dimanche 12 août 2018

La route étroite vers le Nord lointain

4 de couv' :
En 1941, Dorrigo Evans, jeune officier médecin, vient à peine de tomber amoureux lorsque la guerre s'embrase et le précipite en Orient puis dans l'enfer d'un camp de travail japonais où les captifs sont affectés à la construction d'une ligne de chemin de fer en pleine jungle, entre le Siam et la Birmanie. Maltraités par les gardes, affamés, exténués, malades, les prisonniers se raccrochent à ce qu'ils peuvent pour survivre - la camaraderie, l'humour, les souvenirs du pays. Au coeur de ces ténèbres, c'est l'espoir de retrouver Amy, l'épouse de son oncle avec laquelle il vivait une bouleversante passion avant de partir au front, qui permet à Dorrigo de subsister.
Cinquante ans plus tard, sollicité pour écrire la préface d'un ouvrage commémoratif, le vieil homme devenu après guerre un héros national convoque les spectres du passé.
Roman d'une rare intensité poétique sur l'absurdité de la condition humaine, La Route étroite vers le Nord lointain est aussi un cri contre la précarité de la mémoire et l'inacceptable victoire de l'oubli.

Ce roman va longtemps me rester en tête, c'est en tout cas pour le moment mon préféré de l'année.

Pourtant, le démarrage fut difficile en raison des nombreux retours en arrière entre les passés et le présent, les souvenirs du narrateur allant d'un personnage à l'autre, qui complique la mise en place de l'histoire pour le lecteur. Du moins pour moi. Mais ce n'est que le début et si on veut bien se donner la peine de passer outre la confusion et la perplexité induites, l'histoire devient vite plus fluide et chronologique et on se laisse porter par l'histoire. Ou plutôt les histoires. Et l'Histoire.

Si j'ai particulièrement bien aimé l'histoire d'amour, je dois reconnaître que c'est la reconstitution de la vie quotidienne des prisonniers de guerre australiens dans le camp de travail japonais - qui prend d'ailleurs la plus grande part du roman - qui m'a davantage plue. D'autant plus que l'auteur ne s'est pas contenté de décrire ce quotidien, il a aussi évoqués de superbes portraits de certains prisonniers et ceux de leurs bourreaux. Tous englués, à des degrés divers, dans l'absurdité d'une idéologie et d'un respect de la hiérarchie jusqu'à l'extrême.
L'après-guerre de chacun aussi est évoquée et comment ils ont y sont survécu, ou pas, avec une perle d'humour et d'humanité qu'est la scène du restaurant.

Un beau roman, vraiment. Et un bel hommage à tous les soldats.
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