jeudi 29 octobre 2015

La femme en vert

4 de couv' :
Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain.
Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. Cette même nuit, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours sans avoir le temps de lui dire où elle est. Il la retrouve à grand-peine dans le coma et enceinte. Erlendur va tout les jours rendre visite à sa fille inconsciente et, sur les conseils du médecin, lui parle, il lui raconte son enfance de petit paysan et la raison de son horreur des disparitions.
L'enquête nous est livrée en pointillé dans un magnifique récit, violent et émouvant, qui met en scène, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une femme et ses deux enfants. Une femme victime d'un mari cruel qui la bat, menace ses enfants et la pousse à bout.
Voici à nouveau le commissaire Erlendur et ses adjoints Elinborg et Sigurdur Oli dans un récit au rythme et à l'écriture intenses et poignants, aux images fortes et aux personnages attachants et bien construits. La mémoire est comme toujours chez Indridason le pivot de ce roman haletant, qui hante longtemps ses lecteurs.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, aussi bien pour son écriture que pour les personnages, le parallèle entre les deux époques (et la manière dont elles se rejoignent), la progression de l'enquête, et que pour la vie personnelle d'Erlendur. Il cumule tout ce que j'affectionne particulièrement dans les polars, autant dire qu'il est pour moi la perfection dans ce genre.

Décidément, je vais devenir fan de cet auteur.
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mardi 27 octobre 2015

Guide à l'usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie

4 de couv' :
1923. Evangeline, jeune femme éprise de liberté, quitte sa petite vie tranquille en Angleterre. Elle rêve de parcourir le monde à bicyclette et décide de suivre sa soeur Lizzie, devenue missionnaire, sur les routes d'Asie.
De nos jours, à Londres. Frieda hérite d'une mystérieuse femme, Irene Guy. Bien décidée à découvrir les raisons de cette succession inattendue, elle mène l'enquête et rencontre Tayeb, immigré yéménite avec qui elle se lie d'amitié. Sur les traces d'une inconnue, elle va s'offrir un fabuleux voyage vers ses propres origines.

Roman certes sympathique, mais je m'attendais à mieux. Je crois que j'espérais quelque chose de la même veine que Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, j'ai donc forcément été un peu déçue.

Alors que je m'attendais à voir évoqué le parcours de ces deux jeunes femmes tout au long du roman (parcours qui nous est présenté sur la carte en début de livre), le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles restent pour le moins statiques pendant une bonne partie de l'histoire ! Qui plus est, ce roman commence sur une scène des plus abruptes, qui trouve toute sa logique une fois fini le roman (la scène, pas le côté abrupt, encore que...), mais quand même.
Le parallèle entre les deux époques est un peu inégal. Autant la narration d'Evangéline m'a intéressée (pour le côté exotique et d'époque ?) autant celles de Frieda et Tayeb m'ont moyennement emballées avec des retours en arrière qui tombaient parfois un peu "mal-t-a-propos" en donnant l'impression qu'une nouvelle idée était survenue à l'auteure en cours de route pour dénouer telle situation dans l'histoire.
Mais je reconnais que je suis là peut-être un peu critique.

Un assez bon moment de lecture dans l'ensemble.
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dimanche 25 octobre 2015

Profanation

4 de couv' :
Sur le bureau de l'inspecteur Carl Morck, chef du département V, le dossier d'un double meurtre commis en 1987 et impliquant une bande de fils de famille, innocentée par les aveux "spontané" d'un des leurs. Morck s'aperçoit que l'affaire a été hâtivement bouclée et décide de reprendre l'enquête.
Cercles fermés des milieux d'affaires, corruption au plus haut niveau, secrets nauséabonds de la grande bourgeoisie... Adler-Olse mêle suspense implacable et regard acerbe sur son pays.

Je suis un peu moins enthousiaste pour ce roman que pour le précédent, Miséricorde. Il faut dire que je ne raffole pas des détails sanglants ni des personnages de méchants où leurs défauts sont tellement accentués qu'il en deviennent presque caricaturaux ou en tout cas, peu vraisemblables (du moins je l'espère car être malsain à ce point, et en groupe, si c'est du domaine du réel, ça ne rassure guère sur le genre humaine. Déjà qu'en temps normal...).

Cela étant, ce roman est bien construit, malgré des personnages un peu inégaux (en particulier Assam et Rose). J'ai apprécié les trois narrations du roman (les enquêteurs, le groupe de meurtrier, et un autre personnage et son petit monde) qui lui donnent un relief particulier.

Un très bon moment de lecture dans l'ensemble.
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vendredi 23 octobre 2015

Un long chemin vers la liberté

4 de couv' :
Nelson Mandela commence la rédaction de ses souvenirs en 1974 au pénitencier de Robben Island et l'achève après sa libération, en 1990, à l'issue de vingt-sept années de détention. Né et élevé dans la famille royale des Thembus, Mandela gagne Johannesburg où il ouvre le premier cabinet d'avocats noirs. Il devient un des leaders de l'ANC (Congrès national africain).
Dès lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond avec son combat pour la liberté, faisant de lui l'homme clef pour sortir l'Afrique du Sud de l'impasse où l'ont enfermée quarante ans d'apartheid. Un document majeur sur un des grands bouleversements politiques de la fin du XXe siècle.


Ceci n'est pas qu'une simple biographie. C'est aussi un livre d'histoire, de droit, de politique, animé par l'amour que l'auteur porte à son pays. Tout nous y est expliqué dans le moindre détail, et non pas de façon rébarbative, mais suffisamment vulgarisé pour que cela reste à la portée de tous.

Et heureusement parce que ces 758 pages de petite police d'écriture avec quasiment pas de marge auraient très vite pu être très rébarbatives. Là c'est juste un peu long, et je dois bien avouer que j'ai entrecoupé ma lecture avec celle d'autres livres plus "légers" (voir articles précédents).

Long, donc, comme la vie de cet homme, mais passionnant. Il est toujours intéressant, du moins pour moi, de voir l'évolution d'un pays comme l'Afrique du Sud, en particulier par le prisme d'un homme tel que Nelson Mandela. Sans juger personne, il est cependant sans concession autant pour les autres que pour lui-même, et sans artifice.
Les choses telles qu'il les analyse, telles qu'il les a vécues, avec cependant suffisamment de retrait pour gagner le plus possible en objectivité.

A recommander absolument !

jeudi 22 octobre 2015

La citadelle des ombres

4 de couv' :
Robin Hobb entraîne ici le lecteur dans les prémices de la Citadelle des Ombres. La vérité qui se cache derrière le mythe du prince Pie se dévoile grâce au récit de Félicité, compagne roturière de la princesse Prudence de Castelcerf : quand celle-ci donne le jour à un bâtard qui porte sur le corps la robe pie du cheval de son père, c'est Félicité qui se charge de l'élever. Et, lorsque le prince Pie arrive au pouvoir, les intrigues politiques propagent de dangereux discours sur le Vif qui changeront à jamais le royaume...


Soyons objective, je me mets ici en mode fan club (une objectivité très subjective donc).

Il s'agit donc ici de l'histoire du prince Pie. Comparé à la saga de l'Assassin Royal, ce roman s'apparente plutôt à une nouvelle, dont l'intérêt est d'apporter un éclairage nouveau sur la légende de ce prince damné et de rétablir la vérité. Tout comme la nouvelle "retour au pays" apportait un éclairage nouveau sur les premiers habitants du Désert des Pluies.

Si cette nouvelle n'est pas indispensable à la compréhension des différentes sagas de l'Assassin Royal (à propos, une nouvelle série vient de sortir, qui apparemment concernerait davantage Abeille, la fille de Fitz), dont l'écriture ne contient pas la verve habituelle de Robin Hobb, elle reste un sympathique moment de lecture.

L'auteur s'est fait plaisir en écrivant cette histoire, et au final, à nous aussi !
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mardi 20 octobre 2015

Homer et Langley

4 de couv' :
Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue depuis la disparition de leurs parents en 1918, deux frères traversent le siècle en assumant une ardente vocation d'ermites. A leur grand dam, leur solitude est pourtant troublée par deux guerres mondiales ainsi que par les irruptions des multiples acteurs de la comédie humaine dont New York est le théâtre - avec ses immigrants, ses prostituées, ses gangsters et autres musiciens de jazz.
Pianiste aveugle assionné de musique classique, grand amateur de femmes, Homer est à peine plus raisonnable que son frère, Langley, esprit rebelle et farfelu, friand d'objets en tout genre qu'il amasse au gré de ses lubies...
Inspiré d'une histoire vraie - celle des frères Collyer, collectionneurs impulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres -, ce roman drolatique, pétri d'humanité et porté par deux personnages dont la loufoquerie le dispute à l'humour, narre, à sa façon jubilatoire, l'épopée du matérialisme et de la solitude made in USA.


Je suis un peu mitigée sur ce roman. Bien que ce fut un assez agréable moment de lecture, cette dernière m'a été parasitée par un gros (énorme et horripilant) détail : si ce livre est bien inspiré de la vie des frères Collyer, le fait est qu'il s'agit d'une fiction  et non d'une biographie romancée. D'autant qu'il comporte une énormité biographique : les frères Collyer, les vrais, sont morts en 1947. Dans ce roman, l'auteur les fait vivre au-delà des années 1960.

C'est donc une lectrice perplexe qui, arrivée à peine à la moitié du livre alors que les personnages atteignent 1945 (soit 2 ans seulement avant leur décès), s'interrogeaient :
1) plus que 2 ans à vivre et il reste quand même tout ça à lire ?
2) comment ça, le narrateur vient de dire qu'il constateraient tel fait 10 ans plus tard ? 'sont pas censés être déjà morts à ce moment là ?

Certes, le quatrième de couverture précise bien "traversent le siècle" (mais quand tu es né fin XIXème arriver à la moitié du siècle suivant, tu en as traversé une bonne partie...) et "inspiré d'une histoire vraie" (LIBREMENT inspiré d'une histoire vraie aurait été plus juste).

Ce fut quand même un bon moment de lecture, bien que parfois un peu répétitif et moins relevé que ce à quoi je m'attendais.
L'intérêt vaut aussi par cette vie de reclus vue de l'intérieur, bien que le narrateur essaie à peine d'expliquer la manie accumulative de son frère, sans doute parce que personne n'a jamais su ou essayé de le faire à l'époque. Du coup, l'auteur non plus (bien qu'il aurait pu vu qu'il n'a pas hésité à prendre des libertés chronologiques voire historiques avec la réalité..).

Evidemment, cette réclusion volontaire n'améliore par leur relation aux autres et leur compréhension du monde, ce qui en fait en partie la force comique du roman. Ne vous attendez pas cependant à de grands éclats de rire, l'humour ici est assez subtil.

Cela étant, quelle drôle de vie par drôle pour les frères Collyer, et quelle triste fin...
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dimanche 18 octobre 2015

Le crime du comte Neville

4 de couv' :
Ce qui est monstrueux n'est pas nécessairement indigne


A la fois collectionneuse et fidèle en lecture, c'est donc tout logiquement que cette année encore j'ai acheté le dernier Amélie Nothomb en date.
Et j'ai été déçue. Certes, cela fait quelques livres maintenant qu'une majorité de lecteurs estime ses romans moins bons que les tout premiers, je trouvais même le précédent bien meilleur que ceux des dernières années, mais là pas du tout.

Amélie Nothomb est la seule auteure dont je supporte quantité de dialogues qui riment habituellement avec qualité. Ils sont généralement percutants, plein de verve, de style, truculents, relevés et on attend la réplique suivante avec bonheur et délectation.
Là il ne s'agit que de dialogues, lesquels, comparés à ce à quoi elle nous avait habitués tombent un peu plat tellement ils paraissent fades et sans relief.

L'histoire en elle-même est à la base assez intéressante et aurait mérité d'être mieux exploitée, avec plus de profondeur. Là, elle n'est que survolée.

Dommage, car l'idée était bonne et aurait pu facilement atteindre la quasi-perfection. Peut mieux faire donc.
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dimanche 4 octobre 2015

Prix Cezam 2015 - mon classement

Voici donc mon classement pour le prix ittéraire Cezam de cette année. Et comme tous les ans, ce fut difficile d'établir un classement, la plupart m'ayant beaucoup plu, ou au moins certains autant que d'autres, alors trouver un ordre de préférence n'est guère aisé. Pas sans avoir l'impression de "trahir" certains auteurs en tout cas.

A noter que je n'ai pas lu l'un des romans faute de pouvoir l'emprunter à temps (mais 9 romans sur 10, c'est plutôt pas mal quand on sait que je n'ai pas lu que ça !).
Et j'ai refusé d'attribuer une note à "Terminus Belz", tellement j'étais en colère de cette vision que l'auteur donne des bretons (tellement loin de ce que nous sommes réellement) et déçue de ce polar que - contrairement aux commentaires dithyrambiques que j'ai pu lire un peu partout - j'ai trouvé franchement moyen et inégal. Bref, à ce moment là, je ne pouvais pas mettre le moindre point.

Donc, par ordre de préférence, 10 étant la note attribuée au roman préféré :
10 - De père légalement inconnu, de Françoise Cloarec
9 - L'Oubli, de Emma Healey
8 - Le liseur de 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent
7 - Le dernier gardien d'Ellis Island, de Gaëlle Josse
6 - Buvard, de Julia Kerninon
5 - Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre, de Céline Lapertot
4 - Le complexe d'Eden Bellewether, de Benjamin Wood
3 - L'égaré de Lisbonne, de Bruno d'Halluin

Reste à attendre les résultats officiels, je pense que ça se jouera entre L'Oubli et, hélas, Terminus Belz.
A suivre...
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