lundi 25 novembre 2019

Comme un lundi...



Et voilà, je reprends le travail aujourd'hui. Avec un peu d'appréhension je dois dire, non pas pour le travail en lui-même, mais j'espère que le reprise ne sera pas trop dure après deux mois de quasi-inactivité (sauf pour tout ce qui relevait de la convalescence et m'obligeait à me bouger).
Mais reprendre un rythme totalement normal, c'est ça aussi qui va finir de me requinquer (j'espère).

En attendant, merci à tous ces auteurs qui m'ont accompagnée durant ma convalescence, car se plonger dans d'autres imaginaires (mention spéciale à Armistead Maupin) ou récits et pensées d'auteurs (mention spéciale à Sylvain Tesson) m'a vraiment aidée à penser à autre chose qu'à cette convalescence et la reprise à venir. Et dans les moments les plus durs nerveusement et moralement, du baume au coeur.

Oui, vraiment, un grand beau merci à tous !
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dimanche 24 novembre 2019

Sous la vague

4 de couv' :
Décidément, rien ne sera épargné à Bertrand Berger-Lafitte, héritier d'une prestigieuse propriété de Cognac, en ce printemps 2011.
Alors que la catastrophe nucléaire au Japon entraîne l'effondrement du cours des spiritueux sur les bourses mondiales, sa fille tombe enceinte d'un de ses ouvriers syndicalistes, son ex-femme le trahit avec son associé et le voilà lui-même menacé de licenciement...
Tandis que son monde s'écroule, lui préfère s'évader loin des réalités, en compagnie d'un faon outransporté mollement par son chauffeur Eddy. Ce trentenaire flegmatique et mystérieux est le seul auquel Bertrand, à tort ou à raison, fait encore confiance.
Dans cette comédie sociale, Anne Percin porte sur le monde contemporain, ses catastrophes et ses futilités, un regard d'un humour mordant tout à fait réjouissant.


C'est avec un bonheur certain que j'ai retrouvé ici la délicatesse et la subtilité de l'écriture d'Anne Percin, qui cette fois s'essaye (avec brio) à la comédie.

On s'attache vite au personnage principal car c'est son humanité, avec ses failles et ses qualités, qui est mise en avant. Sans en dire trop, j'ai particulièrement apprécié le personnage d'Eddy, le chauffeur qui m'a fait penser au Jeeves de Wodehouse.
Et à tout bien considérer, on peut dire qu'Anne Percin a réussi à nous concocter dans ce roman un Jeeves à la française, en un poil moins burlesque (encore que...) et si elle pouvait en faire une série, j'en serai ravie.

Quoiqu'il en soit, ce roman est une pépite, vraiment.
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samedi 23 novembre 2019

Une très légère oscillation

4 de couv' :
Un journal intime est une entreprise de lutte contre le désordre. Sans lui, comment contenir les hoquets de l'existence ? Toute une vie est une convulsion : une semaine se passe au soleil, une autre dans l'ombre, un mois dans la paix, un autre sur la crête.
Tout cela ne fait pas un destin, mais un effroyable battement, une trémulation de cauchemar.
Le journal est la bouée de sauvetage dans l'océan de ces errements.
Chaque soir, on y revient.
On lui voue sa fidélité.
Et grâce à lui une ligne se dessine, la vibration s'apaise en une très légère oscillation.


J'aime assez lire les pensées des écrivains ou journalistes sur l'actualité. D'autant qu'ici, il s'agit non seulement d'articles de la rubrique "bloc-notes", édités dans le Point entre 2014 et 2017, mais aussi aussi de pensées personnelles sous forme de journal.
Et surtout, l'auteur nous régale de ses aphorismes, égrainés de ci de là.

Parfois intransigeant dans certaines opinions, souvent désabusé, mais toujours lucide, et le plus souvent avec humour, Sylvain Tesson nous livre ses pensées et réflexions sur l'actualité. A chacun de s'y retrouver ou pas, mais là n'est pas le plus important : c'est surtout de prendre nous aussi le temps de la réflexion.
Pour ma part, je me retrouve dans la plupart des ses opinions, pas toujours certes (nous ne sommes pas tous pareils et c'est très bien comme cela) mais quelle que soit l'opinion partagée avec ses lecteurs, elle est toujours argumentée et éclairée de ses propres connaissances.

Et ça, c'est ce qui se fait de mieux.

Et je ne résiste pas, en forme de clin d'oeil (un brin pathétique, oui, je le reconnais) de citer l'un de ses aphorismes :
"Internet : au commencement était le Verbe. A la fin était le blog."
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jeudi 21 novembre 2019

La croisée des chemins

4 de couv' :
Faisant suite au livre-culte de Jan Yoors, Tsiganes, La croisée des chemins évoque un épisode peu connu de l'histoire des Fils du Vent : leur résistance, merveilleusement imaginative, à la barbarie nazie qui s'était juré de les exterminer.


Témoignage saisissant, poignant, essentiel sur la résistance, servie par une langue superbe.

D'autant plus essentiel que la culture et la mentalité Rom fait qu'ils ne mettront pas forcément d'eux-mêmes en avant ce pan de l'Histoire et de leur histoire (cela est d'ailleurs évoqué dans la biographie de Simone Veil que j'ai lu il y a peu).

Rien pour la langue, l'écriture, ce livre vaut d'être lu. Rien que pour le témoignage historique, ce livre doit être lu.

Je regrette juste qu'il soit si difficile à trouver : visiblement, il n'a pas été réédité, je ne le trouve que d'occasion, à des tarifs prohibitifs.
Pour ma part, j'ai eu la chance de le trouver à la bibliothèque.
Je pense contacter la maison d'édition pour savoir comment me le procurer, si c'est possible au tarif normal environ 9 euros et non entre 23 et 42 euros comme j'ai pu le voir jusqu'ici. Je sais, ça fait mesquin de ma part mais je n'aime pas les profiteurs. Et puis, si ça peut les inciter à le rééditer...
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mercredi 20 novembre 2019

Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages

4 de couv' :
Chaque soir, en voyage, devant un paysage, après une rencontre, Sylvain Tesson piège sa pensée et l'épingle dans son carnet. Quelques mots forment un aphorisme et suffisent à décrire la cascade, les fleurs d'un alpage, l'odeur de l'aube dans les sous-bois, le plaisir de la marche. L'amoureux d'aphorismes est un peintre sans pinceau, un photographe sans appareil. Il saisit l'instant entomologiste. L'aphorisme, lui, est comme le papillon : il éclôt de la pensée et s'envole léger.


Définition : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aphorisme


Superbe.

Un peu d'esprit et d'humour dans ce monde de brute, ça peut pas faire de mal. Ça fait même vraiment du bien.

Et hop, deux de plus dans ma liste de Noël (parce qu'il y en a un autre évidemment).


"En automne, la vigne vierge rougit face aux arbres qui se dénudent"

"Le coup de fusil part. L'oiseau tombe, moins bas que le chasseur"

"La fille de joie est l'enfant du malheur"

"Un aphorisme est réussi lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter à quelque chose dont il y avait beaucoup à dire"
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mardi 19 novembre 2019

Mary Ann en automne

4 de couv' :
Mary Ann flâne sur Russian. Elle est revenue à San Francisco, ville de sa jeunesse, après vingt ans d'absence. Sa vie est en miettes : trompée par son mari, atteinte d'un cancer, elle vient chercher du réconfort auprès de son ami, Michael Tolliver. De confidences en escapades, Mary Ann savoure les plaisirs d'une liberté retrouvée. Un retour aux sources pour un nouveau départ ?


Au final, le tome précédent pourrait être considéré comme une introduction à celui-ci : l'apparition de nouveaux personnages, une présentation des anciens sur leur vie en ce début de XXIe siècle, les changements deSan Francisco et dans les Etats-Unis, tout cela permet poser les jalons de cette nouvelle trilogie.

On renoue donc dans ce tome-ci avec le côté bande de potes, mais en moins délurés car plus âgés et donc plus sages, mais cela n'enlève rien à son charme car les plus jeunes sont là pour redonner le piquant qui leur manquerait.

Qui plus est, la fin de ce roman fait écho à la fin du tome 1, permettant ainsi de boucler la boucle et pour certains des personnages, de voir l'avenir sous un nouveau jour.

Décidément, je l'aime bien, cette bande de potes.
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lundi 18 novembre 2019

Michael Tolliver est vivant

4 de couv' :
Michael Tolliver est vivant. Ses amis se sont perdus dans l'excès ou sont morts du sida. Lui a survécu à tout. Il a rencontré Ben, l'amour de sa vie. Mais sa famille se refuse toujours à accepter son homosexualité. Lorsque la mère de Michael tombe malade, c'est pourtant lui qu'elle appelle à ses côtés enFloride.
A San Francisco, sa mère spirituelle, Anna Madrigal, réclame sa présence. Il est alors confronté à un dilemme : doit-il rester auprès d'Anna ou accompagner dans ses derniers instants cette mère qui l'a tant rejeté ?


Bien que je e réjouissais à l'avance de retrouver la joyeuse troupe qui a fait les beaux jours de Barbary Lane, d'autant plus que ce tome est consacré exclusivement à mon personnage préféré, je dois reconnaître que cette histoire-ci est en comparaison des autres un peu plus plan-plan.

Bien que de nouveaux personnages font leur apparition (ou ont grandi), nos héros sont vieillissants et fatigués, donc un peu moins doux-dingues qu'avant et sont un peu plus dans l'introspection que d'habitude.

Mais ce fut quand même bien agréable de les retrouver (ou plutôt de le retrouver car c'est en effet de Michael qu'il s'agit principalement, les autres faisant pour une fois office de figurants).
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dimanche 17 novembre 2019

Underground railroad

4 de couv' :
Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d'avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu'elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s'enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.
De la Caroline du Sud à l'Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d'esclaves qui l'oblige à fuir, sans cesse, le "misérable coeur palpitant" des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
L'une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l'"Underground Railroad", le célèbre réseau clandestin d'aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, ls fondements et les mécanismes du racisme.



Avertissement à ceux qui croient tout ce qui est écrit dans les livres au mot près : contrairement à ce qui est décrit dans le livre le fameux "underground railroad", ou chemin de fer souterrain, n'était pas réellement un chemin de fer évoluant sous terre mais plutôt une licence poétique de l'auteur, qui a eu cette bonne idée pour recréer dans son roman ce qui a été le vrai réseau clandestin.
Et si vous voulez en savoir plus sur ce chemin de fer clandestin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_clandestin

Ce livre est tout simplement brillant, magnifique, et rend un superbe hommage à toute la population noire des Etats-Unis, de leur capture en Afrique à leur vie d'esclaves ou d'affranchis.

Excepté pour la licence poétique évoquée plus haut, l'histoire de Cora permet à l'auteur d'aller au plus près de ce que pouvait être la vie d'un(e) esclave. Mais il n'a pas oublié le contexte de la vie aux Etats-Unis à cette époque, ce que cela pouvait signifier pour les blancs également, qui étaient eux-mêmes embourbés dans leur propre système, leurs peurs, leur foi.

Dès le départ, le ton est donné : la vie d'un esclave, si on peut appeler cela une vie, nous suffisamment bien dépeinte dès le début du roman pour que, tout comme Cora, on ait envie qu'elle s'enfuit (à ceci près que nous, on peut refermer le livre à tout moment pour faire une pause), bien que les conséquences, lorsqu'un esclave en fuite soit rattrapé, soient particulièrement atroces. Mais quand on n'a plus rien à perdre qu'une vie abominable...

Tout le parcours de Cora permet à l'auteur de faire une superbe et glaciale reconstitution historique des Etats-Unis de cette époque. Rien que pour cela, il faut le lire.

Un vrai grand beau roman.
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vendredi 15 novembre 2019

On a roulé sur la terre

4 de couv' :
Au départ de leur aventure, il y avait un beau pari : faire le tour du monde à bicyclette, en un an. Jour pour jour, avec pour tout budget moins de 6 000 francs chacun !
365 jours après, Alexandre et Sylvain sont revenus avec 31 pays et 25 000 kilomètres dans les mollets. Ils ont traversé l'Afrique, le continent américain, l'Asie, les pays de l'Est et enfin l'Europe de l'Ouest, vivant chez l'habitant, au gré de leurs rencontres, et remerciant leurs hôtes avec le spectacle de jongleries et de flûtes mis au point pour l'occasion. Improvisation et débrouillardise, anecdotes burlesques, petites et grosses contrariétés, mais aussi splendeur et poésie émaillent le récit de leur voyage.
Au-delà de l'exploit sportif d'un tour du monde à bicyclette, les aventures surprenantes de deux étudiants français qui racontent, avec toute la fraîcheur de leurs vingt ans, ces 365 jours à la découverte du monde.


Je commence vraiment à être fan de ces livres relatant des voyages effectués dans les conditions les plus improbables !

Celui-ci date de vingt ans, ce qui a l'intérêt supplémentaire de découvrir certains pays ou zones du monde avec l'éclairage supplémentaire qu'est leur évolution depuis lors. Et pour mon petit cas personnel, j'étais moi-même étudiante à l'époque et venait de rencontrer mon homme, 5 jours avant le début du périple de nos globe-trotters.

Bien que jeunes au moment de leur périple donc, il n'en reste pas moins qu'ils ont sur les pays qu'ils traversent le regard averti de ceux qui ont bien préparé leur voyage, renforcé par leur formation de géologues qui leur a été indéniablement un plus à certains endroits, et un plus non négligeable également pour leurs lecteurs.

Récit à deux voix, on trouve déjà la patte de Sylvain Tesson (façon d'écrire, humour...). Et si c'est la première fois que je lis quelque chose d'Alexandre Poussin et qu'il abuse un peu des points d'exclamation par moments, je suis impatiente de lire ses livres sur ses autres voyages, effectués avec sa femme Sonia, que l'on découvre sur une partie du livre et qui à l'époque n'était que sa petite amie. Passage émouvant et romantique rétrospectivement quand on sait que ces deux-là vont se marier et avoir deux enfants...

Ils sont jeunes donc et ont vite des opinions assez tranchées sur les pays qu'ils traversent. Certains diront une vision d'occidentaux, certes, mais je fais plus confiance à des gens qui se sont rendus sur place, qui plus est sans être missionnés officiellement, que par toute autre personne.

Leurs efforts, leur auto-dérision, leur reconnaissance envers ceux qui les ont aidés et accueillis (adeptes de l'émission "J'irai dormir chez vous", vous devriez adorer !), leurs capacité à s'adapter et surmonter les épreuves, leur enthousiasme communicatif font de ce livre une vraie pépite.
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mardi 12 novembre 2019

Les mafieuses

4 de couv' :
Il y a toujours moyen de s'arranger avec la réalité chez les gangsters. A condition de respecter le code d'honneur, on peut même mener une vie formidable ! C'est en tout cas ce que Leone Acampora, vieux mafioso grenoblois, a enseigné à sa famille. Michèle et ses deux filles ont donc appris à fermer les yeux  lorsqu'elles trébuchaient sur un cadavre ou une valise de cocaïne dans leur joli salon en marbre.  Et si, aujourd'hui, Dina a parfois mauvaise conscience, elle espère se racheter en travaillant dans l'humanitaire. Quant à Alessia, pharmacienne inspirée, elle a pas mal d'idées pour moderniser le business paternel. Ainsi va la vie chez les femmes Acampora, entre coups de fusil à pompe et séances de tai-chi. Jusqu'à ce que le vieux Leone perde les pédales. Car avant de mourir, il a laissé une dernière instruction : lancer un tueur à gages aux trousses de sa femme... L'occasion pour les mafieuses  de déboulonner un vieux monde machiste et ringard.


Sympathique histoire, mais sans plus.
Je m'attendais à mieux niveau scénario (on devine finalement assez vite qui est le tueur à gages), l'écriture est assez quelconque et le quatrième de couverture promet un humour duquel je suis passée à côté.

Qui plus est, si l'idée de départ était tentante, elle aurait pu être davantage développée (ce roman fait moins de 150 pages).

Ou alors, je suis complètement passée à côté.

Dommage.
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lundi 11 novembre 2019

Certaines n'avaient jamais vu la mer

4 de couv' :
L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elle rencontrent pour la première fois à SanFrancisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un choeur antique, leurs voix s'élèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli.


Je ne serai pas aussi dithyrambique que le quatrième de couverture sur l'écriture de l'autrice. Je me retrouve dans l'idée d'un choeur choral qui pour beaucoup sera rebutant car chaque paragraphe de chaque chapitre est une énumération de ce que chacune a vécu à chaque étape de cet exil. L'autrice réussit cependant, par son écriture justement, à en faire en sorte que ça ne fasse pas "catalogue" (pas trop).

Cependant, cette façon de faire, bien plus qu'un roman, réussit à nous rapprocher de ces exilées et de toucher au plus juste de ce qu'elles ont vécues et nous toucher nous, lecteurs. Un roman choral qui réussit à faire ressortir chaque histoire individuelle, c'est une belle réussite.

Et rien que pour cela, et pour le rétablissement et la mise en lumières d'une réalité historique, ce livre mérite amplement d'être lu. Le diable se cache dans les détails paraît-il. Certains pans de l'Histoire aussi.
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dimanche 10 novembre 2019

Une vie

4 de couv' :
Simone Veil accepte de se raconter à la première personne.
Personnage au destin exceptionnel, elle la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps.
Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.


Je ne vais évidemment pas vous présenter Simone Veil, que tout le monde connait, et encore moins rappeler la grande dame qu'elle fut (je déteste enfoncer des portes ouvertes).

En dehors de son histoire personnelle et professionnelle, c'est surtout l'histoire politique de la France et de l'Europe qui est en partie retracée ici.
Il est toujours intéressant, je trouve, de connaître après coup les dessous de certains évènements historiques tout autant que de découvrir le fonctionnement des instances françaises et européennes.

Avec ce plus que l'écriture de Simone Veil est fluide et précise sans être rebutante. J'ai aussi apprécié les annexes, qui sont certains des discours qu'elle a prononcés. Un plus certain en soutien et sûrement pas en trop dans ce livre.

Je me retrouve beaucoup dans la plupart de ses opinions et prises de position, pas toutes cependant, mais elle les livre avec simplicité, comme dans une conversation.

Un livre à lire ou relire, pour son intérêt historique, politique et surtout humain.
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samedi 9 novembre 2019

Les douze tribus d'Hattie

4 de couv' :
Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses soeurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l'histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament de leur mère, sa froide combativité et ses secrètes failles.


Une magnifique histoire, cruelle bien souvent dont chaque chapitre est l'histoire personnelle de chaque enfant (ou parfois deux d'entre eux) à un moment précis de leur vie. Chaque chapitre se déroule à une année précise, de1925 à 1980.

Certaines histoire se recoupent, ou pas, mais ont toutes un point commun : Hattie, leur mère, ses espoirs, ses souffrances, ses doutes, ses désillusions et surtout sa force. Et comment cela les a affectés eux.

Rien de forcément réjouissant suivant les cas, mais c'est beau, puissant. Une autrice à retenir.
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jeudi 7 novembre 2019

Gabacho

4 de couv' :
Liborio n'a rien à perdre et peur de rien. Enfant des rues, il a fui son Mexique natal et traversé la frontière au péril de sa vie à la poursuite du rêve américain. Narrateur de sa propre histoire il raconte ses galère de jeune clandestin qui croise sur sa route des gens parfois bienveillants et d'autres qui veulent sa peau. Dans la ville du sud des Etats-Unis où il s'est réfugié, il trouve un petit boulot  dans une librairie hispanique, lit tout ce qui lui tombe sur la main, fantasme sur la jolie voisine et ne craint pas la bagarre... Récit aussi émouvant qu'hilarant, Gabacho raconte l'histoire d'un garçon qui tente de se faire une place à coups de poing et de mots. Un roman d'initiation mené tambour battant et porté par une écriture ébouriffante.


Moi qui aime sortir de ma zone de confort littéraire, j'ai été ravie de ma lecture.

Ce livre est dans son écriture, percutant, inventif, nerveux comme son personnage principal. Le ton est donné dès les premières lignes et on ne peut que se laisser emporter par l'histoire.
La narration, bonne idée, est entrecoupée dans chaque chapitre et en italique, par les souvenirs plus ou moins récents de Liborio qui éclairent d'un jour nouveau ce qu'il est en train de vivre, ce qu'il est et ce qui le pousse à agir comme il le fait.

Sa façon de s'exprimer, qui va évoluer au fil du roman m'a fait penser à "Precious" de Sapphire. Mais là s'arrête l'analogie car les raisons de cette évolution sont totalement différentes.
Et toujours sur sa façon de s'exprimer, l'autrice a eu là aussi la bonne idée de lui faire déformer ou utiliser à contresens les mots qu'il a appris et glanés ça et là au fil de ses différentes lectures (mais sans en avoir la possibilité de les comprendre et assimiler correctement, pourtant ce n'est pas faute d'user le dictionnaire).

Un roman lumineux, prenant, empli d'humour d'espoir et, malgré tout, de tendresse.

J'attends avec impatience un nouveau roman de cette autrice.
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