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dimanche 4 octobre 2015

Prix Cezam 2015 - mon classement

Voici donc mon classement pour le prix ittéraire Cezam de cette année. Et comme tous les ans, ce fut difficile d'établir un classement, la plupart m'ayant beaucoup plu, ou au moins certains autant que d'autres, alors trouver un ordre de préférence n'est guère aisé. Pas sans avoir l'impression de "trahir" certains auteurs en tout cas.

A noter que je n'ai pas lu l'un des romans faute de pouvoir l'emprunter à temps (mais 9 romans sur 10, c'est plutôt pas mal quand on sait que je n'ai pas lu que ça !).
Et j'ai refusé d'attribuer une note à "Terminus Belz", tellement j'étais en colère de cette vision que l'auteur donne des bretons (tellement loin de ce que nous sommes réellement) et déçue de ce polar que - contrairement aux commentaires dithyrambiques que j'ai pu lire un peu partout - j'ai trouvé franchement moyen et inégal. Bref, à ce moment là, je ne pouvais pas mettre le moindre point.

Donc, par ordre de préférence, 10 étant la note attribuée au roman préféré :
10 - De père légalement inconnu, de Françoise Cloarec
9 - L'Oubli, de Emma Healey
8 - Le liseur de 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent
7 - Le dernier gardien d'Ellis Island, de Gaëlle Josse
6 - Buvard, de Julia Kerninon
5 - Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre, de Céline Lapertot
4 - Le complexe d'Eden Bellewether, de Benjamin Wood
3 - L'égaré de Lisbonne, de Bruno d'Halluin

Reste à attendre les résultats officiels, je pense que ça se jouera entre L'Oubli et, hélas, Terminus Belz.
A suivre...
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mercredi 29 juillet 2015

Terminus Belz

4 de couv' :
Il s'appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de tout sauf du vent. Mais quand le jeune ukrainien débarque du ferry, l'accueil est plutôt rude. Le métier du grand large en a pris un coup, l'embauche est rare sur les chalutiers et les marins rechignent à laisser la place à un étranger. Et puis de curieuses histoires agitent en secret ce port de carte postale que les locaux appellent "l'île des fous". Les hommes d'ici redoutent par-dessus tout les signes de l'Ankou, l'ange de la mort, et pour Marko, les vielle légendes peuvent se montrer aussi redoutables que les flingues de quelques tueurs roumains.
Tricotant avec brio un huis clos inquiétant et une course-poursuite haletante, Emmanuel Grand mène son thriller d'est en ouest à un train d'enfer.


Voici un polar qui est loin de tenir toutes ses promesses (ou plutôt celles de sa campagne de pub). Assez inégal, comme si l'auteur hésitait entre plusieurs styles de polars, je n'y ai de plus pas trouvé la "course-poursuite haletante"promise dans le quatrième de couverture.
J'ai eu la désagréable impression que l'auteur avait utilisé différentes ficelles qui existent dans le polar, en oubliant qu'un bon et vrai auteur de polar n'en aurait utilisé qu'une seule et s'y serait tenu : ici, ce mélange des genres fait que du coup, ça part dans tous les sens et n'aboutit nulle part par manque de cohérence. Que ce soit l'histoire en elle-même ou la structure du roman.
Et si mettre en parallèle les deux histoires que sont la vie sur l'île d'un côté et la la mafia roumaine de l'autre, était au départ une bonne idée, le résultat s'avère au final un pétard mouillé.

Voilà pour le polar en lui-même.

Ce qui m'a particulièrement déplue, en tant que bretonne, est que non seulement l'auteur pompe allègrement "La légende de la mort" d'Anatole Le Braz (qui est en gros un recueil de légendes de la fin du XIXème siècle, ce que Emmanuel Grand n'a visiblement pas compris) mais surtout qu'il fait passer les bretons de ce siècle pour de gros ploucs arriérés bornés et superstitieux.
Le cas typique du bobo parisien qui n'a jamais mis les pieds en Bretagne mais croit tout savoir sur sa culture en la confondant avec un ersatz de folklore qu'il tronque en le survolant.

A éviter absolument si on ne veut pas se sentir insulté en tant que lecteur amateur de bon polar et/ou en tant que breton.
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lundi 27 juillet 2015

Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre

4 de couv' :
"J'ai sept ans, ma chambre éclate de beauté, jusqu'à ce que j'entende la porte claquer. La réunion de papa ne s'est pas bien déroulée. Son défouloir officiel courbe sa dépendance. C'est pitié de la voir ainsi, chien soumis, c'est pitié de la voir endosser son rôle, car tel est son destin, demander grâce pour le moment où elle n'arrive plus à le supporter. Aucune cassure dans la voix, pas de verre pilé dans les sourires, elle avance d'un pas lent et sûr vers la raclée qu'elle a accepté de recevoir. Du haut de mes sept ans, j'ai déjà perçu qu'elle a accepté le stade où elle cherchait à comprendre ce qui avait pu se passer. Elle encaisse, et son existence lui convient, tant qu'elle peut garnir nos assiettes.
Maman est la femme d'intérieur. La femme parfaite pour les hommes qui ne savent se rêver qu'en maîtres de leur petit monde."
Quand la souffrance dépasse 'entendement, ne reste qu'une solution : tuer pour exister. Charlotte a tenu le choc. Elle a gardé le silence, jusqu'au jour...
Voici l'histoire d'une inhumanité honteuse, intime, impossible à dire. Dans une lettre adressée au juge devant lequel elle répondra de ses actes, Charlotte, Antigone moderne et fragile, pousse le cri la libérera... Peut-être.


En dehors de l'atrocité de l'histoire de cette enfant martyre sur laquelle l'auteure a l'intelligence de ne pas s'appesantir lourdement car elle sait les lecteurs suffisamment intelligents pour en saisir toute la portée (du moins autant qu'on le peut quand on n'a pas connu cette situation), c'est aussi tout un mécanisme des psychologies des personnages qui est ici détaillé.

Et avec une belle musicalité dans l'écriture, s'il vous plaît. Une musicalité prenante, qui donne malgré tout envie de savoir la suite, d'avancer vers ce qui a mené Charlotte à franchir le pas, à comprendre son silence, qu'elle justifie avoir une froide et désespérée lucidité, page après page, année après année.

Une belle manière de raconter une histoire à la base si pénible.
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jeudi 23 juillet 2015

De père légalement inconnu

4 de couv' :
"Elle veut un nom, une photo, une tombe peut-être."
La guerre d'Indochine approche de son terme scellé par la bataille de Diên Biên Phu. Dans le port de Saigon des enfants embarquent sur un paquebot, laissant derrière eux une mère au-delaà des larmes, une terre à feu et à sang, une civilisation bafouée, un passé bercé par l'amour maternel et obscurci de secrets. L'un d'eux est une fillette ayant pour prénom Camille.
De père légalement inconnu est l'histoire d'une quête, c'est aussi celle d'une étrange histoire d'amour et d'abandon. Presque une vie durant Camille voudra que l'officier, amant de sa mère, Thi Vien, ait un visage, un coeur et un destin. D'espoirs en déception, et jusqu'à la révélation finale, la mémoire de Camille ressuscite des mondes disparus, flamboyants ou ternes, et des odeurs, des parfums, des ombres et des voix.

J'ai adoré ce livre.

Tout d'abord, parce que moi-même férue de généalogie, j'ai particulièrement apprécié cette recherche d'un père par Camille. C'est un peu ça, la généalogie : partir à la recherche d'ancêtres inconnus, avoir de belles surprises au détour d'un simple acte de naissance, et se rendre que la grande et la petite histoires se rejoignent.

Et ici, elles s'y rejoignent d'autant plus que l'époque coloniale, entre la seconde guerre mondiale et les prémices de la décolonisation, est on ne peut plus riche historiquement.
Au-delà de l'histoire de Camille c'est donc toute une époque, une vie codifiée que l'on retrouve ici.

Et ici, pas de jugement, pas d'apitoiement, juste des faits mais avec juste ce qu'il faut d'humanité pour ne pas oublier que ce sont d'êtres humains avant tout dont il s'agit, quelque soient les choix qu'ils aient faits et quelle que soit la portée des conséquences.

Un bien beau roman.


"Delore a en tête la réflexion qu'a faite une religieuse à Pierre Mille lors de la visite d'un pensionnat au Cambodge : "Voici les petits péchés de ces messieurs !""

"On ne parle pas seulement pour enterrer les morts, mais aussi pour resserrer les liens entre les vivants."

mardi 21 juillet 2015

L'égaré de Lisbonne

4 de couv' :
1500. Deux ans parès l'ouverture de la route des Indes par Vasco de Gama, l'armada de treize nefs et caravelles commandées par Pedro Alvares Cabral s'engage elle aussi en direction du Cap de Bonne-Espérance.
Joao Faras, médecin et chirurgien du roi du Portugal, cosmographe, est embarqué dans l'aventure. Il est amené à dessiner le contour de côtes jusqu'alors jamais observées, espérant ainsi contribuer à l'enrichissement du très convoité Padrao Real, la carte du monde royale et secrète. Envoûté ou effrayé par les peuples rencontrés, malmené par la tempête, la maladie et la faim, il se languit de sa famille et doute de jamais revoir Lisbonne, porte sur la mer océane.
En ces temps de grandes découvertes, Joao erre entre le Moyen Âge et la Renaissance, le judaïsme et le christianisme, entre la terre et la mer, l'Ancien et le Nouveau Monde.


Pour être honnête, les histoires de navigateurs et de marins en général n'ont jamais été mon sujet de lecture préféré (oui, je sais, le comble pour une bretonne).
Ce qui m'a plu ici est justement le fait que faisant partie de la sélection du prix des lecteurs Cezam, cela m'a poussé à le lire et donc me sortir de mon confort et de mes habitudes de lecture, ce qui est toujours distrayant alors que nous autres lecteurs avons tendance à ronronner dans nos sujets de prédilections.

Cela étant, et bien que l'histoire reste plaisante et se déroule à une époque que j'affectionne particulièrement, j'ai eu du mal à comprendre les motivations du personnage central pour certains de ses actes, l'évolution ne se faisant de manière suffisamment progressive à mon goût, de même que l'accomplissement de ces derniers (en même temps, il s'agit d'un roman assez court).

J'ai bien aimé cette histoire qui est celle de la Lisbonne de l'époque, et particulièrement apprécié que l'auteur nous laisse le choix entre suivre les pérégrinations du navire par le texte ou une carte (je l'avoue, j'ai très vite opté pour la carte...), et les explications en fin de roman nous éclairant sur l'époque et les personnages.

Pas mon préféré de la sélection au regard de mes préférences de lecture, mais agréable à lire cependant.
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jeudi 2 juillet 2015

Le dernier gardien d'Ellis Island

4 de couv' :
New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du bureau fédéral de l'immigration, est resté seul dans ce lieu désert, à la fois gardien et prisonnier de cet ilot sur l'Hudson River, en face de Manhattan. A quelques jours de son départ, il éprouve le besoin de se libérer du souvenir de plusieurs épisodes de sa vie à Ellis et commence un journal. Jusqu'au moment où...
Remords, transgression, devoir, perte, solitude, exil, mais aussi émotion amoureuse, sincérité. John Mitchell remonte le courant de sa vie.


Le titre vous dit tout, en ce sens que ceux qui veulent vraiment connaître mieux l'histoire, l'Histoire et les histoire d'Ellis Island vont se retrouver déçus (encore que si vous croyez vraiment trouver quelque chose d'aussi dense dans un court roman de 166 pages, vous êtes un chouïa cou****n(e)).

C'est donc bien du dernier gardien (ou directeur) d'Ellis Island dont il est question ici, de retours en arrière sur sa vie à Ellis Island, avec en effet ses remords, ses regrets, l'évocation de fragments de certaines des vies qu'il y a croisés. De son propre bilan sur ceux qui restent le hanter et sur sa propre vie.

La fin m'a laissée un peu circonspecte, mais l'auteure a ainsi le mérite d'éviter une fin d'une banalité trop facile et trop convenue pour ce type de roman.

Un roman plaisant à lire, une jolie pause dans mes lectures actuelles.
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lundi 29 juin 2015

Le liseur du 6h27

4 de couv' :
Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l'usine. Chaque matin en allant travailler, comme  pour se laver des livres broyés, il lit à haute voix dans le RER de 6h27 les quelques feuillets sauvés la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant. Un jour, Guylain découvre les textes d'une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie...
Un roman original et bienfaisant, généreuse réflexion sur les rapports humains et ode aux vies simples, à l'amour et à la littérature.


Ce livre et moi avons bien commencé notre histoire. Déjà, le deuxième de couverture est la photo de l'auteur, bouille accueillante, sympathique et joviale s'il en est. Ensuite, parce qu'il est dédié à une Sabine. Pas moi, certes, mais avouez que sur le moment, ça flatte l'ego (vous, à moins de porter également ce prénom, beaucoup moins, et tant pis pour vous).

Et surtout, parce qu'en plus d'être un vrai bonheur à lire, il est un hymne au bonheur, ou plutôt à comment chacun peut trouver dans sa vie sa propre source de bonheur.
Un vrai bonheur à lire aussi car il est clair que l'auteur est un amoureux des mots qui aime et sait le faire partager. A tel point que j'ai bien failli passer toute ma lecture à voix haute, le comble - ou ultime consécration - étant donné le sujet du roman.
Et une lecture réellement jubilatoire, tellement j'ai ri à certains passages.

Roman dont le ton se transforme au fil des pages, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas jouer les trouble-fêtes ni les miss-charrues-avant-les-boeufs.

Bref, un vrai bon moment de lecture, un petit bijou dans mes lectures de l'année, l'un de mes chouchous dans la sélection du prix Cezam 2015.
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mercredi 3 juin 2015

Buvard

4 de couv' :
Cela ressemble à quoi, un écrivain ? Quand Lou passe pour la première fois la porte de Caroline N. Spacek, il ne connaît d'elle que ses livres. D'ailleurs, ils ne comprend pas pourquoi elle a accepté de le recevoir, lui, le simple étudiant. A 39 ans, Caroline N. Spacek vit recluse dans la campagne anglaise, après avoir connu une gloire précoce et scandaleuse. Enfant terrible de la littérature, ses premiers romans ont choqué par la violence de leur univers et la perfection de leur style. Issue d'un milieu marginal, elle a appris très jeune à combattre, elle a aussi appris à fuir.
Mais Lou va l'apprivoiser. Alors ensemble, durant un été torride, ils vont reconstruire une trajectoire minée de secrets.

Court roman de la sélection du prix Cezam, dans lequel je trouve beaucoup de qualités, surtout pour un premier roman.

J'ai assez aimé les personnages centraux, durs en apparence car c'est à cela qu'ils doivent leur survie. L'histoire d'une vie dont on assemble les morceaux au fil des retours en arrière, distillés avec soin par Spacek.
Mais surtout, une écriture avec une belle musicalité, qui me donnait envie de lire ce roman à haute voix.

Par son écriture et son histoire, ce roman m'a beaucoup fait penser à Véronique Ovaldé. Je ne veux pas dire par là qu'elles ont le même style, je parle plutôt ici de mon ressenti à la lecture de leurs romans respectifs.
Une auteure à suivre !
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samedi 30 mai 2015

Le complexe d'Eden Bellwether

4 de couv' :
Cambridge, de nos jours. Au détour d'une allée de l'imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l'orgue et des chants provenant d'une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d'extase. Premier rouage de l'engrenage. Dans l'assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n'est autre que la soeur de l'organiste virtuose, Eden Bellwether, dont la passion exclusive pour la musique baroque s'accompagne d'étranges conceptions sur son usage hypnotique...
Bientôt intégré au petit groupe qui gravite autour d'Eden et Iris, mais de plus en plus perturbé par ce qui se trame dans la chapelle des Bellwether, Oscar en appelle à Herbert Crest, spécialiste incontesté des troubles de la personnalité. De manière inexorable, le célèbre professeur et l'étudiant manipulateur vont s'affronter dans une partie d'échecs en forme de duel, où chaque pièce avancée met en jeu l'équilibre mental de l'un et l'espérance de survie de l'autre.
L'auteur du Complexe d'eden Bellwether manifeste un don de conteur machiavélique qui suspend longtemps en nous tout jugement au bénéfice d'une intrigue à rebonds tenue de main de maître.


Décidément, je déteste les quatrième de couverture qui non seulement vous en dévoile trop sur un roman, mais qui en plus faussent la perception qu'on peut en avoir. Et il faudra aussi décidément que je me débarrasse de ce fichu défaut qui est d'entamer un roman dans le bus. Difficile d'entrer dedans quand chaque trajet (bruyant ou pas) ne dure que dix minutes.

C'est donc par ce mauvais démarrage que j'ai voulu plonger dans ce roman. Une semaine d'abandon plus tard, je m'y suis finalement remise... pour ne plus le lâcher. Les personnages sont pour la plupart attachants et intéressants, l'histoire est bien construite, le suspens va crescendo, l'ensemble est prenant et constitue un bon moment de lecture, surtout pour un premier roman.
Auteur à suivre ?
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vendredi 13 mars 2015

L'oubli

4 de couv' :
Elizabeth a disparu. Maud ne cesse de retrouver des bouts de papier dans ses poches, avec ce simple message, Elizabeth a disparu. Le plus troublant : c'est sa propre écriture. Mais elle ne se souvient pas d'avoir écrit ces mots. Maud ne se souvient plus de l'heure, ni si elle a mangé, ni si sa fille est venue la voir. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle n'a pas vu sa vieille amie Elizabeth depuis longtemps. Trop longtemps. Mais, lorsqu'elle tente d'alerter ses proches, elle a droit à des sourires indulgents, personne ne la prend au sérieux.Elle est septuagénaire et on la traite comme une enfants de 4 ans. Malgré tout, Maud est de plus en plus persuadée que quelque chose est arrivé à Elizabeth.De la même façon que quelque chose est arrivé cinquante ans plus tôt à sa propre soeur aînée, Sukey, dont la disparition ne fut jamais élucidée. Maud ferait-elle un transfert inconscient ? Confondrait-elle le passé et le présent ? Mais n'y a-t-il pas tout autant de mystères autour d'elle aujourd'hui q'à l'époque ? Maud va bientôt devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé... et sur son présent.


Exquis et délicat, tels sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit pour décrire ce roman.
La grand-mère de mon homme avait la maladie d'Alzheimer et je dois dire que l'auteure a touché juste dans la description de la maladie, son évolution, et les réactions de l'entourage. J'ai retrouvé beaucoup de mon ressenti de l'époque. J'ai retrouvé aussi les quelques "bizarreries" de ma tante, maintenant atteinte de cette maladie elle aussi.

Il faut dire que Maud, personnage principale, en est aussi la narratrice. On a donc ici exposé essentiellement trois visions d'elle : ce qu'elle fait ou dit, les conséquences sur son entourage et leurs réactions (et leur cruauté parfois, même inconsciente), et surtout, surtout, ce qu'elle pense et ressent. Quatrième vision : elle dans sa jeunesse. Le passé et le présent se mélangeant, pour l'aspect polar du roman, mais aussi dans l'évolution de la maladie.

Cela aurait pu tomber dans le pathos et je craignais cela en abordant cette lecture, et de déprimer au fil des pages, mais non, l'auteure s'en sort admirablement bien, car elle a une vraie tendresse pour ce personnage. Ce n'est pas par hasard, le roman est dédié à ses grand-mères.

Quant à l'aspect polar du roman, et bien qu'étant la toile de fond de l'histoire, il ne prend pas le pas sur le reste, le tout est en fait très bien équilibré. Et le dénouement, à tomber !
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