mercredi 28 novembre 2012

La ronde des innocents

4 de couv' :
Raphaël est assassiné dans les montagnes pyrénéennes : on le retrouve torturé, les mains liées, au bord d'un sentier. Son frère Vincent reçoit peu de temps après une mystérieuse vidéo et découvre, stupéfait, que l'ancien rebelle, apparemment assagi, cachait une épouse et un fils. La voix de Raphaël, inquiète et oppressée, donne un éclat étrange à ces images. Il supplie : "Protège-les".


Petit rectificatif sur l'avant-dernière phrase du quatrième de couverture, tiré du livre : "Alors, trois mots en lettre capitales s'incrustèrent sur l'écran. Trois mots qui parvinrent confusément à mon esprit, trois mots qui allaient bouleverser ma vie : VINCENT, PROTEGE-LES"
D'où qu'ils ont "entendu" la voix de Raphaël, ceux qui ont écrit le quatrième de couverture ?

Voilà, ça c'est fait (je sais pas pour vous, mais depuis quelques temps déjà, chaque fois que je relis un quatrième de couverture après avoir fini un roman et quelle que soit la maison d'édition, je me demande de plus en plus souvent si ceux qui les écrivent ont lu le livre).

Soyons honnête, sur le choix de ce polar, j'ai fait ma geek façon "oh, Guillaume Musso a un frère qui écrit lui aussi. Et des polars en plus, coooooooool !" Voyez le haut degré d'objectivité qui me frappe dans mes choix parfois.
Enfin, dans le doute, je l'ai juste emprunté à la bibliothèque quand même. Geek certes, Harpagon aussi.

C'est donc sans a priori particulier, ni en bien ni en mal, que j'ai entamé la lecture de ce polar.

Et ce fut une bonne surprise, aussi bien pour l'écriture que pour l'histoire et sa construction. Deux meurtres, deux enquêtes, deux "enquêteurs" pour le même dénominateur commun qui finissent par s'y rejoindre en beauté.

Excepté quelques maladresses et surtout le versant fantastique du roman qui m'a un peu rebutée quand il est apparu en plein milieu de ce polar - d'ailleurs amorcé de façon classique - mais que j'ai fini par assimiler, j'ai vraiment apprécié ce premier roman.

Et réservé les deux autres à la bibliothèque !
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dimanche 25 novembre 2012

Polars maliens


4 de couv' :
Flics à la brigade criminelle de Bamako, le commissaire Habib et son fidèle adjoint Sosso, sont confrontés à trois meurtres au cyanure dans le quartier pauvre de Banconi, à l'apparition d'une vague de faux billets et à une émeute populaire.
Dans "L'Honneur des Kéita", c'est le meurtre d'un marabout qui expédiera nos deux limiers au fin fond de la brousse malienne...
Comme tous les flics du monde, Habib et Sosso affrontent quotidiennement le lucre, le crime et la misère humaine, mais, jusque dans le meurtre, l'Afrique Noire reste unique. La misère s'y étale en pleine rue avec son cortège de violence et de corruption et, comme si ça ne suffisait pas, la hiérarchisation traditionnelle des rapports sociaux, l'influence des castes, et des rapports familiaux et la toute puissance d'un rapport magique au monde, viennent encore compliquer la tâche de nos deux flics.
Et pourtant, ils s'en sortent... Comme les deux policiers navajos de Tony Hillermann, ils débusquent la tragédie derrière l'enquête policière et donnent au monde l'image, idéale certes, de ce que serait la police si elle n'était pratiquée que par des humanistes.

4 de couv' :
Au coeur du pays Dogon, une série de morts bizarres alerte les autorités maliennes. L'affaire est délicate : les Dogons, très attachés à leurs traditions, vivent en marge de la société et sont redoutés pour la puissance de leur magie. Le vieux commissaire Habib, à la sagesse et au flar légendaire, est envoyé sur place. Mais le village entier se tait obstinément, et un étrange sorcier à tête de chat veille au respect absolu de l'omerta...


Malgré quelques maladresses d'écritures dans les deux premières enquêtes du commissaire Habib, on se prend vite d'affection pour lui et l'inspecteur Sosso, son adjoint.

Leurs enquêtes restent de facture classique, le tandem qu'ils composent aussi (l'ancien plein d'expérience avec le jeune plein d'enthousiasme et prenant des initiatives risquées qui font mouche cependant), mais l'auteur prend plaisir à faire découvrir son pays à ses lecteurs et rien que pour ça, ses romans valent la peine d'être lus.
Chaque histoire est l'occasion de découvrir un aspect de la société malienne, décrite sans angélisme ni concession (en particulier sur sa police politique) mais non sans une certaine affection non plus.

J'y ai retrouvé, non sans bonheur, une certaine façon de dire les choses et de concevoir la vie que j'avais particulièrement appréciée dans la série des Mma Ramotswé, mais dans une version moins idéaliste.

Mention spéciale à "L'empreinte du renard", le mieux écrit et abouti des trois, qui a l'avantage cette fois de nous faire découvrir la communauté des Dogons.
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dimanche 18 novembre 2012

H(h)istoire du Canada au XIXe siècle

4 de couv' :
Tchipayuk ou le Chemin du Loup, c'est la grande saga des Indien métis du Canada au XIXe siècle.
A travers le destin d'Askik Mercredi, l'auteur canadien Ronald Lavallée fait revivre la fascinante époque d'un nouveau monde encore proche de la nature, mais que la civilisation va bientôt absorber.
Sang-mêlé, Askik Mercredi est doublement assujetti, comme Indien par les Français, comme catholque par les Anglais protestant. Elevé comme un jeune Indien, ses premières années furent fabuleuses : il a chassé le bison, dansé dans de grandes fêtes, combattu l'ours,fait pacte avec Matché-Manitou... Puis Askik est envoyé chez les pères à Montréal, pour étudier. Doué et porté par la rage d'apprendre, Askik, rebaptisé Alexis, fait honneur à son protecteur et devient avoué.
Mais, malgré ses efforts, Askik n'arrive pas à se faire totalement accepter de la bonne société canadienne et le souvenir de son enfance le hante...


Paru en 1987, je n'avais pas réussi à l'époque à terminer ce roman.
J'avais eu un peu de mal avec certains dialogues où certains mots de la langue indienne, alternés avec leur traduction française dans un premier temps pour que le lecteur sache sa signification, ne sont ensuite plus traduits (j'aurais du faire un mini-lexique !).
J'avais aussi du mal à accrocher avec certains personnages, en particulier Jérôme et Raoul Mercredi, père et oncle d'Askik, l'un étant roublard et raté au possible, l'autre tout aussi roublard mais doué en affaires et sans plus de scrupules que son frère. Et tous deux persuadés de réussir de grandes choses dans la vie. C'est ce dernier trait de caractère dont va hériter Askik, ainsi que de l'intelligence et la pugnacité de son oncle.
M'avait géné aussi la transition entre la première et la deuxième partie du roman, trop brutale : on passe de la vie d'Askik dans les plaines, vivant en Indien, redécouvrant par le hasard des rencontres une culture Indienne partiellement ignorée, à une vie de jeune canadien ayant eu le privilège de faire des études grâce à un bienfaiteur tombé du ciel sans qu'on sache d'ailleurs comment (très frustrant).
Outre le décalage culturel, on passe donc trop brutalement de l'enfance à la vie adulte, alors que la transition entre les deux m'aurait intéressée, même en quelques lignes (que, hélas, on ne trouve qu'à la fin). Sans doute l'auteur a-t-il considéré cela comme secondaire, afin de relever davantage le fossé séparant ces deux civilisations, voire trois, les Blancs (ou poilus comme ils sont appelés par les Indiens) étant eux-mêmes divisés en Français et Anglais.
C'est donc dès la deuxième partie que j'ai laissé tomber. Autant la première me plaisait pour cette découverte d'une certaine culture et l'attachement qu'on ressent pour Askik, autant dans la deuxième, ce jeune quasi-nanti m'horripilait par son oubli de ses origines et son arrogance.

A la seconde lecture, j'y retrouve ces défauts mais moins prononcés, sans doute mieux digérés avec le temps puisque déjà connus. Même si la transition entre les deux premières parties ont continué à me gêner, j'ai cette fois pu passer outre et poursuivre ma lecture jusqu'au bout. Et bonne surprise, j'ai pris conscience d'un fait sur lequel j'étais complètement passée à côté la dernière fois : l'humour subtil de l'auteur, en particulier dans la description des personnages, légèrement moqueur (humour métis, paraît-il...).
J'ai regretté cependant de ne pas connaître davantage l'Histoire et la société du Canada avant lecture, certains passages m'étant du coup un peu plus compliqué à suivre ou plutôt à apprécier pleinement. J'avais donc du mal à bien comprendre la place des métis dans la société canadienne de l'époque, et comment cohabitaient les populations Française et Anglaise. D'autant que j'ai répugné à faire des recherches, craignant par là de révéler des passages du roman. Choix contradictoire donc puisque j'aurais apprécié un peu plus de connaissances sur le sujet. Et je ne parle pas de la géographie.

J'ai eu parfois un peu de mal avec l'écriture de l'auteur, revenant parfois sur la phrase précédente pour bien comprendre celle que j'étais en train de lire, mais peut-être est-ce un manque de concentration de ma part, car cette écriture n'a rien de particulièrement ardu.

Dans l'ensemble, grande fan de "Croc-Blanc" que j'ai toujours été, j'ai particulièrement apprécié la première partie. Sans compter que j'y ai un peu retrouvé du Jim Fergus ("Mille femmes blanches" et "La fille sauvage"). N'eut été la transition brutale, j'aurais mieux apprécié la suite, même si j'ai assez aimé. A noter que chaque partie - il y en a quatre - a sa spécificité et traite d'un thème différent de la société canadienne de l'époque : les métis et Indiens dans la première, les Français et Montréal dans la deuxième, le monde rural "Français" dans la troisième, l'armée regroupant Français et Anglais dans la quatrième et à nouveau les métis, Askik redécouvrant son peuple quinze ans plus tard... et son évolution.

Quelques personnages, vers la fin, tiennent certains propos sur la société canadienne et ce qu'elle deviendra dans le futur : une façon pour l'auteur de mesurer les changements  depuis cette époque. Pourquoi pas, mais une approche un peu maladroite.

Sentiments mitigés donc, dus à ma grande ignorance du Canada. Lacunes que je compte bien combler. Une troisième lecture, un jour, me le fera sûrement davantage apprécier.
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vendredi 2 novembre 2012

Vendetta

4 de cou' :
La Nouvelle-Orléans, 2006. La fille du gouverneur de Louisiane est enlevée. Le kidnappeur, Ernesto Perez, se livre aux autorités mais demande à s'entretenir avec Ray Hartmann, un obscur fonctionnaire qui travaille à Washington dans une unité de lutte contre le crime organisé. A cette condition seulement, il permettra aux enquêteurs de retrouver la jeune fille saine et sauve. Commence alors une longue confrontation entre les deux hommes, au cours de laquelle Perez va, peu à peu, faire l'incroyable récit de sa vie de tueur à gages au service de la mafia.
Dans ce thriller exceptionnel, R. J. Ellory retrace cinquante ans d'histoire du crime aux Etats-Unis, mêlant avec une virtuosité étonnante les faits réels et la fiction.


Malgré un démarrage un peu lent - où on s'attache à des personnages qu'on ne reverra (presque) plus par la suite - et des longueurs, ce livre reste pour moi un très bon moment de lecture. Les adeptes de polars à multiples rebondissements genre film d'action détesteront (d'ailleurs, contrairement à ce qui est dit en quatrième de couverture, je ne considère pas ce roman comme un thriller), mais pour ma part j'ai toujours eu une préférence pour les polars à évolution progressive et dégageant une certaine ambiance. J'espérais cependant une meilleure description de la Nouvelle Orléans.

Le postulat de départ aussi pourrait en gêner plus d'un : on voit mal, dans la réalité, le FBI ou toute autre autorité accepter de passer plus d'une semaine à écouter les mémoires d'un tueur de la mafia pour retrouver une personne, fut-elle la fille d'un gouverneur. Mais c'est justement là le point : sans la moindre preuve, indice ni début de début de piste, on les voit mal refuser, bien que le nombre de jours écoulés me paraît encore moins réaliste même si c'est justement cette durée qui permet de tout mettre en place ("tout quoi ?" me direz-vous : impossible de le dire sans tout raconter !).
Mais une fois accepté ce postulat de départ, on se laisse porter par l'histoire et... l'Histoire.

J'ai en effet globalement apprécié cette h(H)istoire de la mafia américaine qui rejoint - du moins dans ce roman - celle des Etats-Unis (et je dois être pourtant la seule personne de ma génération dans le monde occidental à n'avoir jamais vu un seul film de la série du "Parrain"). Ce déroulement sur plusieurs dizaines d'années a d'ailleurs ce point commun avec "Seul le silence".
A force de lire l'histoire d'Ernesto Perez, on en arriverait presque à oublier au fil des pages son côté "tuer est ma vocation et je le fais de façon créative", d'autant qu'on en apprend de belles sur certains de ses commanditaires. Et qu'on finit par ne plus savoir par moment qui est du bon ou du mauvais côté. Et s'ils existent d'ailleurs, tout semblant parfois se mélanger.

D'où le dénouement en coup de théâtre. Que j'avais pressenti environ 80 pages avant sans trop savoir sur quoi cela allait déboucher.

Pour cet auteur, ce n'est pas mon polar préféré, mais un bon moment de lecture.
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