République dominicaine, 1963. Sonia Pierre voit le jour à Lecheria, dans un batey, un campement de coupeurs de canne à sucre. Consciente du traitement inhumain réservé à ces travailleurs, elle organise, à treize ans, une grève pour faire valoir leurs droits. Rare habitante du batey à suivre des études, elle deviendra avocate et consacrera son existence à combattre l'injustice.
Cette vie de lutte pour les droits humains fera d'elle une grande figure féministe, distinguée par de nombreuses récompenses, pressentie pour le prix Nobel de la pais. Mais si sa riche existence la mène à croiser les grands de ce monde, elle ne s'éloigne jamais des siens, parfois au péril de sa santé et de sa sécurité, tant son courage et son intégrité dérangent...
Comme on peut s'en douter, déambulant dans ma librairie préférée, c'est cette couverture qui m'a attiré l'oeil et en voyant le nom de l'autrice, je n'ai guère hésité avant de tendre la main pour lire la quatrième de couverture et ajouter ce livre à ma pile d'achats du jour (ou plutôt du mois, c'est déjà bien suffisant).
Si j'ai renoué avec plaisir avec l'écriture de l'autrice, je suis un peu plus mitigée sur le contenu du livre : je trouve que cette biographie, réel hommage à Sonia Pierre, survole un peu ce qui en aurait dû en être davantage le centre, à savoir son action, de façon concrète.
L'autrice retrace très bien le parcours de ses parents et ce qui les a amenés d'Haïti à la République Dominicaine, leur installation là-bas, tout ce qui fait qu'ils ne peuvent en repartir, les conditions de vie, les premières années de Sonia Pierre jusqu'à la fin de ses études...
Puis on fait un bon dans le temps douze ans plus tard, quand elle a déjà tout mis en place en créant le MUHDA.
Cette partie là m'a vraiment manqué. J'aurais vraiment voulu savoir comment elle a mis tout cela en place, les moyens, l'énergie déployée, les contacts pris, les difficultés surmontées, des tout débuts jusqu'à cette reconnaissance internationale.
De cela, rien.
Rien non plus, ou si peu, de sa vie de femme. On sait qu'elle rencontre son mari pendant ses études, leur mariage est évoqué, ainsi que le fait qu'ils ont eu des enfants, mais ce n'est qu'à la toute fin qu'on apprend qu'elle a eu deux filles. Là encore, j'aurais aimé en savoir un peu plus et surtout comment elle a pu articuler son métier, son association, avec sa vie personnelle, et aussi comment elle arrivait à en vivre.
J'imagine bien que cela manque essentiellement car ce livre a été écrit bien après le décès de Sonia Pierre et qu'il est difficile d'écrire une biographie d'une telle figure contemporaine sans pouvoir en parler directement avec la personne. J'ai l'impression que l'autrice n'a pu que se baser sur les articles de presse.
Ce qui ne veut pas dire que cette biographie est ratée, au contraire. J'exprime juste ici une certaine frustration apparue à la lecture du livre. De plus, la biographie est un peu romancée (mais là je pense que faute de matière suffisante, l'autrice a dû faire ce choix), ce dont je me méfie comme pour toute biographie. Certains aspects de sa vie, en étant romancés, ont été modifiés, ce que je ne trouve pas vraiment utile.
Je regrette aussi que l'autrice ne nous évoque ses choix d'écriture qu'en postface, et non en préface.
Cependant, ce livre est aussi une réussite. En mettant en lumière une personne hors du commun, qu'à ma grande honte je ne connaissais pas, et son action.
Et surtout en mettant en lumière la façon franchement minable dont on été traités les travailleurs des bateys, comment ils ont été exploités, le manque de reconnaissance de ce pays qui ne les a pas accueillis mais exploités, et la façon dont encore de nos jours ils sont considérés.
Et rien que pour ça, l'autrice a parfaitement rendu hommage à Sonia Pierre et son travail de toute une vie, preuve qu'il se perpétue.
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