vendredi 18 septembre 2020

La vie mensongère des adultes

4 de couv' :
"Deux ans avant qu'il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j'étais très laide."
Giovanna, fille unique d'un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L'année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu'inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l'appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d'une personne mystérieusement recouverte de feutre noir. Elle décide alors d'aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples. Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l'adolescente découvre un autre univers social, une façon d'être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu'elle tente de concilier.


C'est avec plaisir que j'ai retrouvé la plume d'Elena Ferrante. Plus qu'un roman sur les mensonges que peuvent (se) raconter les adultes, il s'agit surtout d'un roman sur le passage de l'enfance à l'adolescence juste avant l'entrée dans le monde adulte.
Comment la perception des évènements du quotidien et de l'entourage change, comment y faire fasse, essayer de ne pas en être trop blessé, comment se construire une défense. Comment appréhender son corps aussi et le regard qui est porté dessus, comment, enfin trouver et forger sa propre personnalité.

Par moment, j'avais l'impression que d'une certaine manière, et bien que ça ne se passe pas du tout à la même époque, de retrouver dans le personnage de Giovanna les filles d'Elena de "L'amie prodigieuse" et que l'autrice profitait de ce roman pour développer ici ce qu'elle n'avait pu y développer davantage, à savoir la perception des filles d'Elena sur la vie de ses parents.
J'ai eu l'impression aussi de retrouver un peu de Lila dans le personnage de Zia Vittoria. Pas seulement dansa manière d'être, mais aussi dans sa façon d'influer sur la vie des autres et, surtout, la perception qu'ils en ont.
Sans compter la peinture au vitriol de certains quartiers de Naples.

Mais la comparaison s'arrête là, tant les deux romans sont différents. Et pour en revenir au sujet principal de celui-ci, mensonge après mensonge, découverte après découverte, la vérité, par la subtilité et la délicatesse coutumières d'Elena Ferrante, finit par transparaître.

Un vrai beau roman.
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