samedi 28 juillet 2012

Vacances...

Je suis en vacances ces trois prochaines semaines, je n'aurai pas toujours une connection Internet, mais j'aurai sûrement l'occasion de repasser par ici.

Et ce sera aussi pour moi l'occasion de tester ma liseuse électronique (si je n'y suis pas trop réfractaire !), je vous en parlerai sans doute à mon retour.

Alors, bon courage à ceux qui reprennent, bonnes vacances aux autres aoûtiens et à bientôt !
.

lundi 23 juillet 2012

Ben moi, en attendant...

4 de couv' :
En 1935, gravitant dans les cerces intellectuels de la rive gauche à Paris, la jeune émigrée Gerta Pohorylle rencontre un autre réfugié juif, venu de Budapest, André Friedmann. Photographe passionné, il l'initie à son art. Bientôt les deux amants obtiennent leurs lettres de noblesse sur les sentiers du front espagnol, en gravant les atrocités du franquisme sur la pellicule.
Habités par le goûts du risque, investis par le devoir d'informer, ils deviennent deux des plus grands photographes de guerre de tous les temps. Sous le nom de Robert Capa et Gerda Taro, ils bâtissent leur propre légende, jusqu'à sacrifier leur vie pour défendre leurs idéaux.


Il va m'être difficile de faire un commentaire sur ce livre. Du moins un commentaire objectif.
Tout d'abord, dès la lecture du résumé quand j'ai examiné la sélection de ce prix des lecteurs, le thème m'a moyennement intéressée. Lorsque je l'ai emprunté pour le lire, je l'ai pris car il était l'un des rares disponibles que je n'avais pas encore lus, c'est dire ma motivation.
Ajoutez à cela que je suis en ce moment hyper fatiguée, que j'attends avec impatience les vacances (jeudi soir !) et que je n'ai qu'une envie en ce moment, c'est de lire quelque chose de léger, alors autant vous dire que je n'ai pas commencé ce roman dans les meilleures dispositions.
Ah, d'ailleurs, je l'ai entamé lundi soir en attendant le tram sur un quai bondé à cause des Tonnerres de Brest, que j'ai dû laisser passer deux trams avant de pouvoir y monter, je vous laisse imaginer le degré d'agacement peu propice à un démarrage de lecture. Au point que j'ai préféré la remettre à plus tard et l'ai remplacée par "Et puis, Paulette..."
Quand je vous dis que j'ai besoin de légèreté en ce moment (oui, je sais, il y a plus grave en ce monde, c'est d'ailleurs pleinement le sujet de ce roman).

Cependant, voici un avis aussi objectif que possible.

Je comprends pourquoi ce livre a plus au point de devenir un best-seller et de gagner un prix en 2009 (aparté : il a été publié en Espagne en 2009. Le temps que les droits et la traduction arrive en France, nous voilà en 2011, année de démarrage du prix).
Il est bien écrit, on sent bien l'intérêt voire la passion de l'auteur et pour ce couple, et pour cette partie de l'histoire espagnole, il y a quelques petits quelques choses qui avec moi n'ont pas marché.

Déjà, le fait de passer du coq à l'âne : il arrive qu'elle commence à introduire dans un chapitre un personnage ou une situation, donnant l'impression qu'elle va développer cela davantage, mais non. Soit elle repasse au propos précédent, soit elle développe autre chose.
Toujours sur le côté "coq à l'âne" : est-il vraiment besoin de passer de 1935-36 aux années quarante ou cinquante, période qu'ils ne connaîtront pas ensemble ? Ou sans aller si loin, à ce qui va se passer dans les semaines ou mois suivants, qui sera décrit parfois dans le chapitre suivant ?
Honnêtement, en temps normal, j'aurais pu apprécier cette façon de faire, mais ici moyennement.

Je n'ai pas trop aimé une certaine idéalisation des gentils communistes, les seuls à faire de la résistance (là je parle de la partie parisienne du roman, cette vision étant plus logique dans la partie traitant de la guerre civile espagnole). Même si ça correspond assez bien, historiquement, aux milieux et aux gens qu'ils fréquentaient, je trouve ça lourdingue à force. Les seuls à lutter, les seuls à agir, à avoir une vision claire des choses, limite les seuls à avoir une morale.
Et je ne parle pas de cette glorification des anarchistes espagnoles, très fugace certes dans le roman, mais dérangeante. Ou alors les anarchistes espagnols ont joué un rôle très différent dans l'histoire espagnole que leurs homologues français.
Bref, de tout cela, un genre d'angélisme mal venu quand on parle de lutte contre l'extrémisme. Même si elle fait bien allusion cependant aux exactions de Staline.

Enfin, j'ai parfois eu la désagréable impression que l'auteure n'arrivait pas à situer ses écrits, oscillant entre roman, biographie, essai. Je me suis même demandée si elle était journaliste elle-même.

Par contre, je reconnais avoir bien apprécié la partie décrivant "de l'intérieur" ce qu'être un réfugié et la partie relatant leur travail journalistique en plein coeur de la guerre civile espagnole, particulièrement bien traitée et bien écrite, un très bel hommage à ces (vrais) journalistes de terrain.
.

vendredi 20 juillet 2012

Lauréats du prix BD

Les résultats du prix BD CE 2012 sont arrivés, et je ne suis guère surprise du résultat pour les trois premiers, tellement il était évident qu'ils se démarquaient. Une petite déception pour Atar Gull, bien qu'il soit quand même quatrième, mais je trouve dans l'ensemble le classement assez logique (du moins pour ceux que j'ai lus).

Donc le voici, ce classement :

1 - Les ignorants (Etienne Davodeau - Futuropolis)


2 - Frenchman (Patrick Prugne - Daniel Maghen)


3 - Le montreur d'histoires (Raphael Beuchot / Zidrou) - Le Lombard)


4 - Atar Gull (Nury / Bruno - Dargaud)


5 - Sam & Twitch : Udaku (Brian Michael Bendis / Angel Medina - Delcourt)


6 - Tu mourras moins bête : la science c'est pas du cinéma (Marion Montaigne - Ankama)


7 - La faute aux chinois (Ducoudray / Ravard - Futuropolis)


8 - Le chanteur sans nom (Le Gouefflec / Balez - Glénat)


9 - Hamelin (Fabrice Houot - Glénat, grafice)


10 - En mer (Drew Weing - ça et là)


11 - Catalyse (Pierre-Henry Gomont - Manolosanctis)


12 - Dorian Gray (Enrique Corominas Jimenez - Daniel Maghen)


A l'année prochaine...
.

jeudi 19 juillet 2012

Et puis, Paulette... (A bicycleeeeetteeeeee !)

Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s'effondrer. A l'évidence, elle n'a nulle part où aller. Très naturellement, les lulus (6 et 8 ans) lui suggèrent d'aller à la ferme. L'idée le fait sourire. Mais ce n'est pas si simple, certaines choses se font, d'autres pas...
Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher.
De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s'agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d'enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette...


Décidément, Barbara Constantine aime (dans le désordre) : la campagne, les petits vieux, le jardinage, le vélo, les animaux. Vous êtes sûrs de retrouver tous ces éléments dans chacun de ses romans, et vous êtes sûrs que cette recette sera excellente !
Parce qu'elle y rajoute une pincée d'humour, une bonne dose de tendresse et une quantité raisonnable de solidarité qui permet de tenir l'ensemble.
Sans compter qu'on y retrouve des personnages d'autres romans, ce qui ne manque pas de relever le tout.

A déguster sans modération !


PS en guise de clin d'oeil de l'auteur : Solidarvioc.
.

dimanche 15 juillet 2012

A Mélie, sans mélo (mais pas sans vélo)

Mélie vit seule à la campagne. Elle attend avec impatience l'arrivée de sa petite-fille Clara qui, pour la première fois, vient passer les vacances d'été chez elle.
La veille de son arrivée, Mélie apprend qu'elle a un problème de santé... Elle verra ça plus tard. La priorité, c'est sa clarinette !
Mélie n'aime pas le vélo. Elle passera l'été à fabriquer des souvenirs joyeux à Clara. Comme regarder pousser les bambous en écoutant La Traviata, chanter sous la pluie des chansons de Nougaro, goûter les mauvaises herbes sur les bords des chemins...
Mais la vie est parfois pleine de surprises ! Mélie va enfin rencontrer e grand amour. Cent cinquante ans à eux deux ? Quand on aime, on ne compte pas !


Passée la surprise que ce livre emprunté à la bibliothèque était écrit en gros caractère ce qui a un peu perturbé mon début de lecture, le temps de m'y faire et d'arrêter de pester contre mon étourderie (une fois de plus...), cette histoire m'a autant enthousiasmée que "Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom", l'écriture et le style encore plus. Petite anecdote : il me semble d'ailleurs qu'à un certain moment, Tom rencontre Clara par hasard, qui lui raconte qu'elle passe l'été chez sa mamie...

Alors oui, Mélie va fabriquer de beaux souvenirs d'été à sa petite-fille, mais tous les autres adultes et enfants de cet été eux aussi en sortiront des souvenirs plein la tête. Des qu'ils se seront fabriqués, des qu'ils ont saisis au vol.

Il est surtout beaucoup question d'amour dans ce roman, et de profiter pleinement de la vie, l'un ne va pas sans l'autre et si c'était ça, le bonheur, au final ? Le reste, ça peut bien attendre.
Il est beaucoup question de vélo aussi, et de nature, et de jardinage et d'en récolter les fruits (ou légumes). Le jour où l'auteure écrit un livre sur ces sujets, je ne serai pas surprise !

Il y a sur certains aspects un côté vieille France, mais pas le côté ronchon du "c'était mieux avant", plutôt le côté petits bonheurs de la vie dont on doit savoir (apprendre à) profiter. Des choses que seule une mamie attentionnée (et son entourage) peut nous apprendre.

Une belle histoire d'été, bonne idée de l'avoir lue en juillet !
.

samedi 14 juillet 2012

Beau

4 de couv' :
Quand sa fille Paloma déserte sans prévenir la somptueuse villa familiale, Vida Izzara croit en deviner la raison : elle serait partie avec son amant vivre une vie moins conventionnelle. Jusqu'au jour où Vida comprend que c'est elle aussi que Paloma fuit. Aidée par Taïbo, qui enquête sur un couple de jeunes gens habitant clandestinement les demeures inoccupées de la région, elle part à la recherche de sa fille. Ce périple la conduira de l'Irigoy de son enfance aux recoins secrets de son coeur.
Les vies d'oiseaux, ce sont celles que mènent ces quatre personnages dont les trajets se croisent sans cesse. Chacun à sa manière, par la grâce d'un nouvel amour, est amené à se défaire de ses liens - conjugaux, familiaux, sociaux - pour éprouver sa liberté d'exister.
Véronique Ovaldé nous emporte dans l'exploration d'un monde passé au filtre de son imaginiare. Avec Des vies d'oiseaux, elle sonde les relations qui unissent les hommes et es femmes mais en déposant, au coeur même de l'amour, la question de la liberté, laquelle ne se conquiert qu'en partant, sans se soucier d'où l'on vient ni de là où la vie nous mène.

Quand j'ai su que ce roman de Véronique Ovaldé était sélectionné pour le prix des lecteurs Cezam 2012, j'ai jubilé tout en me disant que je me devais de garder une certaine objectivité par rapport au reste de la sélection.

Un peu plus tard, après avoir lu plusieurs de ses romans d'affilée, j'ai eu besoin d'une pause, de peur d'arriver à saturation. Du coup, quand je l'ai entamé hier, je craignais de ne pas avoir attendu assez longtemps et de manquer d'objectivité, mais pour la raison inverse cette fois.

Et bien non.

En toute objectivité donc, ce roman est beau. L'histoire est belle, l'écriture est belle, les personnages aussi sont beaux, chacun à sa manière.
Comme souvent avec Véronique Ovaldé, il s'agit pour les personnages principaux de sortir de leur condition et de gagner leur liberté, et comme souvent dans ses romans, en partant, en fuyant l'endroit où ils ont toujours vécus. Mais est-ce vraiment une bonne solution, LA solution, et n'est-ce pas se perdre en route ?
Question de caractère, question de rencontres et des décisions prises pour mener sa vie.

Toujours aussi objectivement, ce roman est mon préféré de tous ceux écrits par Véronique Ovaldé (excepté "le sommeil des poissons" que je n'ai pas encore au la possibilité de lire), il est à mon sens le plus abouti. Un vrai bonheur de lecture, un ravissement sans faille, un vrai petit bijou.

A la première occasion, je me l'achète.

Inutile de dire qu'il est largement en tête de mon classement.
.

vendredi 13 juillet 2012

Mitigé

4 de couv' :
Un divorce les avait séparés... le danger va les réunir.
Artiste bohème au tempérament de feu, Nikki fait irruption dans la vie sage et bien rangée de Sebastian. Tout les oppose, mais ils s'aiment passionnément. Bientôt, ils se marient et donnent naissance à des jumeaux : Camille et Jérémy.
Pourtant, le mariage tourne court : reproches, tromperies, mépris ; la haine remplace peu à peu l'amour. Au terme d'un divorce orageux, chacun obtient la garde d'un des enfants : Sebastian éduque sa fille avec une grande rigueur alors que Nikki pardonne facilement à son fils ses écarts de conduite. Les années passent. Chacun a refait sa vie, très loin de l'autre.  Jusqu'au jour où Jérémy disparaît mystérieusement. Fugue ? Kidnapping ? Pour sauver ce qu'elle a de plus cher, Nikki n'a d'autre choix que de se tourner vers son ex-mari qu'elle n'a pas revu depuis sept ans. Contraints d'unir leurs forces, Nikki et Sebastien s'engagent alors dans une course-poursuite, retrouvant une intimité qu'ils croyaient perdue à jamais.




Pour être honnête, je ne suis pas aussi enthousiaste que certaines critiques que j'avais lues ça ou là. Je trouve qu'il y a de bonnes choses, dans l'optique polar et suspens, mais il manque un certain relief et il y a trop de romance qui pour moi prend un peu trop le pas sur le côté polar. Et je pense que le problème ne vient pas forcément que de l'auteur, mais de l'éditeur.

Je m'explique.

Ce roman reste d'une facture assez classique pour un Musso sans être du coup totalement un polar. Il oscille entre deux genres, bien qu'il soit plus porté sur le côté polar.
Je trouve que l'auteur (après, il s'agit de mes goûts et justement, vu mes goûts en polar, ça ne pouvait pas coller ici) s'est un peu trop attardé par moment sur le côté relationel des ex-époux pour avoir suffisamment bien porté l'aspect polar.
Cela étant, sur cette remarque un bémol : n'oubliez pas que je suis fan de Deon Meyer et Philip Le Roy. Si vous êtes fan de Mary Higgins Clark, vous devriez vous y retrouver. Car s'y trouve un peu la trame d'un roman de cette auteure : carrière brillante, romance, énigmes, rebondissements.

D'ailleurs, le côté "carrière brillante" donc pas de réelles difficultés d'argent qui leur permet de partir aux quatre coins du monde, ça commence à être aussi lassant chez Musso que chez Marc Lévy. C'est souvent un peu la même recette, ce qui est bien pratique pour le type d'histoires qu'ils développent dans leurs romans, et qu'on retrouve avec plaisir pour une romance bien que (ou parce que) les personnages évoluent dans un univers bien éloigné de celui des lecteurs. Ça fait rêver, c'est tout ce qu'il nous faut.
Mais fermons la parenthèse.

Sur les personnages, j'ai trouvé au départ les ex-époux un peu trop caricaturaux, lui psycho-rigide, elle totalement bohème. Puis je me suis rappelée qu'autour de moi se trouve un couple qui sont tous deux très maniaques (pas d'ultra-bohème dans mon entourage proche par contre, et c'est bien dommage, ça pourrait être drôle). Alors oui, des gens aussi rigides, ça existe.
Mais certaines apartés du roman, revenant sur le passé et le point de vue de chaque personnage, explique leur personnalité. Ces coupures et retours en arrière sont plutôt judicieux, et coupent un peu le déroulé de l'histoire, ce qui est une mécanique de narration que j'aime bien habituellement. Mais ici, je ne sais pas. J'ai eu l'impression qu'on n'était pas forcément complètement dans le feu de l'action (je parle ici de tension due au suspens) et que du coup ces coupures n'arrivaient pas toujours au bon moment.

J'ai donc eu par moments la désagréable impression qu'il a été demandé à l'auteur de ne pas trop sortir de ce qu'il fait habituellement pour ne pas "perdre ses fans/lecteurs", tout en lui demandant de rester dans les délais. Mais j'y reviendrai dans un autre article, ça fait longtemps que je veux en faire un là-dessus.
J'ai d'autant plus eu cette impression dans l'épilogue. Bien que j'ai aimé son début où on ne sait pas de quoi il parle au départ et ce qui leur arrive à ce moment (l'auteur joue avec humour avec nos nerfs et c'est d'autant mieux), mais pas la conclusion. Je ne vous dirai pas pourquoi car en dire plus serait vous donner la fin et ça, pas question.

Cependant, je reconnais que j'ai aimé pas mal de choses dans le côté polar-suspens du roman.
Ces coupures par exemple, qui je le maintiens sont sur le principe une bonne idée.
Et même si j'avais assez vite deviné la raison de la disparition de leur fils, ce qui les mènera à Paris (j'ai une assez bonne imagination et quand il y a des énigmes, j'échafaude toujours plusieurs théories et je tombe souvent pile), je n'avais pas du tout, mais alors là, pas du tout vu venir le rebondissement de la dernière partie ni le pourquoi (du moins pas tout de suite).
Là par contre dans cette partie on est bien dans un polar/suspens/thriller, appelez ça comme vous voulez, et ç'aurait été un peu plu sur ce rythme dans la plus grosse partie du roman, j'aurais d'autant plus apprécié (fan de Philip Le Roy, je vous dis).

Donc opinion mitigée cette fois.

Je précise que "Skidamarink" le tout premier roman de Guillaume Musso qui n'est plus édité de nos jours était pleinement un polar. Et que je connais donc ce dont il est capable en polar.

Dans ce registre, auteur à suivre donc...
.

samedi 7 juillet 2012

A corps éperdu

4 de couv' :
De 13 à 87 ans, âge de sa mort, le narrateur a tenu le journal de son corps. Nous qui nous sentons si seuls dans le nôtre nous découvrons peu à peu que ce jardin secret est territoire commun. Tout ce que nous taisons est là, noir sur blanc, et ce qui nous faisait si peur devient matière à rire.


Je dois bien l'avouer, quand j'ai su le titre et le sujet du dernier roman de Daniel Pennac, j'étais un peu perplexe. Certes, je connais maintenant assez bien les écrits de Daniel Pennac, sa verve et la capacité d'imagination qui lui est propre pour savoir qu'on peut lui faire confiance et que ce dernier ouvrage devrait se révéler aussi passionnant que les autres. Mais subsistait un doute quand même : un journal centré autour d'un seul et même thème ne risque-t-il pas de finalement tourner en rond et se répéter jusqu'à la lassitude du lecteur ?

Et bien non !
La prouesse ici est que non seulement le narrateur décrit l'évolution de son corps, ses perceptions et ses différents désagréments au fil des âges, mais qu'en découle de ce journal toute sa vie et là, on ne parle plus de son corps.
Qui plus est, c'est l'analyse et les perceptions du corps humain qui l'intéressent : non seulement le sien, mais celui de son entourage. C'est un journal intime via le prisme du corps humain. Bien que le narrateur s'en défende et ait cette idée de journal intime en horreur et de fait on est loin du journal intime classique, d'autant que s'il en est finalement dit beaucoup sur sa vie, beaucoup est occulté aussi.

A coup d'anecdotes et de pensées personnelles, on suit donc la vie du narrateur en suivant l'évolution de son corps, et tout y passe : modelage du corps,  accidents, maladies, sexualité (et là aussi, tout y passe, de l'onanisme  à la première fois, puis les nombreuses et multiples suivantes, en passant par la fellation. J'ai même à un moment soupçonné l'auteur d'avoir choisi ce thème pour placer dans ce roman le plus de scènes de cul possible, plus en tout cas que dans n'importe lequel de ses romans. Vous excitez pas, ça se calme vers la cinquantaine), les effets secondaires de l'esprit sur le corps, les petits plaisirs (donc non sexuels) procurées par le corps, l'analyse du pourquoi et du comment des sensations éprouvées et je suis sure d'en oublier.

Et à travers tout cela, sa vie. Ses joies d'adolescent, sa famille, ses amis, son coup de foudre pour sa femme, son amour pour ses enfants et petits-enfants, ses goûts culturels, son travail, son caractère tout cela finit par transparaître progressivement, nous donnant un charmant tableau d'ensemble. Et bien sûr jubilatoire, comme toujours chez Pennac.

Ah oui, petite satisfaction personnelle qui n'intéresse que moi : l'une des assistantes ou secrétaires du narrateur porte mon prénom. C'est déjà rare de trouver un personnage de roman (ou autre, d'ailleurs) s'appelant Sabine, mais si en plus on fait le même métier, mon imagination poussée par mon ego a eu vite fait de le prendre pour une dédicace personnelle (ouais, oh, on peut rêver !).

Et pour les fans de Daniel Pennac qui comme moi en découvrant le sujet du roman se sont dit "ah, ah ! Mais cela a été abordé dans un des romans de la saga Malaussène ! Ce peut-il qu'il s'agisse de cela ? Que Daniel Pennac ait souhaité revenir sur ce personnage-là ?"
A ceci près que dans ce roman-là, il s'agissait d'un film, non d'un écrit. La même idée, mais (ô bonne idée !) retravaillée différemment.
Et non, il ne s'agit pas du même personnage, du tout.
Et oui, Daniel Pennac y fait allusion par un clin d'oeil à la saga Malaussène dès la première page. Vous connaissez maintenant son humour, pour ne pas dire sa facétie...

J'ai quand même fermé le livre avec la larme à l'oeil à la lecture de la dernière phrase. Parce que quelque part, un "vieil" ami nous quittait et parce qu'il nous quitte sur un élément de son enfance, sa façon si particulière de vaincre ses peurs. Et que de fait, ainsi, la boucle (de sa vie) est bouclée.



Et maintenant, la prochaine personne qui va emprunter ce livre à la bibliothèque va pouvoir me remercier de penser à elle, car j'y retourne rendre le livre de ce pas. Et vu le temps pourri qu'on a depuis ce matin (cette nuit ?), oui, vraiment, elle peut me remercier !
.

mardi 3 juillet 2012

Le cabaret des oubliés

4 de couv' :
Blessé par un tir d'obus, le deuxième classe Alfred Berthier décide de perdre la mémoire. De la catastrophe de la mine de Courrières aux tranchées du Chemin des Dames, il en a déjà trop vu. Rebaptisé Adam, il tente de se recréer une vie dans le tourbillonnant Paris des années folles. Mais comment retrouver le sourire quand une marraine de guerre vous trahit, que l'affriolante Adèle se joue de vous et que votre patron rédacteur en chef du Journal des Réfugiés, atterrit chez les fous ? Encouragé par son extravagant ami Gustave, Adam-Alfred quitte la capitale. Et c'est sur la terre de son enfance, au pays noir du labeur et du carnaval, au milieu des chantiers de reconstruction et d'une bande de joyeux drilles, que la soif d'aimer la vie et l'envie de se rebeller le feront renaître. Mais auparavant, il aura fallu laver l'affront d'un maudit bluff né sous terre. Loufoque retournement ? Fable burlesque ? Mieux ! Le Cabaret des oubliés est un sacré pied de nez aux postures officielles de l'après-Grande Guerre.


Si j'avais une critique à faire sur ce roman, c'est sur le quatrième de couverture : il évoque les moments clés de l'histoire, sans réellement tout dévoiler cependant.
Si j'en avais une deuxième à ajouter, c'est sur l'épilogue : on s'attend à un final grandiose, j'ai plutôt trouvé qu'il retombait à plat.

Cependant : j'ai beaucoup aimé l'histoire, la reconstitution historique, les auteurs ont pour autant que je sache réussit à retranscrire une certaine ambiance d'époque. Ils ont fait des recherches et ça se voit, sans que cela pèse sur la narration. Ils se sont imprégnés de cette période pour d'autant mieux la reproduire.
On suit les pérégrinations d'Adam/Alfred avec compassion, affection et un réel bonheur.

Les personnages (une vraie galerie !) aussi sont attachants, dont Adam/Alfred bien sûr et comme lui on apprend à apprécier ses nouveaux amis au fil de ses rencontres. Cette période si particulière, où la population a connu le pire leur a appris pour la plupart à apprécier et profiter de la vie, tant bien que mal. Et tant bien que mal, Adam/Alfred le réapprend aussi. Mais le chemin sera long...

Un bon moment de lecture !
.