dimanche 29 mars 2020

Je suis mon propre boulet

Rien de mieux en ces temps de pandémie que de lire pour se changer les idées. Et comme vous le voyez à gauche sur la photo, j'ai furieusement le choix.

Sauf quand parmi TOUS les livres que tu as à lire tu choisis un livre de science-fiction où l'héroïne, une historienne, part en exploration au Moyen-Âge tandis que ses collègues du XXIème siècle, juste après son départ, se retrouvent confinés en raison d'une nouvelle sorte de grippe (ainsi que toute la région).
Avec des consignes telles que se laver les mains, garder ses distances, etc. Sans compter la pénurie de papier toilette. Ça ne vous rappelle rien ?

Sinon, le livre est très bien. J'en suis déjà à la page 169. Sur 703.

Il va être long à venir le changement d'idée (vivement demain et le télétravail, ça va m'occuper l'esprit).

samedi 28 mars 2020

Les 9 vies d'Edward

4 de couv ':
Pelotonné contre Delphine, Edward ronronnait en regardant le soleil enflammer les rideaux aux motifs paisley. Quand Delphine les tirerait, une débauche de lumière et de chaleur illuminerait la chambre jusqu'à midi moins le quart. Ensuite il devrait attendre quatorze heures avant que les rayons bienheureux n'atteignent la salle à manger puis le salon. Il en profiterait pour réfléchir à la situation.
Il ne suffisait pas à Delphine. Elle aimait les mâles de sa taille. Hélas, elle manquait de discernement dans ses choix. Edward devait l'aider à trouver celui qui la rendrait heureuse. Il allait se consacrer à cette quête et, avant de mourir, voir Delphine s'épanouir.


Roman qui m'a été offert il y a (fort, fort) longtemps (les prix évoqués dans le livre sont en francs) par mon homme, je me suis enfin décidée à (le retrouver dans ma PAL, qui est en fait selon une abonnée à VendrediLecture, une BAL (bibliothèque à lire)) le lire.

J'étais partie sur un roman "de printemps" traduisez léger, traduisez limite cul-cul. Je dois avouer que j'ai été cette fois assez agréablement surprise. Pas par l'écriture, à laquelle je n'ai pas accrochée, mais bien par l'histoire.

Car si on commence par ce qui ressemble à une histoire à l'eau de rose d'une trentenaire qui a besoin de son chat pour lui trouver son âme soeur (soupir), on bifurque sur un polar.

L'ensemble est gentillet, mais imaginatif et l'histoire est plaisante à lire. En dehors de l'histoire d'amour et qui rejoint un polar (amateur de Mary Higgins Clark, cela devrait vous plaire !), elle est surtout centrée sur le personnage principal, à savoir Edward, le chat de Delphine, qui en est à sa neuvième vie.
Et au fil des pages sont subtilement placées ses réminiscences de vies antérieures, avec ses anciens maîtres, et chaque chapitre est prétexte à distiller un épisode de chaque vie.
Et de montrer au lecteur la façon dont les chats ont été traités au fil des siècles.

Tout cela forme un ensemble plutôt équilibré, alors que l'autrice aurait pu tomber dans le piège de négliger un aspect du roman pour un autre.

Chouette lecture de printemps !
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vendredi 27 mars 2020

Les ombres de Katyn

4 de couv' :
Mars 1943. Le Reich vient de perdre Stalingrad. Pour Joseph Goebbels, il faut absolument redonner le moral à l'armée allemande et porter un coup aux Alliés. Or sur le territoire soviétique, près de la frontière biélorusse, à Smolensk, ville occupée par les Allemands depuis 1941, la rumeur enfle. Des milliers de soldats polonais auraient été assassinés et enterrés dans des fosses communes. L'armée Rouge serait responsable de ce massacre. Goebbels, qui voit là l'occasion de discréditer les Russes et d'affaiblir les Alliés, décide l'ouverture d'une enquête. Le capitaine Bernie Gunther du Bureau des crimes de guerre, organisme réputé antinazi, est la personne idéale pour accomplir cette délicate mission.


J'aime toujours autant lire un Philip Kerr, mais je dois reconnaître que j'ai eu peut-être eu un peu plus de mal avec celui-ci.

Déjà, je l'avais laissé tomber il y a quelques années : vu le sujet du livre, vous allez trouver cela ridicule, mais je l'ai entamé au moment du décès de notre Calynn et j'étais inconsolable. J'avais peiné jusqu'à la centième page, puis abandonné sa lecture... Et toute lecture de Philip Kerr depuis...

Puis l'envie de relire cet auteur et donc ce livre m'est revenu il y a une dizaine de jours, et je n'ai pas regretté !

Mais je comprends pourquoi, dans ce contexte j'avais abandonné il y a 4 ans : il y a une multitude de personnages, beaucoup de détails important pour le contexte historique du roman, et le seul défaut de ce livre : pas de carte. Difficile du coup de me concentrer dessus à l'époque...

Mais on retrouve avec bonheur la patte de Philip Kerr, sa rigueur et les pérégrinations de Bernie Gunther : on se demande à chaque tome à partir de quel moment il va (encore) tout faire déraper, pour ensuite se demander, jusqu'à la toute fin, comment il va réussir à s'en sortir (et ici, ça ne se produit que dans les 5 dernières pages).
Par contre, le défaut que certains pourraient trouver, surtout les amateurs de thriller : l'histoire est très longue à se mettre en place. Ce qui ne me dérange pas car j'aime ce genre de romans. Par contre, le dénouement me semble un brin précipité.

Mais dans l'ensemble, un bon Bernie Gunther, qui ne m'a pas déçue.


"Le problème, c'est ce qui te définit, Gunther. Sans problème, tu n'as pas de sens. Tu devrais y penser de temps à autre. "

jeudi 26 mars 2020

Retour dans l'oeil du cyclone

4 de couv' :
Les quatorze essais regroupés dans ce volume, publiés à l'origine dans divers journaux et revues, couvrent une période allant de 1960 à 1985. James Baldwin y évoque les marches pour les droits civiques, les raisons de son exil en France, ses rencontres avec Martin Luther King, sa critique de l'éducation aux Etats-Unis ou encore sa célébration de la langue noire. Explorant les tensions et les non-dits qui touchent son pays, Baldwin offre une analyse pertinente, sévère et subtile de la société américaine qui n'a rien perdu de son actualité ni de sa nécessité.
Ces textes dressent le portrait d'un homme dont la perspicacité, l'engagement et l'écriture ont ouvert la voie à de futurs grands écrivains noirs américains.


Brillant, vraiment. Et pour la langue, et pour l'analyse des sujets évoqués, et pour la façon dont l'auteur part d'un postulat pour amener le lecteur vers la conclusion par une (là encore) brillante démonstration.

Des textes hélas très actuels, c'est dire si les Etats-Unis ont évolué depuis (en matière d'éducation par exemple).

Le lire est tout simplement délectable (félicitations au traducteur), la langue utilisée sert admirablement des démonstrations qui sinon pourraient peut-être paraître à certains lecteurs un peu rébarbatives. Or ces textes restent parfaitement abordables à tous, sans céder à trop de facilités.
Car 60 ans après les premiers textes, même si on n'est plus dans le contexte de l'époque, le lecteur suit parfaitement le raisonnement.

Chapeau bas !


"(...) suppose par définition que les Noirs doivent être traités, à tous égards, exactement comme les autres citoyens de la République. C'est là un concept qui a toujours eu du mal à passer en Amérique. D'une part, parce que ce concept s'attaquait et s'attaque encore, à un réseau d'intérêts particuliers, vaste et complexe, qui perdrait de l'argent et du pouvoir si la situation du noir venait à changer. (...)"


"Ce que les sociétés veulent vraiment, idéalement, ce sont des citoyens qui, simplement, obéissent aux règles de la société. Si une société y parvient, alors elle court à sa perte. L'obligation de toute personne qui s'estime responsable est d'examiner la société et d'essayer de la changer et de la combattre - quels que soient les risques encourus. C'est le seul espoir pour la société. La seule façon de la changer. "


mardi 24 mars 2020

Soif

4 de couv' :
Pour éprouver la soif il faut être vivant.


Je suis un peu mitigée sur ce nouvel Amélie Nothomb, dont je n'arrive décidément pas à retrouver la patte des débuts, bien que je reconnaisse que ce livre-ci est décidément meilleurs que les tous derniers.

Le narrateur est donc ici Jésus, de sa condamnation à sa résurrection.

Ce qui donne ainsi une version voire une interprétation on ne peut plus intéressante et subtile de cette partie des Evangiles, sans que l'autrice n'en bouleverse trop les codes, mais suffisamment pour qu'on se laisse porter par ce décalage avec intérêt et curiosité.

Une bonne idée sur un sujet ardu (n'est pas le Messie qui veut), des réflexions intéressantes, mais un ensemble qui reste parfois un peu à la surface des choses.
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dimanche 22 mars 2020

Thérapie de groupe - L'étoile qui danse

4 de couv' :
L'étoile qui danse ! Elle était là tout ce temps, bien planquée au fond de mon chaos...


Avec cette nouvelle série, je me suis replongée avec bonheur dans l'univers de Manu Larcenet, son auto-dérision, ses angoisses, son sens de l'absurde.

Et avouez que réussir à faire une nouvelle série dont le thème central est l'angoisse de la page blanche, le manque - désespéré et désespérant - d'inspiration, cela tient du génie.

Je suis rarement fan d'auteur de BD, mais là je suis ravie !
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samedi 21 mars 2020

Les déracinés - L'Américaine

4 de couv' :
Almah et Wilhelm se rencontrent dans la Venne brillante des années 1930. Après l'Anschluss, le climat de plus en pls hostile aux juifs les pousse à quitter leur ville natale avant qu'il ne soit trop tard. Perdus sur les routes de l'exil, ils tirent leur force de l'amour qu'ils se portent : puissant, invincible, ou presque. Ils n'ont d'autre choix que de partir en République Dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux juifs d'Europe. Là, tout est à construire et les colons retroussent leurs manches. Pour bâtir, en plein coeur de la jungle hostile, plus qu'une colonie : une famille, un avenir. Quelque chose qui ressemble à la vie, peut-être au bonheur...








4 de couv' :
Septembre 1961. Ruth quitte son pays natal, la République Dominicaine gangrenée par les dictatures, laissant derrière elle son enfance, Almah, sa mère, et son frère. En ligne de mire New York, l'université, un stage au Times...
Elle vit bientôt au rythme du rock, des amitiés et des amours.Des bouleversements du temps aussi : la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture, l'opposition de la jeunesse à la guerre du Vietnam...
Mais Ruth se cherche. Qu'est-elle vraiment ? Dominicaine, Juive autrichienne, Américaine d'adoption ? Où va-t-elle construire sa vie, elle dont les parents ont dû tout fuir et se réinventer ?
Entrelaçant petite et grande histoire, des États-Unis des années 1960 à la République Dominicaine en proie à la guerre civile, ce roman explore la question de l'identité, de l'importance de la mémoire et de la quête des racines.
Avec ce magnifique portrait de jeune femme, entre attachement à la terre de l'enfance, poids de l'héritage familial et blessures de l'histoire, Catherine Bardon poursuit la fresque romanesque inaugurée avec Les Déracinés.


Deux livres (et lectures) qui se suivent, bien que très différents, et cela n'est pas dû seulement au changement d'époque.

Le premier, "Les Déracinés" commence un peu avant la rencontre entre Almah et Wilhelm. Plus que leur histoire personnelle, on suit aussi celle de l'Autriche et sa lente mais inexorable évolution vers cette période sombre du nazisme.
Puis leur fuite, éperdue, par tous les moyens à leur portée, pour y échapper, ce qui n'a pas été sans me faire penser à celle des migrants. Pour ce qui est de défendre des gens persécutés, l'Europe était déjà en-dessous de tout...
Je ne vais évidemment pas tout résumer ici, mais on se laisse emporter par l'écriture et l'histoire et si, lorsqu'ils atteignent leur but, on a à un moment l'impression que l'autrice a un peu trop idéalisé ce "paradis" tropical, elle rectifie très vite le tir.

Un très beau roman, mêlant petite histoire, histoire de couple et familiale, et l'Histoire. Une belle réussite.


L'Américaine est un roman très différent, comme on peut s'en douter par le sujet et l'époque évoquée. Mais par l'histoire de Ruth, on rejoint (en surface) l'histoire de l'émigration de la soeur de Wilhelm et surtout est évoquée ici via l'histoire de Ruth la deuxième génération d'émigrés, et surtout l'héritage familial qui lui est échu.
Ce qui lui complique la recherche de son identité, de ce qu'elle veut faire dans la vie (et où!).

Donc si cette histoire-ci est plus introspective, moins ancré dans l'Histoire, cela reste un bon roman. Et surtout, contrairement à ce que je pensais au départ, on a quand même le plaisir de retrouver malgré tout une bonne partie des personnages du tome précédent !

Bref, une belle découverte pour moi que ces deux livres !
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