4 de couv' :
Fleur et Harmonie ont des prénoms un peu... trompeurs.
Harmonie est jeune, nerveuse, sensible. Elle est affligée d'un syndrome pénible, et se collète résolument avec une vie qui ne lui fait pas de cadeaux.
Fleur est âgée, obèse, pétrie d'angoisse, de manies. Elle vit seule avec son chien Mylord et son armoire à pharmacie. Elle se méfie de tout le monde, sauf de son thérapeute, lecher docteur Borodine.
Autour d'elles, Elvire, Tonton, le merveilleux Monsieur poussin. Autant de personnages singuliers, touchants et drôles.
Rien n'aurait dû les rassembler, si ce n'est leur étrangeté et le fait que la société fait d'eux des inclassables, incapables, déclassés, bras cassés.
Dans ce roman, il y a de la musique russe, un petit chien en surpoids, des gens un peu fêlés, des monstres improbables, de très beaux portraits en noir et blanc, de la traîtrise et du drame, et - ce n'est pas du luxe - un peu de tolérance.
Truculent.
C'est drôle, émouvant, exquis !
Roman choral qui donne la parole soit à Fleur, soit à Harmonie, et avec lequel, en ajoutant la vision des choses de chacune, on complète (avec joie voire hilarité) le puzzle des évènements. Le regard que chacune a sur l'autre est un miroir que l'on nous renvoie, à nous lecteurs, et nous interpelle sur nos propres a priori.
Car le fond du roman est celui-là même : le regard que l'on porte sur soi-même (rarement objectif, que ce soit en négatif ou positif) et sur les autres (assez subjectif aussi. Les apparences...).
Et l'écriture, changeante suivant la narratrice des chapitres, est purement délectable. L'autrice a réussi avec brio à nous faire rire (mais pas rire de) tout en nous rendant ses héroïnes aussi attachantes qu'émouvantes.
J'avais beaucoup entendu parler d'elle, je relirai certainement d'autres de ses romans.
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