mardi 23 avril 2024

Nous irons tous au paradis

4 de couv' :
Quelle idée, à son âge, de monter à l'échelle pour cueillir des figues ! Elner Shimfissle, octogénaire et bonne fée du quartier, vient de faire successivement la rencontre d'un nid de guêpes et une chute de deux mètres... Alors que la nouvelle de son décès se répand, entraînant chez ses voisins, ses proches, diverses questions sur le sens de la vie, Elner, elle fait un petit tour de paradis. À la grande surprise des médecins, l'adorable mamie en revient pourtant? Avec des choses à dire. À tout le monde. Et pas qu'un peu... !


Où on retrouve avec plaisir certains des personnages de "Toute la ville en parle". Après recherche sur Internet, il semble que je ne les ai pas lus dans l'ordre, mais cela n'est guère dérangeant.

En dehors de cela, lecture sympathique et dépaysante, mais sans plus.

Parfait pour le printemps, que j'aime entamer avec des lectures plus légères par rapport au reste de l'année, mais l'écriture ne m'a guère enthousiasmée. Qui plus est, la fin semble être une association d'idées trouvées au fil de l'eau par l'autrice et mises bout à bout.
Ce qui est raccord avec le reste de l'histoire et la conclut en beauté cependant.

A réserver quand on veut une lecture "pas prise de tête".
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dimanche 21 avril 2024

Au prochain arrêt

4 de couv' :
Au Japon, sur la ligne Hankyu Imazu, reliant Takarazuka à Nishinomiya, au gré des huit gares desservies, des femmes et des hommes montent et descendent, chacun avec son histoire, chacun perdu dans ses pensées et dans les noeuds de son existence.
Dans ce décor invariable et pourtant mouvant, des vies vont ainsi s'entrechoquer et être profondément changées. A chaque arrêt, de nouveaux passagers s'installent, se parlent, se lient. Et, d'un trajet à l'autre comme d'une saison à l'autre, le lecteur se fait l'observateur des paysages nouveaux et des multiples trajectoires qu'auront pris ces destins croisés.
Plus qu'une ode au voyage, ce roman choral de Hiro Arikawa est une invitation à l'arrêt sur soi-même, en même temps qu'un éloge de l'imprévisible. Et de ces rencontres qui, si l'on ne s'en défend pas, font que des êtres de passage peuvent bouleverser le cours de nos vies.


Ecrit par l'autrice de "Les Mémoires d'un chat" qui m'avait émue aux larmes (et dont est issu un autre livre basé sur deux des personnages, j'ai hâte de voir - lire - ça), ce charmant petit livre est plein de poésie, de douceur... et d'art de vivre.

Je l'ai commencé dans le bus en allant au travail, lieu on ne peut plus approprié vu le sujet.
Je me suis parfaitement retrouvée dans ces histoires de rencontres de passage. Quiconque prend régulièrement les transports en commun comprendra cette impression.
Chaque chapitre concerne un passager en particulier, tout en restant en lien avec les autres, de près ou de loin.
Le tout forme un ensemble cohérent, et on se surprend à regretter de ne pas poursuivre plus longtemps de nouveaux trajets avec eux. Cerise sur le gâteau, le format des chapitres, ni trop long, ni trop court, se prête parfaitement à mes trajets de 10 minutes !

On retrouve dans ce petit livre à peu près tous les cas de figure possibles dans un transport en commun : les habitués, les groupes bruyants (jeunes ou moins jeunes), les grands-parents et leurs petit-enfants, les animaux, les amitiés qui se créent, les dragouilles entre copains plus ou moins bien amorcées (à propos, les mecs, vous êtes obligés de broder sur des sujets que vous maîtrisez à peine ? Et vous les filles, de glousser autant à la moindre pitoyables tentative d'humour - ou pas - de ces messieurs ? En même temps, c'est mignon, j'aime bien voir les choses évoluer au fil des jours), etc.
Ce me fut donc très agréable de suivre les personnages dans leurs déambulations... et leurs petites vies.
Car qui n'a jamais imaginé la vie des autres passagers ?
Car qui n'a jamais imaginé la vie des autres passagers et la suite de leur journée ?

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Et moi ? Le matin, je retrouve à mon arrêt presque toujours les mêmes personnes : un monsieur de mon âge environ, toujours souriant. Le bus dans lequel nous montons est le premier qu'il prend. Suivant les jours, soit il descend place de la Liberté prendre un autre, soit il descend à l'arrêt suivant pour prendre le 1. Il doit sûrement  être investi dans une association, car j'ai l'impression qu'il connaît tout le monde. En même temps, il aborde les facilement les gens pour bavarder avec eux, donc à force, oui, il connaît à peu près tout le quartier !
Il vient me saluer avant de descendre à l'arrêt suivant, après avoir discuté avec une mère de famille qui comme lui monte dans le bus quelques arrêts avant le mien. Elle, ça fait des années que je la voit monter dans ce bus avec ses enfants.Je l'ai vue avec ses aînées, à l'époque la plus grande devait avoir 3 ans, le petit frère était bébé. Je les ai vu grandir tous les deux, elle est maintenant au collège et fait le trajet toute seule. La maman, je l'ai vue enceinte de la dernière qui a maintenant 3 ou 4 ans... C'est marrant comme des gens que vous ne connaissez pas peuvent faire partir de votre vie...
En même temps que moi, monte une mère de famille et ses trois enfants dont un bébé. Elle habite l'immeuble en face de l'arrêt, parfois elle prend la voiture. Elle semble copine de la première et la rejoint pour papoter. Elles descendent avec leurs enfants au même arrêt. "Ma joyeuse troupe !", je les appelle.
A cet arrêt monte un monsieur de 55-60 ans. Il ne se lie ni ne semble connaître personne, il a plutôt un visage fermé sans être hostile ni désagréable. Je ne crois pas l'avoir vu sourire. Je me dis qu'il a ses propres soucis ou qu'il se concentre pour sa journée de travail, toute simplement. J'avoue que je me fais un peu de soucis pour lui alors que si ça se trouve, tous ceux qui le connaissent le considèrent comme quelqu'un de très ouvert, agréable et drôle !
A l'arrêt suivant montent deux mamans avec leurs filles qui sont du même âge. Je ne les vois pas régulièrement, parfois c'est seulement une des deux avec sa fille, ou l'autre avec ses deux filles (l'une est plus jeune et toujours en poussette), ou sa fille aînée avec un garçon plus âgé qu'elle.Je pense qu'ils habitent tous l'immeuble en face de cet arrêt.J'ai parfois l'impression - peut-être à tort - que la vie n'est pas facile pour ces deux mamans.
Dans ce trajet de bus se trouve aussi une autre maman (qui connaît les deux autres dont je parlais plus haut) avec sa fille et parfois son fils. Comme il est au collège, il ne fait forcément le trajet avec elles. Elle et sa fille sont très complices, c'est un bonheur de les voir faire le trajet ensemble. La petite est encore à un âge où on confie tout à sa maman, elles sont visiblement heureuses de faire ce trajet ensemble, dans cette bulle de grande complicité. Sa fille est lumineuse quand elles sont ensemble. Mais éteinte quand c'est son père (beau-père ?) qui l'emmène à l'école. Il a le visage très fermé, on n'a pas envie de le déranger (encore une fois, ce sont des apparences, si ça se trouve, c'est un mec génial). Pas de discussion, ou très peu. Encore que l'autre semaine, c'est lui qui a fait le trajet avec elle et sur le dernier jour où j'étais avec eux, ils avaient de discuter un peu plus, en douceur. Souvent sur son initiative à elle. Il ne doit pas être du matin !
Et je pourrais vous parler aussi de toutes ces dames avec qui je faisais le trajet et qui sont en retraite, que je revois parfois, certaines sont un groupe de quatre copines que je retrouve parfois si je sors le vendredi après-midi et que mes horaires correspondent à ceux de leur promenade. Elles sont rigolotes et n'ont pas leur langue dans leur poche, "Le quatuor de choc !", je les appelle. Il y en a une autre avec qui j'ai souvent fait le trajet dans le bus et qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui me raconte un peu sa vie. Un sacré caractère ! Elle habite un immeuble près du mien, mais ça fait bien longtemps que je ne l'ai pas vue... Pas étonnant que j'aime autant la série de BD "Les Mémés", je les retrouve toutes un peu la-dedans (ouin elles sont moins "trash" les miennes, je vous rassure).
Il y a aussi Marie qui a dû quitter son travail en raison de problèmes de santé, je crois qu'elle n'est pas loin de la retraite, ou y est déjà, je ne sais plus. Elle aussi elle est assez connue dans le quartier. Toujours souriante, agréable avec un mot pour chacun. Je la vois moins depuis son licenciement pour inaptitude, mais on arrive à se croiser. Nos cheveux ont blanchi de concert, me suis-je dit la dernière fois qu'on s'est parlé.
Il y avait aussi Pascale, mon ancienne voisine du rez-de-chaussée, qui avait sympathisé avec moi car grande lectrice elle aussi, me voyant un bouquin à la main chaque matin à l'arrêt, m'avait abordée sur ce sujet. En a découlé une amitié et des soirées avec nos hommes. Le sien est chauffeur de bus (la boucle est bouclée), le mien a été prof d'Histoire de leur fille. Ils ont depuis déménagé à Bodilis, maison se voir toujours. Des fois je mange le midi avec elle puisqu'on travaille toutes les deux en centre ville, parfois je monte dans son bus à lui.
Voilà un peu mes copains et copines de bus.

Je me demande ce que les autres passagers de bus ou tram pensent de moi... Ai-je vraiment besoin de le savoir (vive le mystère).

mardi 16 avril 2024

Le jour où Kennedy n'est pas mort

4 de couv' :
C'est l'une des histoires les plus connues au monde - et l'une des plus obscures. Le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse Jackie saluent la foule, quandsoudain...
Quand soudain, rien : le président ne mourra pas ce jour-là. En revanche, peu après, le photojournaliste Mitch Newman apprend le suicide de son ex-fiancée, Jean Boyd, dans des circonstances inexpliquées.
Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qui s'est passé. Découvrant que Jean enquêtait sur la famille Kennedy, il s'aventure peu à peu dans un milieu aussi dangereux que complexe : le coeur sombre de la politique américaine.

Difficile pour un auteur de se lancer dans une sorte d'uchronie... Et désolée de le dire, je l'ai trouvé plutôt ratée.
Si le but est de décrire l'Amérique de cette époque si Kennedy n'avait pas été assassinée, oui, d'accord, mais sinon, cet aspect ne présente guère d'intérêt pour l'histoire finalement.

On se demande certes dès le début à quoi est dû le fait que, contre toute logique historique, l'assassinat n'a pas eu lieu. Et en effet on a la réponse en toute fin du roman et je n'en dirai évidemment pas plus.

Mais cette lecture ne m'a guère enthousiasmée : on nous accroche avec l'enquête - d'un journaliste - qui a priori n'a pas lieu d'être, il trouve des indices plus ou moins improbables et ses atermoiements personnels m'ont plus d'une fois donné envie de le baffer.

Rien à dire sur l'écriture (encore que j'aurais préféré une autre traduction du titre dont l'original est "three bullets"), mais l'enquête ne m'a guère passionnée. Sans compter le portrait au vitriol de Kennedy qui le fait nettement dégringoler de son piédestal, déjà bien branlant par ce que l'on sait de lui de nos jours. L'auteur s'est évertué à rendre ce que cela pouvait donner au quotidien, et concernant ce qui est dit du patriarche de la famille, s'il est sans concession à son sujet, il est vrai qu'il est difficile de faire autrement.

Donc impression en demi-teinte en ce qui me concerne, il y a décidément trop de livres en rapport avec la mort de Kennedy sur le marché. Et si d'habitude je tombe plutôt bien (ici et ici par exemple), là, bof...
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dimanche 14 avril 2024

Les mémés, tome 4 - Fleurs de pavés

4 de couv' :
Mais puisqu'on vous dit que les Mémés, c'est que de l'amour !
Pas empotées pour un sou, Huguette, Paulette et Lucette, trois jolies fleurs des villes, reviennent bras dessus, bras dessous, pour de nouvelles aventures ! Il suffit de baisser le nez pour les voir s'épanouir au bord du trottoir, pétales au vent.
Mais prenez garde où vous mettez les pieds ! Elles n'hésiteront pas à vous jeter leur Caddie à la figure si vous marchez sur leurs plates-bandes...
Leur humour est direct, sans concession mais toujours dans le mille !


Petits rappels : ici, encore ici, et encore là.

Ah, ces chères mamies, pardon, Mémés, aussi tendres et drôles que cash !
Et malgré leur grand âge, pas un semblant d'essoufflement pour cette série qui nous fait partager leur quotidien, leurs interrogations, leur perplexité, leur philosophie (de bistrot).

Bref, des Mémés toujours aussi drôles et alertes, une série qui n'a pas pris une ride !
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samedi 13 avril 2024

Vikings dans la brume - Tome 2 - Valhalla Akbar

4 de couv' :
Le chef Arnulf et son "armée" de vikings poursuivent leur raid dans des contrées froides et glacées en quête de butin, mais en pure perte ! Dernière chance avant leur retour, un petit village nommé Troulabbé, habité par des Chrétiens qui comptent bien leur résister... Avant d'autres raids, plus au sud, de mondes inconnus !

Petit rappel : ici.

C'est avec joie et bonheur que j'ai retrouvé cette pitoyable - mais ô combien attachante - troupe de guerriers.

En quête désespérée de butin à ramener triomphalement à la maison, à peine arrivés que les voici repartis vers de nouvelles contrées, totalement inconnues.
Un choc des cultures - et du climat - qu'ils ne seront pas prêts d'oublier !

Une très belle réussite que ce deuxième tome, vivement le troisième !
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vendredi 12 avril 2024

Lebensborn

4 de couv' :
Il y avait deux programmes nazis secrets :
le premier avait pour but d'exterminer les juifs dans des camps,
le second de faire naître des aryens dans des maternités.

C'est quand même un tour de force que de réussir à mettre de l'amour et de la poésie sur un sujet qui au départ en est tellement dénué.

Les dessins, les couleurs, le scénario, les textes et dialogues en font une histoire très douce, très forte aussi, d'où ressort un profond amour familial (du moins pour un côté de la famille).

Contrairement au diction, toute vérité est bonne à dire. Surtout aussi joliment.
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samedi 23 mars 2024

Rythme de guerre 2

4 de couv' :
Les Radieux, à l'exception de Kaladin et Lift, sont plongés dans l'inconscience et la tour d'Urithiru est tombée entre les mains des Fusionnés. Navani, prisonnière de la Fusionnée Raboniel, mène avec l'aide du sprène de la tour des expériences pour percer les secrets de la lumière.
Pendant ce temps à Shadesmar, Adolin tente une manoeuvre risquée pour rallier les sprènes d'honneur à ses côtés, en acceptant d'être jugé au nom de la race humaine pour les crimes anciens commis à l'encontre des sprènes. L'affrontement contre Abjection se précise mais, avant cela, l'humanité a besoin de soldats.

Le fait est que j'adore cette série. Hélas, le fait est aussi que j'ai mi quasiment 3 ans avant de me plonger dans ce tome, alors que j'avais déjà du mal à entrer dans le précédent, et qu'en plus le prochain n'est pas encore sorti.

Bref, j'ai tant peiné à rentrer dans l'histoire, à me rappeler les différents personnages, peuples et intrigues, que je n'ai pas pu poursuivre cette histoire ni dépasser la 133ème page.

J'ai longtemps tergiversé, mais si me plonger dans un livre après une journée de travail, la tête farcie de tout ce que j'ai fait dans la journée, et en plus user d'autant de concentration qu'au boulot pour avancer dans une histoire...
Et bien ce n'est plus un plaisir, mais une corvée.

Il manque vraiment une introduction à ce volume de la série, avec une bonne carte, un rappel des différents peuples, des personnages et surtout un résumé de chaque tome précédent.

C'est donc avec beaucoup d'hésitation et de regrets que j'ai décidé de laisser tomber. Qui sait, peut-être pourrais-je reprendre la lecture de tous ces livres une fois en retraite (si j'en ai une un jour) du début à la fin car j'espère que d'ici là, l'auteur l'aura terminée...

Dommage (soupir).
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dimanche 3 mars 2024

Les soeurs d'Auschwitz

4 de couv' :
"Je veux que vous me promettiez et que vous promettiez chacune à vos deux soeurs de toujours veiller les unes sur les autres. Que vous ne laisserez rien vous séparer. Compris ?"
Slovaquie, 1942. Les années ont passé depuis que Livia, Cibi et Magda Meller ont fait ce serment à leur père. Car dans une Europe désormais à feu et à sang, chaque jour est un sursis pour les trois adolescentes juives.
Pourtant, quand Livia est arrêtée par les nazis, Cibi tient sa promesse et suit sa soeur dans l'enfer d'Auschwitz, où elles seront bientôt rejointes par Magda.
Confrontées à l'horreur et à la cruauté du camp, les trois soeurs vont formuler un nouveau voeu. Celui de survivre. Ensemble.

J'ai eu plus de mal à démarrer ce roman.
Le début évoquant la vie des trois soeurs avant leur déportation, cette période heureuse de leur vie m'a parue insupportablement mièvre, car autant j'ai pu apprécier ce style dans les Comtesse de Ségur, autant là cela m'a dérangée.
Puis je me suis dit que cela venait aussi sans doute du fait que j'ai lu les trois livres de façon rapprochée et donc qu'une certaine lassitude m'avait gagnée. Pas sur le thème, mais sur l'écriture. Si je n'avais pas décidé de les remettre à ma mère ce week-end (nous étions chez elle pour son anniversaire, d'où le choix de cette date), je l'aurais mis de côté et aurais choisi un autre livre totalement différent.
Je l'ai donc mis de côté quelques jours et l'ai repris.

Quand je l'ai repris, ça allait mieux. Mais j'ai continué à avoir le même ressenti que pour les deux précédents : trop romancé.
L'écriture n'est pas désagréable, le fait est qu'il est difficile d'écrire un roman à partir de témoignages sur un thème aussi grave, mais cette impression ne m'a pas quittée.

J'ai fini par comprendre d'où venais le problème, du moins à mon sens : le fait est que l'autrice s'est prise d'amitié pour ceux et celles qu'elle a interviewé, et n'a donc (peut-être) pas eu le réflexe d'avoir davantage de recul sur leur histoire pour le rendre plus factuel, donc plus réel pour le lecteur.
Car oui, c'est un roman, mais aussi un récit. Difficile de trouver un équilibre entre les deux.

Cela étant, une fois plongée dedans, difficile d'en ressortir, au point d'avoir failli manquer mon arrêt de bus en allant au travail jeudi matin, c'est dire !

Bref, bien que parfois trop romancé à mon goût, un livre prenant un indispensable témoignage de cette époque.
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vendredi 23 février 2024

Le voyage de Cilka

4 de couv' :
Cilka Klein n'a que 16 ans lorsqu'elle est déportée. Très vite remarquée pour sa beauté par le commandant du camp de Birkenau, elle est mise à l'écart des autres prisonnières.
Mais à la libération du camp par les russes, elle est condamnée pour collaboration et envoyée en Sibérie. Un deuxième enfer commence alors pour elle. Au goulag, où elle doit purger une peine de quinze ans, elle se lie d'amitié avec une femme médecin et apprend à s'occuper des malades à l'hôpital.
C'est ainsi qu'elle rencontre Alexandr et qu'elle découvre que l'amour peut naître même dans les situations les plus dramatiques.

Comme pour "Le tatoueur d'Auschwitz", ce roman se base sur une personne qui a réellement existé, à partir de témoignages que l'autrice a pu récolter à son sujet. Après recherches sur Internet, je me suis rendue compte que son histoire tient largement plus de la fiction que de la biographie.
L'autrice ne s'en cache d'ailleurs pas : par exemple Cilka - la vraie - avait deux soeurs, dans le roman elle n'en a plus qu'une qui est un condensé des deux.

Sur l'histoire racontée dans ce roman : j'ai été happée dès les premières pages et ai eu du mal à en décrocher. On se prend d'affection pour le personnage, on envie de suivre ses aventures, savoir ce qui va lui arriver jusqu'à sa libération (et si elle est libérée, vu qu'elle se trouve dans un goulag), si elle va vraiment passer 15 ans dans ce camp, comment elle va survivre, etc.

Mais si le contexte du goulag est bien posé dès le début, je trouve qu'il est plutôt survolé dans le reste du livre. Et que l'autrice n'insiste pas plus que cela, n'y faisant que des allusions par la suite. Par exemple : des personnages marchent sous la neige à un moment. Mais on est en Sibérie, ce n'est pas comme s'ils étaient dans nos contrées, là-bas ils sont sous des températures avec des dizaines en-dessous de zéro quand même, ça aurait dû être décrit avec un peu plus de difficultés que cela...
Au lecteur donc de s'en rappeler au fil du livre, ce qui n'est pas gênant au final. Mais je dois avouer que par moment, je n'avais plus l'impression qu'elle était au goulag. Des détails de la vie là-bas sont inclus dans le roman, mais j'ai parfois eu l'impression que d'autres manquaient pour lui donner davantage de substance.

Cela étant, mention spéciale à l'honnêteté de l'autrice qui explique en postface sa façon de procéder sur la création des personnages et du roman, ainsi qu'à la postface d'Owen Matthews, qui rend compte de la réalité historique des goulags et du contexte politique de l'époque.

Un très bon roman, prenant, pour le moment mon préféré des trois tomes.
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samedi 17 février 2024

Le tatoueur d'Auschwitz

4 de couv' :
L'histoire vraie d'un homme et d'une femme qui ont trouvé l'amour au coeur de l'enfer.
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent à l'entrée du camp d'Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C'est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu'il marue à jamais.
Un jour, pourtant, il lève les yeux sur Gita, et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d'une noirceur infinie. Ils savent d'emblée qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Dans cette prison où l'on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n'y a pas de place pour l'amour.
Ils doivent se contenter de minuscules moments de joie, qui leur font oublier le cauchemar du quotidien. Mais Lale fait une promesse à Gita : un jour, ils seront libres et heureux de vivre ensemble.


J'avais beaucoup entendu parler de ce livre et des tomes suivants qui ont eu un assez grand succès (ce tome-ci faisant l'objet d'un film ou série). Comme d'habitude, j'ai préféré attendre que l'enthousiasme retombe un peu pour le lire (merci maman de m'avoir a-offert les trois tomes à Noël).

Je suis un peu mitigée sur ce livre. Certes, il est basé sur le témoignage de Lale, qui a réellement existé, certes l'autrice est scénariste avant d'être romancière, mais hélas ça se ressent.
J'ai eu un peu de mal avec l'écriture qui, si elle ne manque pas d'empathie, a tendance à seulement dire les choses les unes après les autres. Une fois passé cela, on se surprend à se plonger dans l'histoire, occultant complètement ce qu'il y a autour de nous.

Autre chose qui m'a un peu dérangée : j'ai déjà lu d'autres livres sur les camps de concentration, dont beaucoup de livres de Christian Bernadac en particulier, qui sont des recueils de témoignages de survivants des camps de concentration nazis.
Comme beaucoup dans les années 1980, j'ai adoré lire et regarder (télévision et film) "Au nom de tous les miens". Et relire et re-regarder.

Je trouve donc que ce livre, sur le côté témoignage, recèle des faiblesses. Je n'ai pas l'impression que l'autrice, en parallèle de ce témoignage, ait fait des recherches sur les camps de concentration pour rapprocher le témoignage au plus près de la réalité. Je ne me rappelle pas par exemple (mais comme je ne me rappelle pas, peut-être est-ce moi qui ait tort, que les prisonniers n'avaient pas à travailler le dimanche. Dans mes souvenirs - ou était-ce un ressenti à le lecture de tous ces livres de témoignages - les prisonniers travaillaient constamment, sans jour de repos, jusqu'à en crever.

Si l'autrice ne cache rien de la cruauté des camps, elle donne l'impression de survoler le "réel" de cette survie là-bas. Ce qui a au moins le mérite de ne pas tomber dans le pathos, ce qui aurait été pire.

Cela étant, ce roman a le mérite de contribuer au devoir de mémoire et de continuer à ne pas faire sombrer cette partie de l'histoire dans l'oubli. Plutôt salutaire par les temps qui courent avec les prochaines élections européennes...
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jeudi 15 février 2024

Panique en Armorique

4 de couv' :
Finistère sud. Une nuit épaisse de novembre, un incendie criminel détruit un élevage de poulets en batterie. Quand l'attentat est revendiqué par des militants déjantés de la cause animale, l'enquête revient au (charmant) capitaine Chauvigny.
Non loin, la commissaire retraitée Lola Jost et sa meilleure amie, la jeune strip-teaseuse américaine Ingrid Diesel, sont en vacances. Intrigué par les évènements, et histoire de s'occuper un peu, le duo décide de jouer les détectives sous le nez des gendarmes.
Mais très vite la tension monte : leP-DG de Poulets Dorés est retrouvé mort, pendu par les pieds et électrocuté comme ses volailles...

J'ai eu un peu de mal à démarrer sur ce nouveau tome des aventures de Lola Jost et Ingrid Diesel.
Déjà parce que ce que j'ai toujours aimé dans cette série est le Paris de carte postale et que cette fois, l'histoire se passe dans le Finistère sud. C'est sympa et devrait me flatter mais en ce qui me concerne, zéro dépaysement.
Ensuite parce que je n'aime ni le titre, ni la couverture, tellement différents de l'esprit des autres tomes...

J'ai donc eu du mal au démarrage, au point de laisser le livre de côté pendant une semaine. Puis je l'ai repris dimanche dernier. Et n'ai pu finalement le lâcher que vers 2h00 du matin.

Si ce n'est pas mon tome préféré, je dois avouer qu'il m'a bien divertie et qu'on ne comprend vraiment l'intrigue qu'à la toute fin.

Sentiments mitigés donc, mais finalement relativement positif.
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dimanche 4 février 2024

Consolée

4 de couv' :
1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, petite fille métisse, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour "enfants mulâtres".
Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du sud-ouest de la France. Elle y rencontre Mme Astrida, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue. En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de la vieille dame, Ramata se retrouve confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.
Un roman poétique, d'une grande actualité, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.


En me promenant et donc furetant dans ma librairie préférée, mes yeux ont été attirée par cette magnifique couverture. "Ne pas juger un livre à sa couverture" dit-on, mais sur ce coup-ci, fi du dicton, et j'ai bien fait.
Je vous rassure, je l'ai pris aussi parce que le résumé m'intéressait.

Roman moderne par son sujet, on se laisse porter par une écriture simple, délicate, et d'une très grande humanité qui dit les choses sans chercher à convaincre. Mais par sa simplicité, son humanité, l'autrice y arrive quand même par cette simple évidence des choses vécues.
Notez que convaincue, je l'étais déjà, mais j'ai mieux compris certains aspects et les points de vue de la jeune génération, petits-enfants d'émigrés grâce au personnage d'Ines, la fille de Ramata.

Ce roman choral à trois voix, (Consolée, Ramata et Astrida qui est en fait le nom donné à Consolée une fois enlevée à sa famille) est plus efficace que n'importe quel traité sociologique ou historique sur le sujet.

D'une grande douceur, parfois un peu bousculée, comme Ramata, avec les opinions de sa fille qu'elle a un peu de mal à comprendre, ce livre dit les choses sans forcer.

Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de lien entre Ramata et Astrida, mais au final c'est mieux ainsi, car plus réaliste. Et l'essentiel du livre n'est pas là de toute façon.

Il tacle un peu aussi les conditions de travail dans les Ehpad, bien qu'il ne mette pas assez en évidence le dévouement et la souffrance au travail de leur personnel, qui voudrait tant faire mieux et plus pour leurs résidents si on voulait bien y mettre les moyens.

En résumé, un livre profondément humain, et vrai.

vendredi 26 janvier 2024

La fille du train

4 de couv' :
Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : le 8h04 le matin, le 17h56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d'un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par coeur, elle a même donné un nom à ses occupants, qu'elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l'être par le passé, avant qu'il la trompe, avant qu'il la quitte. Rien d'exceptionnel, non, juste un couple qui s'aime. Jusqu'à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ?Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d'en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu...


Ce livre m'a été prêté par ma mère, qui lui a été prêté par un de mes oncles. J'ai l'habitude de prêter mes livres à ma mère, mais si en plus elle commence à me refourguer ceux de toute la famille, pourquoi ai-je donc un abonnement à la bibliothèque ? Et je ne vous parle même pas des boutures de plantes de toutes sortes...

Ce roman, j'en avais évidemment beaucoup entendu parler à sa sortie. Et comme pour tout livre qui connaît un énorme engouement, je ne me suis pas précipitée dessus, de crainte d'être déçue. Là pour le coup, j'ai bien dû le lire.

La façon d'aborder l'histoire me plaisait bien, mais je dois reconnaître que j'ai été assez - agréablement - surprise de son déroulement, et par ses personnages, que l'on apprend à découvrir au fil des pages. 
C'est probablement plus cela qui en a fait le succès que l'histoire en elle-même finalement car une fois arrivée à la fin et le coupable confondu, j'ai trouvé que c'était finalement assez banal. Façon puzzle reconstitué patiemment.

L'intérêt réside davantage dans le fait qu'il s'agit d'un roman choral : Rachel, Megan, et une autre femme dont je ne dirai rien car tout le début du roman se fait à deux voix. Celle de Rachel et de ce personnage se fait dans le présent. Celle de Megan, dans un passé relativement proche, éclairant ainsi les petites zones d'ombres, les questions que se pose Rachel et l'entourage de Megan.

Par ce biais, l'autrice non seulement explore la psychologie humaine mais aussi démontre ce que l'on laisse à voir de soi n'est rien à côté de ce qu'on est vraiment, de ce qui se passe vraiment dans nos vies. Au présent comme au passé.

On a ici trois voix de femmes, et donc un point de vue quasi exclusivement féminin de cette histoire. Je dis quasi car finalement l'autrice, par les interactions que ses personnages ont avec les hommes qui les entoure, réussit quand même à faire ressortir les opinions et sentiments de ces hommes.

Je trouve que ceux-ci n'ont pas forcément le beau rôle dans l'histoire, mais finalement les personnages féminins ne sont guère plus reluisants non plus.

Je ne peux pas m'empêcher de comparer de comparer ce livre à ceux de Mary Higgins Clark. C'est très féminin, très "on ne sait pas à qui faire confiance" et on ne sait très vite plus quoi penser des personnages de l'histoire, en particulier les hommes. A la différence près que les personnages féminins ne sont pas des "wonder woman" du travail en puissance, ce qui les rend plus réalistes, plus humaines aussi...

Un bon polar, efficace, je comprend l'engouement qu'il a suscité.
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dimanche 21 janvier 2024

Au loin, quelques chevaux, deux plumes...

4 de couv' :
Juillet 1900. Le bourgeois Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre. Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Étrangement, à cause d'une image échappée de son portefeuille, Curtis a la vie sauve. Encore plus étrange, le bandit qui l'a épargné l'entraîne avec lui dans un long et dangereux périple? Jusqu'à cette réserve indienne dans laquelle le photographe va trouver sa vocation : témoigner de la misère, de l'invisibilisation et de l'oubli. Pour la mémoire d'un peuple.

J'ai été happée dès la première page l'écriture, l'histoire et la façon de la raconter.
Si le début est dur, le sujet lourd, que certaines parties de l'histoire vous prend aux tripes, l'auteur réussit malgré tout le tour de force de ne pas tomber dans le pathos et même de faire rire.

Il faut dire que tous les personnages de l'histoire sont présentés sous leur vrai jour, rendant justice et leur dignité aux indiens, mettant en relief le ridicule et la cruauté des blancs. Sous une apparente neutralité, l'auteur écrit du point de vue des indiens, ce qui change de l'histoire officielle et autres westerns hollywoodiens...

Un roman qui remet les choses - et les gens - à leur place, sur une belle amitié entre deux personnes que tout oppose.

Je ne sais pas la part de vérité sur les personnages principaux, dont le photographe qui a réellement existé et dont voici un lien vers sa biographie : Edward Sheriff Curtis

Une réussite !
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samedi 13 janvier 2024

Oreiller d'herbe ou le voyage poétique

4 de couv' :
Il faut lire ce texte d'une originalité et d'une poésie absolues, que Sôseki appelait son roman-haïku.
Au printemps, un jeune artiste décide de se retirer dans la montagne, loin des passions et de l'agitation de la cité, rencontre une jeune femme malicieuse et fantasque, rêve de peindre le tableau qui exprimerait enfin son idéal et ne réussit qu'à aligner poème sur poème !
Dans ce manifeste poétique et esthétique, profond, piquant, passionné, indigné, éblouissant, Sôseki approfondit sa méditation sur la création et  et la place de l'artiste dans la société moderne.
"Je ne crois pas qu'un tel roman ait déjà existé en Occident. Il ouvrira de nouveaux horizons à la littérature", prédisait Sôseki en l'écrivant.
Les délicates peintures qui l'accompagnent sont issues d'une édition de 1926 en trois rouleaux, où figurait aussi le texte entièrement calligraphié.


Je voulais par ce livre terminer 2023 et commencer 2024 en beauté. Ce, roman, qui ne peut être classé dans ce seul genre, est aussi un petit bijou de poésie et un ravissement des yeux de par les peintures qui y sont ajoutées.

S'il peut rebuter certains car le narrateur, tout artiste qu'il est, analyse assez souvent ses impressions et sentiments - toujours avec justesse, intelligence et élégance -, il n'en reste pas moins une histoire agréable, ponctuée de rencontres qui se transforment en nouvelles amitiés.

Un petit bijou.
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