L'auteur, Mitiarjuk Napaaluk, est une femme inuit née en 1931 dans la région Kangirsujuaq, au Nunavik. C'est une des personnalité les plus extraordinaires de l'arctique canadien. Sans jamais avoir fréquenté l'école, elle a appris l'écriture syllabique inventée par des missionnaires et a écrit, dans les années 1950, le premeir roman inuit Sanaaq. Publiée en 1983 dans une édition en syllabique, cette oeuvre est restée, jusqu'à aujourd'hui, inconnue du grand public. Artiste renommée, Mitiarjuk a reçu en 1999 le Prix National d'excellence de la Fondation nationales des réalisations autochtones, et, en 2000, un doctorat honoris causa de la Faculté d'Éducation de l'Université McGill, pour sa contribution à la Commission scolaire Kativik, dans le domaine de l'éducation et de la culture.
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Sanaaq est le nom de l'héroïne, dont on suit, tout au long du récit, les heurs et malheurs avant et après l'arrivée des premiers Blancs en pays inuit. À l'image de Mitiarjuk, c'est une femme forte et équilibrée, sensible et déterminée qui nous fait découvrir de l'intérieur, comme aucun Occidental, fût-il anthropologue, n'a encore pu le faire, la vie et la psychologie des Inuit confrontés à une nature extrême, à la nécessité de partage et à l'envahissement de leur territoire par les Blancs et leur civilisation.
Nouvelle petite trouvaille de la dernière braderie des médiathèques de Brest. J'ai me découvrir de nouvelle civilisations, de nouveaux auteurs, issus de nouveaux horizons. Là pour le coup, je suis servie et n'ai pas hésité longtemps avant d'ajouter ce livre à ma pile.
La lecture de ce livre fut pour moi assez ardue pour les deux tiers en raison de l'écriture que je n'ai pas trouvé agréable à lire. Les chapitres semblent être une succession d'anecdotes, il y a beaucoup de dialogues - encore que pour une fois, cela m'ait moins dérangée que pour d'autres romans -, ce qui donne une certaine dynamique, mais cela manque du coup de narration et surtout de descriptions ou explications pour mieux comprendre. Comme la vie des Inuit de cette époque, l'écriture est âpre, directe, sans fioriture. Un peu trop pour le coup, ou pour moi en tout cas. Cela est très différent dans le dernier tiers du livre, dont l'écriture est un revirement complet : plus travaillé, plus de narration, plus fluide. Surprenant.
Cela étant, bien qu'il s'agisse d'un roman, la grande qualité de ce livre est de permettre au lecteur de s'immerger dans la vie quotidienne des Inuit de cette époque : leurs coutumes, leur façon de vivre en famille, leur société, leurs valeurs. Rien que pour ça, ce livre est inestimable. La transition entre leur vie entre eux et l'arrivée des occidentaux, ce qui en découle est un moment charnière de leur histoire.
J'ai vite compris que ce roman (confirmé dans la postface) contient beaucoup du vécu de l'autrice.
Pour bien comprendre et apprécier ce livre, il est clair que la préface et la postface sont assez intéressantes (cette dernière contenant des éléments que j'aurais souhaité avoir lu dans la préface, même si je comprends le choix de la maison d'édition).
Une bonne idée également que le lexique inuit en fin de livre.
Si ce livre ne correspond pas à mes goûts littéraires, il reste intéressant d'un point de vue ethnologique pour la curieuse que je suis.
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