dimanche 31 juillet 2022

Le Théâtre des merveilles


4 de couv' :
Roger Ventos, célèbre baryton, voit le jour en 1939 à Sète, fruit de l'étreinte éphémère entre un tirailleur sénégalais et une anarchiste espagnole exilée. Pour cette dernière s'ouvre alors une ère de privations et de solitude. Mais heureusement, la musique est là, et va sauver l'enfant.
À l'adolescence, le garçon est envoyé à Barcelone chez son oncle. Il y découvre les coulisses du cabaret où sa mère a elle-même grandi: le Théâtre des merveilles. Entre mécanismes magiques, décors extravagants et danseuses légères, c'est là, parmi les membres bigarrés de la troupe, qu'il se découvrira une famille aimante, c'est là qu'il cultivera son inestimable don pour le chant ; et c'est de là qu'il partira conquérir le monde.


J'ai adoré retrouvé l'écriture de Lluis Llach et ses immenses talents de conteur. Et si l'histoire de Barcelone sous le franquisme est ici tout juste évoquée (contrairement à "Les yeux fardés", qui entrait davantage dans les détails, mais puisqu'il l'é déjà fait dans un livre, pas de raison de tout reprendre dans un autre) c'est vraiment davantage la vie du personnage principal qui est ici évoquée. Ou plutôt, toute la partie de sa vie liée au Théâtre des merveilles.
J'ai retrouvé avec bonheur un peu de l'esprit du film "Les enfants du paradis" bien que l'histoire soit totalement différente évidemment. Mais il s'agit pour les deux, livre et film, de la vie d'un théâtre et de ceux qui l'anime, que ce soit devant ou derrière la scène.

Si cette lecture m'a enthousiasmée, je suis restée davantage dubitative sur deux points : le premier est l'accent de Juanito, personnage que l'on rencontre dès la première moitié du livre, mais dont on ne découvre (dans l'écriture) l'accent que dans la seconde moitié, plutôt vers le fin. Ça m'a un peu gâchée la fin, je dois dire, surtout sur une longue tirade pleine de révélations.
J'aurais préféré y être habituée dès le début, là ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Je ne sais pas si c'est un parti pris de l'écrivain ou du traducteur (plutôt le premier, je vois mal un traducteur prendre ce genre de libertés avec un texte), car ça m'a un peu agacée.

Le deuxième point est le thème abordé dans l'épilogue, dont je ne dirai rien ici mais que je trouve en trop finalement. Je comprends l'intention de l'auteur, mais je trouve (et vraiment là, c'est une opinion très personnelle, d'autres vont sûrement aimer), qu'il aurait pu faire l'objet d'une confidence du personnage principal à un autre personnage, ou l'objet d'une pensée du personnage central, via le narrateur, au moment de l'envol de sa carrière.
La lectrice que je suis, en guise d'épilogue, aurait préféré voir ici relaté sa vie d'après le Maravillas, mais c'est l'auteur qui décide et je le respecte tout à fait.

Un très agréable moment de lecture, une narration qui nous emporte avec bonheur dans une belle histoire, je suis une fois de plus ravie de mon choix de lecture pour l'été.
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samedi 30 juillet 2022

Mémoires d'un chat


4 de couv' :
Un chat de gouttière au parler franc et rompu au langage des humains a pris ses quartiers dans le parking d'un immeuble de Tokyo. Lui qui, pour rien au monde, ne troquerait sa liberté se fait un jour percuter par une voiture et se voit contraint d'accepter la perspective d'une cohabitation durable avec Satoru, un locataire, qui le soigne et lui attribue un nom - Nana.
Cinq ans plus tard, des circonstances imprévues obligent Satoru à se séparer de Nana. Désireux de lui trouver un bon maître, il se tourne vers d'anciens camarades élus, disséminés aux quatre coins du Japon. Commence alors une série de voyage et de retrouvailles qui sont pour Nana autant d'occasions de découvrir le passé de Satoru et de nous révéler maints aspects de la société japonaises. Prenant et surprenant, profond et plein d'humour, Les Mémoires d'un chat est un beau roman sur l'adoption, l'amitié et la force des liens qui unissent l'homme et l'animal.


Difficile de parler de ce roman sans tout raconter.
Mais : il est plein de sensibilité, de réalisme, d'humour, d'émotion. L'autrice aime les chats et je pense qu'elle et moi posons sur eux le même regard amoureux et objectif.

J'ai adoré découvrir l'histoire de Satoru, les rencontres et retrouvailles de son voyage avec Nana (et à la question que je me suis souvent posée pour mes chats, à savoir, aimeraient-elles voir la mer, j'ai maintenant la réponse : non, ou sinon de loin), et les paysages et coutumes du Japon. Rien n'est à jeter dans ce roman, excepté les mouchoirs car ici l'émotion est de mise.

Décidément, mes lectures d'été ne cessent de me surprendre et de me transporter.
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vendredi 29 juillet 2022

Rhapsodie italienne


4 de couv' :
1915. Tout sépare Lorenzo, jeune et brillant officier de l'armée italienne, et Nino, un jeune sicilien qui s'enrôle pour  échapper à la prison après avoir commis un crime d'honneur. Mais la guerre fait d'eux des compagnons d'armes, des frères, avant que le règne de Mussolini ne les transforme en ennemis. Tandis que les hommes sont emportés dans le tourbillon des combats, les femmes s'engagent dans la plus belle et la plus dangereuse des luttes, celle pour l'amour, l'indépendance et la liberté. Des premières heures du fascisme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les passions politiques, les sentiments et les ambitions s'entrecroisent violemment.


Ceux qui aiment les belles histoires d'amour vont être ravis. Ceux qui aiment l'histoire, encore plus. Ceux qui aiment les deux vont être comblés !
Par contre, il vaut mieux aimer lire les pavés, car il fait quand même 987 pages... Sur la longueur, je dois avouer que j'ai eu un peu de mal sur la fin mais il faut dire aussi qu'étant en vacances, je l'ai dévoré en trois jours donc j'ai eu un peu de mal sur les énièmes batailles et intrigues politiques de la fin. Mais j'insiste : uniquement parce que je l'ai lu d'un traite ; j'aurais fait plus de pauses, j'aurais davantage apprécié.

En dehors de l'histoire de différentes personnages impliquées dans l'Histoire de leur pays et de la Sicile qui n'est qu'un prétexte pour  retracer l'Histoire de l'Italie entre 1915 et 1945, l'écriture est particulièrement agréable à lire. L'auteur a de réels talents de conteur, non dénués d'humour, et c'est d'autant plus agréable étant donné la longueur du livre. Que, je le répète, j'ai littéralement dévoré. Au point de m'endormir l'autre jour avec pléthore de mots italiens en tête (mention spéciale aux notes de bas de page).

Alors certes, les personnages ont des destins extraordinaires, certes ils s'en sortent avec parfois une chance déconcertante et certes l'un des personnages centraux est un proche de Mussolini. Mais certes aussi, difficile de faire autrement quand on veut évoquer cette partie de l'Histoire italienne depuis les arcanes du pouvoir.

Sur la réalité des personnages, c'est là où celui de Lorenzo Mori est je pense un mélange de plusieurs personnages historiques réels (comme Cesare Mori, sur le passage de la lutte contre la mafia sicilienne). Certains autres sont de vrais personnages historique (Mussolini évidemment et certains hommes politiques, ses maîtresses, sa famille, etc.).
Mais c'est là le brio de l'auteur : on comprend vite que le personnage de Lorenzo est le vecteur de la volonté pédagogique de l'auteur envers le lecteur. Car en plus d'être agréable à lire, on peut dire qu'il sait admirablement vulgariser la moindre information, même la plus compliquée (bataille, géopolitique...).

Sur la partie fiction, j'ai préférée la première (grosse) partie. À partir de la Seconde Guerre mondiale, on plutôt la toute dernière partie, j'ai eu un peu plus de mal (à ne plus être en Sicile). Mais comme je l'ai dit précédemment, en grande partie parce que j'ai lu ce roman en peu de temps, sinon je pense que j'aurais davantage apprécié.

Pour le moment, ma meilleure lecture de l'été.
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jeudi 28 juillet 2022

Anagrammes à la folie


4 de couv' :
Il arrive que deux folies se rencontrent pour le meilleur. L'écrivain Sylvain Tesson a ouvert grand ses horizons à Jacques Perry-Salkow, "faiseur d'anagrammes" comme il y a des faiseurs de pluie".
L'anagramme consiste à mélanger les lettres d'un mot pour en former un autre. Elle opère une lecture secrète, fait surgir un sens tapi dans le repli des mots et des noms. C'est ainsi qu'un canoë peut contenir tout l'océan et que mille rêves recèlent autant de merveilles...


Je m'attendais avec ce livre à quelques considérations sur les anagrammes (de fait oui, en introduction, histoire de donner le ton) voire à une partie où le lecteur lui-même aurait à chercher lui-même quelques anagrammes proposées par les auteurs avec les solutions à l'envers en bas de page ou en fin de livre. Mais entre les deux, surprise totale.

Pas de jeu pour le lecteur, mais de beaux textes qui dont le point de départ est le titre et le point d'arrivée son anagramme. Par exemple : le nom d'un personnage célèbre, un court texte sur un moment précise de sa vie qui va coller à l'anagramme qui aura été tirée de son nom. Une certaine idée de la perfection...

Toutes les anagrammes proposées ic ne sont pas forcément accompagnée d'un texte, ce qui évite un effet catalogue et permet de casser un peu le rythme de lecture.

J'ai constaté avec surprise que dans ce petit livre initialement paru en 2013, bâti à trois (un pour les anagrammes, un pour les textes, un pour l'illustration), on retrouve effectivement beaucoup de Sylvain Tesson : un peu de l'esprit des aphorismes (ici et ), un peu des Forêts de Sibérie, un peu de Berezina, un peu de Noir aussi (dans un texte en particulier), un peu de Géographie de l'instant...

Mention spéciale à la qualité du papier, un beau papier blanc épais, à laquelle je ne me serais jamais attendue pour un livre de poche (éditions Pocket).
Cela se justifie très certainement pour un meilleur rendu des peintures à l'encre de Michel Spinosa dont je regrette vraiment qu'il ne soit pas cité en couverture car ce livre.
La beauté de ses peintures rehausse admirablement la qualité du livre, au point que parfois je me dit qu'elle ne font pas que l'illustrer, mais pourraient parfois être considérées comme le point de départ de certains textes. Un bel équilibre donc. Car autant je me suis attardée sur certains textes, autant je me suis attardée sur la plupart des peintures, preuve s'il en est qu'elles ne sont pas que des illustrations.

Une bonne surprise à tous points de vue, ce livre.
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mardi 26 juillet 2022

Lettre à ma fille


4 de couv' :
Dédié à celle qu'elle n'a jamais eue, Lettre à ma fille est une succession de courts textes décrivant les souvenirs qui ont façonné la vie exceptionnelle de Maya Angelou.
Féministe avant l'heure, et après une enfance et une adolescence marquée par la violence, elle écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis elle fréquentera le milieu intellectuel noir-américain et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires.
C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle se mettra à écrire après la mort de Martin Luther King et deviendra l'auteure que l'on connaît aujourd'hui.
Dans ce captivant récit, l'auteure nous fait partager ses combats et les épreuves qui ont forgé son caractère dans la compassion et le courage.

Ce livre est un magnifique héritage transmis par Maya Angelou à toute fille ou femme qui la lira. Elle ne s'adresse pas vraiment à la fille qu'elle n'a pas eue, mais à toutes celles qu'elle a pu ou pourrait inspirer. Ce qui n'empêche pas tout homme ou garçon de le lire...

Chaque court texte a un thème précis et de chaque souvenir relaté, elle en tire une leçon autant pour elle-même que pour nous tous, empreinte de générosité d'empathie et de bienveillance... Et non dénuée d'autodérision et de sévérité envers elle-même quand elle évoque certains souvenirs où elle a fait preuve disons... de trop de spontanéité un peu vive (et c'est rassurant de voir qu'une telle grande dame peut elle aussi se mettre dans des situations embarrassantes).

Elle rend aussi hommage aux personnalités et artistes qui l'ont marquée, probablement très célèbres aux États-Unis et/ou à leur époque, et que j'ai donc découverts par ce biais. Inutile de dire que ce livre va me servir de référence pour les découvrir.

Et en bonus, nous régale de quelques poèmes.

Mention spécial au prologue de Dinaw Mengestu : un très bel hommage, qui m'a donné envie de découvrir cet auteur.

Décidément, un livre à mettre entre toutes les mains.
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dimanche 24 juillet 2022

Et pourtant je m'élève


4 de couv' :
Maya Angelou est aujourd'hui unanimement célébrée pour ses romans autobiographiques, dont le célèbre Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage. Activiste et écrivaine, militante des droits civiques, elle fut aussi une poète de talent, publiant avec succès des recueils tout au long de sa vie.
Et pourtant je m'élève, son troisième volume, paru en 1978 aux États-Unis, la révèle dans sa pleine maturité poétique, mêlant, dans une langue puissante, nourrie de blues et de negro spirituals, des motifs intimes et des thèmes politiques. Car MayaAngelou ne s'exprime jamais en son seul nom, même lorsqu'elle raconter l'amour, l'espoir ou la douleur.
À travers sa voix, c'est toute la force, la fierté et l'esprit indomptable de la communauté africaine-américaine qui s'expriment, mais aussi la détermination des femmes à s'élever malgré l'adversité.


Enfin ! Une maison d'édition s'est enfin décidée à publier les poèmes (tous, je ne suis pas sûre) de Maya Angelou. L'avantage, c'est qu'il s'agit ici d'une édition bilingue, ce qui permet d'en savourer tout la splendeur original avec la traduction en français qui m'a bien servie de béquille là où mon anglais me faisait défaut.

Ses poèmes sont comme des chants (certes, c'est un peu la caractéristique de la poésie, mais là particulièrement) qui nous transportent.

J'ai un peu plus de mal avec la traduction. Le traducteur explique (hélas, en fin de livre) ses choix de traducteur, que je comprend parfaitement d'autant que j'ai fait des études de langues (non littéraires cependant), mais il manque un petit je ne sais quoi.
Ou tout simplement la comparaison entre texte original et sa traduction fait que je n'étais pas autant transportée par la version en français.

Toujours est-il que j'ai adoré (enfin !, j'insiste) trouver ce petit recueil de poèmes que j'attendais depuis si longtemps et le déguster avec gourmandise.
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vendredi 22 juillet 2022

Le Poids des secrets

Les 4 de couv' :

TSUBAKI

À la mort de sa mère, survivante de la bombe atomique de Nagasaki, Namiko se voit remettre deux enveloppes. La première est adressée à un oncle maternel dont elle ignorait l'existence et qu'elle est chargée de retrouver. La seconde contient une lettre en forme de confession à sa fille, sans laquelle elle n'aurait pu partir en paix. Elle y raconte son quotidien pendant la guerre, son premier amour, et révèle le secret qui l'a poussée à commettre l'indicible.






HAMAGURI

Enfant illégitime, Yukio est très attaché à une petite fille avec laquelle il joue quand elle vient au parc avec son père. Le jouroù sa mère se marie, ils quittent Tokyo pour Nagasaki. Une autre vie commence, avec enfin une figure paternelle, mais Yukio reste d'un naturel solitaire. Il pense souvent à la fillette qui l'avait demandé en mariage et dont il garde un souvenir aussi doux que vague. À l'adolescence, pendant la Seconde Guerre mondiale, il tombe amoureux de sa nouvelle voisine mais ne peut oublier sa promesse d'enfant...




TSUBAME

La jeune Yonhi vit à Tokyo avec sa mère et son oncle, venus de Corée avant sa naissance. Afin de la protéger d'émeutes contre leur communauté, à la suite du tremblement de terre qui a dévasté Kanto en 1923, sa mère la confie à un prêtre catholique, qui la met à l'abri dans son orphelinat. Désormais cachée sous un nom japonais, coupée de son histoire familiale, Yonhi ne découvrira que des années plus tard le secret de ses racines.





WASURENAGUSA

Héritier d'une noble famille de la cour impériale, Kenji Takahashi a divorcé, au grand dam de ses parents qui ne songent qu'à le remarier à une femme de bonne lignée. Mais il est stérile et préfèrerait garder ce secret pour lui. Lorsqu'il tombe amoureux de Mariko, orpheline et mère célibataire, il sait que ses projets risquent de se heurter à la volonté parentale. Il puise son courage dans le souvenir de Sono, la nurse qui s'est occupée de lui et à laquelle il reste très attaché, mais qui s'est exilée en Mandchourie.



HOTARU

L'étudiante en archéologie Tsubaki aime tendrement sa grand-mère Mariko, à qui elle a toujours confié ses tourments intimes et amoureux. Depuis une commotion cérébrale, la vieille dame désormais veuve semble victime d'hallucinations, et ses jours sont comptés. De la confusion de ses propos se détache pourtant  une histoire d'innocence abusée qui concerne la jeune fille qu'elle était.







Chacun de ces courts romans (le plus long fait 130 pages), regroupés dans un coffret mais que l'on peut acheter individuellement, raconte la même histoire selon cinq narrateurs.

Chaque point de vue est unique, chaque perception est différente, chaque récit recèle ses propres secrets, sans compter celui qui est le centre de l'histoire.
La façon dont tout ceci est articulé est admirable, tout en délicatesse et sans jugement aucun. De secret en secret, c'est beaucoup l'amour qu'on retrouve ici, l'amour de sa vie, l'amour de sa famille et l'amitié.

Le plus est la découverte d'une partie de l'Histoire interne du Japon. Certains évènements m'étaient totalement inconnus.

Je me suis vraiment laissée portée par cette pentalogie, la retrouvant chaque soir avec plaisir. L'autrice en a fait deux autres, je vais me laisser tenter...
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vendredi 15 juillet 2022

Meurtre au village


4 de couv' :
De vieilles dames oisives peuvent-elles se convertir en détectives amateurs ? C'est ce que pensent Miss Stone - l'auteur se met directement en scène - et plusieurs de ses amies lorsque l'on découvre un matin de février lady Milicent morte dans son lit et que le médecin refuse le permis d'inhumer. Forte de l'expérience acquise au cours de sa carrière dans une agence de renseignements londonienne, Miss Stone part en campagne et découvre avec stupéfaction, au fur et à mesure qu'elle progresse dans l'entourage de la morte, qui s'amusait de son vivant au vilain petit jeu du chantage, des gens encombrés de quelques cadavres. Qui a clos la bouche venimeuse de lady Milicent avant qu'elle ne salisse une réputation apparemment sans tache ?
Le lecteur va de surprise en surprise jusqu'à la conclusion très inattendue.


Ce livre fait partie d'un lot de livres trouvé dans le grenier de mes parents à l'adolescence dont celui-ci.
Inutile de dire qu'à l'époque il a fait partie de mes lectures de routine de l'été, c'est donc avec bonheur que je me suis replongée dedans cette semaine.

Nous avons ici un polar à l'anglaise, digne des Agatha Christie, avec une forme d'humour anglais particulièrement marqué (notre narratrice peut parfois être franchement féroce même avec ses meilleures amies, qui le lui rendent bien. Je n'aimerais pas en faire partie...).

J'adore les histoires de village anglais où chacun a ses petits secrets, ou plutôt, ses placards remplis de cadavres et autres choses plus ou moins avouables. Rien ne me réjouit autant que cette apparente respectabilité un peu guindée qui craquèle, se fissure, pour finir en lambeaux !
Si la mentalité et l'attitude de certains personnages pourraient passer pour suranné, je n'en aime que plus ce type de romans. Et n'oublions pas que la présente édition date de 1961 et que nos personnages principaux sont surtout de charmantes et sémillantes retraitées.

Sur l'aspect polar, si notre narratrice mène elle-même l'enquête, elle doit quand même à un (gros) coup de pouce pour trouver la personne ayant commis le meurtre... et dont le mobile est finalement assez convenu (mais chut).

Et pour l'anecdote, toujours sur cette édition, j'ai eu la surprise de (re)constater foultitude de coquilles, fautes d'orthographe ou de conjugaison, sans compter deux paragraphes mélangés ! Autant cela peut m'agacer en temps normal, autant cela m'a plutôt amusée cette fois.

Bref, encore une agréable lecture d'été.
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jeudi 14 juillet 2022

Nature morte aux miettes de pain


4 de couv' :
Roman plein d'élégance d'optimisme et de charme, l'émouvant portrait d'une femme qui pensait avoir remisé son coeur et son art au placard. Mais dans la campagne américaine, la vie est pleine de surprises, et les passions, souvent imprévisibles.
En trente ans, Rebecca Winter est passée d'icône féministe des seventies à artiste has been et ruinée. Unique solution pour soulager ses finances : quitter Manhattan. Qui sait, peut-être trouvera-t-elle en province le matériau qui lui permettra de renouer avec le succès de Nature morte aux miettes de pain, cette photo qui avait lancé sa carrière et bouleversé son existence...
Sauf que la vie champêtre n'a rien d'idyllique : sa maison tient plus de l'abri de jardin que du cottage cosy, elle partage le grenier avec un raton laveur et, les soirs de pluie, c'est l'inondation assurée. Et l'inspiration ne vient toujours pas...
Mais sa rencontre avec Jim, jeune charpentier passionné d'ornithologie, pourrait bien tout changer. Alors qu'elle l'accompagne dans son observation des rapaces, la photographie se laisse peu à peu gagner par le mystère des lieux ; par l'envie de découvrir cet homme secret, solitaire. Et si, pour rompre avec le passé et cette Nature morte qui la retient prisonnière, Rebecca devait apprendre à voir au-delà de l'objectif ? À s'ouvrir au possible ?


J'ai acheté ce acheté lui aussi lors de la foire au livre des médiathèque de Brest en fin d'année, rien que pour le titre, original, et la quatrième de couverture.
Et je ne regrette pas, ce fut une bonne surprise. Idéal pour l'été diront certains, ce qui tombe bien en ce qui me concerne (lecture douceur et pas prise de tête, sans compter quelques scènes de neige, particulièrement rafraîchissante cette semaine), ce n'est pas non plus seulement une simple bluette cul-cul gnan-gnan à la "chicklit".
Déjà parce que le personnage central n'est pas une jeune écervelée, elle a soixante ans donc un certain vécu, et même si elle est un peu désabusée par la tournure de sa vie (et la découverte "en vrai" de sa maison à la campagne), elle conserve une détermination et une envie de croire en ses talents de photographe.

Ajoutez à cela de beaux personnages (ou moins beaux d'ailleurs pour certains) et paysages, le tableau est planté.

Sans être forcément particulièrement exceptionnelle, l'écriture est très agréable à lire et j'ai adoré les apartés entre parenthèses, donnant des détails sur la vie à venir des personnages, et surtout la subtilité de l'humour de l'autrice.

Un bon petit cocktail à déguster sans modération à la plage cet été, ou à tout autre moment de l'année, rien pour se faire plaisir.
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dimanche 10 juillet 2022

Je ne suis pas d'ici


4 de couv' :
Vid Cosic a fui un passé douloureux en Serbie pour devenir menuisier à Dublin. Toute sa bonne volonté devient maladresse au contact des habitants. Ici, on n e pénètre pas sans risque dans les pubs et les histoires familiales. Après une soirée arrosée, il vient en aide à Kevin, son meilleur ami et employeur. Cruelle erreur ! Vid va comprendre que certains secrets doivent rester immergés.

J'ai acheté ce livre en fin d'année dernière lors de la foire aux livres des médiathèques de Brest (d'où je suis repartie, je le rappelle, avec 11 livres pour 15 euros, avis aux amateurs!).

Je l'ai commencé en pensant lire un polar et il faut dire que la couverture, la façon de raconter et le début de l'histoire, m'ont bien induite en erreur.

Du tout. Ce roman parle essentiellement de la difficulté pour un émigré de s'installer dans un pays et même si Vid parle très bien la langue, certaines subtilité (expressions, humour, culture de base, etc.) lui font encore défaut.
Sa volonté absolue de s'intégrer et rester dans ce pays lui fera accepter beaucoup de son ami irlandais (que pour ma part, j'aurais évité comme la peste) et à se remettre en question même quand il n'a rien à se reprocher.

Mais il s'agit aussi (un peu) de l'histoire de l'Irlande, de l'âpreté d'un pays aussi bien dans les moeurs de la société que dans sa météo, et de la complexité d'une famille qui a à une époque volé en éclat et dont la cohésion reste finalement un peu fragile.
Mais chut, pour l'histoire, découvrez-la par vous-même.

La langue (mention spéciale au traducteur) est magnifique et m'a vraiment transportée.

Encore un écrivain à ajouter dans ma déjà assez longue liste d'auteurs à suivre.
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vendredi 8 juillet 2022

Une voix dans la nuit


4 de couv' :
Auteur d'un feuilleton radiophonique écouté par des millions d'auditeurs, écrivain à succès, Gabriel Noone est une star. Ce qui ne l'empêche pas de pleurer à chaudes larmes quand Jess, son compagnon, le quitte brutalement.
Mais voilà qu'un évènement inattendu vient le tirer de sa déprime : Pete, un garçon de treize ans porteur d'un lourd secret, fait irruption dans son existence, prenant la place du fils qu'il n'a jamais eu.
C'est le début d'une incroyable histoire, où la réalité et l'illusion ne vont cesser de jouer à cache-cache, entraînant Gabriel Noone de plus en plus loin, dans une aventure qui bouleversera sa vie à jamais.


De tous les Armistead Maupin que j'ai pu lire, je dois dire que c'est celui qui m'a le moins plu. Non pas que je n'ai pas aimé, mais si je dois faire un classement, "Maybe the moon" est mon préféré, viennent évidemment ensuite "Les chroniques de San Francisco" et celui-ci en dernier. Je ne compte pas "Mon autre famille" puisqu'il s'agit d'une autobiographie et non d'un roman.
La qualité de l'écriture est indéniablement là, la façon de raconter (et quel conteur !) aussi, mais les autres romans sont de loin mes préférés.

Ceci posé : comme souvent avec cet auteur, on se demande de bout en bout quelle est la part de fiction et la part de sa vie qu'il met dans ce roman.
Le narrateur a créé à la radio une série parlant de la vie de gens qu'il connaît et a romancée, il fait allusion a la superbe lettre d'un de ses personnages à sa mère révélant son homosexualité, utilisant ainsi ce personnage pour le dire à ses parents (clin d'oeil ô combien sympathique au Michael des Chroniques), etc.

En jouant sur cette ambiguïté entre ce qui est inventé et ce qui a une part de réalité, l'auteur s'en amuse (jusqu'à la dernière page), et nous avec.
Et le narrateur lui-même y est confronté et se demande, quand son entourage le lui suggère, ce qui vrai ou non dans l'histoire qu'il découvre.

Au delà de ça, ce roman est l'occasion pour l'auteur de questionner le sens de la vie (la sienne), les relations avec les autres, la place dans sa famille, et ceci en pleine cinquantaine.

Donc comme toujours avec Armistead Maupin, profondément humain.
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