lundi 28 décembre 2020

Le livre de Noël


4 de couv' :
Au fil de ces récits, aussi charmants que des contes dits à la veillée, on fera la connaissance d'une petite fille suédoise qui reçoit un livre d'étrennes... en français. On découvrira l'origine de la légende de saint Luce, très prisée en Suède. On saura ce que font les animaux durant la nuit de Noël et comment le rouge-gorge devint rouge. On apprendra qu'une mère peut être jalouse de sa propre fille. On lira l'aventured'un colporteur, voleur et repenti. On assistera au dialogue entre un fossoyeur et le crâne d'un homme assassiné. Et l'on sera surpris par une confrontation inédite entre Jésus et Judas.
De ce recueil, empreint de foi religieuse mais aussi de chaleur et de philosophie, émane ce que l'on appelle volontiers la magie de Noël : un mélange de compassion et de joie, sublimé par le talentde conteuse de Selma Lagerlöf.


Ce livre est une ancienne commande Kube (ah, à propos : je me suis réabonnée) : j'avais envie de contes de Noël fin 2017. Je m'étais mis en tête de ne le lire qu'à l'occasion de Noël, je l'ai loupé l'année même, pas envie en 2018 (trop de soucis de boulot) et oublié l'année dernière ou envie d'autre chose, je ne sais plus.

Cette année, je ne l'ai pas loupé. Et je me dis que tous les ans, je lirai un classique de Noël à déguster avec mon pain d'épices fait maison et le thé de Noël offert il y a... (pfiou !) par belle-maman.
Tiens, j'ai un beau livre des contes d'Andersen, mes préférés depuis l'enfance...

Pour en revenir à ce livre, ce fut un vrai plaisir de lire ces contes. Certains n'aimeront pas pour leur côté à la morale surannée et très empreinte de chrétienté, mais c'est justement cet aspect vieillot que je recherchais. Sans compter le dépaysement, car la mentalité suédoise est bien différente de la nôtre.
J'ai lu des commentaires négatifs sur Internet : les lecteurs en question ont justement oublié l'époque où ils ont été écrit : s'ils voulaient des contes culs-culs gnangnans, qu'ils visionnent de vieux Walt Disney (parce qu'il faut bien dire, les contes repris par Disney dans ses films sont un peu plus durs que la version des dessins animés).

Je précise aussi qu'il s'agit d'un recueil de différentes histoires extraites d'autres livres de l'autrice : un joli échantillonnage de ce qu'elle a écrit, qui m'a donné l'envie de m'y intéresser de plus près. A feuilleter en librairie à la première occasion.

Sur l'écriture, je suis un peu déçue : je pense que c'est un problème de traduction car je l'ai trouvé un peu froide, peu fluide. A vérifier dans d'autres de ses livres, et s'il s'agit des mêmes traducteurs.
Mais bon, j'ai aussi la même impression pour l'écriture de Colette, allez savoir...

En résumé, petite lecture de saison bien sympathique.
.


dimanche 27 décembre 2020

Notre-Dame de Paris ô reine de douleur


4 de couv' :
Àl'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs/
L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré.
Tout homme a un rendez-vous  quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien-le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l'église Saint-Séverin où fut baptisé Huysmans. Notre-Dame est là, tout près, reine mère de sa couvée d'églises. Je séjourne "sous le commandement des tours de notre-Dame" (Péguy dans Les Sept contre Paris).


Ce livre est un court recueil de deux textes de l'auteur déjà parus sur Notre-Dame, auquel est ajouté un troisième, écrit la nuit même de l'incendie de la cathédrale. Le but étant de reverser les dons des ventes de ce livre à la restauration de la cathédrale et à celle du patrimoine.

Ces textes mettent en valeur Notre-Dame par le profond respect et amour que lui voue l'auteur, et il faut bien le dire, chacun d'entre nous quand nous avons tous découvert les images déchirantes de cet incendie sur nos si petits écrans.

Un bel hommage, à lire et relire, qu'on soit chrétien ou non, croyant ou non, à ce superbe ouvrage et ce qu'il représente dans le monde.
.

samedi 26 décembre 2020

Alzheimer, un océan pour vous dire


4 de couv' :
Il y a mille raisons de partir.
Xavier Fabre est un passionné de la mer.
Au quotidien, il accompagne des patients touchés par la maladie d'Alzheimer.
Poussé par sa volonté de communiquer sur ces personnes fragilisées, il relie à la rame le port d'El Hierro (Canaries) à la Baie du Robert (Martinique) et met en évidence les parallèles de ces deux traversées solitaires : naviguer sur l'océan et vivre la maladie d'Alzheimer avec leurs lots d'isolement, perte des repères, colère, mais aussi illumination intérieure et cette incroyable capacité de vivre intensément ce que la vie peut encore offrir.


C'est un peu par hasard que j'ai entendu parler de ce livre (paru aux éditions Vivre tout simplement) : l'auteur est un ancien collègue d'une copine de collège avec qui j'ai repris contact via Facebook (qui figure ainsi que son mari dans les remerciements). Elle fait depuis un an "campagne" pour son ancien collègue et évidemment, sitôt un oeil jeté vers ce livre, j'ai vite eu envie de me le procurer (et pis je le lui avais promis aussi).
J'avais aussi promis de lui dire ce que j'en pensais, promesse aussitôt suivie en pensée de "ouh là, et si je n'aime pas, je fais comment ?"

Crainte vite balayée dès les premières lignes. L'écriture est bonne, mais l'humilité et l'humanité de son auteur fait que l'on se prend vite au jeu et qu'on n'a qu'une envie, faire ce parcours de dingue avec lui et partager ses pensées.

Si le parallèle entre une traversée en solitaire et la maladie d'Alzheimer peut surprendre, en fait tout est dit dans cette phrase : les parallèles entre les difficultés rencontrées pendant son périple et celles rencontrées par les personnes malades dont il s'occupe dans son travail tombent parfaitement justes et sont loin d'être des tentatives grossières pour parler de cette maladie par ce biais.
Il fait mouche.

Et il fait mouche avec tendresse, humanité, empathie, humilité, humour parfois et jamais dans le pathos. Car la moindre petite étincelle draine de l'espoir et l'envie de continuer à avancer.

Une belle surprise que cette lecture de fin d'année (et si vous me permettez une grossière analogie que j'assume pleinement :) une jolie petite coquille de noix dans cet immense océan qu'est le monde de l'édition.

A lire et à offrir, vraiment !
.

mercredi 23 décembre 2020

Les ferrets de la reine


4 de couv' :
1624. Tandis que se négocient âprement les conditions du mariage entre e prince de Galles et Henriette, la soeur du roi Louis XIII, le jeune Louis Fronsac, âgé de douze ans, entre en sixième au collège de Clermont.
Louis va se lier d'amitié avec Gaston de Tilly, un enfant noble et orphelin, pensionnaire comme lui.Ils vont découvrir une redoutable conspiration ourdie au sein même de l'école. Conduit par des jésuites hostiles à l'alliance anglaise, le complot vise à détruire la confiance entre la France et l'Angleterre, au risque de blesser Anne d'Autriche.
Entre tavernes louches, pièces secrètes du collège et repaire de bandits, les deux adolescents mènent leur enquête, cherchant par tous les moyens à prévenir la reine des dangers qui la guettait.


Je vous entend d'ici : ENCORE les ferrets de la reine ? On n'avait pas déjà Alexandre Dumas et ses mousquetaires (entre autres) pour cela ?
Ben si, mais l'histoire est un peu revisitée (dans l'Histoire, ces ferrets restent un mystère, on ne sait trop à quoi s'en tenir à ce sujet) et surtout, elle ne que le prétexte à retracer ici une certaine partie de l'Histoire de France et de l'Europe, et surtout dépeindre la façon de vivre des parisiens de l'époque. On s'y croirait presque, odeur (hélas) comprises.

Vous l'aurez compris, ici l'intrigue policière, bien construite et parfaitement aboutie, est presque secondaire tant la reconstitution historique prend le pas sur l'ensemble de l'histoire. En particulier la vie de collège dont je pense que l'auteur n'a omis aucun détail. Je recommande particulièrement aux écoliers, collégiens et lycéens de nos jours (et leurs parents), l''école actuelle est une partie de plaisir en comparaison.

Un très bon moment de lecture, en particulier pour les passionnés d'Histoire.
.

lundi 21 décembre 2020

Carnets de steppes


4 de couv' :
Dans les grandes étendues de l'Eurasie, c'est le cheval qui a permis à l'homme de s'approprier la steppe. Aussi, lorsque Prscilla et Sylvain, à 23 et 27 ans, décident d'inscrire leurs pas dans la poussière d'Asie centrale, quel autre choix s'offre à eux que celui de se présenter en selle, rênes à la main et pied à l'étrier ?
En six mois d'expédition, au gré des rencontres, des bonheurs et des dangers, du Kirghizstan à la mer d'Aral, Priscilla et Sylvain ont collecté un bouquet d'émotions, de souvenirs et de réflexions qu'ils nous offrent dans ce carnet de voyage. Recueil intime pour livrer la saveur de l'instant, le goût du khumus, bu sous la yourte, l'entente avec les chevaux, le chant des grandes steppes, les bouleversements d'un peuple...


Ce livre est effectivement en format de carnet, de par ses dimensions, mais aussi de part les cartes et photos qui agrémentant joliment et pédagogiquement les textes. Nous cheminons donc avec une impression de "direct" avec les auteurs en quelque sorte.

Il est d'ailleurs quasi impossible, à quelques passages près, de distinguer qui a écrit telle ou telle partie, ce qui m'a un peu perturbée au départ. Dans "On a roulé sur la terre"les titres de chapitres distinguaient bien qui d'Alexandre Poussin ou Sylvain Tesson les avait rédigés, et une différence d'écriture permettait de les identifier. Ici, pas tellement, ce qui fait qu'il est difficile de savoir qui est le narrateur / la narratrice (et quand vous croyez lire Sylvain Tesson, un participe passé au féminin vous recale vite sur la bonne personnes).

Cette lecture, réédition du livre original, fut aussi dépaysante que pédagogique, d'autant que les quelques années de recul que nous avons par rapport à l'époque de cette chevauchée nous permet d'anticiper les évènements à venir autant que ce récit nous les éclaire. Douloureusement parfois.

Un bon, beau et intéressant moment de lecture.
.

samedi 19 décembre 2020

Le labyrinthe des esprits


4 de couv':
Dans la Barcelone franquiste des années de plomb, la disparition d'un ministre déchaîne une cascade d'assassinat, de représailles et de mystères. Mais pour contrer la censure, la propagande et la terreur, la jeune Alicia Gris, tout droit sortie des entrailles de ce régime nauséabond, est habile à se jouer des miroirs et des masques.
Son enquête l'amène à croiser la route du libraire Daniel Sempere. Il n'est plus ce petit garçon qui trouva un jour dans les travées du Cimetière des Livres oubliés l'ouvrage qui allait changer sa vie, mais un adulte au coeur empli de tristesse et de colère. Le silence qui entoure la mort de sa mère a ouvert dans son âme un abîme dont ni son épouse Béa, ni son jeune fils Julian, ni son fidèle compagnon Fermin ne parviennent à le tirer.
En compagnie d'Alicia, tous les membres du clan Sampere affrontent la vérité sur l'histoire secrète de leur famille et, quel qu'en soit le prix à payer, voguent vers l'accomplissement de leur destin.


Il est souvent difficile de revenir sur une série dont on a lu le tome précédent autant d'années après. C'est donc avec un peu d'appréhension que j'ai entamé ce pavé de 846 pages (vais-je réussir à tout me rappeler et si non, est-ce que ça ne va pas me gâcher la lecture de ce roman, et donc le final de la série).

Finalement, non. Je me suis quand même promis de relire la série dans quelques années, mais globalement, je n'ai pas été trop perdue, l'auteur ayant eu la délicatesse de faire de subtils rappels aux tomes précédents, bons repères pour la lectrice semi-amnésique de cette saga que je suis, et une bonne nouvelle pour les lecteurs qui avaient l'histoire mieux en tête que moi.

Ce tome diffère des autres dans la mesure où la famille Sempere et ses amis n'apparaissent quasiment pas pendant les 350 premières pages du livre, plus centrées sur Alicia - nouveau personnage -, sa vie et sa mission. Ensuite, tout s'imbrique à la perfection et c'est avec bonheur que l'on retrouve nos personnages fétiches et le fameux cimetière.
L'auteur avec ce tome nous présente avec brio un beau final, où toutes les zones d'ombres de la saga finissent par s'éclaircir, préparant les protagonistes à de meilleurs lendemains.

C'est donc comblée et rassurée sur leur avenir que j'ai pu les quitter en refermant ce volume.
.

dimanche 6 décembre 2020

La conversion


4 de couv' :
Au soir de ses quatorze ans, dans une boutique désaffectée de Harlem, au milieu des prières et des trépignements cadencés de ses frères, au rythme hallucinant des tambourins, John Grimes traverse sa "nuit noire de l'âme". Tourmenté par l'idée de péché, après être allé jusqu'aux racines de sa culpabilité, il lui semble à l'aube du dimanche avoir connu son moment de vérité.

Difficile pour une française d'appréhender la forme que prend cette ferveur religieuse, mais en dehors de cela, pour un premier roman, l'écriture est magistrale, tant que les prêches vous portent et vous transportent et vous donneraient presque envie de dire "amen".

Mais il n'est évidemment pas fait que de cela. Chaque partie est consacrée à un personnage. Et si le début est consacré à John, adolescent qui se cherche comme tous les jeunes de son âge, les autres parties concernent les adultes de sa famille. On les découvre, l'un après l'autre, leur vie, leurs rêves, leurs opinions, et petit à petit, comme un puzzle, tout se met en place. Et c'est bien de la conditions des Noirs des Etats-Unis jusqu'au  années cinquante dont il est ici question (le livre a été écrit en 1952).

Oui, définitivement magistral.
.

samedi 5 décembre 2020

Les vacances de Mma Ramotswe


4 de couv' :
Les affaires ne se bousculent pas dans l'Agence n°1 des Dames Détectives. Elles se bousculent même si peu que, pour la première fois dans son honorable carrière, Precious Ramotswe a accepté de prendre des vacances. Mais sa semaine de repos est vite écourtée par la rencontre d'un jeune garçon, un fauteur de troubles en difficulté qu'elle décide de prendre sous son aile. Puis elle apprend, non sans inquiétude, que Mma Makutsi s'est chargée en son absence d'une affaire compliquée : un politicien botswanais est en lice pour une distinction importante et sa réputation est remise en question par ses rivaux. L'enquête affectera tout le monde à l'agence et rappellera que chaque échec devrait être traité avec compassion.


Au risque de me répéter, qu'elle plaisir de retrouver Mma Ramotswe et ses amis et de me glisser avec eux dans ce cocon de douceur qu'est cette série ! Pour l'ambiance (de mon côté, pas celle du roman) : un après-midi bien sombre, bien pluvieux, semi-assise (ou semi-allongée, c'est selon), un plaid sur les jambes, le chat en train de ronfler sur le plaid, une théière de thé rouge à portée de main. Le meilleur après-midi pluvieux de ma vie !

Pour en revenir au roman en lui-même ne vous attendez pas à ce que Mma Ramotswe parte en vacances de son propre chef ni qu'elle parte et encore moins très loin. Non, ses vacances, elle les passe chez elle, ce qui ne sera guère propice à une coupure avec le travail, qui d'ailleurs va s'invite chez elle, mais chut je n'en dit pas plus !

Toujours aussi jubilatoire et bienveillant, ce fut vraiment une lecture plus qu'appréciée ce jour-là en particulier.

Ah oui, et petit bonus, trouvé par hasard sur le net. Profitez-en, ce n'est en ligne que jusqu'en mars 2021 : Au Botswana, la savoureuse détective Mma Ramotswe.
.

lundi 2 novembre 2020

Tout est bien qui finit bien


4 de couv' :
Tout est bien qui finit bien ? Tout commence bien  une orpheline, Hélène, guérit le roi de France qu'on donnait pour perdu. En récompense, elle reçoit un mari, Bertrand, fils de sa noble famille d'accueil, qu'elle convoitait en secret. Mais tout menace de mal finir : marié malgré lui, Bertrand refuse le lit du mariage  et s'enfuit à Florence où i découvre le plaisir d'un lit adultère. Comment, en effet, si loin du domicile conjugal, Bertrand donnera-t-il à Diana, sa maîtresse d'un soir, l'anneau de la fidélité qui se retrouve à l'acte V au doigt d'Hélène, l'épouse qu'il fuyait ? Comment, dans l'épaisseur de la nuit, fait-il de la chaste Diane une Vénus ardente pour se découvrir au dénouement père légitime de l'enfant que porte Hélène avec laquelle il s'était juré de ne jamais coucher ? Et comment finira-t-il par l'accepter pour épouse et même par l'aimer ? Au terme d'une comédie inclassable, l'énigme perdure : comment la cruauté shakespearienne fait-elle naître finalement une imprévisible tendresse des noces paradoxales de la fidélité et de l'adultère ?


Mon premier Shakespeare. A dire vrai, mon premier contact avec cet auteur a été une pièce de théâtre qu'on nous a emmené voir quand j'étais au collège (songe d'une nuit d'été), et à laquelle je n'avais pas compris grand'chose ni franchement apprécié pour le coup. Et que je lirai sans doute un jour histoire d'exorciser cet échec.

Cette comédie-ci fait mouche : les répliques cinglantes et jubilatoires, la scène de l'interrogatoire, l'intrigue même et évidemment l'écriture sont tout simplement délectables.

Un bon début pour découvrir cet auteur.
.

dimanche 1 novembre 2020

Et la vie reprit son cours


4 de couv' :
Jour après jour, Ruth se félicite d'avoir écouté sa petite voix intérieure : c'est en effet en République Dominicaine, chez elle, qu'il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée.
En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, l'héroïne des "Déracinés". Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, retrouve le chemin de Sosua dans des conditions douloureuses.
Roman des amours et de l'amitié, "Et la vie reprise son cours" raconte les chemins de traverse qu'emprunte la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons.


Même si j'ai trouvé sympathique le fait de retrouver les personnages des "Déracinés" et de "L'américaine", il faut reconnaître que l'histoire s'essouffle un peu. Ce tome a le mérite cependant de terminer de façon agréable cette saga familiale (du moins en ai-je eu l'impression, je  ne pense pas qu'il y aura un quatrième tome), cette fois sous forme de journal de Ruth. Avec le même défaut qui m'avait agacé dans "L'américaine" : l'alternance assez peu subtile de chapitres narrés par Ruth ou par l'autrice, comme si cette dernière avait hésité entre raconter du point de vue d'un personnage ou d'un point de vue extérieur. Je n'aime pas trop ce genre de mélange.

Il y a parfois des raccourcis dans la vie de Ruth, là où l'histoire aurait mérité de s'attarder. Quant à la vie en République Dominicaine, même si la dictature est évoquée, on ne peut guère dire que les personnages soient réellement en butte avec cet aspect du pays, et ne va guère dan sle détails (mais merci pour les notes en bas de  page).

Cela étant, ce fut une plaisante lecture pour clore cette saga.
.

mercredi 28 octobre 2020

La salle de bal


4 de couv' :
Lors de l'hiver 1911, l'asile d'aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l'enfance. Si elle espère d'abord être rapidement libérée, elle finit par s'habituer à la routine de l'institution. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l'intérieur. Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Ella y retrouvera John, un "mélancolique irlandais". Tous deux danseront, toujours plus fébriles et plus épris.
A la tête de l'orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l'eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d'esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John.

Disons-le clairement, ceci est une (heureuse) erreur de casting. Je voulais au départ emprunter à la bibliothèque "Le bal des folles" de Victoria mas, qui traite du même sujet, mais se déroule en France. Inutile de dire que celui-là, j'attendrais un peu avant de le lire, histoire que celui que je viens de terminer s'estompe un peu dans mes souvenirs...

Le roman (si on excepte le prologue d'à peine deux pages) commence donc avec Ella, et avec elle on se prend en pleine face la brutalité de son arrivée à l'asile. Elle ne comprend pas pourquoi elle a été amenée là (certes, elle a cassé une fenêtre, mais s'attendait à être incarcérée et devoir rembourser) et nous découvrons ce lieu et ses règles avec elle.

Mais le roman ne s'arrête pas à Ella et sa perception car chaque chapitre est consacré à un personnage en particulier : Ella, John, et Charles Fuller. Petit à petit, on apprend à les connaître, à les comprendre, à les voir évoluer. Evoluent autour évidemment les autres patients, leur famille, le personnel.
Je ne dirai pas plus à ce sujet car ce serait révéler trop de l'histoire et en gâcher complètement le contenu.

Mais à travers ces trois personnages est brossé le portrait d'une époque et d'une société pour finalement se rendre compte que la folie n'est pas toujours du côté que l'on croit et qu'il suffit de bien peu de choses pour être considéré comme normal ou anormal.
La tension en est presque palpable dans certains chapitres et le suspens est tel vers la fin que j'ai triché en sautant quelques pages pour savoir ce qu'il allait arriver à John et Ella, ce que je n'ai jamais fait pour aucun roman auparavant !

L'écriture est impeccable, et apporte le plaisir évident et supplémentaire de lire entre les lignes, car l'autrice ne se contente pas de raconter l'histoire d'Ella et John, elle va bien au-delà de ça, en toute subtilité.

Un vrai beau roman.
.

mardi 27 octobre 2020

Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit


4 de couv' :

L'aphorisme, comme le voyage, est une ascèse. On se débarrasse du superflu, on se rapproche du coeur de la nature et de la vérité. Il faut alors se laisser envahir par la beauté, le silence et  aussi la désillusion. Ecrire, c'est nommer les ombres des flammes qui accompagnent le vagabond. Voici l'évangile du voyageur : "Aime le lointain comme toi-même".

Tout comme pour "Aphorismes sous la lune et autres pensées", ce petit livre fut un vrai bonheur de lecture, un petit joyaux littéraire qu'on quitte avec regret pour le reprendre aussitôt afin d'en prolonger le plaisir.

Encore merci, Monsieur Tesson !
.

lundi 26 octobre 2020

La muraille de lave


4 de couv' :
Abasourdi, Sigurdur lève les yeux vers l'imposante Banque centrale, surnommée la "muraille de lave" en référence à l'impénétrable muraille de basalte de la mer d'Islande. Ici règnent le crime et la corruption : une employée, adepte du libertinage, aété poignardée. Sigurdur en est persuadé, l'assassin est entre ces murs. Plus que jamais, les conseils d'Erlendur seraient précieux, mais il a disparu...


Tout comme l'opus précédent, l'auteur met ici au premier plan l'un des collègues d'Erlendur Sveinsson, celui-ci étant aux abonnés absents, et il s'agit cette fois de Sigurdur Oli.

Cette histoire m'a moins emballée que les autres, étant dans sa construction et le sujet plus classique que la plupart des polars de cette série.
Elle reste cependant une enquête intéressante, avec comme d'habitude le dénouement dans les toutes dernières pages, mais elle restera pour moi un simple interlude en attendant le retour de notre "héros".

Petite déception donc.
.

dimanche 25 octobre 2020

La rivière noire


4 de couv' :
Le sang a séché sur le parquet, le tapis est maculé. Egorgé, Runolfur porte le t-shirt de la femme qu'il a probablement droguée et violée avant de mourir. Sa dernière victime serait-elle son assassin ? Pas de lutte, pas d'arme. Seul un châle parfumé aux épices gît sur le lit. L'inspectrice Elinborg enquête sur cet employé modèle qui fréquentait salle de sport et bars... pour leur clientèle féminine.


Ce roman, ainsi que le suivant, est un peu atypique dans la série de polars dont le personnage central est Erlendur Sveinsson... puisque ce dernier en est absent. Ce sont donc ses collègues qui prennent la relève, et dans ce roman-ci, sa collègue Elinborg.
C'est donc pour l'auteur de faire une pause dans cette série pour mettre en valeur les collègues d'Erlendur, aussi bien dans leur travail que dans leur vie personnelle, qui n'était jusqu'ici qu'évoquée.

Bien qu'un peu déçue de ne pas retrouver l'un de mes personnes de polar préférés, je dois reconnaître que cet opus dans sa construction et sa narration n'a rien à envier aux précédents, même s'il est pour moi loin d'atteindre la qualité de "La femme en vert" et de "L'homme du lac".
Mais comme toujours avec Arnaldur Indridason, l'enquête nous entraîne vers une direction pour bifurquer vers la toute fin vers un dénouement qui bien que logique, est tout à fait inattendu.

Un bon polar, comme toujours avec cet auteur.
.

vendredi 23 octobre 2020

Njinga - Histoire d'une reine guerrière

4 de couv' :
Puissante reine d'Afrique centrale, Njinga ne recula devant aucun moyen pour préserver son territoire des colonisateurs portugais esclavagistes. Au XVIIe siècle, cette figure guerrière transgressive, dont l'intelligence n'eut d'égal e que la ténacité, défia toutes les lois du genre : politiques, religieuses, sociales.
A la tête d'une armée de soldats femmes et hommes, la reine Njinga mena une guerre sans merci contre les envahisseurs qui ravageaient et dépeuplaient l'Afrique centrale, y capturant des esclaves pour les déporter au Brésil dans les plantations de canne à sucre. Njinga décida même de rejoindre la secte terrifiante des Imbangala cannibales afin de contrer un ennemi mieux armé. Elle sut aussi, en fin stratège, jouer les capucins contre les jésuites, véritables artisans de la colonisation et du trafic d'esclaves, pour conduire une campagne diplomatique d'ampleur. Elle finit par obtenir la reconnaissance de son royaume par le pape Alexandre VII et par conserver son indépendance.
Femme libre, reine courageuse et fière qui défendit ardemment son rang et son africanité, Njinga reste vivante dans la mémoire des descendants d'esclaves, en Amérique comme en Afrique centrale. Linda Heywood rend enfin justice à ce personnage hors norme, qui a toute sa place dans l'histoire mondiale.


Ce livre est plutôt une déception pour moi, dont j'ai commencé la lecture il y a un an et mis en pause jusqu'ici. Et là je me dis que je peux laisser tomber, j'ai largement perdu le fil.

Autant, vu la quatrième de couverture, je m'attendais à un portrait flamboyant d'une grande guerrière au sens politique et stratégique affuté, sans compter tout le contexte historique, autant la lecture a été pour moi franchement laborieuse d'énumérations d'alliances, désalliances, réalliances, redésalliances etc.
On peine à s'y retrouver entre les différents personnages historiques, les différents groupes et les liens entre les uns et les autres.

Alors certes, on connaît peu de choses sur Njinga finalement, mais de là à faire de son histoire une énumération presque clinique ou administrative de ses actions...

Une grosse déception.
.

mercredi 30 septembre 2020

La maison aux trois jasmins

4 de couv' :
Marie, Myriam, Meryem. Un même prénom pour la chrétienne, la juive et la musulmane, trois femmes aux destins étroitement mêlés. Dans la Tunisie des années 30 où tout, gens, lieux, saisons, semble immuable, la jeune institutrice et ses deux élèves vont se lier d'une indéfectible amitié. Quand la guerre et l'occupation allemande viendront frapper brutalement ce monde harmonieux et paisible, elle prouveront qu'au-delà des différences, l'amour est plus fort que tout...


Je ne sais trop que dire de ce roman. Il fut un agréable moment de lecture, avec des personnages attachants, une histoire joliment racontée, et une histoire dans l'histoire (conte raconté aux enfants) d'autant plus joliment racontée que je n'avais pas envie de revenir ni dans notre monde réel, ni dans celui des personnages.

Si certes la plus grande partie du roman se déroule dans une pension de famille, je trouve dommage qu'on n'en apprenne pas plus sur la Tunisie de l'époque et des époques suivantes. La décolonisation y est à peine évoquée.

La presque totalité du roman se déroule de l'adoption des petites filles jusqu'à leur majorité, où elles se marient et font leur vie, mais les derniers chapitres de l'évocation de leur vie adulte se fait en accéléré. Qui plus est, leur vie d'adultes est un rêve éveillé, et presque trop beau pour être crédible. Le conte de fée qu'on leur a raconté devient pur elle réalité et j'ai trouvé cela plus facile et naïf que merveilleux finalement.

Mais cette lecture fut, malgré certains passages, un agréable cocon de douceur. J'en relirai peut-être d'autres de la même autrice.
.

vendredi 25 septembre 2020

Le réveil des sorcières

4 de couv' :

Et si en commençant son nouveau roman sur la magie noire par un accident de voiture fatal, la narratrice avait provoqué la mort de son amieDiane, guérisseuse et médium ?
Dans la forêt de Brocéliande, où elles se retrouvaient l'été, les légendes celtes, la pratique de la sorcellerie sont toujours prégnantes. Le mystère grandit autour de Diane, sa tragique disparition et ses pouvoirs exceptionnels dont semble avoir hérité sa fille cadette, Soann, une adolescente sombre et troublante, hantée par le deuil et la certitude que sa mère a été assassinée.


Je suis toujours un peu méfiante quand des auteurs parisiens parle de la Bretagne. Bon Stéphanie Janicot est originaire de Rennes, et ayant lu tous ses livres, je sais qu'elle traite tout sujet avec finesse et subtilité.

Ne vous attendez pas ici à un roman ésotérique, plein de magie et de révélations mystiques. Contrairement à ce que pourrais faire penser le titre, ce n'est pas de ça qu'il est question.
S'il parle de "sorcières", pour moi le terme est impropre, mais peut-être plus typique de l'Ille-et-Vilaine où se déroule l'histoire. Et donc plus proche de la France où on préfère ce terme générique ?
Moi qui suis du Finistère-sud, je n'ai jamais entendu ce terme. Guérisseur, magnétiseur, rebouteux sourcier, coupeur de feu, etc., oui, mais jamais sorcier ou sorcière.
Et en vrai, les bretons face à tout ça ? Pour l'anecdote (ne'n faites donc pas une généralité) j'ai une tante qui passait d'bord par son magnétiseur plutôt que par son médecin (sauf cas graves bien entendu). Il ne se prenait jamais pour un médecin, la soulageait ainsi que sa famille dans la mesure de ses capacités, mais l'envoyait voir son médecin quand il ne pouvait rien faire de plus. Voir rien du tout, comme pour une de mes cousines dont le flux était plus fort que le sien paraît-il...
Ma mère, contrairement à sa soeur ne croyait pas du tout à ces choses là ("je suis une fille de la ville moi maintenant, plus de la campagne !"...), mon père, la seule fois où on l'a emmené voir un rebouteux (malgré lui soit dit en passant), ça a été une catastrophe. Par contre, mon grand-père paternel était sabotier et comme beaucoup de ceux qui habitent une partie de l'année dans les bois ou d'une manière plus générale dans la nature, il avait appris à trouver de quoi y vivre. Il était donc aussi sourcier...
Donc sur tout ça, je n'ai aucun sentiment de rejet, bien au contraire. Mais ce que je rejette, ce serait toute caricature qui pourrait en être fait et (ouf !) ce n'est pas le cas ici.
Par contre, dans le roman, il y a de la part des habitants du coin une part de rejet et de méfiance envers tous ces guérisseurs tout en employant leurs services. Je n'ai jamais vu cela là où j'ai grandi. Enfin, je ne crois pas.

Certaines références à la culture celte évoquées dans ce livre me sont moins familières que d'autres, mais évoquées je pense car le lieu où se déroule l'histoire est un lieu touristique basé plutôt sur Merlin et cet aspect des légendes arthuriennes. Dans d'autres parties de la Bretagne, ce sera un tourisme beaucoup moins voire pas du tout mystique, mais beaucoup plus culturel et historique. Et en littérature, plus Anatole Le Braz, Pierre Jakez Hélias, Théodore Hersart de la Villemarqué ou Ernest Renan (et tant d'autres !) que Chrétien de Troyes. C'est plutôt dans cette Bretagne-là que j'ai grandi.

Pour en revenir au livre en lui-même, tous ces sujets sont évoqués et font la trame de fond. Mais l'essentiel de l'histoire est celle du deuil vécu par deux jeunes filles, l'une jeune adulte devant prendre en charge la plus jeune, adolescente, et surtout... Trouver, avec l'aide de la narratrice, l'assassin de leur mère.

Donc si je ne me retrouve pas tout à fait (en tant que finistérienne) dans cette Bretagne là (Ille-et-Vilaine), j'ai bien aimé la lecture de ce roman, probablement - en effet comme cela est souvent dit dans la promo de ce livre - le plus personnel de Stéphanie Janicot et où elle renoue avec le thème de la famille, et surtout les femmes d'une même famille, même au sens large.
Et où elle évoque notre région avec une certaine tendresse et respect, sans sombrer dans la caricature.

Un vrai bon moment de lecture.
.

lundi 21 septembre 2020

Bludzee

Pas de 4 de couv' !

La première fois que j'ai lu cette BD, je n'avais guère été enthousiaste, je n'en ai même pas parlé ici.

La raison étant que :

1) Je ne connaissais rien de Lewis Trondeim et de son univers.

2) Je m'attendais à une innocente jolie BD sur une adorable chaton noir, vu que je n'en avais feuilleté que les premières pages.

Or s'il s'agit bien d'un adorable chaton, l'innocence est vite perdue au fil de ses rencontres (encore qu'il reste assez naïf et doté d'un bon sens moral ce qui, dans le monde où il évolue, lui vaut beaucoup d'ennuis et de contrariétés).

Donc cette fois, connaissant mieux l'univers de l'auteur, et n'ayant plus le côté découverte de cette BD puisque déjà lue, j'ai davantage apprécié cette lecture dont j'ai mieux appréhendé l'humour et qui malgré le côté trash (ça se massacre à tout va là-dedans) recèle malgré tout une certaine poésie.

Une pépite (sanguinolente, certes, mais une pépite quand même).


"- Pense que nous devons éliminer d'abominables monstres égoïstes et primaires.
- Mais ce sont des enfants pour la plupart...
- C'est bien ce que je disais..."

"- Un bon truc pour ne pas faire de cauchemar, c'est d'éviter d'avoir une conscience.
- Et on fait comment ?
- Beaucoup de télévision."
.

dimanche 20 septembre 2020

La commode aux tiroirs de couleurs

4 de couv' :
A la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l'intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d'une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.


J'avoue, c'est un peu par curiosité pour Olivia Ruiz (mais pas pour la chanteuse, je suis très peu tout ce qui est musique) que j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque. Un peu aussi par ce que j'en avais entendu beaucoup de bien (tout en me méfiant du côté fan de la chanteuse de certains lecteurs).

Mais c'est surtout par curiosité pour le titre et le sujet du roman.

Et je n'ai vraiment pas été déçue. Au delà d'une histoire sur l'exil en raison de la guerre civile espagnole, il s'agit surtout de destins de femmes et d'histoire de famille qu'il s'agit. Et de beaux portraits de femmes.

Je ne sais la part de réel ou d'imaginaire dans ce roman,  mais si hommage il y a, il est magnifique.

Un très beau premier roman.

.

samedi 19 septembre 2020

Le restaurant de l'amour retrouvé

4 de couv' :
Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d'un chagrin d'amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l'art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champs de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l'épice secrète est l'amour.


Ce fut un peu par hasard que j'ai entendu parler de ce roman.
J'en ai beaucoup aimé la lecture, car le personnage principal, Rinco nous fait partager le moindre petit bonheur de sa vie dans le moindre détail, et il en est de même pour ses recettes de cuisine, de la cueillette au plaisir de la dégustation éprouvé par ses clients. Non pas qu'elle le ressente, mais ce qu'elle en imagine.

Mais ce souci du détail va aussi dans les moments les moins faciles de la vie et je dois avouer que plusieurs pages d'une même longue scène déchirante (pour moi en tout cas) m'a bien gâché la lecture de la fin du roman, même s'il faut bien regarder en face la réalité de la vie à moins de vouloir être hypocrite. Mais oui, ça m'a bien gâché le côté "doux cocon" dans lequel je m'étais pelotonnée depuis le début du livre.
En résumé, attention spoiler ou désolée de divulgâcher : vous attachez pas trop à Hermès.

Sinon, un superbe roman, vraiment.
.

vendredi 18 septembre 2020

La vie mensongère des adultes

4 de couv' :
"Deux ans avant qu'il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j'étais très laide."
Giovanna, fille unique d'un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L'année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu'inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l'appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d'une personne mystérieusement recouverte de feutre noir. Elle décide alors d'aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples. Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l'adolescente découvre un autre univers social, une façon d'être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu'elle tente de concilier.


C'est avec plaisir que j'ai retrouvé la plume d'Elena Ferrante. Plus qu'un roman sur les mensonges que peuvent (se) raconter les adultes, il s'agit surtout d'un roman sur le passage de l'enfance à l'adolescence juste avant l'entrée dans le monde adulte.
Comment la perception des évènements du quotidien et de l'entourage change, comment y faire fasse, essayer de ne pas en être trop blessé, comment se construire une défense. Comment appréhender son corps aussi et le regard qui est porté dessus, comment, enfin trouver et forger sa propre personnalité.

Par moment, j'avais l'impression que d'une certaine manière, et bien que ça ne se passe pas du tout à la même époque, de retrouver dans le personnage de Giovanna les filles d'Elena de "L'amie prodigieuse" et que l'autrice profitait de ce roman pour développer ici ce qu'elle n'avait pu y développer davantage, à savoir la perception des filles d'Elena sur la vie de ses parents.
J'ai eu l'impression aussi de retrouver un peu de Lila dans le personnage de Zia Vittoria. Pas seulement dansa manière d'être, mais aussi dans sa façon d'influer sur la vie des autres et, surtout, la perception qu'ils en ont.
Sans compter la peinture au vitriol de certains quartiers de Naples.

Mais la comparaison s'arrête là, tant les deux romans sont différents. Et pour en revenir au sujet principal de celui-ci, mensonge après mensonge, découverte après découverte, la vérité, par la subtilité et la délicatesse coutumières d'Elena Ferrante, finit par transparaître.

Un vrai beau roman.
.

dimanche 13 septembre 2020

Justicière 2 (Les Archives de Roshar - Livre III)

4 de couv' :
Dalinar pris une profonde inspiration, s'efforçant de se calmer.
La colère ne changerait rien à ce que le Père-des-Tempêtes lui disait. Mais qu'est-ce qui le ferait alors ?
- Etiez-vous au courant de mes pouvoirs ? le questionna Dalinar. Saviez-vous que je pouvais guérir la pierre ?
Je l'ai su une fois que vous l'avez fait, répondit le Père-des-Tempêtes. Oui, une fois que vous l'avez fait, je l'ai toujours su.
- Savez-vous ce que je peux faire d'autre?
Bien entendu. Une fois que vous le découvrirez, je le saurai.
- Mais...
Vos pouvoirs viendront quand vous serez prêt, pas avant, expliqua le Père-des-Tempêtes. On ne peut ni les hâter, ni les forcer. Vous possédez le pouvoir qu'Ishar détenait autrefois. Avant qu'il soit le Héraut de la Chance, on l'appelait Celui-qui-lie-les-dieux. Il fut le fondateur du pacte sacré. Aucun Radieux n'est capable d'accomplir davantage que vous. Votre pouvoir est celui du Lien, qui unit les hommes et les mondes, les esprits et les âmes. Vos Flux sont les plus grands de tous, mais ils seront impuissants si vous cherchez à les manier uniquement pour le combat.


848 pages de pur bonheur. La saga continue, mais je conseille à tous ceux qui en démarrent la lecture de faire des fiches pour chaque personnage principal (et pour chaque, son évolution avec plus de fiches pour Shallan, mais je n'en dirai pas plus), une pour l'ensemble des personnages secondaires, et une pour les différents états et/ethnies qui constituent le monde de Roshar.
Car c'est quand même le sixième tome de la saga et si l'ensemble tient la route (et le lecteur en haleine), quand on ne lit pas tous les tomes d'affilée, il est parfois difficile de se rappeler qui est qui (ou quoi) et les interactions des uns avec les autres sans compter tout l'aspect diplomatique ou tactique de l'ensemble.

Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur ne manque pas d'imagination, qu'il sait où il va et c'est vrai plaisir de le suivre et que chaque rebondissement est la suite logique de l'histoire.

Le seul bémol que j'aurais est que certains rebondissements sont quand même parfois du grand spectacle, en particulier les environs 200 dernières pages (genre grosse bataille à la fin des films des X-men ou des Avengers, pour ceux qui connaissent). Je m'attends à ce que ce soit un jour porté à l'écran bien que l'auteur pense avant tout au plaisir de ses lecteurs et ne donne pas l'impression d'avoir la moindre ambition cinématographique (contrairement à certains auteurs qui ont tendance à oublier qu'ils écrivent des livres et non des pré-scénarios, mais passons).

En résumé : vivement la suite !
.

vendredi 11 septembre 2020

Entretiens avec Lewis Trondheim


4 de couv' :

Quel est le prénom de Lapinot ?
Dans quelle ville habite-t-il ?
Pourquoi a-t-il été tué et ressuscité ?
Comment est né le fauve d'Angoulême ?
Lewis Trondheim et Frantico ne font-ils qu'un ?
Qu'aurait raconté la suite de Capharnaüm ?
Le vrai Lewis est-il conforme à sa réputation ?
Sur ces questions et bien d'autres, voici le livre qui apporte enfin les éclaircissements attendus.


En vacances dans le Périgord vert cet été, nous étions tellement au nord de ce département que nous avons décidé de passer une journée à Angoulême, située à une soixantaine de kilomètres de la maison d'hôtes où nous logions. C'est donc un peu par hasard que nous nous y sommes intéressés, avons vu que s'y trouvait le musée de la BD, et avons décidé de le visiter. Et une fois sur place, je n'ai pas manqué de remarquer la librairie, où j'ai trouvé cette pépite.

Autant le dire tout de suite, je ne connaissais pas (du moins le croyais-je) l'oeuvre de Lewis Trondheim. Ce qui m'a donné envie d'acheter ce livre est justement (et évidemment) l'exposition éphémère qui lui était consacré dans ce musée.
Je me suis surprise à aimé ce que j'y voyais (n'étant pas une grande fan de l'antropomorphisme, et encore moins dans la bande dessinée), à découvrir que Lewis Trondheim, ce n'est pas que ça et, devant un des panneaux consacrés à "Bludzee" : "oh, mais je l'ai à la maison, celui-là !"

Donc rien d'étonnant que je me sois précipitée à la librairie du musée et comme je m'y attendais, trouvé ce livre-ci.

Pour quelqu'un qui ne connaissait pas beaucoup (bon d'accord, quasiment rien) de Lewis Trondheim, je dois bien dire que j'avais du mal à décrocher de ce livre d'entretiens. Car il m'a permis de découvrir l'ensemble de ses oeuvres, et boudiou est-il prolifique ce garçon, mais aussi de découvrir et suivre avec intérêt et amusement son parcours.
Mais ce livre ne s'arrête pas seulement à des entretiens (ce serait un peu laborieux à force), qui sont entrecoupés de témoignages des auteurs avec qui il a travaillé, ce qui permet d'apporter une autre lumière sur son travail et sa personnalité.

Pour tous ceux qui aiment ou juste s'intéressent à la création littéraire, je recommande ce livre. Même s'ils ne sont pas plus fan que cela de BD, même si tout comme moi ils n'ont rien (ou presque) lu de lui mais sont un peu sensibles à son style et son humour, il est impossible qu'ils ne se prennent pas au jeu et d'intérêt à ses oeuvres.
Pour ma part, dès mes vacances dans le Périgord, j'avais déjà repéré dans quelles bibliothèques je pouvais les réserver sur Brest. Mais pas tout de suite hein, j'ai beaucoup de romans à lire et rendre d'ici début octobre. Et je crois bien que les livres de Lewis Trondheim seront désormais mes lectures de vacances, histoire de prolonger celles de l'été...
.


vendredi 14 août 2020

Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie

4 de couv' :
"En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire."
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique, qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous  ne lui aviez jamais donnés ?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.


J'ai beaucoup aimé ce roman pour son écriture, mais aussi pour ce récit de la narratrice sur son émigration et son intégration aux Etats-Unis, et surtout sur le problème de l'identité noire aux dans ce pays.
Car si elle se sent noire, c'est en arrivant aux États-Unis, et aux yeux des autres, ou plus précisément des blancs, débute alors un questionnement sur l'identité en tant que noire et en tant que personne qui ne devrait tout bonnement pas exister.
Malheureusement dans ce pays (et ne nous leurrons pas, dans d'autres pays occidentaux aussi, mais au vu de son passé, particulièrement dans celui-là) cela prend certaines proportions, en particulier quand la narratrice cherche un petit boulot pour financer ses études. Puis après ses études, pour trouver un travail.
En parallèle, le parcours de son premier grand amour qui lui tente de réussir en Angleterre, et pour qui ce ne sera guère mieux.

Ce roman  ne tombe cependant pas dans le pathos et c'est avec un grand intérêt que j'ai suivi l'évolution d'Ifemelu et les extraits de son blog. J'ai adoré tout ce qui a trait à la coiffure des cheveux crépus (parce que visiblement l'identité et/ou l'intégration dans une société majoritairement blanche passe par là aussi).
Dans ce blog, destiné aux noirs (non-américains ou pas) Ifemelu se pose et analyse les questions à partir de son expérience personnelle et malgré une apparente légèreté, réussit à analyser les choses en profondeur. J'ai adoré aussi les débats que certains de ses articles peuvent parfois susciter autour d'elle.

Et à travers les parcours d'Ifemelu et d'Obinze, sont retracés aussi ceux de toute une génération de nigérians.

De grands sujets, dans une belle écriture.
.

mardi 14 juillet 2020

Confessions d'un gang de filles - Joyce Carol Oates

4 de couv' :
Un quartier populaire d'une petite ville de l'État de New York dans les années 1950. Cinq lycéennes, pour survivre et se venger des humiliations qu'elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. La haine, et surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage.


De tous les Joyce Carol Oates que j'ai pu lire, celui-ci est mon préféré. Ne serait-ce que pour la belle qualité d'écriture, ce roman est un vrai plaisir de lecture.

Les personnages, crédibles, fouillés, font beaucoup pour l'histoire. Le contexte, les années cinquante et donc une société patriarcale et d'autant plus injuste qu'il s'agit du quartier le plus pauvre de la ville, est autant la raison de la création de ce gang de filles que quasiment un personnage à part entière.

Une peinture glaçante, stressante, d'une époque et d'un milieu où tout destin semble déjà déterminé, sans possibilité d'évolution, de rédemption, d'espoir. Pas étonnant que ces filles ont à leur manière et vu leurs origines, tenté le tout pour le tout pour s'en sortir. Avec les règles du jeu qu'elles avaient entre les mains et qu'elles se sont appropriées, n'en déplaisent à ces messieurs.
Un jeu dangereux, dont on sait dès le départ que ça ne se terminera pas bien, car il s'agit ici des mémoires de l'une d'entre elles, qui reprend son journal de l'époque.
La question pour le lecteur, est de savoir, entre le début et la fin, comment tout cela va évoluer.

Brillant.
.

vendredi 10 juillet 2020

Maybe the moon - Armistead Maupin

4 de couv' :
Pour Cadence Roth, "décrocher la lune" c'est décrocher un vrai rôle au cinéma. Parce que, après avoir composé sous un masque le rôle de l'elfe dans un film mythique, Cady compte bien jouer dans la cour des grands, ce que sa très petite taille lui interdit. Dans ce roman sous forme de journal, les faux-fuyants du politiquement correct et les promesses vaines des agents artistiques alimentent un portrait sans appel deLos Angeles, où la différence n'a pas droit de cité. Après ses Chroniques de SanFrancisco, Armistead Maupin poursuit avec drôlerie sa critique de la société américaine et seule Cady en sort grandie.


Si j'ai adoré les Chroniques de San Francisco, je dois bien reconnaître que j'aime encore davantage "Maybe the moon".

Tout ici est écrit avec subtilité, humour et délicatesse, bien que le personnage principal soit parfois d'une franchise vraiment directe aussi bien avec ses amis que dans la description de sa vie. Mais elle est aussi et surtout, puisque c'est un journal et que l'on connaît ainsi ses sentiments et pensées les plus intimes, d'une grande lucidité envers elle-même et sa vie, et d'une grande tendresse et indulgence pour ceux qu'elle aime. Simplement humaine.
Et cela n'est guère aisé dans le monde de requins où elle souhaite percer, être connue et reconnue.

Beau, touchant et drôle, voilà ce que je retiendrai de ce roman, que j'ai refermé avec regret tant j'ai aimé cette histoire et sa galerie de personnages. Et la conclusion, cruelle, mais tellement Hollywood...
.

samedi 27 juin 2020

Mon autre famille - Armistead Maupin

4 de couv' :
"Tôt ou tard, où que nous vivions, il nous faut partir en diaspora, nous aventurer loin de nos parents biologiques pour découvrir notre famille logique, celle qui pour nous fera véritablement sens. Il le faut, si nous ne voulons pas gâcher nos vies."
Cette famille dont Armistead Maupin s'est éloigné est une famille du Sud américain, volontiers conservatrice, parfois réactionnaire. Et la "famille logique" qu'il a longtemps cherchée, il l'a trouvée à San Francisco, au début des années 1970. Là-bas, la libération sexuelle et amoureuse se conjugue aux expérimentations narcotiques. Autant d'années folles qu'il a consignées dans ses Chroniques de San Francisco.
Mais entre le moment où il a quitté sa Caroline du Nord natale et celui où il est "devenu ce qu'il est", il lui aura fallu remettre en cause les idées qu'il avait reçues en héritage. Il aura dû se réinventer plusieurs fois.
Cette autobiographie n'est pas que le récit d'une lente adaptation de soi. C'est aussi l'exploration d'un demi-siècle d'histoire américaine, de la guerre du Vietnam à m'émergence des mouvements gays et lesbiens. Avec l'humour et le talent qu'on lui connaît, Armistead Maupin fait revivre une ville en ébullition, et entrouve la porte du cabinet d'écriture où sont nés le 28, Barbary Lane et Anna Madrigal. C'est une vie bigger than life, et c'est tout un roman.


Il est toujours intéressant de mieux connaître la vie d'un auteur pour avoir une meilleure vue d'ensemble de son oeuvre. Ce principe que l'on apprend au lycée en étudiant les classiques de la littérature vaut aussi pour les auteurs actuels et en particulier Armistead Maupin.

L'auteur nous livre ici son autoportrait sans concession main non dénué d'auto-dérision et d'humour. L'homme âgé qu'il est devenu a un regard parfois un peu sévère, la plus souvent attendri sur le jeune homme d'alors et sur sa famille.

Mais cet autoportrait apporte un éclairage nouveau sur les Chroniques de San Francisco : comment elles sont nées, comment elles ont évoluées, qui a inspiré les personnages (ou pas), les lieux.
L'évolution personnelle de l'auteur a évidemment joué un rôle dans leur écriture.

Au delà de ça, j'ai été ravie pour l'auteur de constater que les relations conflictuelles rencontrées par le Michael des Chroniques avec ses parents n'ont rien à voir avec les relations que l'auteur entretenait avec les siens. S'il n'est pas facile d'être le fils homosexuel d'un couple du Sud des Etats-Unis des années soixante (surtout vues les opinions politiques de son père) il me reste de cette partie de ce livre, un profond amour et respect mutuel entre Armistead Maupin et ses parents.

Ce fut une belle découverte, et un beau complément d'après-lecture des Chroniques de San Francisco.
.




vendredi 19 juin 2020

Anna Madrigal

4 de couv' :
Anna Madrigal, la légende du 28, Barbary Lane, sait qu'elle n'est pas éternelle.
À 93 ans, pour "s'en aller comme une dame", elle part affronter son passé. La voici de retour dans le Nevada, là où elle futAndy, adolescent amoureux du ténébreux Lasko... Entourée de tous ceux qu'elle aime (Brian, Shawna, Michael et quelques nouveaux venus), ses aventures vont la conduire jusqu'au Burning Man, un festival déjanté où tout peut arriver.
Neuvième saison des Chroniques de San Francisco, Anna Madrigal lève enfin le voile sur ce personnage emblématique, en un formidable hymne à l'affirmation de soi et à l'amour sous toutes ses formes.


C'est avec plaisir que j'ai ouvert ce livre pour retrouver cette joyeuse troupe de doux-dingues dont les histoires m'ont tant fait de bien lors de ma convalescence de l'automne dernier.
C'est donc avec un petit pincement au coeur que je les ai quittés en le refermant.

Mais entre les deux, l'auteur nous a fait retrouver les vivants, fait rappeler à leur souvenir, et le nôtre, et pour notre plaisir à tous et sans nostalgie, les disparus.

Et avec son élégance habituelle, l'auteur laisse la fin suffisamment ouverte pour que le lecteur puisse en imaginer la suite car 93 ans ou pas, héros vieillissants ou pas, la vie continue. D'autant que la jeune génération semble joliment prendre la relève...

Tout ceci sans nostalgie, avec humour, délicatesse et une grosse dose d'affection pour tous les personnages. Classe !
.


vendredi 12 juin 2020

Dracula l'Immortel

4 de couv' :
Seule fiction littéraire soutenue par la famille du créateur de Dracula, cette oeuvre a été écrite par Dacre Stoker, l'arrière-petit-neveu de celui-ci, et Ian Holt, spécialiste reconnu du célèbre prince vampire.
En 1888, six intrépides ont réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l'un d'eux a laissé la vie les poursuit. Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un assassinat d'une effroyable cruauté au coeur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly, l'ombre de Dracula semble à nouveau planer... Les héros d'autrefois doivent affronter un ennemi insaisissable aux attaques sournoises, violentes, mais aussi leurs propres démons.
Une intrigue menée avec maestria, qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l'immortalité.


Ne soyons pas naïfs, quand j'ai acheté ce roman, je me doutais bien de l'aspect commercial par le fait qu'il est annoncé comme ayant été écrit par un descendant de Bram Stoker, et avalisé par la famille. Je me doutais que ce serait très différent de "Dracula", aussi bien dans l'histoire que l'écriture et étais ouverte à toute originalité. Mais là quand même...

Je crois bien n'avoir rien lu d'aussi mauvais. Il m'est déjà arrivé de ne pas aimer  un livre, mais j'arrivais quand même à y trouver des qualités, y compris dans ceux que je n'ai pas achevés (écriture, histoire, originalité...), mais ici le médiocre le dispute au grotesque. Peux pas mieux dire.

Même en faisant abstraction de l'oeuvre originale, il m'est absolument impossible d'apprécier quoi que ce soit dans ce roman dont je me suis acharnée à poursuivre la lecture jusqu'à la moitié. Je me suis couchée en me disant que je ferais mieux peut-être finalement de ne pas continuer (jamais jusqu'ici je n'avais autant levé les yeux au ciel d'exaspération en lisant un livre, même les moins aimés et/ou abandonnés). Résultat : je me suis réveillée deux ou trois fois dans la nuit avec à chaque fois pour première pensée "je ferais mieux d'arrêter de le lire". Ce fut donc ma bonne résolution de la matinée.

Alors voilà :

L'écriture : mauvaise, tout simplement. Ça se veut littéraire par moment et ça se rappelle que c'est destiné à être lu, donc ça fait de pitoyables efforts qui se veulent au niveau de l'aïeul, mais c'est juste agaçant de pâle imitation de style d'auteurs plus aboutis, toutes époques confondues.

La construction du roman : aucune. Ça part dans tous les sens, et arrivée à la moitié du roman, je ne sais toujours pas dans quelle direction les auteurs (oui, parce qu'ils s'y sont mis à deux pour commettre cela) veulent aller. Ils posent des jalons sans cohérence pour le lecteur et l'intrigue peine à démarrer.

Les personnages : oh mon Dieu il y a tant à dire et à oublier à la fois.
Les personnages de l'oeuvre de Bram Stoker sont repris ici et sont absolument pathétiques. L'un est alcoolique (et accro aux prostituées), un autre accro à la morphine, un autre la caricature du lord arrogant, et le plus âgé de la troupe n'est guère vaillant mais bizarrement, semble mieux tenir la route que les autres. Je trouve dommage que les auteurs aient eu la mauvaise idée de s'aliéner les lecteurs de "Dracula", qui s'étaient attachés aux personnages. Je veux bien qu'on se démarque, mais autant le faire intelligemment en posant correctement les choses (l'évolution de leur vie, comment ils en sont arrivés là. Ici, on nous l'assène d'emblée, on n'a plus qu'à faire avec, et ce n'est que plus tard qu'on nous donne des ersatz d'explication).
Une femme vampire et ses deux acolytes : un prétexte pour les auteurs de faire passer leurs fantasmes sexuels à la moindre occasion. Autant dans le Dracula de Bram Stocker, les choses (époque oblige) étaient suggérées subtilement et faisaient ressortir une certaine sensualité, autant ici c'est juste graveleux, mal amené et franchement ennuyeux au point d'être inutile pour l'histoire.
Bram Stoker : si l'idée est de rendre hommage à l'auteur de l'oeuvre originale, c'est raté. Il apparaît comme antipathique au point que je me suis demandée si la famille Stoker avait des comptes à régler avec lui.

L'histoire : comme je le disais précédemment, ça part un peu dans tous les sens.
Déjà, ça commence en France, sans réelle explication, et beaucoup de scènes se déroulent à Paris. Il faudra aussi qu'on m'explique pourquoi un couple d'anglais envoie leur fils étudier le droit à Paris alors qu'il devrait reprendre l'étude notariale de papa en Angleterre à l'issue de ses études, mais passons sur ce manque de cohérence. Qui plus est au fil du roman, l'action semble se recentrer en Angleterre. Il aurait été plus simple de la situer là dès le début. Les auteurs ont trop d'imagination ou pas assez.
Jack l'éventreur : je ne sais si ses meurtres (commis en 1888, année où se situe l'action de "Dracula") est un prétexte pour en faire un polar ou si les auteurs avaient décidé de faire un polar et de prendre ce prétexte pour y ajouter Jack l'éventreur et par ricochet y faire un lien avec les vampires et ceux qui les pourchassent. Là encore, les auteurs ont trop d'imagination ou pas assez. Mais de mon point de vue, c'est surtout le prétexte pour tomber dans le bien sanguinolent inutile et juste racoleur. Et pour ça, ils n'avaient pas besoin de rajouter Jack l'Eventreur (trop d'imagination ou pas assez).
Les scènes d'actions : bof. Faut bien casser le rythme de temps en temps.
Le sexe : où on apprend que Mina aurait perdu sa virginité avec Dracula. Certes une scène en particulier était très suggestive dans le roman de Bram Stoker, mais chronologiquement, ça ne tient pas : elle était déjà mariée plusieurs mois avant de tomber sous l'emprise du "comte" (et non le prince, hein...) et je ne me rappelle aucune allusion  ou circonstance selon laquelle le mariage n'aurait été consommé avant cela. Je l'aurais mieux admis pour le personnage de Lucy, mais pas Mina. Quand j'ai abandonné ce livre ci, j'en étais arrivée à me demander si ce point précis était une façon de mener à ce que le fiston du couple soit le fils caché de Dracula (tant qu'à être mauvais et grotesque...). Pour en revenir aux scènes de sexe proprement dites, disons que les auteurs sont de leur époque. Mais elles sont mal faites, donc inutiles, et du coup juste graveleuses.
Pour retomber sur leurs pieds (bien chancelants pour le coup), les auteurs ont parfois repris des passages de "Dracula" pour les mettre à leur sauce et amener les lecteurs à accepter les défaillances de leur scénario. Là encore, trop d'imagination ou pas assez.

En résumé, ce que j'ai détesté dans ce livre, c'est que les auteurs n'en ont fait qu'à leur tête, ont malmené l'oeuvre originale qui plus est en laissant libre cours à leur imagination sans faire le tri entre leurs multiples idées (les bonnes comme les mauvaises) laissant ainsi une désagréable impression de n'importe quoi ouvert à tous les vents, alliée à une mauvaise écriture et un gros parfum de dilettantes.

Une grosse déception.
.

dimanche 7 juin 2020

Dracula

4 de couv':
Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les portes de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...


J'avais déjà lu ce livre à l'adolescence, qui faisait partie de la liste de lectures (non imposées) au bac de français, et je me rappelais l'avoir assez apprécié.

Grand classique de la littérature fantastique, dont le succès depuis sa parution jusqu'à nos jours a largement dépassé l'oeuvre originale, je dois reconnaître que j'ai assez aimé cette relecture même si, connaissant déjà l'histoire et me la rappelant dans les grandes lignes, je n'avais plus le plaisir de la découverte.

Commençons par les points négatifs : Bram Stocker est un homme de son temps. Il a donc une vision du monde et des gens horriblement caricaturale pour notre époque.
Les femmes sont des faibles femmes : l'héroïne principale parle ainsi d'elle-même bien que sur les cinq héros, c'est quand même elle la plus intelligente et la plus courageuse. Intelligence mise en valeur par l'un des autres personnages qui dit d'elle en gros qu'elle a une intelligence d'homme. L'auteur trouvait-il que ce personnage féminin était trop moderne pour les lecteurs bien pensants de son époque ? Mais je dois reconnaître que malgré ces passages on ne peut plus horripilants, on prend plaisir en tant que femme à s'identifier à un personnage qui devient vite le pilier de ce petit groupe.
Dans tout le roman, un seul personnage juif. Et "évidemment" pour l'époque, un peu douteux. On n'en parle que sur une page et il est franchement très secondaire et on aurait pu s'en passer ou en tout cas se passer du fait qu'il soit juif mais il y est présenté ainsi (soupir).
Les tziganes : définitivement douteux, alliés de Dracula, puisque de tout temps considérés comme alliées du diable, de la sorcellerie, de la magie noir et autres petites choses mystiques bien antipathiques. Ils sont présentés comme ses alliés voire ses serviteurs, mais aussi comme étant de peu d'importance : aucun d'entre eux ne se démarque réellement, ils forment un groupe comme un seul personnage.
Les habitants des Carpates : essentiellement des gens un peu exotiques pour le londonien qu'est Jonathan Harker, et surtout superstitieux. Et finalement secondaires. Dans leur poursuite de Dracula, nos héros anglais se débrouillent sans eux, sans même chercher à se les rallier. Cela m'a donné une impression de supériorité des personnages anglais (et américain pour l'un d'entre eux).
Les petites gens : alors là, on est en plein dans la grosse caricature des gens peu cultivés, vénaux (le moindre renseignement coûte de l'argent à nos héros), voire un brin alcoolique (le moindre renseignement coûte à nos héros une pinte de bière). Et leur parler ! Pas un mot dont une syllabe ne soit tronquée (ou pour mieux dire : "pas' mot dont un' syllab' n' soit tronquée mon pov' m'sieur !"). Je ne sais comment s'exprimait le "bas peuple" londonien à l'époque mais j'ai trouvé l'auteur horripilant de condescendance sur ce coup là.
Tout ceci était on ne peut plus habituel à l'époque, je ne vais donc pas blâmer l'auteur d'être de son temps, je voulais juste mettre en lumière ce qui pourrait agacer le lecteur actuel.

Par contre, j'ai apprécié que ce soit un roman choral : la plupart des personnages tient un journal et présente ainsi sa propre approche de l'histoire. Mais je n'ai pas trouvé qu'ils se démarquent beaucoup les uns des autres. Plus en début qu'en fin de roman en fait. Pour casser le rythme, et ajouter au mystère, l'auteur a eu la bonne idée à un certain moment d'introduire dans ces différentes narrations des articles de journaux relatant des faits étranges non explicables par leurs auteurs mais dont nous lecteurs avons une idée plus claire, flattant ainsi notre ego.
Tout ceci mis bout à bout forme un ensemble cohérent et bien construit.

Pour ce qui est de l'écriture, elle est assez typique de l'époque mais assez plaisante à lire bien que un peu pompeuse à mon goût sur certains passages (en particulier ceux consacrés au personnage de Van Helsing du moins au début, car il est détenteur de connaissances qu'il se refuse à divulguer aux autres personnages. Certes, c'est pour accentuer le suspens, mais j'avais parfois envie de le secouer pour qu'il en dise plus).

Dans l'édition que j'avais entre les mains, se trouvent également des annexes traitant non seulement de ce roman (avec une tentative d'analyse littéraire intéressante quoique je trouve que son auteur aille un peu loin), mais aussi des légendes sur les vampires sous toutes leurs formes : écrits, cinéma, radio, histoire.
Ce qui en est à l'origine, les monstres de légende équivalents dans différentes civilisations. J'ai donc ainsi découvert que la représentation que différentes civilisations se sont fait de plus approchant des vampires est féminine (Bram Stocker innove donc avec son personnage masculin) et assez peu récente finalement.
Se trouvent aussi des extraits de romans, un de Théophile Gautier (la morte amoureuse) et un d'Alexis Tolstoï (la famille du Vourdalak). J'ai donc ainsi découvert deux auteurs que je n'ai jamais lus, mais dont j'ai pu apprécier ici l'écriture et dont j'aimerais poursuivre la lecture.

Donc une lecture intéressante en tant que classique et un classique ayant laissé un telle d'empreinte dans le milieu artistique, et pour le roman lui-même.
.