dimanche 7 juin 2020

Dracula

4 de couv':
Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les portes de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...


J'avais déjà lu ce livre à l'adolescence, qui faisait partie de la liste de lectures (non imposées) au bac de français, et je me rappelais l'avoir assez apprécié.

Grand classique de la littérature fantastique, dont le succès depuis sa parution jusqu'à nos jours a largement dépassé l'oeuvre originale, je dois reconnaître que j'ai assez aimé cette relecture même si, connaissant déjà l'histoire et me la rappelant dans les grandes lignes, je n'avais plus le plaisir de la découverte.

Commençons par les points négatifs : Bram Stocker est un homme de son temps. Il a donc une vision du monde et des gens horriblement caricaturale pour notre époque.
Les femmes sont des faibles femmes : l'héroïne principale parle ainsi d'elle-même bien que sur les cinq héros, c'est quand même elle la plus intelligente et la plus courageuse. Intelligence mise en valeur par l'un des autres personnages qui dit d'elle en gros qu'elle a une intelligence d'homme. L'auteur trouvait-il que ce personnage féminin était trop moderne pour les lecteurs bien pensants de son époque ? Mais je dois reconnaître que malgré ces passages on ne peut plus horripilants, on prend plaisir en tant que femme à s'identifier à un personnage qui devient vite le pilier de ce petit groupe.
Dans tout le roman, un seul personnage juif. Et "évidemment" pour l'époque, un peu douteux. On n'en parle que sur une page et il est franchement très secondaire et on aurait pu s'en passer ou en tout cas se passer du fait qu'il soit juif mais il y est présenté ainsi (soupir).
Les tziganes : définitivement douteux, alliés de Dracula, puisque de tout temps considérés comme alliées du diable, de la sorcellerie, de la magie noir et autres petites choses mystiques bien antipathiques. Ils sont présentés comme ses alliés voire ses serviteurs, mais aussi comme étant de peu d'importance : aucun d'entre eux ne se démarque réellement, ils forment un groupe comme un seul personnage.
Les habitants des Carpates : essentiellement des gens un peu exotiques pour le londonien qu'est Jonathan Harker, et surtout superstitieux. Et finalement secondaires. Dans leur poursuite de Dracula, nos héros anglais se débrouillent sans eux, sans même chercher à se les rallier. Cela m'a donné une impression de supériorité des personnages anglais (et américain pour l'un d'entre eux).
Les petites gens : alors là, on est en plein dans la grosse caricature des gens peu cultivés, vénaux (le moindre renseignement coûte de l'argent à nos héros), voire un brin alcoolique (le moindre renseignement coûte à nos héros une pinte de bière). Et leur parler ! Pas un mot dont une syllabe ne soit tronquée (ou pour mieux dire : "pas' mot dont un' syllab' n' soit tronquée mon pov' m'sieur !"). Je ne sais comment s'exprimait le "bas peuple" londonien à l'époque mais j'ai trouvé l'auteur horripilant de condescendance sur ce coup là.
Tout ceci était on ne peut plus habituel à l'époque, je ne vais donc pas blâmer l'auteur d'être de son temps, je voulais juste mettre en lumière ce qui pourrait agacer le lecteur actuel.

Par contre, j'ai apprécié que ce soit un roman choral : la plupart des personnages tient un journal et présente ainsi sa propre approche de l'histoire. Mais je n'ai pas trouvé qu'ils se démarquent beaucoup les uns des autres. Plus en début qu'en fin de roman en fait. Pour casser le rythme, et ajouter au mystère, l'auteur a eu la bonne idée à un certain moment d'introduire dans ces différentes narrations des articles de journaux relatant des faits étranges non explicables par leurs auteurs mais dont nous lecteurs avons une idée plus claire, flattant ainsi notre ego.
Tout ceci mis bout à bout forme un ensemble cohérent et bien construit.

Pour ce qui est de l'écriture, elle est assez typique de l'époque mais assez plaisante à lire bien que un peu pompeuse à mon goût sur certains passages (en particulier ceux consacrés au personnage de Van Helsing du moins au début, car il est détenteur de connaissances qu'il se refuse à divulguer aux autres personnages. Certes, c'est pour accentuer le suspens, mais j'avais parfois envie de le secouer pour qu'il en dise plus).

Dans l'édition que j'avais entre les mains, se trouvent également des annexes traitant non seulement de ce roman (avec une tentative d'analyse littéraire intéressante quoique je trouve que son auteur aille un peu loin), mais aussi des légendes sur les vampires sous toutes leurs formes : écrits, cinéma, radio, histoire.
Ce qui en est à l'origine, les monstres de légende équivalents dans différentes civilisations. J'ai donc ainsi découvert que la représentation que différentes civilisations se sont fait de plus approchant des vampires est féminine (Bram Stocker innove donc avec son personnage masculin) et assez peu récente finalement.
Se trouvent aussi des extraits de romans, un de Théophile Gautier (la morte amoureuse) et un d'Alexis Tolstoï (la famille du Vourdalak). J'ai donc ainsi découvert deux auteurs que je n'ai jamais lus, mais dont j'ai pu apprécier ici l'écriture et dont j'aimerais poursuivre la lecture.

Donc une lecture intéressante en tant que classique et un classique ayant laissé un telle d'empreinte dans le milieu artistique, et pour le roman lui-même.
.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire