vendredi 27 mai 2022

Noir


4 de couv' :
Depuis trente ans, je dessine à la plume des croquis de pendus et de suicidés. Sur les routes, dans les cabanes, à bord des bateaux, j'ai découvert des milliers de feuilles. La mort m'a épargné. Ma méthode est donc bonne. Ces dessins n'ont rien de macabre. Ils ont pour mission de me rappeler que je suis mortel. Dans le désordre de la vie, on aurait tendance à l'oublier. Je conjure le sort en écrivant, en dessinant.
Arrière la mort !


En préambule : si vous avez eu dans votre entourage une personne qui s'est suicidée récemment et/ou dont la douleur est toujours aussi vivace, je ne pense pas qu'il faille mettre ce livre entre vos mains (encore que je pense que vous allez tout naturellement l'éviter dans ce cas).
Non seulement pour éviter de vous faire du mal, mais surtout parce qu'il vous sera impossible d'avoir le recul nécessaire pour être en capacité d'apprécier ce livre.
Et pour être totalement transparente : oui, j'ai eu dans ma famille et/ou entourage des personnes qui se sont suicidées.

D'une manière plus générale, il vaut mieux être adepte de l'humour noir, car ici il en est beaucoup question aussi, mais vu le thème, je pense que chacun aura compris.

Ceci posé, j'ai pour ma part beaucoup apprécié ce livre. Sylvain Tesson a décidément un joli coup de crayon, chaque dessin fait mouche et je me suis surprise à me dire qu'il aurait pu faire une carrière plus qu'honorable en tant que dessinateur de presse. Certains de ses dessins m'ont fait penser à Plantu et Quino, c'est dire le niveau !

Et tout comme Plantu et Quino, l'humour (certes, noir) de la quasi totalité des dessins est aussi subtil que poétique, et m'a beaucoup fait pensé à ses aphorismes.
Il y a donc ici de l'humour, de la dérision mais aussi de la compassion pour ses personnages. On sent que, sujet mis à part, il les aime et a même une certaine tendresse pour eux. On sent aussi que la volonté de "ses" suicidés est seulement d'échapper à un monde qui les blessent ou leur est rendu insupportable.

Je me suis demandée à un moment donné s'il y avait une part de l'auteur dans certains dessins. Je laisse cette interrogation à d'autres, et à l'auteur surtout de s'exprimer lui-même sur le sujet si lui le souhaite et s'il y a matière à le faire.

Décidément, Sylvain Tesson me procurera toujours de belles découvertes.
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jeudi 26 mai 2022

Precious et Grace


4 de couv' :
Alors que Mma Makutsi, depuis peu codirectrice de l'Agence N° 1 des Dames Détectives, essaie de pousser Mma Ramotswe à moderniser leurs pratiques, une affaire inhabituelle va forcer les deux femmes à se tourner résolument vers le passé. Susan Peters, une jeune canadienne née au Botswana, requiert les services de l'Agence pour renouer avec sa vie d'avant. Si Precious et Grace trouvent sans peine la maison où la mystérieuse jeune femme fut élevée, et la nourrice qui s'occupa d'elle des années auparavant, cette dernière n'a pas l'air de ressentir la même nostalgie... Et quand ce voyage dans le temps prend une tournure inattendue, nos enquêtrices se doivent d'admettre que, parfois, certaines choses devraient rester dans le passé.


Comme à chaque printemps, ce fut un plaisir de retrouver Mma Ramotswe et sa famille de coeur.
Et si par comparaison aux premiers tomes de la série, rien de réellement nouveau ne se passe, cette série est vraiment une bulle de douceur qui fait du bien à chaque lecture.

Dommage que les deux derniers tomes n'aient pas été traduits, espérons que ce sera le cas...
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dimanche 15 mai 2022

La marche dans le ciel

4 de couv' :
Ils sont partis du Bhoutan. Six mois et 5000 kilomètres plus tard, Alexandre Poussin et Sylvain Tesson entraient au Tadjikistan, après avoir accompli la traversée intégrale de l'Himalaya, à pied, d'est en ouest.
Sans tentes, ni vivres, ni porteurs, ils n'ont pu compter que sur des rencontres, sur ce rapport d'échange oublié entre l'étranger et ses hôtes, pour se nourrir et s'abriter.
Ensemble, ils ont franchi des frontières, clandestines ou non, géographiques ou spirituelles, et nous livrent leur regard sur les autres et sur le monde.


Quel plaisir renouvelé que de voyager à nouveau en compagnie de Sylvain Tesson et Alexandre Poussin (surtout confortablement installée dans un fauteuil ou au soleil dans le jardin de ma maman) !

Si je dois avouer que l'énumération des différentes montagnes m'a parue un peu redondante (mais les passionnés d'alpinisme adoreront !), l'ensemble des pérégrinations de ces deux (alors) jeunes hommes m'a davantage enthousiasmée.

Si leur périple frôle parfois l'inconscience entre mise en danger, traversée illégale de frontières, santé parfois poussée dans ses retranchements, on ne peut qu'être admiratif devant tant de ténacité. Mais n'oublions pas non plus qu'ils ont, comme pour "On a roulé sur la terre", minutieusement préparé leur traversée de l'Himalaya.

Et les rencontres avec les populations, les descriptions de paysages et ce partage avec tout lecteur de ce livre valaient bien toutes les difficultés rencontrées.
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samedi 7 mai 2022

Le jardin arc-en-ciel

4 de couv' :
Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s'apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l'amour sur la terrasse d'Izumi et ne se quitteront plus. Avec le fils d'Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d'une maison d'hôtes, nouvelle en son genre.
Il y a quelque chose de communicatif dans la bienveillance et la sollicitude avec lesquelles la famille accueille tous ceux qui se présentent : des couples homosexuels, des étudiants, des gens seuls, des gens qui souffrent, mais rien de tel qu'un copieux nabe ou des tempuras d'angélique pour faire parler les visiteurs ! Tous repartiront apaisés. Et heureux.
Pas à pas, Ogawa Ito dessine le chemin parfois difficile, face à l'intolérance et aux préjugés, d'une famille pas comme les autres, et ne cesse jamais de nous prouver que l'amour est l'émotion dot les bienfaits sont les plus puissants.
On réserverait bien une chambre à la Maison d'hôtes de l'Arc-en-ciel !


Décidément, j'aime bien cette autrice, à la plume à la fois délicate et sans détour qui décrit si bien la vie telle quelle, sans fioriture ni jugement, tout en finesse.

Autant le début du livre ne m'a guère enthousiasmé (les évènements s'enchaînent rapidement et avec une facilité assez peu réaliste), autant je me suis ensuite laissée portée par l'écriture et l'histoire.
J'ai particulièrement apprécié que chaque partie du roman corresponde à un personnage après l'autre, de la plus ancienne à la plus jeune. Excepté le prologue, dont la narration en deux parties est celle de deux des personnages, qui prendra tout son sens en fin de lecture. Au point que je l'ai relu après avoir fini le livre.

Une belle réussite, une fois de plus.
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