vendredi 30 septembre 2011

A gauche, toute !


4 de couv' :

Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont plus que l'exception. Mais là n'est pas le plus important. Cette minuscule société, foondée par des utopistes français en 1885, s'est donnée pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. C'est l'endroit du monde l'on trouve, entre les hommes et les femmes, les rapports les plus tendres.
Voilà ce que vient chercher, dans l'île des gauchers, lord Jeremy Cigogne. A trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. A vouloir trop demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux.
Dans cette réalité à l'envers où tout est à l'endroit, Cigogne et Emily se délivrent non sans mal de leurs habitudes et tentent l'aventure de se combler en suivant les coutumes et les rites étonnants du petit peuple des Gauchers.


Il y a des auteurs dont j'ai beaucoup entendu parler car très célèbres et que je n'ai jamais lus jusqu'ici par peur d'être déçue. Et bien là, ce ne fut pas le cas, j'ai vraiment beaucoup aimé entrer dans l'univers (jusqu'ici inexploré par ma pomme) d'Alexandre Jardin.

Plus qu'un roman d'amour ou un traité sur l'art du mieux-aimer, ce livre est une étude subtile de notre société (car bien que se déroulant de 1932 à la fin de la seconde guerre mondiale, on se doute bien que l'auteur fait ici une critique du monde tel qu'il pouvait être au moment de la parution du livre - 1995 - qui s'applique encore plus à ce début de siècle). Une vision de notre monde via un prisme où tout serait naturellement inversé, mais plus compréhensible comme si on venait de mettre de nouvelles lunettes.
Une autre vision de la vie en société, de la société de consommation, mais aussi et surtout des relations hommes-femmes, de la vie de couple, et vive le libertinage ! (mais là, je caricature)

C'est drôle (à en éclater de rire, ce qui m'a valu ce matin quelques regards circonspects de la part des personnes se trouvant avec moi dans la salle d'attente du médecin), finement observé, imaginatif, très bien écrit. J'ai beaucoup pensé à "Candide" et il y a bien un peu de Voltaire dans tout ça.
A noter qu'a été créée pour l'occasion une nouvelle race animale, le zubial (des zubiaux), titre d'un autre roman d'Alexandre Jardin consacré à son père et dont c'était le surnom donné par sa famille. S'il y a un lien de cause à effet et que je ne fais que deviner pour l'instant, je le comprendrai sans doute mieux après l'avoir lu aussi.

Un très bon moment de lecture. A moins d'être véritablement Droitier, un Mal-Aimé donc, et de trouver tout ceci absurde. Moi pas, je me suis régalée !

Et puisque c'est d'amour qu'il s'agit ici, je n'ai pu m'empêcher de constater, avec un certain amusement, que le livre que je tenais entre les mains a été publié un... 14 février, à Saint-Amand (oui, avec un "d" et non un "t", on fait ce que l'on peut), qui se trouve... dans le Cher.
Comme clin d'oeil au roman lui-même, on ne fait pas mieux.
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jeudi 29 septembre 2011

Les treize roses


4 de couv' :

Jesus Ferrero développe ici, de façon romanesque, un épisode oublié de l'immédiat après-guerre civile espagnole.Treize jeunes femmes, certaines encore mineures, de l'organisation communiste de Madrid, sont arrêtées, jugées et exécutées. Après leur mort, on commence à les appeler "Les treize roses", en souvenir du poème de ce nom écrit par l'une d'elles.
Ferrero imagine leurs derniers jours, depuis leur arrestation jusqu'à leur exécution, et compose une sorte de tragédie antique, un choeur ou chacune des condamnées vient tour à tour sur le devant de la scène et joue le rôle du coryphée. Cela donne à ce livre une grande intensité dramatique et une grande beauté poétique, qui lui ont valu d'être unanimement salué en Espagne comme un roman qui fera date.

Après "Le coeur cousu" qui m'a tant plu,  difficile de lire autre chose sans avoir l'impression que tout retombe plat. Habituellement, quand je finis un roman, j'attends le lendemain pour en entamer un autre, mais là, j'aurais sans doute dû attendre au moins 24 heures, car "Le coeur cousu" et les impressions qu'il m'avait données ne m'étaient pas encore sorti de la tête.
Donc j'ai trouvé l'écriture plate, comme si l'auteur s'était détaché de cette histoire. Le livre suit la progression suivante : arrestations de chaque jeune femme, transfert à la prison, la vie là-bas, la nuit avant l'exécution, le jour de l'exécution, les suites pour les proches.

Je reconnais volontiers la démarche poétique, mais je regrette cependant que l'auteur parte du principe qu'on connaît tous cette histoire et cette partie de l'Histoire espagnole. Sauf que j'aurais bien aimé un peu plus d'explications sur le fait que prison et hôpital psychiatrique étaient deux bâtiments collés l'un à l'autre (ou deux en un, je n'ai pas bien compris), sur le fonctionnement de la prison, les raisons de leur arrestation (j'en ai appris plus là-dessus en lisant le synopsis du film du même nom, c'est un comble), et surtout, j'aurais grandement apprécié qu'il reprenne le poème évoqué en quatrième de couverture. Par exemple, qu'il fasse l'objet d'un seul chapitre.
J'ai eu un peu de mal à me les représenter physiquement, les confondant les unes avec les autres, et d'une manière générale, sur tout type de description : un élément par ci, un autre par là, ce qui fait que ce qu'on s'est représenté au début est chamboulé, difficile pour le lecteur de rester dans la continuité.
Ou alors c'est volontaire, pour dénoncer l'absurdité de la situation. Flagrante quand on connaît les raisons de leur incarcération, qui hélas je le répète, ne sont pas évoquées dans ce livre.

J'apprécie cependant la démarche littéraire, mais il me manquait un petit quelque chose pour l'apprécier pleinement.

Donc, sentiments mitigés pour ce roman.
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dimanche 25 septembre 2011

Le coeur cousu


4 de couv' :

Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse...Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière.Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels.
Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bonheur d'imaginer.
Le merveilleux ici n'est jamais forcé: il s'inscrit naturellement dans le cycle de la vie.



Grandiose.

C'est réellement le premier mot qui vient à l'esprit quand on lit ce livre.


Le prologue, pas très jouasse, limite morbide et déprimant, m'avait fait craindre le pire, mais je laisse toujours à un livre une chance de me livrer ses secrets et à l'auteur de me raconter son histoire. Et je n'ai pas regretté.


Il y a dans ce premier roman du comique, de la tendresse, du suspens, du tragique, de la folie, de la magie et de la poésie surtout. Il m'a fait penser à Carlos Luis Zafon, mais aussi à "J'ai vécu mille ans" pour le fait que la première partie se passe dans un village d'un pays méditerranéen avec ses commères, ses ragots, ses superstitions, et surtout à "La Maison aux esprits" d'Isabel Allende pour le côté saga familiale (côté femmes de la famille) et pour la magie, le rapport avec les morts, la vie qui continue malgré tout. J'avais adoré ce roman (euh... pourquoi j'en parle au passé ?), celui-ci m'a donné envie de le relire.

C'est un conte pour adulte : même qu'on y parle de fées, de sorcières, de magie, il y a même un ogre !

L'écriture est parfaite, à savourer avec délectation (oui, je sais, quand on savoure, c'est avec délectation me direz-vous, excusez-moi d'être emphatique mais quand j'aime, j'en fais des tonnes). Le talent narratif de l'auteur fait qu'on se laisse porter dans cette histoire avec délices (j'insiste sur le pluriel).


Ce roman, cette histoire se déroule en trois partie, chaque partie étant une histoire différente (ou plutôt une étape différente dans l'histoire de cette femme et de ses enfants), mais dans la continuité de (des) l'autre(s) et chaque partie, surtout la première car la plus longue, se décomposant en une multitude de petites histoires formant un tout ma-gni-fi-que.


C'est pas pour rien qu'il a reçu autant de prix. Chapeau bas à l'auteure. Tous mes compliments, ma gratitude, mes émerveillements de petite grande fille qui adore qu'on lui narre d'aussi jolis contes, et aussi joliment.


J'en veux plein des comme ça !

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samedi 24 septembre 2011

Chose promise...

Plan International est une association dont le principe est de parrainer des enfants issus de pays en voie de développement et par ces enfants parrainés, d'en faire bénéficier toute une communauté.

Je détaille : je parraine depuis quelques années déjà une petite ougandaise. En plus d'échanger des courriers, je verse chaque mois de l'argent (25 euros). La petite va à l'école, bénéficie de soins médicaux et l'argent versé chaque mois profite également à l'ensemble de sa communauté (constructions sanitaires, fournitures d'école,programmes en lien avec le développement économique du coin, etc.).
Par cette enfant, c'est toute la communauté qui profite de ces dons. Je trouve le principe plutôt sympa.

D'autant plus que c'est une fille et que Plan est actuellement, comme tous les ans, en pleine campagne "Because I am a girl" (me voyez venir, là ?), pour laquelle j'ai promis de participer en en parlant autour de moi.
Inutile de vous rappeler qu'un peu partout dans le monde, les droits des filles et des femmes sont limités à pas grand'chose. Pour ma part, je considère que c'est l'instruction qui les aidera à s'en sortir, ainsi que celle des garçons : aller à l'école, apprendre à lire, écrire, à compter, faire des études, n'est pas rien, surtout dans certains pays.
Plus elles en apprendront, mieux elles sauront se défendre, faire valoir leurs droits, devenir indépendante et maîtriser leur vie. D'autant plus si elles en savent autant que les garçons et les hommes. Je ne tombe pas dans l'angélisme, ça ne va pas se faire par un coup de baguette magique, faut pas rêver non plus.

Donc voilà : quoi de mieux qu'un blog de lectures pour en parler ?
Parce que s'instruire, apprendre, s'ouvrir au monde, à de nouvelles idées, façons de voir, de faire passe automatiquement par un usage intensif de la lecture, que ce soit celle des leçons, de romans, de récits et j'en passe...

jeudi 22 septembre 2011

La fille sauvage


4 de couv' :

Sierra Madre, 1932 : capturée par un chasseur de prumas, une jeune Indienne, la nina bronca, est livrée en spectacle aux curieux dans une solide geôle mexicaine. Elle appartient à l'une des dernières tribus apaches qui, ayant refusé de pactiser avec les Blancs, vivent à l'écart "sauvage" dans les montagnes. Un jeune photographe, Ned Giles, et la nina bronca vont devenir les héros d'une épopée mouvementée et meurtrière, doublée d'une merveilleuse histoire d'amour à l'issue improbable.
Pour cette fresque épique et romantique, Jim Fergus s'inspire de faits tragiques et dissimulés de l'histoire de l'Ouest : la nina bronca a réellement existé, de même que la Grande expédition apache, ligue de "gentlemen", fortunés qui, au nom de la défense de l'Amérique, sont allés aveuglément "massacrer de l'Indien".
Hymne à la culture indienne, qu'une "civilisation" s'acharne à anéantir, mais aussi magnifique portrait de femme, La Fille sauvage est un roman captivant.


Décidément, j'aime bien ce genre d'histoire (l'ouest américain, enfin ici le Mexique, les indiens, tout ça). Et décidément, l'auteur aime bien construire ses romans sous forme de journaux intimes.
Journaux qui alternent avec la version de la nina bronca, et celle d'autres personnages.

Le petit groupe qui entoure le narrateur est assez hétéroclite : un garçon mexicain, un (futur) jeune héritier américain et homosexuel (dont la manière de parler m'a fait irrésistiblement penser à Lorne, de la série Angel. Je sais, c'est complètement idiot mais il en est de certaines images comme de certaines musiques : quand vous l'avez en tête, ça reste), un majordome anglais, une ethnologue, deux scouts (éclaireurs indiens qui travaillent pour les américains) l'un étant le grand-père de l'autre.

Il y a des moments tragiques, d'autres tendres, d'autres comiques. Un bon mélange, une écriture fluide, un bon moment de lecture. J'en lirais bien d'autres sur le même thème (j'ai lu quelques Sherman Alexie, il faudra que je m'y remettre, tiens).
Reste celui que j'ai réservé à la bibliothèque !
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dimanche 18 septembre 2011

Devoirs

Bon a-y-est, et toutes mes excuses pour le retard (mea culpa et toutes ces sortes de choses), mais je me suis (enfin !) décidée à répondre à vos commentaires.

Donc si vous avez le courage d'y jeter un coup d'oeil, n'hésitez pas (faudrait vraiment que je sois plus régulière là-dessus moi quand même).

samedi 17 septembre 2011

4 heures du matin


4 de couv' :

Venu se rendre spontanément, un jeune Noir est jeté dans une cellule qu'occupent déjà deux détenus. Au cours de ce huis clos forcé, il découvrira le vrai enjeu de cette nuit de captivité...


Très court roman (84 pages), qui m'a laissée perplexe à la fin. Je m'étais même dit que je ne ferai pas un article dessus, ne voyant pas quoi en dire, mais après une bonne nuit de sommeil...

Il s'agit d'un tranche de vie d'un homme (douze petites heures) dont l'intérêt n'est pas l'action (on ne peut pas dire qu'il y en ait beaucoup), mais cette expérience, à ce moment charnière de sa vie où l'on sent qu'il est entre eux périodes de sa vie.

Quant à l'enjeu évoqué dans le quatrième de couverture, il m'a un temps laissée interrogative, je pense qu'il s'agit de la dignité humaine : ne pas se laisser aller à une certaine fatalité soi-disant culturelle comme le prétend Munford, l'un des personnages, mais prendre son destin en main, ne pas se cacher derrière cette "culture" avec laquelle Munford a gâché sa vie en s'y soumettant.

Court roman, lecture rapide, mais de quoi réfléchir.

Par ailleurs, ce doit être le deuxième roman que je lis de cet auteur et dont je me dis qu'il ferait une intéressante pièce de théâtre. La brièveté de l'histoire en ferait plus une scènette qu'une pièce entière, mais ce serait pour un club ou cours de théâtre un excellent exercice de style que de le transposer en pièce, en faire la mise en scène, le jouer. Avis aux amateurs (si ce n'est déjà fait) !
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vendredi 16 septembre 2011

Histoire d'un cataclysme annoncé


4 de couv' :

Août 2005. L'ouragan Katrina menace la Nouvelle-Orléans. Dans une ambiance de fin du monde, les déshérités qui n'ont pas eu les moyens de fuir convergent vers un refuge. Parmi eux, une jeune française et ses deux filles.
Curieuse et dramatique histoire que celle de Victoria de Longeville qui, à seize ans, a tout quitté pour rejoindre l'homme qu'elle aimait et un monde qui n'était pas le sien. Dans cette longue nuit d'effroi, l'épreuve qui l'attend est bien pire que la menace des éléments déchaînés...



Décidément, j'adore cette auteure, tout simplement humaine dans son écriture, par ses personnages et qui ainsi sait nous toucher.
Ses personnages avec leurs qualités, leurs défauts, leurs failles sont nous, tout simplement. Pas des surhommes enfin, surfemmes, si ça se dit, vu qu'ici, c'est entre femmes que l'histoire se joue et se noue.
Sans être héroïques façon wonderwoman, il n'en reste pas moins qu'elles font face à toutes situation, sont pugnaces et même dans les situations désespérées, continuent d'avancer.

Sur le déroulement de l'histoire ou plutôt du roman, j'ai apprécié, ouragan oblige, que l'auteure nous fasse entrer dans le vif du sujet, en plein chaos. Car au départ, on doit faire avec les renseignements qui nous sont distillés pour se faire une idée du tableau d'ensemble. Ça resserre les liens entre le lecteur et le personnage central, on la suit où elle va ou là où elle emmène sa famille. Mais je vous rassure, il ne s'agit que d'un semblant de chaos, on peut faire confiance à cette auteure pour ne pas perdre le lecteur en cours de route. Qui plus est, il ne dure pas longtemps, mais suffisamment pour qu'on se dise mais que s'est-il passé avant ? Et encore avant ?

Et c'est là où l'auteure est forte car ainsi elle prépare les flash-backs qui émaillent le roman, et nous y rendent accros, car plus on avance, plus on comprend le contexte familial, plus on s'inquiète du dénouement et plus on veut avancer.
L'action finale de Luz m'a tellement surprise que j'en ai presque sursauté. J'ai en tout cas dû relire la phrase, yeux écarquillés (bon en même temps, je dois reconnaître qu'à 23h30, hein...).

J'ai assez aimé aussi le contexte "ouragan" : l'évacuation, les gens qui se réfugient dans le gymnase du lycée, l'attente du passage de l'ouragan à son paroxysme, l'angoisse qui monte et qui revient avec les inondations, l'évacuation à nouveau, puis l'après, en parallèle avec l'histoire des protagonistes qui elle s'intensifie au fur et à mesure que les choses se calment.
Mais peut-on, après tout cela, revenir à la normalité ?

Peut-être le saura-t-on dans un autre roman, Stéphanie Janicot aime bien reprendre la vie de ses personnages non pas là où elle les a laissés, mais à d'autres moments de leur vie, plus tard (ou en tout cas en a-t-on des nouvelles via d'autres de ses personnages...).

Non mais, y'a rien à faire, je suis accro à l'auteure, c'est tout...
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jeudi 15 septembre 2011

Mille (ou presque)


4 de couv' :

En 1875, un chef cheyenne demanda au président Grant de lui faire présent de mille femmes blanches à marier à mille de ses guerriers afin de favoriser l'intégration. Prenant pour point de départ ce fait historique, Jim Fergus retrace à travers les carnets intimes d'une de ces femmes blanches, May Dodd, les aventures dans les terres sauvages de l'Ouest de ce femmes recrutées pour la plupart dans les prisons ou les asiles psychiatriques. C'est à la fois un magnifique portrait de femme qu'il nous offre ainsi, un chant d'amour pour le peuple indien, et une condamnation sans appel de la politique indienne du gouvernement américain d'alors.
Cette épopée fabuleusement romanesque, qui s'inscrit dans la grande tradition de la sage de l'ouest américain, a été un évènement lors de sa publication aux Etats-Unis. Elle a été encensée par les plus grands écrivains américains, dont Jim Harrison qui a salué "ce roman splendide, puissant et exaltant". Les droits de ce livre ont été achetés par Hollywood.


Je commence tout de suite par un bémol : j'ai fait une (petite) recherche sur Internet, aucune trace de cet évènement prétendument historique, plutôt la preuve contraire.
Ce qui m'en laisse un sentiment mitigé : puis-je vraiment regretter que cette histoire de "livraison" de femmes soit fausse ? (non, solidarité féminine oblige)
Est-ce que du coup tout ce qui est décrit dans le roman sur la culture Cheyenne est faux ou incomplet ? (a priori non, l'auteur étant passionné par cette culture depuis l'adolescence et comme tout passionné, doit en connaître pas mal sur le sujet. Qui plus est, je n'ai pas trouvé trace d'une quelconque contestation d'associations indiennes)
Est-ce que cette invention historique en fait un mauvais roman ? Non, assurément.

Parce qu'il faut bien reconnaître que malgré un postulat de départ ne reposant sur aucune réalité historique (si je me trompe, je referai cet article), il est très agréable à lire.
On "vit" cette aventure avec May, puisqu'il s'agit d'un journal (ah oui, c'est quand même génial de lire un journal intime sans scrupule puisque, selon la volonté même de May, il est fait pour être lu). On subit avec elle le racisme social, puis culturel, on découvre avec elle une nouvelle façon de vivre et avec elle, on s'en réjouit. Franchement, j'avais du mal à le lâcher (quelle idée d'aller au travail, aussi...).

On croit parfois tomber dans l'angélisme, mais non, la réalité culturelle et sociale des Cheyennes reprend vite le dessus. Celle des américains aussi, mais c'est le cas tout le long.
A la différence près que celle des Cheyennes et beaucoup moins teintée d'hypocrisie que celle de l'homme blanc.
En tout cas, ces deux mondes n'étaient vraiment pas faits pour se rencontrer. Hélas...

Ce livre traite aussi de la condition féminine de l'époque (on revient de loin, les filles !), ces femmes hors du commun, qui s'engagent croit-on au départ pour de mauvaises raisons, le font aussi (en particulier Phemie) pour gagner leur propre liberté.

Là encore, un bon moment de lecture (en plus, j'ai déjà réservé à la bibliothèque un autre livre de cet auteur et demain, je vais en emprunter un autre à celle de mon quartier).
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vendredi 9 septembre 2011

Yes !


Après réservation auprès de la bibliothèque, annulation maladroite de la réservation, re-réservation, trajet en bus même que je ne me suis pas plantée d'arrêt malgré les déviations, ah-y-est, je l'ai récupéré, il est là, près de moi.

Heu-reu-se.

Edit du lendemain :
Je l'ai terminé il y a une demi-heure seulement (soit 16h55 environ)  ;-)
J'ai bien aimé même si j'ai trouvé que dans la première grosse moitié du roman, il y a trop de dialogues. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que la lecture de dialogues est beaucoup plus rapide et qu'on prend donc moins de temps d'apprécier ce qu'on lit. C'est peut-être aussi un défaut de lecture de ma part !
Mais changement d'un coup, beaucoup moins de dialogues, ou en tout cas sous la forme d'une correspondance, ce qui m'a bien plu.
On se doute, quand on connaît un peu l'histoire de la Turquie, de ce qu'on va découvrir sur Alice. Pas en détails bien sûr, ce qui n'est pas plus mal.
Une fin un peu convenue, mais j'ai mieux aimé que "Le premier jour" et "La première nuit".

Un bon moment de lecture.

(par contre, c'est marrant cette manie qu'ont Marc Lévy et Guillaume Musso, de faire autant voyager leurs personnages. Je ne m'en plaints pas, notez bien...) 

jeudi 8 septembre 2011

Stefan Zweig

Pour la biographie, c'est par ici !

(Avertissement à caractère informatif : attention, il n'est pas exclu que ce qui suit ait été écrit en mode "fan club"...)

J'avais entendu parler de cet auteur, remarqué ses ouvrages régulièrement mis en valeur en librairie, mais je n'en avais jamais lu un seul, remettant à plus tard la découverte de cet auteur, me disant que, quand même, je n'avais pas fait un bac littéraire pour rien, il faudrait bien un jour que je m'y mette.
Puis "Ça peut pas faire de mal", programme de France Inter dont j'ai déjà parlé ici, a dédié une de ses émissions à cet auteur (l'un des préférés de l'animateur et je le comprends fort bien). Ce fut un déclic. J'ai adoré l'émission : la lecture de cette magnifique prose dont chaque phrase est ciselée à la virgule près en harmonie parfaite, était un vrai bonheur.

A la première occasion, je suis allée à la bibliothèque pour emprunter les romans ou nouvelles évoqués dans l'émission. Bingo ! J'y ai trouvé le premier tome d'une intégrale de ses oeuvres. Je l'ai acheté depuis, ainsi que le second tome. Bientôt le troisième...
Et il y a de quoi lire, entre les romans, nouvelles et pièces de théâtre auxquels il faut ajouter des essais et des biographies.
Je n'ai pas fini d'en faire le tour, tant mieux !

C'est pour moi un vrai, un incroyable bonheur de lire cet auteur : la beauté des phrases, leur tournure, leur mélodie (bravo et merci aux traducteurs) est un ravissement sans cesse renouvelé.
D'une situation somme toute banale, d'un milieu qui n'est pas le mien et qui donc ne me parle pas d'autant plus qu'il se situe à une autre époque, il arrive par sa merveilleuse écriture à en faire une histoire que l'on peine à lâcher sitôt entamée.
La psychologie et les sentiments humains sont parfaitement peints, on se laisse porter avec confiance et ravissement par cette écriture d'apparence simple mais ô combien merveilleusement travaillée. Parce que n'en doutez pas, il y a sûrement beaucoup de travail et de recherche derrière. Mais ça ne se voit pas. Prenez un spectacle de danse : on sait qu'il y a des années de travail mais on ne voit que le résultat dans la perfection des gestes. Seul le résultat compte.
C'est le cas ici aussi.

mercredi 7 septembre 2011

Un an chez les français


4 de couv' :

1969 : les Américains marchent sur la Lune. Mehdi, 10 ans, débarque au lycée Lyautey de Casablanca où son instituteur, impressionné par son intelligence et sa boulimie de lecture, lui a obtenu une bourse. Loin de son village de l'Atlas, Mehdi pense être un membre de l'équipage d'Apollo découvrant une planète inconnue : qui sont ces français qui vivent dans le luxe, adorent les choses immangeables, parlent sans pudeur et lui manifestent un tel intérêt ?
Durant une année scolaire animée par une galerie de personnages surprenants, l'histoire émouvante d'un enfant propulsé dans un univers aux antipodes de celui de sa famille.

Rentrée oblige, j'ai fait la mienne avec ce petit garçon marocain (en fait c'est totalement par hasard que j'ai entamé la lecture de ce roman la veille de la rentrée. Ou alors c'est la date qui a inconsciemment dicté mon choix ?).

C'est par ses yeux que nous faisons donc cette rentrée. Trois fossés séparent le petit Mehdi de son entourage : culturel, générationnel et social. Il découvre à travers ce lycée le mode de vie des français : entre clichés, incompréhension et quiproquos, l'intégration dans ce monde tout nouveau où il vient d'être propulsé ne sera pas facile. Pas facile non plus de comprendre les adultes qui l'entourent : leur comportement, bien qu'amical, le rend plus d'une fois perplexe. Et il faut bien admettre aussi qu'ils ne prennent guère le temps de se mettre à sa place (ou alors en étant à côté de la plaque), ni d'adopter leur discours à un enfant de son âge.
Enfin, pour vivre en société, quelle qu'elle soit, il faut en détenir les codes et lui ne les a pas toujours.
Par moment, on ne sait plus si on doit rire de la situation ou être triste pour lui, qui n'arrive pas à s'exprimer clairement. Et son entourage ne l'aide guère.

Ajoutez à cela que même dans sa propre famille, il est souvent un peu en marge : il ne comprend pas toujours ce qu'on lui dit (barrière de la langue : il ne connaît pas si bien que cela l'arabe), et il faut bien e dire, il est parfois un peu sur sa propre planète.

Timide, rêveur, très sensible, en décalage avec le monde qui l'entoure et à cause de cela peu loquace. On a parfois envie de le "secouer" et de lui dire : "mais vas-y, dis les choses, ça simplifiera tout". Sauf qu'on y renonce vite car quand il se décide à parler, dans la panique, les mots dont il est si amoureux sortent difficilement voire n'importe comment. (franchement, je me suis sentie très proche de lui pour toutes ces raisons)
Car amoureux des mots, il l'est. C'est un vrai bonheur de le "voir" lire. Pour nous et pour lui : c'est l'un des rares moments où il se sent vraiment bien.

Un bon moment de lecture sur une mignonne tranche de vie. Et je suis bien contente d'avoir découvert cet auteur, dont je lirai sûrement d'autres romans.