vendredi 21 décembre 2018

Dans les forêts de Sibérie

4 de couv' :
Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelques temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité.
Je crois y être. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence.
Et si la liberté consistait à posséder le temps?
et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.


Tout comme Steinbeck fut dans "Voyage avec Charley" un bon compagnon de route, Sylvain Tesson fut ici un bon compagnon d'ermitage. Enfin, relatif, l'ermitage, il a quand même eu droit à quelques visites et rendu d'autres.

Son écriture est un enchantement, son humour un véritable plaisir de lecture, surtout dans son auto-dérision, les paysages grandioses et on le comprend très bien, bien au-dessus de ce qu'il a pu réussir à nous le décrire.

Le simple fait que j'ai dérogé à ma règle habituelle du "pas question de voir le film tiré d'un livre que j'ai lu" vous prouve à quel point je l'ai aimé. Alors certes, l'histoire a été modifiée, en accord avec l'auteur, je ne prends donc pas beaucoup de risque d'être déçue quand je le regarderai.
Je vous en reparlerai alors.

A lire et relire, vraiment (et puis la neige, le froid, les sapins, c'est de saison, hein...)


"La cabane fume dans son bosquet de cèdres. La neige a meringué le toit, les poutres ont une couleur de pain d'épice. J'ai faim"

"Je pense au destin des visons. Naître dans la forêts, survivre aux hivers, tomber dans un piège et finir en manteau sur le dos de rombières dont l'espérance de vie sous les futaies serait de trois minutes... Si encore les femmes couvertes de fourrure avaient la grâce des mustélidés qu'on écorche pour elles."

"Parfois, cette envie de ne rien faire. Je suis depuis une heure assis à ma table et je surveille la progression des rais du soleil sur la nappe. La lumière anoblit tout ce qu'elle effleure. Le bois, la tranche des livres, le manche des couteaux, la courbe du visage et celle du temps qui passe, et même la poussière en suspens dans l'air. Ce n'est pas rien d'être grains de poussière en ce monde. 

Voilà que je m'intéresse à la poussière. Le mois de mars va être long."


"Passionnante conversation avec un pêcheur d'où il ressort que les Juifs  mènent le monde (mais qu'en France ce serait les Arabes), que Staline était un vrai chef, que les Russes sont invincibles (ce nain d'Hitler s'y est cassé les dents), que le communisme était un système excellent, que le séisme d'Haïti est le résultat d'une onde de choc d'une bombe américaine, que Nostradamus avait raison, que le 11 septembre est un coup des Yankees, que les historiens du goulag sont des antipatriotes et les Français des homosexuels. Je crois que je vais espacer mes visites."


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