vendredi 23 février 2024

Le voyage de Cilka

4 de couv' :
Cilka Klein n'a que 16 ans lorsqu'elle est déportée. Très vite remarquée pour sa beauté par le commandant du camp de Birkenau, elle est mise à l'écart des autres prisonnières.
Mais à la libération du camp par les russes, elle est condamnée pour collaboration et envoyée en Sibérie. Un deuxième enfer commence alors pour elle. Au goulag, où elle doit purger une peine de quinze ans, elle se lie d'amitié avec une femme médecin et apprend à s'occuper des malades à l'hôpital.
C'est ainsi qu'elle rencontre Alexandr et qu'elle découvre que l'amour peut naître même dans les situations les plus dramatiques.

Comme pour "Le tatoueur d'Auschwitz", ce roman se base sur une personne qui a réellement existé, à partir de témoignages que l'autrice a pu récolter à son sujet. Après recherches sur Internet, je me suis rendue compte que son histoire tient largement plus de la fiction que de la biographie.
L'autrice ne s'en cache d'ailleurs pas : par exemple Cilka - la vraie - avait deux soeurs, dans le roman elle n'en a plus qu'une qui est un condensé des deux.

Sur l'histoire racontée dans ce roman : j'ai été happée dès les premières pages et ai eu du mal à en décrocher. On se prend d'affection pour le personnage, on envie de suivre ses aventures, savoir ce qui va lui arriver jusqu'à sa libération (et si elle est libérée, vu qu'elle se trouve dans un goulag), si elle va vraiment passer 15 ans dans ce camp, comment elle va survivre, etc.

Mais si le contexte du goulag est bien posé dès le début, je trouve qu'il est plutôt survolé dans le reste du livre. Et que l'autrice n'insiste pas plus que cela, n'y faisant que des allusions par la suite. Par exemple : des personnages marchent sous la neige à un moment. Mais on est en Sibérie, ce n'est pas comme s'ils étaient dans nos contrées, là-bas ils sont sous des températures avec des dizaines en-dessous de zéro quand même, ça aurait dû être décrit avec un peu plus de difficultés que cela...
Au lecteur donc de s'en rappeler au fil du livre, ce qui n'est pas gênant au final. Mais je dois avouer que par moment, je n'avais plus l'impression qu'elle était au goulag. Des détails de la vie là-bas sont inclus dans le roman, mais j'ai parfois eu l'impression que d'autres manquaient pour lui donner davantage de substance.

Cela étant, mention spéciale à l'honnêteté de l'autrice qui explique en postface sa façon de procéder sur la création des personnages et du roman, ainsi qu'à la postface d'Owen Matthews, qui rend compte de la réalité historique des goulags et du contexte politique de l'époque.

Un très bon roman, prenant, pour le moment mon préféré des trois tomes.
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samedi 17 février 2024

Le tatoueur d'Auschwitz

4 de couv' :
L'histoire vraie d'un homme et d'une femme qui ont trouvé l'amour au coeur de l'enfer.
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent à l'entrée du camp d'Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C'est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu'il marue à jamais.
Un jour, pourtant, il lève les yeux sur Gita, et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d'une noirceur infinie. Ils savent d'emblée qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Dans cette prison où l'on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n'y a pas de place pour l'amour.
Ils doivent se contenter de minuscules moments de joie, qui leur font oublier le cauchemar du quotidien. Mais Lale fait une promesse à Gita : un jour, ils seront libres et heureux de vivre ensemble.


J'avais beaucoup entendu parler de ce livre et des tomes suivants qui ont eu un assez grand succès (ce tome-ci faisant l'objet d'un film ou série). Comme d'habitude, j'ai préféré attendre que l'enthousiasme retombe un peu pour le lire (merci maman de m'avoir a-offert les trois tomes à Noël).

Je suis un peu mitigée sur ce livre. Certes, il est basé sur le témoignage de Lale, qui a réellement existé, certes l'autrice est scénariste avant d'être romancière, mais hélas ça se ressent.
J'ai eu un peu de mal avec l'écriture qui, si elle ne manque pas d'empathie, a tendance à seulement dire les choses les unes après les autres. Une fois passé cela, on se surprend à se plonger dans l'histoire, occultant complètement ce qu'il y a autour de nous.

Autre chose qui m'a un peu dérangée : j'ai déjà lu d'autres livres sur les camps de concentration, dont beaucoup de livres de Christian Bernadac en particulier, qui sont des recueils de témoignages de survivants des camps de concentration nazis.
Comme beaucoup dans les années 1980, j'ai adoré lire et regarder (télévision et film) "Au nom de tous les miens". Et relire et re-regarder.

Je trouve donc que ce livre, sur le côté témoignage, recèle des faiblesses. Je n'ai pas l'impression que l'autrice, en parallèle de ce témoignage, ait fait des recherches sur les camps de concentration pour rapprocher le témoignage au plus près de la réalité. Je ne me rappelle pas par exemple (mais comme je ne me rappelle pas, peut-être est-ce moi qui ait tort, que les prisonniers n'avaient pas à travailler le dimanche. Dans mes souvenirs - ou était-ce un ressenti à le lecture de tous ces livres de témoignages - les prisonniers travaillaient constamment, sans jour de repos, jusqu'à en crever.

Si l'autrice ne cache rien de la cruauté des camps, elle donne l'impression de survoler le "réel" de cette survie là-bas. Ce qui a au moins le mérite de ne pas tomber dans le pathos, ce qui aurait été pire.

Cela étant, ce roman a le mérite de contribuer au devoir de mémoire et de continuer à ne pas faire sombrer cette partie de l'histoire dans l'oubli. Plutôt salutaire par les temps qui courent avec les prochaines élections européennes...
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jeudi 15 février 2024

Panique en Armorique

4 de couv' :
Finistère sud. Une nuit épaisse de novembre, un incendie criminel détruit un élevage de poulets en batterie. Quand l'attentat est revendiqué par des militants déjantés de la cause animale, l'enquête revient au (charmant) capitaine Chauvigny.
Non loin, la commissaire retraitée Lola Jost et sa meilleure amie, la jeune strip-teaseuse américaine Ingrid Diesel, sont en vacances. Intrigué par les évènements, et histoire de s'occuper un peu, le duo décide de jouer les détectives sous le nez des gendarmes.
Mais très vite la tension monte : leP-DG de Poulets Dorés est retrouvé mort, pendu par les pieds et électrocuté comme ses volailles...

J'ai eu un peu de mal à démarrer sur ce nouveau tome des aventures de Lola Jost et Ingrid Diesel.
Déjà parce que ce que j'ai toujours aimé dans cette série est le Paris de carte postale et que cette fois, l'histoire se passe dans le Finistère sud. C'est sympa et devrait me flatter mais en ce qui me concerne, zéro dépaysement.
Ensuite parce que je n'aime ni le titre, ni la couverture, tellement différents de l'esprit des autres tomes...

J'ai donc eu du mal au démarrage, au point de laisser le livre de côté pendant une semaine. Puis je l'ai repris dimanche dernier. Et n'ai pu finalement le lâcher que vers 2h00 du matin.

Si ce n'est pas mon tome préféré, je dois avouer qu'il m'a bien divertie et qu'on ne comprend vraiment l'intrigue qu'à la toute fin.

Sentiments mitigés donc, mais finalement relativement positif.
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dimanche 4 février 2024

Consolée

4 de couv' :
1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, petite fille métisse, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour "enfants mulâtres".
Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du sud-ouest de la France. Elle y rencontre Mme Astrida, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue. En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de la vieille dame, Ramata se retrouve confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.
Un roman poétique, d'une grande actualité, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.


En me promenant et donc furetant dans ma librairie préférée, mes yeux ont été attirée par cette magnifique couverture. "Ne pas juger un livre à sa couverture" dit-on, mais sur ce coup-ci, fi du dicton, et j'ai bien fait.
Je vous rassure, je l'ai pris aussi parce que le résumé m'intéressait.

Roman moderne par son sujet, on se laisse porter par une écriture simple, délicate, et d'une très grande humanité qui dit les choses sans chercher à convaincre. Mais par sa simplicité, son humanité, l'autrice y arrive quand même par cette simple évidence des choses vécues.
Notez que convaincue, je l'étais déjà, mais j'ai mieux compris certains aspects et les points de vue de la jeune génération, petits-enfants d'émigrés grâce au personnage d'Ines, la fille de Ramata.

Ce roman choral à trois voix, (Consolée, Ramata et Astrida qui est en fait le nom donné à Consolée une fois enlevée à sa famille) est plus efficace que n'importe quel traité sociologique ou historique sur le sujet.

D'une grande douceur, parfois un peu bousculée, comme Ramata, avec les opinions de sa fille qu'elle a un peu de mal à comprendre, ce livre dit les choses sans forcer.

Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de lien entre Ramata et Astrida, mais au final c'est mieux ainsi, car plus réaliste. Et l'essentiel du livre n'est pas là de toute façon.

Il tacle un peu aussi les conditions de travail dans les Ehpad, bien qu'il ne mette pas assez en évidence le dévouement et la souffrance au travail de leur personnel, qui voudrait tant faire mieux et plus pour leurs résidents si on voulait bien y mettre les moyens.

En résumé, un livre profondément humain, et vrai.