samedi 27 août 2011

Passage du désir (+ édit)


4 de couv' :

Lola Jost, ex-commissaire en retraite anticipée, et Ingrid Diesel, masseuse américaine au passé mouvementé, sont voisines. Rien ne les rapproche, si ce n'est un crime sordide commis dans leur quartier. Pour retrouver le coupable, ce tandem haut en couleur, improbable et truculent, investit les milieux de la prostitution, ceux du cinéma gore, et l'univers retors d'un tueur obsessionnel.

Si mon choix de cette série de roman a été initialement assez subjectif ("oh, la jolie, mignonne, croquignolette et originale charmante petite couverture"), elle n'était néanmoins pas dénuée d'objectivité : lecture des premières lignes qui m'ont tout de suite accrochée, puis des deux premières pages, qui m'ont fait oublier que j'étais debout dans un magasin l'espace d'une minute, me confirmant par là que ça me plairait bien. D'où l'achat de toute la série en poche en une seule fois. Soyons fou et impétueux, on ne vit qu'une fois, mon Dieu suis-je intrépide, toussa toussa.

Bref, le premier opus de cette série de polar m'a bien plu. C'est un bon polar, bien construit, les personnages sont attachants mais ce qui m'a plu le plus, c'est qu'il se déroule dans un quartier de Paris et autour de ses habitants, ses boutiques, les liens entre voisins. Cette ambiance m'a un peu fait penser à "mes amis, mes amours" de Marc Lévy, qui se déroule dans un quartier français londonien. Sauf que l'un est un polar, l'autre pas.
Que deux enquêtes sont menées en parallèle, l'une par nos deux protagonistes, l'autre par des braqueurs. Une approche originale, et jusqu'au bout on ne s'attend pas au dénouement.
Et parlant des enquêtes, Lola Jost est une commissaire en (pré?)retraite, mais applique pour ces enquêtes amateurs les méthodes professionnelles de ses ex-confrères, en faisant ainsi un polar plus "classique".
Méthodes utilisées au grand dam d'Ingrid Diesel, qui ne raffole pas des nuits de planques. Et ajoute systématiquement sa touche personnelle, soit une certaine spontanéité qui n'est parfois pas sans conséquence...

Un duo sympathique et efficace, comme l'écriture de l'auteure. Et un duo pas si improbable que cela, leurs antagonismes les complète et nous amuse : le côté ours mal léché de Lola, l'enthousiasme d'Ingrid, leur différence d'âge, l'incapacité chronique d'Ingrid à comprendre ou retenir les expressions françaises au grand agacement de Lola qui en plus d'être ex-commissaire est aussi ex-prof de français.
Et elles ont surtout deux points communs : un caractère bien trempé, une pugnacité à toute épreuve.

Un très bon moment de lecture.
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dimanche 21 août 2011

Le dernier Amélie Nothomb (cuvée 2011)


4 de couv' :

"Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'un joueur".

C'est par cette citation du dernier opus d'Amélie Nothomb que nous avons tous entendu parler de celui-ci. Evidemment, notre imagination à tous s'est enflammée, essayant de deviner de quel genre de joueur il s'agissait. Evidemment, pour ce qui me concerne, j'ai imaginé un roman tournant autour de sportifs (déformation personnelle à force de suivre mon homme ces dernières années dans les compétitions de tennis de table). Ça aurait pu, ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave.

Ce n'est pas le plus important dans ce roman. Savoir de quel type de joueur, ou plutôt dans quel domaine, n'est que secondaire, puisque comme le présuppose le titre, il s'agit plutôt de la complexité des relations parents-enfants. D'autant plus intéressant que les protagonistes  n'ont pas de lien de parenté, mais cela aussi est secondaire.
Le complexe d'Oedipe (dont il est largement question selon le point de vue du "père spirituel" qui est l'un des trois protagonistes principaux), l'indépendance de l'enfant à l'âge adulte, sa véritable personnalité en confrontation avec ce que s'imaginent les "parents", sont finalement le sujet central du roman.

Intéressant de voir aussi comment le début et la fin, pardon, le prologue et l'épilogue se complètent puisque finalement la même scène, est expliquée dans les toutes dernières pages du roman. Notre perception, autant que celle du "père", mise sur une fausse piste par l'auteur. Pour faire simpliste, qu'est-ce qu'être parent (adoptant ou non) et qu'est-ce qu'être enfant (adopté ou non) et qu'est-ce qu'être soi-même en étant (ou pas) reconnu dans les yeux des autres (fussent-ils nos parents biologiques/adoptants ou pas) ? Tout cela n'est-il pas qu'une vaste fumisterie, une... Illusion ? (oui je sais, j'ai de l'humour sur ce mot là. Ce qui l'ont lu comprendront pourquoi).

On reconnaît bien là la patte d'Amélie Nothomb dont le lecteur, comme toujours, suit la lecture de ses romans à travers les prismes qu'elle consent à nous faire utiliser. Jusqu'à ce qu'elle nous en donne la (les) clef(s).

Sur le style de l'écriture, je sais que beaucoup ont été déçus par ses derniers romans, cela risque d'être le cas aussi pour celui-ci. Je crois sincèrement que même si on n'y retrouve pas la même verve, le même dynamisme que dans les autres, il faut ne pas oublier que ses romans sont aussi prétexte à une réflexion sur la nature humaine et cela, on le retrouve absolument dans tous. La lecture de ses romans n'est peut-être plus aussi jubilatoire, mais elle apporte toujours autant de réflexions, interrogations et de raisonnements sur ce qui est à chaque fois le sujet de son roman.
Celui-ci n'échappe pas à la règle.

Perso, je regrette la truculence de ses débuts. Faut-il vraiment que dès qu'un auteur marche bien, les éditeurs le pousse à sortir un roman tous les ans ? A croire que les éditeurs ne sont pas lecteurs...
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samedi 20 août 2011

Tante Mame


4 de couv' :

Tante Mame est une femme imprévisible, émancipée, et fantasque dont la vie est régie par un principe : la liberté. Lorsqu'elle recueille son neveu Patrick, jeune orphelin, ce n'est pas pour l'entretenir dans les convenances ni les conventions, mais pour l'initier à une existence exubérante, pleine de passions cocasses et d'humour, lui donnant ainsi une leçon pour la vie : ne jamais céder au découragement. Hilarant de la première à la dernière page, Tante Mame est un étincelant témoignage de l'humour anglo-saxon, nourri de dérision, d'ironie, de fougue, et le lecteur gardera pour seule nostalgie de n'avoir pas eu, lui aussi, une Tante Mame dans sa vie.


Voici une version américaine et féminine de ce cher Bertie imaginé par P.G. Wodehouse. A ceci près que Tante Mame n'a hélas pas de majordome miraculeux tel que Jeeves pour la sortir d'affaires et pourtant si, elle se sort de toutes les situations catastrophique dans lesquelles elle s'obstine à se retrouver de façon totalement inconsciente ou, pour mieux dire, inconséquente.
Ce n'est pas aussi hilarant que "Jeeves", mais il m'est souvent arrivé d'éclater de rire devant les situations et dialogues ô combien improbables. Ou tenter de m'en empêcher quand je le lisais dans le bus (très frustrant).
 Bref, un très bon moment de lecture, très léger. Idéal en ces beaux jours, en vacances, en week-end.

Voici deux extraits qui présentent bien la personnalité de Tante Mame et donnent le ton du livre.
Le jeune Patrick est orphelin car sa mère est décédée à sa naissance et son père, qu'il connaissait à peine, vient de décéder à son tour.  Sa tante devient donc sa tutrice légale et ils ont ensemble une longue conversation afin de faire connaissance dans la chambre de cette dernière, au petit déjeuner.
"Mon chéri, la richesse de vocabulaire est le signe distinctif de tout intellectuel. Voyons... (plongeant derechef dans le fouillis de sa table de chevet, elle en exhuma un autre bloc et un autre crayon) à chaque fois que je dis un mot que tu ne comprends pas, tu l'écris, et je te dirai ce qu'il signifie. Ensuite, tu le mémorises, et c'est ainsi que tu acquerras bientôt un vocabulaire digne de ce nom. Ô la merveilleuse aventure", s'écria-t-elle, extatique, "que de former un être jeune !" Elle accompagna cette déclaration d'un nouveau geste éloquent qui, cette fois, s'avéra malheureux, car elle renversa la cafetière, sur quoi je notai six mots nouveaux que Tante Mame m'ordonna de rayer et d'oublier immédiatement."


Puis, un peu plus tard, elle demande au petit garçon ce que son père lui a dit sur elle avant de mourir :
"Norah m'ayant prévenu que les menteurs allaient tout droit en enfer, j'avalai ma salive et avouai : "Il a simplement dit que vous étiez une femme très spéciale et qu'être entre vos mains était un sort qu'il n'aurait pas souhaité à un chien, mais que l'on ne choisit pas à qui l'on emprunte et que vous étiez ma seule parente vivante."
Il y eut un silence. "Quel salaud", dit-elle enfin, d'une voix égale.
Je tendis la main vers mon carnet de vocabulaire.
"Ce mot était "salaud", mon chéri", dit-elle, suave. "Cela s'écrit s-a-l-a-u-d, et signifie "feu ton père" !"
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vendredi 19 août 2011

Mort à La Fenice


4 de couv' :

Les amateurs d'opéra sont réunis à La Fenice de Venise. Une sonnerie annonçant la fin de l'entracte retentit, les spectateurs regagnent leur place et le brouhaha s'estompe. Les minutes passent, le silence devient pesant : le maestro se fait attendre... Il gît dans sa loge, mort. Le commissaire Brunetti, aussitôt dépêché sur les lieux, conclut rapidement à un empoisonnement au cyanure. Dans les coulisses de l'opéra, Brunetti découvre, horrifié, l'envers du décor.

Cette fois, le narrateur (enquêteur) est plus traditionnellement un policier. Mais contrairement à la plupart des polars, ou le policier/détective privé est célibataire (généralement veuf ou divorcé), déprimé, blasé, et cynique, ici il est marié, heureux en ménage, a deux enfants (fille et garçon, tous deux ados), ses beaux-parents sont issus de la noblesse.
Mais vous en avez déjà une petite idée si vous suivez la série télévisée allemande tirée de ce polar, diffusée sur France 3. Moi pas, je ne saurais donc dire si la version télévisée est fidèle à l'original.

Ce polar est aussi l'occasion de découvrir la société italienne, Venise et le monde de la musique classique, en particulier l'opéra.

Tout cela donne un ensemble assez plaisant, bien écrit et si par moment on se demande pourquoi ce cher commissaire cherche des pistes dans un (très) lointain passé de la victime, tout finit par se recouper.

J'ai bien aimé la description, assez caricaturale, certes, mais comique de son supérieur, d'une incompétence notoire mais cherchant continuellement une certaine reconnaissance de son (non) travail, surtout auprès des politiques du coin. Et y arrivant assez bien, ses subordonnés faisant pour la plupart un très bon travail dont il sait recueillir les lauriers.
Ne pas rater non plus l'hilarante description du fiston du commissaire, adolescent en pleine rébellion, anti-à peu près tout, quitte à se contredire lui -même quand ça l'arrange (un ado en pleine rebellion donc, disais-je).

J'ai bien aimé cette promenade-enquête dans Venise. Et si ce roman date de 1992, il n'a pas trop mal vieilli (forcément, en faisant une enquête "classique" qui ne se base pas sur le tout technologique... Juste humain, quoi...).

Je crois que je passerai en emprunter d'autres à la bibliothèque...
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mercredi 17 août 2011

Les visages

Je m'appelle Ethan Muller, je suis galeriste et je vis à New York.
Ma prochaine acquisition : l'oeuvre d'un artiste anonyme. Un génie. Et peut-être bien, aussi, un fou sanguinaire.


Ce polar est un excellent premier roman. Non seulement le héros n'est pas un policier ou un détective privé, mais en plus il est galeriste, ce qui est assez inédit dans le genre. Et nous permet de découvrir cet univers, ou en tout cas une certaine vision de ce monde.
Ajoutez à cela que le roman a l'originalité d'être entrecoupé d'interludes qui retracent petit à petit l'histoire familiale du narrateur, depuis le XIX ème siècle jusqu'à nos jours, permettant de faire des pauses dans le cheminement de l'enquête et s'y imbriquant parfaitement petit à petit. Et permettent de comprendre la personnalité du narrateur.

L'auteur n'est pas tombé dans la facilité, il nous surprend jusqu'au dernier moment. Et c'est très bien écrit. Vraiment, j'ai beaucoup aimé et suivrai avec attention cet auteur.
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mardi 16 août 2011

Le Poète


4 de couv' :

Un journaliste enquête sur les "suicides" de policiers et traque le Poète, un effrayant meurtrier. Un suspens haletant, le portrait le plus impressionnant qui soit sur un meurtrier en série, et incontestablement le chef-d'oeuvre de Michael Connelly.


J'ai assez bien aimé ce polar, qui va de plus ou moins fausses pistes en rebondissements.
Le style d'écriture n'est pas exceptionnel mais pas mauvais non plus.La preuve, une fois plongé dedans, on a du mal à décrocher. L'intrigue, le déroulement de l'enquête, les derniers rebondissements, tout tient la route et on se laisse emporter jusqu'au bout, ou presque.
Je dis "presque" parce que la fin m'a laissée (sur ma faim allais-je dire mais, ah-ah-ah, je ne me laisserai pas tentée par un jeu de mots trop facile) déçue.

Tout s'imbrique parfaitement jusqu'au rebondissement final qui dévoile le véritable meurtrier. Son mobile ? "on ne sait pas encore et on ne le saura sans doute jamais" dit l'un des personnages. Mouais. Ben nous v'là bien. Un peu trop facile et décevant, surtout après tout le développement qui nous amène à ce dénouement. S'ensuivent des bouts de piste pour essayer de comprendre ce qui motivait le tueur, mais c'est tout.

Je précise aussi que ce livre a été écrit en 1996 et boudiou que l'informatique et la téléphonie ont évolué depuis. Car à l'heure de la wifi et des téléphones portables qui sont de véritables mini-ordinateurs, se représenter les personnages débrancher leur ligne téléphonique pour pouvoir se connecter à Internet, chercher des téléphones (cabine ou autres), et découvrir émerveillés (ou dans le contexte du roman, dégoûtés) les possibilités offertes par les (premiers) appareils photos numériques, ben... ça a un charmant côté rétro. D'aucuns diront que ça a mal vieilli.
(Et elles sont où, les analyses ADN dont on nous rebat les oreilles à forces feuilletons policiers maintenant. Mais que font donc les experts ?).

Je passe sur le fait que le héros est un journaliste qui se montre plus futé que tous les policiers et agents du FBI réunis (Michael Connelly étant lui-même journaliste...), mais sa sagacité, ou plutôt le manque de clairvoyance des policiers est excusé/expliqué dès le début du roman. Pourquoi les suicides n'en sont pas, et pourquoi tout le monde est allé sur cette fausse piste. Une fois terminé le roman, d'autres éléments nous le font encore mieux comprendre.

Sinon, il s'agit d'un bon polar, haletant, malgré une fin un peu décevante parce que trop facile (un rebondissement de trop ?) comme si l'auteur a dû répondre aux impératifs de date de son éditeur.
Un très bon moment de lecture.
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lundi 15 août 2011

Virées littéraires inopinées

Me voilà de retour de vacances, reprise du boulot demain !

Finalement, je n'ai pas lu autant que je le croyais ("que" 3 livres, je viens de commencer un quatrième), mais malgré moi, mes vacances se sont retrouvées sous le signe de la littérature au gré de nos différentes visites.

Avant de faire les touristes chez les autres, nous avons joué les touristes chez nous, en visitant le château de Brest... où l'exposition temporaire du moment est sur Pierre Loti : biographie et photos des voyages (ou missions, il était marin d'Etat) qui ont inspiré son oeuvre. Et possibilité de parcourir ses romans, quelques un de ses livres étant mis à disposition du public.

Plus tard, direction Angers et Saumur, pour une visite des châteaux de la Loire (que nous avons planifiée en plusieurs étapes et donc années, l'année prochaine nous seront basés à Tours).
Premier château visité : Brissac et ses immenses jardins où il fait bon se promener, et où certains endroits sont baptisés de noms d'auteurs (allée Pierre de Ronsard par exemple), mais surtout son "canal Stephan Zweig", du nom d'un de mes auteurs préférés (dont il faudra que je parle ici un jour. Merci d'ailleurs à "Ça peut pas faire de mal" de me l'avoir fait découvrir).

Puis visite du château de Saumur où a été incarcéré... Le marquis de Sade. Perso, je trouve qu'on devrait l'interdire et arrêter de le prendre pour un philosophe, mais je suppose que pour certains, je vais passer pour une mal... euh, continuons sur notre périple tourisitique (à propos, bien qu'en cours de rénovation, ce qui fait qu'on ne peut pas visiter l'intérieur du château, rien qu'avec les diverses animations, la visite vaut le coup. Chapeau aux acteurs et aux cavaliers !).

Puis visite du château de Chinon, qui tombait en ruine et dont la rénovation a été impulsée au XIXème siècle par... Prosper Mérimée...

Ensuite, visite de l'Abbaye de Fontevraud qui de la fin XIXème à 1963 a servi aussi... de prison. Il est surprenant de voir que ce lieu si paisible aujourd'hui a été un lieu de souffrances. Où a été incarcéré Jean Genêt.
Actuellement, c'est un autre auteur, de manga cette fois, qui est mis à l'honneur : Taniguchi Jirô.

Après la visite du château de Brézé, direction le château de Montsoreau. Et sa fameuse "dame" dont l'histoire a été (ré)écrite par Dumas (ne me demandez pas lequel).

Enfin, dernière visite : le château de Montreuil Bellay (j'ai adoré). Bien que rien à voir avec la littérature (ou alors je n'ai pas bien écouté les explications de notre guide), un passage particulier de l'histoire du château m'a rappelé une aventure de Célestin Louise intitulée "Le château d'Amberville".
En effet, la propriétaire du château pendant la première guerre mondiale a transformé celui-ci en hôpital pour les soldats. 1163 s'y feront soigner.
Cela est aussi la base de départ de ce polar...

Non franchement, organiser notre périple par le biais de la littérature, j'aurais voulu le faire exprès que je n'y serais pas parvenue aussi bien ! Que des bonnes surprises !
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