dimanche 30 octobre 2011

Murmures




4 de couv' :

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

Décidément, j'aime beaucoup cette auteure.

Il s'agit cette fois d'un court roman (201 pages), mais riche en évènements, en beauté littéraire. Poétique en effet, il s'agit ici d'un conte cruel, certes, mais d'une grande beauté.
Esclarmonde, envers et contre tout - et tous -  s'affranchit du destin qui lui est tout tracé de par sa condition féminine et réussit bien que recluse à prendre peu à peu un grand pouvoir sur tous.

Il y a dans ce roman-ci de la féérie, comme dans le précédent.

D'ailleurs, je ne résiste pas à mettre ici cette citation, où Esclarmonde s'adresse aux lecteurs :
"Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."
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samedi 29 octobre 2011

Avé, César, morituri te salutant...

(et sur le titre de cet article, merci Astérix. Hum. On a les références latines qu'on peut)

J'avais remarqué cette série dans ma librairie de BD préférée (que je ne sais pas si je peux en faire la pub, mais disant que son nom ressemble fort à celui de la fameuse épée du roi Arthur. Elle se trouve place de la Liberté à Brest, celle qui tient la boutique est une passionnée, donc hyper compétente, donc sait toujours bien conseiller. Entamer une discussion BD avec elle est un vrai bonheur, une fenêtre ouverte sur ce monde fabuleux, une véritable encyclopédie).

Mais reprenons.

Depuis quelques temps donc, j'avais repéré cette série dans le magasin. J'aime bien tout ce qui est historique, avec une prédilection pour l'antiquité et le Moyen-Âge.
Je feuilletais donc régulièrement les premiers tomes, hésitant, tergiversant.
Jusqu'à ce que le feuilletant une fois de plus lundi dernier (alors que j'étais venue acheter une autre BD dans un genre radicalement différent, que je n'ai toujours pas lu d'ailleurs, et dont je parlerai sous peu), je me suis dit que ça devenait ridicule, alors, hop ! Je me suis enfin décidée à acheter le premier tome.

Je l'ai lu seulement le lendemain matin au petit déjeuner et j'ai tellement aimé que je suis allée acheter les 7 autres tomes le soir même après le boulot. Ce qui a donné la scène suivante dans le magasin : moi, me ruant sur le rayon, vérifiant qu'ils sont tous là avant de les prendre. Oui ils sont tous là. Sauf le tome 2.
Grmblbl.
Puis moi, posant tous ces tomes sur le comptoir. Surprise de notre vendeuse préférée (mon homme a eu la même expression de surprise quand il m'a vue rentrer chez nous avec tout ça, avant d'éclater de rire quand je lui ai donné la même explication qu'en magasin :) "J'ai acheté le tome 1 hier, j'ai adoré, alors que ça fait un certain déjà que je rôdais autour, en train de tergiverser..." "Et là du coup, vous n'avez plus tergiversé" "Non, mais j'ai dû trop traîner quand même car là, je les ai tous retrouvé, sauf le tome 2, évidemment !"
Qu'elle a retrouvé en réserve illico (quand je vous dit qu'elle est super !).

La raison de mon hésitation première est que je craignais de tomber sur le classique "temps des romains = lubricité, orgies, complots, meurtres, orgies, etc." Ben non.
Partant d'un personnage, ami d'enfance de Néron (Murena donc), les auteurs ont réussi une superbe reconstitution historique qui fait fi des clichés qu'on peut avoir sur cet empereur, avec à la fin de chaque volume des notes explicatives et une bibliographie.
Qui plus est, les rares fois où ils ont pris quelques libertés avec la réalité historique, cela ne l'entrave pas grandement (sauf si on a un côté puriste) et surtout, ils le précisent immédiatement dans une note explicative. Sur les huit volumes, ils ne l'ont fait que deux fois.
Les dessins sont superbes, les scénarios bien foutus, et cette partie de l'histoire romaine est tellement bien vulgarisée qu'on a envie d'en apprendre plus. Ou de se mettre aux auteurs classiques.
Cerise sur le gâteau (pour les auteurs) mon homme, prof d'histoire, apprécie beaucoup cette série lui aussi. Ainsi qu'un de nos copains, prof d'histoire également.

Donc si toi aussi tu aimes la BD historique et l'antiquité, c'est fait pour toi. Sauf si tu es un enfant. Je rappelle que que la BD n'est plus un genre réservé aux petits, c'est un art à part entière qui s'adresse à tous !


Petite précision : cette série est en fait deux cycles de quatre tomes chacun (premier cycle sur votre gauche, deuxième à votre droite), dont le premier est sorti en intégrale. Pour le deuxième, ça ne devrait pas tarder.
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jeudi 27 octobre 2011

Equation

Ceci est un article pour rien. Enfin, pas vraiment pour rien, c'est juste pour faire partager mon enthousiasme et si ça se trouve, ce sera contagieux. Alors hein, un peu de bonheur à distribuer, ça peut pas faire de mal.

Donc, en résumé :
Ma collection préférée + mon poète préféré = le livre que vous voyez sur votre gauche et moi en mode "oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu"

Manquerait plus qu'il fasse la même chose avec Prévert et Rimbaud et là, on (j'ai dit "on" ?) atteint l'extase.

En résumé du résumé : YES !

dimanche 23 octobre 2011

Apprentissage


4 de couv' :

Etienne Davodeau est auteur de bande dessinée, il ne sait pas grand-chose du monde du vin.
Richard Leroy est vigneron, il n'a quasiment jamais lu de bande dessinée.
Mais ces deux-là sont pleins de bonne volonté et de curiosité. Pourquoi choisit-on de consacrer sa vie à écrire et dessiner des livres ou à produire du vin ? Comment et pour qui les fait-on ?
Pendant plus d'une année, pour répondre à ces questions, Etienne est allé travailler dans les vignes et dans la cave de Richard, lequel, en retour, s'est plongé dans le monde de la bande dessinée.
Ils ont ouvert de nombreuses bouteilles et pas mal de livres. Ils se sont baladés, à la rencontre d'auteurs et de vignerons passionnés par leurs métiers.
Etienne Davodeau fait le pari qu'il existe autant de façons de réaliser un livre qu'il en existe de produire du vin. Il fait le constat que l'un et l'autre ont ce pouvoir, nécessaire et précieux, de rapprocher les êtres humains.
C'est le joyeux récit de cette initiation croisée que vous propose Les Ignorants.

(un quatrième de couverture, qui plus est aussi long, pour une BD, c'est pas banal)

Acheté par hasard (je suis allée chez ma libraire de BD préférée à Brest acheter le dernier "Tuniques Bleues" pour mon homme et suis tombée par hasard sur celui-ci), et intriguée et amusée par ce parallèle entre le vin et la BD (ou plutôt, entre deux passions), je n'ai pu résister à l'envie de l'acheter.

Je ne regrette pas, d'autant qu'en le lisant hier, je me suis rendue compte que le vin dont il est question ici est un vin de Loire, issu de notre lieu de vacances de l'année dernière et de cette année. Peut-être en avons-nous bu (honte sur nous), sans y prendre plus attention que cela ? (re-honte sur nous)
On se rattrapera l'année prochaine !

Bref, ce fut un itinéraire livresque et gustatif intéressant, bien que je regrette que ce livre laisse la plus grande part à la culture viticole. J'aurais bien aimé en savoir plus sur la "fabrication" d'une BD. Oui, je sais, tout ce qui est évoqué dans celle-ci sur la fabrication du vin est justement la base et la fabrication de la BD, mais j'aurais aimé en voir plus que l'auteur dessiné en train de prendre des notes.
Le premier contact avec le monde de la BD est justement lors du tirage, donc lorsque le produit est finalisé alors que pour l'élaboration du vin tout est repris étape par étape. Et avec moultes explications sur les différents savoir-faire.

Ce qui est intéressant est que c'est vraiment tout un monde de passionnés que Davodeau nous a rendu accessible et là, je dis bravo ! J'accompagnerai mes repas de vins d'une façon un peu moins consommatrice, un peu moins ingrate aussi. Le plaisir n'en sera que décuplé !

De cette BD, j'en retirerai une citation, parlant du métier d'éditeur et des livres en général :
"C'est une entreprise qui produit des livres. C'est un truc étrange, un livre... C'est des idées, des sentiments... C'est fragile et compliqué. Ça ne se fait pas comme des frigos ou des bagnoles."

J'en retire aussi, toujours sur la BD, tout un univers que Davodeau a su nous faire partager : ce ne sont pas que des albums à faire dédicacer au premier festival venu (mais je vous encourage vivement à vous rendre au premier qui pointera sa plume près de chez vous, c'est géant !), mais bien un art à part entière.

Sur ce, ce livre est une totale réussite (de 268 pages, la réussite, attention, hein, on est dans la cour des grands). Inutile de dire que la prochaine fois que je le lirai, ce sera un verre de (bon) vin à la main...
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samedi 22 octobre 2011

Zapping

Merci, grand merci à Arte de diffuser cette émission, "Sur les traces de Tintin" (visiblement une rediffusion, comment ai-je pu la louper en 2010 ???!!!), dont chaque émission est constituée de reportages basées sur les aventures de Tintin, page par page.
Une merveilleuse idée, j'y souscris volontiers.

Maintenant, excusez-moi, je dois suivre l'émission consacrée au Lotus Bleu, un de mes albums préférés !

(fan moi ? Ah bon ?)

vendredi 21 octobre 2011

Histoire de coeur


4 de couv' :

Bruce, un quadragénaire divorcé, un peu ours, un rien misogyne, est sauvé in extremis par une greffe cardiaque. Après l'opération, sa personnalité, son comportement, ses goûts changent de façon surprenante. Il ignore encore que son nouveau coeur est celui d'une femme. Mais quand ce coeur s'emballe avec frénésie devant les tableaux d'un maître de la Renaissance italienne, Bruce veut comprendre. Qui était son donneur ? Quelle avait été sa vie ? Des palais austères de Toscane aux sommets laiteux des Grisons, Bruce mène l'enquête. Lorsqu'il découvrira la vérité, il ne sera plus jamais le même...


J'ai acheté ce roman il y a quelques mois, avant de savoir que Charlotte Valandrey devait sortir le sien, avec le même titre, le même thème. La différence ici, même si l'histoire est similaire, est que celui de Tatiana de Rosnay est un roman, une fiction. Et qu'il a été écrit en 1996.
Mon choix ne suivait donc pas une mode, mais (ah ah ah, j'allais dire un "coup de coeur", oups !) me venait plutôt de mon histoire personnelle puisqu'ancienne opérée du coeur, tout comme ma mère, sans compter sa soeur ainée décédée d'un infarctus quand j'étais petite. On peut dire que chez nous, les affaires de coeur sont une histoire de famille ;-)
(en ce qui me concerne, rien de grave par comparaison aux autres enfants ou malades du service où j'étais, mais une opération nécessaire cependant).
Disons que je suis prédisposée donc à lire ce genre de roman (sans doute la raison aussi qui m'a poussé à lire "le coeur cousu", en dehors de l'enthousiasme débordant suscité par ce roman depuis sa sortie, enthousiasme et prix bien mérités, j'insiste, persiste et signe !).

Bref, parlons plutôt lecture : si je n'ai pas trouvé le style d'écriture exceptionnel, il est cependant très agréable et petit à petit, on est pris dans les mailles de cette histoire touchante, poétique et belle. Grâce à cette greffe, le personnage central se révèle à lui-même, aux autres, en exprimant le meilleur de lui-même. Pas parce qu'il a frôlé la mort, mais bien parce que l'opération et ses conséquences, le "fantôme" de sa donneuse (parce que non, ce n'est pas une histoire de fantôme au sens classique et morbide habituel) vont lui faire vivre une autre vie que celle "d'avant" et découvrir une autre vie. Et une autre vie que la sienne.

Cette greffe, sans entrer dans les détails, va lui être salutaire à lui, mais aussi à sa donneuse.
Cette envie de savoir qui elle était, l'enquête qu'il va amorcer et suivre pour mieux la connaître, la comprendre, va être pour lui un vrai bouleversement. Et l'occasion pour elle, et malgré elle puisqu'elle est décédée, d'accomplir ce qui était au moment de sa mort les buts de sa vie.

Au fond, il n'est question dans ce livre que de générosité...

J'avais entendu parler de Tatiana de Rosnay, j'étais curieuse de découvrir cette auteure, je ne suis pas déçue. Je crois que je lirai d'autres de ses romans, j'ai jeté un oeil sur leurs résumés et ils me tentent bien.

Et petit plagiat : tout comme l'auteur qui le précise à la fin du roman, j'ai moi aussi ma carte de donneur (si, si, une très bonne candidate pour le don d'organes sauf le coeur évidemment m'a-t-on expliqué quand on m'a refusée pour le don du sang, de plasma et de moelle car sûrement transfusée pendant l'opération). Donc voilà, je fais campagne à mon tour, au cas où ça pourrait intéresser quelqu'un :
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vendredi 14 octobre 2011

Hergé

Ma toute première bande dessinée, la première qui m'ait été offerte, pour mes 6 ans, et qui m'appartenait en propre (je connaissais déjà les "Sylvains et Sylvette", mais eux je ne les ai acheté que plus tard avec mon argent de poche) était "Tintin et les Picaros".
J'ai tout de suite adoré. Je l'ai lu, relu, re-relu. Qu'il ne soit pas tombé en miette déjà à cette époque est étonnant. Mais j'aime les livres et encore maintenant il est en parfait état.
C'est ainsi que j'ai commencé la collection. Je les ai tous, même "L'Alph Art", qui est inachevé.

Celui dont je vais parler ici n'est évidemment pas l'oeuvre d'Hergé, à moins de considérer sa vie comme une oeuvre. Cette BD retrace donc sa vie : objectivement, sans concessions mais sans parti pris non plus. A chacun de se faire une opinion.
On retrouve dans ce livre quelques anecdotes dans lesquelles on retrouve certains passages ou personnages des aventures de Tintin : c'est donc bien son vécu qui l'a parfois influencé ou suggéré certains moments clefs. Ça commence d'ailleurs dès la première page, avec celle qui lui inspira la Castafiore...
J'ai apprécié cette objectivité, mais aussi que les auteurs aient situé dans le temps chaque passage du livre. On s'y retrouve mieux et le contexte historique aussi a son importance.
Par contre, je m'y retrouvais mieux encore parce que je connaissais déjà la vie d'Hergé, en particulier grâce à ce livre (à droite) que j'avais acheté quand j'étais au collège : je l'ai lu, relu, re-relu lui aussi (fan, moi ? Bôôôf... Si peu...)

Dans les aventures d'Hergé, ce qui est agréable est qu'ils ont repris le "style" Hergé, un peu son humour aussi, ce qui n'est pas forcément évident, s'agissant d'une vie réelle. Mais les fans de Tintin et Hergé s'y retrouvent, et c'est l'essentiel.


Et Tintin, dans tout ça ? Et bien, cliquez sur l'image de la couverture "Les aventures d'Hergé", vous devriez le retrouver...
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samedi 8 octobre 2011

Marie-Blanche


4 de couv' :

1995, région des Grands Lacs. Jim Fergus rend visite à sa grand-mère, Renée, 96 ans. Fille d'aristocrates français désargentés, mariée trois fois, celle-ci a connu un destin hors du commun, qui l'a menée de son petit village natal de la région de Senlis jusqu'au Etats-Unis, en passant par les sables d'Egypte. D'un caractère entier, froide et tyrannique, elle a brisé la vie de sa famille, en particulier celle de sa propre fille, Marie-Blanche, la mère de Jim. Pour essayer de la comprendre, et peut-être de lui pardonner, celui-ci va tenter de retracer son parcours.
En parallèle, à travers le journal intime de sa mère, l'écrivain nous fait entrer dans l'intimité de celle-ci. Internée en 1966 dans un asile de Lausanne, Marie-Blanche se souvient de sa vie, commencée comme un conte de fées mais qui prit peu à peu des allures de tragédie.
Jim Fergus s'inspire ici de son histoire personnelle pour nous offrir une saga familiale bouleversante. A la façon de Dalva, de Jim Harrison, il inscrit l'intime dans l'Histoire et nous présente d'inoubliables portraits de femmes dans la tourmente. On retrouve surtout dans cette fresque qui s'étend sur un siècle et trois continents toute la puissance romanesque de l'auteur de Mille femmes blanches associée à une force d'émotion rare.

Cette fois, ce n'est pas une histoire d'indiens que nous offre Jim Fergus, mais un roman plus intime puisqu'il concerne sa famille.
Alternant la vie de sa mère et de sa grand-mère aux mêmes âges (nous offrant ainsi des décalages de 20 ans d'une série de chapitres à l'autre), ce parallèle nous permet de voir ce qui, dès leur naissance (voire même avant leur arrivée dans cette famille) fait que rien n'était joué d'avance. Ou trop bien joué d'avance, peut-être.
Je pense que Jim Fergus a fait là aussi un gros travail de recherche sur sa propre famille et que les albums élaborés par chacun au fil des ans, les lettres, tout ce qu'il a pu récupérer de son histoire familiale l'y a aidé.

Difficile pour la mère de Jim Fergus d'avoir une vie "normale" et heureuse avec une mère telle que la sienne, elle-même ayant grandit dans une famille telle que celle-là, où rien n'est franc et sincère (si ce n'est les plus mauvais sentiments) et où sauver les apparences  et avoir un certain train de vie est plus le important. Avoir des principes et s'asseoir dessus quand ça vous arrange.
Les relations entre Renée et Gabriel, en dehors de leur immoralité, laissent un certain malaise. Non seulement pour les faits eux-mêmes déjà suffisamment graves et malsains, mais aussi car on ne sait plus qui manipule l'autre. Et l'entourage hypocrite qui, bien que s'en offusquant, ne fait guère d'efforts pour tout stopper.
Il est beaucoup question d'innocence perdue dans cette histoire familiale (avec la même cause : Gabriel), mais on ressent aussi une certaine tendresse de l'auteur pour sa mère. Qui, je le crois, y compris par ce roman, aurait aimé la sauver. Peut-être une façon de digérer tout ce lourd passé familial et continuer sa vie. Et malgré tout, même pour Renée, deux beaux portraits de femmes.

Une sacrée saga familiale, tragique, mais un bon moment de lecture, l'écriture est assez fluide pour qu'on en dévore les 600 pages en peu de temps.

Et pour ceux qui voudrait en savoir plus, j'ai trouvé par hasard cette émission de radio, que je n'ai pas encore écoutée :
http://www.franceinter.fr/em/grand-entretien/104591
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mercredi 5 octobre 2011

L'empreinte du nain


4 de couv' :

L'agent du FBI, Beau Smithsonian, aurait savouré le plaisir de vacances bien méritées si, dès son arrivée chez ses vieux amis, Cathy et Ken, il n'avait été alerté par d'imperceptibles changements dans leur manière de vivre... Au même moment, un rapport du bureau des statistiques du FBI révèle que dans le petit bourg de Pueblo, proche de la frontière mexicaine, le taux de criminalité a brutalement augmenté de 200 % en un mois. En Russie, dans la région de Vladimir, se produisent d'inexplicables flambées de violence qui, toutes, se terminent dans le sang...
Y a-t-il un lien entre ces évènements ? C'est ce que Beau Smithsonian va devoir établir. Commence alors l'une des plus difficiles enquêtes que l'as du FBI ait jamais eu à effectuer. A ses côtés, Shar, une Noire superbe, et Bernie, un ancien mafieux, polyglotte et surdoué.
Après Les Cercles de l'Enfer, Maud Tabachnik nous offre un nouveau thriller au rythme haletant, à l'atmosphère trouble et inquiétante. Un homme peut-il, à lui seul, dérégler le cerveau humain, circonvenir les puissants et asservir le monde ? Dollars, images subliminales, drogues hypnotiques, musiques infernales... sont les armes dont il dispose. Face à lui, Beau Smithsonian et ses amis, mais aussi Ferrari, le rescapé des Cercles de l'Enfer. Qui sortira vainqueur de l'affrontement sans merci ?

Honnêtement, je ne trouve pas que ce soit le meilleur polar de Maud Tabachnik, même s'il est agréable à lire (et pratique dans à lire dans le bus, avec ses (parfois très) courts chapitres) et que le sujet de départ est plutôt intéressant.

Sauf qu'on comprend dès les première pages qu'il s'agit d'images subliminales, on suppute que la fameuse boisson ne fait que renforcer le tout, donc pas vraiment de surprise pour ce qui est de l'intrigue. Le méchant est très méchant et même odieux, on n'a pas envie de lui accorder la moindre circonstance atténuante.
Je trouvais intéressant le parallèle entre les Etats-Unis et la Russie, me demandant parfois cependant si la vision de ce pays qu'avait l'auteur à l'époque (le roman date de 1999) n'était pas un peu caricaturale.
Cela dit, j'ai bien apprécié certaines allusions au contexte géopolitique de l'époque et on comprend vite à quels hommes politiques il y est fait allusion. Et s'il n'y avait ne serait-ce qu'une infime part de vérité dans ce que l'auteure a imaginé... C'est quand même effrayant. Combien de fois ne dit-on pas, quand se procurent des évènements dramatiques sur notre planète, "le monde est devenu fou" ?
Une fin en suspens, et assez pessimiste (comme "Le festin de l'araignée", dont j'ai déjà parlé ici).

Je regrette aussi que les personnages côté "héros" n'aient pas été plus développés. Visiblement, il ne s'agit pas de leurs vrais noms (comme pour les hommes politiques évoqués plus haut), mais on ne sait pas pourquoi, et ils travaillent dans une obscure branche du FBI genre X-Files si j'ai bien compris. L'une d'entre eux est dotée de pouvoirs extra-sensoriels, ce qui m'a chiffonné un peu au départ ("est-ce vraiment utile ?") et encore plus quand on se rencontre que cet aspect là est à peine exploité dans le roman.
L'inspecteur de la CIA est un personnage déjà vu dans un autre roman, peut-être était-ce une tentative pour le faire renaître, vu son passé ou pour lancer de nouveaux personnages récurrents dans l'optique d'autres romans. Je ne sais pas, ça m'apprendra à les lire dans l'ordre, aussi.

Enfin, j'ai noté un développement, dans l'un des chapitres, sur les meurtres et atrocités perpétrés à Ciudad Juarez. Sujet qui tient à coeur l'auteure, car elle en a fait un autre polar, "J'ai regardé le diable en face", inspiré de faits réels dont on a beaucoup entendu parler à une époque, dans des reportages.
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dimanche 2 octobre 2011

Particulier


4 de couv' :

Michel, chercheur en biologie rigoureusement déterministe, incapable d'aimer, gère le déclin de sa sexualité en se consacrant au travail, à son Monoprix et aux tranquilisant. Une année sabbatique donne à ses découvertes un tour qui bouleversera la face du monde.
Bruno, de son côté, s'acharne en une quête désespérée du plaisir sexuel. Un séjour au Lieu du Changement, camping post-soixante-huitard tendance new age, changera-t-il sa vie ? Un soir, dans un jacuzzi, une inconnue à la bouche hardie lui fait entrevoir la possibilité pratique du bonheur.
Par leur parcours familial et sentimental chaotique, les deux demi-frères illustrent de manière exemplaire le suicide occidental _ à moins qu'ils n'annoncent l'imminence d'une mutation.

Sentiments mitigés pour ce roman, que je viens de laisser tomber à la page 154 (sur 394). Sentiments mitigés et contradictoires car la lecture avait plutôt bien commencé quand je l'ai entamé hier. J'aimais assez il faut dire mais ce matin, rien à faire, rien ne passe. Il faut dire que tout ce que j'y ai lu hier retraçait essentiellement l'enfance et l'adolescence des deux frangins, mais depuis ce matin, il s'agit d'eux à l'âge adulte.
Et surtout j'ai commencé, pas tout à fait réveillée encore, par les vacances de Bruno, dans un genre de camping-séminaire plus ou moins bouddhiste-tantrique créé dans les années 70-80 par des ex-soixante-huitards (d'esprit). Bruno, qui passe ses vacances à trouver une nana à baiser sans y parvenir (et vu sa conception des femmes, désolée mon gars, mais ça risque pas d'arriver). C'est rigolo un temps, mais franchement, l'est pas net, le gars.
Quant à Michel, il s'est tellement bien détaché du monde que c'est lors de son année sabbatique qu'il le découvre, ainsi que le quotidien de ses concitoyens.
Chacun, à sa façon, est totalement décalé dans notre monde.
Et si tout ceci dans le fonds, pourrait assez bien me plaire, les obsessions sexuelles du Bruno ont achevé de me lasser.
Ceci, pour l'histoire.

Pour ce qui est de l'écriture, ce qui me plaisait hier a fini de me lasser ce matin : l'auteur s'efforce de disséquer la vie de ses personnages en partie par un style d'écriture plus ou moins scientifique et par endroit, philosophique, ce qui ne me dérange pas dans l'absolu et que j'apprécie assez, sauf qu'au bout d'un moment, j'ai fini par trouver cela un peu lourd.
Mais je reconnais que j'aime assez l'écriture de l'auteur.

Par ailleurs, là, je retrouve assez les mêmes sentiments pour ces deux personnages que pour ceux du "Blé en herbe" de Colette : insipides et à baffer. Il n'y a pas à dire, j'ai un vrai problème avec les personnages de petits bourgeois. Surtout ceux qui s'ennuient dans leur propre vie, attendant qu'elle (et ceux qui les entourent) leur apporte quelque chose plutôt que de la vivre pleinement.

Il faut dire que ce roman est empli de cynisme du début jusqu'au moment où j'ai arrêté ma lecture et même si dans l'absolu, c'est assez drôle par ce biais, il n'en reste pas moins qu'au bout d'un moment, je sature. A force, j'ai fini par m'agacer de ces personnages.

C'est dommage, c'était bien parti pourtant.
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