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samedi 7 juin 2025

Les films de Clint Eastwood

4 de couv' :
Lancé dans les années soixante par Sergio Leone comme protagoniste de la célèbre "trilogie du dollar", Clint Eastwood s'est transformé d'abord en une icône du policier d'action, puis en un réalisateur sensible, au talent éclectique, jusqu'à devenir l'un des hommes de cinéma les plus populaire et les plus aimés de la critique et du public.
Cet ouvrage trace de lui un portrait complet, en parcourant entièrement sa vie et sa carrière.


Vous vous doutez bien que ce livre n'a pas été choisi par hasard et que c'est en digne fan de Clint Eastwood que je me suis procurée ce livre.

Des films d'Eastwood, je connaissais mieux ceux des vingt dernières années (avec une prédilection pour "Sur la route de Madison", "Lettres d'Iwo Jima", "Gran Torino"...). Plus jeune, j'adorais la série des Inspecteur Harry - paraît-il d'après mon homme que j'ai "un caractère de mec" - un peu moins maintenant car je trouve que certains ont mal vieilli... ou c'est moi qui ai changé...

La maison d'édition de ce livre est spécialisée dans les livres sur l'art dont le cinéma. L'édition que je possède est la première de ce livre, publié en 2010, ce livre s'arrête donc au dernier film en date pas encore sorti ni traduit en français à l'époque (Hereafter, soit "Au-delà").
Une réédition de ce livre est sortie le mois dernier, j'en déduis qu'il s'agit d'une version réactualisée et avec un peu de chance, les multiples fautes de frappe et les quelques paragraphes en double auront été corrigées...

Ce livre est très bien fait. Et si les premières pages sont plutôt destinées un public relativement cinéphile, il reste plaisant et intéressant à lire. S'ensuit une biographie de l'acteur-réalisateur-producteur, puis les films par ordre chronologique : titre (avec date, titre original, nom du réalisateur), résumé technique, distribution et personnages, résumé, descriptif ou anecdotes sur le tournage et différentes critiques sorties à l'époque. Le tout agrémenté de photos de chaque film, ou prises sur le plateau lors du tournage (direction d'acteur, oeil rivé à la caméra, etc.).

Cinéphiles ou non, les fans d'Eastwood s'y retrouveront. Pour ma part, j'ai appris beaucoup de choses sur le réalisateur t suis assez épatée de tout le travail accompli depuis tant d'années.

Un vrai beau livre, très pédagogique, et à la portée de tous.
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vendredi 23 mai 2025

Marzi

4 de couv' :

Petite carpe

En Pologne, on dit que les enfants comme les poissons n'ont pas de voix.
En attendant de me faire entendre, j'essaye de prouver aux autres mon existence.
Mais le plus souvent, on ne me voit que quand je fais une bêtise...












Sur la terre comme au ciel

Alors les cris dans le vide-ordures, ce serait aussi un péché ?
Notons peut-être... Regarde, j'en ai vingt maintenant !
Et moi treize !
Invente un autre, ça porte malheur !
Tu crois que Dieu nous pardonnera ?
Vingt péchés, c'est beaucoup...
Si tu les regrettes et promets de ne jamais en refaire, c'est gagné !
Tu veux qu'il te pardonne ou pas ?
Oui mais oh, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?








Rezystor

La ville est tellement silencieuse et noire qu'elle paraît hostile et malveillante à faire peur.
Et dehors, quelque part dans la nuit, il y a mon papa.
Avec son vélo.
Il ne devrait plus travailler et pourtant il n'est toujours pas rentré.
Mais il n'est pas seul.
Avec lui, il y a d'autres papas avec des vélos.










Le bruit des villes

Mais qu'est-ce que tu fais là ?
J'attends les vaches...
Les vaches ?!?
Ça fait plus d'une heure qu'elles sont rentrées, ta tante est en train de les traire !
Elle se demandait où tu étais passée ?!











Pas de liberté sans solidarité

On crie ensemble avec beaucoup de vigueur : Solidarnosc !
Cest amusant de protester. Quand on est si nombreux, c'est tout de suite plus convaincant ! Precz z komuna ! À bas le communisme !

Ça deviendrait plus sérieux si à la maison il y avait autant de monde pour me soutenir : Precz z jajecznica ! À bas les oeufs brouillés !
Solidarnosc !!
Un rêve.







Tout va mieux...

Des sacs de riz, de farine, de sucre, du café, du thé, des shampoings, des savons, des lessives, des "budyns", des "kisiels" par milliers !

- Mais si elle avait déjà dix kilos de riz ou vingt kilos de sucre, pourquoi en achetait-elle encore ?
- Oh, tu sais, on pensait que rien n'allait changer, que la situation allait empirer. Elle faisait des stocks.









Nouvelle vague

- Cet été, le syndicat de mon usine peut envoyer les enfants d'ouvriers en colonie de vacances.
Soit au bord de la Baltique, soit dans les Tatras.
Je ne connais pas la mer, tu irais la voir pour moi, comme ça.

- Envoie-là à la montagne. Sinon elle va se noyer et on aura des soucis.












C'est suite à une newsletter de ma librairie de BD préférée que j'ai... Emprunté cette série de bandes dessinées à la bibliothèque.
Il y a beaucoup à lire dans cette BD. Beaucoup de textes et finalement pas autant de dialogues que dans d'autres donc attendez-vous à avoir un heure de lecture pour chaque tome. Pour ma part, j'en ai lu un par jour, la série m'a fait une semaine.

Le sujet, la vie d'une petite polonaise avant, pendant et après la chute du mur de Berlin me paraissait intéressant à plusieurs points de vue : pour commencer, parce qu'on peut lire tous les livres et articles que l'on veut sur cette période, rien ne vaut le témoignage (ou roman) d'une personne qui vous fait vivre une période historique de l'intérieur.
Ensuite, de façon plus égoïste, parce que Marzi et moi sommes de la même génération et si nous n'avons pas le même âge, seules quelques petites années nous séparent. En plus, nous sommes toutes deux enfants uniques.
J'ai bien aimé, entre autres, comparer ses souvenirs aux miens, chacune de notre côté du rideau de fer.

Elle est attachante, Marzi, avec ses beaux yeux grand ouverts sur le monde. Comme tous les enfants, elle regarde, observe, découvre, s'interroge sur ce qui l'entoure. Elle décrit un quotidien compliqué, parfois difficile, mais il y a les copains, les cousins, des moments de petites joies et et de petits bonheurs.
Il s'agit d'une vision d'enfant mais si elle ne connaît ou ne comprend pas toujours tout, elle est loin d'être bête et son regard neuf sur le monde n'en fait que davantage le mettre en relief dans les moindres détails.

Et puis elle grandi sous nos yeux, sa compréhension et son observation du monde évolue  avec elle. Mais la série ne parle pas que de la situation en Pologne, elle parle surtout de son enfance à travers les mille et un petit détails qui font sa vie. A travers elle on apprend la vie quotidienne et culturelle de ce pays à cette époque.

Et si la fin du rideau de fer, accueilli avec enthousiasme, n'apporte pas l'euphorie attendue (il va falloir s'adapter...), c'est quand même sur de belles vacances d'été et un bel espoir que s'achève la série.

Une belle réussite que cette bande dessinée, vraiment.
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samedi 17 mai 2025

La couleur de l'eau


4 de couv' :
"Enfant, je n'ai jamais su d'où venait ma mère." Arrivé à l'âge adulte, James McBride interroge celle qui l'a élevé et dont la peau est tellement plus claire que la sienne. Il découvre l'histoire cachée de Ruth, fille d'un rabbin polonais qui a bravé tous les interdits pour épouser un noir protestant en 1942. Reniée par sa famille, Ruth élève James et ses onze frères et soeurs dans la précarité, le chaos et la joie. Pour elle, peu importe la couleur de peau. Seul compte l'avenir de ses enfants. Ils feront des études, et ainsi choisiront leur vie. Tressant leurs souvenirs, James McBride raconte, plein d'amour et de fierté, une femme forte et secrète, lucide et naïve, imperméable aux préjugés : sa mère.


Inutile de dire que, en dehors du résumé, c'est la couverture de ce livre qui m'a attiré l'oeil et donné l'envie de le découvrir.

Si son contenu est un peu différent de ce que à quoi je m'attendais - une histoire joyeuse, drôle, enlevée - je suis loin d'être déçue tellement ce l ivre déborde de positif, et d'énergie. Lumineux est le terme que j'emploierais au final.

La vie de la mère de l'auteur est semée de noirceur et d'épreuves, mais elle a toujours su faire face. Parfois à sa manière, toute personnelle, mais toujours avec détermination et énergie. Quand on voit tout ce qu'elle a dû subir et affronter, on se dit que beaucoup auraient laissé tomber et se seraient laissé abattre, mais non. Cela n'a fait que renforcer sa détermination.

Sur le roman en lui-même, l'écriture est tendre - le regard de l'auteur pour sa mère - énergique et efficace (comme sa maman).
J'ai beaucoup aimé le fait que les chapitres alternent sa voix et celle de sa mère, chacun en complément de l'autre. Sa voix à lui retrace ses souvenirs d'enfants et donc sa vision d'enfant puis d'adolescent (on n'est pas fin à cet âge, et l'auteur cumule parfois les bourdes et les problèmes !). Celle de sa mère est plus froide, plus désabusée peut-être, pudique parfois, mais derrière se dévoile tout l'amour porté à sa famille et sa volonté de vivre sa vie comme elle l'entend, quoi qu'il arrive.

En cette période de fête des mères, un bel hommage de l'auteur à sa maman.
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vendredi 4 avril 2025

Deux ou trois choses dont je suis sûre

4 de couv' :
Autrice de Peau, recueil d'essai devenu culte, Dorothy Allison a grandi dans le sud des États-Unis, dans un contexte de misère sociale et de violences familiales et sexuelles. Dans Deux ou trois choses dont je suis sûre, elle raconte les femmes de sa famille - mères, soeurs, cousines, filles et tantes -, rendant hommage à leur force, leur humour, leur beauté et surtout leur détermination obstinée face au quotidien qui les accable. Illustré de photographies de sa collection personnelle, ce livre montre à quel point les petites histoires d'une génération peuvent acquérir le statut de légende pour les générations suivantes.
Un ouvrage om la vision singulière de Dorothy Allison s'exprime avec beaucoup d'humour et d'émotion.


C'est un peu par hasard que je suis tombée sur ce livre de Dorothy Allison, dont j'avais déjà lu, il y a plusieurs années (bien avant ce blog) "L'histoire de Bone", "Retour à Cayro" et "Peau". Ce fut donc une bonne surprise, et surtout un extrême plaisir de retrouver l'excellentissime écriture de cette autrice.

Je saurai gré à la traductrice d'avoir expliqué ses choix de traduction : un parti pris féministe un peu en décalage avec les règles habituellement établies. Je dois avouer avoir un peu fait la grimace en lisant la note de traduction, mais au final, la lecture en est restée d'autant plus fluide. Et finalement logique, vu l'autrice, et vu le contexte. J'ai eu un petit peu de mal seulement avec "quelque chose" accordé (pardon, accordée) au féminin et non au masculin mais uniquement par manque d'habitude ou pour mieux dire, par habitude tenace du masculin. C'est pourtant tellement plus logique ainsi, "chose" étant un mot féminin...

Apparté : notez que j'avais du mal avec le mot "autrice" au départ, qui n'est pourtant pas pire que "actrice". Maintenant que je sais que ce mot existait avant (qu'on ne laisse plus les femmes écrire...), je trouve logique de l'employer à nouveau. Du coup, "auteure", que j'ai longtemps utilisé faute de mieux, me paraît un non-sens... Fin d'apparté.

Ce n'est qu'en fin de livre, mais cela ne m'a pas surprise, que l'on apprend que le texte original avait été écrit à l'origine pour une représentation théâtrale. Il a ensuite été remanié, mais au cours de la lecture j'avais l'impression qu'il avait été écrit pour être dit, pas seulement lu. J'imagine très bien un monologue sur scène, ponctué ou pour mieux dire illustré avec la projection des photos intégrées dans le livre.

Car l'autrice ne se contente pas de parler de sa vie, de sa famille. Dans ce court ouvrage (114 pages), beaucoup de thèmes sont abordés : la condition sociale des plus pauvres des États-Unis, la condition féminine, ces schémas perpétuellement reproduit par certaines familles, l'homosexualité, le viol, la violence intra-familiale, la pauvreté... Et le courage de fuir sa condition (quel que soit le moyen employé) ou de rester pour l'affronter.
Mais, toujours, la tête haute. Car c'est en effet un bel hommage rendu aux femmes de sa famille.

Très beau texte, et tellement fort, écrit avec intelligence.
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vendredi 21 mars 2025

Loin de chez moi

4 de couv' :
"Sur une route du Donbass, nous venons d'essuyer un tir d'obus. C'est un miracle que nous soyons en vie. Nous roulons, pied au plancher, pour échapper à une nouvelle attaque. Mon téléphone sonne. Il est dans la poche de mon gilet pare-balles. Impossible de ne pas répondre. C'est l'un de mes fils.
Je décroche. Il s'agit d'un problème de cuisson de riz. J'explique ma méthode. Je ne parle pas trop fort, j'ai peur que les membres de mon équipe me prennent pour une folle. Mais ce soir, le riz sera bon à la maison."
Rien ne prédisposait Maryse Burgot, fille d'agriculteurs bretons, à sillonner le monde au péril de sa vie. Les directs et les reportages de cette évadée de son milieu d'origine sont, depuis les années 1990, des rendez-vous incontournables des téléspectateurs de France 2. Avec sa voix singulière et son approche de l'information, elle s'est définitivement installée dans nos salons le soir à 20 heures.
Des Balkans à l'Ukraine en passant par l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et le conflit israélo-palestinien, Maryse Burgot a couvert les plus grands conflits de notre époque. Correspondante de France Télévisions à Londres, puis à Washington, pour concilier ses aspirations familiales et professionnelles, Maryse Burgot montre aussi l'espoir qui résiste au coeur des catastrophes et nous fait vivrele grand reportage dans son versant le plus noble.


Si j'ai apprécié cette lecture, j'ai été un peu frustrée car je m'attendais à ce que soit davantage décrit le parcours de l'autrice : ce qui 'a amenée à suivre cette voie, un peu de ses études, et surtout ses tout premiers postes. Cela n'est hélas que tout juste évoqué.

Qui plus est, le récit n'est pas tout à fait chronologique, du moins au départ, ce qui au final n'est pas si dérangeant et est finalement assez cohérent.
Est particulièrement intéressant le parallèle entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, montrant à quel point ce métier rend difficile la possibilité de concilier les deux... De son point de vue visiblement, car ses enfants n'ont pas l'air de lui reprocher ses absences, et semblent au contraire étonnés de son inquiétude à ce sujet.

Chaque chapitre retrace un évènement marquant dans le monde, certains plus dramatiques que d'autres. Ce livre m'a permis de (re)découvrir un certain nombre de contextes géopolitiques qui trouvent leur aboutissement actuellement. Et donc mieux comprendre le contexte actuel.

Agréable à lire, ce témoignage est aussi intéressant qu'instructif.
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mardi 18 février 2025

Une femme debout

4 de couv' :
République dominicaine, 1963. Sonia Pierre voit le jour à Lecheria, dans un batey, un campement de coupeurs de canne à sucre. Consciente du traitement inhumain réservé à ces travailleurs, elle organise, à treize ans, une grève pour faire valoir leurs droits. Rare habitante du batey à suivre des études, elle deviendra avocate et consacrera son existence à combattre l'injustice.
Cette vie de lutte pour les droits humains fera d'elle une grande figure féministe, distinguée par de nombreuses récompenses, pressentie pour le prix Nobel de la pais. Mais si sa riche existence la mène à croiser les grands de ce monde, elle ne s'éloigne jamais des siens, parfois au péril de sa santé et de sa sécurité, tant son courage et son intégrité dérangent...


Comme on peut s'en douter, déambulant dans ma librairie préférée, c'est cette couverture qui m'a attiré l'oeil et en voyant le nom de l'autrice, je n'ai guère hésité avant de tendre la main pour lire la quatrième de couverture et ajouter ce livre à ma pile d'achats du jour (ou plutôt du mois, c'est déjà bien suffisant).

Si j'ai renoué avec plaisir avec l'écriture de l'autrice, je suis un peu plus mitigée sur le contenu du livre : je trouve que cette biographie, réel hommage à Sonia Pierre, survole un peu ce qui en aurait dû en être davantage le centre, à savoir son action, de façon concrète.

L'autrice retrace très bien le parcours de ses parents et ce qui les a amenés d'Haïti à la République Dominicaine, leur installation là-bas, tout ce qui fait qu'ils ne peuvent en repartir, les conditions de vie, les premières années de Sonia Pierre jusqu'à la fin de ses études...
Puis on fait un bon dans le temps douze ans plus tard, quand elle a déjà tout mis en place en créant le MUHDA.
Cette partie là m'a vraiment manqué. J'aurais vraiment voulu savoir comment elle a mis tout cela en place, les moyens, l'énergie déployée, les contacts pris, les difficultés surmontées, des tout débuts jusqu'à cette reconnaissance internationale.
De cela, rien.

Rien non plus, ou si peu, de sa vie de femme. On sait qu'elle rencontre son mari pendant ses études, leur mariage est évoqué, ainsi que le fait qu'ils ont eu des enfants, mais ce n'est qu'à la toute fin qu'on apprend qu'elle a eu deux filles. Là encore, j'aurais aimé en savoir un peu plus et surtout comment elle a pu articuler son métier, son association, avec sa vie personnelle, et aussi comment elle arrivait à en vivre.

J'imagine bien que cela manque essentiellement car ce livre a été écrit bien après le décès de Sonia Pierre et qu'il est difficile d'écrire une biographie d'une telle figure contemporaine sans pouvoir en parler directement avec la personne. J'ai l'impression que l'autrice n'a pu que se baser sur les articles de presse.

Ce qui ne veut pas dire que cette biographie est ratée, au contraire. J'exprime juste ici une certaine frustration apparue à la lecture du livre. De plus, la biographie est un peu romancée (mais là je pense que faute de matière suffisante, l'autrice a dû faire ce choix), ce dont je me méfie comme pour toute biographie. Certains aspects de sa vie, en étant romancés, ont été modifiés, ce que je ne trouve pas vraiment utile.
Je regrette aussi que l'autrice ne nous évoque ses choix d'écriture qu'en postface, et non en préface.

Cependant, ce livre est aussi une réussite. En mettant en lumière une personne hors du commun, qu'à ma grande honte je ne connaissais pas, et son action.
Et surtout en mettant en lumière la façon franchement minable dont on été traités les travailleurs des bateys, comment ils ont été exploités, le manque de reconnaissance de ce pays qui ne les a pas accueillis mais exploités, et la façon dont encore de nos jours ils sont considérés.

Et rien que pour ça, l'autrice a parfaitement rendu hommage à Sonia Pierre et son travail de toute une vie, preuve qu'il se perpétue.
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jeudi 15 août 2024

Fille de samouraï

4 de couv' :
À travers Fille de samouraï, Etsu Sugimoto raconte son enfance au sein d'un Japon traditionnel dans lequel elle doit s'affranchir des pesanteurs sociales et culturelles imposées aux femmes de son époque. De Nagaoka dans la province d'Echigo (qui signifie "derrière les montagnes") à Cincinnati aux États-Unis où elle épouse un marchand japonais expatrié, elle revient sur son parcours singulier où elle a dû conquérir sa liberté.
Experte en culture japonaise, Amélie Nothomb a saisi dans la préface toute l'importance de ce témoignage. Selon elle, la fille du samouraï "subit toutes les contraintes du samouraï lui-même sans bénéficier d'aucun de ses privilèges". L'auteur de Stupeur et tremblements ajoute : "Un autre temps y est contenu. J'ai pris un plaisir immense à me plonger dans la prose délicate et minutieuse d'Etsu. Elle est irrésistible". Autant dire toute l'importance de cette autobiographie pionnière.


Dans ce livre, ce n'est pas tant la biographie d'une japonaise de la fin du XIXème siècle que l'on découvre, mais bien une partie de la société japonaise de cette époque, avec ses us et coutumes. L'autrice, tout en se racontant, arrive à se mettre suffisamment en retrait pour parler de son pays et d'une partie de sa société, de son milieu, de son siècle.

Elle réussit le tour de force de suivre une chronologie... et pas du tout. Tout en déroulant le cours de sa vie chronologiquement, le moindre détail est prétexte à relater une anecdote plus ancienne.

J'ai adoré sa comparaison entre les différences culturelles américaines et japonaise, faite non sans malice parfois effectivement.

Et si son récit s'arrête bien avant que ses enfants deviennent adultes et qu'elle-même soit une vieille dame, et qu'il est surtout basé sur nombre d'anecdotes, cela reste plaisant à lire et construit intelligemment.

Une de mes meilleures lectures de cet été, pour ne pas dire de cette année.
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lundi 5 août 2024

Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël

4 de couv' :
Le coup de téléphone est arrivé, et mon coeur a cogné contre mon sternum. J'avais le rôle. J'avais fait mon entrée dans le show-business ? (...) Ma seule hésitation, c'était Clyde. Maman et Lottie m'ont alors proposé de s'occuper de lui. (...) J'ai accepté cette solution en me disant que lorsque j'aurais "percé", et j'y comptais bien, je louerais un grand appartement àManhattan et engagerais une gouvernante pour mon fils. Et pendant mes tournées à l'étranger, je l'emmènerais, avec la gouvernante et pourquoi pas un professeur particulier. Ma vie s'ordonnait ainsi aussi résolument que les marches d'un escalier de marbre, et ke m'apprêtais à grimper jusqu'aux étoiles.
Dans ce troisième roman autobiographique, Marguerite Johnson, mère célibataire de vingt ans, devient Maya Angelou - et fait son entrée dans le monde du spectacle.
Porté par une voix inimitable, ce récit à la fois drôle et léger, politique et profond, nou spermet d'assister à la naissance d'une icône. Et Maya Angelou nous livre avec tendresse, mais aussi beaucoup d'humour et de clairvoyance, un portrait émouvant de la jeune femme qu'elle était.


Trouvé par hasard lors de mes déambulations dans ma librairie préférée, je dois avouer que je n'ai hésiter à acheter ce tome que quelques jours. Déjà, parce qu'il me semblait que j'avais déjà tout lu de Maya Angelou, ensuite parce que je voulais vérifier d'abord qu'il s'agit bien d'un inédit, enfin parce que concernant son autobiographie, les autres volumes en ma possession sont en poche.
Donc oui, c'est bien un inédit (du moins en France), et pour la version poche, eh bien, euh... je n'avais pas l patience d'attendre sa sortie.

Je trouvais que dans ses écrits il manquait de détails de sa rencontre et sa vie avec son mari d'origine grec, qui va lui donner son nom, et au final après une légère modification, son nom de scène. De sa vie d'artiste, en particulier dans les cabarets et la troupe de "Porgy and Bess", même chose.

Ce volume comble donc ces manques.

Passons sur l'écriture, comme toujours impeccable et magnifique (de même évidemment pour la traduction) et concentrons-nous sur le récit en lui-même. Comme toujours, Maya Angelou nous livre ses souvenirs avec autant d'objectivité que possible et surtout une bonne dose d'autodérision. J'ai beaucoup rit à certains passages, me suis émerveillée comme elle lors de sa tournée européenne, et ai partagé ses réflexions et observations.

Un vrai dépaysement, avec intelligence et brio.
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samedi 30 décembre 2023

Goldman

4 de couv' :
Jean-Jacques Goldman n'est pas seulement un grand nom de la chanson. Il est aussi un enfant d'émigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français, un artiste engagé après la mort des utopies, un artisan au coeur des industries culturelles, un homme en rupture avec les codes virils. Le succès n'a affecté ni sa droiture ni son humilité.
Pour exister, Goldman a dû composer avec les règles de son temps, mais il a fini par composer lui-même l'air du temps, les chansons que les filles écoutaient dans leur chambre, les tubes sur lesquels tous les jeunes dansaient, les hymnes des générations qui se pressaient à ses concerts.
Et puis, au sommet de la gloire, l'hyperstar a choisi de se retirer. Dans la folie des réseaux sociaux, son invisibilité le rend étrangement visible. À force d'absence, et parce qu'il n'a jamais été aussi présent, Goldman est devenu un mythe.
Ce livre retrace le parcours d'un artiste exceptionnel, tout en racontant nos années Goldman.


Difficile d'écrire une biographie sur quelqu'un si discret sur sa vie privée. L'un des intérêts de cette biographie est entre autres l'approche qui en est faite : l'auteur est historien, il l'a donc centrée sur le contexte historique et sociologique des années 1970  à 1990.
Il part aussi du contexte familial de la famille Goldman : l'origine des parents, son frère Pierre dont je n'ai entendu parler qu'assez récemment et un (léger) parallèle fait entre eux.

Il est intéressant de voir que l'auteur évoque aussi la judéité de Jean-Jacques Goldman (et la sienne par la même occasion) bien que sa famille et lui-même étaient non pratiquants, mais imprégnés de cette culture. Même si en tant que lectrice et fan, ce point n'est guère essentiel pour moi, et je ne suis pas sûre que cela apporte un éclairage vraiment indispensable à la biographie.
Sur ce point, l'auteur ne m'a guère convaincue, j'ai eu l'impression à chaque fois qu'il parlait davantage pour lui que pour Goldman.

Goldman est vu sous des aspects que je n'avais pas envisagés, n'ayant de lui que la vision que j'en avais à l'époque : mon chanteur préféré, celui qui par ses chansons me faisait me sentir moins seule, et formidablement comprise. Me disant ainsi au cours de la lecture que je n'étais finalement pas aussi fan que je le croyais. Enfin si, de ses chansons et de ce qu'il représentait pour moi à l'époque, mais sa discrétion sur sa vie privée, le peu qu'il en disait ne m'a pas fait chercher davantage.
Il faut dire qu'à l'époque, pas de réseaux sociaux, on devait se contenter de ses (rares) apparitions télé et des articles de presse (enfin, surtout les magazines pour ados que je lisais alors).

Je ne suis pas d'accord sur le portrait que l'auteur fait de ses fans : pas que des filles, des garçons aussi. Pas des gosses de petite bourgeoisie, d'enseignants : à mon collège on était tous fans, tous enfants d'ouvriers. Pas de honte d'avouer qu'on était fans non plus...

Cet ouvrage est je pense assez complet sur cette époque et sur le personnage, l'auteur ne se focalisant pas que sur la vedette, mais donnant une vision plus large de l'époque et comment il s'incluait dedans.
Cela peut paraître rebutant, surtout en début de livre tant on a l'impression qu'il disgresse. Heureusement il rappelle qu'il est historien (oui, c'était mis en quatrième de couverture, que je n'ai pas relue avant d'entamer le livre) ce qui m'a permis de mieux appréhender son angle de vue.

Une biographie intéressante par la façon dont le sujet est abordé. "Bonne idée".
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lundi 24 juillet 2023

Avant d'aller dormir chez vous

4 de couv' :
"Quand rien n'est prévu, tout est possible". De cette devise, Antoine de Maximy a fait une vie d'aventures et d'évasion. Ancien reporter de guerre, il a plongé en sous-marin au fond du Pacifique, dormi à la cime des arbres enAmazonie, ou dans les fumées d'un volcan africain ; exploré la calotte glaciaire du Groenland, les tépuis du Vénézuéla ou ou les coulisses du métro parisien ; filmé les bipèdes que nous sommes mais aussi nos cousins les singes.
Sans frontières, sans limites, il ne se lasse pas de rencontrer et de raconter l'autre, toujours dans le respect. Plus encore qu'un carnet de route, il nous livre aujourd'hui son carnet de vie !

J'aime beaucoup l'émission "J'irai dormir chez vous", c'est donc tout naturellement que je me suis intéressée à ce livre.

Au delà de la simple biographie, qui nous permet de mieux connaître le personnage et donc ce qui l'a amené à créer cette émission, c'est aussi une découverte de différents métiers, et des différentes facettes de reportages et documentaires que j'ai découverts ici. Difficile de regarder maintenant les uns et les autres comme avant maintenant, et c'est tant mieux !
Je me suis toujours intéressée à comment se faisait les choses (quel que soit le métier d'ailleurs), ici je suis servie...

Les aspects techniques sont tellement bien vulgarisés qu'ils ne sont absolument pas ennuyeux et immédiatement compréhensibles.

Antoine de Maximy se livre sans fard, avec l'humour qu'on lui connaît.
J'ai souri quand il dit que la dernière émission tournée en 2009 serait sans doute la dernière tout court...
J'admire aussi sa capacité à surmonter ses craintes, peurs, voire phobies !

Un bon complément de l'émission, un nouvel angle pour l'aborder.


Et toujours pour compléter l'émission, ces deux livres (carnets de route de chaque émission tournée et diffusée), offerts à mon homme que j'ai réussi à contaminer, et que je lui pique de temps en temps :


Il faudra que je vous parle du film aussi...
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vendredi 16 juin 2023

Funérailles célestes


4 de couv' :
Funérailles célestes est une histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort. Xinran dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique.
En 1956, Wen et Kejun sont de jeunes étudiants en médecine, remplis de l'espoir des premières années du communisme en Chine. Par idéal, Kejun s'enrôle dans l'armée comme médecin. Peu après, Wen apprend la mort de son mari au combat sur les plateaux tibétains. Refusant de croire à cette nouvelle, elle part à sa recherche et découvre un paysage auquel rien ne l'a préparée - le silence, l'altitude, le vide sont terrifiants. Perdue dans les montagnes du nord, recueillie par une famille tibétaine, elle apprend à respecter leurs coutumes et leur culture. Après trente années d'errance, son opiniâtreté lui permet de découvrir ce qui est arrivé à son mari...
Quand Wen retourne finalement en Chine, elle retrouve un pays profondément changé par la Révolution culturelle et Deng Xiaoping. Mais elle aussi a changé : en Chine, elle avait toujours été poussée par le matérialisme ; au Tibet, elle a découvert la spiritualité.


L'autrice, journaliste, est beaucoup connue pour ses livres recueillant des témoignages, en particulier ceux de femmes, notamment dans son ouvrage "Chinoises". Comme elle l'explique en préambule, celui-ci méritait un livre entier.

Autant j'ai aimé lire ce récit, car on n'a qu'une en vie, c'est savoir ce qu'il vase passer dans le chapitre suivant, autant j'ai été parfois un peu perplexe.

Certes, il arrive parfois dans la vie que la vie justement ressemble à un roman, et ici par moment j'ai trouvé que le hasard a vraiment bien fait les choses, tellement il place sur sa route au bon moment les bonnes personnes.
Je crains que ce livre ne rebute les sceptiques. Pour ma part, expériences familiales diverses et variées obligent, je ne suis presque pas étonnée de sa bonne étoile. Ça et le fait que vivre une vie nomade pendant 30 ans (à propos, l'autrice aurait pu être plus clair sur le temps passé : j'avais compris quelques années, pas quelques dizaines !) lui a certainement permis de raconter son histoire à nombre de personnes, permettant de créer ainsi au fil du temps, à la nomade, le réseau indispensable pour aller au bout de sa quête. Cela n'est pas explicitement dit dans le livre et on a plutôt l'impression que oui, en effet, elle doit tout à la chance.

Cela étant, une histoire prenante, qui serait digne d'un grand roman.
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dimanche 4 juin 2023

Belle Greene

4 de couv' :
New york, dans les années 1900. Une jeune fille, que passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan et la coqueluche de l'aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Belle Greene pour les intimes.
En vérité, elle triche sur tout.
Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le monde des bibliophiles cache un terrble secret, dans un Amérique violemment raciste. Bien qu'elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine. Et, de surcroît, fille d'un célèbre activiste noir qui voit sa volonté de cacher ses origines comme une trahison.
C'est ce drame d'un être écartelé entre son histoire et son choix d'appartenir à la société qui opprime son peuple que raconte Alexandra Lapierre. Fruit de trois années d'ansquête, ce roman retrace les victoires et les déchirements d'une femme pleine de vie, aussi libre que déterminée, dont les stupéfiantes audaces font écho aux combats d'aujourd'hui.


Sur le papier, ce livre avait tout pour me plaire en raison des sujets abordés. Dès le début du livre, l'autrice a l'honnêteté de prévenir le lecteur qu'il s'agit ici d'un roman et non d'une simple biographie.
Pas de problème là-dessus.

L'écriture ne pose pas de problème, mais ce n'est définitivement pas le genre de roman que j'aime, plutôt celui que j'évite. La manière de raconter est exactement ce que je n'aime pas, j'ai eu tout le long l'impression d'un roman "pour femmes".

Bref, je n'ai pas accroché et ai laissé tomber avant la centième page (sur plus de 500). Une rencontre qui ne s'est pas faite, alors qu'apparemment il remporte tous les suffrages auprès des lecteurs.
Tant pis.
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samedi 20 mai 2023

La fille de l'ogre


4 de couv' :
Le bouleversant destin de Flor de Oro Trujillo, la fille d'un des plus sinistres dictateurs que la terre ait portés.
1915. Flor de Oro naît à San Cristobal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien de moins que la tête de l'État. Il est déterminé à faire de sa fille une fille cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle quitte alors sa famille pour devenir pensionnaire en France, dans le très chic collège pour jeunes filles de Bouffémont.
Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra la premier de ses neuf amris, Porfirion Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi gigolo, mi diplomate-espion, qu'elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir, comme tous les Dominicains entièrement soumis au Bienfaiteur de la Patrie, ce distateur sanguinaire.
Marquée par l'emprise de ces deux hommes à l'amour nocif, de mariages en exil, de l'Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.


Grande fan de "Les déracinés" et suite, autre suite et BD, c'est donc en toute logique que j'ai choisi de lire cette biographie.
On ne découvre pas tant que cela les dessous politiques du "règne" Trujillo. Distant il est avec sa fille (sauf quand il l'utilise pour aboutir à ses fins), donc de loin verrons-nous, sporadiquement, les rouages de cette dictature. Sans que ce soit édulcoré, ni détaillé.
Mais en dehors de la vie ô combien chaotique de cette fille mal-ou-bien-aimée suivant le contexte et les intérêts de l'ogre des Caraïbes, nous découvrons les dessous de la vie politique mondiale, et surtout américaine (entendez par là pas seulement états-usienne), de l'époque.

Une dictature qui s'exerce sur sa propre famille. En dehors d'une vie (le plus souvent, suivant qu'elle entre en grâce ou disgrâce de son géniteur) relativement fastueuse, elle n'aura finalement bénéficié que de la marge de manoeuvre accordée par "papi", comme elle l'appelle. Elle n'aura jamais vraiment travaillé, entretenue par l'argent accordé par son père et même dans les périodes où il la renie, elle arrive à s'en sortir avec ses économies. D'un point de vue matériel, pas tant que ça à plaindre au final.
Mais d'un point de vue humain, un désastre...

Du moins est-ce ainsi que sa vie est présentée par Catherine Bardon, qui a fait un remarquable travail de recherche, il faut le souligner, tant la vie de cette femme est à présent tombée dans l'oubli.
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mercredi 30 novembre 2022

Le voyant


4 de couv' :
Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyrant est arrêté en 1943 par la Gestapo, puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient "The Blind Hero of the French Resistance". Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

Et me voici à nouveau dans les lectures du challenge Booknode 2022, dont le thème cette fois est "un livre qui parle d'un sens" (pas facile à trouver, croyez-moi). A force de recherches sur ce thème, je suis tombée sur cette biographie.

Et je suis bien contente de ce thème de challenge, sans quoi je n'aurais sans doute jamais entendu parler de lui qui, vite tombé aux oubliettes en France, semble ultra-connu aux USA et en Allemagne, et dont les rares écrits (il faudra que je m'en procure un) sont étudiés dans ces deux pays.

La découverte pour moi n'est pas que sur ce personnage, intelligent, solaire, volontaire, elle est aussi sur l'auteur de ce livre dont le nom et le visage ne m'étaient pas inconnus, mais que je n'avais jamais lu jusqu'ici.
Son écriture est tout simplement magnifique, un pur bonheur de lecture et de l'intellect, je ne sais pas dire mieux.

Certes, ce livre est avant tout un hommage, et l'écriture le traduit bien -mais sans ostentation-, et il ne manque cependant pas d'objectivité.
L'édition que j'ai lue est la version poche, ce qui fait qu'elle est augmentée d'une postface centrée sur l'après de la première publication de ce livre retraçant les rencontres suscitées, corrigeant les erreurs ou imprécisions, ajoutant des données.
Pour un hommage en forme de biographie, on ne peut trouver plus complet.

Et puis cette écriture, vraiment, cette écriture...
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vendredi 30 septembre 2022

Devenir


4 de couv' :
Il y a encore tant de choses que j'ignore au sujet de l'Amérique, de la vie, et de ce que l'avenir nous réserve. Mais je sais qui je suis. Mon père, Fraser, m'a appris à travailler dur, à rire souvent et à tenir parole. Ma mère, Marian, à penser par moi-même et à faire entendre ma voix. Tous les deux ensemble, dans notre petit appartement du quartier du South Side de Chicago, ils m'ont aidé à saisir ce qui faisait la valeur de notre histoire, de mon histoire, et plus largement de l'histoire de notre pays. Même quand elle est loin d'être belle et parfaite. Même quand la réalité se rappelle à vous plus que vous ne l'auriez souhaité. Votre histoire vous appartient, et elle vous appartiendra toujours. A vous de vous en emparer.


Cette lecture m'a enthousiasmée, et enthousiasme, énergie, travail et optimisme inébranlable sont exactement ce qu'il faut retenir de ce livre et de la vie de l'ex-première dame des États-Unis. Et beaucoup d'amour aussi : pour sa famille, son mari, ses enfants et ses amis. Et une bonne pointe d'humour.

Il ne faut pas croire qu'elle est née dans une famille d'élites, ce qu'elle a obtenu, c'est par son travail, son abnégation (et un peu de chance aussi, le reconnaît-elle). Malgré ses doutes, car oui, cette femme qui donne une image de femme forte, est comme nous tous, perclue de doutes à certains moments de sa vis.

Elle réussit le tour de force de se livrer, de nous faire partager un quotidien des différentes étapes de sa vie sans cependant aller trop loin dans l'intimité. Elle aime maîtriser les choses, et ça se ressent sans être pesant.

Comme je le disais précédemment concernant une autre autobiographie, on n'est jamais le bon juge de soi-même, et si on se doute qu'elle maîtrise parfaitement les codes de la communication, je la crois sincère dans sa façon de retracer sa vie.

Et ceci dans une écriture parfaitement agréable à lire et abordable par tous.

Rien que pour la leçon d'optimisme, à mettre entre toutes les mains.
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mercredi 31 août 2022

Mémoires de la marquise de la Tour du Pin


4 de couv' :
Née en 1770, appartenant à la noblesse la plus ancienne, Henriette-Lucy Dillon épouse en 1787 le comte de Gouvernet qui deviendra marquise de la Tour du Pin en 1825. Grâce au dévouement de la future Madame Tallien, la comtesse de Gouvernet échappe à la Terreur, s'embarque à Bordeaux pour l'Amérique avec sa famille. Son journal apporte quantité d'informations, de scènes et de portraits de l'ancien régime, la Révolution, la vie sous le Consulat et l'Empire. Des pages très singulières et amusantes relatent l'exil en Amérique, où Henriette-Lucy, s'écartant de la vie mondaine des autres émigrés, se fait fermière, marque à ses armes ses mottes de beurre, se lie d'amitié avec les Indiens.
Les Mémoires de la marquise de la Tour du Pin s'arrêtent en 1815. Afin de couvrir la période compris entre 1815 et la mort de l'auteur (1853), Christian de Liederke Beaufort publie ici des pages de la Correspondance de la marquise avec ses amis, comme par exemple la comtesse de la Rochejacquelein et Madame de Staël.


L'exercice de l'écriture de mémoires peut être délicat je pense pour son auteur : difficulté à retrouver les dates précises, les noms des personnes, les lieux exacts, la chronologie des évènements. A moins d'avoir tenu un journal la plus grande partie de sa vie (s'il n'est pas égaré), il lui faudra bien se rabattre sur sa mémoire, son entourage, des livres ou archives sur l'Histoire.

Pour le lecteur, la difficulté est autre : si les imprécisions ou erreurs sont comme ici corrigées par des notes en fin d'ouvrage, on ne peut s'empêcher de prêter à l'auteur un manque d'objectivité (on n'est pas toujours le bon juge de soi-même ou de sa classe sociale... Ou des autres). Et pour une période que l'on n'a pas vécue ou qu'on connaît plus ou moins bien, il faut bien se reposer sur le texte proposé.
Et surtout, éviter de considérer une époque avec la mentalité d'aujourd'hui !

Cela étant posé, je trouve que la marquise de la Tour du Pin, à l'écriture exquise et si agréable à lire, a bien réussi ce difficile exercice d'objectivité. Qu'elle soit issue de la noblesse, n'empêche pas qu'elle garde un regard critique sur son milieu d'origine et certains de ses membres, tout en condamnant la violence de la Révolution.
Elle écrit ses mémoires avec sincérité, et autant avec sa tête qu'avec son coeur.

Sur sa vie en elle-même, on peut dire qu'elle en a vécu plusieurs et en de nombreux endroits ! A chaque nouveau lieu, nouvelle vie, à moins que ce ne sois l'inverse... Chaque redémarrage étant évidemment facilité par l'argent qu'elle et son mari ont pu conserver, ce qui les a bien aidés à s'installer, en particulier en Amérique.
Redémarrages facilités également par ses relations qui lui permettent, selon les époques et le contexte, d'être lus ou moins près du pouvoir.

Et si la fin de sa vie (évoquée dans les extraits de sa correspondance, qui suivent les mémoires), elle ne vivait guère dans l'opulence, il me semble cependant qu'elle vivait mieux que les gens du peuple et ne manquait ni de soutiens ni de solutions de repli, ne serait-ce qu'au sein de sa famille.
Cela étant, fidèle à elle-même (car elle est d'un caractère volontaire), on ne peut pas dire qu'elle se plaigne vraiment.

Ce livre est des plus intéressants (dommage qu'il ne soit plus réédité), d'autant que la liste des personnes, la généalogie, les notes des mémoires et de la correspondance en font un ouvrage des plus complets sur cette époque.

Ces mémoires, si bien écrits, témoignage passionnant de leur temps, ont donc été pour moi un vrai plaisir de lecture.
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samedi 31 juillet 2021

Rassemblez-vous en mon nom


4 de couv' :
Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté, dominé par les blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.


Je dois avouer que je ne comprends pas le titre. En le voyant, je pensais qu'il s'agirait d'un essai portant davantage sur l'engagement de Maya Angelou sur les droits civiques, mais pas du tout.

Ce court livre de 267 pages ne fait que revenir plus en détails que ses autres livres sur la période d'après-guerre, où son fils avait entre 5 mois et 3 ans.
3 ans d'errances et d'erreurs de jeunesse (ô combien parfois énormes) au terme desquels elle finira par se (re?)trouver, devenir vraiment adulte et transformer son arrogance en fierté et dignité.

Je le déconseille cependant à quiconque n'ayant pas lu au préalable ses autres textes : si j'avais commencé par celui-ci, je n'y aurais rien compris, je l'aurais prise, ainsi que son entourage, pour des fous furieux et me serais sans doute définitivement désintéressée de Maya Angelou, alors que je lui voue une réelle admiration.

Je le conseille donc plutôt à ceux qui l'ont déjà lue, ou sont en train de la lire, en intégrant ce récit chronologiquement.

Mais si quelqu'un pouvait m'expliquer ce titre...
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mardi 15 juin 2021

Celui qui va vers elle ne revient pas


4 de couv' :
Shulem Deen a été élevé dans l'idée qu'il est dangereux de poser des questions. Membre des skver, l'une des communautés hassidiques les plus extrêmes et les plus isolées des États-Unis, il ne connaissait rien au monde extérieur. Si ce n'est qu'il fallait à tout prix l'éviter. Marié à l'âge de dix-huit ans, père de cinq enfants, Shulem Deen alluma un jour un poste de radio- une première transgression minime. Mais sa curiosité fut piquée et le mena dans une bibliothèque, puis sur Internet, et ébranla les fondements de son système de croyances. Craignant d'être découvert, il sera finalement exclu pour hérésie  par sa communauté et acculé à quitter sa propre famille. Dans ce récit passionnant, il raconte ce long et douloureux processus d'émancipation et nous dévoile un monde clos et mystérieux.


Cette lecture fut intéressante à tous points de vue. D'abord en me faisant découvrir une religion que finalement que je ne connais que très peu, en faisant évidemment abstraction des aspects les plus extrêmes, les hassidiques, surtout ceux décrits dans le livre étant les plus extrêmes dans leur rites, et leur façon de vivre et de penser.
La description d'une religion aussi orthodoxe, en immersion, permet de mieux en comprendre tous les mécanismes et peut aisément s'appliquer à n'importe quelle religion ou secte.
Et par extension, à tout mode de vie en vase clos comme par exemple, quelqu'un vivant toute sa vie dans la même ville ou village, ne rencontrant que les mêmes personnes, avec les mêmes opinions, et ne comprenant pas qu'on puisse vouloir vivre ailleurs. Donc même en n'étant pas juifs et encore moins juifs orthodoxes, on s'assimile aisément au narrateur.

Cette immersion est servie par une écriture simple mais soignée, dont chaque mot a été pensé (mention spéciale à la traductrice), amenant chacun à comprendre, assimiler, suivre aisément le cheminement du narrateur.

L'autre force de ce livre est l'humilité du narrateur envers lui-même et son souci d'objectivité quand il expose tous les aspects de sa vie, même les moins glorieux.
Il ne juge pas, il ne blâme pas ou rarement (et encore seulement sur des sujets où à sa place j'aurais eu envie de hurler à la face du monde certaines injustices qui lui ont été faites), il se remet en question, tout en affirmant ses convictions.

Et c'est bien le problème des extrêmes : à force de vouloir suivre à la lettre des principes d'un autre âge, il n'y a pas de possibilité d'évolution, une incapacité et même un rejet à vivre dans le monde moderne... Ce qui facilite l'incapacité pour certains de sortir du seul milieu qu'ils connaissent (et là encore je ne parle pas que des hassidiques).

Un livre aussi pédagogique, instructif, que salutaire, qui a amplement mérité son prix Médicis essai, et que je recommande absolument.
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samedi 15 mai 2021

Faire bloc


4 de couv' :
12 mars 1977. Une maternité en Martinique. Un bébé voit le jour, le visage et les membres déformés, aussitôt abandonné par ses parents. Quatre ans plus tard, il est adopté par une famille métropolitaine. Judicaël est rebaptisé Philippe. Il grandit sans trouver sa place, subissant d'innombrables et douloureuses interventions chirurgicales pour atténuer les marques de son handicap.
Contre toute attente, c'est grâce à l'escalade que cet enfant sauvage va trouver son équilibre. Durant quinze ans, il défie les falaises et les préjugés, et se bat pour faire reconnaître l'handi-escalade. Depuis, Philippe Ribière a séduit les sponsors, interpellé les médias, attisé la curiosité de l'opinion publique. L'enfant né sous X s'est fait un nom. Refusant de se morfondre dans le ghetto "handicap"il est de ces hommes que rien n'abat et qui font bouger le monde. Le regard porté vers le ciel, les mains agrippant le rocher, il observe d'en haut. Le "petit" homme est devenu un géant.


J'ai découvert Philippe Ribière alors qu'il était invité à une émission que je suis régulièrement pour présenter son livre. Je ne le connaissais pas car peu intéressée par le sport en général et il faut bien reconnaître que dans ce pays, à part le foot et quelques autres sports ou grandes compétitions (JO pr exemple), on valorise peu le sport et ses multiples disciplines. Et en dehors du fait que je m'intéresse peu au sport en général (un peu plus au handisport cependant), je ne m'intéresse absolument pas ou très rarement - non, même pas rarement en fait - aux sportifs, même les plus connus et reconnus.

C'était donc pour moi une totale découverte et j'avais alors retenu de Philippe Ribière son sourire, son enthousiasme, sa positivité, son dynamisme, bref, son charisme. C'est surtout ça, en plus de sa biographie, que j'avais envie de retrouver en achetant ce livre.

Et après lecture, c'est effectivement tout cela que j'en retiens, ainsi que sa ténacité, dans tous les domaines.

Son handicap n'est pas le seul sujet abordé ici : il s'agit aussi de sa passion pour son sport, et son engagement pour le handi-escalade.
De ses multiples opérations, il en dira peu. Il enparle juste ce qu'il faut, parce que ça a fait partie de sa vie, mais c'est tout.
Concernant le handicap en général, j'ai été estomaquée des anecdotes sur le comportement de certains vis-à-vis des handicapés. Je n'aurais jamais cru qu'on puisse tomber à tel niveau de bassesse. Même si je ne me suis jamais fait d'illusions sur la nature humaine...

Est abordée ici aussi son adoption et sa quête pour retrouver ses origines.
Son adoption car son départ de la Martinique vers des adoptants en métropole était beaucoup demander à un petit de cet âge, adoption qui va susciter entre autres questions, "pourquoi m'avoir adopté ?". Il me semble qu'il a eu la réponse avec l'une de ses soeurs adoptives, mais ne nous en dira pas plus. Ça n'appartient qu'à lui et ses parents adoptifs, ce que je respecte tout à fait.
Il est allé jusqu'au de la quête de son identité, de son histoire. Une quête parfois douloureuse, parfois heureuse, mais au final aboutie autant que possible, ce qui est plus que ce qu'obtiennent la plupart des enfants nés sous X.

Quelque soit l'aspect de sa vie qu'il aborde dans ce livre, à aucun moment il ne tombe dans le pathos, ce n'est pas dans son caractère. Il veut être - et est - reconnu pour ce qu'il a fait et ce qu'il est et c'est tout.
Son honnêteté envers lui-même et les lecteurs fait qu'il est aussi sans concession envers lui-même : ses défauts comme ses qualités, il les dévoile au grand jour, une vraie mise à nu.
Il semble assez cash, mais sans aucune agressivité. Quand les choses doivent être dites, avec lui elles le sont, un point c'est tout. Cette honnêteté s'accompagne aussi d'une forme d'humilité.
Drôlement agréable dans notre époque de selfies, télé-réalité et autres auto-glorifications...

Ce livre est formidable d'énergie, de volonté, d'authenticité et surtout, positif. Et ça, c'est l'essentiel dans la vie.
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dimanche 31 janvier 2021

Mort et vie d'Edith Stein


4 de couv' :
Ce livre raconte l'histoire d'une femme (1891-1942) qu'on a tour à tour nommée Edith dans sa famille, Fräulein Edith Stein au lycée, Doktor Edith Stein à l'université, soeur Thérèse au Carmel, matricule 44 074 à Auschwitz, et Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix au ciel.

J'ai décidément du mal avec le style de l'auteur, qui donne la désagréable impression de développer un style pour avoir "son" style mais en oublie un peu le lecteur. Et la personne à laquelle il veut rendre hommage. Du moins, c'est l'impression donnée.

Au-delà d'une biographie (bien succincte dans ce livre finalement), il s'agit bien plus ici de vie spirituelle dont il est question. Et comment une jeune femme née juive arrive à s'intéresser au catholicisme pour s'y investir pleinement, comment ces deux religions sont compatibles et non antagonistes et pourquoi, et quelle est la place spirituelle d'Israël dans le monde (et c'est finalement plus ici que se place l'hommage attendu dans ce livre).

Surprenant, mais intellectuellement stimulant.
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