vendredi 25 septembre 2020

Le réveil des sorcières

4 de couv' :

Et si en commençant son nouveau roman sur la magie noire par un accident de voiture fatal, la narratrice avait provoqué la mort de son amieDiane, guérisseuse et médium ?
Dans la forêt de Brocéliande, où elles se retrouvaient l'été, les légendes celtes, la pratique de la sorcellerie sont toujours prégnantes. Le mystère grandit autour de Diane, sa tragique disparition et ses pouvoirs exceptionnels dont semble avoir hérité sa fille cadette, Soann, une adolescente sombre et troublante, hantée par le deuil et la certitude que sa mère a été assassinée.


Je suis toujours un peu méfiante quand des auteurs parisiens parle de la Bretagne. Bon Stéphanie Janicot est originaire de Rennes, et ayant lu tous ses livres, je sais qu'elle traite tout sujet avec finesse et subtilité.

Ne vous attendez pas ici à un roman ésotérique, plein de magie et de révélations mystiques. Contrairement à ce que pourrais faire penser le titre, ce n'est pas de ça qu'il est question.
S'il parle de "sorcières", pour moi le terme est impropre, mais peut-être plus typique de l'Ille-et-Vilaine où se déroule l'histoire. Et donc plus proche de la France où on préfère ce terme générique ?
Moi qui suis du Finistère-sud, je n'ai jamais entendu ce terme. Guérisseur, magnétiseur, rebouteux sourcier, coupeur de feu, etc., oui, mais jamais sorcier ou sorcière.
Et en vrai, les bretons face à tout ça ? Pour l'anecdote (ne'n faites donc pas une généralité) j'ai une tante qui passait d'bord par son magnétiseur plutôt que par son médecin (sauf cas graves bien entendu). Il ne se prenait jamais pour un médecin, la soulageait ainsi que sa famille dans la mesure de ses capacités, mais l'envoyait voir son médecin quand il ne pouvait rien faire de plus. Voir rien du tout, comme pour une de mes cousines dont le flux était plus fort que le sien paraît-il...
Ma mère, contrairement à sa soeur ne croyait pas du tout à ces choses là ("je suis une fille de la ville moi maintenant, plus de la campagne !"...), mon père, la seule fois où on l'a emmené voir un rebouteux (malgré lui soit dit en passant), ça a été une catastrophe. Par contre, mon grand-père paternel était sabotier et comme beaucoup de ceux qui habitent une partie de l'année dans les bois ou d'une manière plus générale dans la nature, il avait appris à trouver de quoi y vivre. Il était donc aussi sourcier...
Donc sur tout ça, je n'ai aucun sentiment de rejet, bien au contraire. Mais ce que je rejette, ce serait toute caricature qui pourrait en être fait et (ouf !) ce n'est pas le cas ici.
Par contre, dans le roman, il y a de la part des habitants du coin une part de rejet et de méfiance envers tous ces guérisseurs tout en employant leurs services. Je n'ai jamais vu cela là où j'ai grandi. Enfin, je ne crois pas.

Certaines références à la culture celte évoquées dans ce livre me sont moins familières que d'autres, mais évoquées je pense car le lieu où se déroule l'histoire est un lieu touristique basé plutôt sur Merlin et cet aspect des légendes arthuriennes. Dans d'autres parties de la Bretagne, ce sera un tourisme beaucoup moins voire pas du tout mystique, mais beaucoup plus culturel et historique. Et en littérature, plus Anatole Le Braz, Pierre Jakez Hélias, Théodore Hersart de la Villemarqué ou Ernest Renan (et tant d'autres !) que Chrétien de Troyes. C'est plutôt dans cette Bretagne-là que j'ai grandi.

Pour en revenir au livre en lui-même, tous ces sujets sont évoqués et font la trame de fond. Mais l'essentiel de l'histoire est celle du deuil vécu par deux jeunes filles, l'une jeune adulte devant prendre en charge la plus jeune, adolescente, et surtout... Trouver, avec l'aide de la narratrice, l'assassin de leur mère.

Donc si je ne me retrouve pas tout à fait (en tant que finistérienne) dans cette Bretagne là (Ille-et-Vilaine), j'ai bien aimé la lecture de ce roman, probablement - en effet comme cela est souvent dit dans la promo de ce livre - le plus personnel de Stéphanie Janicot et où elle renoue avec le thème de la famille, et surtout les femmes d'une même famille, même au sens large.
Et où elle évoque notre région avec une certaine tendresse et respect, sans sombrer dans la caricature.

Un vrai bon moment de lecture.
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