4 de couv' :
L'été de ses quatorze ans, au début des années 20, alors qu'il est apprenti dans l'imprimerie locale, une naine, à la fois méprisée et crainte, est tombée amoureuse de Jean, le narrateur.
Le cadre de ce roman fortement autobiographique est une petite ville agricole de la Provence chère à l'auteur et plus précisément la place principale flanquée, côté soleil, des demeures des notables et, côté ombre, des petites maisons des "dames du Nord", éternelles observatrices et commentatrices des faits et gestes de tout un chacun. La Sanson, espèce de sorcière discrète qui vit dans une impasse, tire en partie les fils d'une intrigue amoureuse à sens unique puisque Jean, lui, n'aime pas la naine.
Chronique d'un été torride et roman d'apprentissage, tendre et douloureuse éducation sentimentale, La naine est sans conteste un des plus beaux livres de l'auteur de La maison assassinée et des Courriers de la mort.
J'avais acheté ce roman au début des années 90 (ah ouais, quand même), mais n'avais pas réussi à le lire. Sur le moment, j'ai mis cela sur le compte sur le nombre de descriptions des personnages (eux-mêmes, leur famille ou vie d'avant) et surtout sur le fait que ce livre est d'un seul tenant (pas découpé en chapitres). Et que la mise en place de la scène était du coup trop longue et très long à venir le déroulement de l'histoire.
Cependant, il me semblait aussi qu'il ne me manquait pas grand chose pour l'apprécier pleinement, je sentais que je pouvais l'aimer, mais que ce n'étais pas le bon moment.
Pas le bon moment dans ma vie pour le lire et parce qu'à ce moment là, je n'avais pas une maturité culturelle suffisante pour apprécier ce genre de roman. Je rappelle qu'après le bac de français, j'avais tellement été dégoutée de la littérature et par ricochet, de la lecture, que j'avais un mal fou à me remettre à lire. Saturée en somme. Et vaines tentatives de m'y remettre. Je l'avais donc mis de côté.
Cela faisait longtemps que me titillait l'envie de me replonger dans ce roman. J'hésitais, de peur d'être déçue. Mais l'envie de le lire me titillait de plus en plus ces derniers temps, signe que c'était le bon moment.
Et je ne regrette pas. Les prix littéraires auxquels j'ai participé ces dernières années m'ont enrichie de différents styles d'écritures et d'histoire (je veux dire par là que je ne me contente pas de ce que je sais pouvoir aimer). "L'amour selon cinq matous" m'a fait redécouvrir les romans du sud de la France, la dernière émission de "Ça peut pas faire de mal", m'a fait redécouvrir Pagnol.
En résumé : ces derniers temps, le terrain était bien défriché.
J'ai l'impression que le roman est découpé en deux parties, la seconde étant plus sombre, les drames se succédant les uns aux autres. Le narrateur devenant plus mature aussi, moins naïf, plus désabusé.
La première partie présente toute une galerie de personnage et leur ville, dont les descriptions, si je les relisais, me conforterait dans cette impression que dès les premières lignes, tout était annoncé.
Je dois reconnaître qu'en lisant la première partie j'ai plusieurs fois sourit voire rit (mais sans moquerie aucune) à ces descriptions et situations.
On se pique vite d'intérêt pour ces personnages et ce qui leur arrive. Chaque petite histoire se mêlant ô combien parfaitement à l'ensemble du roman. On a l'impression que l'auteur digresse (sans lourdeur cependant), mais il ne fait que nous guider là où tous sont sensés arriver.
C'est une très belle écriture, une très belle et triste histoire, un très beau portrait d'une région et d'un époque, tournant autour de cette naine qui n'a finalement que très peu droit à la parole dans ce roman. Comme si l'auteur, tel le narrateur, évitait de trop s'en approcher...
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