samedi 17 juillet 2021

Les roses fauves


4 de couv' :
Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur  lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine de coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir...


Soyons honnête, je ne sais pas si j'étais dans de mauvaises dispositions en démarrant la lecture de ce livre, mais j'ai failli le laisser tomber avant la quarantième page : l'autrice commence l'histoire comme un récit, se mettant elle-même en scène, et sur le moment, cela m'a agacée.
Quand j'ai repris ma lecture le lendemain, je me suis dit que :
1) depuis quand suis-je devenue aussi obtuse ?
2) j'adore cette autrice, je sais ce qu'elle vaut, donc je ne peux pas être déçue aussi facilement
3) c'est sensé être un roman, pas un récit, donc faisons ce que l'autrice a fait : la considérer comme personnage du roman, l'oublier elle en tant que personne réelle.

Et c'est exactement cela ! Heureusement que je n'ai pas laissé tomber, je serais passée à côté d'un des plus beaux romans qu'il m'ait été de lire depuis le début de l'année. Depuis longtemps.

L'écriture, admirable de délicatesse, de beauté, de poésie, d'intelligence, nous porte et nous transporte dans l'histoire, dont je suis ressortie avec l'impression d'avoir suivi les courbes et volutes enivrantes des rosiers qui nous emportent dans un imaginaire foisonnant, magique, beau, tragique et pourtant hymne à la vie, aux vies racontées ici, et surtout faisant la part belle à l'amour.

On croit lire l'histoire d'un postière et de sa famille et on se retrouve avec un magnifique conte où il est question d'amour, d'héritage et de malédiction familiale, de senteurs enivrantes, d'un village, de renaissance à la vie, de beauté, de fantômes, de mystères, de guerres, de volupté, de roses bien sûr car comme le dit l'autrice (celle du livre), il est bien question ici d'en faire un personnage à part entière.
Et tant d'autres choses qui parleront à chacun car nous avons tous notre propre sensibilité.

Rarement un roman m'aura autant transportée.
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