vendredi 31 mai 2019

Les cités des Anciens

4 de couv' :
Dans le Désert des Pluies, les serpents géants se sont enfermés dans leurs cocons, sous la supervision de la dragonne Tintaglia, pour en émerger, transformés à leur tour en dragons, et assurer la pérennité de la race. Mais, trop vieux, trop affaiblis, ils ne donnent que des créatures difformes, inachevées, incapables de survivre seules sans l'aide des humains, qu'ils mettent tant à contribution pour les nourrir que les Marchands des Déserts des Pluies décident de s'en débarrasser... Autour d'eux gravitent Thymara, jeune fille aux mains et aux pieds griffus et palmés, que ses parents n'auraient jamais dû laisser vivre et Alise, tiraillée entre un époux qui la délaisse et la méprise, et sa passion des dragons.


C'est avec un plaisir immense que j'ai retrouvé l'univers de Robin Hobb, en particulier cette saga qui est la suite logique de celle des Aventuriers de la Mer.
Mais je voudrais préciser de suite qu'il s'agit bien d'une nouvelle saga, à part de celle des Aventuriers de la Mer dont on n'en retrouvera que très peu les personnages principaux, cette nouvelle saga étant concentrée sur de nouveaux.

Je l'ai trouvé assez inégale. Si
la première partie (le périple pour retrouver Kelsingra) est relativement bien travaillée, les tous derniers tomes me semblent un peu trop précipités et auraient mérités d'être un peu plus étoffés. En particulier le tout dernier dont le dénouement magistral est trop précipité et aurait certainement fait l'objet à une autre époque de la part de l'auteur d'au moins deux tomes supplémentaires.

Les personnages humains auraient aussi mérité d'être un peu plus fouillés, d'être un peu plus complexes, en particulier dans leurs rapports des uns avec les autres... Et avec leurs dragons. Peut-être aussi, faut-il le reconnaître, qu'il sont trop nombreux pour s'attarder sur chaque, sinon ce ne serait plus une saga mais une encyclopédie.
Et je crois bien que cette remarque vient surtout du fait que la lecture de cette histoire m'a enthousiasmée à un point que j'aurais voulu davantage les connaître et non "juste" les rencontrer (et prolonger le plaisir de lecture).

Les dragons sont particulièrement bien travaillés et restent dans la logique de comportement et de caractère que l'on avait pu découvrir en Tintaglia dans les Aventuriers de la Mer.
D'un point de vue strictement humains, ils sont autoritaires, égoïstes, arrogants, exigeants, se sachant d'une certaine noblesse et n'hésitant pas à le faire savoir.
Oubliez le point de vue humain, polissez un chouïa ce que je viens de dire et vous aurez des créatures nobles, qui ont en leur temps dominés ce monde (et l'ambitionnent de nouveau), supérieurs en tous temps et en tout aux humains, fiers de ce qu'ils sont, dignes de leur espèce et de leur passé commun. Et en plus magnifiques.
Bref, je me suis demandée à plusieurs reprises :
1) si Robin Hobb a des chats chez elle
2) si oui, si elle ne se serait pas inspirée de leurs principales caractéristiques pour créer ses dragons.
J'ai même failli ajouter le libellé "ailurophilie" avant de commencer cet article, c'est dire...

Sur la partie sentimentale du roman (entendez les histoires d'amour), celle-ci est finalement plus complexe qu'elle ne le semble de prime abord. Et si on se retrouve pour une part dans une histoire de triangle amoureux assez classique, celle-ci est totalement balayée par un autre triangle. Ce dernier, je l'avais vaguement supputé à un moment donné de la lecture mais vite oublié, ce fut donc quand même une surprise de le voir confirmé.

Toujours sur le final, j'aurais aimé en connaître plus sur les chalcédiens et en particulier leur civilisation. Ce peuple revient régulièrement dans les différentes saga de ce monde, on connaît d'eux leur cruauté et si les quelques passages les concernant permettent de mieux les appréhender, je suis restée un peu sur ma fin. Mais il est vrai que s'ils ont un rôle à jouer dans l'histoire, il n'est pas essentiel et ne justifiait pas qu'on le développe davantage. Cette remarque n'est donc suscitée que par ma propre curiosité.

Pour conclure, cette lecture, si elle m'a laissée sur ma faim sur le final, m'a réellement globalement enthousiasmée.

A quand une saga remontant dans le passé jusqu'aux Anciens ? Ou sur les chalcédiens ?
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jeudi 30 mai 2019

De l'âme

4 de couv' :
"Votre missive contient une singulière requête : "Parlez-moi de l'âme"...
Votre phrase : "Sur le tard, je me découvre une âme", je crois l'avoir dite à maintes reprises. Mais je l'avais aussitôt étouffée, de peur de paraître ridicule.
Sous votre injonction, je comprends que le temps m'est venu de relever le défi...
J'écris le mot "âme", je le prononce en moi-même, et je respire une bouffée d'air frais. Par association phonique, j'entends Aum, mot par lequel la pensée indienne désigne le souffle primordial. Instantanément, je me sens relié à ce désir initial par lequel l'univers est advenu, je retrouve au plus profond de mon être quelque chose qui s'était révélé à moi, et que j'avais depuis longtemps égaré, cet intime sentiment d'une authentique unicité et d'une possible unité."

Ce livre fait partie des différents cadeaux de Noël offerts par mon homme dans l'optique de m'apporter sérénité, bien-être et/ou réconfort. Pour rétablir les choses dans leur contexte, disons que j'ai eu dans les mois précédents une surcharge de travail au boulot qui a conduit à un épuisement aussi bien physique que moral. Avec pour conséquences fin janvier un arrêt de deux semaines, suivi à ma reprise de multiples excuses de mes chefs et un réaménagement de ma charge de travail.

Le choix de ce livre n'était donc pas anodin, d'autant que l'auteur, régulièrement invité à "La Grande Librairie" fait partie de ceux que nous retrouvons avec plaisir dans cette émission. Son érudition, sa sagesse et son éloquence est toujours un bonheur pour les oreilles, l'intelligence et... l'âme, justement.

C'est donc sans surprise (et merci à la libraire de l'avoir si bien orienté !) que mon homme a opté pour ce livre.

Et très bon choix effectivement, le sujet étant d'une richesse incroyable quand on prend la peine et le temps de s'y intéresser un peu.
L'auteur réussit l'exploit, dans cet ouvrage de 184 pages, d'exposer en le vulgarisant, à peu près tout ce qui peut être dit sur le sujet : la perception de l'âme dans les différentes civilisations et époques, les mots pour la définir ou la dénommer, son propre ressenti, son propre parcours et tout ceci sous forme de correspondance avec une amie.
Son écriture, sa délicatesse, en font un plaisant moment de lecture. Les idées et raisonnements exposés, nourrissent l'intellect avec bonheur, d'autant qu'il n'a pas la prétention de détenir LA définition de l'âme, mais laisse à chacun l'opportunité de s'en approcher le plus possible.

Un beau moment de lecture, qui fait du bien. Merci, Monsieur Cheng.

" Savoir qu'on a une âme ou l'ignorer, cela ne revient pas au même. Savoir qu'on a une âme, c'est porter une attention éveillée aux trésors qui peuvent s'offrir dans la grisaille des jours, laquelle s'exerce à tout ensevelir. Trésors dénichés qu'on ne met plus dans la poussière du grenier, qu'on chérit au lieu de les jeter au vent."
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