dimanche 19 janvier 2020

Nous arrivons

4 de couv' :
Elle arrive épuisée, angoissée, à bout de souffle. Elle arrive avec son compagnon et sa fille dans la maison de son enfance. elle ouvre les fenêtres, tente de respirer, de se calmer, de reprendre ses esprits.
La maison, désertée et abandonnée, doit être rangée. Elle a beau s'agiter pour essayer de remettre de l'ordre, sa mémoire, ses souvenirs, son imagination l'empêchent de reprendre pied dans ce que d'aucuns appellent la réalité.


J'ai pioché ce roman au hasard dans les rayons de  la bibliothèque d'à côté et ce fut une bonne surprise.

Difficile de dire ce qu'il en est sans trop en dévoiler  : il ne fait que 140 pages et chaque phrase dit l'essentiel.
L'écriture, simple, mais belle et efficace vous porte du début à la fin.

L'histoire de la narratrice est celle d'une quadragénaire, ses ressentis en tant que femme qui passe certains caps de sa vie, comment tout ce qui lui est extérieur (parents, mari, fille, lecture, accident d'une autre femme, etc.) l'affecte ou la porte d'une manière ou d'une autre.

La structure du roman pourrait sembler décousue : pas de chapitres, la narratrice passe d'une idée ou d'une situation à une autre et cela pourrait dérouter les lecteurs qui aime les formes de narration plus classiques, mais pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Cela renforce en effet le fait qu'elle est à un cap de sa vie, qu'elle a besoin d'y mettre de l'ordre voire d'y échapper, car dès le premier paragraphe, direct, c'est ce qui y est dit.
Des passages de "Sanctuaire" de Faulkner, que se met à lire la narratrice, ponctuent ce roman : cela pourrait à nouveau être déroutant, mais finalement ils font écho à ce que vit la narratrice. Comme l'héroïne de Faulkner, mais dans un autre genre et dans une moindre mesure, elle aussi est prisonnière : de ses devoirs en tant que fille, mère, épouse et ressent le besoin de s'échapper le temps de courtes vacances en solitaire. Pour ensuite revenir remettre de l'ordre dans sa vie.

Je ne peux guère en dire plus mais je lirais bien d'autres romans de cette autrice.
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samedi 18 janvier 2020

Civilizations

4 de couv' :
Vers l'an mille : la fille d'Erik le Rouge met cap au sud.
1492 : Christophe Colomb ne découvre pas l'Amérique.
1531 : les Incas envahissent l'Europe.
À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?
Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l'histoire du monde est à refaire.
Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l'Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?
L'inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l'imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestées de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques.
Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés.
De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu'à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu'au fond, il s'en fallut d'un rien pour qu'elle l'emporte, et devienne réalité.


Si l'idée de départ est plutôt intéressante, ce roman ne tient pas toutes ses promesses.

J'ai apprécié l'écriture, l'imagination de l'auteur, mais les situations, si on se met dans le contexte et donc les mentalités de l'époque, restent improbables voire franchement invraisemblables. Admettons qu'Atahualpa ait affrété quelques navires pour voguer vers l'Europe : son ascension est un peu trop fulgurante et "facile" par rapport à ce qui aurait été le cas en réalité.

Si on passe au-dessus de cela, il faut reconnaître de nombreuses qualités à ce roman : l'imagination de l'auteur, comme je le disais précédemment, l'écriture, les connaissances de l'auteur sur cette époque (et il faut en avoir de solides et donc faire de solides recherches pour faire une dystopie), l'humour surtout car au final si l'auteur pose un postulat très sérieux, il  ne se prend pas au sérieux.

Il s'agit ici, pour la plus grande partie, consacrée à Atahualpa, d'une épopée à la Don Quichotte et c'est très bien ainsi. Cette partie est contée par un chroniqueur de l'histoire, entrecoupée de correspondances imaginées entre des personnages illustres de l'époque, et entre Atahualpa et son entourage. Elle est contée aussi selon le point de vue de la civilisation Inca et certains des termes sont empruntés à cette civilisation, avec le petit plus que le chroniqueur se fait un devoir d'expliquer au lecteur que tel terme européen correspond à tel terme ou concept inca. Il va même jusqu'à nous expliquer, par exemple, ce qu'est la bière.
Il malmène l'Histoire en jouant avec elle et emporte avec lui le lecteur dans son "délire".

J'ai aussi beaucoup apprécié que chaque partie aie sa propre narration : la première, consacrée aux vickings, est écrite façon épopée, digne des plus belles légendes de l'époque et de cette civilisation. La seconde, consacrée à Christophe Colomb, est sous forme de journal tenu par le célèbre navigateur. La troisième, la plus longue donc, est supposément écrite par un chroniqueur, j'aurais dit historien mais ce terme est impropre pour un contemporain ou quasi-contemporain de ces évènements. La quatrième, assez courte en comparaison, est consacrée à Cervantes et son seul intérêt est de voir l'héritage laissé par Atahualpa quelques années après sa mort.

Et c'est là où j'ai été déçue : j'espérais voir les conséquences de l'invasion de la civilisation Inca jusqu'à nos jours ou presque. Dans cette histoire, l'Afrique est quasi-oubliée: n'est évoqué (rapidement) que le Maghreb, mais pas le reste de l'Afrique, pas du tout l'Asie et quasiment rien sur le Moyen-Orient.
Je pense que l'auteur a surtout voulu se consacrer à l'Europe, mais vu que dans notre réalité, la conquête des Amériques a mené à l'esclavage, j'aurais vraiment aimé voir l'évolution de ce continent dans ce roman.

En résumé, lecture agréable et sujet original, mais j'en attendais plus.
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vendredi 17 janvier 2020

Dans les forêts de Sibérie - BD

4 de couv' :
Pendant quelques mois entre la fin de l'hiver et le début de l'été, Sylvain Tesson s'installe dans une cabane isolée au bord du lac Baïkal. L'écrivain entreprend alors la plus riche des aventures : un voyage intérieur au bout du monde, dans les forêts de Sibérie.
Pour prolonger en images l'un de ses récits les plus personnels, Sylvain Tesson a choisi le dessinateur Virgile Dureuil, qui signe ici son premier livre.


Dire que j'aime les écrits de Sylvain Tesson et tout particulièrement "Dans les forêts de Sibérie", est un doux euphémisme.

Donc quand j'ai su par la newsletter d'Excalibulle, que sa version BD était sortie, je l'ai tout de suite mise sur ma liste de Noël. Mon homme s'étant totalement planté sur ce coup là (soupir...), je me la suis offerte ce matin.

Ayant lu le livre, c'est difficile pour moi de me mettre dans la tête de ceux qui ne l'ont pas fait, mais essayons : le lecteur y (re)découvre l'humour, l'auto-dérision les réflexions sur le monde de Sylvain Tesson, ainsi que que certaines particularités culturelles de la Russie.
Les dessins, beaux et détaillés (j'adorerais avoir la couverture sous cadre), souvent dans les mêmes couleurs, donneraient presque envie de suivre l'exemple de l'auteur. Je dis "presque" parce que ne nous leurrons pas, nous sommes tous attachés à notre petit confort. Seul quelqu'un de la trempe de Sylvain Tesson peut se permettre une telle aventure, et je ne parle même pas du côté pratique : il faudrait quand même avoir la possibilité de quitter son travail pendant 6 mois, ce n'est pas accordé à tout le monde, et toujours d'un point de vue pratique, il faut être bien organisé et bien se renseigner sur le lieu et son climat et ce qu'il est possible d'y faire avant de s'engager dans ce genre de périple.

Il est toujours difficile aussi d'adapter un tel ouvrage en bande dessinée. On y retrouve l'essentiel (j'ai particulièrement apprécié que soit gardé le passage sur les poussières ("voilà que je m'intéresse à la poussière. Le mois de mars va être long") et le fait que Virgile Dureuil ait conservé l'aspect journal du livre originel permet de cimenter la cohérence de la narration : ce ne sont donc pas de simples passages collés les uns aux autres (façon "best off").
Je pense qu'il peut donner envie de lire le livre pour s'immerger davantage dans cette histoire, dans tous ses détails, mais aussi pour s'abreuver de sa narration dont on a ici un aperçu.

Pour ceux qui comme moi ont lu le livre, voir le paragraphe précédent (ça m'évitera de me répéter).
Je trouve aussi que cette BD en est un très bon complément. Sylvain Tesson avait admirablement bien décrit les paysages et les personnes rencontrées, et tout ce que j'avais pu imaginer à la lecture du livre, je l'ai parfaitement retrouvé ici.

Je pense que l'auteur de la BD a lu et vraiment aimé le livre, ça se ressent ici. L'adaptation en BD est une belle réussite et un beau cadeau à l'auteur et ses lecteurs.
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dimanche 12 janvier 2020

Le gang des dentiers fait sauter la banque

4 de couv' :
Märtha et ses acolytes ne sont pas là pour jouer, ils veulent rafler la mise. Leurs atouts : des dentiers sauteurs, des fauteuils turbocompressés et l'innocence de leur âge vénérable. En prime : le butin d'un casse de bijouterie grâce aux déambulateurs qui font d'excellents pièges à chiens convoyeurs de diamants volés.
Les jeux sont faits. Riche à millions, le gang rentre en Suède pour une retraite dorée et une redistribution façon Robin des Bois du 3e âge.
Mais la roue tourne : les diamants sont perdus, l'argent a disparu, et une bande de bikers pourrait bien finir de les mettre sur la paille...


Si on retrouve la même bande de joyeux loufoques et des situations mieux installées dans l'histoire, on retrouve ici aussi les mêmes défauts que dans le tome précédent : des maladresses, de mauvaises descriptions et une absence de notes pour expliquer certains aspects de la culture suédoise (merci Wikipédia, je sais maintenant ce que sont des pierres historiées, dommage que la traductrice n'ait pas pensé à ajouter une note explicative, pour ce point et différente petites particuliarités du pays).

Sans compter que les plans alambiqués du gang le sont un peu trop justement, alambiqués. Que ce soit pour le côté loufoque et humoristique du roman, pourquoi pas, mais on ne peut s'empêcher de se dire parfois que c'était vraiment inutile.

C'est dommage, car je trouvais que le début du roman était meilleur ou au moins plus intéressant que le premier, même si je dois bien reconnaître que sur la fin, le gang des dentiers (et l'autrice !) s'en sort vraiment bien sur la conclusions avec le gang des bikers.

Un roman inégal donc, mais si on veut une lecture pas prise de tête pendant des vacances, ça peut le faire.
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dimanche 5 janvier 2020

Comment braquer une banque sans perdre son dentier

4 de couv' :
Ils sont cinq, trois femmes, deux hommes. Cheveux blancs, déambulateurs, ils s'apprêtent à commettre le casse du siècle. Si vous les croisez, restez prudents, et surtout ne tentez pas de  vous interposer.
Ils s'appellent Märtha, Stina, Anna-Greta, le Génie, le Râteau, ils chantent dans la même chorale et vivent dans la même maison de retraite. Nourriture insipide, traitement lamentable, restrictions constantes, pas étonnant que les résidents passent l'arme à gauche. Franchement, la vie ne serait pas pire en prison ! D'ailleurs, à Stockholm, elles ont plutôt bonne presse... Voilà l'idée ! Les cinq amis vont commettre un délit et faire en sorte d'être condamnés : en plus d'avoir la vie douce, ils pourraient redistribuer les bénéfices aux pauvres et aux vieux du pays.
Un brin rebelles et idéalistes, un peu fous aussi, les cinq comparses se lancent dans le grand banditisme. Mais évidemment rien ne va se passer comme prévu...


Bien que l'écriture soit franchement moyenne (pourrait mieux faire pourrait-on dire), un démarrage assez lent et quelques maladresses, il faut reconnaître qu'on finit par s'attacher à cette bande de petits vieux atypiques.
Les situations se succèdent au fil de l'imagination assez prolifique de l'autrice, mais sans enchaînement solide : je veux dire par là qu'on a l'impression qu'elle a eu une idée, puis une autre, puis encore une autre, mais l'écriture ne donne pas de cohésion à l'ensemble.

Malgré ces défauts, ce fut cependant un assez bon moment de lecture, très imaginatif.
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vendredi 3 janvier 2020

Noël à la petite boulangerie

4 de couv' :
Maisons en pain d'épice, brioches aux fruits confits, feuilletés au miel... A l'approche des fêtes de fin d'année, Polly est débordée ! Accaparée par sa petite boulangerie, la jeune femme ne souhaite qu'une chose : passer un réveillon romantique avec Huckle, bien au chaud dans leur grand phare.
Mais les bourrasques qui balaient la petite île de Mount Polbearne pourraient bien emporter les doux rêves de Polly et faire resurgir du passé des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais... Entre mensonges, surprises et trahisons, noël s'annonce finalement très mouvementé !

Oui, je sais. J'évite consciencieusement tous les téléfilms de Noël dont la télé nous abreuve depuis mi-novembre et je tombe (volontairement et à pieds, pardon mains jointes) dedans quand il s'agit de lecture. Ah esprit de Noël, toussa, toussa, etc.

Cette fois, l'histoire étant plus centré sur les deux couples Polly/Huckle et Kerensa/Reuben, on ne peut pas dire qu'on soit souvent dans la petite boulangerie cette fois, même si l'activité de Polly reste le centre du roman.

Du coup, le village et ses habitants sont moins présents, même Neil, le macareux, semble relégué au second plan.

Je soupçonne cette version de Noël d'être une commande de la maison d'édition, au point que l'autrice, dans son introduction (qui soi-dit en passant, à part pour les deux premiers paragraphes, est une recopie de celle du deuxième roman de la série), précise bien que ce tome est le dernier de la série.

A part cela, ce fut à nouveau, pour un roman de ce genre, un agréable moment de lecture dont je n'ai pas pu décrocher de la journée.
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jeudi 2 janvier 2020

Une saison à la petite boulangerie

4 de couv' :
Polly Waterford coule des jours heureux sur la paisible île de Mount Polbearne, dans les Cornouailles, entre le grand phare dans lequel elle s'est installée avec Huckle, son boyfriend, et la petite boulangerie où ele prépare chaque jour, avec passion, d'irrésistibles pains dorés. Mais lorsque le nouveau propriétaire de sa boutique fait irruption sur l'île, Polly réalise que son bonheur pourrait bien être réduit en miettes... Avec une pincée de fleur de sel, des kilos de farine et une bonne dose de volonté, réussira-t-elle à surmonter les obstacles qui se dressent sur sa route ?


C'est avec plaisir que j'ai retrouvé cette presqu'île et ses habitants. Si l'autrice utilise ici les mêmes ficelles (désolée pour le jeu de mot involontaire, mais c'était ça ou "recettes") que dans le livre précédent, défauts, qualités et tempête incluses, elle le fait plutôt avec bonheur.

On n'a plus le plaisir de la découverte, c'est plein de bons sentiments, mais contrairement à ce que j'avais lu ça et là, je n'ai pas trop eu l'impression que ce roman manquait de souffle par rapport au premier.

Un très agréable moment de lecture, donc.
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