jeudi 28 février 2013

Les Coeurs Autonomes

4 de couv' :
"Le plan, c'était d'attacher les flics avec leurs propres menottes.
Mais ces deux-là n'ont pas de menottes.
Les menottes, c'est le coeur du drame.
Plus tard, elle dira que si les flics avaient eu des menottes, rien de tout ce qui va suivre ne serait arrivé."
Histoire d'un amour hors du commun, évocation de la jeunesse révoltée, ce roman est librement inspiré de l'histoire de deux jeunes amants meurtriers.

Après un polar, j'avais surtout envie d'une histoire d'amour.

Alors oui, c'est une histoire d'amour. Mais tragique. Surtout pour les malchanceux qui vont croiser le chemin de ces deux pseudos-révolutionnaires.

Inutile de dire que j'ai moyennement accroché à ces deux personnages : un petit coq anti-tout qui se veut communiste et/ou anar et une dinde  qui ne vit que pour son homme. Et tout ça sous fond d'auto-admiration de sa part à lui, admiration pour lui de sa part à elle. Et donc tout ça sans aucune forme de critique lucide pour elle et quant à son auto-critique à lui, n'en parlons pas. Deux têtes à claque.
Une relation fondée sur un déséquilibre de leur relation (et puis franchement, moi et les nanas définitivement et absolument soumises à leur homme, hein...) qui annonce leur chute.

Et ce qui me dérange le plus, c'est ce qui a inspiré ce roman. Je refuse généralement et par principe toute histoire inspirée de criminels - je parle de ceux qui ont existé - et qui semble les valoriser (ce qui n'est cependant pas le cas de ce roman) : j'ai boycotté la série "Carlos" tout comme le film sur Mesrine.

Du coup, j'ai moyennement accroché sur l'écriture. Par contre, j'avais adoré "La Délicatesse", je compte donc lire d'autres romans de cet auteur.
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mercredi 27 février 2013

Chuchotis, chuchota...

4 de couv' :
Cinq petites filles ont disparu.
Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Depuis le début de l'enquête, le criminologue Goran Gavila et son équipe ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu'ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Mila Vasquez, experte en affaires d'enlèvement. Dans le huit clos d'un appartement, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire...
Un époustouflant thriller littéraire, inspiré de faits réels.

Dans la série "je lis enfin les livre que j'ai achetés il y a un an voire plus" (no stress, hein), voici donc "Le Chuchoteur. J'en avais entendu parlé en partie parce qu'il a eu le prix SNCF du polar européen et que du coup il était bien mis en évidence dans les librairies, mais aussi merci Valérie (et là j'ai un doute, c'est bien toi qui m'en avait parlé ?).

Il faut reconnaître que le quatrième de couverture (et le commentaire de Valérie, "glauque à souhait" si je me souviens bien), peut rebuter de prime abord.
Puis on se dit que vu le début, on peut difficilement faire pire ensuite.
Puis au fil des 575 pages, on se rend compte qu'on avait tort.

MAIS : ceci n'est pas une critique négative, au contraire.

L'auteur maîtrise tellement parfaitement son roman que chaque étape est bien amenée, et même le fait d'aller de rebondissement en rebondissement - ce qui a généralement tendance à me saouler fortement en temps normal - passe très bien et crée un vrai suspens.
Ce serait difficile d'en dire plus sans tout révéler, mais les découvertes, révélations et rebondissements jalonnant ce roman ne concerne pas que l'enquête en elle-même, mais l'ensemble des personnages.
Coupe également la narration un échange de courriers entre un directeur de prison et un procureur (je ne révèle rien, c'est dès les début), ainsi que le vécu d'une fillette séquestrée.

Tout cela forme un bon équilibre, d'autant que l'auteur ne s'appesantit pas, comme je le craignais, sur les  détails les plus sordides pour en rajouter. Ils le sont déjà bien assez en eux-mêmes, cela n'apporterait rien de plus ni à l'histoire, ni au lecteur. Bien dosés donc.

Ce polar, personnages spécialistes du sujet oblige, est aussi pour l'auteur l'occasion d'"exposer" les différents genres de psychopathes et les méthodes d'investigation utilisées (et hélas évidemment l'inévitable médium que personnellement j'aurais évité). Ce n'est pas mon sujet de prédilection, mais là non plus, il ne s'appesantit pas (trop) dessus. Pas trop mal dosé, là aussi.

Un polar prenant, bien dosé mais je dois avouer que j'ai eu par moment une grosse pensée pour une de mes collègues qui a dû renoncer à la lecture des "Dexter" pour cause de cauchemars. Celui-là, je ne vais pas le lui recommander...
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dimanche 24 février 2013

Chagrin d'école

4 de couv' :
- Un livre de plus sur l'école, alors ?
- Non, pas sur l'école ! Sur le cancre. Sur la douleur de ne pas comprendre et ses effets collatéraux sur les parents et les professeurs.


En dehors du plaisir jamais déçu de lire un Pennac tellement le style d'écriture est un ravissement pour les yeux et l'esprit de la lectrice que je suis, lire celui-ci qui cette fois n'est pas une fiction, m'a été on ne peut plus agréable.
Et pour une fois, le quatrième de couverture résume assez bien ce livre.

Partant du cancre - puis de l'enseignant - qu'il fut, c'est tout le système scolaire et notre société française, à travers les âges, qui sont exposés. A la loupe Pennac, certes, puisqu'il part de sa (ses) propre(s) expérience(s), mais il est clair qu'il ne fait aucune concession à personne, y compris lui-même, mais toujours avec humour et un certain recul, bienveillant.

Et comme toujours chez Pennac un véritable amour des mots et des phrases, qu'il n'hésite d'ailleurs pas  à décrypter sous tous leurs sens pour mieux nous les révéler et étayer son argumentation.

Encore que le postulat n'est pas de nous convaincre, mais plutôt de partager une opinion avec qui voudra le lire.

Un livre que je recommande à tous, élèves, parents et enseignants.
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samedi 23 février 2013

Le Mystère Sherlock

4 de couv' :
Meiringen, Suisse. Les pompiers dégagent l'accès à l'hôtel Baker Street. Cet établissement, charmant et isolé, a été coupé du monde pendant trois jours à cause d'une avalanche. Personne n'imagine que, derrière la porte close, se trouve un véritable tombeau. Alignés dans la chambre froide reposent les cadavres de dix universitaires.
Tous son venus là, invités par l'éminent professeur Bobo, pour un colloque de Sherlock Holmes. Un colloque un peu spécial puisque, à son issue, le professeur Bobo devait désigner le tiitulaire de la toute première chaire d'holmésologie de la Sorbonne. Le genre de poste pour lequel on serait prêt à tuer...
Hommage, plein de rebondissements, à Sherlock Holmes et à Agatha Christie ; regard amusé sur le petit monde de l'université ; humour et légèreté. Pour lutter contre la déprime ambiante, le Mystère Sherlock est idéal !


Message à caractère personnel : Didier, toi qui a le même humour, ça devrait te plaire.
Pour les autres, qui avez en horreur un certain humour à la con qui se permet à peu près tous les délires dans une même phrase, passez votre chemin !

Tout ce que  j'aime dans ce roman est exactement la raison pour laquelle vous pourriez le détester : un humour à la con donc, des personnages qui sont leur propre caricature ou la caricature de stéréotypes mais sans que ça en devienne outrancier pour peu qu'on se donne la peine d'entrer dans le style d'écriture de ce livre, une histoire et des situations burlesques, bref, la fausse impression que tout ça n'est pas sérieux.

Et pourtant, si.

Tout en ne se prenant au sérieux (au contraire de tous ces universitaires dont le destin livresque est de succomber les uns après les autres), l'auteur a très bien écrit et élaboré ce roman, truffé de références "holmésiennes", que ce soit le Sherlock Holmes de Conan Doyle ou celui d'autres auteurs ayant repris à leur compte le filon (je vous conseille d'ailleurs la bibliographie en fin volume).

Et si vous trouvez la conclusion de l'enquête tirée par les cheveux, je vous conseille :
1) de lire ou relire un enquête du célèbre détective, car l'auteur sur ce coup là a à peine caricaturé voire pas du tout.
2) de ne pas louper l'épilogue, savoureux, qui donne un autre relief à l'histoire... Et aux écrits de Conan Doyle.

Bref, j'ai beaucoup aimé.

Et pour vous donner une idée, deux citations, situées au début du roman.

Le tout début de l'histoire. Le ton - humoristique - est donné :

"En ce joli mois de mai, la neige était tombée dru, juste pour énerver le réchauffement climatique. Dans la vallée suisse de Meiringen, dame Nature avait revêtu son blanc manteau. Sur le voile immaculé, saupoudré çà et là de fleurettes hardies, des marmottons pelucheux batifolaient gaiement. Des mésanges nonnettes enrobaient la scène de pépiement sucrés, de violons et de hautbois. Le temps était suspendu, bien sûr. Il ne manquait plus que le Père Noël accompagné de sa tripotée de lutins, et c'était l'extase cosmique. Tous les clichés étaient convoqués pour faire de cette scène un moment inoubliable de beauté, de pureté et de Walt Disney. Mais heureusement pour l'amateur de polar, friand de sang chaud et de frissons d'échine, tout ça ne dura pas..."

Un petit clin d'oeil au lecteur :

"Ils attendraient patiemment que le commissaire délivre la solution au mystère, sans velléité de le résoudre par eux-mêmes, adoptant cette attitude passive que l'on retrouve chez certains lecteurs de romans à énigme."

Ah oui, question à ceux qui l'auraient déjà lu : c'est moi ou en début de roman, on a un dialogue avec deux personnages qui deviennent trois comme par enchantement ? (il sort d'où, Flippo ? Dédoublement de personnalité d'un des deux ?) Sans compter que lorsqu'ils se disent qu'il faudrait appeler le commissaire ils entendent, je cite :
"Pas la peine" fit une troisième voix.
Euh.. la quatrième plutôt, non ?

Voilà. 'savez à quoi vous attendre maintenant.
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dimanche 17 février 2013

Prison avec piscine

4 de couv' :
Une piscine tranquille, au coeur d'une sage résidence romaine. Une piscine vers laquelle convergent tous les regards, parfois indiscrets. Une piscine où Filippo consent à descendre de temps à autre sur son fauteuil  roulant, accompagné de "l'Indispensable", le fidèle Péruvien au service de sa famille depuis des lustres. Villa Magnolia est semblable à un petit bourg, tout le monde s'y connaît... Mais lors d'une chaude matinée d'été, survient un inconnu, un nouveau locataire. Au bord du bassin, l'homme exhibe son dos traversé par trois horribles cicatrices. Quelques jours plus tard il intervient manu militari pour défendre un résidente agressée par deux voyous que l'on retrouvera par la suite carbonisés dans leur voiture... Mais qui est cet énigmatique individu ? Et pourquoi devient-il peu à peu nécessaire à tous ? Avec ce roman brillant, Luigi Carletti nous entraîne dans une comédie à l'italienne qui flirte avec le polar.

A la lecture du quatrième de couverture, je m'attendais à une multitude de personnages haut en couleur, liés comme seuls peuvent être les habitants d'un village qui se connaissent depuis des génération, complices dans une enquête dont le sujet est ce fameux nouveau voisin.
Ben non.

Ce n'est pas une comédie (ou alors, je n'ai vraiment pas le sens de l'humour aujourd'hui) et c'est un polar. Pas le polar classique du il-y-a-un-meurtre-et-le(s)-héro(s)-cherche(nt)-le-meurtrier, mais un polar quand même.
Au final, ne nous seront présentés que quelques habitants de cette résidence, avec pour chacun un portrait assez succinct pour ne pas dire une simple présentation, ce qui ne donne donc pas une impression de "petit bourg". Le narrateur est assez indifférent à ce (ceux) qui l'entoure(nt), et très centré sur sa personne, ce qui est logique vu les circonstances et on comprendra à quel point par la suite, mais du coup ça lui donne assez peu de consistance.
Qui plus est, c'est un personnage extérieur à la résidence et le mystérieux voisin lui-même qui vont révéler qui il est au narrateur.

Même si j'en ai trouvé la lecture assez plaisante, je n'ai pas complètement accroché à ce roman, vu ce à quoi je m'attendais après lecture du quatrième de couverture, et c'est dommage. J'ai l'impression qu'on s'est un peu loupé, ce roman et moi. Ce que je regrette, car il est pourtant bien écrit.
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Eux sur la photo

4 de couv' :
Une petite annonce dans le journal comme une bouteille à la mer : Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu'elle avait trois ans : son seul indice : deux noms sur une photographie retrouvée dans des papiers de famille. Une réponse arrive : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée de détails, d'abord ténus puis troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant des archives et cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu'on leur avait dit.


Dès les premières lignes, je n'ai pas pu lâcher ce roman. Je l'ai lu en une après-midi sans interruption.

Il faut dire aussi que le thème de ce  livre trouve un certain écho en moi et dans ma vie : contrairement à Hélène, pas de secret de famille sur mes parents mais, comme pour elle, ils me parlent peu de leur famille, au point (et pour d'autres raisons d'ailleurs) qu'à 41 ans je cherche encore à trouver ma place dans cette famille. D'où mes recherches généalogiques dont j'ai parlé ici il y a quelques temps, qui m'ont permis de retrouver la trace de mon cousin anglais, avec qui, tout comme les personnages du roman, j'entretiens une correspondance régulière. Et, de même, nous partageons nos informations et photographies. Evidemment, notre situation est très différente (ne serait-ce que la différence d'âge, il pourrait être mon père).

C'est vous dire si ce roman a eu un (p***** de sacré) écho en moi.

Cela étant, et malgré tout en toute objectivité : j'ai beaucoup aimé l'alternance entre la correspondance d'Hélène et Stéphane et la description des photos retrouvées au fil de leurs recherches respectives. Sans compter les lettre et journal des autres protagonistes de l'histoire qui répondent à leurs questions.
J'ai beaucoup aimé aussi l'évolution de leur relation, comment, de simples étrangers qu'ils sont l'un pour l'autres, ils finissent par devenir proches.
Sur ce principe, j'ai beaucoup pensé au "Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates".
J'ai apprécié particulièrement que l'auteure ne tombe pas dans la facilité car on ne peut s'empêcher, au fil de la lecture et tout comme les personnages d'ailleurs, d'ébaucher des hypothèses. Et ce qui peut sembler comme une évidence et donc, trop facile, s'avère erroné. Au soulagement des lecteurs, ou le mien en tout cas.

Toujours est-il que ce n'est qu'en ayant lu le livre jusqu'au bout qu'on connaît l'intégralité de l'histoire, chaque réponse en appelant d'autres. Qui est, au delà de ces histoires personnelles, le témoignage d'une époque.

Un roman qui mériterait d'être mieux connu du grand public.

Un vrai coup de coeur pour moi.
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samedi 16 février 2013

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

4 de couv' :
Alors que tous dans la maison de retraite s'apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson, qui déteste ce genre de pince-fesses, décide de fuguer.
Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au coeur de l'histoire du XXe siècle.


Dès le premier chapitre, le ton est donné. Il n'y a rien de commun chez ce centenaire, se dit-on. On ne sait pas encore à quel point.

Cette lecture est on ne peut plus jubilatoire et pour peu qu'on accepte de se porter par une histoire abracadabrantesque, c'est un vrai plaisir.

Ce roman alterne l'histoire de la fugue d'Allan et sa biographie. Autant vous dire que l'Histoire mondiale du XXe siècle est on ne peut plus revisitée ! Mon homme, prof d'Histoire justement, devrait apprécier (si jamais j'arrive à lui faire livre ce livre, ce n'est pas trop son genre de lecture).

Et pour vous donner une idée de la malice de l'auteur, voici sa préface :
"Mon grand-père avait le don de captiver un auditoire. Je le revois assis sur son banc, légèrement appuyé sur sa canne, et le nez plein de tabac à priser. Et je nous entends encore, nous ses petits-enfants, lui demander bouche-bée :
"C"est vraiment vrai... dis... grand-père ?
- Ceux qui ne savent raconter que la vérité ne méritent pas qu'on les écoute", répondait notre grand-père."

Inutile de dire de qui l'auteur tient ses talents de conteur et sa formidable imagination.
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lundi 11 février 2013

Flaubert est un blaireau

4 de couv' :
Les élèves et leur maître, le narrateur. Les élèves d'un lycée professionnel, de toutes origines, de toute expérience. Et puis la littérature, les textes, la beauté. Comment l'étincelle jaillit parfois, souvent même, de manière inattendue, imprévisible. Comment cette rencontre se fait mais ne se calcule pas.
A travers les portraits d'élèves qui ont jalonné sa carrière, Alain Chopin nous livre un récit subtil, tendre et drôle. Où il est prouvé que Shakespeare et Marivaux sont bienvenus au lycée professionnel. Pourvu qu'on fende l'armure.


Cette année encore (ou plutôt l'année dernière), ma librairie préférée m'a offert un titre dans une sélection d'ouvrages de sa maison d'édition, et c'est donc celui-ci que j'ai sélectionné cette fois.
Autant j'avais été rebutée par les cours de français l'année du bac, comme je l'ai déjà expliqué, autant ce récit dont chaque chapitre est une anecdote m'a donné envie d'y jeter un oeil. Vivre avec un prof a dû influencer mon choix.

J'y ai en effet retrouvé les mêmes motivations et les mêmes problématiques ou réflexions que celles rencontrées par mon homme : sur la préparation des cours (même si le mien enseigne l'Histoire et non le français), sur le comment intéresser les élèves (ce n'est certes pas la même chose d'une classe à l'autre), le plaisir ressenti quand enfin, ils accrochent au cours (je me souviens d'une année où, pour une de ses classes, cela lui a pris le trimestre, comme l'auteur, pour trouver la bonne approche).

Un récit plein de tendresse pour ses élèves, de confiance en leurs capacités, dont ils n'ont pas forcément conscience, de bonnes surprises le plus souvent. Mais aussi la lourdeur d'une administration et d'une institution plus toujours adaptée à ce monde en perpétuelle (et si rapide !) évolution.

Et une postface intéressante sur sa conception de l'enseignement. Et là encore, comme  pour ses élèves, chacun venant avec son vécu. La notion de "rencontre" étant pour lui primordiale, et je suis assez d'accord : impossible sans cela de prendre contact avec les élèves, et pour eux, avec la matière si cette rencontre et donc les échanges, ne se font pas.

Enfin, pour moi, la découverte d'auteurs que j'ai maintenant envie de lire. Si ça, c'est pas de la pédagogie...
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dimanche 10 février 2013

Le septième jour.net

4 de couv' :
La création du monde ? un jeu vidéo !
La meilleure façon de choisir entre quatre destins ? les vivre tous les quatre !
La plus belle récompense pour un romancier ? une nomination à la "cérémonie des bobards" !
L'outil démocratique par excellence ? la trahison !
Le moteur de l'Evolution ? le rêve !
Bref, peut-être philosophies et religions sont-elles des affaires trop drôles pour être laissées aux gens sérieux ? ...


Souvenez-vous, je vous avais parlé de ce livre. Si, si. Ici, plus précisément. Vous remarquerez que cela fait maintenant plus d'un an, c'est vous dire si je sélectionne mes livres sur l'envie du moment et non par ordre chronologique d'achat.

C'est donc parce qu'un livre m'était offert par ma librairie préférée que j'ai choisi celui-ci. Je ne raffole pas des nouvelles habituellement, mais le quatrième de couverture a suffisamment interpelé ma propre imagination pour que je me laisse tenter.

Car, comme souvent dans un recueil de nouvelles, se trouve un thème commun dont l'imagination ou plutôt l'imaginaire, fait partie : le réel, la perception du réel, la part d'imaginaire et de virtuel dans notre conception du monde dans lequel nous vivons (ou pensons vivre). Et toutes les réflexions philosophiques et théologiques qui tournent autour. Et le destin, notre destin ou vie, par quoi et comment est-il déterminé et l'est-il vraiment d'ailleurs ?
Pour être honnête, je résume très mal ce livre, je ne peux que vous en donner une idée globale de ce qu'il renferme.

Beaucoup de références littéraires et philosophiques, avec lesquelles l'auteur s'amuse et nous amuse, restant cependant suffisamment simple pour ne pas nous perdre en route. Et un humour subtil en prime.

Pour moi, ces nouvelles se lisent dans l'ordre, car pour certaines quelques passages font référence (subtilement) aux précédentes.

En gros, j'ai bien aimé l'ensemble de ces nouvelles, et en particulier : découvrir les quatre vies possibles de Pierre, la trahison dont la conclusion m'a fait sourire, et "femme.jpg" similaire sur certains points au Fahrenheit de Bradbury. Et oui, c'est pour cela que j'ai référencé cet ouvrage dans "science-fiction", ce qui risque de surprendre l'auteur. Comme quoi, la perception des choses, hein...

Toutes les nouvelles m'ont interpelée. Sans doute parce que l'imaginaire de l'auteur rejoint le mien...
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samedi 9 février 2013

Hôtel Adlon

4 de couv' :
Berlin, 1934. Le monde est aveugle, mais Bernie Gunther, lui, ne l'est pas. Après avoir quitté la police de plus en plus nazifiée, le voilà en charge de la sécurité du célèbre hôtel Adlon. Alors qu'il est occupé à régler une question brûlante, effacer de sa généalogie un quart de sang juif, le patron d'une entreprise de construction est retrouvé assassiné dans sa chambre après avoir passé la soirée avec un homme d'affaires américain véreux, ami de hauts dignitaires nazis. Quelques temps plus tard, c'est un boxeur juif qu'on repêche dans un canal. Une ravissante journaliste américaine qui milite pour que les Etats-Unis boycottent les Jeux Olympiques engage Bernie Gunther pour retrouver le meurtrier. Mais qui s'intéresse au sort d'un malheureux sportif juif dans le climat de répression antisémite de plus en plus prégnant à Berlin ?


Je me méfie toujours un peu des séries, d'autant que la plupart des maisons d'éditions les considère comme un filon à exploiter jusqu'à épuisement... des lecteurs.
D'autant plus quand la série revient en arrière dans la vie de ses personnages comme c'est le cas ici puisque nous voici en 1934, c'est à dire deux ans avant le premier opus de la trilogie berlinoise.
J'ai donc emprunté ce livre à la bibliothèque, bien qu'il soit sorti en livre de poche le mois dernier.

On y retrouve donc évidemment un Bernie plus jeune, mais surtout moins cynique et désabusé que dans les autres opus, ce qui ne l'empêche pas de rester lucide sur le monde qui l'entoure.
L'intrigue est bien menée, le contexte historique toujours aussi bien travaillé, on retrouve le même humour subtil.
Environ 200 pages avant la fin, on se demande comment l'histoire va se poursuivre, vu qu'on semble être arrivé au bout de l'intrigue. Et c'est là que commence la deuxième partie, 20 ans plus tard, faisant ainsi un lien parfait avec les derniers opus des enquêtes de Bernie Gunther.

Tout ça pour dire que je n'ai pas été déçue par ce livre, je vais sûrement l'acheter pour compléter ma collections des aventures de ce cher Bernie. Je pense même que c'est l'un des meilleurs, voire le meilleur de la série !

Cerise sur le gâteau, j'ai découvert ce matin qu'un nouvel opus est sorti ces derniers jours. Espérons qu'il soit de la même facture, et vive les bibliothèques.
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vendredi 8 février 2013

Nuage de cendre

4 de couv' :
En 1783 des éruptions volcaniques apocalyptiques recouvrent l'Islande de cendre, détruisent les récoltes et provoquent une famine. C'est dans ce pays dévasté que deux représentants de l'autorité coloniale danoise vont s'affronter dans un conflit qui sera jugé par l'assemblée populaire traditionnelle.
La rivalité des deux hommes se cristallise autour de deux orphelins, Sunnefa, considérée, à dix-huit ans, comme la plus belle femme de l'île, et son frère cadet Jon, coupables d'inceste et victimes de la société traditionnelle luthérienne. Les paysans qui observent les faits forment le choeur pluriel qui commente la tragédie et permet une grande diversité de points de vue, voix, lettres et journaux des protagonistes qui font lentement progresser le mystère autour du crime central.
La nature est un personnage à part entière, les glaciers, les déserts et les torrents intensifient les sentiments et les haines qui se développent. La présence du mal devient palpable dans cet impitoyable duel à mort.


Ce livre est un puzzle. Un puzzle drôlement bien organisé, l'auteur ayant fait tout le travail de recherche et l'ayant donc reconstitué, mais reste un puzzle. Notez que ce n'est pas négatif de le décrire ainsi, juste un constat amusé, l'impression ressentie durant la lecture.

Ce livre est donc un roman basé sur une histoire vraie, l'affaire Sunnefa. Toute la difficulté de l'auteur étant donc de reconstituer cette histoire à partir de tout ce qu'il a pu lire à ce sujet et sur ses protagonistes. Il n'est cependant pas précisé s'il y a de  la part de l'auteur une part d'invention (en dehors des dialogues) ni sur quels points, bien qu'on en devine certains.
Finalement, il se construit comme une enquête, voire comme un polar, où chaque détail a son importance et a son explication ou sa confirmation à un moment ou un autre du récit, la plupart dans le second épilogue ou dans la postface.

Parce que oui, ce livre a deux épilogue, le premier étant situé... au début. Vous commencez à le visualiser, le côté "puzzle", hein ?

Le découpage de ce roman de 236 pages est irrégulier avec des chapitres de 3, 4, 10, 5, 2, 17, 10, 100, 39, 11 et 10 pages. Chaque chapitre est qui plus est une partie de l'histoire, mais pas forcément dans l'ordre chronologique (les parties du début se situant des années après cette affaire, qui fait alors encore parler d'elle).
La construction des chapitres en eux-mêmes est elle aussi irrégulière en ce sens qu'au lieu de se contenter de raconter l'histoire par lui-même, l'auteur l'entrecoupe de courriers, extraits de journaux intimes, narration de multiples personnages.
Et là, accrochez-vous car lorsqu'un passage est narré à la première personne du singulier, le "je" n'est pas forcément la même personne d'un passage à l'autre. Ceci dans le même chapitre peut être plutôt perturbant. Moi qui adore l'originalité, j'ai adoré et m'en suis même amusée, (puisque, après tout, c'est un travail d'enquête dont on suit la progression avec l'auteur, bien que ce dernier sait forcément mieux que nous où cela va nous amener), mais je suis sure que cette façon de faire va en rebuter plus d'un.

Autre chose qui pourrait rebuter le lecteur : les noms islandais des lieux et des gens.
C'est en cela que j'ai grandement apprécié l'avant-propos qui, en à peine deux pages nous en explique suffisamment sur ce pays et en particulier le contexte historique et sociologique de l'époque pour bien suivre l'histoire. Par contre, ne faites pas comme moi, n'oubliez pas qu'il y a dans cet avant-propos une carte de l'Islande...

J'ai adoré découvrir l'Islande par ce livre. Pays froid, abrupt, venteux. Idéal à lire vu la météo de la semaine par ici. Du vent, on a eu mais en Bretagne, en bord de mer, en hiver, rien d'anormal. Disons juste que quand l'auteur parlait du vent, je n'avais qu'à tendre l'oreille, pas à l'imaginer.
Cela étant, la civilisation irlandaise m'a intriguée, interpelée, intéressée. Si vous avez de bons titres et auteurs de ce pays à me conseiller, je suis preneuse.
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lundi 4 février 2013

Le meilleur des jours

4 de couv' :
Après la mort de son père, Yassaman Montazami se réfugie dans l'écriture pour tenter de garder vive la mémoire de ce personnage hors norme. La drôlerie et la cocasserie des souvenirs atténuent peu à peu l'immense chagrin causé par sa perte.
(...)
Evocation d'un monde aujourd'hui disparu, ce premier roman frappe par sa maîtrise et par l'acuité de son trait.

J'ai volontairement tronqué le quatrième de couverture car il est un résumé de ce livre, ce qui est plutôt gênant pour un livre aussi court (138 pages). Quatrième de couverture que je n'avais pas lu en entier, ou en tout cas, pas juste avant de le lire, je ne l'avais donc plus en tête. Et ne m'a donc pas gâché la lecture de ce livre.

Bien que le thème de ce roman est similaire à "Avec tes mains" de Ahmed Kalouaz (hommage d'un enfant à son père décédé), et que j'avais moyennement apprécié, j'ai beaucoup aimé celui-ci.

C'est une belle et véritable déclaration d'amour d'une fille à son père et un hommage à cet homme qu'est ce roman. Le tout sous fond d'Histoire iranienne.

C'est drôle, c'est émouvant, c'est empli d'amour. C'est beau, tout simplement.

Et le plus beau dans tout ça, c'est qu'elle a voulu et su nous faire partager ce qu'elle ressentait pour son père, que, une fois le livre fermé, on souhaiterait avoir connu.

C'est une multitude d'anecdotes, mais tellement bien assemblées que l'ensemble en devient harmonieux.

Court roman, mais l'essentiel est dit, et bien dit.
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dimanche 3 février 2013

Une seconde vie

4 de couv' :
Sean Blake échappe de justesse à un accident de voiture à la suite duquel il a été, pendant quelques secondes, déclaré cliniquement mort. A son réveil, bouleversé, Sean perçoit le monde tout à fait différemment, comme s'il débutait une nouvelle existence. Mais ce n'est pas la première fois que Sean voit sa vie modifiée. A six semaines, il a été retiré à sa mère, une jeune fille forcée par la société et l'Eglise de le laisser à l'adoption. Avec le sentiment d'être devenu étranger à sa femme et ses deux enfants, et très certainement en premier lieu à lui-même, Sean décide de partir à la recherche de cette mère dont il ne sait rien. Avec beaucoup d'émotion et de sensibilité, Dermot Bolger nous entraîne dans une histoire particulière (déjà évoquée au cinéma dans le très émouvant Magdalene Sisters), celle de ces adolescentes irlandaises rompues et humiliées, dont le malheur se répercuta sur les générations futures.

S'agissant d'un roman sélectionné pour un prix littéraire 2013, j'ai été surprise de découvrir en lisant la préface de l'auteur qu'il s'agit en fait d'un roman écrit en 1993 (boudiou, vingt ans !). Que l'auteur, pour diverses raisons, a ressenti le besoin de réécrire ce livre.
On peut dire d'une certaine manière que non seulement ce livre n'est pas récent, mais qu'en plus, il est une version améliorée de l'original, ce qui m'a un peu chiffonnée sur sa présence à ce prix littéraire.
En gros : c'est pas un peu de la triche, ça ? (involontaire de la part de l'auteur évidemment, après tout, ce n'est pas lui qui fait la sélection du prix) Oui, j'ai un côté puriste parfois.

Mais une fois entamée la lecture de ce roman, j'ai vite oublié mes scrupules car vite happée par l'histoire et la façon de la raconter.

Elle m'a beaucoup fait pensé à "Le testament caché" de Sebastian Barry le thème étant similaire, mais abordé de façon radicalement différente.

Tout simplement, j'ai adoré ce roman. J'ai l'impression que, sur un thème comme celui-là, il n'a rien oublié de mentionner : le détresse de ces jeunes filles, la cruauté de l'époque, la honte, la colère, l'envie de vengeance, le pardon, la capacité à se reconstruire malgré tout.

Un très beau roman, un sujet traité de façon intelligente, et ma foi ce qui ne gâche rien, une écriture très agréable à lire.

Mon favori de la sélection à présent.
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samedi 2 février 2013

La paix des dupes

4 de couv' :
Octobre 1943 : Roosevelt, Churchill et Staline doivent se rencontrer à Téhéran pour discuter du sort de l'Allemagne... et se partager l'Europe. Dans l'entourage d'Hitler, on oeuvre discrètement pour sauver les meubles.
Partout, de Londres à Téhéran, agents secrets, sbires et traîtres de tous bords s'en donnent à coeur joie. Meurtres, complots, projets d'attentats se succèdent dans une atmosphère d'urgence extrême. Jusqu'au jour J, où rien ne se passe comme l'Histoire l'a écrit...
Un époustouflant thriller de politique-fiction, dans lequel Philip Kerr propose une alternative audacieuse à l'issue de la conférence de Téhéran.


Inutile de dire que si j'ai acheté ce roman, c'est surtout parce que l'auteur est Philip Kerr, auteur de la série de polars dont Bernie Gunther est le héros. Ce qui n'est pas le cas ici, bien que l'histoire se situe une fois de plus en pleine seconde guerre mondiale.

J'ai eu un peu de mal au démarrage. Déjà, parce que les romans d'espionnage ne sont habituellement pas ma tasse de thé (au grand dam de mon homme, fan absolu de Tom Clancy, et qui désespère de me voir lire un de ses romans un jour).
Qui plus est, l'action se situe en 1943, année de décès de mon grand-père paternel, de tuberculose, et en raison des privations de toute sorte subies à l'époque. Je dois reconnaître que j'y ai pensé de temps en temps en lisant ce roman. La réalité de tout un chacun confrontée à ce que les grands décideurs de l'époque faisaient (ou pouvaient faire, après tout, il s'agit d'une fiction) au même moment.

Ensuite, parce que le démarrage est assez lent, d'autant quand on a comme moi la bêtise de démarrer un tel roman dans le bus, ce qui fait une lecture relativement brève et hachée et ne facilite donc pas la compréhension de qui est qui et qui fait quoi et les relations des uns avec les autres.
Je vous recommande d'ailleurs, si vous projetez de lire ce roman, de prendre quelques notes pour vos aider à vous y retrouver (ce qui est finalement un faux bon conseil, dans la mesure où cela risque de vous couper vous aussi dans la lecture du roman).
De plus, on débute succinctement par les américains pour embrayer ensuite avec les allemands, partie assez conséquente des 200 premières pages. Je dois avouer qu'avoir lu les enquêtes de Bernie Gunther m'avait permis de me familiariser avec certains des personnages historiques et les structures politiques de l'époque, ce qui m'a bien facilité la lecture de certains passages.

Cela étant, une fois les jalons posés, et malgré quelques longueurs, la lecture devient plus fluide. On sent le travail de recherche de l'auteur et bien qu'il s'agisse en partie d'une fiction, l'ensemble me semble rester très réaliste et cohérent par rapport à la réalité historique (toujours très relative suivant qui la raconte, comme il l'est d'ailleurs bien précisé dans certaines parties du roman).
Sur l'histoire (la petite, celle du roman), tout finit par s'imbriquer parfaitement. Une petite déception cependant, due à ma trop bonne imagination : j'ai deviné le gros coup de théâtre du roman deux pages avant qu'il n'arrive.

Sur les personnages, rien de particulier à en dire, si ce n'est que le narrateur est doté du même humour que Bernie Gunther, en un brin plus subtil.
Et que d'avoir des personnages historiques en personnages principaux, abordés presque en monsieur-tout-le-monde (si ce n'était leur rôle politique), est un peu perturbant. Surtout Hitler et Himmler. Surtout quand ils se permettent de donner des leçons de morale et considèrent Staline comme un monstre. Alors qu'au final, ils se valent tous dans la monstruosité...

D'un point de vue historique, politique, il s'agit ici en effet d'une alternative originale à ce qu'a pu être la conférence de Téhéran.

Et d'une manière générale, quelle que soit l'époque, les pays et les enjeux impliqués, que se cache-t-il derrière les photos et déclarations officielles ?

Intéressant, vraiment.
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