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dimanche 29 mai 2011

Prix littéraire (17/08/2007)

Chose promise, chose due, voici mon classement pour le prix littéraire Cezam. Pour info : 10 correspond au livre préféré, il n’y a ni ex-aequo, ni demi-point, ni zéro.


10 : « Et le ciel a oublié de pleuvoir (Mbarek Ould Beyrouk)
9 : « Bleu, blanc, vert » (Maïssa Bey)
8 : « L’heure et l’ombre » (Pierre Jourde)
7 : « Le théâtre des rêves » (Bernard Foglino)
6 : « Le chien tchétchène » (Michel Maisonneuve)
5 : « Les yeux des chiens ont toujours soif » (Georges Bonnet)
4 : « Scream test » (Grégoire Hervier)
3 : « Comment immigrer en France en 20 leçons » (Luc Bassong)
2 : « Courir dans les bois sans désemparer » (Sylvie Aymard)
1 : « Les doigts écorchés » (Sylvie Robic)




Autant vous dire que j’ai eu beaucoup de mal à choisir et que ce n’est vraiment pas évident de trouver des critères de sélection pour départager des romans que l’on aime autant les uns que les autres et là je parle surtout des 4 premiers.


Vous verriez la fiche de notation qui m’a servie de brouillon, elle est raturée de partout !


Dès que j’ai les résultats de ce prix littéraire, je vous les donne !

Courir dans les bois sans désemparer (14/06/2007)

4 de couv' :
Une fillette en colère assiste au remue-ménage incompréhensible des adultes. Elle attendra le temps qu'il faut pour fuir. Tout est bon à vivre, même la peur pour se tirer d'affaire. Dans sa course elle croise les autres : les dérisoires, les remarquables. Jusqu'au jour où un homme posera sa grande main sur elle pour l'arrêter. Cet homme c'est Nathan : un scintillement bref, un éclat d'amour. Puis la nuit noire. Courir dans les bois ou courir ailleurs pour tomber finalement sur soi. Pour s'en réjouir. Pour comprendre que rien ne dure, ni la lumière, ni la nuit.

Là aussi, comme dans « Les doigts écorchés », il s’agit d’une histoire de deuil. Ce n’est pas jouasse, mais bizarrement, j’ai mieux aimé.
Non pas parce que le narrateur est une femme, ce qui m’a peut-être aussi rapprochée du personnage, mais parce que sur certains aspects de sa personnalité, je me suis sentie proche d’elle (fille d’ouvriers, envie de vivre sa vie comme elle l’entend et non sur un chemin tout tracé d’avance par exemple).

Sinon, c’est une histoire de deuil, ce n’est donc pas très gai tout au long des 107 pages de ce roman.

Mais : la fin relève le tout.
Le livre commence de manière un peu confuse (comme est confuse la narratrice au début de ce livre qui en est à la première partie de son deuil) : on ne sait pas où elle est ni pourquoi elle y est (on ne comprend qu’en poursuivant la lecture). C’est donc un peu déroutant au départ, mais on comprend mieux au fur et à mesure de la lecture.

Mais c’est déroutant en partie à cause du 4ème de couverture qui décrit le livre en parlant d’une « fillette », ce qui fait qu’on le commence en croyant que c’est une gamine qui parle (oui, moi être naïve parfois). Du coup, on est perplexe sur les premières pages. C’est dommage, ça en fausse la lecture initiale.
Cela dit, ça ne m’a pas empêché d’aimer ce livre. ;-)




Comment immigrer en France en 20 leçons (12/06/2007)

4 de couv' :
Isaac, mari et père de deux enfants qu’il aime, a un rêve et un seul qui ressemble étrangement à celui de milliers de compatriotes africains : émigrer en France, à Paris exactement. A tout prix et par tous les moyens, conscient pourtant des difficultés à surmonter pour vivre mieux : « il est désormais plus facile de trouver le résultat du Tiercé dans l'ordre que d'obtenir un visa pour la France ». Voilà le point de départ de Comment immigrer en France en 20 leçons. Luc Bassong, dans un livre court mais nerveux, s’empare avec humour et férocité du thème de l’immigration. La forme est originale. Chacune des vingt leçons, correspondant à des réflexions sur l'immigration et ses affres, est suivie d'un exercice pratique, récit souvent drôle des aventures africaines du candidat à l'exil. En fin de roman, l'auteur livre les corrigés.




J’aime assez le découpage de ce livre, que je trouve original. Le même narrateur parlant du même sujet sous deux angles différents et alternant ces deux narrations tout au long du livre :
1) le roman en lui-même. On suit le personnage dans sa course au visa et sa vie quotidienne dont certains aspects prennent un tour un peu loufoque.
2) une narration plus didactique. Il s’agit alors de parler de l’immigration d’une manière plus générale.


J’ai assez aimé le ton du livre, même si un passage en particulier m’a laissée perplexe (le tabassage de la nana qui tombe au final amoureuse de son bourreau. Y’a que les mecs pour croire cela possible). Mais je pense que ce passage est à lire en gardant en tête qu’il s’agit d’aller encore plus loin dans le burlesque.


L’idée de départ est intéressante, mais finalement si comme moi vous lisez ce roman pour en apprendre plus sur l’immigration, vous resterez sur votre faim. Il y a déjà eu moults reportages et articles de presse sur le sujet, moults romans, ou plutôt des récits sur l’immigration, donc je ne trouve pas que ce roman apporte quelque chose de neuf (si ce n’est dans l’originalité du livre) dans le traitement du sujet. En le refermant, j’avais l’impression d’en savoir autant qu’avant sur le sujet, c’est à dire plus que ce qui y est développé.


Sinon, je l’ai trouvé agréable à lire.

Mouaif... (11/06/2007)

4 de couv' :
Un adulte blessé renoue avec son passé en suivant la tournée d'un groupe de musiciens venu de Sheffield, Hoggboy. Toute une époque ressurgit alors : la découverte fracassante du rock, l'influence anglaise, The Clash, Joy Division... Un récit retenu, à la douleur silencieuse, au rythme tendu comme l'adolescence ou le riff d'une guitare électrique. Sylvie Robic surprend son lecteur par la grâce de ce court roman, aussi direct que le rock qu'il décrit.


Je n’ai pas réussi à accrocher. Le style d’écriture me plaît bien, il y a quelque chose, mais l’histoire ne m’a tout bonnement pas intéressée tout comme je n’ai pas réussi à m’intéresser au personnage dont l’histoire, pourrait être, en résumé, sa renaissance après un long deuil grâce et suite à un déclic (la découverte d’un groupe de rock).


Il est comme seul dans sa douleur, dans sa vie et je pense que c’est un peu trop bien transmis au lecteur car du coup (mais ce n’est peut-être que moi qui ait cette impression), le lecteur ne se sent pas impliqué dans l’histoire. En tout cas, je me suis sentie tout au long du livre comme « détachée » de l’histoire. Il m’a manqué un petit quelque chose.


En tout cas, si vous sortez d’un deuil tel que le sien, vous n’aurez peut-être pas envie de revivre ça à travers lui...


Alors, sentiments mitigés sur ce livre.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire... (06/06/2007)

(et là, vous me détestez car bien que jolie, vous allez l’avoir toute la journée dans la tête, cette chanson) ;-)


4 de couv' :
Saint-Savin. Tout part d’un nom, celui d’une petite ville balnéaire, dans les syllabes duquel se concentrent le parfum de vacances passées et la magie d’un amour d’enfance pour une petite fille merveilleuse. Le narrateur le prononce, une nuit d’été, devant la jeune femme qu’il aime. Il décide d’y revenir avec elle, sans attendre. Ils prennent la route. Pendant ce long voyage nocturne, elle lui raconte un épisode de sa vie passée, la trouble attirance qu’elle a autrefois éprouvée envers une petite fille et son père, un solitaire obsédé par d’étranges visions de forêts crépusculaires. Progressivement, ce récit amène le narrateur à se demander si cette histoire ne recèle pas la clé de ce passé vers lequel il revient, et dont toutes les ombres commencent à lui apparaître. Ce retour va changer le cours de son existence. Sur ce qu’il croit avoir vécu, d’autres personnages, qui prennent tout à tour la parole, apportent un éclairage différent. De récit en récit, les années passent, obsédées par ce passé inépuisable, qui n’en finit pas de produire de la vie. Est-ce la vie qui a engendré des histoires, ou cette vie n’est-elle que le produit d’une fiction infinie ?




Je l’ai tout bonnement adoré !
Pour l’histoire, dont le fil conducteur est Saint-Savin ainsi qu’un amour d’enfance, pour les histoires qui sont relatées par les différentes rencontres du narrateur, pour la description des personnages.


Mais aussi pour le style d’écriture : l’auteur partage visiblement le même amour des mots, des belles phrases et de la littérature qu’Amélie Nothomb. Ce n’est pourtant pas le même style d’écriture, mais les lire me plonge dans le même ravissement. Il est quand même bien agréable de lire des auteurs qui qui soient si palisants à lire, donnent dans leurs romans des références littéraires et vous font apprendre de nouveaux mots.


J’aime bien le fait qu’il y ait plusieurs histoires en une seule qui ont donc en commun ce fil conducteur qu’est Saint-Savin. Tout nous ramène (ainsi que les personnages d’ailleurs) à cette commune. Un peu comme le mouvement des vagues. Ils ont beau s’éloigner, ils y reviennent toujours d’une manière ou d’une autre (en pensée, dans une discussion, ou en y retournant sous tel ou tel prétexte).


C’est aussi une jolie histoire d’amour. Mais pas que ça, certains passages sont plus tristes, d’autres cocasses : j’ai adoré le récit du dîner chez des amis (ayons au passage une pensée émue – et ce sera là ma seule référence non-littéraire et encore moins intellectuelle de l’article – pour « Super Nanny »). Truculent !


L’auteur a un réel talent. Il aime raconter des histoires, et c’est (pour moi en tout cas) un vrai bonheur de le lire.


(le seul point noir c’est que j’ai tellement adoré que j’ai dû refaire mon classement En effet, ce roman fait partie d’un prix littéraire auquel je participe, mais je vous en parlerai plus après la date limite de remise des classements)

Eclat(s) de rire

4 de couv' :
Le Théâtre des rêves est un pub où se retrouvent les amoureux du football, du vrai, celui d'avant 1975 (date fatidique qui marque les débuts de la publicité sur les maillots des joueurs). Là, chaque soir, le temps s'arrête et une télévision rediffuse des matchs historiques dignes des plus belles tragédies antiques. C'est là que Baptiste débarque un jour. Son boulot : fournir aux collectionneurs la pièce manquante de leur collection. C'est un métier à risques, non remboursé par la sécurité sociale. Pour un fou furieux, Baptiste est à la recherche d'une pièce rare, l'album France Images du championnat de football 1973. Du football, comme de pas mal de choses, Baptiste se fiche. C'est un jeune homme solitaire, sans passé, qui conserve pieusement une vieille photo de famille et cultive le souvenir onirique d'une femme mystérieuse. Contrairement aux habitués du théâtre des rêves, lui ne vit qu'au jour le jour et exploite le passé au travers de pauvres objets publicitaires des années 70 qu'il vend à des types aliénés.
Etrangement, l'album France Images déchaîne les passions. Ils sont plusieurs à être sur le coup ; et ils sont prêts à castagner. De séisme en séisme, Baptiste va être obligé d'ouvrir enfin les yeux et de comprendre que l'histoire qui est en train de se jouer est la sienne.
Une quête des origines cachée sous les traits d'un polar déjanté.



J’ai beaucoup aimé ce roman très bien écrit, drôle, délirant. Tout à fait pour moi qui adore les anti-héros. J’ai souvent éclaté de rire en le lisant. Je ne sais pas si c’est un premier roman, mais j’en lirai très certainement d’autres du même auteur.

La fin, ou plutôt le dénouement, est un peu loufoque (d’aucuns diront « tiré par les cheveux »), mais elle est très bien amenée. On suit le personnage dans ses multiples maladresses et bourdes et on tombe des nues avec lui quand les révélations tombent.

Vraiment, même si, comme moi, on n’est pas fan de foot, on aime !

Oui, mais... (04/06/2007)

4 de couv' :
Qu'est-ce qu'un slasher ? Un livre ou un film où des ados se font tuer par un maniac (Vendredi 13, Scream...) Et ici c'est exactement çà, sauf que tout se passe sous l'oeil des téléspectateurs. Hervier place son terrible thriller dans l'univers du reality show, dénonçant ainsi la surenchère médiatique. Un premier roman très réussi où le rythme et l'ambiance nous plonge dans un scénario bien calibré qui fleure bon l'angoisse.


Bof bof dirais-je globalement.

L’idée de départ n’est pas mauvaise, mais l’écriture n’est pas exceptionnelle (attention, je ne dis pas qu’elle est ennuyeuse, loin de là, juste que j’ai déjà lu mieux) et finalement l’histoire ou plutôt la narration non plus.
Les meurtres se succèdent, les policiers mènent leur enquête, malgré les rivalités entre collèges et les guéguerres entre les services jusqu’au dénouement. On dirait un feuilleton policier américain, et ma foi, un feuilleton policier, je le regarde, je ne le lis pas.

Je regrette que ce roman soit aussi court, j’aurais voulu en voir plus sur la psychologie des personnages (les candidats au jeu et leurs familles). Je pense que c’est voulu, l’action se passant dans un laps de temps très court, mais je pense que plus de détails n’auraient pas nuit au suspens.

Cela dit, c’est un roman très agréable à lire. Je pense aussi que c’est un auteur à suivre parce que pour un premier roman, c’est pas mal. Y’a de l’idée.

Du coup, je me suis intéressée à la maison d'édition (Au Diable Vauvert), je vais être attentive à leur collection.




Ne jamais se fier au titre d'un livre (02/06/2007)

4 de couv' :
C'est avec une grande économie de moyens et une pudeur exemplaire, suivant à petits pas les personnages de son récit, que Georges Bonnet nous relate la rencontre d'Émile et Louise, septuagénaires jusqu'alors solitaires et confinés entre appartement, jardin public et cimetière, mais finalement sujets aux plus intenses débordements du coeur. C'est grâce à un art dénué de tout artifice, comme puisé à l'émotion même, qu'il sait rendre palpitante la plus partagée des banalités et tenir le lecteur en haleine. Car ces êtres - auxquels il ne doit, en principe, plus rien arriver - sont vulnérables à l'amour, à ses joies comme à ses peines, quand même il ne leur viendrait pas à l'esprit de nommer le sentiment qui les traverse et les rend à la vie.


Je n'étais pas emballée par le titre, mais au final je l’aime assez ce livre. D’aucuns le trouveront ennuyeux, mais je l’aime bien. Il faut prendre son temps pour le lire, comme le fait le narrateur de sa propre vie. Les heures, les jours passent, et l’évolution du personnage dans ce qu’il vit, ce qu’il ressent se note dans chaque détail décrit.


Chaque journée semble la même, mais est pourtant différente.


Les choses semblent immuables et pourtant, le monde bouge dehors et malgré lui, le narrateur change aussi.
Il donne l’impression de subir les choses, mais non finalement. Les choses sont juste dites avec la simplicité du quotidien.


C’est une écriture très poétique (l’auteur est d’ailleurs poète avant d’être romancier) et donc très agréable.


Le personnage central m’a beaucoup fait penser à mon père. C’est le même style de vie. Les jours passent, en apparence les mêmes, avec les mêmes petites habitudes quotidiennes ou hebdomadaires, et ça lui convient ainsi. Ca lui suffit. Un quotidien ponctué de petits imprévus qui sont de petits bonheurs (le voisin qui offre des tomates-cerises de son jardin, un ami d’enfance à moi qui vient leur rendre une petite visite, moi qui débarque pour mes vacances, la famille qui les invite à passer un week-end chez eux dans le Morbihan, etc.).


C’est donc peut-être aussi pour ça que j’ai aimé ce livre. Je me suis attachée au personnage. J’ai partagé avec lui un bout de sa vie. Et je suis repartie sur la pointe des pieds.

Algérie (01/06/2007)

4 de couv' :
1962. Indépendance de l'Algérie. Lilas et Ali entrent au collège où ils apprennent avec stupeur qu'il est désormais interdit d'utiliser le crayon rouge. En effet: puisque le papier reste blanc et l'encre bleue, les corrections se feront donc en vert. Il n'est pas question de maintenir le «bleu blanc rouge», drapeau honni de la colonisation !
Dans l'euphorie de la liberté retrouvée, l'avenir est à portée de mains, plein de promesses et d'espoirs. 1992. Le Fis gagne les élections dans une Algérie plongée dans «l'ombre de la grande désillusion», écrit Maïssa Bey. «La peur. L'humiliation. Ces mots viennent de s'introduire une fois de plus dans nos vies. Jusqu'à l'intérieur de nos maisons.
La peur est là. La peur qui met des couleurs d'orage et des traînées de brume dans les yeux d'une petite fille qui ne comprend pas pourquoi les adultes ne parlent pas le même langage. Pourquoi ce qui est permis par les uns est interdit par les autres.» À travers le récit alterné de ses deux héros, Maïssa Bey remonte ici l'Histoire, avec ses découvertes et ses héritages - et la terrible mission d'être la première génération libérée du joug colonial. Comment faire coexister modernité et traditions ? Tel est le nouveau défi que s'est donné Maïssa Bey, cette superbe romancière qui, livre après livre, (re)construit son pays, celui hérité de ses parents, celui qu'elle transmettra à ses enfants.



Que dire d’autre sinon que je l’ai tout simplement adoré ? Et dévoré !

Il s’agit de la vie d’Ali et Lilas, de l’indépendance de l’Algérie à nos jours. Chaque chapitre correspond à une année ou un moment précis de leur vie.
Un chapitre de lui, un chapitre d’elle et ça alterne ainsi du début à la fin.

La lecture est un régal, l’écriture évolue en fonction de l’âge des protagonistes. Que ce soit par rapport à ce qu’ils racontent que la manière de le faire.
Le seul bémol : ça s'arrête en 1992. Je les aurais bien accompagnés au-delà, jusqu'à aujourd'hui, mais je pense que l'auteure avait besoin d'un peu de recul par rapport aux évènements historiques (comme me dit Philippe quand on lui demande d'enseigner sur des périodes proches de la nôtre : "ce n'est plus de l'histoire, c'est du journalisme !")

Je vous le recommande chaudement, et je pense lire d’autres livres du même auteur. Je suis conquise !