dimanche 18 novembre 2012

H(h)istoire du Canada au XIXe siècle

4 de couv' :
Tchipayuk ou le Chemin du Loup, c'est la grande saga des Indien métis du Canada au XIXe siècle.
A travers le destin d'Askik Mercredi, l'auteur canadien Ronald Lavallée fait revivre la fascinante époque d'un nouveau monde encore proche de la nature, mais que la civilisation va bientôt absorber.
Sang-mêlé, Askik Mercredi est doublement assujetti, comme Indien par les Français, comme catholque par les Anglais protestant. Elevé comme un jeune Indien, ses premières années furent fabuleuses : il a chassé le bison, dansé dans de grandes fêtes, combattu l'ours,fait pacte avec Matché-Manitou... Puis Askik est envoyé chez les pères à Montréal, pour étudier. Doué et porté par la rage d'apprendre, Askik, rebaptisé Alexis, fait honneur à son protecteur et devient avoué.
Mais, malgré ses efforts, Askik n'arrive pas à se faire totalement accepter de la bonne société canadienne et le souvenir de son enfance le hante...


Paru en 1987, je n'avais pas réussi à l'époque à terminer ce roman.
J'avais eu un peu de mal avec certains dialogues où certains mots de la langue indienne, alternés avec leur traduction française dans un premier temps pour que le lecteur sache sa signification, ne sont ensuite plus traduits (j'aurais du faire un mini-lexique !).
J'avais aussi du mal à accrocher avec certains personnages, en particulier Jérôme et Raoul Mercredi, père et oncle d'Askik, l'un étant roublard et raté au possible, l'autre tout aussi roublard mais doué en affaires et sans plus de scrupules que son frère. Et tous deux persuadés de réussir de grandes choses dans la vie. C'est ce dernier trait de caractère dont va hériter Askik, ainsi que de l'intelligence et la pugnacité de son oncle.
M'avait géné aussi la transition entre la première et la deuxième partie du roman, trop brutale : on passe de la vie d'Askik dans les plaines, vivant en Indien, redécouvrant par le hasard des rencontres une culture Indienne partiellement ignorée, à une vie de jeune canadien ayant eu le privilège de faire des études grâce à un bienfaiteur tombé du ciel sans qu'on sache d'ailleurs comment (très frustrant).
Outre le décalage culturel, on passe donc trop brutalement de l'enfance à la vie adulte, alors que la transition entre les deux m'aurait intéressée, même en quelques lignes (que, hélas, on ne trouve qu'à la fin). Sans doute l'auteur a-t-il considéré cela comme secondaire, afin de relever davantage le fossé séparant ces deux civilisations, voire trois, les Blancs (ou poilus comme ils sont appelés par les Indiens) étant eux-mêmes divisés en Français et Anglais.
C'est donc dès la deuxième partie que j'ai laissé tomber. Autant la première me plaisait pour cette découverte d'une certaine culture et l'attachement qu'on ressent pour Askik, autant dans la deuxième, ce jeune quasi-nanti m'horripilait par son oubli de ses origines et son arrogance.

A la seconde lecture, j'y retrouve ces défauts mais moins prononcés, sans doute mieux digérés avec le temps puisque déjà connus. Même si la transition entre les deux premières parties ont continué à me gêner, j'ai cette fois pu passer outre et poursuivre ma lecture jusqu'au bout. Et bonne surprise, j'ai pris conscience d'un fait sur lequel j'étais complètement passée à côté la dernière fois : l'humour subtil de l'auteur, en particulier dans la description des personnages, légèrement moqueur (humour métis, paraît-il...).
J'ai regretté cependant de ne pas connaître davantage l'Histoire et la société du Canada avant lecture, certains passages m'étant du coup un peu plus compliqué à suivre ou plutôt à apprécier pleinement. J'avais donc du mal à bien comprendre la place des métis dans la société canadienne de l'époque, et comment cohabitaient les populations Française et Anglaise. D'autant que j'ai répugné à faire des recherches, craignant par là de révéler des passages du roman. Choix contradictoire donc puisque j'aurais apprécié un peu plus de connaissances sur le sujet. Et je ne parle pas de la géographie.

J'ai eu parfois un peu de mal avec l'écriture de l'auteur, revenant parfois sur la phrase précédente pour bien comprendre celle que j'étais en train de lire, mais peut-être est-ce un manque de concentration de ma part, car cette écriture n'a rien de particulièrement ardu.

Dans l'ensemble, grande fan de "Croc-Blanc" que j'ai toujours été, j'ai particulièrement apprécié la première partie. Sans compter que j'y ai un peu retrouvé du Jim Fergus ("Mille femmes blanches" et "La fille sauvage"). N'eut été la transition brutale, j'aurais mieux apprécié la suite, même si j'ai assez aimé. A noter que chaque partie - il y en a quatre - a sa spécificité et traite d'un thème différent de la société canadienne de l'époque : les métis et Indiens dans la première, les Français et Montréal dans la deuxième, le monde rural "Français" dans la troisième, l'armée regroupant Français et Anglais dans la quatrième et à nouveau les métis, Askik redécouvrant son peuple quinze ans plus tard... et son évolution.

Quelques personnages, vers la fin, tiennent certains propos sur la société canadienne et ce qu'elle deviendra dans le futur : une façon pour l'auteur de mesurer les changements  depuis cette époque. Pourquoi pas, mais une approche un peu maladroite.

Sentiments mitigés donc, dus à ma grande ignorance du Canada. Lacunes que je compte bien combler. Une troisième lecture, un jour, me le fera sûrement davantage apprécier.
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