Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir. Afficher des couleurs serait manquer de respect aux morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer à son défunt mari les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de Saint-Sébastien, où son époux a été assassiné. Or le retour de la vieille femme va ébranler l'équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l'organisation terroriste.
Des années de plomb du post-franquisme jusqu'à la fin de la lutte armée, Patria s'attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d'homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L'ETA a désormais déposé les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l'oubli.
Magnifique ! J'ai vraiment été emportée par l'histoire, bien que la chronologie soit bouleversée et que chaque chapitre corresponde à un personnage à la fois, à un moment donné de sa vie, son point de vue.
Un sujet complexe, douloureux, que l'auteur a admirablement bien traité, sans trop de parti pris, sans jugement ni idéalisme. Chacun y donne son opinion.
Le fait que la chronologie ne soit pas respectée permet de reconstruire l'histoire petit à petit, ainsi que la vie de chaque personnage, l'avant comme l'après, et ainsi chaque personnage lui-même.
L'auteur profite du chapitre 109 pour indirectement s'expliquer sur le choix de ce thème et sur ce livre (par le biais d'une conférence où intervient justement un auteur ayant écrit un livre sur le sujet, avec en plus le luxe d'avoir pour contradicteurs un des personnages lui-même). Un chapitre intéressant car montrant que rien n'est simple pour les victimes... ni pour tout auteur écrivant sur le sujet (de préférence par le biais d'une fiction).
Et malgré un sujet aussi dur, lourd et sensible... de l'humour, beaucoup.
Chapeau bas.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire