mardi 31 décembre 2019

Frappe-toi le coeur

4 de couv' :
"Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie". Alfred de Musset.


Cela faisait bien longtemps que je n'avais lu un Amélie Nothomb, et si je n'y retrouve pas la verve du début, je dois bien reconnaître que la qualité de l'écriture est un pur plaisir de lecture, par laquelle on se laisse porter du début à la fin du roman.

Le sujet ? Comme toujours avec Amélie Nothomb, les sentiments humains et leurs turpitudes. Le thème ? Si je ne me trompe pas sur les intentions de l'autrice (si intention il y avait) : la maternité, ou plutôt que non, ce n'est pas parce que l'on est une femme que l'on est inexorablement faite, vouée et douée pour être mère.
Et que des fois, il vaut mieux ne pas répondre à la pression sociale (et nous l'avons toutes connue), et ne pas faire d'enfants si on n'y est pas prête, au risque de rendre ses enfants malheureux...
Et cela vaut pour les hommes aussi, l'un des personnages n'étant vraisemblablement pas fait pour être père non plus...

Une belle réflexion sur l'amour maternel, porté ou non à ses enfants, la façon dont il se manifeste, et ses conséquences.

Court roman, beaucoup à en dire (et je n'ai pas encore fini d'y repenser !).

PS : et ceci fut ma (belle) dernière lecture de 2019, bienvenue à mes futures lecture de 2020 !
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Damalis

4 de couv' :
VIIe siècle avant Jésus-Christ. Fils de chef promis à un avenir glorieux, un jeune Thrace perd soudain tous les siens dans un véritable massacre. Il est alors vendu comme esclave à une famille d'aristocrates grecs. Une vie, qu'il n'aurait jamais dû vivre et qu'il n'aurait jamais imaginée, commence pour lui...


Trouvé par hasard (parce que mis en avant) à la bibliothèque, ce livre est décidément une bonne surprise.

Si la situation de Damalis, l'esclavage, est un prétexte pour aborder la vie courante (des notables) de la Grèce antique, c'est un prétexte formidablement bien trouvé : de par sa condition, Damalis a accès à bien des secrets de ses maîtres. De par sa condition, jeune Thrace qui ne connaît rien de la civilisation grecque, c'est par lui que nous la découvrons.

Mais ce roman n'est pas que cela. C'est un vrai bon roman, avec sentiments, intrigues et un scénario irréprochable.

Et pour moi qui ai toujours été intéressée par cette période de l'histoire, ce fut la belle surprise de cette fin d'année !
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dimanche 22 décembre 2019

Les Nuits de laitue

4 de couv' :
Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Sans compter qu'Ada participe intensément à la vie du voisinage, microcosme baroque et réjouissant.
Il y a d'abord Nico, préparateur en pharmacie obsédé par les effets secondaires indésirables ; Anibal, facteur fantasque qui confond systématiquement les destinataires pour favoriser le lien social ; Iolanda et ses chihuahuas hystériques ; Mariana, anthropologue amateur qui cite Marcel Mauss à tout va ;M. Taniguchi, centenaire japonais persuadé que la Seconde Guerre mondiale n'est pas finie.
Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat ses insomnies à grandes gorgées de tisane tout en soupçonnant qu'on lui cache quelque chose...


Bien que ce roman ne fasse que 223 pages, il faut bien reconnaître qu'il foisonne d'humour, de personnages hauts en couleur et d'inventivité. L'autrice arrive à nous faire aimer chacun d'entre eux, qui gravitent autour d'Otto, récemment veuf, déprimé et un peu réfugié dans ses souvenirs mais toujours intrigué par son voisinage dont sa femme lui donnait autrefois les clés pour mieux le comprendre.
Chaque chapitre présente chaque membre du voisinage et en quoi il est relié à Otto et Ada, aussi bie dans le passé que dans le présent.

Et c'est cet ensemble qui une fois reconstitué arrive à la conclusion émouvante du roman.

Le titre ? On ne va pas tout vous dire, il vous faudra lire le roman pour le comprendre.


PS: le titre est justement ce qui m'a poussé à choisir ce livre quand je suis tombée dessus par hasard à la bibliothèque. J'ai décidé de faire ainsi de temps en temps, laisser faire le hasard : je sens que ça va m'apporter un lot de surprises.

samedi 21 décembre 2019

Tout bouge autour de moi

4 de couv' :
Le 12 janvier 2010, Dany Laferrière se trouvait à Port-au-Prince. Un an après, il témoigne de ce qu'il a vu. Sans pathos, sans lyrisme. Des "choses vues" qui disent l'horreur, mais aussi le sang-froid des Haïtiens. Que reste-t-il quand tout tombe ? La culture. Et l'énergie d'une forêt de gens remarquables.


Je retiens surtout de ce livre un bel hommage au peuple haïtien, loin des clichés que l'on peut en avoir, que ce soit avant ou après ce tremblement de terre.

Je retiens aussi que l'un des plus grands intérêts de ce livre (dont je tiens à souligner la parfaite écriture), sur ce sujet, est que l'auteur a un pied à Haïti, et l'autre en dehors : originaire d'Haïti, où toute sa famille demeure encore, il a fait sa vie en dehors d'Haïti mais y est présent au moment du tremblement de terre. Il nous offre ici une vision de son pays depuis l'intérieur, et celle du traitement qui en fait par les journalistes, les politiques, les ONG. Et sa vision à lui sur tout cela.
Lire l'opinion de quelqu'un originaire du lieu, qui a l'avantage de par sa situation de regarder cela avec un certain recul tout en étant directement impliqué, m'a particulièrement touchée, intéressée et grandie.

Si je suis souvent sceptique et surtout pas naïve sur le traitement des informations par les journalistes (je n'oublie jamais qu'ils sont là pour "vendre" et tombe souvent dans le sensationnalisme, l'image choc et facile et sont donc le plus souvent dans l'émotion que dans la raison), je pense que ce livre se rappellera à moi chaque fois que je verrai dans les média des reportages ou articles sur ce genre de drame.
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vendredi 20 décembre 2019

Lonesome Dove épisode 2

4 de couv' :
La première partie de Lonesome Dove nous a entraînés à la suite d'Augustus McCrae et Woodrow Call, illustres ex-Texas Rangers, sur la route dangereuse du Montana, là où, dit-on, les terres sont encore à qui les prend. De nombreuses épreuves attendent le convoi lors de cet extraordinaire périple à travers l'Ouest. Les hommes devront tour à tour affronter des éléments déchaînés, des pillards et leurs propres démons. Au bout de cette piste longue et périlleuse, beaucoup manqueront à l'appel.


C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé les héros de Lonesome Dove. On est parfois déçu avec les suites, mais pas cette fois.

Difficile de dire plus que sur le premier tome, si ce n'est n'est que l'intérêt que l'on peut porter à cette histoire, la qualité d'écriture, l'humour, l'ambiance, le suspens, l'immersion dans les conditions de vie des personnages et de l'époque ne faiblissent pas.

Pas comme le nombre de personnages qui constitue la troupe de cow-boys, d'ailleurs il ne vaut mieux pas trop s'attacher à tel ou tel personnage : les conditions de vie rudes appellant le plus souvent à une mort brutale (dans le sens où ne s'y attend vraiment pas).

Je ne sais trop si les conditions de vie décrites ici sont très réalistes, mais après cette lecture je comprend mieux pourquoi les américains sont si fiers de leurs ancêtres pionniers qui ont bâti les fondations de l'Amérique d'aujourd'hui.
Si on ne peut évidemment pas cautionner le massacre des Indiens et le vol de leurs terres - ce que l'auteur arrive à critiquer par petites touches même en ce plaçant du point de vue des blancs - ce roman dépeint une société où les blancs sont loin d'être tendres entre eux (et franchement peu civilisés), évoluent dans des territoires hostiles (mais s'y installent et s'y accrochent quand même) et survivent coûte que coûte.

Un beau classique du genre.
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dimanche 15 décembre 2019

Géographie de l'instant

4 de couv' :
Géographie de l'instant réunit les bloc-notes de Sylvain Tesson parus dans le magazine Grands Reportages et divers journaux. Il y évoque ses voyages aventureux ou immobiles, ses rencontres, ses escalades, ses lectures secrètes et contemple les ravages commis par les hommes contre la nature, la douceur. Il y parle de la Russie, de l'Afghanistan, de Haïti, de l'Islande, de New York, de paris. Il choisit le dégagement, l'humeur, la féerie, se confronte à l'absurde et aux ridicules de son époque. Avec un joyeux désespoir, ce nomade injecte de la couleur dans la grisaille du quotidien. Géographie de l'instant est un manteau d'Arlequin sur lequel Sylvain Tesson trace les points cardinaux de son univers intime. C'est un pamphlet poétique contre la lourdeur du monde, révélant la part secrète d'un voyageur pour qui les retours sont des brûlures.


Que dire de plus que ce que j'ai déjà évoqué pour "Une très légère oscillation" ?

Le principe de ces deux livres étant un peu le même, puisqu'il s'agit de recueils de bloc-notes. Ceci étant, les journaux ou magazine auxquels ces articles sont destinés ne sont pas les mêmes, sont plus variés (et donc la tonalité et l'intention des articles aussi), et ont été écrits à la période précédente.

J'y ai évidemment retrouvé la même vision du monde, la même sagacité, le même pessimisme que dans le volume suivant... Je l'ai trouvé plus axé sur la nature, sa beauté et ce que les hommes lui infligent, et ceci bien avant tous les discours écolos (ou écolos de convenance) dont on nous abreuve actuellement.

Et une certaine poésie aussi, mais quasiment pas d'aphorismes cette fois. Par contre, énormément de références littéraires, au point que j'ai pensé toutes les recopier (j'avais emprunté le livre à la bibliothèque), pour finalement me dire que ce serait plus pertinent de l'acheter, finalement ! (ce que je n'ai pas encore fait, mais ça ne saurait tarder).

Une belle écriture, une vision pertinente du monde, une lecture salutaire.
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