Roger Ventos, célèbre baryton, voit le jour en 1939 à Sète, fruit de l'étreinte éphémère entre un tirailleur sénégalais et une anarchiste espagnole exilée. Pour cette dernière s'ouvre alors une ère de privations et de solitude. Mais heureusement, la musique est là, et va sauver l'enfant.
À l'adolescence, le garçon est envoyé à Barcelone chez son oncle. Il y découvre les coulisses du cabaret où sa mère a elle-même grandi: le Théâtre des merveilles. Entre mécanismes magiques, décors extravagants et danseuses légères, c'est là, parmi les membres bigarrés de la troupe, qu'il se découvrira une famille aimante, c'est là qu'il cultivera son inestimable don pour le chant ; et c'est de là qu'il partira conquérir le monde.
J'ai adoré retrouvé l'écriture de Lluis Llach et ses immenses talents de conteur. Et si l'histoire de Barcelone sous le franquisme est ici tout juste évoquée (contrairement à "Les yeux fardés", qui entrait davantage dans les détails, mais puisqu'il l'é déjà fait dans un livre, pas de raison de tout reprendre dans un autre) c'est vraiment davantage la vie du personnage principal qui est ici évoquée. Ou plutôt, toute la partie de sa vie liée au Théâtre des merveilles.
J'ai retrouvé avec bonheur un peu de l'esprit du film "Les enfants du paradis" bien que l'histoire soit totalement différente évidemment. Mais il s'agit pour les deux, livre et film, de la vie d'un théâtre et de ceux qui l'anime, que ce soit devant ou derrière la scène.
Si cette lecture m'a enthousiasmée, je suis restée davantage dubitative sur deux points : le premier est l'accent de Juanito, personnage que l'on rencontre dès la première moitié du livre, mais dont on ne découvre (dans l'écriture) l'accent que dans la seconde moitié, plutôt vers le fin. Ça m'a un peu gâchée la fin, je dois dire, surtout sur une longue tirade pleine de révélations.
J'aurais préféré y être habituée dès le début, là ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Je ne sais pas si c'est un parti pris de l'écrivain ou du traducteur (plutôt le premier, je vois mal un traducteur prendre ce genre de libertés avec un texte), car ça m'a un peu agacée.
Le deuxième point est le thème abordé dans l'épilogue, dont je ne dirai rien ici mais que je trouve en trop finalement. Je comprends l'intention de l'auteur, mais je trouve (et vraiment là, c'est une opinion très personnelle, d'autres vont sûrement aimer), qu'il aurait pu faire l'objet d'une confidence du personnage principal à un autre personnage, ou l'objet d'une pensée du personnage central, via le narrateur, au moment de l'envol de sa carrière.
La lectrice que je suis, en guise d'épilogue, aurait préféré voir ici relaté sa vie d'après le Maravillas, mais c'est l'auteur qui décide et je le respecte tout à fait.
Un très agréable moment de lecture, une narration qui nous emporte avec bonheur dans une belle histoire, je suis une fois de plus ravie de mon choix de lecture pour l'été.
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