jacente : réussir en reniant ses origines certes, mais sans se renier soi-même ou pas ? Se pose aussi la question de la solitude, bien que plus ou moins imposée au départ par les circonstances, lui est-elle si nécessaire pour s'accomplir.
Et une fin surprenante mais frustrante, que j'ai moyennement appréciée.
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