vendredi 26 janvier 2024

La fille du train

4 de couv' :
Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : le 8h04 le matin, le 17h56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d'un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par coeur, elle a même donné un nom à ses occupants, qu'elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l'être par le passé, avant qu'il la trompe, avant qu'il la quitte. Rien d'exceptionnel, non, juste un couple qui s'aime. Jusqu'à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ?Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d'en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu...


Ce livre m'a été prêté par ma mère, qui lui a été prêté par un de mes oncles. J'ai l'habitude de prêter mes livres à ma mère, mais si en plus elle commence à me refourguer ceux de toute la famille, pourquoi ai-je donc un abonnement à la bibliothèque ? Et je ne vous parle même pas des boutures de plantes de toutes sortes...

Ce roman, j'en avais évidemment beaucoup entendu parler à sa sortie. Et comme pour tout livre qui connaît un énorme engouement, je ne me suis pas précipitée dessus, de crainte d'être déçue. Là pour le coup, j'ai bien dû le lire.

La façon d'aborder l'histoire me plaisait bien, mais je dois reconnaître que j'ai été assez - agréablement - surprise de son déroulement, et par ses personnages, que l'on apprend à découvrir au fil des pages. 
C'est probablement plus cela qui en a fait le succès que l'histoire en elle-même finalement car une fois arrivée à la fin et le coupable confondu, j'ai trouvé que c'était finalement assez banal. Façon puzzle reconstitué patiemment.

L'intérêt réside davantage dans le fait qu'il s'agit d'un roman choral : Rachel, Megan, et une autre femme dont je ne dirai rien car tout le début du roman se fait à deux voix. Celle de Rachel et de ce personnage se fait dans le présent. Celle de Megan, dans un passé relativement proche, éclairant ainsi les petites zones d'ombres, les questions que se pose Rachel et l'entourage de Megan.

Par ce biais, l'autrice non seulement explore la psychologie humaine mais aussi démontre ce que l'on laisse à voir de soi n'est rien à côté de ce qu'on est vraiment, de ce qui se passe vraiment dans nos vies. Au présent comme au passé.

On a ici trois voix de femmes, et donc un point de vue quasi exclusivement féminin de cette histoire. Je dis quasi car finalement l'autrice, par les interactions que ses personnages ont avec les hommes qui les entoure, réussit quand même à faire ressortir les opinions et sentiments de ces hommes.

Je trouve que ceux-ci n'ont pas forcément le beau rôle dans l'histoire, mais finalement les personnages féminins ne sont guère plus reluisants non plus.

Je ne peux pas m'empêcher de comparer de comparer ce livre à ceux de Mary Higgins Clark. C'est très féminin, très "on ne sait pas à qui faire confiance" et on ne sait très vite plus quoi penser des personnages de l'histoire, en particulier les hommes. A la différence près que les personnages féminins ne sont pas des "wonder woman" du travail en puissance, ce qui les rend plus réalistes, plus humaines aussi...

Un bon polar, efficace, je comprend l'engouement qu'il a suscité.
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dimanche 21 janvier 2024

Au loin, quelques chevaux, deux plumes...

4 de couv' :
Juillet 1900. Le bourgeois Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre. Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Étrangement, à cause d'une image échappée de son portefeuille, Curtis a la vie sauve. Encore plus étrange, le bandit qui l'a épargné l'entraîne avec lui dans un long et dangereux périple? Jusqu'à cette réserve indienne dans laquelle le photographe va trouver sa vocation : témoigner de la misère, de l'invisibilisation et de l'oubli. Pour la mémoire d'un peuple.

J'ai été happée dès la première page l'écriture, l'histoire et la façon de la raconter.
Si le début est dur, le sujet lourd, que certaines parties de l'histoire vous prend aux tripes, l'auteur réussit malgré tout le tour de force de ne pas tomber dans le pathos et même de faire rire.

Il faut dire que tous les personnages de l'histoire sont présentés sous leur vrai jour, rendant justice et leur dignité aux indiens, mettant en relief le ridicule et la cruauté des blancs. Sous une apparente neutralité, l'auteur écrit du point de vue des indiens, ce qui change de l'histoire officielle et autres westerns hollywoodiens...

Un roman qui remet les choses - et les gens - à leur place, sur une belle amitié entre deux personnes que tout oppose.

Je ne sais pas la part de vérité sur les personnages principaux, dont le photographe qui a réellement existé et dont voici un lien vers sa biographie : Edward Sheriff Curtis

Une réussite !
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samedi 13 janvier 2024

Oreiller d'herbe ou le voyage poétique

4 de couv' :
Il faut lire ce texte d'une originalité et d'une poésie absolues, que Sôseki appelait son roman-haïku.
Au printemps, un jeune artiste décide de se retirer dans la montagne, loin des passions et de l'agitation de la cité, rencontre une jeune femme malicieuse et fantasque, rêve de peindre le tableau qui exprimerait enfin son idéal et ne réussit qu'à aligner poème sur poème !
Dans ce manifeste poétique et esthétique, profond, piquant, passionné, indigné, éblouissant, Sôseki approfondit sa méditation sur la création et  et la place de l'artiste dans la société moderne.
"Je ne crois pas qu'un tel roman ait déjà existé en Occident. Il ouvrira de nouveaux horizons à la littérature", prédisait Sôseki en l'écrivant.
Les délicates peintures qui l'accompagnent sont issues d'une édition de 1926 en trois rouleaux, où figurait aussi le texte entièrement calligraphié.


Je voulais par ce livre terminer 2023 et commencer 2024 en beauté. Ce, roman, qui ne peut être classé dans ce seul genre, est aussi un petit bijou de poésie et un ravissement des yeux de par les peintures qui y sont ajoutées.

S'il peut rebuter certains car le narrateur, tout artiste qu'il est, analyse assez souvent ses impressions et sentiments - toujours avec justesse, intelligence et élégance -, il n'en reste pas moins une histoire agréable, ponctuée de rencontres qui se transforment en nouvelles amitiés.

Un petit bijou.
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