Quand il arrive à Irun où il espère rejoindre sa famille, Aïta trouve la maison vide. Le gâteau de riz abandonné révèle un départ précipité. En ce mois d'août 1936, le Pays basque espagnol risque de tomber entre les mains des franquistes. Aïta sait que ses beaux-frères sont des activistes.
Informé par une voisine, il parvient à retrouver les siens à Hendaye. Ama, leurs trois fils, les grands-parents et les oncles ont trouvé refuge dans une maison amie. Aucun d'eux ne sait encore qu'ils ne reviendront pas en Espagne.
Être ensemble, c'est tout ce qui compte : au fil des années, cette simple phrase sera leur raison de vivre. Malgré le danger, la nostalgie et les conditions difficiles - pour nourrir sa famille, Aïta travaille comme ouvrier à l'usine d'armement, lui qui dirigeait une fabrique de céramique.
En 1939, quand les oncles sont arrêtés et internés au camp de Gurs, il faut fuir plus loin encore. Tous se retrouvent alors au coeur de la nature, dans une ferme des Landes. La rumeur du monde plane sur leur vie frugale, rythmée par le labeur quotidien : les Allemands, non loin, surveillent la centrale électrique voisine, et les oncles, libérés, poursuivent leurs activités clandestines.
Ecrit comme pour lutter contre la fuite des jours, le carnet où Ama consigne souvenirs, émotions et secrets donne à ce très beau roman une intensité et une profondeur particulières.
Léonor de Récondo, en peu de mots, fait surgir des images fortes pour rendre à cette famille d'exilés un hommage où une pudique retenue exclut le pathos.
Un très beau roman en effet, dont je retiendrai une belle écriture mais aussi l'optimisme, le courage et les espoirs de cette famille en un avenir meilleur.
M'a particulièrement plue également la narration de l'auteure et celle d'Ama qui lui fait écho, incluant ainsi davantage le lecteur dans l'histoire.
L'humour aussi, en particulier la description des crises de somnambulisme de l'un des garçons, dont la conclusion m'a bien fait rire.
La conclusion m'a surprise, non par le bond dans le temps, mais plutôt par les évènements. Et par ce que Ama fait alors de ce carnet, bien que logique.
Mais je garderai un bon souvenir de cette lecture, dont je me suis délectée. D'une traite.
Pour le moment, mon préféré de la sélection. Mais en restent encore sept à lire.
"Aïta m'a dit que ce n'était pas un bol pour boire, mais un récipient à rêves, où ce ne sont pas les lèvres qui se posent mais les yeux qui se perdent"
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