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samedi 30 août 2025

Spartacus

4 de couv' :
71 avant J.-C. La République romaine, au faîte de sa puissance, se vautre dans la luxure. Les petits paysans, dépossédés de leur terre, encombrent des villes surpeuplées. Les élites ne pensent qu'aux plaisirs. Le sang des esclaves irrigue tous les étages de la société. C'est de cette fange qu'émerge Spartacus, gladiateur révolté et formidable meneur d'hommes. À la tête d'une armée d'esclaves, il défie la République. Rejoint par les opprimés, il se lance dans une fuite éperdue à travers l'Italie. Avec, au bout du chemin, un unique espoir : la liberté.

C'est ce livre qui est à l'origine du film de Stanley Kubrick, avec Kirk Douglas dans le rôle principal.
J'avais quelque souvenirs du film, mais que des bribes. De mémoire, le film tournait autour de Spartacus (il faut vraiment que je le revoie....).

La lecture de ce livre a été une (bonne, excellente) surprise.

Si effectivement le roman tourne autour du personnage de Spartacus, rien à voir avec mes souvenirs du film. Tous les personnages du roman parlent de Spartacus, quelque soit leur statut et c'est par ce biais qu'est évoqué le personnage.
Et, personnage après personnage, chapitre après chapitre, se profile un portrait de Spartacus.

L'écriture du livre, initialement paru en 1951, m'a parue résolument moderne. A voir si c'est dû à la nouvelle traduction, mais elle m'a enthousiasmée !. Certaines situations (homosexualité explicite par exemple), sont très modernes pour l'époque.

Il est surtout question dans ce livre de condition humaine, ce qui en fait un roman intemporel.

Une belle réussite, je comprends qu'il ait eu autant de succès. La vraie bonne surprise de cet été.
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vendredi 23 mai 2025

Marzi

4 de couv' :

Petite carpe

En Pologne, on dit que les enfants comme les poissons n'ont pas de voix.
En attendant de me faire entendre, j'essaye de prouver aux autres mon existence.
Mais le plus souvent, on ne me voit que quand je fais une bêtise...












Sur la terre comme au ciel

Alors les cris dans le vide-ordures, ce serait aussi un péché ?
Notons peut-être... Regarde, j'en ai vingt maintenant !
Et moi treize !
Invente un autre, ça porte malheur !
Tu crois que Dieu nous pardonnera ?
Vingt péchés, c'est beaucoup...
Si tu les regrettes et promets de ne jamais en refaire, c'est gagné !
Tu veux qu'il te pardonne ou pas ?
Oui mais oh, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?








Rezystor

La ville est tellement silencieuse et noire qu'elle paraît hostile et malveillante à faire peur.
Et dehors, quelque part dans la nuit, il y a mon papa.
Avec son vélo.
Il ne devrait plus travailler et pourtant il n'est toujours pas rentré.
Mais il n'est pas seul.
Avec lui, il y a d'autres papas avec des vélos.










Le bruit des villes

Mais qu'est-ce que tu fais là ?
J'attends les vaches...
Les vaches ?!?
Ça fait plus d'une heure qu'elles sont rentrées, ta tante est en train de les traire !
Elle se demandait où tu étais passée ?!











Pas de liberté sans solidarité

On crie ensemble avec beaucoup de vigueur : Solidarnosc !
Cest amusant de protester. Quand on est si nombreux, c'est tout de suite plus convaincant ! Precz z komuna ! À bas le communisme !

Ça deviendrait plus sérieux si à la maison il y avait autant de monde pour me soutenir : Precz z jajecznica ! À bas les oeufs brouillés !
Solidarnosc !!
Un rêve.







Tout va mieux...

Des sacs de riz, de farine, de sucre, du café, du thé, des shampoings, des savons, des lessives, des "budyns", des "kisiels" par milliers !

- Mais si elle avait déjà dix kilos de riz ou vingt kilos de sucre, pourquoi en achetait-elle encore ?
- Oh, tu sais, on pensait que rien n'allait changer, que la situation allait empirer. Elle faisait des stocks.









Nouvelle vague

- Cet été, le syndicat de mon usine peut envoyer les enfants d'ouvriers en colonie de vacances.
Soit au bord de la Baltique, soit dans les Tatras.
Je ne connais pas la mer, tu irais la voir pour moi, comme ça.

- Envoie-là à la montagne. Sinon elle va se noyer et on aura des soucis.












C'est suite à une newsletter de ma librairie de BD préférée que j'ai... Emprunté cette série de bandes dessinées à la bibliothèque.
Il y a beaucoup à lire dans cette BD. Beaucoup de textes et finalement pas autant de dialogues que dans d'autres donc attendez-vous à avoir un heure de lecture pour chaque tome. Pour ma part, j'en ai lu un par jour, la série m'a fait une semaine.

Le sujet, la vie d'une petite polonaise avant, pendant et après la chute du mur de Berlin me paraissait intéressant à plusieurs points de vue : pour commencer, parce qu'on peut lire tous les livres et articles que l'on veut sur cette période, rien ne vaut le témoignage (ou roman) d'une personne qui vous fait vivre une période historique de l'intérieur.
Ensuite, de façon plus égoïste, parce que Marzi et moi sommes de la même génération et si nous n'avons pas le même âge, seules quelques petites années nous séparent. En plus, nous sommes toutes deux enfants uniques.
J'ai bien aimé, entre autres, comparer ses souvenirs aux miens, chacune de notre côté du rideau de fer.

Elle est attachante, Marzi, avec ses beaux yeux grand ouverts sur le monde. Comme tous les enfants, elle regarde, observe, découvre, s'interroge sur ce qui l'entoure. Elle décrit un quotidien compliqué, parfois difficile, mais il y a les copains, les cousins, des moments de petites joies et et de petits bonheurs.
Il s'agit d'une vision d'enfant mais si elle ne connaît ou ne comprend pas toujours tout, elle est loin d'être bête et son regard neuf sur le monde n'en fait que davantage le mettre en relief dans les moindres détails.

Et puis elle grandi sous nos yeux, sa compréhension et son observation du monde évolue  avec elle. Mais la série ne parle pas que de la situation en Pologne, elle parle surtout de son enfance à travers les mille et un petit détails qui font sa vie. A travers elle on apprend la vie quotidienne et culturelle de ce pays à cette époque.

Et si la fin du rideau de fer, accueilli avec enthousiasme, n'apporte pas l'euphorie attendue (il va falloir s'adapter...), c'est quand même sur de belles vacances d'été et un bel espoir que s'achève la série.

Une belle réussite que cette bande dessinée, vraiment.
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vendredi 29 novembre 2024

Blanc autour

4 de couv' :
En 1832, près de Boston, une "charmante et pittoresque petite école pour jeunes filles accueille une vingtaine de pensionnaires.
Éduquer les filles, c'est un peu ridicule et inutile, pense-t-on alors dans la région. Mais somme toute pas bien méchant.
Jusqu'au jour où la "charmante école" annonce qu'elle acceillera désormais des jeunes filles... Noires.
Trante ans avant l'abolition de l'esclavage, les quelques quinze jeunes élèves de l'école Crandall vont être accueillies par une vague d'hostilité d'une ampleur insensée.
L'Amérique blanche a peur de certains de ses enfants.


J'avais beaucoup entendu parler de cette bande dessinée et de son succès, je me suis donc laissée tenter.

Un succès amplement mérité, tant cet ouvrage traite avec intelligence, douceur, subtilité (et humour !) un sujet particulièrement dur.

Les dessins, tout de rondeur et de finesse, m'ont fait un peu penser aux illustrations de certains livres pour enfants, et de fait, le scénariste et le dessinateur ont réussi à faire en sorte que ce livre soit à la portée de tous.

Et pour conserver son aspect pédagogique et fermer le livre sur une note optimiste, je dois reconnaître que la postface, relatant la biographie de certaines des protagonistes de l'école, et pour une partie d'entre elles leur héritage, donne un un autre relief à ce récit.

A mettre entre toutes les mains !
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mardi 22 octobre 2024

Les mystères de Yoshiwara

4 de couv' :
Avec ce roman nous pénétrons de plain-pied dans le monde fascinant de Yoshiwara, le plus grand quartier des plaisirs de la ville d'Edo, aux règles complexes et raffinées, et aux secrets bien gardés.
Un homme enquête : qui est-il, d'où vient-il ? Nous ne l'apprendrons qu'à la fin. Mais ce que nous comprenons, c'est qu'une "affaire" a eu lieu, et que cette affaire concerne la grande Katsuragi, l'une des courtisanes les plus prisées de Yoshiwara. L'un après l'autre, tenanciers de maisons, domestiques, amuseurs, geishas, entremetteuses, viennent répondre aux interrogatoires. Et chacun en profite pour se lancer dans des digressions ou des confessions cocasses, nostalgiques ou cyniques, qui donnent une image très vivante de ce qui fait son quotidien.
A travers ces histoires drolatiques, tragiques ou émouvantes, à travers ces diatribes truculentes, enthousiastes ou désabusée mais toujours pleines de verve, on voit revivre tout le petit peuple de Yoshiwara, avec ses lois, ses usages, ses rites, et ses savoureux systèmes.


Acheté cet fois sur ma bouquinerie en ligne préférée, ce roman est une bonne surprise. Pas seulement en raison de l'histoire ni de l'écriture, très agréable, mais de l'originalité de sa construction.

Chaque chapitre est le témoignage d'une personne du quartier de Yoshiwara, qui s'adresse à un personnage qui cherche à savoir les dessous de l'affaire. Ce personnage, dont on ne sait rien sinon à la toute fin, est celui qui suscite ses témoignages. Autant dire que tous les autres, en s'adressant à lui, semblent s'adresser à nous, lecteurs.

A cette différence prêt que lui sait qui il est et son lien avec l'histoire, et pas nous. Et que je dois avouer avoir échafaudé différentes théories, autant sur lui que sur le fin fond de l'histoire, qui se sont toutes écroulées comme château de cartes !

Mais le véritable intérêt du roman n'est pas l'intrigue, qui n'est en fait que le prétexte de faire découvrir aux lecteurs le fonctionnement du quartier des plaisirs d'Edo au début du XIXème siècle. C'est une véritable ville dans la ville qui est décrite ici, avec ses rites, ses règles, sa hiérarchie.
Je recommande particulièrement, avant d'entamer la lecture de ce roman, de lire en fin d'ouvrage la table des chapitres. Chaque chapitre étant en effet "dédié" à un personnage, le titre comporte son nom et sa fonction. Cela permet d'avoir une petite idée de la vue d'ensemble.
Mention spéciale aux cartes en début de livre, bien utiles pour se donner une idée d'ensemble.

Un roman aussi plaisant à lire que pour s'instruire.
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dimanche 20 octobre 2024

Sanaaq

4 de couv' :
L'auteur, Mitiarjuk Napaaluk, est une femme inuit née en 1931 dans la région Kangirsujuaq, au Nunavik. C'est une des personnalité les plus extraordinaires de l'arctique canadien. Sans jamais avoir fréquenté l'école, elle a appris l'écriture syllabique inventée par des missionnaires et a écrit, dans les années 1950, le premeir roman inuit  Sanaaq. Publiée en 1983 dans une édition en syllabique, cette oeuvre est restée, jusqu'à aujourd'hui, inconnue du grand public. Artiste renommée, Mitiarjuk a reçu en 1999 le Prix National d'excellence de la Fondation nationales des réalisations autochtones, et, en 2000, un doctorat honoris causa de la Faculté d'Éducation de l'Université McGill, pour sa contribution à la Commission scolaire Kativik, dans le domaine de l'éducation et de la culture.
(...)
Sanaaq est le nom de l'héroïne, dont on suit, tout au long du récit, les heurs et malheurs avant et après l'arrivée des premiers Blancs en pays inuit. À l'image de Mitiarjuk, c'est une femme forte et équilibrée, sensible et déterminée qui nous fait découvrir de l'intérieur, comme aucun Occidental, fût-il anthropologue, n'a encore pu le faire, la vie et la psychologie des Inuit confrontés à une nature extrême, à la nécessité de partage et à l'envahissement de leur territoire par les Blancs et leur civilisation.


Nouvelle petite trouvaille de la dernière braderie des médiathèques de Brest. J'ai me découvrir de nouvelle civilisations, de nouveaux auteurs, issus de nouveaux horizons. Là pour le coup, je suis servie et n'ai pas hésité longtemps avant d'ajouter ce livre à ma pile.

La lecture de ce livre fut pour moi assez ardue pour les deux tiers en raison de l'écriture que je n'ai pas trouvé agréable à lire. Les chapitres semblent être une succession d'anecdotes, il y a beaucoup de dialogues - encore que pour une fois, cela m'ait moins dérangée que pour d'autres romans -, ce qui donne une certaine dynamique, mais cela manque du coup de narration et surtout de descriptions ou explications pour mieux comprendre. Comme la vie des Inuit de cette époque, l'écriture est âpre, directe, sans fioriture. Un peu trop pour le coup, ou pour moi en tout cas. Cela est très différent dans le dernier tiers du livre, dont l'écriture est un revirement complet : plus travaillé, plus de narration, plus fluide. Surprenant.

Cela étant, bien qu'il s'agisse d'un roman, la grande qualité de ce livre est de permettre au lecteur de s'immerger dans la vie quotidienne des Inuit de cette époque : leurs coutumes, leur façon de vivre en famille, leur société, leurs valeurs. Rien que pour ça, ce livre est inestimable. La transition entre leur vie entre eux et l'arrivée des occidentaux, ce qui en découle est un moment charnière de leur histoire.
J'ai vite compris que ce roman (confirmé dans la postface) contient beaucoup du vécu de l'autrice.

Pour bien comprendre et apprécier ce livre, il est clair que la préface et la postface sont assez intéressantes (cette dernière contenant des éléments que j'aurais souhaité avoir lu dans la préface, même si je comprends le choix de la maison d'édition).
Une bonne idée également que le lexique inuit en fin de livre.

Si ce livre ne correspond pas à mes goûts littéraires, il reste intéressant d'un point de vue ethnologique pour la curieuse que je suis.
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jeudi 15 août 2024

Fille de samouraï

4 de couv' :
À travers Fille de samouraï, Etsu Sugimoto raconte son enfance au sein d'un Japon traditionnel dans lequel elle doit s'affranchir des pesanteurs sociales et culturelles imposées aux femmes de son époque. De Nagaoka dans la province d'Echigo (qui signifie "derrière les montagnes") à Cincinnati aux États-Unis où elle épouse un marchand japonais expatrié, elle revient sur son parcours singulier où elle a dû conquérir sa liberté.
Experte en culture japonaise, Amélie Nothomb a saisi dans la préface toute l'importance de ce témoignage. Selon elle, la fille du samouraï "subit toutes les contraintes du samouraï lui-même sans bénéficier d'aucun de ses privilèges". L'auteur de Stupeur et tremblements ajoute : "Un autre temps y est contenu. J'ai pris un plaisir immense à me plonger dans la prose délicate et minutieuse d'Etsu. Elle est irrésistible". Autant dire toute l'importance de cette autobiographie pionnière.


Dans ce livre, ce n'est pas tant la biographie d'une japonaise de la fin du XIXème siècle que l'on découvre, mais bien une partie de la société japonaise de cette époque, avec ses us et coutumes. L'autrice, tout en se racontant, arrive à se mettre suffisamment en retrait pour parler de son pays et d'une partie de sa société, de son milieu, de son siècle.

Elle réussit le tour de force de suivre une chronologie... et pas du tout. Tout en déroulant le cours de sa vie chronologiquement, le moindre détail est prétexte à relater une anecdote plus ancienne.

J'ai adoré sa comparaison entre les différences culturelles américaines et japonaise, faite non sans malice parfois effectivement.

Et si son récit s'arrête bien avant que ses enfants deviennent adultes et qu'elle-même soit une vieille dame, et qu'il est surtout basé sur nombre d'anecdotes, cela reste plaisant à lire et construit intelligemment.

Une de mes meilleures lectures de cet été, pour ne pas dire de cette année.
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jeudi 30 mai 2024

Patria


4 de couv' :
2011 : l'ETA, organisation indépendantiste basque, dépose les armes. Un armistice inédit qui bouleversera le destin d'une Espagne divisée par la haine et le nationalisme. Au coeur de ce conflit, deux familles, deux femmes : Bittori et Miren, amies d'enfance séparées par le terrorisme ; l'une est l'épouse d'une victime, d'un "assassiné", l'autre la mère d'un terroriste. 2011 résonne différemment chez elles : si Bittori décide de revenir au village pour trouver des réponses, Miren voudrait tout oublier...
Au-delà des convictions inébranlables, des blessures et du courage individuel, le destin de ces deux familles interroge sur l'impossibilité d'oublier et la nécessité de pardonner d'un pays brisé par le fanatisme politique.


Cette bande dessinée es une adaptation du roman "Patria", de Fernando Arrumburu, que j'avais particulièrement aimé à l'été 2021

Difficile d'adapter ainsi un roman aussi dense que celui-là, mais il faut reconnaître que Toni Fejzula l'a particulièrement réussi. Il a eu la bonne idée d'attribuer un code couleur pour chaque personnage que l'on repère plus facilement ainsi par la couleur des bulles. Les repères dans les va-et-vient dans le temps, entre passé et présent, s'en trouvent ainsi facilités, et je trouve que c'est là autant une marque de respect envers l'auteur qu'envers leurs lecteurs respectifs.
Qui plus est, il a admirablement su mettre sa propre "patte" dans cet ouvrage sans pour autant dénaturer l'oeuvre originale.
Petit bonus : j'ai parfaitement retrouvé dans la BD les décors que je m'étais imaginés en lisant le roman.

Une belle réussite, vraiment.
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mardi 30 avril 2024

Warda

4 de couv':
Venu rendre visite à des parents dans le sultanat d'Oman, le narrateur cherche vainement la trace de Warda et de son frère Yaarob, deux Omanais qu'il a connus à l'université du Caire les les années 1950 et qui, militants de gauche, se sont engagés dans les années 1960 dans ce qui allait devenir la guérilla de Dhofar. Quand il désespère de jamais les retrouver, il est abordé par un jeune homme qui lui remet des pages du journal intime de Warda. Sa propre quête se double dès lors du récit de la jeune femme qui raconte l'épopée des guérilleros du Dhofar, des premières victoires à la reprise en main par le nouveau sultan.
Courageuse, lucide, belle, Warda veut changer le monde. A travers  ce personnage vibrant, l'auteur rend un magnifique hommage à l'idéal révolutionnaire des années 1960 et à ceux qui y ont sacrifié leur jeunesse et parfois leur vie.


Aussi dur à lire qu'instructif !
Dur à lire pour moi qui n'ai pas toutes les références historiques et culturelles des pays du Moyen-Orient, même si ce livre reste quand même abordable. Il faut juste prendre son temps pour le lire car il y a un certain nombre de données à assimiler, et j'ai d'autant plus ralenti ma lecture durant les 100 premières pages, que j'ai beaucoup fait de recherches de cartes et biographies pour bien comprendre l'ensemble.

En dehors de ce petit - et pas insurmontable - souci, ce livre est très intéressant pour tous ceux qui aime l'histoire et s'intéressent à la culture d'autres pays.

Si on garde à l'esprit que l'auteur et les narrateurs ont tous été des militants communistes, ce roman-récit a été pour moi une vraie découverte historique et m'a beaucoup appris. Je n'ai pas tout retenu, loin s'en faut, mais il m'a permis de mieux comprendre les pays du Moyen-Orient. Cela m'a replongé aussi à la période de la Guerre Froide, et remémoré (on oublie vite !) ce que cela impliquait.
L'action des Etats-Unis, celle de l'URSS, et sont aussi écornées au passage les compagnies pétrolières (françaises incluses).

Le journal de Warda nous fait découvrir le quotidien de guérilleros, ainsi que celle des populations rencontrées. Par petites touches, ou allusions, on apprend beaucoup sur les conditions de vie des habitants. Comme quoi de longues descriptions sont moins parlantes que de simples petites phrases.

Vraiment, une belle trouvaille que ce livre, acheté un peu par hasard lors de la dernière braderie des médiathèques de Brest.
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vendredi 12 avril 2024

Lebensborn

4 de couv' :
Il y avait deux programmes nazis secrets :
le premier avait pour but d'exterminer les juifs dans des camps,
le second de faire naître des aryens dans des maternités.

C'est quand même un tour de force que de réussir à mettre de l'amour et de la poésie sur un sujet qui au départ en est tellement dénué.

Les dessins, les couleurs, le scénario, les textes et dialogues en font une histoire très douce, très forte aussi, d'où ressort un profond amour familial (du moins pour un côté de la famille).

Contrairement au diction, toute vérité est bonne à dire. Surtout aussi joliment.
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dimanche 3 mars 2024

Les soeurs d'Auschwitz

4 de couv' :
"Je veux que vous me promettiez et que vous promettiez chacune à vos deux soeurs de toujours veiller les unes sur les autres. Que vous ne laisserez rien vous séparer. Compris ?"
Slovaquie, 1942. Les années ont passé depuis que Livia, Cibi et Magda Meller ont fait ce serment à leur père. Car dans une Europe désormais à feu et à sang, chaque jour est un sursis pour les trois adolescentes juives.
Pourtant, quand Livia est arrêtée par les nazis, Cibi tient sa promesse et suit sa soeur dans l'enfer d'Auschwitz, où elles seront bientôt rejointes par Magda.
Confrontées à l'horreur et à la cruauté du camp, les trois soeurs vont formuler un nouveau voeu. Celui de survivre. Ensemble.

J'ai eu plus de mal à démarrer ce roman.
Le début évoquant la vie des trois soeurs avant leur déportation, cette période heureuse de leur vie m'a parue insupportablement mièvre, car autant j'ai pu apprécier ce style dans les Comtesse de Ségur, autant là cela m'a dérangée.
Puis je me suis dit que cela venait aussi sans doute du fait que j'ai lu les trois livres de façon rapprochée et donc qu'une certaine lassitude m'avait gagnée. Pas sur le thème, mais sur l'écriture. Si je n'avais pas décidé de les remettre à ma mère ce week-end (nous étions chez elle pour son anniversaire, d'où le choix de cette date), je l'aurais mis de côté et aurais choisi un autre livre totalement différent.
Je l'ai donc mis de côté quelques jours et l'ai repris.

Quand je l'ai repris, ça allait mieux. Mais j'ai continué à avoir le même ressenti que pour les deux précédents : trop romancé.
L'écriture n'est pas désagréable, le fait est qu'il est difficile d'écrire un roman à partir de témoignages sur un thème aussi grave, mais cette impression ne m'a pas quittée.

J'ai fini par comprendre d'où venais le problème, du moins à mon sens : le fait est que l'autrice s'est prise d'amitié pour ceux et celles qu'elle a interviewé, et n'a donc (peut-être) pas eu le réflexe d'avoir davantage de recul sur leur histoire pour le rendre plus factuel, donc plus réel pour le lecteur.
Car oui, c'est un roman, mais aussi un récit. Difficile de trouver un équilibre entre les deux.

Cela étant, une fois plongée dedans, difficile d'en ressortir, au point d'avoir failli manquer mon arrêt de bus en allant au travail jeudi matin, c'est dire !

Bref, bien que parfois trop romancé à mon goût, un livre prenant un indispensable témoignage de cette époque.
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vendredi 23 février 2024

Le voyage de Cilka

4 de couv' :
Cilka Klein n'a que 16 ans lorsqu'elle est déportée. Très vite remarquée pour sa beauté par le commandant du camp de Birkenau, elle est mise à l'écart des autres prisonnières.
Mais à la libération du camp par les russes, elle est condamnée pour collaboration et envoyée en Sibérie. Un deuxième enfer commence alors pour elle. Au goulag, où elle doit purger une peine de quinze ans, elle se lie d'amitié avec une femme médecin et apprend à s'occuper des malades à l'hôpital.
C'est ainsi qu'elle rencontre Alexandr et qu'elle découvre que l'amour peut naître même dans les situations les plus dramatiques.

Comme pour "Le tatoueur d'Auschwitz", ce roman se base sur une personne qui a réellement existé, à partir de témoignages que l'autrice a pu récolter à son sujet. Après recherches sur Internet, je me suis rendue compte que son histoire tient largement plus de la fiction que de la biographie.
L'autrice ne s'en cache d'ailleurs pas : par exemple Cilka - la vraie - avait deux soeurs, dans le roman elle n'en a plus qu'une qui est un condensé des deux.

Sur l'histoire racontée dans ce roman : j'ai été happée dès les premières pages et ai eu du mal à en décrocher. On se prend d'affection pour le personnage, on envie de suivre ses aventures, savoir ce qui va lui arriver jusqu'à sa libération (et si elle est libérée, vu qu'elle se trouve dans un goulag), si elle va vraiment passer 15 ans dans ce camp, comment elle va survivre, etc.

Mais si le contexte du goulag est bien posé dès le début, je trouve qu'il est plutôt survolé dans le reste du livre. Et que l'autrice n'insiste pas plus que cela, n'y faisant que des allusions par la suite. Par exemple : des personnages marchent sous la neige à un moment. Mais on est en Sibérie, ce n'est pas comme s'ils étaient dans nos contrées, là-bas ils sont sous des températures avec des dizaines en-dessous de zéro quand même, ça aurait dû être décrit avec un peu plus de difficultés que cela...
Au lecteur donc de s'en rappeler au fil du livre, ce qui n'est pas gênant au final. Mais je dois avouer que par moment, je n'avais plus l'impression qu'elle était au goulag. Des détails de la vie là-bas sont inclus dans le roman, mais j'ai parfois eu l'impression que d'autres manquaient pour lui donner davantage de substance.

Cela étant, mention spéciale à l'honnêteté de l'autrice qui explique en postface sa façon de procéder sur la création des personnages et du roman, ainsi qu'à la postface d'Owen Matthews, qui rend compte de la réalité historique des goulags et du contexte politique de l'époque.

Un très bon roman, prenant, pour le moment mon préféré des trois tomes.
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samedi 17 février 2024

Le tatoueur d'Auschwitz

4 de couv' :
L'histoire vraie d'un homme et d'une femme qui ont trouvé l'amour au coeur de l'enfer.
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent à l'entrée du camp d'Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C'est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu'il marue à jamais.
Un jour, pourtant, il lève les yeux sur Gita, et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d'une noirceur infinie. Ils savent d'emblée qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Dans cette prison où l'on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n'y a pas de place pour l'amour.
Ils doivent se contenter de minuscules moments de joie, qui leur font oublier le cauchemar du quotidien. Mais Lale fait une promesse à Gita : un jour, ils seront libres et heureux de vivre ensemble.


J'avais beaucoup entendu parler de ce livre et des tomes suivants qui ont eu un assez grand succès (ce tome-ci faisant l'objet d'un film ou série). Comme d'habitude, j'ai préféré attendre que l'enthousiasme retombe un peu pour le lire (merci maman de m'avoir a-offert les trois tomes à Noël).

Je suis un peu mitigée sur ce livre. Certes, il est basé sur le témoignage de Lale, qui a réellement existé, certes l'autrice est scénariste avant d'être romancière, mais hélas ça se ressent.
J'ai eu un peu de mal avec l'écriture qui, si elle ne manque pas d'empathie, a tendance à seulement dire les choses les unes après les autres. Une fois passé cela, on se surprend à se plonger dans l'histoire, occultant complètement ce qu'il y a autour de nous.

Autre chose qui m'a un peu dérangée : j'ai déjà lu d'autres livres sur les camps de concentration, dont beaucoup de livres de Christian Bernadac en particulier, qui sont des recueils de témoignages de survivants des camps de concentration nazis.
Comme beaucoup dans les années 1980, j'ai adoré lire et regarder (télévision et film) "Au nom de tous les miens". Et relire et re-regarder.

Je trouve donc que ce livre, sur le côté témoignage, recèle des faiblesses. Je n'ai pas l'impression que l'autrice, en parallèle de ce témoignage, ait fait des recherches sur les camps de concentration pour rapprocher le témoignage au plus près de la réalité. Je ne me rappelle pas par exemple (mais comme je ne me rappelle pas, peut-être est-ce moi qui ait tort, que les prisonniers n'avaient pas à travailler le dimanche. Dans mes souvenirs - ou était-ce un ressenti à le lecture de tous ces livres de témoignages - les prisonniers travaillaient constamment, sans jour de repos, jusqu'à en crever.

Si l'autrice ne cache rien de la cruauté des camps, elle donne l'impression de survoler le "réel" de cette survie là-bas. Ce qui a au moins le mérite de ne pas tomber dans le pathos, ce qui aurait été pire.

Cela étant, ce roman a le mérite de contribuer au devoir de mémoire et de continuer à ne pas faire sombrer cette partie de l'histoire dans l'oubli. Plutôt salutaire par les temps qui courent avec les prochaines élections européennes...
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dimanche 4 février 2024

Consolée

4 de couv' :
1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, petite fille métisse, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour "enfants mulâtres".
Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du sud-ouest de la France. Elle y rencontre Mme Astrida, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue. En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de la vieille dame, Ramata se retrouve confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.
Un roman poétique, d'une grande actualité, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.


En me promenant et donc furetant dans ma librairie préférée, mes yeux ont été attirée par cette magnifique couverture. "Ne pas juger un livre à sa couverture" dit-on, mais sur ce coup-ci, fi du dicton, et j'ai bien fait.
Je vous rassure, je l'ai pris aussi parce que le résumé m'intéressait.

Roman moderne par son sujet, on se laisse porter par une écriture simple, délicate, et d'une très grande humanité qui dit les choses sans chercher à convaincre. Mais par sa simplicité, son humanité, l'autrice y arrive quand même par cette simple évidence des choses vécues.
Notez que convaincue, je l'étais déjà, mais j'ai mieux compris certains aspects et les points de vue de la jeune génération, petits-enfants d'émigrés grâce au personnage d'Ines, la fille de Ramata.

Ce roman choral à trois voix, (Consolée, Ramata et Astrida qui est en fait le nom donné à Consolée une fois enlevée à sa famille) est plus efficace que n'importe quel traité sociologique ou historique sur le sujet.

D'une grande douceur, parfois un peu bousculée, comme Ramata, avec les opinions de sa fille qu'elle a un peu de mal à comprendre, ce livre dit les choses sans forcer.

Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de lien entre Ramata et Astrida, mais au final c'est mieux ainsi, car plus réaliste. Et l'essentiel du livre n'est pas là de toute façon.

Il tacle un peu aussi les conditions de travail dans les Ehpad, bien qu'il ne mette pas assez en évidence le dévouement et la souffrance au travail de leur personnel, qui voudrait tant faire mieux et plus pour leurs résidents si on voulait bien y mettre les moyens.

En résumé, un livre profondément humain, et vrai.

dimanche 21 janvier 2024

Au loin, quelques chevaux, deux plumes...

4 de couv' :
Juillet 1900. Le bourgeois Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre. Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Étrangement, à cause d'une image échappée de son portefeuille, Curtis a la vie sauve. Encore plus étrange, le bandit qui l'a épargné l'entraîne avec lui dans un long et dangereux périple? Jusqu'à cette réserve indienne dans laquelle le photographe va trouver sa vocation : témoigner de la misère, de l'invisibilisation et de l'oubli. Pour la mémoire d'un peuple.

J'ai été happée dès la première page l'écriture, l'histoire et la façon de la raconter.
Si le début est dur, le sujet lourd, que certaines parties de l'histoire vous prend aux tripes, l'auteur réussit malgré tout le tour de force de ne pas tomber dans le pathos et même de faire rire.

Il faut dire que tous les personnages de l'histoire sont présentés sous leur vrai jour, rendant justice et leur dignité aux indiens, mettant en relief le ridicule et la cruauté des blancs. Sous une apparente neutralité, l'auteur écrit du point de vue des indiens, ce qui change de l'histoire officielle et autres westerns hollywoodiens...

Un roman qui remet les choses - et les gens - à leur place, sur une belle amitié entre deux personnes que tout oppose.

Je ne sais pas la part de vérité sur les personnages principaux, dont le photographe qui a réellement existé et dont voici un lien vers sa biographie : Edward Sheriff Curtis

Une réussite !
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samedi 20 mai 2023

La fille de l'ogre


4 de couv' :
Le bouleversant destin de Flor de Oro Trujillo, la fille d'un des plus sinistres dictateurs que la terre ait portés.
1915. Flor de Oro naît à San Cristobal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien de moins que la tête de l'État. Il est déterminé à faire de sa fille une fille cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle quitte alors sa famille pour devenir pensionnaire en France, dans le très chic collège pour jeunes filles de Bouffémont.
Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra la premier de ses neuf amris, Porfirion Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi gigolo, mi diplomate-espion, qu'elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir, comme tous les Dominicains entièrement soumis au Bienfaiteur de la Patrie, ce distateur sanguinaire.
Marquée par l'emprise de ces deux hommes à l'amour nocif, de mariages en exil, de l'Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.


Grande fan de "Les déracinés" et suite, autre suite et BD, c'est donc en toute logique que j'ai choisi de lire cette biographie.
On ne découvre pas tant que cela les dessous politiques du "règne" Trujillo. Distant il est avec sa fille (sauf quand il l'utilise pour aboutir à ses fins), donc de loin verrons-nous, sporadiquement, les rouages de cette dictature. Sans que ce soit édulcoré, ni détaillé.
Mais en dehors de la vie ô combien chaotique de cette fille mal-ou-bien-aimée suivant le contexte et les intérêts de l'ogre des Caraïbes, nous découvrons les dessous de la vie politique mondiale, et surtout américaine (entendez par là pas seulement états-usienne), de l'époque.

Une dictature qui s'exerce sur sa propre famille. En dehors d'une vie (le plus souvent, suivant qu'elle entre en grâce ou disgrâce de son géniteur) relativement fastueuse, elle n'aura finalement bénéficié que de la marge de manoeuvre accordée par "papi", comme elle l'appelle. Elle n'aura jamais vraiment travaillé, entretenue par l'argent accordé par son père et même dans les périodes où il la renie, elle arrive à s'en sortir avec ses économies. D'un point de vue matériel, pas tant que ça à plaindre au final.
Mais d'un point de vue humain, un désastre...

Du moins est-ce ainsi que sa vie est présentée par Catherine Bardon, qui a fait un remarquable travail de recherche, il faut le souligner, tant la vie de cette femme est à présent tombée dans l'oubli.
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mardi 28 février 2023

Le loup bleu


4 de couv' :
Gengis-khan (1167-1227) - le "conquérant du monde", selon ses chroniqueurs - avait formé un empire démesuré allant de Pékin à la Volga. Inoue Yasushi raconte l'épopée de ces fils du "Loup bleu et de la Biche blanche", les chevauchées triomphantes, les butins fabuleux et les carnages qui entraînèrent les hordes mongoles en terre d'Islam et, au-delà de la Grande Muraille, dans la mythique Chine.
Mais, de bataille en bataille, c'est à la découverte d'un homme énigmatique que nous convie l'écrivain : à partir des chroniques de l'Histoire secrète des Mongols, il reconstitue peu à peu le mystère de la vie de celui qui n'uet de cesse de devenir le légendaire "Loup bleu".


Difficile pour un romancier d'écrire un roman sur un personnage historique aussi connu, et de vulgariser toute une culture, une époque et ce qui a été une vie de conquêtes.
C'est pourtant ce qu'a réussi à faire Yasushi Inoue, dans une écriture très agréable à lire.

Je dois cependant reconnaître que le nombre de conquêtes fait qu'on finit par se lasser de passer de l'une à l'autre (je vous rassure, sur la fin du livre), même si l'auteur se contente pas d'une simple énumération et les entrecoupe de séquences de la vie personnelle de Gengis-khan, et de considérations tactiques ou politiques.

Il ne s'agit pas ici non plus de valoriser un personnage historique  considéré et admiré par les uns comme le fondateur de l'empire mongol, ni de servir une critique acerbe de celui qui est considéré par les autres comme un conquérant sanguinaire.
L'auteur évite toute considération passionnée et arrive à un bel équilibre, en évitant d'accentuer le négatif ou d'enjoliver toute conquête. Une belle objectivité qui sert autant l'Histoire que le roman.
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mercredi 30 novembre 2022

Le voyant


4 de couv' :
Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyrant est arrêté en 1943 par la Gestapo, puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient "The Blind Hero of the French Resistance". Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

Et me voici à nouveau dans les lectures du challenge Booknode 2022, dont le thème cette fois est "un livre qui parle d'un sens" (pas facile à trouver, croyez-moi). A force de recherches sur ce thème, je suis tombée sur cette biographie.

Et je suis bien contente de ce thème de challenge, sans quoi je n'aurais sans doute jamais entendu parler de lui qui, vite tombé aux oubliettes en France, semble ultra-connu aux USA et en Allemagne, et dont les rares écrits (il faudra que je m'en procure un) sont étudiés dans ces deux pays.

La découverte pour moi n'est pas que sur ce personnage, intelligent, solaire, volontaire, elle est aussi sur l'auteur de ce livre dont le nom et le visage ne m'étaient pas inconnus, mais que je n'avais jamais lu jusqu'ici.
Son écriture est tout simplement magnifique, un pur bonheur de lecture et de l'intellect, je ne sais pas dire mieux.

Certes, ce livre est avant tout un hommage, et l'écriture le traduit bien -mais sans ostentation-, et il ne manque cependant pas d'objectivité.
L'édition que j'ai lue est la version poche, ce qui fait qu'elle est augmentée d'une postface centrée sur l'après de la première publication de ce livre retraçant les rencontres suscitées, corrigeant les erreurs ou imprécisions, ajoutant des données.
Pour un hommage en forme de biographie, on ne peut trouver plus complet.

Et puis cette écriture, vraiment, cette écriture...
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dimanche 27 novembre 2022

Arelate - Tomes 1 et 2



4 de couv' :
À la fin du premier siècle de notre ère, dans la cité d'Arelate (Arles), suivez le quotidien de nos héros : Vitalis, tailleur de pierre que ses vices vont rattraper et Neiko, adolescent qui ne rêve que de prendre la mer.
Deux destins qui se croisent et s'influencent loin de la vie des grands personnages de l'Empire.

Je suis mitigée sur cette bande dessinée. Autant j'ai aimé les images sépia, autant j'ai moins aimé les dessins des personnages : soit ils ne se ressemblent pas d'une case à l'autre, soit ils ressemblent trop à d'autres personnages, sans compter parfois problème de proportions. Et dans certaines scènes d'actions, ils semblent trop figés (critique que j'ai déjà faite pour d'autres dessinateurs d'autres bandes dessinées).

L'histoire sur ces deux tomes est assez classique pour une bande dessinée traitant de cette période, encore que le scénariste ait plutôt innové. Elle est surtout au service de l'Histoire qui est ici particulièrement bien reconstituée. Mention spéciale au dossier en fin de chaque volume, qui reprend certains passages de l'histoire pour détailler davantage certains points spécifiques de l'époque (condition féminine, jeux, gladiateurs, classes sociales...).
Cela fait mouche car en cours de lecture on se dit qu'on voudrait en connaître plus sur tel ou tel sujet.
A noter que cette série est recommandée par l'Education Nationale.

Donc juste pour la bande dessinée, sympathique mais sans plus, mais pour l'aspect historique, un sacrément beau travail.

mardi 11 octobre 2022

Pachinko


4 de couv' :
Début des années 1930. Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par un riche négociant étranger. Lorsque cette dernière tombe enceinte et découvre que son amant est déjà marié au Japon, elle refuse le marché qu'il lui propose : devenir sa seconde épouse, "l'épouse coréenne".
Pour éviter la ruine et préserver sa famille du déshonneur, Sunja choisira une troisième voie : la mariage avec Isak, un pasteur chrétien qu'elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au pays du Soleil-Levant. Cette décision est alors le point de départ d'un douloureux exil, qui s'étendra sur huit décennies et quatre générations.
Avec une justesse historique remarquable et une écriture précise et dépouillée, Min Jee Lee nous offre un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les immigrés pour trouver leur place en pays étranger.


Si la lecture de ce livre m'a enthousiasmée car l'histoire est vraiment intéressante, j'y mettrai cependant un certain nombre de bémols.

L'écriture est agréable mais sans plus et vu le succès de ce roman, je m'attendais à mieux. Le succès est donc plutôt dû à l'histoire, qui retrace tout un pan de l'Histoire de la Corée et du Japon et la façon dont les coréens ont été traités et en Corée, et au Japon.
Il y est fait allusion dans "Le poids des secrets", ce livre-ci m'a mieux fait comprendre le vécu de tout un pan de cette population.

Cela étant, on n'a guère d'explications sur cette colonisation de la Corée par le Japon. Les personnages la subissent, ou luttent contre, mais sans qu'on entre réellement dans les détails. Ils vivent leur vie comme ils peuvent, détachés (car trop dangereux) de tout ce qui est politique. Ceci n'est guère dérangeant pour le lecteur, puisqu'il s'agit avant tout de l'évolution d'une famille coréenne à travers les âges.

La dernière partie du livre m'a cependant moins plue : La vie des différents personnages dans les années 1970-80 m'a moins enthousiasmée que le reste du roman et je suis perplexe aussi sur la toute fin du roman, qui m'a laissé un goût d'inachevé.
Et un certain passage était peut-être très important selon le point de vue de l'autrice mais pas du tout en ce qui me concerne et n'apporte pas grand chose à l'histoire finalement. A moins de vouloir montrer une évolution des moeurs qui ne se fait que clandestinement, hypocritement.

Cela étant, ce roman est une très bonne histoire d'une famille tout au long du 20ème siècle (il commence  en 1910 et se termine en 1989), qui nous apprend l'histoire et la condition sociale des coréens vivant au Japon. En particulier ceux qui, bien que nés au Japon, n'ont pas la nationalité japonaise (pas de droit du sol là-bas) et sont coréens bien que la majorité d'entre eux n'aient jamais mis les pieds en Corée. Sans compter le racisme qui va avec. La fin laisse entrevoir une (légère) amélioration des mentalités, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il en est de nos jours.

Donc malgré ces quelques bémols, un livre prenant et instructif.
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dimanche 9 octobre 2022

Le temps est venu / Eveillez-vous à la liberté


4 de couv' :
Lorsqu'en 1994, après des décennies de lutte contre l'apartheid et vingt-sept années d'incarcération, Nelson Mandela devient président de la République sud-africaine, c'est un triomphe. Dès ce moment, Noirs et Blancs s'engagent dans le difficile processus de réconciliation.
Apprendre à vivre ensemble, c'est ce même défi que lançait Nehru au peuple indien en 1947, lors de l'accession à l'indépendance : faire de l'Inde un pays libre et démocratique, oublier les différences, réconcilier les pauvres et les princes.


S'agissant de deux discours, écrit dans des moments ô combien charnières dans l'histoire de ces pays, difficile de les commenter sans tomber dans des poncifs ridicules, d'autant que je ne suis pas historienne.

J'ai été surprise du choix de rassembler ces deux-là dans le même ouvrage et qui plus est pas par ordre chronologique.

Mais finalement, le choix est effectivement judicieux car s'il ne s'agit ni du même pays, pas même du même continent, encore moins de la même époque (presque un demi-siècle les sépare), le contexte est cependant le même : deux pays qui se trouve dans un moment de bascule dans leur histoire, qui doit réunifier un peuple dont les institutions précédemment en place ont tellement cloisonné les différentes catégories de population que la tâche semble insurmontable.
Mention spéciale aux chronologies (très éclairantes, même pour une piqûre de rappel) placées en fin de chaque discours. J'ai aussi apprécié d'avoir la version en anglais.

Ce qu'il est est advenu par la suite, on connaît, mais il est bigrement intéressant de se placer en les lisant du point de vue historique, du contexte de l'époque et évidemment de ce qu'on sait des suites.

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